Immigration illégale

L'immigration clandestine, l'immigration illégale, ou parfois immigration irrégulière est l'entrée illégale, illicite, ou discrète sur un territoire national d'étrangers n'ayant pas réalisé les formalités attendues. Cette immigration est considérée comme illégitime, car elle se distingue de l'immigration régulière par l'existence de législation, de traités, de jurisprudences ou d'autres règlements parfois sévères qui ont été mis en place par des États-nations et qui sont contournés. L'illégalité se caractérise par le fait que ces personnes étrangères ne possèdent pas les documents ou conditions requis par la loi ou les traités pour autoriser leur entrée, ou bien par la poursuite de leur séjour après expiration des documents. Suivant les législations, elle peut également concerner des passeurs. La clandestinité se caractérise par le fait que l'entrée et le séjour soient cachés, c'est-à-dire réalisés avec une certaine discrétion, parfois à l'abri des regards. L'irrégularité se caractérise par le fait de ne pas respecter les différentes règles en vigueur, notamment les lois, règlements, procédures relatives au séjour d'un étranger. Pour les pays qui appliquent les décisions de la Cour européenne de justice, le séjour irrégulier n'est plus un délit à la suite d'une décision de la Cour européen de justice.

Ne doit pas être confondu avec Émigration illégale.

Un fort différentiel économique explique en partie l'immigration clandestine. Ici le mur de Nogales qui sépare à gauche les États-Unis et à droite le Mexique.

À la suite d'une immigration en dehors d'un cadre légal, les personnes se trouvent dans une situation dénommée étrangers en situation irrégulière, aussi appelées « clandestins », ou « sans-papiers ». Peuvent également se trouver dans la clandestinité des personnes n'ayant pas obtenu le renouvellement de leur titre de séjour, sous le coup d'une interdiction de territoire, ou après une demande d'asile rejetée.

L'immigration clandestine concerne généralement les habitants de pays relativement pauvres cherchant un meilleur niveau de vie dans les pays plus riches que celui dont ils sont issus. Mais contrairement à une idée reçue, ce ne sont pas les plus pauvres qui migrent, mais ceux qui en ont les moyens (coût très élevé du voyage) et qui espèrent à l'étranger une meilleure promotion sociale que celle qu'ils auraient dans leur pays.

Dans l'illégalité et la clandestinité, ces personnes ne sont pas protégées par la loi, elles peuvent donc prendre des risques importants, pouvant mettre leur propre vie en péril, dans le but de rejoindre des pays présentant des conditions de vie qu'ils espèrent meilleures. Ils n'hésitent donc pas à tout abandonner pour tenter l'aventure, souvent « aidés » dans cette entreprise par des passeurs peu honnêtes leur faisant payer un prix exorbitant pour leur fournir les moyens de franchir les obstacles naturels (mers, montagne, fleuve, etc.) ou humains (poste frontière, mur) dans des conditions de sécurité extrêmement précaires.

La Grande chambre de la Cour de justice de l'Union européenne s'est ainsi prononcée le sur le principe de non-refoulement. Elle avait été saisie dans des affaires concernant la directive sur les réfugiés (directive 2011/95/UE), plus particulièrement dans ses dispositions sur la révocation du statut de réfugié (ou le refus de son octroi) pour motifs liés à la protection de la sécurité ou de la société de l’État d’accueil. Elle a ainsi rappelé qu'un individu ne pouvait être renvoyé dans un pays où sa vie était en danger[1].

Contexte et notion d'illégalité

Définitions

Pour l'Organisation Internationale des Migrations il n'existe pas de définition universelle de la migration irrégulière. Du point de vue des pays d'arrivée , une immigration irrégulière est liée à l'entrée, au séjour, ou au travail illégal, de par l'absence des formalités légalement requises. Du point de vue du pays de départ, l'irrégularité de la migration s'effectue au moment où une personne traverse une frontière internationale sans les documents de voyage ou sans accomplir les attentes administratives nécessaires à la sortie du pays[2].

Le Bureau international du travail ne définit pas les migrations illégales, mais les situations de migrants « illégalement employés » comme étant des personnes qui « au cours de leur voyage, à leur arrivée ou durant leur séjour ou leur emploi, [dans] des conditions contrevenant aux instructions ou accords internationaux, multinationaux ou bilatéraux pertinents ou à la législation nationale »[3].

