Cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Lambert de Liège
La cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Lambert (Catedråle Notru-Dame-et-Sint-Lambiert di Lidje en wallon) fut la cathédrale de Liège jusqu'en 1794, date du début de sa destruction. Cette immense cathédrale gothique, à la mémoire de saint Lambert, occupait l'actuelle place Saint-Lambert, au cœur de Liège. Avec ses deux chœurs, ses deux transepts, ses trois nefs à trois étages, le circuit de ses chapelles absidales et collatérales, son cloître et ses annexes, et sa flèche de 135 mètres, la cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Lambert faisait partie des grands vaisseaux du monde occidental au Moyen Âge et était le monument majeur du gothique mosan. Elle pouvait contenir 4 000 personnes.
Pour les articles homonymes, voir Cathédrale Notre-Dame, Notre-Dame et Saint-Lambert.
Cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Lambert de Liège | |
Gravure du XVIe siècle | |
Présentation | |
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Culte | Catholique romain |
Type | Cathédrale (détruite) |
Rattachement | Diocèse de Liège |
Début de la construction | XIIe siècle |
Fin des travaux | XVe siècle |
Style dominant | Gothique (gothique mosan) |
Géographie | |
Pays | Belgique |
Région | Région wallonne |
Province | Province de Liège |
Ville | Liège |
Coordonnées | 50° 38′ 44″ nord, 5° 34′ 27″ est |
Du paléolithique au Martyrium de Saint-Hubert
Premières fouilles
En , lors de la pose d’un égout, des artefacts datés de la période gallo-romaine et du Moyen Âge sont mis au jour. Mais il faut attendre le pour que débutent les premières véritables fouilles du site de la place Saint-Lambert[note 1]. Cette première campagne de fouilles (1907-1909) n’a pas un programme déterminé mais tient surtout de l’opportunisme car elle suit les tranchées ouvertes par les ouvriers[1]. Ces fouilles vont néanmoins mettre en évidence la présence romaine et modifier les livres d'histoire[note 2].
Occupation protohistorique
Un passionné d’archéologie[note 3] entame les recherches. Outre les vestiges de la cathédrale ottonienne, sont mis au jour les restes d’une villa gallo-romaine et des traces d’une occupation néolithique occasionnelle[2]. Plus tard sera précisée une occupation probable à l'âge du bronze reconnue par un corpus mobilier assez ténu, mais associé à du mobilier du Néolithique moyen et récent[3].
Les vestiges d’un système d’hypocauste avec son foyer sont découverts dans le transept ouest de la cathédrale. Cette première phase de fouilles va permettre un aménagement de l’hypocauste pour des visites dès 1910.
Villa Legia rustica ? - L'ensemble romain du Ier au IIIe siècle
Située en aval à quatre kilomètres sur la rive droite du fleuve[4], au tournant des Ier et IIe siècles de notre ère — la période — un vaste ensemble architectural est élevé au centre de la future place Saint-Lambert, à quinze kilomètres d'Atuatuca Tungrorum, aujourd'hui la ville de Tongres et à vingt kilomètres de Trajectum ad Mosam, actuellement Maastricht. Des fouilles récentes permettent de préciser le plan de cette vaste réalisation dont les dimensions atteignent 54 × 35 m. Apparemment, cette habitation a été construite en terrasses pour s’adapter à la pente naturelle du site, proche des alluvions de la Légia, mais hors de la zone marécageuse du coude de la Meuse à la Sauvenière[5]. Dotés de bains chauds et d’un chauffage domestique par hypocauste, ces bâtiments «à la romaine» (murs en pierre, tuiles rouges…) constituent peut être le centre névralgique d’une villa rustica, c'est-à-dire d’une exploitation agricole comme il s’en comptait alors des dizaines sur le territoire de l’actuelle Wallonie. Curieusement la villa a été construite en deux étapes, la seconde semblant plutôt un réaménagement. Malgré les fouilles, le doute reste cependant de mise quant à la vocation réelle de cet établissement. Peu après le IIIe siècle, l'occupation devient sporadique, quelques éléments permettent de préciser une occupation « parasitaire » du bâtiment au IVe siècle et peut-être la présence d'un foyer au Ve siècle. Si le plan de la villa est tout à fait classique, une approche comparative démontre manifestement une dimension particulièrement imposante. Elle était manifestement bien décorée.
Il est probable que ces bâtiments furent détruits lors des razzias opérées, fin du IIIe siècle, par les Francs, les Alamans et d’autres tribus germaniques. Si les premières traces de la présence romaine sur la place Saint-Lambert datent de la fin du Ier siècle apr. J.-C., c’est aux IIe et IIIe siècles que l’occupation est la plus dense[6].
Épisode mérovingien
Une nécropole mérovingienne sera découverte au XIXe siècle contenant des tombes avec des armes des VIe et VIIe siècles située au pied du Publémont où sera érigée la collégiale Saint-Pierre[7],[8],[9].
La demeure des évêques de Maastricht au VIIIe siècle
À la fin du VIIe siècle, une demeure plus importante est bâtie, réutilisant en partie au moins l’ancienne construction romaine. Il s’agit, sans doute, de la maison où l’évêque de Tongres-Maastricht, Lambert de Maastricht, est assassiné vers l’an 700. Cet acte serait une vengeance privée menée par Dodon, haut fonctionnaire de l’État et membre d’un clan adverse[10].
Le 17 septembre, devenu jour de la saint Lambert, commémore cet assassinat[11].
Sur les lieux du meurtre, le successeur de Lambert de Maastricht, l’évêque Hubert de Liège (vers 700-727), fait ériger une église – un «martyrium» - d’environ 50 × 15 mètres et y ramène les reliques de son prédécesseur. La naissance d’un culte, voué à l’évêque martyr, fait de Liège une ville de pèlerinage, qui se mue, rapidement, en une importante agglomération. Vers 800, la ville en plein essor devient la résidence principale des évêques de Tongres-Maastricht[12].
Assassinat de Lambert de Maastricht
Sur le site d'une ancienne villa gallo-romaine[note 4], Lambert de Maastricht, évêque de Maastricht fut assassiné vers 705 par les hommes de Dodon. Si le saint est d'abord enterré à Maastricht, l'endroit du martyre devient toutefois un lieu de pèlerinage. (Grimoald II, fils de Pépin de Herstal, maire du palais de Neustrie et de Bourgogne est assassiné en 714 par un frison nommé Rangaire ou Rangar alors qu'il se recueillait sur le tombeau de saint Lambert[13]). Saint Hubert, son successeur, rapatrie son corps et l'inhume à l'endroit qui deviendra la place Saint-Lambert. Peu après, le siège épiscopal est transféré de Maastricht à Liège et le lieu érigé en cathédrale[10].
Le Martyrium de Saint-Hubert
Plusieurs édifices se succèdent à cet emplacement. Tout d'abord, un martyrium est construit, celui-ci certainement ordonné par Hubert de Liège et dont l'orientation vers l'ouest est inhabituelle et justifie la présence d'un chœur occidental dans les cathédrales postérieures. La première cathédrale, construite à la fin du VIIIe siècle, est de style carolingien.
La première cathédrale
Durant l’époque carolingienne, au IXe siècle, le martyrium devient une cathédrale dont la largeur est portée à environ 23 mètres sur plus de 70 mètres de longueur. Le chœur occidental de cette cathédrale est aménagé à l’emplacement de l’abside du martyrium, lui-même construit «sur» les bâtiments romains mais selon un axe qui ne respecte pas leur disposition générale.
La permanence du chœur occidental au même endroit paraît intentionnelle. Il s’agissait, selon la tradition, du lieu du martyre de l’évêque Lambert de Maastricht[10]. En 881, lors de l’attaque de la cité de Liège par les Normands, le «monastère de Saint-Lambert» est la proie des flammes, mais le sanctuaire est ensuite rapidement reconstruit et restauré.
La Cathédrale ottonienne de Notger
Le Chapitre
L’évêque Notger y installe, en 978, un chapitre de soixante chanoines et remplace aux environs de l'an mil la cathédrale carolingienne par une vaste église ottonienne dotée d’une crypte dans laquelle sont installées les reliques du saint martyr[14].
