Bataille de Z'Moul Niran
La bataille de Z'Moul Niran est livrée le pendant la guerre du Sahara occidental. Elle marque le déclenchement de l'offensive Grand-Maghreb du Front Polisario. L'armée marocaine inflige une sévère défaite aux colonnes blindées du Polisario qui attaquaient le mur des sables.
Date | |
---|---|
Lieu | Z'Moul Niran, Sahara occidental |
Issue | Victoire marocaine |
RASD | Maroc |
Inconnu | Hammou Arzaz[N 1] |
2 000 hommes 100 véhicules légers 80 blindés |
176 morts[N 2] 12 blindés 30 autre véhicules | 37 à 75 morts 10 prisonniers[1] Au moins 1 char |
Batailles
- Argoub
- Aïn Ben Tili (janvier)
- Amgala 1
- Amgala 2
- Aousserd
- Laâyoune
- Tarfaya
- Bir Moghreïn 1
- Zouerate
- Mijek
- Bir Moghreïn 2
- Bir Moghreïn 3
- Nouakchott
- Offensive du Martyr-El-Ouali (Amgala
- Tidjikdja
- Argoub
- Tifariti
- Tichla
- Zouerate (mai)
- Boukraa
- Nouakchott
- Haouza
- Lamnia (juillet)
- Zouerate (août)
- Lamnia (août)
- Deglebat-Leglia
- Bir Gandouz
- Oum Drouss)
- Lamantin
- Lem Sail
- Tan-Tan
- Amgala
- Ramth-al-Lbane
- Assa
- Tichla
- Bir Anzarane
- Lebouirate
- Lemgat
- Smara
- Mahbès
- Ouhoud
- Boukraa
Attaques sur le mur des sables (1980-1991)
Attaques sur le train minéralier Nouadhibou-Zouerate (1975-1978)
Contexte
Un mois avant le 20e sommet de l'OUA à Addis-Abeba, qui doit s'exprimer sur l'adhésion de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) dans l'organisation[L 1], le Front Polisario lance l'offensive Grand-Maghreb en réponse à l'accord d'union marocco-libyenne, signé il y a deux mois jour pour jour entre le Maroc et la Libye de Mouammar Kadhafi, qui renonce à fournir en armement le Polisario, et ainsi qu'au rapprochement récent entre le Maroc et l'Algérie de Chadli Bendjedid. Le but de cette offensive est de démontrer que la réputation du « mur infranchissable » est un « mythe », et que même sans l'aide militaire libyenne, le Polisario a la capacité militaire de poursuivre sa lutte[L 2].
De plus, l’appellation de cette offensive est un moyen de faire savoir aux pays de la région qu'il ne peut y avoir d'union du Maghreb sans la présence du Polisario, « seul représentant légitime du peuple sahraoui »[L 2].
Préparation de l'attaque
Le , le Polisario rassemble une colonne de 2 000 combattants[N 3], 100 Land Rover et Toyota, 80 blindés à savoir des BMP-1 et des chars T-55, en plus d'éléments du génie de déminage, d'artillerie et de défense antiaérienne[2]. Les Sahraouis disposent de missiles sol-air 9K32 Strela-2[L 3], de canons de 122 mm, de mortiers de 160 mm (en)[3], de lance-roquettes multiples BM-21 Grad, de mortiers de 81 mm et de véhicules légers armés de canons sans recul B-10, de canons automatiques de 23 mm, de mitrailleuses lourdes de 14,5 et de mitrailleuses de 12,7 mm. Pour la première fois de la guerre, les BMP-1 sahraouis sont équipés de missiles 9M14 Malyutka[4].
Dispositif marocain
Le mur des sables est protégé par plusieurs points d'appui. Dans la doctrine défensive marocaine, ces positions sont tenues par une compagnie d'infanterie[N 4] renforcée de quelques canons anti-chars, et sont uniquement destinées à donner le temps aux forces d'intervention d'intervenir[4]. Les unités d'intervention viendront des secteurs de Zag et Haouza[L 4], commandés respectivement par les colonels Hammou Arzaz et Abid Tria[5], avec des unités de chars M48A3 et SK-105[N 5].
Déroulement
Le Polisario s'attaque à l'aube[N 6] au 4e mur de défense marocain[L 3], dans le secteur de Zag, à Khachbyine et à Z'Moul Niran, situés dans le nord du Sahara occidental, au sud-est de Zag. Si l'attaque de Khachbyine n'est qu'une diversion, la principale cible est la crête de Z'Moul Niran[réf. nécessaire]. Après une forte préparation d'artillerie[4], les forces du Polisario réussissent à percer le mur, puis investissent quatre points d'appui des forces armées royales dans la ceinture entre Khachbyine et Z'Moul Niran[6]. Les unités de secteur se replient vers le poste de commandement et les positions de l'artillerie marocaine éloignées de 5 kilomètres du lieu des combats, en attendant l'arrivée des chars[réf. nécessaire]. Les renforts marocains arrivent par le sud et le nord, de Haouza et Zag[L 4]. Les T-55 du Polisario, trop précieux pour être mis en danger, restent en soutien à l'arrière de l'attaque et sont séparés des BMP-1. Ces derniers, pris au piège, tentent alors également de fuir à travers la brèche faite dans le mur mais laissent sur le terrain 12 BMP-1[4]. Les combats particulièrement violents ont donné lieu à des corps-à-corps[6]. L'aviation marocaine serait intervenue avec ses Mirage F1 et Northrop F-5[L 5]. Après six heures de combat, les unités sahraouies battent en retraite vers l'Algérie. Le combat se poursuit pendant deux jours par un duel d'artillerie entre les deux forces[4].
