Takamaka (arbre)
Calophyllum inophyllum
Pour les articles homonymes, voir Takamaka.
Règne | Plantae |
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Sous-règne | Tracheobionta |
Division | Magnoliophyta |
Classe | Magnoliopsida |
Sous-classe | Dilleniidae |
Ordre | Malpighiales |
Famille | Calophyllaceae |
Genre | Calophyllum |
LC : Préoccupation mineure
Répartition géographique
Le takamaka (Calophyllum inophyllum L., 1753) ou tamanu[1] est un arbre tropical sempervirent que l'on trouve sur de nombreux rivages de l'océan Indien et de l'océan Pacifique. Écologiquement lié à la mer, il aime les terrains salés, sablonneux, meubles et frais, sa dissémination se faisant grâce à ses fruits flottants.
Étymologie
Le terme « takamaka » dérive d'un mot en nahuatl[réf. nécessaire] qui désignait la résine odorante extraite d'arbres américains de la famille des Burseraceae (probablement Protium heptaphyllum, d'autres arbres de la même famille produisant aussi une telle résine). Par analogie, on a appelé « tacamahaca des Indes orientales » la résine extraite des Calophyllum puis takamaka les arbres eux-mêmes.
Le nom scientifique provient du grec : le nom du genre vient de « kalos » (beau) et « phullon » (feuille) et le nom de l'espèce vient de « is » (fibre) et « phullon » en référence aux veines fines mais marquées sur le dessous des feuilles.
Distribution géographique et habitat
Le takamaka est originaire des littoraux d'Afrique orientale, d'Inde méridionale, d'Insulinde et d'Australie. Il est maintenant présent sur la majorité du pourtour de l'océan Indien, en Océanie et plus localement dans l'océan Atlantique (Nigeria, Aruba, Porto Rico et Floride). Il est planté sur le continent américain, ainsi qu’à Zanzibar et en Ouganda (rivages du lac Victoria).
Caractéristiques physiques
Le takamaka se présente sous la forme d'un arbre haut de huit à vingt mètres (jusqu'à vingt-cinq mètres) et au houppier atteignant parfois trente-cinq mètres de diamètre.
Son tronc est tortueux, parfois penché, mesurant jusqu'à un mètre et demi de diamètre et couvert d'une écorce dure prenant une teinte jaune-ocre à l'extérieur mais devenant épaisse, tendre, stratifiée, rose ou rouge brunissant au soleil à l'intérieur.
- Nom et taille en thaï et photos de fleurs
- Tronc
- Jeune arbre
- Feuilles
La couronne, de forme conique à hémisphérique, est formée de branches rondes présentant une section carrée lorsqu'elles sont jeunes. Les bourgeons terminaux sont globuleux et mesurent quatre à neuf millimètres de longueur.
Les feuilles sont vert sombre, elliptiques, épaisses, lisses, cirées, mesurant de huit à vingt centimètres de longueur en moyenne (5,5 au minimum et 23 au maximum), six à neuf centimètres de largeur, dépourvues de stipules et aux nervures secondaires fines, parallèles et visibles sur la face inférieure.
L'inflorescence est terminale, généralement non ramifiée (au maximum trois rameaux) et forme une grappe de cinq à quinze fleurs (au maximum trente). La fleur, légèrement parfumée, est composée d'un périanthe spiralé formé de huit pétales blancs (maximum treize), de nombreuses étamines jaunes groupées par quatre et d'anthères de couleur jaune, kaki ou brune. Elle est généralement sexuée mais parfois hermaphrodite.
L'ovaire est rond, rose, brillant et se transforme en fruit sphérique (drupe) de deux à cinq centimètres de diamètre, à la peau variant du vert au brun, lisse, mince, entourant une coquille dure et renfermant une graine unique protégée par une couche spongieuse. La graine, de deux à quatre centimètres de diamètre et brune, est composée de deux grands cotylédons et d'un radicule.
L'arbre produit un latex collant, opaque et de couleur blanche, crème ou jaune.
Biologie reproductive
La pollinisation se fait par entomogamie sans préférence pour le type de pollinisateur.
Le takamaka est susceptible de fleurir tout au long de l'année mais la période de floraison varie selon les zones géographiques, se produisant généralement deux fois par an : à la fin du printemps et au début de l'été dans l'hémisphère Nord et en janvier et en juin dans l'hémisphère Sud. En Inde, elle se déroule en mai et juin et parfois en novembre.
Il est soupçonné que le takamaka pratique l'apomixie car ses fruits apparaissent tout au long de l'année même hors période de floraison. Ceux-ci sont disséminés par des chauve-souris frugivores et par les courants marins mais la majorité des germinations se font aux pieds de l'arbre mère. La graine ne germe pas immédiatement, l'écorce du fruit étant très dure celle-ci doit se ramollir ou se décomposer au préalable. Cependant, la graine germe sans difficultés si celle-ci est extraite du fruit et plantée à l'ombre, ce qui a permis de réduire la période de germination de 57 à 22 jours et d'augmenter le taux de germination de 63 à 93 %.