Première phase ottonienne
Un massif occidental, deux chœurs opposés, deux transepts et un « cloître » oriental caractérisent cette architecture ottonienne des églises impériales de Rhénanie et de Saxe[note 5]. Deux tours se dressent aux croisées des transepts, ajoutant à la monumentalité de l'édifice. Cependant on peut remarquer, et cela reste présent dans le plan de la cathédrale définitive, que les entrées se trouvent sur les flancs Sud et Nord de l'édifice et non dans l'axe du chœur. Ceci provient peut-être d'une superstition selon laquelle le mal viendrait de l'Ouest et qu'une entrée de ce côté pourrait lui permettre d'entrer dans la maison de Dieu. Beaucoup d'édifices religieux de la région mosane présentent cette caractéristique. Ceci explique en outre la possibilité de construire un deuxième chœur[note 6]. On peut également mentionner l'existence d'un déambulatoire, réservé, en tout cas à Liège, à la principale église de la ville (privilège réservé notamment en ces villes, à la cathédrale Notre-Dame de Tournai et à la cathédrale Notre-Dame de Cambrai, détruite à la Révolution française. Le monument subit de profondes transformations en sous-œuvre dans le courant des années 1140-1180[15].
Seconde phase ottonienne
Une seconde phase, maintenant précisée par les dernières fouilles, va modifier la structure intérieure du bâti ottonien.
- plan des vestiges du XIe siècle, probablement vers 1015.
- Volume reconstitué de la cathédrale ottonienne du XIe siècle.
La Cathédrale romane
Le bâtiment
On ignore tout des causes de destruction de la cathédrale Saint-Lambert ottonienne. Un édifice du plus pur style roman va lui succéder au cours du XIIe siècle : de superbes chapiteaux en témoignent encore[16].
Décès de Henri IV
Décédé le , l'empereur déchu et excommunié Henri IV y est inhumé par le prince-évêque Otbert. Les évêques germaniques protestent et déclarent que la cathédrale sera profanée tant que le corps y reposera. Henri V fait ensuite exhumer son père et transférer ses restes à la cathédrale de Spire le [17].
L'incendie du vaisseau et des cloîtres romans
Dans la nuit du 28 au , un violent incendie éclate dans une des maisons accolées au cloître de la cathédrale, et ne tarde pas à gagner celle-ci. Le vaisseau est fort endommagé[18]. Le feu fut des plus dévastateurs : cloître et bâtiment claustraux, des pans entier de murs, toitures et tours sont détruits. L'autel de la Sainte-Trinité, situé dans le chœur occidental de l'édifice, est brisé, tout comme le carrelage de marbre, à la suite de l'effondrement des poutres.
Échappèrent à la destruction à tout le moins, l'autel de la Vierge, dans le chœur oriental, et l'église paroissiale primitive de Liège, l'église Notre-Dame Aux-Fonts, érigée au pied de la cathédrale, au Sud de celle-ci[19].
La Cathédrale gothique
La construction de la Cathédrale gothique
On entreprend dès le lendemain de l'incendie la reconstruction de la cathédrale en style gothique, en utilisant une grande partie des fondations antérieures. Plus de 250 ans seront nécessaires pour édifier cette cathédrale. Les analyses dendrochronologiques[note 8] vont confirmer sa réédification, amorcée à l'Est dès la fin du XIIe siècle, à partir duquel l'église va progressivement prendre son aspect définitif[16]. La rénovation gothique va se poursuivre vers l'Ouest. Cette reconstruction est étroitement conditionnée par la réutilisation systématique des fondations ottoniennes et romanes, probablement pour des motivations économiques[note 9]. Tout au plus sont renforcés quelques points nécessaires à la structure gothique, Cette pérennité du socle ottonien devait être influencée par la conservation du vieux chœur qui devait être proche du lieu de martyre du saint, et depuis le haut Moyen Âge considéré comme un espace sacré immuable[20].
Donations et indulgences
Les travaux de reconstruction de la cathédrale bénéficieront des donations des grands du monde médiéval, notamment d'un legs, en 1195, du comte Baudouin V de Hainaut[C 1] tandis que l'empereur Henri VI entre 1195 et 1197, cédait son domaine de Vreren à la Cathédrale, instituant deux chanoines chargés de la messe de deux autels de la cathédrale, pour le bien du Saint-Empire romain germanique et à la mémoire des membres défunts de la famille impériale, deux luminaires de cire devaient par ailleurs briller devant ces autels[C 2],[21]. Une vingtaine d'années plus tard, la cathédrale bénéficia d'un afflux financier de Henri Ier de Brabant par l'intermédiaire du comte de Flandre Fernand de Portugal, il promit d'assigner une somme importante à l'« église de Liège »[22]. Au milieu du XIIIe siècle, l'état d'avancement est précisé au pape. De Pérouse, Innocent IV, considérant que les fils de Liège […] aspirent à l'achèvement d'une telle œuvre et qu'en conséquence, il accorde des indulgences spéciales à ceux qui contribueront à cette tâche[23]. Pierre Capocci, légat pontifical et cardinal-diacre au titre de Saint-Georges-au-Vélabre conférera des indulgences à toute personne qui contribuera à la réfection de la cathédrale de Liège[24]. Souvent les fonds de la fabrique s'amenuisent, la générosité des fidèles étant inversement proportionnelle au coût des travaux, main-d'œuvre et matériaux. En 1342[note 10], Adolphe de La Marck affecte le produit des collectes réalisées dans le diocèse à l'achèvement de la cathédrale de Liège, tout particulièrement à l'achèvement des tours de sable. Dans la même perspective[25], en 1443, le pape Eugène IV octroie au chapitre cathédral le pouvoir d'autoriser toute personne qui acceptera de travailler durant quinze ou trente jours, selon ses possibilités financières, aux voûtes du chœur de la cathédrale, à recevoir du confesseur de son choix, la pleine rémission de ses péchés[note 11].
Les « architectes »
Si pour le XIIIe siècle seul un maître d'œuvre est connu en l'occurrence le Français Nicolas de Soissons, actif de circa 1250 à 1285, c'est pour le XIVe et le XVe siècle que l'on peut mieux préciser quels sont les esprits qui imaginent et dirigent les mains qui érigent le vaisseau : Godin de Dormael, dit aussi Godin de Looz, architecte et statuaire, est en fonction de 1340 à 1368, suivi d'Henri Samp, décédé en 1391, et son gendre Guillaume de Kessel, qui travailla à la cathédrale de Bois-le-Duc. Jean de Stockem, nommé en 1425 suivi de Jean van den Berg, dit Jean van Ruysbroek, qui prêtera serment en 1451, remplacé par Jean Groetbode en 1455 et enfin Corneille de Maestricht, nommé sous et par le protectorat bourguignon[26],[27].
Raoul de Zähringen
Raoul de Zähringen, décédé en 1191, inaugura la première campagne de travaux dans les dernières années de son épiscopat.
Albert de Cuyck
Célèbre pour avoir donné aux Liégeois leur première charte de franchise, Albert de Cuyck, décédé en 1200, va continuer le chantier. Après avoir démoli ce qui restait des ruines, on commença à réédifier les bâtiments claustraux et les parties inférieures des tours jumelées et du chœur occidental qui conserva longtemps le nom de vieux-chœurs. Son autel fut dédié non seulement aux saints Cosme et Damien — comme il l'était avant en 1185 —, mais aussi à la Vierge dont l'autel, jadis situé à l'orient avait résisté à l'incendie. Il est orné d'une Sedes Sapientiae qu'il faudra restaurer et redorer en 1540[28]. L'évêque Rodolphe commanda un ciborium[note 12] extérieurement recouvert d'argent et d'or sous lequel fut déposé la châsse de Saint-Lambert.
Bien que le bâtiment soit loin d'être achevé[note 13] et que Raoul de Zähringen soit parti en croisade dans la première quinzaine d'avril, le , au milieu d'une partie de la cathédrale restaurée, l'archevêque de Cologne Philippe de Heinsberg se déplacera pour consacrer l'église cathédrale[29],[30]. Le , les reliques de saint Lambert, mises à l'abri après l'incendie, réintègrent l'édifice. Cette partie de la nef servit de chœur oriental pendant un demi-siècle. Albert de Cuyck est enseveli dans ce chœur : mort, il prenait possession de l'œuvre accomplie pendant son épiscopat[28]. Son tombeau, découvert en 1907, permit de situer approximativement ce chœur provisoire entre la troisième et la quatrième travée.
