Raymond Bussières

Marcel Raymond Bussières est un acteur, scénariste et producteur français, né le à Ivry-la-Bataille (Eure) et mort le à Paris dans le 18e arrondissement de Paris.

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Raymond Bussières
Raymond Bussières et son épouse, l’actrice Annette Poivre. 1948, Cannes.
Nom de naissance Marcel Raymond Bussières
Naissance
Ivry-la-Bataille, Eure (France)
Nationalité Française
Décès (à 74 ans)
Paris 18e, France
Profession Acteur, scénariste, producteur
Films notables Les Portes de la nuit
Casque d'or
Porte des Lilas
Taxi, Roulotte et Corrida

Biographie

Enfance

Raymond Bussières est le dernier enfant de parents originaires de Corrèze qui tenaient un bar-tabac à Ivry-la-Bataille où il est né. Son père avait été instituteur et s'était présenté à la députation de la Corrèze sous l'étiquette socialiste[1].

Raymond Bussières est élève au collège Rotrou de Dreux de 1920 à 1925[2] où il se lie d'amitié avec le futur peintre Maurice Buffet (1909-2000)[3], il loge chez les parents de son ami Maurice Bernard qui est au collège avec lui[4] et se lie d'amitié avec deux figures drouaises qui fréquentent également le collège : Roger Lemonne et Louis Barbot qu'il continuera à voir pendant plusieurs décennies, notamment lors du tournage de la La Carapate à Dreux en avril 1978[5].

Théâtre

À Dreux, il monte des petites pièces au Cercle laïque, notamment une parodie du Cid où il joue Rodrigue[6].

Il veut faire des études de médecine, mais sa mère n'a pas les moyens de les lui payer[7]. Il travaille chez un métreur qui l'incite à passer le concours de dessinateur topographe à la ville de Paris qu'il réussit[8].

Il monte avec des amis un groupe de théâtre : « On y faisait de la propagande révolutionnaire. On avait appelé ça “le groupe Octobre” du nom de la Révolution soviétique. Il y avait une grève quelque part, hop, on débarquait avec notre répertoire politique[6]. » Dans le cadre de ce groupe, sur la suggestion de Paul Vaillant-Couturier, il rencontre Jacques Prévert pour lui demander des textes à jouer. Quelque temps après, devenu son ami, celui-ci lui propose de faire de la figuration dans un film dont il a écrit le scénario : Ciboulette (1933).

Engagement politique

Le poète et scénariste Jacques Prévert fut un ami de Raymond Bussières

Raymond Bussières est un des fondateurs du groupe Octobre pour lequel Jacques Prévert a écrit de nombreux textes d'agitprop dans les années 1930. Le nom de ce groupe a été proposé par Lou Bonin/Tchimoukow en hommage à la Révolution d'Octobre. Membre du Parti communiste français depuis 1926, Raymond se rend en 1933 en U.R.S.S avec Jacques Prévert et sa troupe de théâtre[9]. En 1936, il va en Espagne où il rencontre des communistes des Brigades internationales. À son retour, il démissionne du Parti communiste « car on souffrait déjà du stalinisme »[6] et il est « écœuré à tout jamais » par la façon dont se conduisent les communistes[10]. Il sera par la suite militant syndicaliste actif du syndicat des comédiens.

Cinéma

Il obtient quelques petits rôles au cinéma tout en restant fonctionnaire à la ville de Paris. En 1936, il faillit obtenir le rôle de Jacques, l'un des personnages du quatuor, aux côtés de Jean Gabin, Charles Vanel et Aimos, dans le fameux film de Julien Duvivier La Belle Équipe, mais il sera finalement remplacé par un autre comédien, du même âge que lui, Charles Dorat. Bussières, alors très engagé dans les événements du Front populaire de 1936, regrettera toujours de ne pas avoir participé à ce film qu'il adorait.

En 1941, il obtient, après des essais, un rôle un peu plus consistant dans Nous les gosses de Louis Daquin[11]. Embauché chez Pathé pour une durée de trois ans, il démissionne de la fonction publique[12].