Culture
Le takamaka est un arbre poussant dans des milieux xérophitiques lumineux mais apprécie les embouchures de cours d'eau où les nutriments sont abondants.
Il prospère sur les littoraux tropicaux en sols profonds et sableux situés au-dessus de la zone de marée, Il supporte les sols acides ou calcaires (pH compris entre 4 et 7) voire argileux s'ils sont bien drainés. Il tolère les eaux saumâtres et les projections d'eau salée
Il est parfois rencontré à l'intérieur des terres lorsque les sols sont sablonneux mais jamais au-delà de 800 mètres d'altitude sous l'équateur (200 mètres à Hawaii).
Le takamaka pousse là où les températures annuelles oscillent entre 18 et 33 °C et les précipitations annuelles sont comprises entre 1 000 et 5 000 millimètres. Il tolère des températures comprises entre 12 et 17 °C durant la saison froide et 22 à 37 °C durant la saison chaude mais il ne résiste pas à des températures inférieures à 8 °C. Il est très sensible au gel et au feu mais tolère quatre à cinq mois de sècheresse.
Sa capacité à devenir envahissant est jugée faible d'autant plus qu'il n'affectionne pas la présence trop proche d'autres arbres.
Le takamaka est fragile et sensible au vent trop fort. À Zanzibar, il est planté sur des sols coralliens. En Indonésie, l'espacement entre les arbres est de deux à trois mètres et la taille modérée et la suppression sélective des plants indésirables y augmente le taux de croissance. La taille est nécessaire jusqu'à l'arrivée à maturité.
Le stockage des graines (200 par kilogramme) est difficile car elles sont huileuses et perdent leur pouvoir germinatif rapidement.
Le taux de croissance du takamaka est d'un mètre par an en moyenne dans les premières années pour ensuite diminuer fortement. Un tronc de 50 centimètres de diamètre nécessite 70 ans de croissance sous l'équateur.
Maladies
Les feuilles et les jeunes pousses sont les parties les plus vulnérables de l'arbre face aux ravageurs. Le champignon Fungus dochmium s'attaque au takamaka en provoquant la putréfaction de ses racines. En Inde, un champignon nommé Trichocoma species s'attaque aux arbres et les tue.
Utilisations
Consommation humaine
Le fruit est comestible et consommé généralement mariné mais il doit être cuisiné avec soin car il contient des toxines.
Construction et industrie
Le bois du takamaka, au grain fin, est généralement le plus dense, le plus lourd et le plus résistant de tous les bois du genre Calophyllum. L'aubier est jaune à brun et légèrement rosé et bien différencié du duramen qui prend une couleur brune. Le bois a une densité de 560 à 800 kilogrammes par mètre cube et une valeur énergétique de 19 100 kJ/kg.
Le bois de takamaka est utilisé comme matériau universel de construction dans le domaine naval (témoin ancien l'épave du San Diego de 1600), dans l'ébénisterie (menuiserie, instruments de musique, pipes, ustensiles de cuisine, etc) où il est très apprécié pour son bois brun-rougeâtre, dans les charpentes et en tant que traverses de chemin de fer.
Les tanins, concentrés dans l'écorce mais aussi les feuilles, son extraits par décoction et utilisés pour durcir et teindre les filets de pêche. Des lipides de l'arbre est tirée l'huile domba ou pinnai ou dilo : une huile malodorante, visqueuse, variant du jaune-bleuâtre au vert foncé, composée d'acides oléique, palmitique, stéarique et linoléique et utilisée pour fabriquer du savon, pour l'éclairage, dans la médecine traditionnelle ou pour le calfatage des bateaux lorsqu'elle est mélangée à de la résine de Vateria indica. De cette huile peut être extrait 10 à 30 % d'une résine (lui donnant sa mauvaise odeur) qui est utilisée comme vernis. L'huile et le latex de takamaka furent utilisés pour teindre des vêtements à Java.
Les feuilles de takamaka contiennent de la saponine et du cyanure d'hydrogène, deux substances toxiques utilisées pour la pêche. Le latex est quant à lui riche en dérivés coumariniques aux propriétés insecticides ou piscicides. Le bois et l'écorce contiennent de grandes variétés de xanthones dont l'une, la jacareubine, n'est pratiquement produite que par le genre Calophyllum.
Pharmacopée
Une huile extraite du fruit est utilisée comme remède contre les rhumatismes, les ulcères, les brûlures, les maladies de peau mais également sur les plaies infectées. En 2015, une équipe de chercheurs a démontré pour la première fois que l'huile possédait d'une part, des propriétés cicatrisantes sur des cellules de peau humaine et d'autre part, qu'elle possédait des propriétés antibactériennes remarquables[2]. L'écorce, au vertus astringentes, est utilisée en décoction mélangée à du latex pour lutter contre les diarrhées, contre les maladies de peau et des yeux, contre les rhumatismes ou pour aider la mère après un accouchement. Les fleurs, les feuilles et les graines sont parfois également employés dans les médecines traditionnelles.
