épuiser
Français
Verbe
épuiser \e.pɥi.ze\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison) (pronominal : s’épuiser)
- Mettre à sec en puisant, tarir.
- Épuiser une fontaine à force d’en tirer de l’eau. - L’armée était si nombreuse que partout où elle campait elle épuisait les fontaines et les ruisseaux.
- […] mais l’eau, à l’intérieur, avait déjà atteint le niveau du plancher, et il me fallut plusieurs heures de travail aux pompes pour l’épuiser. — (Alain Gerbault, À la poursuite du soleil ; tome 1 : De New-York à Tahiti, 1929)
- (Par analogie) Absorber toutes les forces vitales, physique ou naturelles jusqu'à leur tarissement.
- Ils devaient être épuisés de fatigue, car ils dormaient profondément, l’un près de l’autre, allongés, les bras collés au corps, comme des cadavres. — (Octave Mirbeau, Le Colporteur)
- Je n’en entendis pas davantage. J’étais moralement épuisé. Ma fatigue physique dépassa même toute mesure. — (Pierre Louÿs, Trois filles de leur mère, René Bonnel, Paris, 1926, chapitre IX)
- (Par extension) Absorber tous les sucs nourriciers d’un sol, d’une terre.
- Avec sa végétation exubérante de tiges et de feuilles, elle épuise fortement le sol: elle exige de bonnes fumures, et parmi les engrais chimiques réclame surtout l’azotate de soude, le chlorure de sodium et la chaux. — (La ramie, nouveau textile soyeux: communication présentée à la Société des sciences industrielles de Lyon, dans la séance du 14 février 1877, par M. Léger, Lyon : Imprimerie Storck, 1877, p. 7)
- (Par extension) Extraire d’une mine tout ce qu’elle contenait.
- (Figuré) Consommer, vider, absorber, employer de manière à n’en plus rien laisser du tout.
- Les insulaires nous déclarèrent alors qu’il leur était impossible de nous en fournir davantage, parce que les forêts avaient été épuisées par le grand nombre de bâtimens [sic] qui avaient fréquenté ces parages depuis quelques années. — (Dillon, Voyage dans la mer du sud, Revue des Deux Mondes, 1830, tome 1)
- Dès la veille de la mobilisation ; à Perros et à Trégastel, on ne trouvait plus de numéraire : la poste elle-même ne payait plus les mandats ; toutes les disponibilités avaient été épuisées par les retraits des caisses d’épargne. — (Charles Le Goffic, Bourguignottes et pompons rouges, 1915, p. 28)
- Le numéro du magazine est épuisé.
- (Chimie) Extraire toute la substance.
- On épuise encore deux fois le malt par l'eau bouillante ; le premier liquide obtenu est mêlé à celui que l'on a préparé précédemment ; le second sert à fabriquer de la petite bière. — (Edmond Nivoit, Notions élémentaires sur l’industrie dans le département des Ardennes, E. Jolly, Charleville, 1869, p. 140)
- (En particulier)(Figuré) Fatiguer gravement en dilapidant du sang, ou tout ce qui contribue à l’entretien des forces du corps.
- L’année 1825 vit se livrer, entre la Russie et la Pologne, une de ces luttes dans lesquelles on croirait que tout le sang d’un peuple est épuisé, comme souvent s’épuise tout le sang d’une famille. — (Alexandre Dumas, Les Mille et Un Fantômes)
- Avoir considéré tout ce qu'il y a à considérer d'une réalité, d’un sujet ou d’une situation.
- Sur ce sujet, c’est un spécialiste que vous ne saurez épuiser.
- […] la discussion ne paraissant point épuisée, ils continuèrent, dans le crépuscule qui tombait, à marcher en devisant, l’un le pot à la main, l’autre son parapluie sous le bras… — (Louis Pergaud, La Disparition mystérieuse, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
- « Comment pouvez-vous, dit l'Autodidacte, arrêter un homme, dire il est ceci ou cela? Qui peut épuiser un homme? Qui peut connaître les ressources d'un homme? »
Épuiser un homme! Je salue au passage l'humanisme catholique à qui l'Autodidacte a emprunté, sans le savoir, cette formule. — (Jean-Paul Sartre, La Nausée, 1938)
- (Services secrets) Enlever (une personne).
- Aujourd’hui, ce n’est pas tellement le colloque Pachurst-Keibel qui m’intéresse, je sais toujours où les retrouver l’un et l’autre. Mais on va probablement essayer de les épuiser. — (A. L. Dominique, Le gorille se mange froid, Gallimard (Série noire), 1955, page 57)
- (Pronominal) Diminuer jusqu’à disparaître, au propre comme au figuré.
- Avec ce hiver rigoureux, notre provision de bois ’s'est épuisée' avant le retour du printemps.
- Si la discussion n'est pas plus constructive, ma patience va commencer à s'épuiser ,
- Les provisions s’épuisèrent et l’équipage s’alimenta du produit de sa pêche. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, p. 419 de l’éd. de 1921)
- (Pronominal) S’affaiblir à l’extrême.
- Sentir ses forces s'épuiser.
- Dire adieu, en ce sens, c’est ne pas s’épuiser en vain dans des tâches infinies. — (Roger-Pol Droit, Dan Sperber, Des idées qui viennent, 1999, Odile Jacob, page 60)
Dérivés
- épuisage
- épuisant
- épuisé
- épuisement
- inépuisable
Traductions
Fatiguer gravement en dilapidant du sang, ou tout ce qui contribue à l’entretien des forces du corps.
Diminuer jusqu’à disparaître.
- Same du Nord : nohkat (*)
- Shingazidja : uhisa (*)
S’affaiblir à l’extrême.
- Same du Nord : čuohcit (*)
- Shingazidja : uledjea (*)
Traductions à trier
Prononciation
- France : écouter « épuiser [e.pɥi.ze] »
Références
- Tout ou partie de cet article a été extrait du Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition, 1932-1935 (épuiser), mais l’article a pu être modifié depuis.
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