Roger Etchegaray
Roger Marie Élie Etchegaray, né le à Espelette et mort le à Cambo-les-Bains[1], est un cardinal français.
Pour les articles homonymes, voir Etchegaray.
Originaire du Pays basque, il fut archevêque de Marseille de 1970 à 1985, avant d'être appelé à Rome par le pape Jean-Paul II qui lui a confié plusieurs postes importants au sein de la curie romaine[2].
Biographie
Prêtre
Ordonné le pour le diocèse de Bayonne dans sa paroisse natale[3], Saint-Étienne d'Espelette, ce jeune prêtre basque traversa sous le pontificat de Pie XII les aléas de l’après guerre, la réforme liturgique, la crise des prêtres ouvriers, la guerre d’Algérie dans l’ombre de Léon-Albert Terrier, évêque de Bayonne, avant de diriger le secrétariat de l’épiscopat français.
Évêque
Expert au concile Vatican II, Roger Etchegaray est nommé évêque auxiliaire de Paris le , puis archevêque de Marseille le . Le , dans le contexte des ratonnades à Grasse, Marseille et ailleurs, il appelle publiquement au calme[4].
Il est nommé prélat de la Mission de France le .
Il préside la Conférence des évêques de France de 1975 à 1981 ainsi que le Conseil des conférences épiscopales européennes de 1971 à 1979.
Il se retire de la mission de France le [5].
Le , il est nommé président des conseils pontificaux Justice et Paix et Cor Unum. Un an plus tard, le , il renonce à sa charge d'archevêque de Marseille pour se consacrer entièrement à la curie romaine.
Cardinal
Roger Etchegaray est créé cardinal par Jean-Paul II lors du consistoire du avec le titre de cardinal-prêtre de San Leone I, et dont il était l'ultime survivant. Il sera élevé au rang de cardinal-évêque de Porto-Santa Rufina le [6].
Pendant plus de vingt ans, il fut un des principaux collaborateurs du pape polonais. À la tête de deux dicastères — Justice et Paix et Cor Unum — il fut l’envoyé spécial de Jean-Paul II.
De 1979 à 2005, il a effectué des dizaines de voyages plus ou moins officiels, doublant souvent la diplomatie officielle du Saint-Siège. C’est lui qui fut envoyé chez Fidel Castro, au Rwanda en plein génocide, dans Jérusalem en crise, au cœur de la Chine communiste ou auprès de Saddam Hussein : le Saint-Siège, opposé à l'invasion de l'Irak de 2003, envoie le cardinal Etchegaray auprès des autorités irakiennes pour les persuader de coopérer avec les Nations unies afin d'empêcher la guerre, sans succès[7],[8].
Il fut aussi le délégué spécial du pape pour l’organisation de la rencontre inter-religieuse d’Assise en 1986[9], et pour l’animation du Grand Jubilé de l’an 2000[10]. Il fut, avec le cardinal Ratzinger, un des principaux conseillers et confidents de Jean-Paul II tout au long de son long pontificat.
Il perd sa qualité d'électeur le jour de ses 80 ans le , c'est pourquoi il ne peut pas participer aux votes des conclaves de 2005 (élection de Benoît XVI) et de 2013 (élection de François).
Vice doyen du Sacré-collège (appelé aussi Collège des cardinaux) du au , il est alors le numéro trois du Saint-Siège dans l'ordre de préséance, derrière le pape et le cardinal Sodano, ancien secrétaire d'État, doyen du Collège des cardinaux.
Lors de la procession d'entrée de la messe de Noël célébrée en la basilique Saint-Pierre au Vatican le , le cardinal Etchegaray tomba et se fractura le col du fémur, pris dans la bousculade lors d'une tentative d'agression du pape Benoît XVI par une déséquilibrée. Il a été opéré à l'hôpital Gemelli à Rome[11] le , avec succès, selon le Vatican.
Le , il reçoit la dignité de Grand-croix de la Légion d'honneur qui lui est remise par le Premier ministre français Manuel Valls[12], à Rome à la villa Bonaparte[13].
Il prend congé du pape François au mois de pour pouvoir se retirer au Pays basque, dans une maison de retraite à Cambo-les-Bains[10].
Le , le pape François accepte sa demande de le décharger de l'office de vice-doyen du collège et approuve l'élection, faite par les cardinaux-évêques, du cardinal Giovanni Battista Re pour le remplacer[14].
À la mort du cardinal José de Jesús Pimiento Rodriguez le , il devient le membre le plus âgé du collège cardinalice, mais il meurt le lendemain, le [15]. Son cardinalat a duré 40 ans et 66 jours (du au ).