Hugues de Pierrepont
Avec le nouveau siècle va commencer une nouvelle campagne de travaux. Pour stabiliser les fondations, les cymentarii découvrirent le sarcophage de marbre de l'évêque Wazon, enseveli en 1148 devant le grand autel oriental de l'église romane. Hugues de Pierrepont, qui va décéder en 1229, très impopulaire au sein du chapitre cathédral liégeois, va se retrouver accusé d'avoir détourné le legs du comte Baudouin V de Hainaut[31], mais il affecta un tiers de la vente de la forêt de Glain à l'œuvre et la fabrique de la cathédrale[32].
Il va translater ces reliques dans la chapelle Saint-André et se fait enterrer dans la croisée du transept oriental où ses deux successeurs — Jean d'Enghien et Adolphe de Waldeck — vont le rejoindre en 1302. La réédification complète est loin d'être terminée, les colonnes ne sont pas encore achevées. Plusieurs causes vont alors entraver les travaux. Tout d'abord le prix, car il faut désormais payer les ouvriers. Les riches donations se faisaient rares. Peu avant son décès — en 1195 —, le Comte Baudouin V de Hainaut avait cédé 1 000 marcs d'argent pour la reconstruction, mais en 1211, le chapitre accuse l'évêque de les avoir détournés, et d'avoir par contre consacré en 1204, le tiers des revenus de l'essartage de la forêt de Glain. D'autre part, les architectes n'ignoraient pas que l'on construisait maintenant en gothique et Hugues de Pierrepont lui-même provenait du Laonnais et les Rémois vont lui proposer la crosse archiépiscopale en 1226 et son successeur Robert de Thourotte, chanoine à Laon et Reims, archidiacre de Beauvais et évêque de Langres avant d'être celui de Liège a vu tous ces édifices en pleine construction. Le chœur oriental va être entrepris l'année même du décès de Robert de Thourotte en 1246 : il est évident qu'il va s'inspirer de leur architecture[note 14].
Après avoir achevé les parties basses du chœur oriental, on exhaussa les murs de la grande nef qui va compter six travées[33]. Au-dessus des arcades hautes, quarante-deux colonnettes — sept par travées — vont porter un triforium aux arceaux brisés. Les six fenêtres hautes en plein cintre[34] sont divisées en trois formes lancéolées. Le , ces travaux étaient terminés et le grand autel est consacré en l'honneur de sainte Marie toujours Vierge et de saint Lambert martyr, en présence du roi de Germanie, Guillaume de Hollande, et de plusieurs évêques et archevêques. Ainsi s'achevait solennellement la deuxième campagne de travaux, mais la cathédrale n'était pas achevée.
Jean d'Enghien
Cette mesure va inaugurer une troisième campagne de travaux. Elle est activement poursuivie sous Jean d'Enghien jusqu'en 1282 et sous Thibaut de Bar jusqu'en 1312. Grâce à la générosité de ces évêques et de quelques dignitaires du chapitre, le transept et le chœur occidental sont achevés et ornés de trois roses de pierre et de trois portails. Enfin le vaisseau est voûté, travail très difficile qui est confié à l'architecte français Nicolas de Soissons[36]. Selon Jean d'Outremeuse, les voûtes sont achevées en 1279[note 15]. À ce stade, il y a donc déjà cent ans que la cathédrale romane a vécu.
Il semble donc que mis à part les tours, les travaux trouvèrent leur issue aux environs de 1270-1280 pour le chœur et le bras Nord du transept Ouest, et légèrement plus tard pour le bras Sud. En 1307, le jour de Pâques, des pierres se détachent du mostier[note 16]. Elles écrasent la voûte de la première travée et s'écrasent au sol pour briser la mosaïque. Ce genre de problème était propre à frapper les esprits. À Beauvais aussi, la voûte du grand vaisseau s'était effondrée en 1284. Il y avait donc de grands défauts qu'il était temps de stabiliser[37].
Adolphe et Englebert de La Marck
Lorsqu'en 1313, Adolphe de La Marck fait sa joyeuse entrée à Liège[note 17], le chanoine Jean de Hocsem signale qu'il célébra la messe solennelle dans cette partie du chœur où est situé l'autel des saints Cosme et Damien qui faisait alors office de chœur[note 18]. Bref une quatrième campagne de travaux s'impose et elle va occuper durant un demi-siècle, les règnes d'Adolphe de la Marck et Engelbert III de La Marck de 1313 à 1364[28]. Enrichir d'autels et de fondations les chapelles collatérales édifiées entre les culées des arcs-boutants de la grande nef, élever complètement le grand chœur oriental, achever les tours occidentales et surtout reconstruire la vosure de l'engliese S. Lambert tombée, telles sont les travaux indispensables. Adolphe de La Marck déclare — selon une charte du — qu'il convenait de les achever dans la forme qui fut sagement prévue par les promoteurs du travail. À cet effet, de nouvelles mesures financières sont adoptées en 1342, 1343 et 1351, notamment l'attribution à la fabrique de la cathédrale du produit de toutes les collectes faites dans le diocèse. Elles sont justifiées d'une part par l'augmentation des matériaux et des salaires, d'autre part par l'importance des travaux.
Translation de Saint-Lambert
Car en 1319, le 28 avril, le chœur a atteint la hauteur de la haute nef, jour où l'on fête par tradition la translation de saint Lambert, la châsse du patron de Liège y est transférée en grande solennité en présence de trois évêques. Il aura fallu 134 ans depuis l'incendie de 1185 pour que saint Lambert puisse enfin reposer parmi son clergé dans le chœur qui lui est destiné. Ce chœur n'avait pas la profondeur des cathédrales françaises mais le plan était arrêté depuis 1246. Un peu plus long que large, il était contenu entre neuf pans percés de neuf fenêtre hautes. La cinquième était centrale. Surélevé par rapport au transept et au déambulatoire, le chœur était clôturé par un jubé où le prêtre montait pour lire l'Évangile et l'Épitre, devant un lutrin placé à côté de la place du saint. Celle-ci est enfermée, avec d'autres reliquaires, dans une fierté de bois sculpté que peignit et dora maître Gilles Gobin en 1365. Comme à Notre-Dame de Paris, le jubé comptait trois arcades. Sous la première et la troisième, sont érigés les autels impériaux, c'est-à-dire des autels desservis par les deux chapelains institués en 1196 par l'empereur Henri VI[note 19]. Celui de gauche était dédié à Notre-Dame et saint Remacle, celui de droite à Notre-Dame et saint Lambert. L'arcade centrale permet rentrer dans le chœur réservé à l'évêque et aux chanoines. Jan Van Eyck[39],[40] et un de ses copistes ont fidèlement dépeint cette partie de l'église dans La Vierge dans l'église. Vide ci-contre.
Parachèvement
Autour du chœur circulait un déambulatoire : ses voûtes retombaient vers l'extérieur, sur des colonnes en faisceau analogues à celles de la grande nef. Enfin neuf chapelles collatérales s'ouvraient sur le déambulatoire. Quatre à main droite et quatre à main gauche contenaient des autels dont les patrons et les fondations sont énumérés dans trois inventaires du Moyen Âge et du XVIe siècle. Deux d'entre elles s'ouvraient par des huis sur le parvis. Sept avaient la forme d'absidiole contenue entre les culées des arcs-boutants du chœur. Les deux dernières étaient insérées dans des bâtiments appuyés contre les croisillons du transept oriental. Quant à l'absidiole axiale, située derrière le grand autel, elle servira à la fois de revestibulum et de lieu de réunion aux chanoines. Ceux-ci, au sortir des offices, pouvaient ainsi dépêcher certaines affaires urgentes, traverser l'église et le cloître occidental pour gagner leur grande salle capitulaire. Pour les mêmes raisons de facilité, une nouvelle sacristie est bâtie à partir de 1352 au nord du chœur[41].
Le sac de Charles le Téméraire
Le sac de Liège perpétré par Charles le Téméraire ne semble pas avoir causé grand tort à la cathédrale sur le plan architectural. En principe les églises liégeoises devaient être exclues de toutes les déprédations, et le Duc n'eut aucun scrupule à exécuter ceux qui parmi les siens enfreignirent sa recommandation en tentant de s'introduire dans la cathédrale. Pure hypocrisie que cette injonction ducale puisqu'en définitive il déroba lui-même les biens de l'église majeure, en utilisant l'argent dont était constituée la couronne de lumière, et envisagea même de priver le sanctuaire de la châsse de son saint-patron[42].
