Campagne d'Égypte
La campagne d’Égypte est l'expédition militaire en Égypte menée par le général Bonaparte et ses successeurs, de 1798 à 1801, dans le but de s'emparer de l'Égypte et de l'Orient et de barrer la route des Indes à la Grande-Bretagne, dans le cadre de la lutte contre cette dernière puisqu'elle maintenait les hostilités contre la France révolutionnaire.
Ne doit pas être confondu avec bataille d'El-Alamein ou guerre du Désert.
Date | 1798 - 1801 |
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Lieu | Égypte, Levant |
Casus belli | Le Directoire décide d'entraver la puissance commerciale britannique, en barrant la route des Indes orientales |
Issue |
Victoire ottomano-britannique
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Changements territoriaux | Conquête française de l'Égypte |
République française | Empire ottoman Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande |
45 000 soldats 10 000 marins 13 navires de lignes 14 frégates | 220 000 soldats (Ottomans) 30 000 soldats (Anglais) |
15 000 tués ou blessés[1] 8 500 prisonniers | 50 000 tués ou blessés[1] 15 000 prisonniers |
Guerres de la Révolution française
Batailles
Guerre de la Deuxième Coalition
- Alexandrie (07-1798)
- Chebreiss (07-1798)
- Pyramides (07-1798)
- 1re Aboukir (08-1798)
- Sédiman (10-1798)
- Caire (10-1798)
- Samanouth (01-1799)
- El Arish (02-1799)
- Syène (02-1799)
- Jaffa (03-1799)
- Saint-Jean-d'Acre (03-1799)
- Mont-Thabor (04-1799)
- 2e Aboukir (07-1799)
- Damiette (11-1799)
- Héliopolis (03-1800)
- 3e Aboukir (03-1801)
- Mandora (03-1801)
- Canope (03-1801)
- Alexandrie (08-1801)
Elle se double d'une expédition scientifique : de nombreux historiens, botanistes, dessinateurs accompagnant l'armée afin de redécouvrir les richesses de l'Égypte. Elle est donc parfois aussi appelée « expédition d’Égypte », lorsque son côté scientifique, moins martial, est considéré.
Le (30 floréal an VI), aussitôt après l'arrivée du trésor monétaire pillé à Berne[2], le corps expéditionnaire français quitte Toulon, mais des navires les accompagnent de Marseille, Gênes, Ajaccio, Civitavecchia. Au total, plus de 400 navires prennent part à cette flotte, ainsi que 40 000 hommes et 10 000 marins. La flotte s'empare tout d'abord de Malte le , puis débarque à Alexandrie le .
Une des plus célèbres batailles de cette campagne est la bataille des Pyramides qui a lieu le .
Les troupes révolutionnaires sont finalement vaincues et doivent abandonner l'Égypte mi-1801.
Préparatifs
Contexte
C'est le Directoire qui décide de l’expédition d’Égypte. Les directeurs, qui assument le pouvoir exécutif en France, ont recours à l'armée pour maintenir l’ordre face aux menaces jacobines et royalistes. Ils font appel au général Bonaparte, déjà auréolé de succès, notamment grâce à la campagne d'Italie.
Le but de l'expédition est longtemps resté secret : certains pensent qu’il faut éloigner un Bonaparte trop encombrant et trop ambitieux ; mais il s’agit surtout de gêner la puissance commerciale britannique, pour laquelle l’Égypte est une pièce importante sur la route des Indes orientales. Comme la France n’est pas prête à attaquer la Grande-Bretagne de front, le Directoire décide l’intervention indirecte afin de créer un « double port » (préfiguration du canal de Suez)[3].
L'historien Emmanuel de Waresquiel avance que l'une des raisons de la campagne d'Égypte a pu se trouver dans les tractations secrètes de Talleyrand avec l'Angleterre pour créer une manœuvre de diversion ce qui expliquerait que la flotte française ait pu arriver sans encombre à Alexandrie[4].
