Vieux-Port de La Rochelle
Le Vieux-Port est le plus ancien port de La Rochelle et le cœur historique de cette ville de Charente-Maritime (Nouvelle-Aquitaine). La tour de la chaîne et la tour Saint-Nicolas gardent l'entrée de ce port médiéval.
Pour les articles homonymes, voir Vieux-Port et La Rochelle.
Type | |
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Construction | |
Statut | |
Activités |
Passeur et Bus de mer électro-solaire pour accès à la médiathèque et au Port des minimes |
Places |
320 places dont 70 visiteurs |
Équipement |
1 élévateur mobile (charge maxi 150 t.) |
Coordonnées |
46° 09′ 26″ N, 1° 09′ 09″ O |
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Pays | |
Région | |
Département | |
Commune (France) |
C'est grâce à ce port que La Rochelle prit de l'importance durant la Guerre de Cent Ans, puis avec la découverte de l'Amérique.
Aux XVIIe et XVIIIe siècles, le Vieux-Port de La Rochelle a drainé plus de la moitié du trafic colonial vers la Nouvelle-France, ce qui en fait aujourd'hui un lieu de pèlerinage pour de nombreux touristes.
Situation géographique
Approche nautique
Le chenal d'accès au Vieux-Port est dragué à la côte -0,50 mètre depuis la tour de Richelieu.
C'est au Vieux-Port de La Rochelle que se termine le canal de Marans à La Rochelle.
Histoire
Le port primitif
Le port primitif[1] de La Rochelle se situait sur le cours d'eau de Lafond, jusqu'au niveau du château Vauclair (actuellement place de Verdun). Ce port fut rapidement saturé et victime de ses défauts (faible tirant d'eau, accès et manœuvre difficile, envasement), il ne répondait plus à l'augmentation des capacités des navires et du fret (vin et sel). L'entrée du port était défendue par la tour du Garrot (intégrée aujourd'hui à la tour de la Lanterne).
- Il fut décidé de creuser un nouveau port.
Le port après le Siège.
- Lors de la reddition de la ville, à la suite de l'épisode du grand siège, Louis XIII ordonne la démolition de l'ensemble des fortifications à l'exception du front de mer.
- En , La Rochelle, dépouillée de ses fortifications côté terre, est vulnérable à une attaque venant des ennemis que le Roi Louis XIV avait ligué contre lui. Pour parer au danger, le conseil du Roi, sous l'influence sans doute de Louvois, ne trouve pas de meilleur remède que de raser La Rochelle et de combler son port. Heureusement pour la ville, le maréchal de Lorges, à qui le roi avait confié le commandement des côtes entre la Loire et la Garonne, secondé par François Ferry, ingénieur général des provinces entre la Loire et les Pyrénées, protesta contre ce projet sauvage, en s’engageant à mettre La Rochelle en état de défense dans un court délai et sans de grandes dépenses[2].
La traite négrière dans le Vieux-Port de La Rochelle.
Le port de La Rochelle a joué un rôle important dans la traite négrière. Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, l’activité économique de La Rochelle est en grande partie liée à l’activité du Port de commerce. Tout le tissu professionnel de la ville participe à l'économie du port. Les notaires, les greffiers, les commissaires du Roi, ou bien encore, les employés de la chambre de commerce, participent activement à l’administration de la négoce. La traite négrière donne du travail aux chantiers navals. En effet, il faut plusieurs centaines de matelots sur le navire, mais aussi des crocheteurs, des voituriers ou des portefaix sur le port. C’est pourquoi l’argent du trafic négrier a probablement irrigué chaque rue du port de La Rochelle au XVIIIe siècle.
Les tableaux de la chambre du commerce récapitulant la situation du commerce de la traite des Noirs entre 1783-1785, dans plusieurs ports principaux du royaume de France démontrent l’intensité du commerce mené à La Rochelle. En 1784, sur 52 expéditions 13 navires sont partis de La Rochelle, situant le port derrière le port de Nantes, avec 20 expéditions, et celui du Havres avec 16 expéditions, mais sur les 13 expéditions mené depuis La Rochelle, la totalité des navires ont contribué à l’importation d’esclaves aux colonies. Les expéditions négrières partant du Vieux-Port de La Rochelle duraient généralement entre huit mois et deux ans. La majeure partie de la durée de l’expédition se consacrait uniquement à l’achat des esclaves.
