Pierre Tchernia

Pierre Tchernia, né Pierre Tcherniakowsky[1], est un réalisateur, concepteur et animateur d'émissions de télévision français, né le à Paris et mort le [2],[3] dans la même ville.

Pierre Tchernia
Fonction
Président du conseil d'administration
Société des auteurs et compositeurs dramatiques
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nom de naissance
Pierre Tcherniakowsky
Surnoms
Monsieur cinéma, Magic
Pseudonyme
Pierre Tchernia
Nationalité
Formation
Activités
Période d'activité
Fratrie
Paul Tchernia (d)
Autres informations
A travaillé pour
Religion
Membre de
Taille
1,9 m
Distinctions
Films notables

Surnommé « Monsieur Cinéma » en référence à l'émission de télévision homonyme qu'il présente alors[4], il est l'un des pionniers de la télévision française.

Biographie

Famille et enfance

Son père, Isaac Tcherniakowski, est un ingénieur en chauffage central d'origine juive ashkénaze né en 1874 à Koroliovka[5], un village près d'Odessa (Empire russe). En 1898, son père quitte l'Ukraine pour l'Allemagne où il se forme au métier d'ingénieur, puis part vivre en France. Sa mère Aimée Dufour est une couturière de confession chrétienne. Dans ses souvenirs, Pierre Tchernia raconte que Victor Hugo s'est penché sur le berceau de sa mère[6].

Pierre Tchernia est le dernier enfant d'une fratrie de quatre enfants comptant deux filles et deux garçons. Son frère est l'océanographe Paul Tchernia (1905-1986).

Il passe son enfance à Levallois-Perret, rue Danton. Comme la plupart des enfants de cette commune, il entre, en 1937, au lycée Pasteur de Neuilly-sur-Seine[7], il passe la deuxième partie de son bac en 1945[8].

Il découvre le cinéma en fréquentant la salle de cinéma du Magic Ciné de Levallois-Perret[9].

Études

En , craignant les bombardements[10], ses parents l'envoient chez sa sœur, Rachel, établie dans l'Yonne à Auxerre[11]. Après un court exode dans le Lot, il passe l'Occupation à Levallois-Perret et assiste à la Libération de Paris.

Au terme de sa scolarité, il entre à l'École nationale de photographie et de cinématographie (ENPC) dite « école Vaugirard » qui deviendra l'ENS Louis-Lumière, puis intègre l'Institut des hautes études cinématographiques (IDHEC). Dans cet établissement, il se lie d'amitié avec Yves Robert, Jean-Marc Thibault et Jean Richard. Diplômé en 1948, mais sans relations, il ne trouve pas de stage d'assistant dans le cinéma, il devient alors régisseur pour une tournée théâtrale dirigée par Jean Richard dans la zone française d'occupation en Allemagne pour une pièce jouée par Suzy Prim et Renaud Mary. Chargé de l'installation et du changement des décors, il y joue également le rôle du vieux seigneur[12].

À la télévision

Pierre Tchernia en 1993.

En collaborant au Club d'essai de la radiodiffusion française, Pierre Tchernia fait la connaissance de Pierre Dumayet et participe à la création du tout premier journal télévisé français en 1949[13]. Il anime l'émission Les Amoureux de la tour Eiffel en 1951, et crée une série d'émissions comme Monsieur Muguet s'évade, La Boîte à sel (1955-1960) et La Clé des champs (1958-1959). Il produit et présente L'Ami public numéro un, émission constituée d'extraits des productions Disney, à partir de 1961 sur la RTF puis Première chaîne de la RTF pendant 17 ans. Il crée, en 1964, sur la Deuxième chaîne de l'ORTF, SVP Disney qui va durer 14 ans.

Il co-anime le magazine d'informations de l'ORTF Cinq colonnes à la une à partir de 1965, rejoignant ainsi l'équipe des journalistes Pierre Lazareff, Pierre Desgraupes, Pierre Dumayet et Igor Barrère jusqu'en 1966. L'émission, créée en , s'arrête le .

Le , il commente à la télévision les images du premier reportage diffusé en couleur.

En 1969, il devient le premier présentateur de l'émission « Le Francophonissime » où il animera les 4 premières émissions puis passera le relais à Georges De Caunes.

Il remporte la « Rose d'or » et le Prix du jury de la presse au Festival de la Rose d'Or à Montreux en 1966 pour L’Arroseur arrosé, un documentaire humoristique en hommage aux frères Lumière, écrit en collaboration avec Goscinny et Jean Marsan.