Sur la question de l'illégalité porte deux facettes, l'une est la méthode d'entrée dans le pays, l'autre est la méthode de séjour. Certains immigrés entrent légalement dans un pays et y résident ensuite illégalement, alors que d'autres personnes entrent illégalement dans un pays et y résident ensuite légalement[4].

Pratiques et quantifications

Pour ce qui est de l'entrée irrégulière dans un pays, les personnes recourent de manière croissante à des réseaux de passeurs et de trafiquants. Ces derniers ont prospéré avec la fermeture accrue des frontières des pays occidentaux alors même que les coûts et les risques sont accrus pour les migrants[4].

Les traités des Nations unies différencient la «traite de personnes» d'une part et le « trafic illicite de migrants » d'autre part. Toutefois ces différences théoriques ne se manifestent pas explicitement dans les faits[4].

Il est difficile de savoir combien de personnes franchissent de manière illicite une frontière en raison de l'aspect clandestin de ces passages. Les chiffres connus liés au passage de frontière sont donc des estimations.

Au niveau mondial, le trafic de migrants a connu une progression importante depuis le début des années 1990. Le nombre de migrants dans le monde est estimé à 200 millions de personnes. Selon l’organisation des Nations unies, 15 millions d'entre eux ont été transportés par des passeurs professionnels.

À travers le monde, chaque année, quatre millions de personnes migrent, ce qui représente un chiffre d'affaires de sept milliards de dollars. En Europe, les cas d’immigration illégale 80 % de l'immigration illégale est détectée en Grèce, en Italie, en Espagne et en France. Ainsi, en 2007, cela représentait 3633 personnes en Belgique et 5 748 en France. Au Canada, pour 200 000 à 500 000 personnes sans papiers, la Gendarmerie royale du Canada estime le nombre de migrants entrant avec l'appui de passeurs clandestin annuellement entre 8 000 et 16 000 personnes[4].

Perceptions dans les pays de destination

Au niveau des enjeux, cela concerne des sentiments relatifs à la diversité ethnique et sociale, au multiculturalisme, à la croissance de la population, à la corruption politique, au crime transnational, aux abus des droits de la personne et à l'incapacité des services de l'État et des organisations internationales à un contrôle efficace[4].

Facteurs incitatifs

Pour l’économiste Georges Tapinos, « l’immigration illégale n’existe que s’il y a dans le même temps des restrictions et une certaine tolérance »[5].

Depuis les années 1970, les migrations illégales se sont développées mondialement en raison des différences de vitesse de développement des économies des différents pays. Ceci a conduit à un nombre croissant d'études relatives aux migrations irrégulières[6].

Certains chercheurs considèrent que les migrant irréguliers sont attirés par des employeurs qui préfèrent les migrants irréguliers pour leur travail plus soutenu à des salaires inférieurs[6].

En 1931, Hicks considérait qu'une personne migre pour vivre dans le pays qui lui offre le meilleur salaire, toutefois, la théorie classique a été décrite par Todaro en 1969 : il considère qu'une personne migre pour vivre dans le pays qui lui offre le meilleur pouvoir d'achat[6].

Facteurs sociaux

Si la quantité de migrations irrégulières est liée à des facteurs économiques, les lieux de départs et les lieux de destination s'expliquent par la structure des réseaux sociaux des facteurs sociaux. Ainsi, les Mexicains préfèrent aller à Los Angeles plutôt qu'à Minneapolis, en raison de leurs connaissances (parents et amis)[6].

Pour Stark et Bloom, la décision de migrer n'est pas une décision individuelle, mais une décision qui s'inscrit dans le parcours d'un groupe de personnes consanguines ou amies qui s'entraident à cette fin[6].

Voies

Voies européennes

Chaque année des centaines de jeunes migrants meurent le long de ces routes, victimes des naufrages comme du désert. En fait, pour rejoindre la Méditerranée, les immigrants sub-sahariens traversent d'abord le désert du Sahara pour rentrer soit en Libye, soit en Algérie.

