Georges Garel
Georges Garel, dit Gasquet, né Grigori Garfinkel le en Russie à Vilna, aujourd'hui Vilnius, et décédé le à Paris, est un ingénieur électricien et résistant français. Fondateur en de la Résistance juive de France, qui est la branche clandestine de l'OSE, il anime sous l'Occupation une des principales filières de placement d'enfants cachés.
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Naissance | |
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Décès |
(à 69 ans) 15e arrondissement de Paris |
Nom de naissance |
Grigori Garfinkel |
Pseudonymes |
Georges Garel, Gasquet |
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Conflit |
Biographie
« Grégoire » Garel passe sa petite enfance à Vilna, une des capitales du « Yiddishland » où son père est ingénieur. Il a trois ans quand, en 1912, la famille s'installe à Kiev. En 1924, année de la mort de Lénine, elle émigre de Russie pour Berlin[1], puis, deux ans plus tard, en 1926, Paris.
C'est dans cette ville qu'il passe les deux baccalauréats, lettres et sciences, mais c'est à Zurich, à l'École polytechnique, qu'il fait ses études supérieures, en allemand donc. Diplômé en ingénierie électrique d'un établissement au prestige mondial, il intègre à Lyon les effectifs de la Compagnie électro-mécanique. En 1934, il est naturalisé français.
Lieutenant de réserve dans l'artillerie, il est mobilisé le et affecté à l’état-major du colonel Vallet sur la frontière italienne du Dauphiné. Démobilisé en 1940, il reprend son activité d'ingénieur à la CEM de Lyon tout en prêtant son concours au mouvement Combat que dirige son ami Claude Bourdet et Henri Frenay.
Avec son beau-frère Charles Lederman et l'abbé Alexandre Glasberg, il est amené en 1942 à venir en aide aux personnes qui, en application du « statut des Juifs » décidé par Pétain, ont été incarcérées à Vénissieux. Durant l'été 42, les rafles conduites dans la région lyonnaise y amènent mille deux cents personnes « de race juive ». Le , Georges Garel fait partie de la commission de « criblage » de ces mille deux cents « prisonniers raciaux ». Le personnel de l'opération, suppléant à celui de la prison et de la police, est celui de l'Œuvre de secours aux enfants. La commission réussit à écarter de la déportation quatre vingt adultes et cent huit enfants.
Le , la « zone libre » est supprimée et passe sous administration militaire allemande. Dès le mois suivant, Joseph Weill, directeur médical de l'OSE qui a été contrainte de se subordonner à l'UGIF et a vu plusieurs de ses refuges servir de cibles aux rafles, demande à Georges Garel de constituer un réseau clandestin permettant de cacher sous de fausses identités les enfants de moins de seize ans et de les disperser au sein de la population puis si possible leur faire passer la frontière suisse[2]. Le réseau est au cœur de la forme clandestine de l'OSE et regroupe tous les services nécessaires à la tâche, imprimeurs clandestins, agents de liaisons, logeurs... Elle ne prendra une forme officielle qu'après la guerre en devenant l'Association de la résistance juive de France, ARJF. Georges Garel obtient du cardinal Saliège, archevêque de Toulouse qui a fait lire en chaire « Les Juifs sont des hommes [...] Tout n’est pas permis contre eux [...] », l’autorisation de placer les enfants, dotés de faux-papiers, dans des institutions ecclésiastiques du diocèse de Toulouse.
Le « circuit Garel » se met en place en . Les soutiens viennent d'autres organisations catholiques, puis protestantes, laïques, voire d'initiatives privées. Environ mille six cents enfants seront finalement placés dans le sud de la France[3] et l'ex zone italienne, autour de Toulouse et Lyon, mais aussi Valence et Limoges. Le rôle de Georges Garel est de garder le contact avec ces enfants dispersés, pourvoir à leur entretien, et développer le réseau dans ce qui fut la zone sud. Il épouse Lili Tager en 1943, à Lyon, de laquelle il aura sept enfants. Le circuit fonctionne jusqu'à l'automne 1944.
À la Libération, Georges Garel est nommé directeur général de l'OSE France. En 1948 il reprend son poste d'ingénieur à la CEM. En 1951, il prend la présidence de l'OSE. Retraité en 1974, il la conserve jusqu'en 1978, tout en continuant à siéger régulièrement au conseil d'administration de l'association. Il décède à Paris d'un infarctus.