Les salles capitulaires
Au nombre de trois ou quatre, les salles de chapitre portent souvent des appellations différentes. La première est mentionnée en 1203[C 3]. Une d'entre elles est située dans l'espace oriental de la cathédrale derrière le chœur est mentionnée pour la première fois en 1348[C 4]. Elle est encore citée en 1368, proche d'une sacristie[43].
Les cloîtres
Il est mentionné un premier cloître en 1356[C 5], un legs[44],[note 20] prévoit la construction d'un cloître près du grand chapitre[C 6], soit un nouveau cloître occidental, destiné à remplacer celui de 1204[C 7]. La voûte de l’aile du cloître longeant la chapelle Saint-Luc est achevée en 1438[45]. Quant au cloître oriental, on le trouve signalé dès 1189, date à laquelle le chapitre de Saint-Lambert et son coûtre font mention d'échoppes de marchands in paravisio eusdem ecclesiae[C 8]. Ce cloître est restauré entre 1457 et 1468[note 21] et en 1457, des pierres de Namur sont destinées aux piliers in ambitu clautri[46]. De 1460 à 1464, l'aile du cloître voûtée fermant du côté du Marché est achevée.
Le nouveau cloître
Ces innovations ont vite suggéré de nouveaux travaux qui vont alourdir cette partie de la cathédrale. En effet, tenir des séances capitulaires dans une abside ouverte sur un déambulatoire ne va pas sans inconvénients. Pour cette raison, dès 1348, les chanoines avaient interdit de circuler derrière le chœur lorsqu'ils étaient en réunion. Le seul moyen efficace de ne pas être dérangé était de s'enfermer. Déjà, en 1374, le chapitre songeait à étendre la cathédrale vers le parvis. Toutefois, les travaux du nouveau cloître ne seront entrepris qu'au milieu du siècle suivant. Dans l'immédiat, l'attention et les besoins de la fabrique étaient sollicités par des éléments plus urgents : l'achèvement du portail et la construction d'un cloître près du grand chapitre, ce qui est fait de 1352 à 1370. Ensuite la restauration de ce Vieux-Chapitre débute en 1387 ; ses voûtes et celles de son cloître ne sont achevées qu'en 1438 ; enfin vient la réparation des deux tours occidentales touchées par la foudre en 1392.
La grosse tour
Un samedi d', en appui à l'Ouest du croisillon Sud contre le pignon Sud du transept oriental, sont jetés les fondements de la grosse tour. Elle devait servir de trésorier. Mais interrompue à diverses reprises, la grosse tour n'était pas encore voûtée en 1423 et la haute flèche qui va la couronner ne sera achevée qu'en 1433[note 22]. La tour est haute de 135 mètres, le clocher culmine à la même altitude que la colline de la citadelle. Son érection marque l’achèvement du gros-œuvre. Sa vie durant, elle constitue un signal visuel pour tout qui approche de la ville.
Les tours de sable
Les deux tours de sable[C 9] — le nom proviendrait de leur couleur jaune, caractéristique du tuffeau, pierre de la région de Maastricht — s'apparentent notamment aux tours de la basilique Notre-Dame de Tongre et à celles de la cathédrale Saints-Michel-et-Gudule de Bruxelles. Outre bien sûr les multiples gravures existantes de la cathédrale — la plupart la montrant en ruines —, cette comparaison permet d'imaginer, non avec une extrême précision toutefois, à quoi devaient ressembler ces deux tours. Elles sont toujours en construction en 1343[47] et leur érection semble dater de 1350, mais elles sont détériorées par la foudre en 1392[48].
Le grand vaisseau
Avec ses deux chœurs, ses deux transepts, ses trois nefs, le circuit de ses chapelles absidiales et collatérales, son cloître et ses annexes, sa flèche de 135 mètres, Notre-Dame et Saint-Lambert était le plus grand vaisseau du pays. Elle pouvait contenir 4 000 personnes.
Du chevet du vieux chœur, au vitrail de l'absidiole occidentale, elle s'allongeait sur 96 mètres, ce qui l'égalait à cathédrale Saint-Mammès de Langres. En y comprenant les chapelles collatérales, elle avait 37 mètres de large, soit la largeur de Notre-Dame de Paris. Sous la clé-de-voûte, elle s'élevait à près de 30 mètres[note 24], dépassant Langres (23 mètres), Sens (24,5 mètres), Noyon ou encore Laon (25 mètres). Son style la rend comparable à la cathédrale Notre-Dame de Bréda.
La cathédrale servait aussi d'académie des beaux-arts et de conservatoire.[réf. nécessaire]
Symbole guerrier
Un grand nombre de symboles et de références, de publication ou encore d'archives vont trouver leur place dans la cathédrale. L'étendard de saint Lambert va reposer sur l'autel de la Sainte-Trinité entre les batailles. L'avoué de Hesbaye, dans son armure blanche, va le recevoir des chanoines sous la couronne de lumière de la cathédrale.
Symbole des lois et libertés
Si un quidam veut consulter une loi ou une coutume, comme, par exemple, la paix de Fexhe ou la paix des Douze, celles-ci sont consignées dans un cartulaire placé en le treil a Sains-Lambier c'est-à-dire dans le creux du pilier faisant face à la chapelle Saint-Materne, cette niche étant fermée par un grillage (traille) permettant le passage de la main pour tourner les pages[49].
La symbolique des cloches
La bancloche sonne l'alarme, li côparèye le couvre-feu. Avec ténacité, est carillonné pendant une nuit et un jour l'anniversaire de la bataille de Steps jusqu'à la fin de l'Ancien Régime.
Références de mesures
L'étalon d'une des deux mesures liégeoises, le pî d'Sint Houbair (« pied de saint Hubert ») qui consiste en une règle en laiton sur laquelle la division en pouces et lignes est indiquée par des points en creux est encastré près de la porte du Vieux-Chapitre.
Délibérations capitulaires
Les délibérations qui se font entre chevaliers et les chanoines de Saint-Lambert, seigneurs tréfonciers, se font dans la grande salle capitulaire[50].
Archives fondamentales
C'est dans le trésorier de cathédrale que sont rangées les chartes de l'église et du pays.
Les chapitres
La cathédrale avait deux chapitres spécialisés, celui de la Petite Table avant 1234 et celui de Saint-Materne qui avait été fondé par le doyen Gauthier de Chauvency dès le premier quart du XIIIe siècle, pour chanter les offices et psalmodier les heures.
Les chanoines
Les chanoines du chapitre de Saint-Lambert en sont les seigneurs tréfonciers[51], dès lors biens, droits et privilèges sont propriété de l'église et pas de l'évêque : l'évêque n'en est que l'usufruitier[52]. Ils disposent chacun d'une stalle dans le chœur de la cathédrale, du droit de vote au chapitre et perçoivent une prébende.
Le chapitre cathédral
Le chapitre cathédral procède à l'élection de l'évêque et désigne un mambour en cas de vacance du siège épiscopal[53]. Ils sont au nombre de soixante, 59 prébendes capitulaires et la dernière destinée à l'évêque, mais le pape et l'empereur peuvent également conférer quelques canonicats[54]. À Liège, issus pour la plupart de lignages locaux, on est d'abord chanoine d'une des collégiales avant d'arriver à une sorte de consécration. D'autres sont nommés par l'évêque et sont à son service[55].
Prérogatives face aux sept collégiales
Vis a vis des sept églises collégiales liégeoises, la cathédrale jouissait d'une prérogative qui se manifestait de différentes façons. Le prévôt des collégiales, désigné par l'évêque, devait obligatoirement être choisi parmi les chanoines de Saint-Lambert. Lors des grandes fêtes religieuses, les collégiales honoraient la grande église par un service — l’obsequium : leurs chanoines étaient détachés à la cathédrale pour y chanter certains offices. Quand toutes les congrégations étaient réunies, le doyen de Saint-Lambert avait le droit de tancer les clercs des églises secondaires ; contrairement au prévôt, le doyen était choisi au sein de la collégiale[56]. Enfin, aucune église conventuelle ne pouvait sonner les heures canoniales avant que la cloche de Notre-Dame et Saint-Lambert ne se soit ébranlée. Cette liberté de Saint-Lambert, que les collégiales lui disputèrent à plusieurs reprises dans le courant du XIIe siècle, fut définitivement confirmée par le pape Clément III en 1189.