Voies américaines

Victimes

Il a été estimé que 19 144 immigrés sont morts aux frontières de l'Europe entre 1988 et 2013, dont 8 479 sont disparus en mer[7]. En mer Méditerranée, ont perdu la vie 8 315 migrants. Dans le Canal de Sicile, 2 511 personnes sont mortes, entre la Libye, l'Égypte, la Tunisie, Malte et l'Italie, dont 1 549 disparus, et 70 autres ont perdu la vie le long des nouvelles routes entre l'Algérie et l'île de Sardaigne ; 4 091 personnes sont mortes au large des îles Canaries et du détroit de Gibraltar entre le Maroc et l'Espagne, dont 1 986 disparus; 895 personnes sont mortes en mer Égée, entre la Turquie et la Grèce, dont 461 disparus ; 603 personnes sont mortes en mer Adriatique, entre l'Albanie, le Monténégro et l'Italie, dont 220 disparus. Mais on ne traverse pas la mer seulement à bord de pirogues. En naviguant cachés à bord de navires de cargaison régulièrement enregistrés, au moins 146 hommes sont morts asphyxiés ou noyés.

Mais avant d'arriver à la mer, la traversée du Sahara est non moins dangereuse. Les aventuriers africains le traversent sur des camions comme sur des véhicules tout terrain le long des pistes entre le Soudan, le Tchad et le Mali d'un côté et la Libye et l'Algérie de l'autre. Ici, au moins 1 587 personnes sont mortes depuis 1996. Mais selon les survivants, presque chaque voyage compte ses victimes. Le nombre des victimes pourrait donc être bien plus élevé. Les chiffres incluent aussi les victimes des déportations collectives pratiquées par les gouvernements de Tripoli, d'Alger et de Rabat, désormais habitués à abandonner des groupes de centaines de migrants dans les zones frontalières situées en plein désert[8].

En Libye, les migrants sont maltraités. Il n'y a pas de données officielles, mais au cours de 2006, le Human Rights Watch et l'Afvic ont accusé Tripoli de détentions arbitraires et de torture dans les centres d'arrestation, dont trois sont financés par l'Italie. En à Zawiyah, dans le nord-ouest du pays, au moins 560 étrangers ont été tués pendant des assauts xénophobes[9].

En voyageant cachées dans des camions, 283 personnes ont été trouvées mortes. Et 182 migrants se sont noyés dans les fleuves délimitant la frontière, la plupart dans l'Oder-Neisse, entre la Pologne et l'Allemagne, l'Evros entre la Turquie et la Grèce, le Sava entre la Croatie et la Bosnie ; et le Morava entre la Slovaquie et la République tchèque. 112 autres personnes sont mortes d'hypothermie en tentant de franchir la frontière dans les montagnes, la plupart en Turquie et en Grèce. En Grèce, le long de la frontière avec la Turquie, il y a encore des champs de mines. En essayant d'entrer en Grèce après avoir traversé le fleuve Evros, au moins 88 personnes y sont mortes[10].

Au moins 192 migrants sont morts sous le feu de la police de frontière, dont 35 dans les enclaves espagnoles au Maroc, Ceuta et Melilla, 50 en Gambie, 40 en Égypte et 32 en Turquie, le long de la frontière avec l'Iran et l'Irak. Mais d'autres personnes ont été tuées aussi en France, en Belgique, en Espagne, en Allemagne, au Maroc et en Libye. 41 personnes enfin ont été retrouvées mortes dans le train d'atterrissage d'avions de ligne, 21 personnes sont mortes à Calais ou cachés sous les trains dans le tunnel sous la Manche en direction de l'Angleterre, 2 se sont noyés en essayant traverser la Manche et 12 ont perdu la vie sous autres trains en Italie, Grèce et Suisse.

Refoulés

Le Maroc expulse les immigrés clandestins pour le compte de l'Union européenne à la frontière de l'Algérie. L'Algérie, à son tour, les repousse vers les pays voisins. Au Mali, à km de la frontière à Tinzaouaten, 800 à 1 000 candidats à l'émigration () restent sans abri sous un soleil de plomb de 40 °C et subissent humiliations et privations[11]. Parmi eux, il y a trois catégories de candidats migrants : ceux qui veulent retourner chez eux mais n'en ont pas les moyens ; ceux qui ne veulent pas retourner chez eux les mains vides pour éviter la honte ; il y a aussi des passeurs qui s'y mêlent et qui vendent des illusions en attendant le moment de partir.