Obsèques
Les obsèques du cardinal Etchegaray ont été célébrées le en la cathédrale Sainte-Marie de Bayonne[16]. Elles étaient présidées par le cardinal Dominique Mamberti et concélébrées par l'évêque de Bayonne, Marc Aillet, en présence de plusieurs autres évêques et notamment de l'archevêque de Bordeaux, le cardinal Jean-Pierre Ricard, et de l'archevêque de Lyon, le cardinal Philippe Barbarin. En fin d'après-midi, il a été inhumé dans le caveau familial, à Espelette, son village natal[17].
Écrits
Roger Etchegaray a été archevêque de Marseille de 1970 à 1984[18]. Créé cardinal par Jean-Paul II en 1979, il en fut l'un des proches collaborateurs[19].
Commentaire selon saint Luc (Lc 15, 1-3.11-32)
- Le flair de la miséricorde
« La miséricorde est le plus grand des attributs divins, proclamait sainte Faustine, une moniale polonaise[20]. Si quelque chose éclate en Jésus Christ et le rend incomparable, c'est bien la miséricorde divine. Il est stimulant pour le pécheur d'entendre : « Va, et ne pèche plus. » Rien à voir avec la pitié condescendante ou la faiblesse complice. Loin de s'opposer à la justice, la miséricorde la postule et l'exige.
Mais nous refusons de nous laisser peser sur les balances les plus justes, car nous sommes convaincus que notre vérité est tout intérieure et ne peut être saisie que par les yeux de l'amour, d'un amour miséricordieux, capable de provoquer une « refonte de la justice ». La miséricorde a du flair, elle excelle à déceler le « muet appel de la misère ». La miséricorde exclut le calcul, le souci de la bonne réputation : un « fils prodigue » a dilapidé sa part d'héritage, son retour à la maison du père valait-il vraiment ce festin qui indigne le frère aîné ?
La miséricorde est magnanime, elle ne connaît pas la mesquinerie, elle descend toujours plus bas que ne peut tomber notre misère pour l'effacer à fond. La miséricorde est incorrigible, elle sait qu'il y a des situations sans possibilité de retour en arrière, mais, avec un cœur nouveau et l'Esprit de Dieu, elle fera le reste ! »
— Card. Roger Etchegaray. L'homme à quel prix ? Paris, La Martinière, 2012, p. 100-101.
Commentaire selon saint Matthieu (Mt 15, 29-37) :
- Le grand livre de l'histoire
« Jésus Christ, « vrai Dieu et vrai homme », est la profondeur de ma vie. Plus j'y pense et plus une telle évidence devient en moi une découverte concrète et une vive espérance. Jésus Christ n'est pas une présence ajoutée, quelqu'un à aimer plus que les autres, en dehors des autres. Sans lui je reste confiné à la surface des autres... et de moi-même. Sans lui, tout deviendrait insignifiant. Sans lui, je ne pourrait pas lever tous les défis de ce monde. Si je devais définir notre époque, je le ferais justement avec ce mot, « défi ». C'est certainement le mot le plus utilisé dans le monde moderne. Aujourd'hui, tout est perçu comme un défi, et cela exprime bien la précarité, l'incertitude et finalement l'angoisse de l'être humain qui se sent provoqué, menacé, et parfois directement agressé.
L'homme a toujours ressenti l'appel du futur, mais il en à désormais comme une obsession. Je ne sais si vous avez remarqué qu'au début de chaque année liturgique, l'Avent commence par le récit de la fin des temps. Le chrétien, homme de l'Avent, est tenu de lire le grand livre de l'histoire en commençant par la fin. C'est la raison pour laquelle le chrétien n'a jamais peur de l'avenir, parce que l'avenir lui apparaît magnétisé par le poids du salut déjà acquis, aimanté par un temps déjà racheté dans le sang du Christ. »
— Card. Roger Etchegaray. Qu'ai-je fait du Christ ?, Paris, Parole et Silence, 2015, p. 141-142.
