cypsélomorphes
Français
Étymologie
- (Vers 1867) Francisation de Cypselomorphae, terme de latin scientifique créé par le paléontologue britannique Thomas H. Huxley (1825-1895) à partir du grec ancien κύψελος (kupselos, signifiant toute forme d'hirondelle, selon Aristote) et μορφήεις (morphéis, ayant la forme de). Une erreur largement diffusée jusqu'au XIXème siècle voulait que le "kupselos" des Anciens était un synonyme de l’apus latin, lequel désignait vraisemblablement le martinet mais, exceptionnellement, incluait peut-être également l'hirondelle des rochers (Ptyonoprogne rupestris), à cause des aspects de ses moeurs ressemblant à celles des apodidés. En effet, pour Aristote et les autres auteurs grecs, l'ἄπους n'était pas synonyme de l’apus du lexique commun et des auteurs latins (pour qui le second se référait plus spécifiquement au martinet), mais se rapportait en fait à toutes les hirondelles, que l'on avait lontemps cru, curieusement, largement dépourvues de pieds. C'est donc en employant la synonymie erronée du κύψελος grec avec l’apus au sens des latins (et non avec l'ἄπους, l'hirondelle d'Aristote) que Huxley suggéra que l'on nommât ainsi un super-ordre d'oiseaux réunissant les caprimulgiformes (engoulevents et types apparentés), les apodiformes (martinets, salanganes et types apparentés, y compris les égothèles, sorte de martinet assez singulier arborant des traits morphologiques les apparentant à la fois aux engoulevents et aux chouettes), ainsi que les trochiliformes (colibris et types apparentés), sur la base de caractéristiques anatomiques (et moins artificielles que celles définissant le synonyme taxinomique des Strisores[1] — cf. plus bas). Ce super-groupe repose désormais sur une documentation paléontologique et phylogénétique assez détaillée définissant des traits anatomiques communs (synapomorphies) à ce super-ordre, tels que la large fente séparant les os maxillaires, une symphyse mandibulaire très courte ainsi que des rameaux mandibulaires dont la portion distale est très fuselée. Ces traits définissent aujourd'hui le groupe qu'Huxley appela originalement Cypselomorphae ou cypsélomorphes pour le distinguer des Strisores, lequel était hérité d'une classification artificielle des oiseaux proposée en 1847 par l'ornithologue allemand Jean Cabanis (1816-1906), soit antérieurement au super-ordre de Huxley), mais qui s'y avéra ultimement identique dans sa définition moderne.
De fait, la classification de Cabanis divisait les oiseaux percheurs (autres que les rapaces et les pigeons), ou Insessores, en quatre sous-groupes (maintenant intégrés, le cas échéant, à la taxinomie moderne en tant que super-ordres), soit [a] les Oscines (ou passereaux), [b] les Clamatores (qui regroupe essentiellement le sous-ordre des Tyranni —i.e. les tyrans, les cotingas et types apparentés, au sein des passériformes — en plus, dans les définitions anciennes, des non-passereaux syndactyles tels les coraciiformes, i.e. les martins-pêcheurs, les guêpiers, les momots, etc.), [c] les Scansores (correspondant aux "Grimpeurs" de Cuvier, groupe qui est coextensif à la division encore plus archaïque des Zygodactyli, maintenant totalement abandonnée, la zygodactylie étant un trait polyphylétique que l'on rencontre chez des ordres non phylogénétiquement apparentés comme les piciformes (e.g. pics, calaos, etc.), les psittaciformes (e.g. perroquets) et les cuculiformes (e.g. coucous)), de même que [d] les Strisores[2] (nom dérivé du latin stridere, i.e. "siffler, bourdonner, striduler"), une division artificielle qui regroupait originalement les Insessores dont les pieds présentaient des "anomalies", comme la réduction prononcée des pieds chez les apodiformes)[3][4]. Bien que certains de ces groupes (e.g. les Oscines ou les Clamatores) soient considérés maintenant comme artificiels et désuets et soient abandonnés en pratique, les travaux récents en phylogénétique ont apporté un support nouveau à la validité du regroupement des caprimulgiformes, des apodiformes et des trochiliformes en un super-ordre des ''Strisores'' (ou cypsélomorphes), confirmant l'idée que les divisions entrevues par Cabanis et Huxley n'étaient pas sans fondement, malgré la quantité limitée d'information dont ils disposaient pour en établir l'existence.
Nom commun
cypsélomorphes \sip.se.lo.mɔʁf\ masculin pluriel
- (Ornithologie) Super-ordre d'oiseaux réunissant l'ordre des caprimulgiformes (i.e. les engoulevents et autres types apparentés), celui des apodiformes (i.e. les martinets, salanganes et autres types apparentés, y compris la famille des ægothelidés qui regroupe les égothèles, sortes de martinets atypiques à l'apparence mixte de chouette et d'engoulevent), ainsi que celui des trochiliformes (i.e. les colibris et types apparentés), et dont les membres ont en commun certaines caractéristiques anatomiques de leurs mandibules, de leur syrinx et des os de leurs membres antérieurs (ailes) et postérieurs (pattes).
Notes
En biologie, le nom binominal et les autres noms scientifiques (en latin) prennent toujours une majuscule. En français, les naturalistes mettent fréquemment une majuscule aux noms de taxons supérieurs au genre.
Un nom vernaculaire ne prend pas de majuscule, mais on peut en mettre une quand on veut expliciter le fait que l’on ne parle pas d’individus, mais que l’on veut parler de l’espèce, du genre, de la famille, de l’ordre, etc.
Synonymes
- bourdonneurs
- Cypselomorphae
- Strisores
Hyperonymes
- oiseaux (Aves)
- néognathes (Neognathae
Hyponymes
- apodiformes[5]
- caprimulgiformes
- trochiliformes
Traductions
- Conventions internationales : Cypselomorphae (wikispecies)
Voir aussi
- Cypselomorphae sur l’encyclopédie Wikipédia
- Strisores sur l’encyclopédie Wikipédia (en anglais)
Références
- Strisores sur l’encyclopédie Wikipédia (en anglais)
- Ibid.
- Jean L. Cabanis, Ornithologische Notizen: I und II, Archiv für Natürgeschichte, xiii, 1:186-256
- Ibid., xiii, 1:308-352, 1847.
- i.e. au sens courant (2018) du terme, incluant donc la famille des ægothélidés.