Les voies de recours juridiques contre les abus des droits de l'Homme sont la saisine de la Commission africaine des droits de l'Homme, qui ne peut intervenir que lorsque les recours possibles sont épuisés dans le pays (au Maroc, par exemple) ou encore le Conseil des droits de l'homme des Nations unies à Genève. Dans ces conditions, un candidat refoulé à la frontière n'a ni l'information, ni les moyens nécessaires pour intenter de telles actions, sans l'appui d'une organisation.

Immigration illégale par pays

En Arabie saoudite

Une décision de limiter la proportion de travailleurs immigrés à 20 % de la population de l'Arabie saoudite a commencé à être appliquée en 2013. Un tel pourcentage ramènerait leur nombre à 4 millions contre plus de 9,3 millions en 2012[12].

Au début , en application de cette décision, une vague d'expulsions d'immigrés clandestins a touché 900 000 personnes depuis le début de l'année[13], et l'on prévoit un million d'autres expulsions à cette date[14].

Dans l'Union européenne

En Europe, jusque dans les années 1930, il n'y a pas eu d'obstacle majeur aux migrations, mais les frontières européennes se sont progressivement fermées depuis les années 1970[5].

La première enquête exhaustive depuis 2008, réalisée en 2019 par le think-tank Pew Research, évalue le nombre d'immigrés clandestins résidant en Europe à 3,9 à 4,8 millions de personnes en 2017, soit environ 1 % de la population européenne, dont 1 à 1,2 million en Allemagne (environ 1,5 % de la population), 800 000 à 1,2 million au Royaume-Uni, près de 600 000 en Italie et 300 à 400 000 en France (environ 0,6 % de la population). Les demandeurs d'asile représentent un quart du total de l'immigration illégale, dont plus de 400 000 en Allemagne. Un tiers provient d'Asie, surtout d'Afghanistan et du Pakistan, un quart des Balkans, de Russie ou de Turquie, un cinquième du Moyen-Orient, principalement de Syrie et d'Irak, 17 % d'Afrique subsaharienne et 8 % d'Amérique latine[15].

Selon les chiffres de l'agence européenne de contrôle des frontières, le nombre d'entrées illégales dans l'Union européenne a augmenté de 153 % entre 2012-2013 et 2013-2014, passant de 90 924 à 230 901, le nombre de séjours illégaux de 21 %, passant de 337 358 à 409 136. Les demandes d'asile ont augmenté de 38 %[16].

En 2011, d'après Europol, 80 % des migrations clandestines sont à un moment ou à un autre organisées par le crime organisé[5].

L'agence chargée d'agir avant l'entrée clandestine sur les territoires européens s'appelle Frontex[5].

Si l'union dispose d'outils communautaires sur cette question, elle est également confrontée à l’incohérence des politiques propres à chaque État membre. Ainsi, en 2013, pour Gil Arias Fernandez, « les États n’ont pas la même vision de l’immigration ». « En Suède, où afflue une faible quantité de migrants, les demandeurs d’asile ont de grandes chances d’être accueillis quand la Grèce, submergée, est beaucoup plus stricte »[5]. De même depuis les années 1990, l'Espagne, l'Allemagne, l'Italie et la Belgique ont durci les sanctions à l'encontre de des personnes entrées sur le territoire sans formalité légale, qui y sont sujettes à des amendes ou à des peines de détention, alors que les Pays-Bas ne sanctionnent pas l'entrée sur le territoire, ni par amende, ni par détention[17].

En 2022, au cours des sept premiers mois de l'année, sont dénombrées environ 155 090 entrées irrégulières dans l’Union européenne, selon des calculs préliminaires de Frontex. Cela représente une augmentation de 86 % par rapport à la même période de l’année précédente[18].

En France

Dans les années 2000, les évaluations les plus courantes oscillent entre 200 000 et 400 000 personnes[19]. Pour 2004, la Direction centrale du contrôle de l'immigration et de la lutte contre l'emploi clandestin (Diccilec) avance le chiffre de 200 000 irréguliers mais, de son côté, le Bureau international du travail estime qu'ils sont 400 000[20].

