infâme
Français
Étymologie
Adjectif
Singulier | Pluriel | |
---|---|---|
Masculin et féminin |
infâme | infâmes |
\ɛ̃.fɑm\ |
infâme \ɛ̃.fɑm\ masculin et féminin identiques
- (Désuet) Qui a mauvaise réputation, qui est célèbre en mauvaise part (sens étymologique).
- Heureux qui n’est point attaché à cet écueil [la cour], infâme de tant de naufrages ! — (Gui Patin, Lettres, tome II, p. 421)
- Qui s’est diffamé dans l’opinion publique.
- Mais qui peut vivre infâme est indigne du jour. — (Corneille, Cid, I, 8)
- Qui, tant que sa poursuite a cru m’avoir infâme, ne m’a point souhaitée en qualité de femme. — (Jean de Rotrou, Venceslas, II, 1)
- Et toi, Neptune, et toi, si jadis mon courage d’infâmes assassins nettoya ton rivage […] — (Racine, Phèdre, IV, 2)
- En vain Descartes avait épuisé son génie à rassembler les preuves de la divinité, et à en chercher de nouvelles ; ses infâmes ennemis le comparèrent à Vanini dans un écrit public. — (Voltaire, Siècle de Louis XIV : Écrivains : Descartes)
- Ce secret qui pesait à son infâme cœur. — (Voltaire, Zaïre, IV, 5)
- Les infâmes courtisans du plus infâme des princes. — (Diderot, Claude et Néron, I, 83)
- Qui est diffamé, flétri par les lois.
- Un infâme meurtrier leur avait déjà assassiné le brave M. de Mouy, à ces pauvres gens. — (Alexandre Dumas, La Reine Margot, 1845, vol. I, ch. VI)
- Jésus-Christ paraîtrait sur les théâtres, en la personne d’un acteur, d’une actrice effrontée, gens infâmes, même selon les lois des hommes ? — (Jean Baptiste Massillon, Carême)
- Élus. Esopus et Roscius [acteurs à Rome] n’étaient pas des sénateurs romains, il est vrai ; mais le flamen ne les déclarait point infâmes, et on ne se doutait pas que l’art de Térence fût un art semblable à celui de Locuste [célèbre empoisonneuse] — (Voltaire, Dictionnaire philosophique : Police des théâtres)
- Se dit des choses qui entraînent la flétrissure morale.
- L’abandonnerez-vous à l’infâme couteau qui fait choir les méchants sous la main d’un bourreau ? — (Corneille, Horace, V, 3)
- N’attendez pas de moi d’infâmes repentirs. — (Corneille, Cinna, V, 1)
- La mort la plus infâme, ils l’appellent martyre. — (Corneille, Polyeucte, III, 4)
- Les infâmes projets de ses assassinats. — (Corneille, Nicomède, III, 4)
- Malgré la défection de tant de sujets, malgré l’infâme désertion de la milice, — (Bossuet, Reine d’Angleterre)
- Depuis le jour infâme où de mon propre fils je me trouvai la femme. — (Racine, La Thébaïde ou Les Frères ennemis, III, 2)
- À la porte d’Aman est déjà préparé d’un infâme trépas l’instrument exécrable. — (Racine, Esther, III, 4)
- J’ai su qu’il a mené une vie infâme ; mais pourquoi as-tu négligé son éducation ? — (Fénelon, Dialogues des morts : Antonin Pie et Marc Aurèle)
- Il se dit quelquefois, par exagération, de ce qui est messéant, indigne.
- En effet tous ces soins sont des choses infâmes : Sommes-nous chez les Turcs pour renfermer les femmes ? — (Molière, L’École des maris, I, 2)
- Avec un si bon dos, ma foi, monsieur Loyal, quelques coups de bâton ne vous siéraient pas mal. - On pourrait bien punir ces paroles infâmes, ma mie, et l’on décrète aussi contre les femmes. — (Molière, Le Tartufe, V, 4)
- On l’applique aussi en ce sens aux personnes.
- N’êtes-vous point trop bonne d’avoir écrit à Mlle de Méri ? Mon Dieu, je lui ai écrit aussi ; que deviendra tout cela ? Elle fera de grands cris, et vous trouvera trop généreuse, comme vous l’êtes en effet, et moi bien vilaine, bien crasseuse, bien infâme ; enfin, ma mignonne, nous verrons sa réponse. — (Madame de Sévigné, Lettres : 12 juillet 1690)
- Ignoble, immonde, infect.
- On le logea dans un taudis infâme. Vous avez là un habit infâme.
Dérivés
- infâme de droit — (Ancienne jurisprudence) celui qui avait subi, par jugement, une peine infâme.
- infâme de fait — celui qui exerçait une profession réputée infâme, comme le bourreau, les tortionnaires, les comédiens. En parlant des choses qui entraînent la flétrissure légale.
- La condition des comédiens était infâme chez les Romains, — (La Bruyère)
- Enfin tout bas commerce était infâme chez les Grecs. — (Montesquieu, De l’esprit des lois, IV, 8)
- Il y a des fonctions infâmes, malheureusement nécessaires au bon ordre de la société. — (Diderot, Claude et Néron, I, 51)
- lieu infâme — lieu de prostitution.
- Cymodocée est condamnée aux lieux infâmes ; Hiéroclès l’y attend. — (Chateaubriand, Les Martyrs, XXII)
Nom commun
Singulier | Pluriel | |
---|---|---|
Masculin et féminin |
infâme | infâmes |
\ɛ̃.fɑm\ |
infâme \ɛ̃.fɑm\ masculin et féminin identiques
- Celui, celle qui a fait des choses flétries par la loi ou par la morale.
- Les infâmes ne sont pas reçus en témoignage.
- Ne me parlez jamais en faveur d’un infâme. — (Corneille, Horace, IV, 1)
- Épouse-la, parjure, et fais-en une infâme […] — (Corneille, Pertharite, I, 4)
- Croyez-vous que ce nous soit une gloire d’être sortis d’un sang noble, lorsque nous vivons en infâmes ? — (Molière, Don Juan, IV, 6)
- Qu’importe qu’en tous lieux on me traite d’infâme ? Dans mon coffre, tout plein de rares qualités, j’ai cent mille vertus en louis bien comptés. — (Boileau, Épître V)
- Il accorde sa confiance à deux jeunes infâmes d’une rare beauté, Othon et Sénécion, liés entre eux d’une amitié suspecte. — (Diderot, Claude et Néron, I, 48)
- Par exagération.
- Un infâme : Une personne qui mérite les plus graves reproches.
- C’est bien à vous, infâme que vous êtes, à vouloir faire l’homme d’importance. — (Molière, Les Précieuses Ridicules, 14)
Apparentés étymologiques
Traductions
Références
- « infâme », dans Émile Littré, Dictionnaire de la langue française, 1872-1877 → consulter cet ouvrage
- Dictionnaire de l’Académie française, cinquième édition, 1798 → consulter cet ouvrage
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