L’Égypte est alors une province de l’Empire ottoman repliée sur elle-même et soumise aux dissensions des mamelouks. Elle échappe au contrôle étroit du sultan. En France, la mode égyptienne bat son plein : Bonaparte rêve de marcher sur les traces d’Alexandre le Grand.[réf. souhaitée] Les intellectuels pensent que l’Égypte est le berceau de la civilisation occidentale et que la France se devait d'apporter les idées des Lumières au peuple égyptien.[réf. souhaitée] Enfin, les négociants français installés sur le Nil se plaignent des tracasseries causées par les mamelouks.
Avant le départ de Toulon
Le bruit court tout à coup que 40 000 hommes de troupes de terre et 10 000 marins sont réunis dans les ports de la Méditerranée ; qu’un armement immense se prépare à Toulon organisé par le commandant des armes Vence et l'ordonnateur Najac : treize vaisseaux de ligne, quatorze frégates, quatre cents bâtiments sont équipés pour le transport de cette nombreuse armée, dont la destination est toujours un mystère (seuls Bonaparte, ses généraux Berthier et Caffarelli ainsi que le mathématicien Gaspard Monge la connaissent) afin d'éviter de croiser la flotte anglaise de l'amiral Nelson[3].
Le général Bonaparte organise son État-Major et choisit ses aides de camp. Comme en Italie, il choisit huit officiers pour remplir cette fonction. Ce seront : Duroc, Beauharnais, Jullien, le noble polonais Sulkowski, Croizier, Lavalette, Guibert et Merlin[5]. Bonaparte a notamment sous ses ordres Thomas Alexandre Dumas, Kléber, Desaix, Berthier, Caffarelli, Lannes, Damas, Murat, Andréossy, Belliard, Menou, Joseph-Louis-Victor Jullien[6], Reynier et Zajączek…
La grande flotte de Toulon avait reçu les escadres de Gênes, de Civitavecchia, de Bastia ; elle est commandée par l’amiral Brueys et les contre-amiraux Villeneuve, Duchayla, Decrès et Ganteaume.
La flotte est sur le point d’appareiller et de partir lorsqu’un incident mineur menace de tout suspendre : en arborant le tout nouveau drapeau tricolore sur l'ambassade de France, Bernadotte, ambassadeur de la République française à Vienne, a provoqué une émeute et est contraint de quitter la capitale autrichienne. Les avantages reconnus par le traité de Campo-Formio, et notamment la paix avec l'Autriche, risquent donc d'être remis en question.
Le Directoire pense alors à annuler l'opération pour que Bonaparte puisse le cas échéant faire face à l'Autriche. Cependant, après quelques explications, les affaires s’arrangent et la paix est maintenue. Bonaparte reçoit ordre de se rendre à Toulon le plus tôt possible[7].
Bonaparte arrive à Toulon le . Il loge à l'hôtel de la Marine. Dix jours après, au moment de s’embarquer, s’adressant particulièrement à ses soldats de l’armée d’Italie, il leur dit :
« Soldats ! vous êtes une des ailes de l’armée d'Angleterre. Vous avez fait la guerre des montagnes, des plaines et des sièges ; il vous reste à faire la guerre maritime. Les légions romaines, que vous avez quelquefois imitées, mais pas encore égalées, combattaient Carthage tour à tour sur cette même mer et aux plaines de Zama. La victoire ne les abandonna jamais, parce que constamment elles furent braves, patientes à supporter les fatigues, disciplinées et unies entre elles… Soldats, matelots, vous avez été jusqu’à ce jour négligés ; aujourd’hui, la plus grande sollicitude de la République est pour vous… Le génie de la liberté, qui a rendu, dès sa naissance, la République, arbitre de l’Europe, veut qu’elle le soit des mers et des nations les plus lointaines. »
Le jour de son arrivée, il leur avait dit : « Je promets à chaque soldat qu’au retour de cette expédition, il aura à sa disposition de quoi acheter six arpents de terre ».
Prise de Malte
Vingt jours après l'appareillage le corps expéditionnaire se trouve devant Malte. Bonaparte, devant le refus du grand maître de l'ordre de Malte, Ferdinand von Hompesch zu Bolheim, d'accueillir l'armée française pour une période limitée avant son départ, décide de prendre l'île de force, et, grâce au peu d’attachement que la population avait conservé pour les chevaliers, il suffit de quelques coups de canon pour faire tomber la redoutable forteresse de La Valette au pouvoir des Français[8].