Les huiles du takamaka font aujourd'hui l'objet d'une production industrielle pour en faire des cosmétiques[3] ou des médicaments dans le Pacifique Sud. Les travaux menées en 2015[2] ont suscité un fort engouement de l'industrie cosmétique pour l'huile de takamaka. Une étude de 2016[4] a ainsi confirmé les résultats déjà publiés en 2015 sur les vertus cicatrisantes de l'huile de takamaka. Elle a également montré que cette huile favorisait la production de glycosaminoglycanes sur des cellules de peau en culture.
Utilisations écologiques
Le takamaka est utilisé en reboisement pour lutter contre l'érosion côtière et de grandes plantations permettent même de limiter certains effets des cyclones tropicaux (houle de tempête) ou des tsunamis. Il est également apprécié pour la décomposition de ses feuilles et de ses fruits qui sont utilisés comme engrais ou humus mais aussi pour son ombrage et son caractère ornemental.
Le fruit est également brûlé pour repousser les moustiques.
Rôle culturel
Le takamaka fait partie de l'utilisation quotidienne des habitants du Pacifique. Il est notamment planté pour signaler la présence d'un lieu sacré (temple, lieu mythique, marae, etc) dans les îles du Pacifique. Son bois est utilisé pour fabriquer des objets de la vie courante (ustensiles de cuisine, etc) et culturels (instruments de musique et religieux, etc).
Noms vernaculaires
Le takamaka porte différents noms suivant les langues utilisées pour le désigner :
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L'arbre est également appelé différemment suivant les zones géographiques où il est présent :
- takamaka aux Seychelles et dans les Mascareignes ;
- takamaka bord de mer à La Réunion ;
- foraha à Madagascar ;
- ball nut en Australie ;
- m'trondro à Mayotte ;
- beach calophyllum en Papouasie-Nouvelle-Guinée ;
- tamanu[8] en Polynésie Française ;
Poon est le nom commercial du takamaka.
Une autre espèce de takamaka endémique des Mascareignes, le Calophyllum tacamahaca, y est également appelée takamaka mais pour la différencier, on précise alors qu'il s'agit du takamaka des Hauts.
Notes et références
- Nathalie Vidal, Le grand livre des graines voyageuses sur les trois océans Atlantique, océan Indien et Pacifique, Éditions Orphie, , 240 p. (ISBN 979-10-298-0444-1), Famille : Clusiaceae : Calophyllum calaba et Calophyllum inophyllum pages 106 à 108
- Teddy Léguillier, Marylin Lecsö-Bornet, Christelle Lémus et Delphine Rousseau-Ralliard, « The Wound Healing and Antibacterial Activity of Five Ethnomedical Calophyllum inophyllum Oils: An Alternative Therapeutic Strategy to Treat Infected Wounds », PloS One, vol. 10, no 9, , e0138602 (ISSN 1932-6203, PMID 26406588, PMCID 4583440, DOI 10.1371/journal.pone.0138602, lire en ligne, consulté le )
- « Pacifique Sud Ingrédients », sur http://www.pacifiquesud.com/fr/ (consulté le )
- (en) Ansel JL, « Biological Activity of Polynesian Calophyllum inophyllum Oil Extract on Human Skin Cells. », Planta Medica 82(11-12), 2016 jul, p. 961-966 (lire en ligne)
- « Entries for FETAQU [MP] A tree (Calophyllum inophyllum) », sur pollex.shh.mpg.de (consulté le )
- « Austronesian Comparative Dictionary - Words: t », sur www.trussel2.com (consulté le )
- Marshallese-English Dictionary
- Géraldine Gault et Jérôme Capello, Le Tamanu, Calophyllum inophyllum L. : une plante remarquable de la flore et de la pharmacopée tahitiennes, (lire en ligne)
Articles connexes
- Takamaka des Hauts (Calophyllum tacamahaca)
- Les bienfaits de l'huile de Calophylle
- Les applications de l'huile de Tamanu
Sources
- (en) Référence JSTOR Plants : Calophyllum inophyllum (consulté le )
- (en) Référence Catalogue of Life : Calophyllum inophyllum L. (consulté le )
- (en) Référence Flora of China : Calophyllum inophyllum (consulté le )
- (en) Référence Madagascar Catalogue : Calophyllum inophyllum (consulté le )
- (en) Référence GRIN : espèce Calophyllum inophyllum L. (consulté le )
- (fr) Référence INPN : Calophyllum inophyllum L., 1753 (consulté le )
- (fr+en) Référence ITIS : Calophyllum inophyllum L. (consulté le )
- (en) Référence NCBI : Calophyllum inophyllum (taxons inclus) (consulté le )
- (en) Référence The Plant List : Calophyllum inophyllum L. (source : KewGarden WCSP) (consulté le )
- (en) Référence Tropicos : Calophyllum inophyllum L. (+ liste sous-taxons) (consulté le )
- (en) Référence uBio : Calophyllum inophyllum L. (consulté le )
- (en) Référence UICN : espèce Calophyllum inophyllum L., 1753 (consulté le )
- Référence African plants - A Photo Guide : Calophyllum inophyllum (en)
- (en) World Agroforestry Centre - Calophyllum inophyllum
- (en) Agroforestry - Calophyllum inophyllum
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