Il commente en direct le concours Eurovision de la chanson pour la télévision française à douze reprises entre 1958 et 1974 : en 1958, 1960, 1962, 1963 pour la RTF; puis pour l'ORT en 1965, de 1967 à 1970, en 1972 et 1973. Le , la France ne participe pas au concours Eurovision à la suite du décès du Président de la République Georges Pompidou ; le concours sera tout de même diffusé par l'ORTF une semaine plus tard avec les commentaires en différé de Pierre Tchernia[14].

À partir de , il présente Septième art, septième case, le premier jeu télévisé consacré au cinéma[15]. Il anime ensuite, de 1967 à 1980, Monsieur Cinéma[16]. En 1975, il anime, le dimanche après-midi, l'émission intitulée « Dimanche Illustré ». À partir de et jusqu'en , dans le cadre des émissions « Bon Dimanche » de Jacques Martin, il anime avec Jacques Rouland (Monsieur Chanson) et José Artur (Monsieur Théâtre), l'émission « Ces Messieurs vous disent » où il est « Monsieur Cinéma ») : jeu où 2 candidats s'affrontent sur des questions choisies par le candidat (p.ex. question chanson, question théâtre ou question cinéma). L'émission se termine avec l'invité chanson de ce dimanche-là ! A la même époque, il présente, à la RTBF (Télévision francophone belge), l'émission humoristique « Zygomaticorama » enregistrée depuis les studios de Charleroi.

Entre 1976 et 1995, il est plusieurs fois le maître de cérémonie des Césars retransmise sur Antenne 2, France 2 puis sur Canal+. Il présente seul la soirée en 1976, 1977, 1978, 1981, 1985, 1989. Il est accompagné en 1979 et 1995 par Jean-Claude Brialy, par Peter Ustinov en 1980, en 1982 par Jacques Martin et par Michel Drucker en 1987.

Il anime aux côtés de Jacques Rouland l'émission Jeudi Cinéma de 1980 à 1981, devenue Mardi Cinéma de 1982 à 1987, puis à partir de 1988 Bonjour la télé avec Frédéric Mitterrand. Dans les émissions de Mardi Cinéma, Monsieur Cinéma reçoit les grands noms du 7e art français et internationaux : Jeanne Moreau, Gérard Depardieu, Anna Karina, Jacques Perrin, Jean Marais, Claude Jade, Stéphane Audran, Peter Ustinov, Annie Girardot, Robert Hossein, Jean-Pierre Cassel, Isabelle Adjani, Philippe Noiret, Marie-José Nat et Michel Piccoli entre autres. Monsieur Cinéma obtient en 1986 le 7 d'Or de la meilleure émission de jeu.

Le , Pierre Tchernia reçoit un 7 d'Or d'honneur lors de la 6e Nuit des 7 d'Or retransmise en direct sur Antenne 2 depuis Le Lido à Paris.

Il participe aux côtés de l'animateur Arthur à l'émission de divertissement Les Enfants de la télé dès sa création, le sur France 2 (transférée sur TF1 en 1996). Il y est présent jusqu'en . L'émission se poursuit sans lui depuis lors mais est toutefois toujours crédité au générique. Il apparaît exceptionnellement dans l'émission en .

Le , il fait sa dernière apparition télévisée, en tant qu'invité dans l'émission de France 2 Vivement dimanche présentée par Michel Drucker.

Au cinéma

En 1961, Pierre Tchernia écrit avec Robert Dhéry et Alfred Adam le scénario de La Belle Américaine, film joué par la troupe des Branquignols, dont Louis de Funès et Jean Carmet font partie. Le film est un succès et s'avère le début d'une belle collaboration avec Robert Dhéry.

Avec son ami le scénariste René Goscinny, il écrit, en 1971, le scénario de son premier long-métrage de cinéma, Le Viager, avec Michel Serrault dans le rôle principal et une pléiade d'acteurs célèbres dont Michel Galabru, Odette Laure, Rosy Varte, Jean-Pierre Darras, Claude Brasseur, Yves Robert, Jean Carmet, Jean Richard, Gérard Depardieu à ses débuts. Le film est un tel succès que Tchernia tourne, en 1974, Les Gaspards, toujours avec Serrault, Galabru, Depardieu et Carmet, mais aussi Philippe Noiret, Annie Cordy[17] et Chantal Goya. Pierre Tchernia prendra le même acteur principal, Michel Serrault, pour la quasi-totalité de ses films et téléfilms.