Bonaparte s’empare de Malte surtout à cause de son importante position dans la Méditerranée, permettant de repousser les Anglais qui naviguent dans cette région et qui ont des vues sur le fort de La Valette.
Avant de quitter l’île, le général en chef fait mettre en liberté les captifs barbaresques et italiens emprisonnés dans les bagnes. Cette mesure est interprétée comme un calcul politique, qui a pour but de permettre aux troupes françaises d'acquérir une bonne image auprès des populations musulmanes en faisant preuve de générosité, alors même qu'elles préparent l'invasion d'une terre d'islam.
Bonaparte en Égypte
Débarquement à Alexandrie
Treize jours après le départ de Malte, la flotte est en vue d’Alexandrie. Avant le débarquement, qui se fait immédiatement, le général adresse cette proclamation à son armée :
« Les peuples avec lesquels nous allons vivre sont mahométans ; leur premier article de foi est celui-ci : « Il n’y a d’autre Dieu que Dieu, et Mahomet est son prophète ». Ne les contredites pas ; agissez avec eux comme vous avez agi avec les Juifs, avec les Italiens ; ayez des égards pour leurs muphtis et pour leurs imans, comme vous en avez eu pour les rabbins et les évêques. Ayez pour les cérémonies que prescrit l’Alcoran, pour les mosquées, la même tolérance que vous avez eue pour les couvents, pour les synagogues, pour la religion de Moïse et celle de Jésus-Christ. Les légions romaines protégeaient toutes les religions. Vous trouverez ici des usages différents de ceux de l’Europe, il faut vous y accoutumer. Les peuples chez lesquels nous allons, traitent les femmes différemment que nous ; mais dans tous les pays celui qui viole est un monstre. Le pillage n’enrichit qu’un petit nombre d’hommes ; il nous déshonore, il détruit nos ressources ; il nous rend ennemis des peuples qu’il est de notre intérêt d’avoir pour amis. La première ville que nous allons rencontrer a été bâtie par Alexandre. Nous trouverons à chaque pas de grands souvenirs dignes d’exciter l’émulation des Français. »
Menou, qui partira le dernier de l’Égypte, y prend terre le premier. Bonaparte et Kléber débarquent ensemble et le rejoignent dans la nuit à l'anse du Marabout à treize kilomètres d'Alexandrie. Le général en chef, instruit qu’Alexandrie a l’intention de lui opposer de la résistance, se hâte de débarquer, et à deux heures du matin, il se met en marche sur trois colonnes, arrive à l’improviste sous les murs de la place, ordonne l’assaut ; les forces égyptiennes cèdent et prennent la fuite. Les soldats français, malgré l’ordre de leur chef, se précipitent dans la ville, qui n’a pas le temps de capituler et se rend à discrétion.
Une fois maître de cette capitale, et avant de pénétrer plus avant sur le sol égyptien, Napoléon adresse le une proclamation aux habitants musulmans d’Alexandrie.
« Depuis trop longtemps les beys qui gouvernent l’Égypte insultent la nation française et couvrent ses négociants d’avanies. L’heure de leur châtiment est arrivée. Depuis trop longtemps ce ramassis d’esclaves, achetés dans le Caucase et la Géorgie, tyrannise la plus belle partie du monde ; mais Dieu, de qui dépend tout, a ordonné que leur empire finisse. Peuple de l’Égypte, on vous dira que je viens pour détruire votre religion, ne le croyez pas ; répondez que je viens vous restituer vos droits, punir les usurpateurs, et que je respecte Dieu, son prophète et le Coran plus que les Mameloucks. Dites-leur que tous les hommes sont égaux devant Dieu ; la sagesse, les talents, les vertus mettent seuls de la différence entre eux… Y a-t-il une plus belle terre ? elle appartient aux Mameloucks. Si l’Égypte est leur ferme, qu’ils montrent le bail que Dieu leur en a fait… Cadis, cheiks, imans, tchorbadjis, dites au peuple que nous sommes aussi de vrais musulmans. N’est-ce pas nous qui avons détruit les chevaliers de Malte ? N’est-ce pas nous qui avons détruit le pape qui disait qu’il fallait faire la guerre aux musulmans ? N’est-ce pas nous qui avons été dans tous les temps les amis du Grand-Seigneur et les ennemis de ses ennemis ?… Trois fois heureux ceux qui seront avec nous ! Ils prospèreront dans leur fortune et dans leur rang. Heureux ceux qui seront neutres ! Ils auront le temps de nous connaître, et ils se rangeront avec nous. Mais malheur, trois fois malheur à ceux qui s’armeront pour les Mameloucks et qui combattent contre nous ! Il n’y aura pas d’espérance pour eux, ils périront[9]. »
Lorsque le débarquement est achevé, l’amiral Brueys reçoit ordre de conduire la flotte dans le mouillage d’Aboukir. Quant à l’escadre, elle doit, ou entrer dans le vieux port d’Alexandrie, si cela se peut, ou bien se rendre à Corfou. L’arrivée certaine des Britanniques, qui déjà se sont montrés dans les parages d’Alexandrie vingt-quatre heures avant l’arrivée des Français, rend ces précautions nécessaires. Le commandement français cherche à éviter tout combat naval : une défaite pouvant avoir des conséquences désastreuses pour la campagne ; les Français souhaitent marcher au plus vite sur Le Caire, afin d’effrayer le commandement égyptien et de le surprendre avant qu'il n'ait achevé de préparer sa défense.