Famille
Il épouse Élise Tager, dite Lili, née en 1921 à Paris. Les parents de celle-ci sont des Juifs russes qui ont émigré en France en 1919, durant la guerre civile. Elle participe à la Manifestation du 11 novembre 1940 des lycéens et étudiants, place de l’Étoile, et est emprisonnée en tant que juive pendant trois mois à Fresnes. Elle se réfugie à Lyon, en zone sud, à la fin de l'année 1941.
Elle entre dans la Résistance en tant que convoyeuse assurant la liaison entre Nice et Lyon. Elle participe au sauvetage d'enfants juifs, avec son mari, Georges Garel. Son nom de résistance est Élisabeth-Jeanne Tissier. Elle aurait été emprisonnée à la prison Montluc à Lyon.
Les Garel ont sept enfants : Jean- Renaud, polytechnicien et biochimiste; Anne, médecin; Michel, conservateur des manuscrits hébraïques à la Bibliothèque nationale de France; Laurent, médecin; Thomas, normalien et physicien; Denis, médecin; et Nathalie, conseillère en communication[4].
Publication
- Georges Garel, Le sauvetage des enfants par l'OSE, 1938-1944., coll. Témoignages de la Shoah, vol. 14676 (ISSN 1778-3259), Éditions Le Manuscrit, 2012 (ISBN 2304040462 et 9782304040463).
Film
L'historienne Valérie Perthuis-Portheret a réalisé un film qui relate la vie de Lili Garel, et en particulier son rôle dans la nuit de Vénissieux, celle du 28 au , au cours de laquelle cent huit enfants « Juifs » ont été sortis du camp d'internement de Vénissieux, au sud-est de Lyon, et sauvés de la déportation[5]. Vénissieux marque le début de l'action sur le terrain de Georges Garel, ingénieur à Lyon, auprès de l'Œuvre de secours aux enfants, et c'est la première implication sur le terrain de Lili Tager, qui venait à peine d'être embauchée dans le bureau lyonnais de l'OSE, comme secrétaire à temps partiel et assistante sociale. Elle a vingt ans. Peu après[6] cet événement Lili Tager et Georges Garel se marient[7].
Des années plus tard, Lili Garel témoignera du « cauchemar »[8]de Vénissieux[9] qu'« elle n'oublie pas »[10].
Célébration
Le , le siège de l'Œuvre de secours aux enfants, l'OSE, 11 rue du Faubourg-du-Temple à Paris, jusqu'alors nommé Centre Georges Garel est renommé Centre Georges et Lili Garel[11]
Notes et références
- Les enfants cachés pendant la seconde guerre mondiale aux sources d'une histoire clandestine
- Les Réseaux Juifs à vocation communautaire.
- « Les filières de sauvetage : le réseau Garel. »
- SPÉCIAL GUERRES, n° 1, mars 2014.
- Hommage appuyé à Lili Garel. Février 2014. www.ose-fr.org.
- Mesurer l'efficacité d'un réseau de sauvetage d'enfants juifs : l'exemple du circuit Garel (Lyon, 1942-1944)., in Réseaux et société. Colloque CTHS 2015., Réseaux et Société, 2015. <hal-01150975.>
- (en) Deborah Dwork, Children with a Star: Jewish Youth in Nazi Europe, p. 150, 1993.
- (en) Deborah Dwork & Robert Jan Pelt, Holocaust: A History, p. 334, 2002.
- Jean-Charles Lemeunier, « Événement unique dans l'histoire de la persécution, le sauvetage des enfants juifs de Vénissieux. », in Expressions, les nouvelles de Vénissieux., Vénissieux, 31 août 2012.
- Alice Tourlonais, « Soixante-dix ans après le sauvetage des enfants juifs du camp de Vénissieux, elles se souviennent », in Lyon Capitale, Lyon, 31 août 2012.
- Dévoilement de deux nouvelles plaques au siège de l'OSE en présence du grand rabbin de France. www.ose-fr.org.
Annexes
Articles connexes
En ligne
- Entretien avec Garel, (manuscrit, 26 p.)
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