La loi du supprime le délit de séjour irrégulier[21]. Ce qui a pour conséquence, selon le quotidien Le Monde, que « les interpellations de sans-papiers sont devenues impossibles à chiffrer »[22], après que le séjour irrégulier n'est plus un délit à la suite d'une décision de la Cour européenne de justice.

Le 28 novembre 2020, la Grande-Bretagne et la France signent un nouvel accord pour lutter contre l'immigration clandestine dans la Manche.[23] En 2021, Gérald Darmanin estime que la France compte « 600 000 à 700 000 » immigrés clandestins. En l'absence de données en France sur les sans-papiers, le nombre de bénéficiaires de l'Aide médicale d'État (AME), qui permet aux personnes en situation irrégulière de bénéficier de soins, sert traditionnellement de statistique pour mesurer leur présence sur le territoire. Mais, selon une étude de l'Institut de recherche et documentation en économie de la santé (Irdes) et l'université de Bordeaux de 2019, seul un migrant en situation irrégulière sur deux, éligible à l'Aide médicale d’État, en bénéficie[24].

En France (Mayotte)

Mayotte, restée française après l'indépendance du reste de l'archipel et désormais département d'outre-mer français et région ultrapériphérique de l’Union européenne, attire une forte immigration comorienne. En 2014, 597 kwassa kwassas ont ainsi été interceptés par les autorités françaises, avec à leur bord 12 879 personnes, et 610 passeurs ont été arrêtés, selon des données de la Direction générale des Outre-Mer. La traversée en kwassa-kwassa coûte 250 €, contre 1 000 € pour un passage en bateau privé. Un rapport du Sénat évalue à 7 000 à 10 000 le nombre de morts entre 1995 et 2012 liées à la migration par voie maritime[réf. nécessaire].

En Afrique du Sud

Après la fin de l'apartheid, l'Afrique du Sud a commencé à accueillir des réfugiés venant d'autres pays africains, souvent clandestins[25]. Le gouvernement a mis en place une politique stricte vis-à-vis de l'immigration illégale : un million de personnes ont été reconduites à la frontière dans les années 1990[25].

Aux Antilles de l'est

Plusieurs Dominicains et d'autres nationalités antillaises tentent d'immigrer vers Porto Rico et vers d'autres îles dans les Antilles, voire vers la Floride.

Canada

Au Canada, le concept d'immigration illégale à proprement parler est absent du droit. Les demandeurs d'asile entrant de manière irrégulière, c'est-à-dire ailleurs que par un point d'entrée officiel, voient tout de même leur demande traitée au même titre que tous les autres demandeurs[26].

Au Canada, des études conduisent à estimer que le nombre de personnes en situation irrégulière est compris entre 200 000 et 500 000[27].

États-Unis

Aux États-Unis, les termes utilisés pour parler des personnes se trouvant dans ces situations sont connotés. Ainsi, d'après le New-York Times, l'expression « illegal immigrants » peut être perçue comme offensante, alors que l'expression « undocumented immigrants » peut être perçue comme complaisante. En fait, l'expression « illegal immigrants » est utilisée, selon le quotidien, avec un parti pris conservateur alors que l'expression « undocumented immigrants » suit un parti-pris progressiste. De fait, certains journaux comme le New-York Times suivent un guide de rédaction qui déconseille l'usage de l'expression « illegal immigrants » pour lui préférer une description factuelle[réf. nécessaire]. D'autres termes ne sont jamais utilisés comme la forme substantivé d'« illegal » ou le terme « alien » considéré comme trop sinistre[28].

Les personnes qui franchissent la frontière des États-Unis en dehors du cadre légal sont appelées illegal migrant (littéralement, migrant illégalement (entré)). Toutefois, cette notion recouvre des situations variées[29] :

  • la situation de « Border Crossing Card Violator » concerne le franchissement illicite d'une frontière (6,5 millions de personnes)
  • la situation de « visa overstay » correspond au séjour après expiration du visa (5 millions de personnes)
  • la situation de « Border Crossing Card Violations » concerne les personnes qui bénéficie d'une carte de transit mais en détournent l'usage[29].