Bilan et conséquences
Rabat affirme que le Polisario a subi de lourdes pertes, à savoir 176 tués[L 6], 12 BMP-1, certains tout neufs[2] et cinq intacts, et 30 Technicals détruits ou capturés, ainsi qu'un important matériel récupéré, tout en admettant avoir perdu 37 soldats[4]. Selon le général Bennani, commandant de la zone sud, les forces armées marocaines auraient fait « quelques » prisonniers[7], dont le commandant du bataillon de BMP sahraouis[4]. De son côté, le Polisario fait état de 275 soldats marocains mis hors de combat, dont 75 tués et 10 prisonniers[1]. Au moins un char marocain a été détruit par un lance-roquette[8].
Selon le journal espagnol ABC, cette attaque, loin de « démystifier » le mur, démontre l'impossibilité pour le Polisario d'obtenir une victoire militaire[9]. La montée en ligne d'une très importante force reste toutefois une belle réussite pour le Polisario[L 7].
Suites
En novembre, les combats se poursuivent plus au sud, dans les régions de Dakhla et Haouza[L 8]. Un responsable du Polisario au Mozambique revendique la destruction de 30 blindés M113, M48 et SK-105, de 22 véhicules légers et de 8 bases marocaines entre octobre et début novembre 1984, ainsi que 274 tués marocains[10].
Annexes
Notes
- Commandant du secteur de Zag
- Selon le Maroc
- Sur 10 000 combattants disponibles, soit 1 sur 5
- Appartenant à un bataillon d'infanterie en secteur ou BIS
- Appartenant à des groupes d'escadrons blindés (GEB)
- 6 heures du matin
Sources bibliographiques
- Vergniot, p. 651.
- Vergniot, p. 652.
- Ali, p. 162.
- Mariñas, p. 29.
- Ali, p. 163.
- Merini, p. 482.
- Strategic Survey, p. 103.
- Fuente & Mariño, p. 110.
Références
- Paul Balta, « Rabat met en cause Alger après l'offensive du Polisario », Le Monde, (lire en ligne)
- Pierre Branche, « Après la déroute du Front Polisario à Zag : Pour les Marocains, un fabuleux butin made in U.R.S.S. », Le Figaro Magazine, no 12495, , p. 122 (lire en ligne)
- Lt-Col (TA) Marill, « Influence de la doctrine française au XXe siècle : exemples », Objectif doctrine, Commandement de la doctrine et de l'enseignement supérieur de l'Armée de Terre, , p. 14 (lire en ligne)
- (es) Salvador López de la Torre, « El fracaso militar del Polisario : Smul Niran, una catástrofe de la guerrilla », ABC, , p. 32-33 (lire en ligne)
- Reuter, « Les Marocains ont pris au Polisario un équipement " très meurtrier " », Le Monde, , p. 4 (lire en ligne)
- « Violents combats dans le secteur de Zag », Le Monde, (lire en ligne)
- (en) Judith Miller, « Morocco tries to foil rebels with 1,550-mile wall of sand », The New York Times, , p. 1 (lire en ligne)
- Jean de La Guérivière, « Après la dernière offensive sahraouie : « Nous avons voulu démythifier le " mur " marocain » explique le numéro deux du Polisario », Le Monde, (lire en ligne)
- (es) « Las lecciones del 13 de octubre », ABC, , p. 33 (lire en ligne)
- (pt) « SDAR first secretary discusses regional, African issues » (Interview de Slimane Maghrous par Joaquim Salvador), Tempo, Maputo, , p. 29-31, cité et traduit dans (en) Near East/South Asia report, vol. JPRS-NEA-85-008, Foreign Broadcast Information Service, , 164 p. (lire en ligne), p. 39-43
Bibliographie
- Olivier Verniot, « La question du Sahara occidental 1983-1984 », Annuaire de l'Afrique du Nord, Éditions du CNRS, vol. 1984, , p. 634-691 (lire en ligne)
- (en) Lyakat Ali, « Military dimension of Western Sahara Conflict », dans The Western Sahara issue-decolonisation or greater Morocco (thèse encadrée par K.R. Singh), New Delhi, université Jawaharlal-Nehru, , 269 p. (présentation en ligne, lire en ligne)
- (en) « Libya: Between the Maghreb and black Africa », Strategic Survey, vol. 85, no 1, , p. 101-106 (DOI 10.1080/04597238408460658)
- (es) Ignacio Fuente Cobo et Fernando M. Mariño Menéndez, El conflicto del Sahara occidental, ministère de la Défense et université Charles-III de Madrid, (ISBN 84-9781-253-0, lire en ligne)
- (ar) Abdelhak El Merini, الجيش المغربي عبر التاريخ [« L'Armée marocaine à travers l'Histoire »], Rabat, Dar Nachr Al Maârifa, , 586 p. (ISBN 9981-80-842-3, lire en ligne)
- (es) Gerardo Mariñas Romero, « Guerra en el desierto », Ejercito, Service de publication de l'état-major de l'armée espagnole, vol. XLVI, no 551, , p. 19-29 (ISSN 0013-2918, lire en ligne)
Voir aussi
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