Miguel Najdorf

Miguel Najdorf, né Mendel (Mieczysław) Najdorf[1] le à Grodzisk Mazowiecki, près de Varsovie, et mort le à Malaga, est un joueur d'échecs d'origine juive polonaise, qui a obtenu la nationalité argentine pendant la Seconde Guerre mondiale.

Miguel Najdorf

Miguel Najdorf en 1973

Nom de naissance Mendel Mieczysław Najdorf
Naissance
Grodzisk Mazowiecki, Varsovie, Pologne
Mort
Malaga, Espagne
Nationalité Polono-argentin
Titre Grand maître international (1950)
Meilleur classement Elo 2540 (juillet 1972)

Biographie et carrière

Débuts (1929-1939)

Miguel Najdorf naît dans une famille juive, sous le nom de Mendel (Mosze) Mieczyslaw, fils de Gidli Najdorf. Il commence à jouer aux échecs à l'âge de 12 ans.

Mieczysław Najdorf suivit d'abord les cours de David Przepiórka, puis de Ksawery Tartakower, auquel il s'est toujours référé comme « mon maître ».

Lors de l'Olympiade d'échecs de 1935, l'équipe nationale polonaise a remporté la troisième place : Paulin Frydman, Henryk Friedman, Saawielly Tartakower, Mendel Mosze Najdorf, Kazimierz Makarczyk, 1935 - Fragment de l'exposition en plein air « Les sports juifs dans la Varsovie d'avant-guerre » Varsovie, 2013.

Au début de sa carrière, en 1929 ou 1930, Najdorf bat Glücksberg (ou Gliksberg) dans une partie célèbre connue comme L'Immortelle polonaise.

Émigration en Argentine (1939-1946)

En septembre 1939, l'éclatement de la Seconde Guerre mondiale le retient à Buenos Aires, où il participait à la 8e Olympiade, représentant la Pologne au deuxième échiquier. Najdorf était un Juif polonais (tout comme deux autres membres de l'équipe, Tartakover et Frydman tandis que les autres membres, Teodor Regedziński, d'origine allemande et Sulik, étaient non-juifs). Il comprit ce qui était en train de se passer en Pologne et décida de rester en Argentine. De nombreux joueurs, juifs ou non, en firent de même, perdant ainsi leurs liens familiaux et personnels, mais échappant ainsi à la Shoah[2].

Najdorf obtient cependant de brillants résultats au 2e échiquier à Buenos Aires (+12 -2 =4).

  • En octobre 1939, après l'Olympiade, Najdorf est 1er ex æquo avec Paul Keres au tournoi de Buenos Aires (Circulo) avec 8½/11.
  • En 1941, il est 2e, derrière Gideon Ståhlberg à Mar del Plata avec 12½/17. Toujours en 1941, il est 1er ex æquo avec Stahlberg à Buenos Aires avec 11/14.
  • En 1942, il remporte Mar del Plata avec 13½/17, devant Stahlberg.
  • En 1943, il est 2e à Mar del Plata, derrière Stahlberg, avec 10/13. En 1943 il remporte le tournoi de Rosario.
  • En 1944, il gagne à La Plata avec 13/16, devant Stahlberg. En 1944, il est 1er ex æquo avec Herman Pilnik à Mar del Plata avec 12/15.
  • En 1945, il remporte le tournoi de Buenos Aires (Mémorial Grau) avec 10/12, devant Stahlberg et Carlos Guimard. Il prend la 2e place à Viña del Mar 1945 avec 10½/13, derrière Guimard. Il remporte ensuite Mar del Plata 1945 avec 11/15 devant Stahlberg, et à nouveau en 1946 avec 16/18, devant Guimard et Stahlberg. Il gagne encore à Rio de Janeiro 1946.

En 1943, dans l'espoir de donner de ses nouvelles à sa famille restée en Europe par cet exploit, il joue contre 40 adversaires à l'aveugle simultanément à Rosario, il remporte 36 parties et ne concède qu'une nulle et trois défaites[3].

Après la guerre (1946-1950)

Après la fin de la guerre, les compétitions d'échecs reprennent, en particulier dans l'Europe dévastée.

En 1950, il est parmi les premiers joueurs à se voir décerner le titre de grand maître international par la Fédération internationale des échecs (FIDE).

Candidat au championnat du monde (1950-1955)

Najdorf donnant une partie simultanée en 1955

La série de victoires de Najdorf en tournoi de 1939 à 1947 l'a propulsé au sommet de la hiérarchie mondiale. Selon Chessmetrics[4], il était le 2e joueur du monde au début de l'année 1948 mais est cependant exclu du championnat du monde d'échecs 1948.

Najdorf n'était pas un joueur à temps plein (il a longtemps travaillé dans le domaine des assurances), il était cependant l'un des plus forts joueurs des années 1950 et 1960. Il excellait également au jeu à l'aveugle.

En 1950, il participe au tournoi des candidats de Budapest organisé en vue de sélectionner le challenger du champion du monde Mikhail Botvinnik, et finit 5e. Trois ans plus tard, il participe au tournoi des candidats de Zurich et termine 6e sur 15. En 1955, il manque de se qualifier pour l'interzonal de Göteborg, et il ne se qualifie plus ensuite[5].