Le réseau capitaliste au XVIIIe siècle liait les Rochelais à Paris, Bordeaux, Nantes, Bayonne, Rouen, l’Angleterre, les Provinces-Unies et l’Espagne. Ce brillant démarrage avait été interrompu par Louis XIII qui avait retiré au port ses privilèges fiscaux après le siège de 1628. Pendant une quarantaine d’années, on ne vit plus l’intérêt d’utiliser un port mal relié avec l’intérieur du pays. Cependant, en 1664, les Rochelais rétablirent la situation en acceptant la proposition des cinq grosses fermes de Colbert. Grâce à cet accord, tous les droits de douanes disparaissaient entre Anjou, Touraine, Berry, l’Île-de-France, Poitou et Aunis. Cela suscita la jalousie des voisins du Vieux-Port de La Rochelle, puisqu’à l’époque, c’était le seul port à connaître ce régime sur la côte atlantique. Les voisins n’hésitèrent pas à parler de la monopole en temps de guerre. Cependant, les anglais ne se souciaient pas des régimes fiscaux, à l’époque, pour bloquer les ports. Mais, lorsqu’il faut question de transformer Saint-Malo en port franc en 1758, la chambre de commerce retourna l’argument contre son concurrent en prétendant que la “seule exemption du droit de fret écarterait pour jamais de nos ports tous les vaisseaux étrangers (...). Le port franc est de tous les privilèges le plus destructif, il ruine tout ce qui l’environne.”
Malgré tout, on ne peut réduire la prospérité rochelaise à un artifice fiscal.Le site vivait en harmonie avec ses campagnes, riches en vins et en céréales, et avec la côte, tapissée de marais salants.
Évolution du port à partir de la fin du XVIIIe siècle.
- Le , une assemblée générale de commerce décide d'importants travaux pour sauver le vieux port de l'envasement[3]. Le mal était tel, vers 1730, que M. de Tigné, directeur du génie, disait dans un mémoire qu'à peine pouvait-il y rentrer des navires de 50 à 60 tonneaux. Le Cardinal de Fleury s'était enfin décidé, peu de temps après, à envoyer 1 500 soldats pour le curer, et de grands travaux avaient été faits dans le but de limiter l'envasement. On avait perfectionné l'écluse de chasse du canal de Maubec, resserrés et revêtus de pierre les côtés de ce canal, abattu le vieux pont de Saint-Sauveur, qui brisait la force du courant, et établi dans l'avant-port un système de fascinage, qui s'étendait jusqu'à une assez grande distance en mer. Mais tous ces travaux ne purent vaincre le fléau de l'envasement. Des opérations de cures furent de nouveaux entrepris.
- le , un "Raz de marée comme aucun marin ne se rappelle en avoir vu. Tout à coup la mer monta dans le port de dix-huit pouces et refluoit avec tant de violence qu'elle a couvert les jetées de l'avant port, qui étoient à plus de huit pieds au-dessus du niveau de la pleine mer. Ce n'étoit point des vagues, c'étoit vraiment un soulèvement de la mer ; car toute la surface paraissoit être à cette hauteur. Elle auroit passé par dessus les quais, si l'entrée rétrécie des deux tours ne s'y étoit opposée ; mais il y avoit entre les tours un courant égal à celui d'une écluse ouverte, ce qui a occasionné un ressac si considérable que tous les bâtiments, qui étoient dans le port, ont cassé leurs amarres. Cinq minutes après, la mer a baissé avec autant de rapidité qu'elle avoit monté. Elle grondaoit dehors avec un bruit considérable. Les vents est-sud-ouest souffloient avec assez de force mais sans être trop violents"[4]
- , démarrage des travaux de désenvasement. On enleva la vase et les pierres qui menaçaient de combler le port. On ôta environ cinq pieds de hauteur. Les travaux durèrent jusqu'en [5].
- Construction des quais du bassin d'échouage de 1786 à 1856[6].
- , Napoléon et l'Impératrice Joséphine visitèrent notamment le port, le chantier de construction, le bassin à flot, la jetée.
Au cours du XIXe et du XXe siècle, le havre est occupé par la flottille des bateaux de pêche avant leur déménagement en 1994 au Port de pêche de Chef de Baie. De nos jours, le havre est occupé par des navettes de transport et par des voiliers.
Le havre d’échouage est un site classé par arrêté du [7],[8],[9].
- Départ du paquebot côtier l'«Express» pour l'Île de Ré, 1930.
- Des fileyeurs amarrés dans le bassin d'échouage du port de La Rochelle, .