Pierre Tchernia fait quelques apparitions dans les films de ses amis (garde-champêtre dans La Guerre des boutons d'Yves Robert, présentateur dans La Belle Américaine, président du jury dans Le Petit Baigneur), mais aussi dans les siens (journaliste dans Le Viager et La Gueule de l'autre). Il participe aussi en tant que narrateur (voix-off) comme Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre.

Dans le dessin animé et la bande dessinée

Pierre Tchernia a participé à l'adaptation de plusieurs albums d'Astérix en animation, prêtant sa voix à la narration de plusieurs films de la série. Il fait une apparition dans le film Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre où il tient le rôle d'un centurion romain et assure aussi la narration. Il a également participé avec Goscinny et Morris à la réalisation, au scénario et aux dialogues du long-métrage Lucky Luke : Daisy Town (1971).

Sa collaboration de longue date avec les studios Disney le conduit à enregistrer pour le label Le Petit Ménestrel la narration de plusieurs histoires tirées des films de Walt Disney, tels que Le Livre de la jungle. En 1979, Pierre Tchernia remet au nom de la Walt Disney Company un Mickey d'honneur au dessinateur Hergé pour l'ensemble de son œuvre (distinction qui n'a pas été décernée depuis 1967).

Vie privée

Pierre Tchernia se marie le et est père de quatre enfants : Nicole (1952), Isabelle (1955), Jean-François (1956) et Antoine (1961)[18].

Mesurant m 87, il lutte contre son surpoids : il pèse 80 kilos lors de son mariage en 1949 ; il en pèse 118 six ans plus tard et atteindra 122 kilos. En 1960, il décide de faire un régime et annonce triomphalement sur la couverture d'un magazine télé : « j'ai maigri de 23 kilos »[19].

À partir de 1963, Pierre Tchernia et son épouse, Françoise Pépin, sont propriétaires d'une chaumière dans le village de Kercanic, près de Névez (Finistère)[18],[20].

À la fin de sa vie, il habite dans une maison de repos en région parisienne[21]. En 2014, il dément les rumeurs sur son entourage : « Contrairement à ce qui est parfois rapporté, je ne suis en aucun cas abandonné, mais, au contraire, très entouré par ma famille et mes proches[22]. »

Pierre Tchernia est collectionneur de boîtes de sardines et de maquereaux[23].

Décès

Tombe du couple, au cimetière de Névez.

Pierre Tchernia meurt le à Paris[24] à 88 ans[17]. Il est inhumé à Névez auprès de sa femme Françoise décédée en 1997[18].

Distinctions

La Médaille de vermeil de la Ville de Paris lui est remise par Bertrand Delanoë le  le jour de son quatre-vingtième anniversaire  pour ses services rendus à la présidence du Forum des Images.

Hommages

Son amitié avec René Goscinny et Albert Uderzo lui a valu d'être caricaturé dans plusieurs albums d'Astérix (notamment Astérix chez les Belges) ainsi que dans une planche complète publiée dans Pilote, en , à l'occasion de la sortie d'Astérix chez les Helvètes, où on le voit présenter Astérix aux candidats Uderzo et Goscinny à l'émission Monsieur Cinéma.

Le dessinateur Marcel Gotlib l'a également représenté dans plusieurs bandes dessinées.

En 2008, le rosiériste français Meilland l'honore en baptisant une de ses obtentions Pierre Tchernia[26].

Références cinématographiques

Le blog Chaos Reigns lui demande quels sont ses dix films préférés. Il en a dressé la liste, avec cet avant-propos.

« Que les choses soient bien claires entre nous, je viens de recevoir cette petite lettre m’annonçant que Buster Keaton, Laurel et Hardy, Tex Avery, Charlie Chaplin et les frères Marx refusaient catégoriquement de participer à un quelconque classement, je ne pourrai donc pas les évoquer ! Et puis Woody Allen, Federico Fellini… la liste serait trop longue, voici donc seulement quelques perles parmi les perles[27],[28].
La Chevauchée fantastique de John Ford
A nous la liberté de René Clair
Citizen Kane d'Orson Welles
Les Enfants du Paradis de Marcel Carné
Battement de cœur d'Henri Decoin
Noblesse oblige de Robert Hamer
La Règle du jeu de Jean Renoir
Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain de Jean-Pierre Jeunet
Le Pigeon de Mario Monicelli
Quai des Orfèvres d'Henri-Georges Clouzot
Amadeus de Miloš Forman »

Filmographie

En tant qu'acteur

En tant que scénariste

Il a également participé à l'adaptation en animation de bandes dessinées de René Goscinny :

En tant que réalisateur

En tant que présentateur

En tant qu'acteur

En tant que réalisateur

Pierre Tchernia a également réalisé cinq adaptations de nouvelles de Marcel Aymé :