Vers la bataille des Pyramides
Desaix se met en route avec sa division et deux pièces de campagne ; il arrive, à travers le désert, le 18 messidor (), à Damanhur, à un peu moins de soixante-dix kilomètres d’Alexandrie. Bonaparte, en quittant cette dernière ville, en laisse le commandement à Kléber qui est blessé. Le général Dugua marche sur Rosette ; il a ordre de s’en emparer et de protéger l’entrée dans le port de la flottille française, qui doit suivre la route du Caire, sur la rive gauche du Nil, et rejoindre l’armée par Rahmanié. Le 20 (), Bonaparte arrive à Damanhur, où il trouve l’armée réunie. Le 22 (), les Français se mettent en marche pour Rahmanié : les soldats s'y reposent en attendant la flottille, qui porte les provisions : elle arrive le 24 (). L’armée se remet en marche pendant la nuit ; la flottille suit son mouvement.
La violence des vents entraîne tout à coup les bateaux français au-delà de la gauche de l’armée et les pousse contre la flottille égyptienne. Celle-ci est soutenue par le feu de 4 000 mamelouks, renforcés de paysans et d’Arabes, et cependant, quoiqu’inférieurs en nombre, les Français lui font perdre ses chaloupes canonnières. Attiré par le bruit du canon, Bonaparte accourt au pas de charge. Le village de Chebreiss est attaqué et emporté après deux heures d’un combat acharné, c'est la bataille de Chebreiss. Les forces égyptiennes fuient en désordre vers Le Caire, laissant 600 morts sur le champ de bataille.
Après un jour de repos à Chebreiss, le corps expéditionnaire se remet à leur poursuite. Le 2 thermidor (), il arrive à une demi-lieue du village d’Embabé. La chaleur est intense : l’armée est accablée de fatigue. Cependant les mamelouks, que l’on voit se déployer en avant du village, ne lui laissent pas de répit. Bonaparte range ses troupes en bataille, et leur montrant les fameuses pyramides que l’on aperçoit en arrière de la gauche de l’ennemi, se serait écrié « Soldats, songez que du haut de ces monuments, quarante siècles vous contemplent »[10]. Et en même temps, il ordonne l’attaque. C'est le début de la bataille des Pyramides, victorieuse pour les troupes françaises.
Victoire des Pyramides, désastre naval d’Aboukir
La brigade Dupuy, qui continue à suivre les Mamelouks en déroute, entre pendant la nuit dans Le Caire que les beys Mourad et Ibrahim viennent de quitter.
Le 4 thermidor (), les notables de la capitale se rendent à Gizeh, auprès de Bonaparte, et lui offrent de lui remettre la ville. Trois jours après, il y transporte son quartier général. Desaix reçoit l’ordre de suivre Mourad, qui a pris le chemin de la Haute-Égypte. Un corps d’observation est placé à El-Kanka pour surveiller les mouvements d’Ibrahim, qui se dirige vers la Syrie. Bonaparte en personne se met à sa poursuite, le bat à Salahie et le chasse complètement de l’Égypte, après quoi il revient au Caire.