Très vite surnommé Bubu[13], l'acteur apparaît alors dans des films comme L'assassin habite au 21 en 1941 et Quai des Orfèvres en 1947 d'Henri-Georges Clouzot, ainsi que Casque d'or en 1951 de Jacques Becker, Les Belles de nuit en 1952 et Porte des lilas en 1956 de René Clair. À la suite de ces rôles, il acquiert une certaine célébrité, notamment en Italie où il s'essaie dans quelques films, sans grand succès.

Sa gouaille, son accent de titi parisien font de lui un des acteurs les plus populaires des années 50 et 60, toujours employé en brillant second rôle. À la fin de sa carrière, dans Les Sous-doués, il interprète un vieil homme qui a comme rêve d'avoir son bac, dans L'Aile ou la Cuisse il est le chauffeur de Louis de Funès, avec qui il avait déjà joué dans Taxi, Roulotte et Corrida, ces rôles lui redonnent un regain de popularité.

En , quelques mois avant sa mort, il déclare : « On commence à se tasser mais la tête marche. On n'est pas des vieux cons. Je dois tout au hasard... Quand on était môme on était raide, il fallait marner. Moi j'ai grandi au milieu des prolos. Je leur dois beaucoup car c'est au contact de ces parigots qui réinventaient la langue française que j'ai créé mon personnage. C'est du mimétisme[6]. »

Amateur de pêche et de chasse, Raymond Bussières est marié avec l’actrice Annette Poivre, qu'il surnommait « Poivron », rencontrée en 1943 sur la scène du théâtre où ils répétaient Une femme qu'a le cœur trop petit de Fernand Crommelynck[14]. Son épouse joue très souvent dans les mêmes films que lui. Raymond Bussières est le père adoptif de la comédienne Sophie Sel née d'un premier mariage d'Annette Poivre avec Jean-Marie Cassel. Ils vivaient dans le 17e arrondissement de Paris, au 27 rue Cardinet. Son ami d'enfance Maurice Bernard y avait aussi un appartement[15].

Il meurt à l'hôpital Bichat, le , dans le 18e arrondissement de Paris après trois semaines de coma, d'un arrêt du cœur. Il est inhumé à Marchenoir dans le Loir-et-Cher.

Filmographie

Années 1930

Années 1940

Années 1950

Années 1960

Années 1970

Années 1980

Scénariste

Producteur

Théâtre

Hommage

Raymond Bussières est né à proximité de la Maison Henri IV à Ivry-la-Bataille

L'association Les marches normandes consacre à l'acteur une exposition dans l'ancienne distillerie d'Ivry-la-Bataille pour ensuite faire procéder à la pose d'une plaque commémorative sur la façade de sa maison natale, située non loin de la maison Henri IV, dans cette même commune, le [16].

