Un des plus gros défis pour un auteur de fiction consiste à créer des personnages réalistes et convaincants. Un bon personnage de fiction donne envie au lecteur de savoir ce qui va lui arriver sur vingt, cinquante ou même deux-cents pages. Bien souvent, un personnage réaliste est non seulement intéressant et unique, mais le lecteur s'y identifie et l'apprécie. Il est difficile d'obtenir cet équilibre, mais les auteurs de fiction ont trouvé diverses techniques pour inventer des personnages que les lecteurs trouvent réalistes et crédibles.

Partie 1
Partie 1 sur 3:
Utiliser des détails simples et des descriptions physiques

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    Donnez un nom à votre personnage. Le nom de votre personnage sera important pour lui donner une identité. Pensez à de vraies personnes que vous connaissez et qui vous rappellent votre personnage ou qui vous ont servi d'inspiration. Vous pouvez également utiliser un vrai nom qui va bien au personnage, mais jouer sur l'orthographe, par exemple, Kristoff au lieu de Christophe, Karla au lieu de Carla, etc. [1]
    • Cherchez des noms qui vont bien avec l'histoire de votre personnage et ne semblent pas étranges par rapport à son rôle ou à sa situation. Une mère de famille blanche qui vit dans un quartier aisé de Boston ne risque pas de s'appeler Esméralda. Il est peu probable qu'un sorcier maléfique originaire d'une autre planète se nomme Jean ou Roger.
    • Il existe plusieurs générateurs de noms de fiction en ligne que vous pouvez utiliser en précisant le sexe et l'appartenance ethnique et culturelle de votre personnage [2] .
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    Déterminez le sexe, l'âge, la taille et le poids de votre personnage. S'il devait remplir une fiche chez le médecin, qu'indiquerait-il dans les champs « sexe », « âge », « taille » et « poids » ? Vous n'êtes pas obligé(e) d'inclure toutes ces informations dans votre nouvelle ou votre roman, mais elles vous aideront à définir la voix et le point de vue du personnage [3] [4] .
    • Par exemple, dans Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur, de Harper Lee, la petite fille, Scout, ne voit pas le monde du roman de la même façon que son père, Atticus Finch, qui est un homme plus âgé qu'elle [5] .
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    Décrivez la couleur des yeux et des cheveux du personnage. Il est important d'indiquer des caractéristiques physiques, surtout la couleur des cheveux et des yeux. La description de personnages se concentre souvent sur ces deux aspects, qui peuvent vous permettre de faire comprendre aux lecteurs que votre personnage a une certaine apparence ou appartenance ethnique. Ces descriptions peuvent également indiquer un certain type de personnage.
    • Par exemple, si vous décrivez un personnage féminin comme ayant « des cheveux d'un blond sale et des yeux gris qui se voilaient lorsqu'elle s'ennuyait », vous fournissez non seulement une description physique précise au lecteur, mais vous lui donnez un aperçu de la personnalité du personnage.
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    Créez des marques permettant de distinguer votre personnage. La cicatrice en éclair de Harry Potter est un bon exemple d'une marque qui identifie le personnage et le rend unique. Vous pouvez employer une marque de naissance, comme un grain de beauté sur le visage, ou bien une marque accidentelle, comme une cicatrice due à une brulure ou à des points de suture. Ces cicatrices ou autres marques peuvent donner une qualité unique au personnage pour le lecteur. Elles peuvent également lui en apprendre plus sur ce personnage.
    • Dans Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur, Jem, le frère de Scout, est décrit sur la première page à travers son bras cassé : « Mon frère Jem allait sur ses treize ans quand il se fit une vilaine fracture au coude, mais aussitôt sa blessure cicatrisée et apaisées ses craintes de ne jamais pouvoir jouer au football, il ne s'en préoccupa plus guère. Son bras gauche en resta un peu plus court que le droit, quand il se tenait debout ou qu'il marchait, le dos de sa main formait un angle droit avec son corps, le pouce parallèle à la cuisse. Cependant, il s'en moquait, du moment qu'il pouvait faire une passe et renvoyer un ballon [6] . »
    • Harper Lee se sert de la blessure et de la marque physique pour introduire le personnage de Jem et annoncer au lecteur que son bras gauche est plus court que l'autre, caractéristique qui permet de le distinguer et de le rendre plus développé et crédible.
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    Définissez le style vestimentaire du personnage. Les vêtements peuvent être très utiles pour faire découvrir davantage la personnalité et les gouts du personnage au lecteur. Un personnage qui porte un t-shirt punk, un jean noir et des Doc Martens paraitra rebelle tandis qu'un personnage qui porte un pulloveur tricoté et des mocassins risque de paraitre plus conservateur.
    • Décrivez les vêtements de façon précise, mais ne répétez pas ces descriptions trop souvent dans votre histoire. Il vous suffit de définir le style vestimentaire du personnage une fois pour que le lecteur se fasse une image claire qui le guidera pendant le reste de l'histoire.
    • Dans Le grand sommeil de Raymond Chandler, le personnage principal, Philip Marlowe, décrit ses vêtements en deux phrases brèves : « Je portais mon costume bleu ciel avec une chemise, une cravate et un mouchoir bleu foncé. J'étais soigné, propre, rasé et sobre et peu importe qui le savait [7] . »
    • Chandler emploie des détails précis pour dresser un portrait clair de Marlowe et confère la voix du personnage à la description (« peu importe qui le savait ») pour ajouter davantage de profondeur.
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    Déterminez la classe et le milieu social du personnage. Son rôle dans la vie aura un effet sur sa façon de gérer certaines situations et de réagir à des évènements quotidiens. Un jeune homme d'origine africaine vivant en banlieue parisienne n'aura pas la même expérience ou le même point de vue qu'un jeune homme blanc élevé à la campagne dans le Sud-Ouest de la France. Une femme de classe moyenne vivant à New York aura une vie quotidienne très différente de celle d'une femme vivant au moyen de bons alimentaires dans cette même ville. Le milieu et la classe sociale de votre personnage feront partie intégrante de sa façon de voir le monde.
    • Vous n'êtes pas obligé d'indiquer le milieu social du personnage au lecteur, mais si sa classe entre en compte dans son point de vue, il semblera plus réaliste et convaincant. Par exemple, les personnages fictifs de Junot Díaz emploient des termes d'argot qui indiquent leur classe et leur milieu social au lecteur.
    • Dans sa nouvelle intitulée Le Soleil, la Lune, les étoiles, Díaz écrit : « Évidemment, à rester enfermée chez mon abuelo, Magda s'ennuyait à mourir, elle me l'a même dit – je m'ennuie, Yunior –, mais je l'avais prévenue à propos du passage obligé chez l'abuelo. Je croyais qu'elle s'en ficherait ; d'ordinaire, elle est super cool avec les viejitos [8] .
    • Dans cette nouvelle, Díaz utilise des mots en espagnol pour indiquer l'origine du personnage narrateur sans annoncer directement au lecteur qu'il est d'origine hispanique.
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    Recherchez la profession ou la carrière du personnage. Vous pouvez donner plus de crédibilité à votre personnage fictif en apportant des détails sur sa profession ou son activité. Si votre personnage est architecte, il doit savoir comment construire un bâtiment et pourrait voir la silhouette d'une ville d'une manière particulière. S'il s'agit d'un détective privé, il devrait connaitre la procédure de base d'une investigation policière et savoir comment résoudre une enquête. Utilisez des livres empruntés à la bibliothèque et des sources en ligne pour rendre l'activité de votre personnage convaincante dans l'histoire.
    • Si possible, essayez de parler à une personne qui pratique la profession de votre personnage. Posez-lui des questions sur ses activités quotidiennes au travail afin d'être sûr que les détails que vous fournissez sont corrects.
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Partie 2
Partie 2 sur 3:
Utiliser le motif du personnage