Fin de carrière

Miguel Najdorf en 1992

Najdorf remporte encore des tournois importants tels que Mar del Plata (en 1961, devant Byrne, Matanovic et Filip, et en 1965, devant Stein et Averbakh) et le premier mémorial Capablanca de La Havane (en 1962, devant Polougaïevski, Spassky, Smyslov, Gligoric et Ivkov). Il joue dans les deux coupes Piatigorsky en 1963Los Angeles, il finit 3e) et en 1966Santa Monica, il termine 8e). En 1970, peu avant son 60e anniversaire, il participa encore au match URSS contre le Reste du monde, faisant jeu égal avec l'ancien champion du monde Mikhail Tal 2 à 2 (+1 –1 =2).

Sa personnalité vive avait fait de lui l'un des joueurs d'échecs les plus populaires, et il est probable qu'à l'instar de son mentor, Tartakover, ses mots d'esprit y soient également pour quelque chose. Il remarque par exemple, après le match de 1970 : « Quand Boris Spassky vous offre une pièce, vous feriez bien d'abandonner sur le champ. Mais quand Mikhail Tal offre une pièce, il vaut mieux continuer à jouer, car il pourrait vous en offrir encore une, puis une autre, et qui sait ? »

Najdorf est resté actif jusqu'à la fin de sa vie. En 1979, à 69 ans, il partageait encore la deuxième place dans un très fort tournoi à Buenos Aires avec 8/13, derrière Bent Larsen (11/13), mais devant les anciens champions du monde Tigran Petrossian et Boris Spassky. À Buenos Aires en 1988, il marque encore 8½/15 et se classe 4e à l'âge de 78 ans. Au championnat d'Argentine de 1989, il finit 4e-7e avec 10/17 avec d'autres grands maîtres. Son dernier championnat national date de 1991 à 81 ans. Il est aussi resté un joueur de blitz exceptionnel jusqu'à la fin de sa vie, en 1997.

Résultats aux Olympiades (1935-1976)

Najdorf a joué pour l'équipe de Pologne lors de trois Olympiades d'échecs. En août 1935, il est 3e échiquier lors de l'Olympiade de Varsovie[6] (+9 –2 =6). En juin/juillet 1937, il est également au deuxième échiquier lors de l'Olympiade de Stockholm[7] (+5 –3 =7). Il obtient le meilleur résultat au 2e échiquier de l'équipe polonaise lors de l'Olympiade d'échecs de 1939[8] à Buenos Aires en août/septembre 1939 (+12 -2 =4).
En outre, il joue au deuxième échiquier lors de l'Olympiade (non officielle) de Munich (+14 –2 =4) en août 1936.

Après la guerre, il représente l'Argentine aux olympiades de 1950 à 1976. Il est au premier échiquier à l'Olympiade de Dubrovnik en 1950 (+8 –0 =6), ainsi qu'à celle d'Helsinki (+11 -2 =3).

Au total, Najdorf a remporté onze médailles olympiques (sept pour les résultats par équipes de la Pologne, puis de l'Argentine : quatre médailles d'argent et trois médailles de bronze, et quatre à titre individuel : trois médailles d'or en 1939, 1950 et 1952, et une médaille d'argent en 1962). Le meilleur résultat pour l'Argentine fut une médaille d'argent à Helsinki en 1952.

Contributions à la théorie des ouvertures

abcdefgh
8
8
77
66
55
44
33
22
11
abcdefgh
La variante Najdorf de la défense sicilienne après 1. e4 c5 2. Cf3 d6 3. d4 cxd4 4. Cxd4 Cf6 5. Cc3 a6

La variante Najdorf de la défense sicilienne, une des variantes d'ouverture les plus populaires, porte son nom. Elle a notamment été pratiquée par Bobby Fischer, Garry Kasparov et la plupart des supers grands maîtres. Najdorf a également apporté des contributions à la théorie de la défense est-indienne. Il a été journaliste, animant une rubrique populaire dans le journal Buenos Aires Clarin.

Parties remarquables

Notes

  1. Moishe selon certaines sources.
  2. Najdorf perdit sa famille dans la Shoah, se remaria en Argentine et eut deux filles
  3. Perlas Ajedrecísticas
  4. (en) Chessmetrics Summary for 1945 - 1955. La Fédération internationale des échecs n'adopte le classement Elo qu'en 1970, Chessmetrics a calculé les classements historiques antérieurs en fonction des résultats des tournois.
  5. Interzonal de Goteborg 1955, Mark Weeks
  6. Résultats de l'équipe de Pologne à l'Olympiade de Varsovie
  7. Résultats de l'équipe de Pologne à l'Olympiade de Stockholm
  8. Résultats de l'équipe de Pologne à l'Olympiade de Buenos Aires

Références

  • (en) Garry Kasparov, My Great Predecessors, part IV, Everyman Chess, (ISBN 1-85744-395-0)
  • (en) Tomasz Lissowski, Adrian Mikhalchisine et Miguel Najdorf Najdorf : Life and Games, Batsford, 2005

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