Charles de Mayenne

Charles (II) de Lorraine[1], duc de Mayenne, né le à Alençon et mort le à Soissons, est un noble français de la maison de Guise et un chef militaire de la Ligue pendant les guerres de Religion.

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Charles de Lorraine
Charles, duc de Mayenne (vers 1580).
Fonction
Grand chambellan de France
Titre de noblesse
Duc de Mayenne
-
Prédécesseur
Successeur
Biographie
Naissance
Décès
Activité
Famille
Père
Mère
Fratrie
Conjoint
Enfants
Henri de Lorraine
Renee de Mayenne (d)
Catherine de Lorraine
Charles Emanuel de Mayenne (d)
Autres informations
Grade militaire
Distinctions
Blason

Il est le frère cadet du duc Henri de Guise. Capitaine de guerre durant les guerres de Religion, il participe à plusieurs campagnes militaires sous le règne d'Henri III. Gouverneur de Bourgogne, il possède à la cour de France la charge honorifique de grand chambellan. Après l'assassinat de ses frères en 1588, il prend la tête de la Ligue mais, à la suite de plusieurs défaites (Arques, Ivry, Fontaine-Française), il fait sa soumission au roi Henri IV en 1595.

Biographie

Il est le second fils de François Ier, duc de Guise, et d'Anne d'Este, et donc le frère d’Henri Ier de Guise le Balafré.

Le capitaine obéissant du roi

Impatient de se battre, Charles quitte à 18 ans le royaume de France pour aller affronter les Turcs au sein de la Sainte-Ligue[2]. Il arrive trop tard pour participer à la bataille de Lépante. De retour dans son pays, il bénéficie de la mort de son oncle Claude de Lorraine en le remplaçant comme gouverneur de Bourgogne et grand chambellan du roi. Cette même année, en 1573, Charles IX érige son marquisat de Mayenne en duché-pairie[3].

En 1576, son mariage avec Henriette de Savoie-Villars, fille du maréchal de Villars, lui assure d'importantes ressources[3]. Quand son beau-père meurt, le duc de Mayenne hérite de sa charge d'amiral de France qu'il tient jusqu'en 1582, quand le duc de Joyeuse, l’un des deux « archimignons » d’Henri III, lui est préféré.

Lors des guerres de Religion, il se montre un obéissant commandant de l'armée royale. Il prend Brouage, place forte huguenote lors de la sixième guerre de Religion (1577)[4], et enlève La Mure aux protestants du Dauphiné en 1580 lors de la septième[5].

Le Ligueur

Les trois frères : Charles, duc de Mayenne, Henri, duc de Guise, Louis, cardinal de Guise.
Musée des beaux-arts de Blois, 4e quart du XVIe siècle.

Dès 1584, Henri de Guise refonde la Ligue pour en prendre la tête[6]. Ses frères dont le duc de Mayenne le soutiennent. Ensemble, ils signent le mystérieux traité de Joinville le , une alliance entre l'Espagne et les Guise dans le but de soutenir les prétentions du cardinal de Bourbon à la succession au trône de France[7],[8]. Pour les conjurés, il est hors de question d'accepter le protestant Henri de Navarre comme successeur.

Le roi Henri III maintient toutefois Charles dans un commandement militaire. Accompagné de Matignon, le Ligueur est envoyé combattre les protestants dans l'Ouest et le Sud-Ouest (Dordogne, Montségur). Il se trouve en Dauphiné quand il apprend l'assassinat de ses deux frères les 23 et . Après s'être assuré du soutien de la Bourgogne, son gouvernement, il se dirige vers Paris, où les Ligueurs, en quête d'un nouveau chef, l'attendent impatiemment[9].

Dans la capitale, le duc de Mayenne, paré du titre inédit de lieutenant général de l'État et Couronne de France, met en place un véritable contre-État ligueur, notamment en s'entourant d'un conseil de gouvernement[9],[10]. Il s'appuie sur le Conseil général de l'Union, cinquante-quatre représentants de la noblesse, du clergé et du tiers état. Henri III essaie de négocier avec ce nouveau chef de la Ligue. En vain. Le roi faillit même être capturé par son adversaire à Tours. Le duc de Mayenne échoue cependant à empêcher le souverain et Henri de Navarre à s'approcher de Paris pour en faire le siège. Il se résout, semble-t-il, à organiser l'assassinat d'Henri III, par le religieux Jacques Clément[11]. Le roi meurt d'un coup de couteau le . Le contesté Henri de Navarre lui succède sous le nom d'Henri IV.

Henri IV vainc Charles de Mayenne à Arques (1589) et à Ivry (1590) mais le duc, aidé par des secours espagnols, tient le principal : Paris. Encore doit-il gérer son alliance avec les autorités parisiennes, notamment le Conseil des Seize. En décembre 1591, il fait pendre les dirigeants les plus extrémistes de la Ligue parisienne qui, eux, venaient de faire pendre Barnabé Brisson, premier président du Parlement de Paris, scellant ainsi la rupture entre la Ligue nobiliaire et la Ligue urbaine. En , il convoque les états généraux qui se réunissent à Paris en 1593 afin de désigner un souverain catholique à la place d'Henri IV. Mayenne aurait présenté sa candidature[7]. Ses manœuvres échouent notamment parce que le Béarnais fait savoir son désir de se convertir.