Théâtre

Acteur

Auteur

Publications

Notes et références

  1. Par décret en date du 2 octobre 1963 Pierre Tcherniakowsky et ses quatre enfants sont autorisés à prendre pour patronyme Tchernia. Encyclopédie des changements de noms, période 1963-1982, par Emmanuel Rattier, Faits & Documents,1995.
  2. Lefigaro.fr, « L'homme de télévision Pierre Tchernia est décédé », Le Figaro, (lire en ligne, consulté le ).
  3. Rubrique nécrologique, Le Monde du 8 octobre 2016..
  4. Ou encore « Pierre « Magic » Tchernia » par Arthur dans le cadre de l'émission Les Enfants de la télé.
  5. Pierre Tchernia, Mon petit bonhomme de chemin, souvenirs provisoires, Stock, 1975, p. 17 : "il était né en 1874 dans un petit village d'Ukraine qui s'appelle Koroliovka. C'est le pays des fertiles terres noires, le tchernoziom"
  6. Pierre Tchernia, Mon petit bonhomme de chemin, souvenirs provisoires, Stock, 1975, p.17 : "Un jour de 1885, sur la petite Aimée qui avait quelques mois, un vieillard respecté, à la noble barbe blanche, se pencha pour faire risette : c'était Victor Hugo. Il mourut quelques semaines plus tard."
  7. Site des anciens élèves du lycée Pasteur.
  8. Télé Magazine n°260, semaine du 16 au 22 octobre 1960.
  9. « Pierre Tchernia s’en est allé… adieu Monsieur Cinéma », sur television.telerama.fr, 8 octobre 2016.
  10. Pierre Tchernia, Mon petit bonhomme de chemin, souvenirs provisoires, Stock, 1975, p.42 : "Mes parents craignaient que les hostilités ne provoquent des bombardements meurtriers sur Paris. C'est pourquoi ils choisirent de m'envoyer faire mon année scolaire à Auxerre, où ma sœur aîné était établie."
  11. « Pierre Tchernia, son bout de chemin à Auxerre », sur www.lyonne.fr (consulté le ).
  12. Pierre Tchernia, Mon petit bonhomme de chemin, souvenirs provisoires, Stock, 1975, p.69-70
  13. « Pierre Tchernia, «Monsieur Cinéma», est mort », leparisien.fr, 2016-10-08cest12:26:43+02:00 (lire en ligne, consulté le ).
  14. À l'exception de 1959, 1961, 1964, 1966 et 1971.
  15. « 7e art, 7ecase », sur Toutelatele.com (consulté le ).
  16. Élisabeth Nicolini, « M. Cinéma raconte sa télé », La Vie no 2498, 15 juillet 1993.
  17. « Décès : Pierre Tchernia est mort cette nuit à 88 ans (VIDÉOS) - actu - Télé 2 semaines », www.programme.tv/news, (lire en ligne, consulté le ).
  18. « Pierre Tchernia sera inhumé à Névez, dans le Finistère », sur Ouest France, (consulté le ).
  19. Télé Magazine no 260, semaine du 16 au , Pierre Tchernia en une, sur un pèse-personne avec le titre « J'ai maigri de 23 kilos ».
  20. « Du petit au grand écran, Pierre Tchernia a traversé les générations », sur Ouest France, (consulté le ).
  21. Voir sur sudinfo.be..
  22. Voir sur telestar.fr..
  23. Yvette Dardenne, François Bertin et Pierre Tchernia (préface), Au bonheur des boîtes, Rennes, Ouest-France, , 144 p. (ISBN 978-2-7373-5471-7), p. 3.
  24. « L'homme de télévision et de cinéma Pierre Tchernia est décédé », sur Ouest France, (consulté le ).
  25. Décret du 13 juillet 2011 portant promotion.
  26. « « Rosiers de jardin, grandes fleurs »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?) » sur le site officiel Meilland International, consulté le 11 mai 2012.
  27. Pierre Tchernia : Les 10 films préférés de monsieur cinéma, Chaos Reigns.
  28. R.I.P. Pierre Tchernia, Chaos Reigns.
  29. L'Anglais tel qu'on le parle sur ina.fr.
  30. Gatemeau et Rondin sur ina.fr.
  31. L'Homme invisible sur ina.fr.
  32. L'Arroseur arrosé sur ina.fr.
  33. Deux Romains en Gaule sur ina.fr.
  34. « Tournage du film Deux Romains en Gaule » sur ina.fr.
  35. La Grâce sur ina.fr.

Liens externes

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