Aux États-Unis, les aspects légaux de l'immigration illicite sont définis dans la Section 1325 du titre 8 de l'United States Code. Cette section, s'intitule « Improper Entry of Alien » et définit une amende ou une peine de prison l'un n'excluant pas l'autre dans les cas suivants :

  • entrée à une heure ou par un lieu non prévu par l'United States Government
  • contournement d'un examen ou d'une inspection instituée par l'United States Government
  • entrée au moyen de l'usurpation d'identité

Selon les termes légaux, une personne qui ne respecte pas la politique d'immigration peut être punie de six mois de détention pour le premier acte, et de deux années supplémentaires pour chacun des actes supplémentaires[29].

Depuis la crise mexicaine des années 1980, une partie importante de l'immigration clandestine aux États-Unis provient du Mexique. Cette immigration s'explique par la différence de revenus entre le Mexique et les États-Unis[6]. Les migrants profitent de ce différentiel pour subvenir aux besoins de leur famille et contribuent ainsi à 2 % du PIB du Mexique. Mais d'autres migrants tentent d'économiser en vue de travailler à leur compte sans avoir le statut de salarié[30].

Plusieurs facteurs influent quantitativement sur les migrations irrégulières depuis le Mexique vers les États-Unis[6] :

  • la baisse de salaire au Mexique conduit à une augmentation des migrations irrégulières, alors que les hausses de salaires conduisent à une diminution des migrations irrégulières
  • le pouvoir d'achat des salariées des États-Unis au Mexique est le facteur qui motive l'immigration irrégulière
  • le facteur le plus influent est le PIB des États-Unis d'Amérique par habitant[6] la demande aux États-Unis crée un effet pull sur les Mexicains.
  • enfin, l'augmentation du nombre de policiers chargés de garder la ligne de frontière des États-Unis a un effet négatif sur l'immigration clandestine.

L'ensemble de ces facteurs correspondent à une théorie d'attraction-expulsion (dénommée en langue anglaise push-pull): cette théorie considère en effet que les migrations irrégulières sont liées à l'attrait du pays de destination, et au rejet du pays d'origine[6].

Les États-Unis sont également confrontés à l'arrivée d'enfants mineurs[31].

Les personnes qui migrent de manière irrégulière aux États-Unis sont confrontées à des problèmes variés: violence au cours du voyage, violation des droits humains au Mexique et aux États-Unis, et loi anti-immigration qui criminalisent l'entrée irrégulière[2].

Par ailleurs, l'immigration illégale aux États-Unis génère de l'inquiétude dans la population des États-Unis, quant à la porosité des frontières[6].

De 2003 à 2015, le nombre des migrations irrégulières depuis le Mexique vers les États-Unis s'est réduit, d'une part en raison de la croissance retrouvée du Mexique, et d'autre part en raison de la baisse de la demande de main d’œuvre bon marché dans le secteur de la construction à la suite de la crise des États-Unis de 2007[32].

Mexique

Un flux important existe depuis le Mexique vers les États-Unis.

Environ 100 000 Mexicains tentent chaque année de traverser la frontière entre le Mexique et les États-Unis. Seuls 10 % d'entre eux parviennent à passer[réf. nécessaire].

En Asie du Sud-Est

Entre autres, des flux de Philippins vers des pays voisins, vers des pays arabes et vers les États-Unis existent.