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    Donnez un objectif ou un désir à votre personnage. Son motif dans l'histoire doit être un des aspects qui le définissent le plus. Les objectifs du personnage doivent faire avancer l'histoire et son motif doit être unique. Par exemple, votre personnage pourrait être un jeune homme noir qui essaie d'intégrer La NBA (ligue de basketball nord-américaine) ou bien une vieille femme qui essaie de retrouver son fils perdu depuis des années. Si votre personnage a un objectif qui le définit, il sera plus réaliste et convaincant [9] .
    • Lorsque vous établissez le motif du personnage, donnez-lui un petit objectif, comme le fait de séduire une fille, et un grand objectif principal, comme le fait de prouver que le grand amour existe vraiment. Essayez de lui donner ces deux objectifs afin que son histoire paraisse à la fois personnelle et universelle aux yeux du lecteur.
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    Réfléchissez aux points forts et faibles du personnage. Ses points forts doivent peser légèrement plus lourd que ses faiblesses, surtout s'il s'agit d'un personnage qui part en désavantage ou est en difficulté dans l'histoire [10] .
    • Par exemple, votre personnage pourrait être timide ou introverti, mais être doué pour résoudre les énigmes et les mystères. Il pourrait aussi être de nature colérique, mais lutter pour contrôler ses émotions.
    • Ces forces et faiblesses sont tout aussi importantes pour générer des conflits internes au sein de votre personnage: sa détermination et son intelligence seront elles suffisantes pour lui permettre de passer outre sa timidité, et vaincre son antagoniste [11]  ?
    • Si le personnage a des faiblesses qui mitigent ses points forts, le lecteur l'appréciera et s'identifiera à lui plus facilement, ce qui le rendra plus crédible.
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    Imaginez une peur ou un traumatisme liés au passé du personnage. Les personnages fictifs n'ont pas tous besoin d'être motivés par un traumatisme ou une peur liés au passé, mais vous pouvez créer une tension dans le présent de votre personnage en lui inventant un passé avec des évènements ayant pu le blesser. Ces évènements doivent avoir eu lieu avant le moment où l'histoire se déroule [12] .
    • L'histoire du personnage peut vous permettre de le rendre plus crédible. En faisant entrer en jeu des éléments de son passé, vous donnerez une portée plus étendue à l'histoire et le personnage aura une présence plus développée dans celle-ci.
    • Par exemple, dans une des nouvelles de Junot Díaz, le lecteur apprend les fautes commises dans le passé par le narrateur lorsqu'il était avec sa petite amie. Ce passé constitue la raison pour laquelle la petite amie du personnage le quitte. Le passé du personnage remplit ainsi deux fonctions : il permet au lecteur d'apprendre des choses sur le personnage narrateur et constitue un élément majeur dans l'action. Il donne également une portée plus étendue à l'histoire, car celle-ci commence en plein milieu d'un évènement important (la petite amie du narrateur le quitte), mais cet évènement est dû à des évènements passés auquel le personnage se trouve confronté dans le présent.
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    Inventez un ennemi pour le personnage. Vous pouvez rendre votre personnage plus réaliste en créant une personne ou une force agissant contre lui. Un antagoniste de ce genre ajoutera une note réaliste à l'histoire, car dans la vraie vie, nous sommes souvent confrontés à des défis ou à des personnes qui s'opposent à nous [13] .
    • L'antagoniste pourrait être un voisin indiscret, un membre de la famille agaçant ou un conjoint difficile. L'antagoniste doit avoir un rapport avec le motif du personnage.
    • Par exemple, si votre personnage essaie d'obtenir une bourse pour pratiquer un sport, l'antagoniste pourrait être un rival dans son équipe ou un entraineur trop autoritaire. Si votre personnage essaie de regagner l'amour d'une fille qu'il a trompée, l'antagoniste pourrait être son incapacité à contrôler ses désirs ou à rester fidèle.
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Partie 3
Partie 3 sur 3:
Employer le dialogue

