Marie-Thérèse de Poix

Marie-Thérèse de Poix, née Marie-Thérèse Adeline de Lavaur de Sainte-Fortunade  (Comtesse de Poix) le à Tours et morte le , est une des principales personnalités de la Résistance intérieure française en Indre-et-Loire. Son château de La Roche-Ploquin à Sepmes servit de cache pour les militaires alliés, les familles juives, les réfractaires et résistants pendant l'Occupation. Elle est aussi infirmière volontaire lors des deux guerres mondiales et fut déportée.

Marie-Thérèse de Poix
Biographie
Naissance
Décès
(à 75 ans)
Nationalité
Formation
Hôpital de Bordeaux
Activités
Infirmière, résistante
Autres informations
Religion
Conflits
Lieux de détention
Distinctions

Biographie

Avant la Résistance

Marie-Thérèse Adeline de Lavaur de Sainte-Fortunade est née à Tours en 1894.

Elle suit des études d'infirmière jusqu'en 1914 à l'Hôpital de Bordeaux. Elle s'y engage comme infirmière volontaire pour la durée de la guerre.

En 1919, elle épouse Jean Tyrel de Poix dont la famille possède la Roche-Ploquin à Sepmes. Celui-ci, engagé volontaire, spécialiste des premiers chars de combat a été gazé en . Il recevra la Croix de guerre avec palmes. Sa santé reste chancelante et le couple ne pourra avoir d'enfants. Il décède en , âgé de 33 ans.

Marie-Thérèse de Poix reste à Sepmes où elle vit de son travail d'infirmière à domicile et du revenu de ses trois fermes.

En 1939, elle redevient infirmière militaire volontaire à Soissons puis Bordeaux[1].

La Résistance

Sepmes (Indre-et-Loire) est à proximité de la ligne de démarcation et sur la route de L'Espagne.

C'est l'Occupation, la France est séparée en deux parties (carte précise des découpages[2]). Sepmes est en zone occupée à quelques kilomètres de la zone libre.

Signalisation (reconstitution) de la ligne de démarcation entre Ligueil, Cussay et Paulmy. La cabane de vigne au second plan abritait le poste de garde allemand. C'était l'un des points de passage les plus proches de Sepmes.

Dès son retour à Sepmes, Mme de Poix a du être en contact avec des amis résistants : l'abbé Henri Péan, curé de Draché et la Celle-Saint-Avant et le Marquis Max de Lussac de Sainte-Catherine-de-Fierbois. Henri Péan est infatigable, il crée ou développe de nombreux groupes de résistants pour les réseaux Marie-Odile et Turma-Vengeance, organise des parachutages, la transmission de renseignements et le passage de la ligne de démarcation. Ses passeurs[3] assureront le passage de plus de 2000 clandestins et l'abbé convoiera plusieurs centaines d'aviateurs alliés vers l'Espagne. Il est très souvent à la Roche-Ploquin pour mettre au point ses actions. C'est un endroit discret où sont logés en permanence jusqu'à une quinzaine de fugitifs.

La comtesse elle-même ne manque pas de ressources : elle sait soigner les blessés et elle parle couramment anglais, ce qui permet de tester les aviateurs alliés.

Niché dans un vallon à l'écart du bourg de Sepmes, le château de la Roche-Ploquin pouvait offrir des cachettes discrètes.

Il faut ravitailler[4] et transporter tout ce monde, cacher le matériel parachuté, fabriquer de faux-papiers. Cela est facilité par la présence dans le réseau du boucher Pascal Rentien, des agriculteurs Alphonse Cathelin et Jean Michau, du garagiste Marius Saint-Aubin, de personnes des secrétariats de mairie de Sepmes (Mme Andrée Babin) et Draché, de la famille du Docteur André Goupille de La Haye Descartes et de beaucoup d'autres[5],[6]. La comtesse doit cependant agrandir son jardin et embaucher un jardinier[5].

Marius Saint-Aubin fait fonctionner un poste de T.S.F. pour les transmissions. Des parachutages sont organisés à Sepmes même[6], près de la Roche-Ploquin.

La captivité

Le réseau Marie-Odile (du nom de guerre de Marie-Odile Laroche, pseudonyme de Mme Henry Barré de Saint-Venant[7], chef de ce réseau) est démantelé à partir de par la Gestapo. Mme de Poix est arrêtée avec d'autres résistants et clandestins à la Roche-Ploquin le . Ils sont emmenés à Tours où ils sont interrogés de longues semaines sous la torture par les tortionnaires de la Gestapo[8] (Clara Knecht). L'abbé Péan en meurt le .