Articles connexes

Notes et références

  1. « Réfugiés : le principe du non-refoulement en cas de persécution est sacré », sur Bruxelles2.eu, .
  2. « Migración Ilegal de México hacia Estados Unidos », sur El Universal (consulté le ).
  3. « CIT87 - Rapport III (1B) - Etude d'ensemble sur les travailleurs migrants », sur www.ilo.org (consulté le ).
  4. « immigration illégale | criminologie.com », sur www.criminologie.com (consulté le ).
  5. « L’Europe face à l’immigration illégale », sur notes-geopolitiques.com, (consulté le ).
  6. (es) Juan Manuel SAN MARTÍN Reyna, « Migración Ilegal México-Estados Unidos: Un Enfoque De Series De Tiempo », sur Revista Internacional de Ciencias Sociales y Humanidades, SOCIOTAM, (consulté le ).
  7. Revue de presse de Fortress Europe.
  8. MIGREUROP - Camps en Europe et dans le monde - politiques d’externalisation | Maghreb.
  9. Gadhafi's Failed African Ambitions - Council on Foreign Relations.
  10. Greece, Landmine Monitor Report 2006.
  11. L'immigration clandestine, quelles réalités et quelles perspectives; plus précisément le témoignage de l'Association malienne des expulsés de retour de mission à Tinzawaten.
  12. « Riyad a-t-il raison d’expulser ses travailleurs immigrés ? », sur Courrier international.
  13. « Arabie: 180.000 sans-papiers expulsés », sur Le Figaro, (consulté le ).
  14. « L'Arabie saoudite va expulser plus d’un million d’immigrés illégaux », sur rfi.fr, (consulté le ).
  15. L'immigration illégale représenterait 1 % de la population européenne, Les Échos, 13 novembre 2019.
  16. Les chiffres chocs de l'immigration illégale en Europe, lefigaro.fr, 4 mars 2015.
  17. « Immigration légale et répression de l'immigration illégale », sur www.senat.fr (consulté le ).
  18. (en) EU’s external borders in July: Increased number of crossings on the Central Mediterranean, frontex.europa.eu, 12 août 2022
  19. Plus de 20 000 sans-papiers régularisés en 2009 - Le Monde, 21 décembre 2009.
  20. Emmanuel Vaillant, L'Immigration, Éditions Milan, Toulouse, 2006.
  21. Circulaire du 28 janvier 2013, textes.justice.gouv.fr
  22. Les interpellations de sans-papiers sont devenues impossibles à chiffrer, Le Monde, 18 septembre 2013.
  23. (en) « La France et le Royaume-Uni s’entendent pour freiner l’immigration clandestine par la Manche », sur Le Monde (consulté le ).
  24. La France compte "600000 à 700000" sans-papiers, selon Darmanin, laprovence.com, 21 novembre 2021.
  25. François-Xavier Fauvelle-Aymar, Histoire de l'Afrique du Sud, Paris, Seuil, 2006, (ISBN 2020480034), p. 159-160.
  26. Le Barreau du Québec, « Le Barreau du Québec rappelle que le statut d’immigrant illégal n’existe pas au Canada », sur Le Barreau du Québec (consulté le ).
  27. « Les immigrants illégaux au Canada | Perspective Monde », sur perspective.usherbrooke.ca (consulté le ).
  28. Stephen Hiltner, « Illegal, Undocumented, Unauthorized: The Terms of Immigration Reporting », The New York Times, (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le ).
  29. « Illegal Immigration - Immigration | Laws.com », sur immigration.laws.com (consulté le ).
  30. eZ Systems, « 165 - La migration aux États-Unis, un moteur de l'économie mexicaine ? - Institut de recherche pour le développement (IRD) », sur www.ird.fr (consulté le ).
  31. « ETATS-UNIS. De plus en plus d'enfants migrants clandestins », Courrier international, (lire en ligne, consulté le ).
  32. « La migración desde México hacia EEUU cayó bruscamente », sur www.univision.com (consulté le ).

Bibliographie

  • Philippe Coindreau, Patrick de Gramont, Bernard Metz, L'Immigration illégale : enjeux de sécurité intérieure et extérieure pour l'Europe, éditions des Riaux, 2007.
  • Bogumil Terminski, Les Migrations, les réfugiés, les droits de l'homme : un guide bibliographique des publications parues en langue française, UNHCR, Genève, 2011.
  • Claude Valentin-Marie, Prévenir l'immigration irrégulière : entre impératifs économiques, risques politiques et droits des personnes -- Direction des affaires sociales et de la santé du Conseil de l'Europe, Direction générale III-Cohésion sociale, Conseil de l'Europe, Strasbourg, 2004.
  • Denis Salas, « Immigration illégale et pratiques judiciaires en France », Hommes et Migrations, no 1241, janvier-.
  • Jean Valluy, « Quelles sont les origines du ministère de l’Identité nationale et de l’Immigration ? », Cultures & Conflits, 2008/1 (no 69).
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