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    N'ayez pas peur d'utiliser du langage familier. Le langage familier est constitué de mots ou de phrases familières ou encore de termes d'argot intégrés dans l'écriture [14] . Vos personnages doivent avoir des voix aussi uniques que celles des personnes que vous croisez au quotidien. Ce langage comprend les mots d'argot et autres expressions familières. Par exemple, deux adolescents ne risquent pas de se saluer en disant « bonjour, monsieur ». Ils risquent plus de dire quelque chose comme : « Salut ! », « Ça roule ? », etc.
    • Faites attention à ne pas employer trop de termes familiers dans le dialogue. Si vous en abusez, le lecteur peut s'en lasser ou avoir l'impression que vous en faites trop. Essayez de trouver un équilibre entre un langage familier ou argotique et un bon français bien écrit.
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    Essayez de varier les niveaux de langue. Votre personnage peut changer de façon de parler en fonction de son interlocuteur. Cela se produit souvent dans la vie quotidienne, surtout pour les personnes issues de milieux ou de classes sociales différents qui essaient de s'intégrer.
    • Si votre personnage vient d'un milieu, d'un environnement ou d'une classe en particulier, essayez de définir la façon dont il intègrerait l'argot local dans le dialogue ou la description en fonction de son interlocuteur. Par exemple, si deux Guadeloupéens se parlent, ils peuvent employer des mots ou expressions créoles, tandis que si un de ces mêmes personnages parle à un policier blanc, il risque d'employer des phrases plus formelles comme « oui, monsieur » ou « pas de problème ».
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    Utilisez des verbes de parole. Ces verbes permettent d'attribuer le dialogue écrit aux personnages. « Dire » et « demander » font partie des verbes de parole (ou verbes introducteurs) les plus communs. Ces verbes n'ont pas besoin d'être compliqués ou trop descriptifs. Leur fonction première consiste à indiquer quel personnage parle et à quel moment. Cependant, vous pouvez également utiliser des verbes introducteurs pour créer des personnages convaincants [15] .
    • Chaque verbe de parole doit être accompagné d'au moins un nom ou pronom sujet (« Paul », « Marie », « il », « elle », « tu », « nous », etc.) et donner une indication sur la façon dont le personnage s'exprime (« dit », « cria », « demanda », « chuchota », « remarqua », etc.). Par exemple, vous pourriez écrire : « Paul dit à Marie... », « Marie chuchota à Paul », etc.
    • Vous pouvez également ajouter des adjectifs et des adverbes pour donner davantage de précisions sur le personnage qui parle. Vous pourriez ainsi écrire quelque chose comme : « Paul dit tendrement à Marie » ou « Marie cria d'une voix aigüe. » L'ajout d'un adverbe peut vous permettre d'indiquer un tic ou une émotion du personnage de façon rapide et efficace. Toutefois, faites attention à ne pas abuser des adverbes et des adjectifs pour accompagner vos verbes introducteurs. Essayez d'utiliser un seul adjectif ou adverbe par scène pour étoffer le dialogue d'un personnage.
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    Lisez le dialogue à voix haute. Les paroles de votre personnage doivent lui être propres et refléter sa façon d'interagir avec les autres. Un bon dialogue dans une œuvre de fiction ne doit pas simplement expliquer au lecteur comment un personnage arrive d'un point A à un point B ou comment il connait un autre personnage. Lisez le dialogue à voix haute pour vous assurer qu'il imite la façon dont le personnage pourrait parler à un autre de façon réaliste. Les paroles de votre personnage doivent être en accord avec ses caractéristiques.
    • Par exemple, dans Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur, Harper Lee se sert du dialogue pour distinguer les différents personnages. Elle utilise également le niveau de langage familier qu'emploieraient des enfants vivant dans une petite ville du Sud des États-Unis dans les années 1950 [16] .