Patrimoine majeur
Ressources
Toutes ses chapelles demandaient à être dotées du matériel liturgique adéquat, croix, calice, missels, peintures et retables : la cathédrale se transforme peu à peu en musée contemporain. Les sommes consacrées par la fabrique d'église à l'entretien de la cathédrale[note 25], la fortune collective de la cathédrale, que se partageait les chanoines, permettait d'être généreux[note 26]. De plus, plusieurs chanoines cumulent de nombreuses prébendes et possèdent des biens personnels. Ainsi peuvent-ils commander aux sculpteurs, aux peintres, aux orfèvres, aux enlumineurs dont les noms vont apparaitre dans les archives. Attirés par les commandes, des artisans originaires de la partie thioise du diocèse et particulièrement du Comté de Looz viennent travailler dans la Cité. Trois d'entre eux sont, durant un quart de siècle, maîtres d'œuvre de la cathédrale. D'autres sont sculpteurs, orfèvres, peintres. Les plus célèbres sont Jan van Eyck et Hubert van Eyck qui, attaché à l'élu Jean de Bavière, va le suivre en Hollande avant d'être engagé par Philippe le Bon.
Le Tréfonds
Cinq chartes antérieures à l'an 1070 conservées aux archives de l'État à Liège confirment les tréfonds de Saint-Lambert et montrent les différents domaines dont le chapitre avait déjà la gestion et les revenus dès l'an 852 par Louis le Débonnaire, et ensuite confirmé en 907 par Louis, roi de Germanie, dit l'Enfant à Étienne. En 980 par l'empereur Otton II à Notger et en 1006 par Henri II du Saint-Empire toujours à Notger et enfin en 1070 par Henri IV du Saint-Empire qui confirmera les tréfonds des terres de Lobbes, Saint-Hubert, Gembloux, Fosses-la-Ville, Malonne, Namur, Dinant, Ciney, Celles, Tongres, Huy, Maastricht, Malines, Florennes, Incourt, et Xhendremael, le château d'Argenteau, le comté de Lustin, la permission de rebâtir le château de Dinant et l'usufruit de la forêt d'Aix-la-Chapelle[note 27].
Fonts baptismaux de Notre-Dame Aux-Fonts
Primitivement dans la cathédrale, les fonts baptismaux sont installés dès le XIVe siècle à Notre-Dame-aux-Fonts qui avait l'exclusivité des baptêmes à Liège. Sauvés de la révolution, ils seront installés à la Collégiale Saint-Barthélemy
Évangéliaire de Notger
L’Ivoire de Notger autrement appelé évangéliaire de Notger est un évangéliaire du Xe siècle dont les émaux ont été ajoutés au XIIe siècle[57]. À lui seul il redonne le contexte de l'art mosan qui est à la fois d'Empire et d'Église. La politique ottonienne a mis en place un système politique fondé sur les évêques, qui sont comme des préfets de l'Empereur. Les origines de l'art mosan dans l'art carolingien[58] : Notger, saisit ici dans une attitude d'humilité, agenouillé à la fois devant la divinité entourée du tétramorphe — représentation des quatre évangélistes sous leur symbole animal — et un sanctuaire que l'on peut identifier avec l'église paroissiale Saint-Jean l'Évangéliste de Liège. La comparaison[note 28] avec une miniature représentant l'évêque Bernward d'Hildesheim justifie cette interprétation […]. Par l'ample douceur de ses volumes, l'œuvre a tous les caractères du style ottonien vers l'an mil, style ottonien qui puise largement dans le trésor des formules carolingiennes.
Buste-reliquaire de saint Lambert
Le buste-reliquaire de saint Lambert[note 29] est le plus grand buste-reliquaire de l'époque gothique tardive conservé en Europe. Le buste abrite l'insigne relique du crâne du saint. Le saint patron du diocèse est présenté à mi-corps en évêque, posé sur un socle dont les six niches racontent sa vie. Symbole par excellence de la patrie liégeoise, le buste-reliquaire de saint Lambert assiste aux grandes cérémonies de l'Ancien Régime. Une gravure de 1653 du célèbre artiste liégeois Michel Natalis a popularisé le buste à travers toute l'Europe.
Œuvre majeure du Trésor, il est réalisé à Aix-la-Chapelle par l'orfèvre Hans von Reutlingen, avant 1512. Les poinçons de l'orfèvre et d'Aix-la-Chapelle sont visibles sur l'arrière du rational, cette pèlerine crénelée que porte l'évêque, au bas du fanon dorsal médian. L'orfèvrerie en argent repoussé, ciselé et gravé, en partie doré, est montée sur une âme en bois. Au centre, en bas sur la plinthe, est représenté le donateur, Érard de La Marck, prince-évêque de Liège (1505-1538). La crosse a été refaite au XIXe siècle ; la polychromie du visage date vraisemblablement du XVIIIe siècle et a été rafraîchie ultérieurement[note 30].
Reliquaire de Charles le Téméraire
Ex-voto commandé en 1467 à Gérard Loyet[note 31], orfèvre à Lille, pour la cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Lambert de Liège et à la manière de la Vierge d’Autun de Jan van Eyck (circa 1435) ou d’autres œuvres de l’époque. Œuvre majeure du patrimoine national, il représente deux figurines d’or, rehaussées d’émaux, placées sur un piédestal de vermeil. Le duc Charles le Téméraire, agenouillé, est présenté par saint Georges, patron des chevaliers, reconnaissable à son attribut iconographique, le dragon, qui s’enroule à ses pieds. Tel un nouveau saint Georges, Charles le Téméraire, en armure, portant le collier de la Toison d’or, tient en mains un reliquaire qui contient une relique de saint Lambert. Sur le socle, la devise du duc, JE L'AY EMPRI[NS] — Je l’ai entrepris —, et les initiales « C » pour Charles et « M » pour Marguerite d’York, son épouse. Le reliquaire est conservé au Trésor de la Cathédrale de Liège[59].
Ivoire des trois Résurrections
Cet ivoire narratif superpose, à la manière carolingienne, sur trois registres et de haut en bas, trois scènes de résurrection opérées par le Christ et rapportées par la Bible : la fille de Jaïre, le fils de la veuve de Naïm et Lazare. Le style est parfaitement mosan, avec ses silhouettes fluides drapées et leurs têtes et chevelures caractéristiques, qui se détachent sur un fond peint, de même que les acanthes de l'encadrement. L'œuvre est très représentative de ce groupe mosan dit à petites figures, dont les rapports avec la plastique de Cologne du milieu du XIe siècle indiqueraient une datation circonscrite aux années 1025-1060[60].
Chasuble de David de Bourgogne
Cet ornement somptueux, provenant vraisemblablement de l’ancienne cathédrale Saint-Lambert, a appartenu à l’évêque d’Utrecht, David de Bourgogne (1456-1483), bâtard de Philippe le Bon. L’étude des orfrois permet de le dater plus précisément du troisième quart du XVe siècle. La chasuble, comme son étole, est taillée dans un velours vénitien rouge ciselé et façonné, dont le décor végétal est inspiré du chardon et de la grenade. Cette dernière, élément essentiel du décor, est enserrée dans un compartiment polylobé. Ses tiges vigoureuses sont jointes entre elles par des branches chargées de feuilles et de fruits. Ce décor est obtenu par des effets de velours pourpre sertissant de lignes sombres les détails de la flore d’or. L’ensemble se détache sur un fond lamé d’or. Les peintres de cette époque, séduits par leurs couleurs et leur magnificence, ont vêtu leurs personnages de ces velours précieux, en ont tendu le fond des baldaquins et les ont déployés en courtines autour des scènes sacrées.
La chasuble est ornée d’orfrois brodés d’or et d’argent travaillés au couché, gaufrés, guipés, au glacis, et de soies polychromes au passé nuancé, peinture à l’aiguille, sur léger support de toile. Ils représentent des scènes de la Passion du Christ d’après des cartons de Memling, de son entourage ou sous son influence. Y figurent aussi les armoiries de Bourgogne associées à celles d’Utrecht, et la devise de David de Bourgogne Altijt Bereit, Toujours prêt.