Notes et références

  1. « Une plaque pour Raymond Bussières, grand nom du cinéma né à Ivry-la-Bataille », sur paris-normandie.fr, (consulté le )
  2. L'Écho républicain, 3 avril 1981 : "Quand j'ai eu passé mon certificat d'études, ma mère a décidé de m'envoyer a collège le plus près. J'y allais par le train. On changeait à Bueil. C'était en 1920."
  3. Journal L'Action Républicaine du 20 octobre 1981 : « La IIIe biennale d'Arts 28. “Bubu” était là... il y a soixante ans, il prêtait ses tubes de peinture à Maurice Buffet. »
  4. Journal L'Action républicaine du mardi 22 septembre 1981 : "Raymond Bussières et son "frangin" de Saint-Germain-sur-Avre"., portrait-interview de Raymond Bussières. Une amitié qui durera 60 ans. Les deux amis vivant dans le même immeuble parisien.
  5. L'Écho républicain, 14 avril 1978
  6. Journal L'Action républicaine du mardi 22 septembre 1981 : "Raymond Bussières et son "frangin" de Saint-Germain-sur-Avre", portrait-interview de Raymond Bussières.
  7. L'Écho républicain, 3 avril 1981 :"J'ai pensé, en étant à Ivry, que je voulais être toubib. Bon, il a fallu, comme ma mère n'avait tout de même pas de fortune, pour payer mes études que je gagne ma vie."
  8. L'Écho républicain, 3 avril 1981 : "Je me suis donc présenté au concours de dessinateur topographe à la préfecture de la Seine. Tu sais, les plans du métro, les passages cloutés, les souterrains, etc. J'ai été brillamment reçu, et je suis allé bosser. j'avais vingt ans, un peu avant d'aller au service militaire. J'étais donc fonctionnaire à la ville de Paris."
  9. L'Écho républicain, 3 avril 1981 : "Je suis allé en Russie en 1933 avec ma troupe de théâtre. (...) Jacques Prévert était avec nous dans le groupe."
  10. L'Écho républicain, 3 avril 1981 : "C'est la façon dont j'ai vu les communistes se conduire là-bas qui m'a écœuré à tout jamais, qui m'a fait donner ma démission du parti."
  11. L'Écho républicain, 3 avril 1981 : "Un beau jour, Louis Daquin, le metteur en scène, a demandé à un de mes amis : "Est-ce que tu connais quelqu'un qui pourrait jouer un rôle comme ça et comme ça ?" Mon pote a répondu : "J'ai un copain qui ne manque pas de personnalité, c'est un marrant, tu devrais lui faire un bout d'essai ; c'est un gars qui peut faire sûrement quelque chose." C'est ainsi qu'un dimanche matin j'ai tourné un bout d'essai. Deux jours plus tard j'ai reçu un coup de téléphone de Daquin, à l'Hôtel de Ville : "C'est votre essai qui est le meilleur, et c'est vous que j'engage." J'ai pris mon mois de congé à l'Hôtel de Ville pour faire le film. Mon mois de congé annuel puisque j'étais fonctionnaire, j'y avais droit."
  12. L'Écho républicain, 3 avril 1981 : "Au bout de dix ou douze jours de tournage, les pontes de la maison Pathé, qui faisait le film, sont venus voir les projections, tout ce qu'on avait fait pendant 10 jours, et ils m'ont trouvé tellement génial, tellement merveilleux, tellement extraordinaire qu'ils m'ont proposé un contrat d'exclusivité de 3 ans. Ce qui fait que je suis passé de fonctionnaire de la Ville de Paris à fonctionnaire chez Pathé. Mais pas au même prix car, alors que je gagnais 17 francs par mois à l'Hôtel de Ville, on m'a offert 10.000 francs pour faire du cinéma."
  13. Site encinematheque.fr, fiche sur Raymond Bussière, consulté le 2 novembre 2019
  14. Paris-Presse, L'Intransigeant, 24 août 1969, p. 15
  15. L'Écho républicain, 3 avril 1981 : "Il s'est trouvé que dans l'immeuble que j'habite à Paris un appartement soit à vendre. J'ai téléphoné à Bernard en lui disant : "Il y a un appartement de libre dans l'immeuble." Il a dit : "Bouge pas, j'arrive." Il l'a acheté. Ce qui fait que même à Paris on crèche dans la même maison. C'est formidable, c'est même extraordinaire. C'est rare que des copains soient ensemble au bout de soixante berges s'en s'être jamais quitté."
  16. Site de l'office de tourisme de Dreux, page "Hommage à l'acteur Raymond Bussières", consulté le 2 novembre 2019.

Voir aussi

Préface

  • Fernande Bussières, Paul Vaillant-Couturier ou Histoire d'une amitié, préfacé par Raymond Bussières. Subervie Ed. 1979

Bibliographie

  • Olivier Barrot et Raymond Chirat, Noir et Blanc - 250 acteurs français du cinéma français 1930-1960, Paris, Flammarion, 2000, p. 112–114

Liens externes

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