      ̶ Salut.
      ̶ Salut toi, répondit Jem aimablement.
      ̶ Je m'appelle Charles Baker Harris. Je sais lire.
      ̶ Et alors ? Dis-je.
      ̶ Je pensais que vous aimeriez le savoir. Si vous avez besoin que je vous lise quelque chose...
      ̶ Quel âge as-tu ? Coupa Jem. Quatre ans et demi ?
      ̶ Presque sept ans.
      ̶ Alors y a rien d'extraordinaire à ça, reprit Jem en me désignant du pouce. Scout sait lire depuis qu'elle est née et elle ne va pas encore à l'école. Tu fais drôlement petit pour quelqu'un qui va sur ses sept ans.

    • Lee fait parler Jem de façon familière afin de distinguer ses paroles de celles de Charles Baker Harris et de Scout. Cela permet de définir Jem en tant que personnage et de créer une certaine relation entre les trois personnages qui participent au dialogue.
  5. 5
    À vous de jouer ! Faites des concours avec vos amis pour voir qui écrit la meilleure histoire...
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À propos de ce wikiHow

Stephanie Wong Ken, MFA
Coécrit par:
Master en écriture créative
Cet article a été coécrit par Stephanie Wong Ken, MFA. Stephanie Wong Ken est une auteure établie au Canada. Les travaux de Stephanie ont été publiés par Joyland, Catapult, Pithead Chapel, Cosmonaut's Avenue et d'autres publications. Elle est titulaire d'un master des Beaux-Arts en fiction et en création littéraire de l'université d'État de Portland. Cet article a été consulté 7 292 fois.
Catégories: Littérature | Écriture
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