Œuvres
- J'avance comme un âne : A temps et à contretemps (nouv. édition), Paris, Fayard, coll. « Religieux (28) - (Nouvelle éd. refondue et augmentée) », , 296 p. (ISBN 978-2-213-63136-3)
- Petite vie de Eugène de Mazenod (1782-1861), Desclée de Brouwer, Paris, 1995. (ISBN 2-220-03709-6)
- J’ai senti battre le cœur du monde : conversations avec Bernard Lecomte, Fayard, coll. « Témoignages pour l'Histoire » , 2007, 476 p. (ISBN 978-2213630571)
- J'ai senti battre le coeur du monde : Conversations avec Bernard Lecomte, Paris, Editions Tallandier, coll. « Poche », , 544 p. (ISBN 979-10-210-3655-0)
- L’homme, à quel prix ?, Paris, Points, coll. « Points documents », , 128 p. (ISBN 978-2-7578-3886-0)
- Avec Dieu chemin faisant, Paris, La Martinière, coll. « Religion et spiritualité », , 176 p. (ISBN 978-2-7324-6501-2)
- R. Etchegaray et Enzo Bianchi (Préface), Qu'ai-je-fait du Christ ?, Paris/Les Plans-sur-Bex (Suisse), Parole et Silence Editions, coll. « Spiritualité/Poche », , 167 p. (ISBN 978-2-88918-456-9)
Autres fonctions
- Vice-doyen du Collège cardinalice.
- Président émérite des Conseils pontificaux Justice et Paix et Cor unum, ancien président du Comité pour le Grand Jubilé de l'an 2000.
- Membre de l'Académie des sciences morales et politiques (depuis 1994).
Distinctions
- Grand-croix de la Légion d'honneur (décret du remise le suivant par le Premier ministre Manuel Valls[12])
- Commandeur de l'ordre national du Mérite
- : Grand-croix de l'ordre du Mérite hongrois
Hommage
Un buste en glaise du cardinal Etchegaray fut réalisé par le sculpteur Daniel Druet[21].
Notes et références
- « Le cardinal Roger Etchegaray est décédé - Diocèse 64 Bayonne, Lescar et Oloron », sur diocese64.org (consulté le ).
- Le cardinal Etchegaray, homme de terrain de Jean-Paul II.
- Pierre Puchulu, Les évêques originaires du diocèse de Bayonne depuis le concordat de 1801, Bulletin de la Société des sciences, lettres et arts de Bayonne, no 133, .
- L'appel au calme de Mgr Etchegaray, évêque de Marseille, extrait du JT du sur le site de l'INA.
- Histoire de la Mission de France.
- Le cardinal Roger Etchegaray, l’homme des missions délicates de Jean-Paul II.
- « Iraqi president meets Papal envoy Etchegaray », Irish Times, (lire en ligne, consulté le )
- (en) Declaration by Cardinal Roger Etchegaray Following his Meeting with Iraqi President Saddam Hussein, Holy See Press Office, (lire en ligne)
- 27 octobre 1986, la première rencontre inter-religieuse pour la paix à Assise.
- Claire Lesegretain, « Le cardinal Roger Etchegaray revient en France », sur la-croix.com, (consulté le ).
- « Agression du pape : le cardinal Etchegaray hospitalisé », Le Figaro, 25 décembre 2009.
- Décret du 18 avril 2014 paru au Journal officiel le 20 avril 2014 (« Promotion de Pâques »). Le cardinal Etchegarray était depuis 2002 grand officier de la légion d'honneur.
- Radio Vatican, « La Grand-Croix de la Légion d'honneur remise au cardinal Etchegaray », sur fr.radiovaticana.va, .
- (it) Salle de presse du Saint-Siège, « Rinunce e nomine », sur press.vatican.va, (consulté le ).
- , sur la-croix.com, 4 septembre 2019.
- L’adieu des Basques au cardinal Etchegaray.
- Les obsèques du cardinal Etchegaray ont été célébrées à Bayonne.
- Le cardinal Roger Etchegaray, ancien président de la conférence des évêques de France, est mort.
- Le cardinal Etchegaray, l’un des collaborateurs fondamentaux du pape Jean-Paul II.
- La divine miséricorde, à l’école de sainte Faustine.
- Bustes sculptés par Daniel Druet.
Voir aussi
Bibliographie
- Etienne Dahler et Roger Etchegaray (Introduction), Si je t'oublie, Jérusalem ! La Cité Sainte à travers la Bible, Editions des Béatitudes, , 212 p. (ISBN 978-2-905480-04-0)
- Étienne Grieu et Roger Etchegaray (Préface), Un lien si fort : Quand l'amour de Dieu se fait diaconie, Éditions de l'Atelier, , 248 p. (ASIN B00BOQF3S8)
- Dominique Lebrun et Roger Etchegaray (Préface) (trad. du latin), Intervention de Karol Wojtyla au concile Vatican II, Paris/Les Plans-sur-Bex Suisse, Parole et Silence Editions, coll. « Ouvr. de Référence », , 260 p. (ISBN 978-2-88918-111-7)
- Henri Tincq, « Le cardinal Roger Etchegaray, ancien ambassadeur privé de Jean-Paul II, est mort », sur lemonde.fr, (consulté le ).
Articles connexes
Liens externes
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