Second suaire de saint Lambert
Ce suaire, d'un atelier byzantin régional ou atelier islamique vers 950-1030 est remarquable par ses dimensions et son bon état de conservation. D'une dimension de 300 × 135 cm, il entourait le précédent suaire contenant les reliques sacrées. Il fut peut-être offert à la dépouille de saint Lambert par Notger. Son décor rouge sur fond jaune de cercles perlés avec deux quadrupèdes adossés de part et d’autre du Hôm, l’arbre sacré, tournant la tête l’un vers l'autre. Motifs stylisés — palmettes d’origine sassanide — formant une croix aux écoinçons. On voit dans le décor de cette pièce, traité dans un autre esprit de ce qui se faisait alors à Byzance, une influence islamique, probablement iranienne.
Vierge de Saint-Luc
L'Icône byzantine dite La Vierge de Saint-Luc[note 32] est une des grandes reliques de l'ancienne cathédrale Saint-Lambert, du XIVe siècle en provenance de Constantinople (?), quoique peinture occidentalisée.
Iconographie
La Vierge d'Autun
La Vierge d'Autun, dite Vierge au chancelier Rolin de Jan van Eyck, montre la cité de Saint-Lambert, hérissée d'églises, entre la Vierge et le donateur. L'accumulation de détails précis, relevés par plusieurs sources[61], ne laisse aucun doute sur l'identité de la ville, même si l'un ou l'autre détails ont été magnifiés. Les costumes montrent la mode de 1410. On y voit clairement la tour de la cathédrale, la Maison du Destroit, les degrés de la Collégiale Saint Pierre et la petite église Saint-Michel Sur-le-Marché.
Bonaparte, Premier Consul d'Ingres
À l'arrière plan, sur le tableau d'Ingres, on peut apercevoir la cathédrale Saint-Lambert de Liège, à une époque où elle est pourtant en cours de démolition par décision des révolutionnaires liégeois. À droite, plus petite, l'église paroissiale primitive de Notre-Dame Aux-Fonts qui avait abrité les fonts baptismaux qui seront installés à la collégiale Saint-Barthélemy.
Destruction et place impériale
Destruction de la cathédrale
Pour comprendre le sens d'un évènement rare comme la destruction d'une cathédrale, il faut se replacer dans le contexte historique bien particulier qui est celui de la Révolution liégeoise de 1789 et sa rencontre inévitable avec la Révolution française et son expansion[62]. Depuis 1684, la dégradation des rapports entre les évêques et les Liégeois est plus nette, dans la mesure où le règlement de Maximilien de Bavière modifie le système électoral liégeois renforçant son pouvoir et diminuant celui des laïcs. En somme, c'était s'attaquer à la sacro-sainte Paix de Fexhe, considérée comme la première grande charte constitutionnelle liégeoise. C'était là l'ébauche d'une démocratie représentative, qui était à l'époque quasi unique en Europe, conférant à la cité mosane un statut particulier aux temps modernes.
En 1794, sous le régime français, au lendemain de la révolution liégeoise, on entame la démolition du monument, décidée l’année précédente. Les révolutionnaires liégeois la considèrent comme le symbole du pouvoir du prince-évêque. On s’en prend d’abord aux plombs de la toiture, afin d'en faire des armes et des munitions, ainsi qu'à la charpente. On nomme en outre une « Commission destructive de la cathédrale ». La démolition de la grande tour est mise en adjudication en 1795. En 1803, on abat les tours occidentales. Le terrain est définitivement nivelé en 1827, à l’exception d’un pan de muraille de l’ancien passage entre le palais et la cathédrale, qui est encore debout en 1929.
Il fallut donc près de 15 ans pour évacuer les ruines. Sur ce qui devint la place impériale, on songea à élever un monument à la gloire de Napoléon[63].
L'énervement et le défoulement passé[non neutre], il faut se résoudre à retrouver une cathédrale pour la ville et on choisit la collégiale Saint-Paul, la plus au centre de la ville. On la modernise sensiblement et on y transfère les trésors sauvés. Ceux-ci peuvent être visités aujourd'hui, dans le cloître de la cathédrale ; des pièces exceptionnelles d'après les spécialistes : orfèvreries, ivoires, manuscrits, sculptures et reliquaires…
- Ruines de la cathédrale Saint-Lambert. Les tours de sable et à droite Notre-Dame Aux-Fonts.
- Ruines de la cathédrale Saint-Lambert. Transept nord, au fonds la nouvelle façade du Palais des Princes-évêques.
- Ruines de la cathédrale Saint-Lambert. Au fond, la place du marché et le dôme de Saint-André
Reconstructions symboliques
Reconstitution en 1905
Le quartier du Vieux-Liège, lors de l'exposition universelle de 1905, présentait une restitution à l'échelle 1/2 de la tour. Le journal local, La Meuse la présentait ainsi :
Sur le terrain du quartier du Vieux-Liège commence à s'élever la puissante charpente d'une reproduction de la tour de l'ancienne cathédrale Saint-Lambert. Il a bien fallu renoncer à restituer, en entier, l'antique cathédrale ; ce projet était trop gigantesque et par conséquent impraticable. […] Le champ du Vieux-Liège y aurait à peine suffi. Ce qu'on peut faire, c'est reconstruire les parties de l'édifice qui se voyaient de la place du Marché, c'est-à-dire la grande tour, l'abside du chœur et une partie du transept. Ce projet ne laisse pas que d'être grandiose, car la tour, y compris la flèche, s'élèvera à plus de 60 m de hauteur. C'est plus de la moitié de la hauteur réelle à laquelle s'élevait la grande tour. Cette œuvre de restitution archéologique a été étudiée avec le plus grand soin ; quantité de documents, tant graphiques que littéraires, ont été consultés, comparés, étudiés jusque dans leurs moindres détails, afin de rendre l'exécution aussi exacte et aussi parfaite que possible. Faute de place on a dû renoncer à reconstruire les cloîtres, mais on n'a pas oublié l'escalier d'asile par lequel on montait du Marché à la cathédrale. […]'[64].
Des commerces de 1820 au tout à l'auto de 1960
L'espace laissé vacant par la démolition de la cathédrale a été dégagé à la fin des années 1820. Elle est officiellement baptisée « place Saint-Lambert » en 1827. Des îlots résidentiels et commerçants sont construits à l'emplacement du chœur principal et du cloître oriental, autour de la rue Royale ouverte en 1828 - l'actuel îlot Tivoli laissé provisoirement libre[note 33]. À l'Ouest, la place Saint-Lambert est reliée à la place Verte et au square Notger, aménagé à l'emplacement de l'ancienne collégiale Saint-Pierre. Quelques hôtels seigneuriaux sont encore expropriés pour ces aménagements. Au cours des années 1870, l'environnement de la place est légèrement modifié par l'ouverture de la rue Léopold, qui la met directement en relation avec le nouveau pont des Arches. Cette situation urbanistique reste inchangée jusque dans les années 1960. De nombreuses lignes de tram y ont leur terminus, si bien qu'un giratoire est aménagé en son centre en 1926. Le concept de « modernisme » veut faire entrer la voiture en ville et on prépare la place à recevoir une liaison autoroutière, une gare des bus, un métro et de nombreux parkings. Les projets se succèdent, un trou béant reste ouvert dès 1970.
Représentation de l'emprise volumétrique
En 1985, l’architecte Claude Strebelle propose un schéma directeur de la place. Un schéma définitif sera adopté en 1988. Ce projet propose un revêtement composé de différentes couleurs de pierres qui révèlent le plan de l’ancienne cathédrale gothique. À l’Ouest, une scène surélevée rappelle l’emplacement du second chœur de la cathédrale. Il va aussi intégrer sur la place des colonnes représentant les quatorze piliers de la nef rappelant l'emprise volumétrique de la cathédrale.
Reconstitution du chœur en 2000/2001
Lors de la dernière rénovation de la place Saint-Lambert, les architectes ont voulu marquer avec précision la place des colonnes de la nef de la cathédrale Saint-Lambert. C'est ainsi qu'en 2000/2001, une reconstitution du chœur oriental sur l'espace Tivoli a permis aux Liégeois et aux visiteurs de passage dans la cité ardente d'appréhender l'importance du bâtiment. Celle-ci est essentiellement faite d'armatures métalliques et de toile.
Archeoforum en 2003
Un archéoforum, situé sous la place Saint-Lambert, propose une visite des fondations des différentes cathédrales mais également les vestiges des différentes occupations du site depuis la préhistoire jusqu'à la villa romaine.