- Bateaux de plaisance à leur emplacement de ponton dans le bassin d'échouage du port de La Rochelle, 2009.
- Bateaux électrosolaires dans le port de La Rochelle, 2009.
Le vieux port a accueilli par deux fois une compétition de plongeon extrême[10]. L'évènement a rassemblé plus de 40 000 spectateurs au pied de l’édifice en 2009. La compétition consiste à réaliser des plongeons depuis la tour Saint-Nicolas.
Séries du championnat du monde 2010 de plongeon extrême à La Rochelle, France. |
Le bassin à flot
À partir de 1778, sous la direction des ingénieurs Leclerc et Lescure de Bellerive, fut entrepris le creusement du bassin à flot intérieur, dans l'étrier dit de la Petite-Rive. Sa mise en service ne se fera qu'en 1808.
Le bassin des chalutiers
Au cours du XIXe siècle, le havre est occupé par la flottille des voiliers de pêche et le bassin intérieur par des petits caboteurs. Le vieux port devenant trop étroit pour accueillir les navires de commerce, on décide en 1862 de creuser le bassin extérieur, dont l'emplacement se situe au-delà des fortifications. En forme de « L » inversé, ce port a un accès direct au Canal de Rompsay et au réseau ferroviaire. Une porte-écluse permet d'accéder à marée haute au chenal et un pont tournant permet la communication entre Le Gabut et La ville en bois.
Avec la mise en service du Port de La Pallice, les navires de commerce quittent peu à peu le bassin. L'emplacement est rapidement occupé par les chalutiers grâce à la construction de cinq pêcheries par la chambre de commerce, en 1923.
En 1935, le pont tournant est remplacé par un pont basculant. Ce pont est toujours en service aujourd’hui.
Dès la fin de la guerre, la pêche industrielle reprend de plus belle, et, comme après celle de 14-18, les premières années sont fastes. Les fonds se sont reconstitués et le poisson est abondant. Les nouveaux chalutiers de 38 mètres à 45 mètres sont équipés de moteurs diesel. Les tonnages montent.
Après la Seconde Guerre mondiale, pour répondre au nouvel essor du secteur de la pêche, on entreprend la construction d'un nouvel encan, qui sera mis en service en 1953.
En 1994, on inaugure le Port de pêche de Chef de Baie, où est transféré l'ensemble de la filière pêche.
Ce transfert permet une reconversion du bassin en port de plaisance. L'ancien encan est transformé en centre de conférences et accueille le musée maritime, dont une partie des bateaux (France 1) occupe déjà une place dans le bassin. Il voit également l'implantation du nouvel aquarium. Ce nouvel élan permet la concentration d'une importante industrie nautique tournée vers la plaisance.
Le bassin est le lieu privilégié pour accueillir les courses nautiques. Il accueille la Calypso qui subit une longue agonie de 1998 à 2007. À la suite de différends juridiques, le bateau fut laissé à l'abandon au fond du bassin des chalutiers.
Pont levant du Gabut
Le pont levant du Gabut ou "Pont Sherzer", du nom de l'ingénieur qui l'a conçu est un ouvrage de type « basculant/levant roulant »[11].
En 1935, on décide de remplacer le pont tournant par un pont levant. Le pont levant pivote comme un pont-levis, sur un axe transversal. À l'arrière de cet axe, deux arcs dentés sont reliés à d'énormes contrepoids et lèvent la volée en roulant sur leur crémaillère. Construit pour le port de Marseille en 1927 par l'entreprise Fivellile, l'ouvrage est transporté à La Rochelle par la mer en 1936, avant d'être remonté. L'ouvrage métallique mobile, une fois levé, permet de libérer un passage de 16,50 m.
L'ouvrage vieillissant, on décide une restauration complète en 2004. Le temps faisant son œuvre, les pièces métalliques ont fini par se souder entre elles si bien que le temps de dépose a été plus long que prévu. La charpente de métal, les rivets frappés à chaud et le mécanisme sont rénovés. On en profite pour mettre en place un éclairage qui met le pont en valeur à la nuit tombée. Entièrement rénové il est officiellement inauguré le vendredi .
Il fait à nouveau l'objet d'une restauration en profondeur en 2020, dans la suite de celle de 2005[12].
Galerie d'images du bassin des chalutiers
- Photographie du Musée maritime depuis la tour Saint-Nicolas.
- La Calypso en .
- La Calypso en .
- Le voilier Tahia amarré dans le Bassin des Chalutiers au port de La Rochelle.