Le , apprenant que la flotte française est restée dans la baie d'Aboukir, Bonaparte envoie son aide de camp Jullien, escorté par une quinzaine d’hommes de la 75e demi-brigade, pour ordonner à l’amiral Brueys « de mouiller immédiatement dans le Port-Vieux ou de se réfugier à Corfou ». Mais, il est massacré avec son escorte par les habitants du village d’Alqam le [11]. Même s’il avait pu parvenir à Aboukir, il serait arrivé trop tard, la bataille s’étant déroulée la veille. En effet, le , l’escadre de Nelson, après avoir recherché la flotte française pendant de longues semaines, découvre celle-ci dans la rade d’Aboukir. En quelques heures, onze des treize vaisseaux de ligne français sont pris ou détruits ainsi que deux frégates. Les débris de la flotte de l’amiral Brueys, deux vaisseaux et deux frégates, s'enfuient. La Royal Navy prend ainsi le contrôle de la Méditerranée orientale et empêche l’arrivée de tout renfort substantiel[12].
Administration de l’Égypte par Bonaparte
Cependant, Bonaparte parvient à asseoir son pouvoir sur la population en faisant la preuve de son adresse politique. Il se comporte en Égypte comme s’il en était le souverain absolu[13].
Lors du Mawlid, la fête religieuse célébrant la naissance de Mahomet, il dirige lui-même les évolutions militaires organisées pour l'occasion ; il paraît à la fête et chez le cheikh vêtu à l’orientale et coiffé d'un turban. C’est à cette occasion que le Divan le qualifie du titre d’Ali-Bonaparte alors que Bonaparte se proclame lui-même « digne enfant du Prophète » et « favori d’Allah ». Vers la même époque, il fait prendre des mesures sévères pour la protection de la caravane des pèlerins qui se rendent à La Mecque. À ce sujet, il écrit lui-même une lettre au gouverneur de cette ville.
Néanmoins, les populations, nullement convaincues de la sincérité de toutes ces tentatives de conciliation, se révoltent sans cesse à cause de la prise d’impôts, devenue nécessaire pour subvenir aux besoins de l’armée. Les attaques imprévues, le poignard, tous les moyens sont licites pour exterminer ces « infidèles » venus de l’Occident. Les exécutions militaires ne font qu’exaspérer ces fureurs, elles sont loin de les éteindre. Les Français, enfin, ne sont véritablement les maîtres que du terrain qu’ils ont sous leurs pieds.
Le amène l’anniversaire de la fondation de la Première République française. Bonaparte fait célébrer cette fête avec toute la magnificence possible. Par ses ordres, un cirque immense est construit dans la plus grande place du Caire ; 105 colonnes, sur chacune desquelles flotte un drapeau portant le nom d’un département, décorent cette construction, dont un obélisque colossal, chargé d’inscriptions, occupe le centre. Sur sept autels antiques se lisent les noms des soldats morts au champ d’honneur. On entre dans l’enceinte en passant sous un arc de triomphe, sur lequel est représentée la bataille des Pyramides. Il y a là un peu de maladresse : si cette peinture flatte l’orgueil des Français, elle fait éprouver des sentiments pénibles aux Égyptiens vaincus, et dont on s’efforce, mais en vain, de faire des alliés fidèles.
Le jour de cette fête, le général en chef adresse une allocution aux soldats, dans laquelle, après avoir fait l’énumération de leurs exploits depuis le siège de Toulon, il leur dit :
« Depuis l’Anglais, célèbre dans les arts et le commerce, jusqu’au hideux et féroce Bédouin, vous fixez les regards du monde. Soldats, votre destinée est belle… Dans ce jour, quarante millions de citoyens célèbrent l’ère du gouvernement représentatif, quarante millions de citoyens pensent à vous. »
Après s’être rendu maître du pays par la force, Bonaparte entend imprimer la marque de l'Occident sur l’Égypte. Sous ses directives, Le Caire prend bientôt l’aspect d’une ville européenne ; son administration est confiée à un Divan choisi parmi les hommes les plus recommandables de la province. Les autres villes reçoivent en même temps des institutions municipales. Un Institut, composé sur le modèle de l'Institut de France, est organisé. Le conquérant, devenu législateur le dote d’une bibliothèque, d’un cabinet de physique, d’un laboratoire de chimie, d’un jardin de botanique, d’un observatoire, d’un musée d’antiquités, d’une ménagerie et au titre d’académicien, il joint celui de Président de l’Institut d'Égypte.