Grand Curtius en 2009
Le Grand Curtius, dans son département des Arts Mosans, présente la maquette réalisée en 1970, qui permet de visualiser le bâtiment et ses annexes.
Reconstitution virtuelle en 2013
Une reconstruction virtuelle modélisée en trois dimensions et réalisée par Immeractive[65], une société de visualisation 3D bruxelloise, détaille l'ensemble du bâtiments. Elle a permis de présenter un film qui est proposé lors de la visite de l'Archeoforum de Liège[66].
Notes et références
Notes
- à la suite de la pose d’une conduite de gaz.
- Godefroid Kurth va notamment revoir son Histoire de Liège qu'il avait publiée en 1885.
- Paul Loest (1852-1910), ingénieur civil, conseiller communal liégeois et membre de la Commission des Travaux.
- Découverte lors de fouilles en 1905.
- C'est à Saint-Michel de Hildesheim que l'on trouvera la meilleure analogie : large nef, double chœur, double transept, couverture par un plafond plat, in Marcel Otte, « Préface : essai de reconstitution et d’interprétation », dans La Cathédrale gothique Saint-Lambert à Liège : Une église et son contexte. Actes du colloque international de Liège, 16-18 avril 2002, Liège, coll. « ERAUL » (no 108), , 108 p. (présentation en ligne), p. 5
- Un chœur dédié au martyr, l'autre à Sainte-Marie, le chœur occidental surmonte une crypte carrée, le chœur oriental semi-circulaire, est flanqué de deux absidioles ; in Jean-Marc Léotard, « Aux origines de la cathédrale gothique Saint-Lambert de Liège : essai de reconstitution et d’interprétation », dans La Cathédrale gothique Saint-Lambert à Liège. : Une église et son contexte. Actes du colloque international de Liège, 16-18 avril 2002, Liège, coll. « ERAUL » (no 108), , 108 p. (présentation en ligne), p. 18
- Une étude récente sur le dessin du Grand Curtius, n'authentifie plus les piliers de la cathédrale ainsi que l'affirmait Jean Lejeune in Liège, Mercator, Anvers 1967, p. 138, ill. 40 — Vide également Jean Lejeune, « La période liégeoise des Van Eyck », dans Wallraf-Richatz Jahrbuch, t. 17, Cologne, , p. 62-78.
- L'analyse des pieux de chênes découverts en ces lieux permet de dater l'abattage du bois nécessaire à l'élargissement de la fin 1194 ou 1195 : P. Hoffsummer, in Les fouilles de la place Saint-Lambert, t. 1, p. 273.
- La location d’espaces marchands constituait une source non négligeable pour la fabrique et pour le chapitre.
- Dans un acte du 30 juin 1342, Cartulaire de Saint Lambert, t. 3, p. 607-609, confirmé le 4 janvier 1343, par l'archevêque de Cologne Wallerand de Juliers
- Par exemple le chapitre de Saint-Lambert déclare le 31 mai 1444, qu'Ydelette d'Ysramont pourra agir de la sorte pour avoir fait travailler aux voûtes durant quinze jours : in Cartulaire de Saint-Lambert t. 5, p. 128-129
- sorte de grand dais
- Il semble en effet peu réaliste de parler de réfection totale en quatre ans, puisqu'on avait précédemment parlé de l'arasement total de l'église après le sinistre de 1185, il semble donc qu'il s'agit de la partie occidentale de l'édifice : vide les éléments détaillés in Alain Marchandise, « La cathédrale gothique Saint-Lambert à Liège : apport des sources écrites », dans La Cathédrale gothique Saint-Lambert à Liège. : Une église et son contexte. Actes du colloque international de Liège, 16-18 avril 2002, Liège, coll. « ERAUL » (no 108), , 108 p. (présentation en ligne), p. 23-24
- On retrouve des traits de la cathédrale Saint-Lambert de Liège dans la chapelle axiale de Saint-Mammès de Langres présente un chœur en neuf pans, et une chapelle en forme de trapèze éclairée par une baie à triple fenestrages in Jean Lejeune, ibidem, p. 137
- Des processions sillonnent le diocèse pour collecter les fonds nécessaires à la reconstruction. Signes manifestes de la lenteur d'un chantier qui mettra encore de longues décennies, sinon plusieurs siècles, à se concrétiser ; in Jean Lejeune, ibidem
- du wallon mostî : clocher, in Jean Haust, Dictionnaire du wallon liégeois,
- Selon Jean de Hocsem, il semble que lors de sa « joyeuse entrée », alors qu'il s'efforçait de descendre seul de son cheval que celui-ci se cabra, ce qui paru pour un funeste présage ; in Chronicon p. 146
- Pour la situation de cet autel, vide Luc F. Génicot, « La cathédrale notgérienne de Saint-Lambert à Liège:contribution à l'étude de la grande architecture ottonienne disparue du pays mosan », Bulletin de la Commission Royale des Monuments et des Sites, 1967-1968, p. 53 et R. Forgeur, Sources historiques et iconographiques, p. 31
- Deux cierges devaient y brûler en permanence
- La date du legs de Haenzangh est confortée par l'analyse dendrochronologique. En effet, les pieux qui servirent à la construction de ce cloître sont issus d'arbres abattus au cours des hivers 1347-1348, 1348-1349 et 1364 in P. Hoffsummer et D. Houbrechts, Analyse dendrochronologique des structures en bois découvertes sur le site de la place Saint-Lambert à Liège, Liège, 1996, p. 59
- sous la direction de l'architecte Jean Groetbote de Maastricht, qui s'occupa également du chapitre tout proche ; in Poncelet 1934, p. 23
- Le 25 février 1427, une convention est établie entre les maîtres de la fabrique et Colar Joses de Dinant, relative à la réalisation d'une croix en cuivre destinée à la tour, laquelle devra être livrée le 24 juin de la même année ; Émile Schoolmeester, Leodium, t. 9, 1910, p. 28-31
- Si la maquette au 1/100 donne une représentation assez fidèle de la cathédrale d'après les données recueillies et compulsées jusqu'en 1970, les nouvelles recherches et les fouilles de 2004 font apparaître de nombreuses divergences ; vide Marcel Otte Les fouilles de la Place Saint-Lambert à Liège, Étude et Recherche Archéologique de l'Université de Liège, fascicule 1, 1984 et fascicule 4, 1992, Liège
- 28 mètres selon Van de Steen, 31,5 mètres selon Théodore Gobert.
- une moyenne de 15 000 florins par an entre 1350 et 1450
- D'après un relevé établi vers 1280 le chapitre reçoit 10 000 muids d'épeautre, 325 d'avoine, 300 muids de seigle et de moutures et force chapons, poules et œufs et 1 500 marcs d'argent
-
- : Diplôme par lequel Louis-le-Débonnaire donne à Fulcharicus, évêque de Tongres, pour son église, le domaine et la juridiction au lieu de Pronhem (Brouckem) dans le pagus de Vitachgowl. Sont comprises dans cette donation les propriétés libres, ainsi que celles sujettes à des obligations, l'église avec ses dîmes, les habitants des deux sexes, les prés, eaux, forêts et tous les droits attachés à ce domaine.
- : Diplôme de Louis, roi de Germanie, dit l'Enfant, qui, à la prière d'Étienne (ancien chanoine de Metz), évêque de Liège, confirme la donation de l'abbaye de Fosse, située au canton de Lomme (Namur), dans le comté de Béranger, donation faite par une noble dame du nom de Kisala, au monastère de Sainte-Marie et de Sait-Lambert, où est le siège de l'évêché de Liège.
- : Lettres par lesquelles l'empereur Othon II fait savoir que Notger, évêque de Liège, lui ayant exhibé des lettres de Pépin, Charles, Louis, Lothaire et Charles, rois des Francs, contenant des donations faites à l'église de Liège, ainsi que les lettres de l'empereur Othon, son père, confirmant ces donations, il les ratifie à son tour et défend à tout comte et à tout juge, autres que ceux que l'évêque établira, de poser aucun acte d'autorité ou de juridiction dans les lieux qui ont été cédés à la dite église.