- Le Bassin des Chalutiers, lors d'un salon nautique.
- Voilier situé sur le plateau nautique.
- Le Temenos ancré au bassin des chalutiers.
- La goélette Atlantic sortant du bassin des chalutiers pour accéder au chenal.
- La frégate Hermione sortant du bassin des chalutiers pour accéder au chenal.
Infrastructures portuaires
Le Vieux-Port est composé de trois bassins offrant 18 appontements et 320 places (dont 70 pour les visiteurs) :
- Le bassin du havre d’échouage : 4 appontements, 115 places (dont 40 pour les visiteurs), emplacements dragués à -1 mètre, longueur maximale de 12 mètres ;
- Le bassin des chalutiers : creusé en 1862 et fermé par une écluse à marée basse, il présente une forme en "L" et permet l'accueil des navires du Musée Maritime ainsi que tout navire, de 17 à 90 mètres, largeur jusqu’à 16 mètres, tirant d’eau maximal de 5 mètres sur 4 appontements ;
- Le bassin à flot: le plus petit des trois, jouxtant les quartiers Saint-Nicolas et du Gabut et également fermé par une écluse à marée basse. Il y a 5 appontements (90 places) où peuvent s'amarrer des navires de tirant d'eau de 4 mètres, d'une longueur maximale de 14 mètres et une largeur maximale de 12 mètres, avec un seuil à l’entrée de 1 mètre.
Galerie de photos
- Panorama du bassin d'échouage
- Entrée du Vieux-Port côté mer.
- Entrée du Vieux-Port côté ville.
- Le Vieux-Port vue de la Tour de la Chaîne.
- Église Saint-Sauveur vue depuis le Vieux-Port.
- Écluse du canal de la Rochelle.
- L'entrée du vieux port marquée par la tour Saint-Nicolas et la tour de la Chaîne.
Ouvrages liés au Vieux-Port de La Rochelle
- Captives à bord, tome 4 de la série de bande dessinée L'Épervier de Patrice Pellerin aux éditions Dupuis Collection Repérages, 1999
Philatélie
- En 1930, sort en France le 1er timbre intitulé : Port de la Rochelle d'une valeur de 10 f. Il est annoncé bleu. Toutefois, on connaît ce timbre chaudron clair, brun-noir et outremer vif. Ces variétés sont très recherchées[13].
- En 1970, dans une série sur l'histoire de France, Richelieu est représenté devant le port[14].
- En 2008, c'est un timbre de 55 centimes d'euro qui représente le Vieux-Port, les Tours Saint-Nicolas et de la Chaîne[15]’'[16].
Notes et références
- « Port - Dossier inventaire », notice no IA17000233, base Mérimée, ministère français de la Culture.
- Jourdan : Éphémérides historiques de la Rochelle, p. 97.
- Jourdan : Éphémérides historiques de la Rochelle, p. 396.
- Extrait de Jourdan : Éphémérides historiques de la Rochelle, p. 323.
- Jourdan : Éphémérides historiques de la Rochelle, p. 3.
- « Plan des quais construits de 1786 à 1856, dessin par L'Evêque », Base inventaire (culture.gouv.fr).
- Fichier national des sites classés.
- Carte dynamique régionale de Poitou-charentes.
- RAPPORT DE PRÉSENTATION Z.P.P.A.U.P., 2009 « Copie archivée » (version du 2 juin 2013 sur l'Internet Archive).
- Red Bull Cliff Diving World Series.
- Fiche sur le site Structurae.
- « La Rochelle : le pont du Gabut totalement démonté pour une rénovation totale », sur France Bleu, (consulté le )
- Timbre Port de la Rochelle.
- Timbre Richelieu.
- La Rochelle Le Journal, voir page 17 - Février 2008 [PDF].
- Timbre le Vieux-Port.
Voir aussi
Bibliographie
- Rémi Béraud, Petite Encyclopédie Monumentale et Historique de La Rochelle, Édition RUPELLA,
- Claude Masse, Recueil des plans de La Rochelle, Édition RUPELLA,
- Emile COUNEAU, La Rochelle Disparue, (en ligne (Gallica) : )
- Jourdan, Éphémérides historiques de la Rochelle, A.SIRET, , 595 p. (lire en ligne)
- Amos Barbot, Archives historiques de la Saintonge et de l'Aunis, vol. XIV, Éditions Picard, (lire en ligne)
Articles connexes
Liens externes
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