Le Mme de Poix est envoyée et incarcérée au fort de Romainville puis le au camp de femmes de Ravensbrück. C'est toute l'horreur des camps décrite par Marie-Thérèse de Poix dans ses Souvenirs de déportation.

Surveillante SS (SS Aufseherin) et son chien, comme ils en étaient à Ravensbrük. Dessin de Joanna Czopowicz.

Les femmes y meurent fusillées ou gazées mais encore plus de faim, du manque d'hygiène, des mauvais traitements, d'empoisonnement et du travail abrutissant comme au Kommando de Röchlin où est affectée temporairement Mme de Poix[9]. Ses compétences d'infirmière sont de nouveau appréciées[10] mais il n'y a aucun médicament. Sa santé se dégrade rapidement, elle est atteinte de scarlatine et souffre d'importants abcès dus aux tortures, sa mort paraît proche. C'est alors que la Croix-Rouge suédoise obtient l'exfiltration des Françaises malades. Elle quitte Ravensbrück, évacuée sur un brancard, fin , pour la Suède pour être soignée à l'hôpital de Kristianstad (Province de Scanie)[Note 1].

Retour en France

À Kristianstad où on peut lui administrer de la pénicilline, elle se remet lentement. Elle y reste en convalescence jusqu'en . Entretemps le château de la Roche-Ploquin a été pillé, par les Allemands et par des habitants des environs[12].

Survivantes de Ravensbrück attendant leur prise en charge par la Croix-Rouge suédoise

En (première élection où les femmes françaises votent), elle est élue maire-adjoint de Sepmes malgré son absence.

Incapable de remettre en état son château (elle n'a jamais demandé de compensations financières), elle décide de s'en séparer[Note 2] au profit de la paroisse Saint-Séverin des champs de Paris qui y organisa des colonies de vacances. Elle s'installe donc à la Grostrie, une de ses anciennes fermes de Sepmes.

Très croyante, elle œuvre pour la paroisse de Sepmes, mais aussi pour la commune.

Elle est décédée le et a été enterrée dans la chapelle du château de la Roche-Ploquin.

Distinctions et hommages

Voir aussi

Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Éric Dechêne, « L'Histoire de la Roche-Ploquin », Bulletin municipal de Sepmes, , p. 6-7.
  • Jean-Gilles Dutardre, La vicomtesse Marie-Thérèse de Poix au cœur de la Résistance, Chinon, Anovi, , 184 p.
Cet ouvrage comprend également Souvenirs de déportation, rédigés par Marie-Thérèse de Poix, ainsi que deux de ses lettres.
  • André Goupille, Mon village sous la Botte, La Haye-Descartes, Amicale des Anciens Combattants, Résistants et Déportés de la région de la Haye-Descartes, , 206 p.
  • Sylvie Pouliquen, Femmes de l'ombre en Touraine, Chambourg-sur-Indre, PBCO éditions, , 176 p.
  • Sylvie Pouliquen, Dames de Touraine tome 1, Chemillé-sur-Indrois, Éditions Hugues de Chivré, 2019, p 184-185
  • Thierry Vivier, Touraine, années terribles, Turquant, Fabrica Libri, , 331 p.

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

Notes

  1. À son arrivée en Suède, elle ne pèse plus que 35 kg[11].
  2. Le château est vendu pour 25 000 francs selon Jean-Gilles Dutardre, donné selon Éric Dechêne et Thierry Vivier.

Références

  1. Dutardre 2015, p. 14.
  2. Robert Vivier, « Touraine 39:45 : Histoire de l'Indre et-Loire durant la deuxième Guerre Mondiale. », sur BnF Gallica (consulté le )
  3. Goupille, 1995, Les Passeurs, p. 43.
  4. Goupille, 1995, La vie quotidienne, une obsession... le ravitaillement, p. 63.
  5. Thierry Vivier, 2013, Marie-Thérèse de Poix, p. 190-195.
  6. Dechêne 1996.
  7. Mme de Saint-Venant, morte pour la France à Ravensbruck, le 23 mars 1945 (J.G Dutardre, op.cit. , le I6février1944, p40, note 1).
  8. « Les dirigeants de la zone occupée », sur CNR (consulté le )
  9. Dutardre 2015, Souvenirs de déportation par M.-T. de Poix.
  10. Dutardre 2015, témoignage d'Élisabeth Lamaignère-Goupille.
  11. Dutardre 2015, Lettre de Suède par M.-T. de Poix.
  12. Dutardre 2015, p. 49.
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