- : Lettres de l'empereur Henri II par lesquelles il fait savoir que Notger, évêque de Tongres ou de Liège ayant soumis à son inspection un diplôme d'Othon II prouvant que non seulement celui-ci et son père mais encore Pépin, Charles, Louis, Lothaire, etc, rois des Francs ont confirmé les donations faites à l'église de Liège de divers lieux avec leurs dépendances parmi lesquels figurent Lobbes, Saint-Hubert, Gembloux, Fosse, Malonne, Namur, Dinant, Ciney, Celle, Tongres, Huy, et Maestricht. Lui Henri II, ratifie ces donations et défend à tout comte ou juge d'exercer aucune autorité dans les lieux ci-dessus désignés sans une mission spéciale de l'évêque.
- : Diplôme du roi Henri IV par lequel il fait savoir que Dietwinus (Théoduin) évêque de Tongres ou de Liège lui ayant donné inspection des lettres des empereurs Othon II et III de Henri et de Chuonrad (Conrad) son ayeul et confirmées par son père Henri lesquelles constatent que non seulement ces empereurs mais encore les rois des Francs, Pépin, Charles, Louis, Lothaire, etc, ont confirmé les donations faites à l'église de Liège de divers lieux indiqués dans le présent diplôme et parmi lesquels se trouvent Lobbes, St Hubert, Gembloux, Fosse, Malonne, Namur, Dinant, Ciney, Celle, Tongres, Huy, Maestricht, Malines, Florenne, Incourt, et Xhendremael, il ratifie aussi ces donations et concède de plus à la dite église le château d'Argenteau, le comté de Lustin, la permission de rebâtir le château de Dinant et l'usufruit de la forêt d'Aix la Chapelle.
- faite par Suzanne Collon-Gevaert
- Argent repoussé et ciselé, en grande partie doré., Dimensions : 159 (H) x 107 (L) x 79 (P) cm.
- Le buste-reliquaire est ancré dans le patrimoine liégeois à tel point qu'une expression typique pour souligner un visage plein de santé a fait longtemps florès : « Il a une balle comme Saint-Lambert… »
- Or, vermeil et émaux. Dimensions : 53 (H) x 17,5 (L) x 32 (P) cm.
- Bois, tempera, encadrement en argent doré
- La reconstruction de la place Saint-Lambert se terminera avec celle de l'îlot Tivoli. Au cœur de Liège, entre la place Saint-Lambert et la place du Marché, la localisation de l'îlot Tivoli est exceptionnelle. Une étude confiée par la Ville au bureau Alphaville est cours de réalisation afin de définir les orientations de son aménagement.
Références
- Institut archéologique liégeois.
- Nicolas Cauwe, « Les industries lithiques du Néolithique », dans Marcel Otte, Les fouilles de la place Saint-Lambert à Liège, vol. 2 : Le Vieux Marché, Liège, Université de Liège, , p. 119-131.
- Pierre Van der Sloot, « Le Mésolithique et le Néolithique du site Saint-Lambert à Liège dans leur contexte chronologique, géologique et environnemental. Synthèse des acquis récents », Notae praeristoricae, vol. 23, , p. 104.
- Gustin Vanguestain, « Sanctuaire gallo-romain et sépultures du haut Moyen Âge », dans Chronique de l'architecture wallonne, t. 13, , p. 167-169.
- O. Colette, Place Saint Lambert, Étude géopédologique des niveaux associés aux structures romaines, .
- Denis Henrard, Pierre Van der Sloot et Jean-Marc Léotard, La villa de la place Saint-Lambert à Liège, nouvel état des connaissance, .
- J. Brassine, « Un cimetière mérovingien à Liège », dans La vie Wallonne, t. 24, , p. 29-38.
- Luc F. Genicot, « Un groupe épiscopal mérovingien à Liège ? », Bulletin de la Commission Royale des Monuments et des Sites, no 15, , p. 265-283.
- Jeannine Alenus-Lecerf, « Le cimetière mérovingien de Liège », Archaeologia Belgica, , p. 21-37.
- J. Demarteau, La vie la plus ancienne de saint-Lambert écrite par un contemporain, , édité avec un commentaire critique.
- Godefroid Kurth, La cité de Liège au Moyen-Age, Demarteau, .
- Félix Rousseau, « Les Carolingiens et l'Ardenne », Bulletin de la Classe des Lettres, Bruxelles, 5e série, vol. 48, , p. 187-221.
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- (en-GB) « Immeractive - From Urban Planning to City Management », sur Immeractive (consulté le )
- Immeractive - Archeoforum - iPad : Crypte
- Cartulaire de Saint-Lambert
- t. 1, p. 116
- t. 1, p. 118
- t. 1, p. 136
- t. 4, p. 105
- t. 4, p. 225
- p. 147 et p. 163
- t. 1, p. 139
- t. 6, pp. 326-328
- t. 3, p. 402
Voir aussi
Sources fondamentales
- Liber Chartarum Eclesae Leodiensis, aux Archives de l'État à Liège
- Cartulaire rouge de Saint-Lambert, idem
- Cartulaire dit Stock A, idem
- Cartulaire de la Grande Prévôté, idem
- Autre Cartulaire de la grande Prévôté, idem
- Cartulaire de l'Aumônerie de Saint-Lambert, idem
- Cartulaire de Saint-Lambert de Liège, British Museum, Londres
Bibliographie
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Articles
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- Camille Bourgault, « Chapiteau et bases de l'ancienne cathédrale Saint-Lambert (Institut archéologique liégeois) », Chronique archéologique du pays de Liège, t. V, no 12, , p. 124 (lire en ligne)
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- Richard Forgeur, « Le coin des chercheurs : Qui retrouvera "La cathédrale Saint-Lambert" ? », Bulletin de la société royale Le Vieux-Liège, t. VI, no 138, , p. 198-198 (ISSN 0776-1309)
- Richard Forgeur, « Un reliquaire baroque de la cathédrale Saint-Lambert. », Bulletin de la société royale Le Vieux-Liège, t. VI, no 138, , p. 195-197 (ISSN 0776-1309)
- Richard Forgeur, « Le coin des chercheurs : Encore la couronne de lumières de la cathédrale Saint-Lambert à Liège. », Bulletin de la société royale Le Vieux-Liège, t. VI, no 151, , p. 532-533 (ISSN 0776-1309)
- Richard Forgeur, « Trois bas-reliefs de la cathédrale Saint-Lambert à Verviers. », Bulletin de la société royale Le Vieux-Liège, t. VII, no 168, , p. 441-447 (ISSN 0776-1309)
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- Philippe Joseph, « Ombres et souvenirs de l'ancienne cathédrale Saint-Lambert de Liège », Si Liège m'était conté, Liège, no 49,
- Édouard Poncelet, « Les architectes de la cathédrale Saint-Lambert de Liège », Chronique archéologique du pays de Liège, t. XXV, no 1, , p. 44 (lire en ligne)
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- Jean Puraye, « Le trésor de la cathédrale Saint-Lambert pendant et après la Révolution française », Bulletin de l'institut archéologique liégeois, Liège, t. LXIV, , p. 55-117 (ISSN 0776-1260, lire en ligne)
- José Quitin, « Pierre Lamalle, maître de chant de la très illustre église cathédrale de Notre-Dame et Saint-Lambert à Liège, 1648(?)-1722. », Bulletin de la société royale Le Vieux-Liège, t. V, no 120, , p. 218-225 (ISSN 0776-1309)
- José Quitin, « Orgues, organiers et organistes de l’église cathédrale Notre-Dame et Saint-Lambert à Liège aux XVIIe et XVIIIe siècles », Bulletin de l'institut archéologique liégeois, Liège, t. LXXX, , p. 5-58 (ISSN 0776-1260, lire en ligne)
- Philippe Raxhon, « Historiographie de deux épisodes de la Révolution liégeoise : la destruction de la cathédrale Saint-Lambert ; une citation « historique » de Mirabeau », Bulletin de l'institut archéologique liégeois, Liège, t. XCIX, , p. 47-75 (ISSN 0776-1260)
- Gérard Venner, « Un sceau aux causes inconnu du chapitre cathédral de Saint-Lambert de Liège », Chroniques d'archéologie et d'histoire du pays de Liège, t. II, nos 13-14, , p. 149-151 (lire en ligne)
Articles connexes
Liens externes
- Ressource relative à la religion :
- (en) GCatholic.org
- Ressource relative à l'architecture :
- « Trésor de Liège ».
- « Archéoforum de Liège » (consulté le ).
- « Cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Lambert : iconographie », sur Trésor de la cathédrale de Liège (consulté le ).
- Cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Lambert de Liège sur Structurae.
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