Sous ses ordres, des savants dressent un tableau comparatif des poids et mesures égyptiens et français, ils composent un vocabulaire français-arabe et ils calculent un triple calendrier égyptien, copte et européen. Deux journaux, l’un de littérature et d’économie politique, sous le titre de Décade égyptienne[14], l’autre de politique, sous celui de Courrier égyptien, sont rédigés au Caire.
L’armée, considérablement éprouvée, autant par les maladies que par les batailles, ne doit plus s’attendre depuis l’incendie de la flotte à recevoir des renforts de France. Pour obvier à cet inconvénient, Bonaparte ordonne une levée parmi les esclaves, depuis l’âge de seize jusqu’à vingt-quatre ans ; 3 000 marins, échappés au désastre d’Aboukir, sont enrégimentés et forment la légion nautique.
Toutes les rues du Caire sont à cette époque fermées la nuit par des portes, afin de mettre les habitants à l’abri d’un coup de main de la part des bédouins du désert. Le général en chef fait enlever ces clôtures, derrière lesquelles, en cas de sédition, les Égyptiens sont en mesure de combattre avec quelque avantage contre les Français ; la révolte du Caire justifie la prévoyance de Bonaparte.
Bonaparte, l'Islam et la culture arabe
Napoléon, cependant, adopte une partie des us et coutumes du monde arabe[15],[16]. L'intérêt manifeste de Bonaparte pour l'Islam, déjà manifeste dans ses jeunes années, se manifeste en Égypte par sa quasi-convertion à l'Islam. Bonaparte prend le nom de Napoléon-Ali[15], porte la barbe et déclare sur la place du Caire un semblant de chahada : « Il n'y a d'autre Dieu qu'Allah et Mahomet est son prophète ». Se faisant appeler « favori d'Allah » et appelé par les Égyptiens « le Sultan El-Kébir », il semble cependant que malgré les curiosités et l'intérêt réel de Bonaparte pour l'Islam et la culture arabe, celui-ci ait avant tout procédé à ces déclarations par calcul politique[15],[16],[17].
La révolte du Caire
Le , alors que Bonaparte est au vieux Caire, la population de la capitale se soulève, se fortifie sur divers points, et principalement dans la grande mosquée. « Dès la pointe du jour quelques rassemblements se formèrent dans les rues, ils grossirent peu à peu et se portèrent en masse vers la demeure du Cadi Ibrahim Ehctem-Efendy. Vingt personnes des plus marquantes lui sont députées. Le vénérable vieillard demande le motif qui les amène. Ils se plaignent d'une mesure fiscale que vient de prendre le chef de l'armée française relativement aux propriétés : ils invitent le magistrat à les suivre chez Bonaparte afin d'obtenir l'abrogation de cette mesure »[18]. Le chef de brigade Dupuy, commandant de la place, est tué le premier. Sulkowski, l'aide de camp préféré de Bonaparte, subit le même sort ; le général Bon prend le commandement. Excités par les cheikhs et les imams, les Égyptiens souhaitent en découdre avec les Français et égorgent ceux qui se trouvent sur leur chemin. Des rassemblements se pressent aux portes de la ville pour en défendre l’entrée au général en chef qui, repoussé à la porte du Caire, est obligé de faire un détour pour entrer par celle de Boulaq.