L'abjuration d'Henri IV réduit les oppositions, notamment celle des Parisiens. Charles de Mayenne abandonne la capitale, qui ouvre ses portes au roi le .

En 1594, il vend à Urbain de Laval-Boisdauphin la baronnie de Sablé, qui faisait partie du duché de Mayenne pour 90 000 livres.

Le Ligueur se réfugie dans son gouvernement de Bourgogne qu'il espère transformer en fief héréditaire. En 1595, une grosse armée espagnole que rejoint la petite troupe de Mayenne entre en Bourgogne. Face aux deux alliés, Henri IV remporte une nouvelle victoire, à la bataille de Fontaine-Française, près de Dijon (). Cette défaite, la perte de la Bourgogne et le ralliement de nombreux princes incitent Mayenne à faire acte de soumission solennelle à Henri IV en novembre 1595. Ce ralliement, négocié, donne lieu à un traité : l'édit de Folembray (). Par ce texte, Mayenne et les princes de Lorraine sont lavés de l'accusation de régicide à l'encontre d'Henri III[12]. Le gouvernement de la Bourgogne est retiré à l'ancien chef de la Ligue en contrepartie de celui d'Île-de-France, moins Paris. Une belle compensation financière[13], la remise de trois places de sûreté (Seurre, Soissons, Chalon-sur-Saône) pour six ans[14] et le maintien de son titre honorifique de grand chambellan assurent une sortie honorable au rebelle. Preuve de son retournement, dès l'année suivante il combat ses anciens alliés, les Espagnols, près d'Amiens[15].

Il acquiert l'hôtel de Mayenne à Paris en 1605.

Portrait

Charles de Mayenne.

Au point de vue militaire, c'est un capitaine expérimenté mais dépourvu de génie[3]. Ses défaites lors des batailles d'Arques et d'Ivry en dépit d'une nette supériorité numérique, démontrent de piètres qualités militaires mais, à sa décharge, la faible qualité de ses soldats, notamment les milices urbaines, ne l'aide pas dans ces moments critiques[16]. Au fil de sa carrière, le duc s'affirme de plus en plus brutal.

Bien que Charles se montre solidaire de ses frères, Louis de Guise et Henri de Guise, dans la défense du lignage et le combat politique, une sourde rivalité pointe entre ce dernier et lui à partir de 1584[3]. Autant Henri a du charisme et des manières agréables, autant Charles séduit difficilement les foules d'autant qu'il s'empâte et acquiert une réputation de pingrerie[17],[18]. Sans grand sens politique, ni esprit de décision, il est défiant et rusé[19].

Selon une anecdote de Sully, Henri IV s'amusa lors de la soumission de Mayenne à lui faire visiter le château de Montceaux au pas de charge. Le duc, obèse et souffrant d'une sciatique, en perdit le souffle[20].

Mariage et descendance

Il a épousé, le , Henriette de Savoie-Villars ( 1611), fille du maréchal de Villars. De cette union, naquirent :

  • Henri (° 1578  1621), duc de Mayenne et d'Aiguillon ;
  • Charles Emmanuel (° 1581  1609), comte de Sommerive ;
  • Catherine (° 1585  1618), mariée en 1599 à Charles Ier Gonzague (° 1580  1637), duc de Mantoue ;
  • Renée ( 1638), mariée en 1613 à Mario II Sforza di Santa Fiora (it) (° 1594  1658), duc d'Ognano et de Segni, comte de Santa Fiora.

Ascendance

Notes et références

  1. Les historiens ont donné à ce duc le titre de Charles II car il est le deuxième Charles à être seigneur de Mayenne. Le précédent était Charles Ier, duc baillistre de Bretagne et baron de Mayenne, également appelé Charles de Blois (fils du comte de Blois).
  2. Boucher 1998, p. 1 088.
  3. Boucher 1998, p. 1 089.
  4. Le Roux 2014, p. 218.
  5. Le Roux 2014, p. 222.
  6. Garrisson 1991, p. 116.
  7. Garrisson 1991, p. 117-118.
  8. Le Roux 2014, p. 238.
  9. Boucher 1998, p. 1 090.
  10. Le Roux 2014, p. 274.
  11. Boucher 1998, p. 1 090-1 091.
  12. Boucher 1998, p. 1 092.
  13. 2 640 000 livres selon Pierre Miquel, Les Guerres de Religion, Paris, Fayard, , 596 p. (ISBN 978-2-21300-826-4, OCLC 299354152, présentation en ligne). p. 394 ; 3 580 000 selon Jouanna 1998, p. 398.
  14. Nicolas Le Roux, Les guerres de Religion 1559-1629, Belin, 2009, p. 314.
  15. Jouanna 1998, p. 406.
  16. Constant 1990, p. 222.
  17. Boucher 1998, p. 1 089-1 090.
  18. Le Roux 2014, p. 236.
  19. Henri Drouot, Mayenne et la Bourgogne : étude sur la Ligue (1587-1596), éditions Picard, 1937.
  20. Jouanna 1998, p. 398.

Bibliographie

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