La situation de l’armée française est des plus critiques : les Britanniques menacent les villes maritimes ; Mourad Bey tient toujours la campagne dans la Haute-Égypte ; les généraux Menou et Dugua contiennent à peine la Basse-Égypte. Les Arabes réunis aux paysans font cause commune avec les révoltés du Caire. Dans un manifeste dit « du Grand Seigneur », répandu avec profusion dans toute l’Égypte, on lit :
« Le peuple français est une nation d’infidèles obstinés et de scélérats sans frein… Ils regardent le Coran, l’Ancien Testament et l’Évangile, comme des fables… Dans peu, des troupes aussi nombreuses que redoutables s’avanceront par terre, en même temps que des vaisseaux aussi hauts que des montagnes couvriront la surface des mers… Il vous est, s’il plaît à Dieu, réservé de présider à leur entière destruction (des Français) ; comme la poussière que les vents dispersent, ils ne restera plus aucun vestige de ces infidèles : car la promesse de Dieu est formelle, l’espoir du méchant sera trompé, et les méchants périront. Gloire au Seigneur des mondes ! »
Bonaparte prend des mesures pour mater la révolte. Il ordonne à ses troupes de repousser les Arabes dans le désert, l’artillerie est braquée tout autour de la ville rebelle. Les insurgés sont acculés et doivent se concentrer dans la grande mosquée. Par chance pour les Français, le temps devient orageux. Ce phénomène, rarissime en Égypte, est interprété par une population superstitieuse comme un mauvais présage. Les insurgés demandent à Bonaparte d'accepter leur reddition : « Il est trop tard, leur fait-il répondre ; vous avez commencé, c’est à moi de finir ». Et, tout de suite, il ordonne à ses canonniers de faire feu sur la grande mosquée. Les Français en brisent les portes et s’y introduisent de vive force : ils massacrent les Égyptiens.
Redevenu le maître absolu de la ville, le général en chef fait rechercher les auteurs et les instigateurs de la révolte. Quelques cheikhs, plusieurs Turcs ou Égyptiens, convaincus d’avoir fomenté les troubles, sont exécutés. Pour compléter le châtiment, la ville est frappée d’une forte contribution, et son Divan est remplacé par une commission militaire. Afin d’atténuer les effets produits par le firman dit du Grand Seigneur, on affiche dans toutes les villes de l’Égypte une proclamation qui se termine ainsi :
« Cessez de fonder vos espérances sur Ibrahim et sur Mourad, et mettez votre confiance en celui qui dispose à son gré des empires et qui a créé les humains »
Recherche du canal des pharaons
Se voyant de nouveau tranquille possesseur de sa conquête, Bonaparte profite de ce temps de répit pour aller visiter le port de Suez et s’assurer de ses propres yeux de la possibilité d’un canal creusé, dit-on à l'époque, dans l’Antiquité, par ordre des pharaons, mettant en communication la mer Rouge avec la mer Méditerranée. Avant de partir pour cette expédition, il rend aux habitants du Caire, comme gage de pardon, leur gouvernement national ; un nouveau Divan composé de soixante membres remplace la commission militaire.
Puis, accompagné de ses collègues de l’Institut, Berthollet, Monge, Le Père, Dutertre, Costaz, Caffarelli, et suivi d’une escorte de trois cents hommes, il prend le chemin de la mer Rouge, la caravane parvient en trois jours à Suez. Après avoir donné des ordres pour compléter les fortifications de la place, Bonaparte traverse la mer Rouge, et va reconnaître en Arabie les célèbres fontaines de Moïse[19] le . À son retour, surpris par la marée montante, il manque de se noyer. Arrivé à Suez, il reçoit une députation d’Arabes qui viennent solliciter l’alliance des Français. Finalement, après quelques recherches, on retrouve des traces de l’ancien canal des pharaons Sésostris III et Nékao II, et le but du voyage est atteint.
Sur ces entrefaites, le commandement français apprend que Djezzar Pacha (surnommé "le boucher", djezzar en arabe, pour sa cruauté), de Syrie, s’est emparé du fort d’El-Arich, situé sur la Méditerranée, à proximité de la frontière d’Égypte avec la Palestine, qu’il est destiné à défendre. Ne doutant plus de l’imminence d’une guerre avec le sultan ottoman, le général décide d’en prévenir les événements, et l’expédition de Syrie est engagée.
L'expédition de Syrie
De retour au Caire, il donne ordre à 12 945 soldats de se tenir prêts à marcher. Ces derniers sont organisés ainsi :
- Infanterie :
- Cavalerie (commandée par Murat) : 800 hommes.
- Artillerie (commandée par Dommartin) : 1 385 hommes.
- Génie (commandé par Caffarelli du Falga) : 340 hommes.
- Régiment de dromadaires (commandé par Cavalier) : 88 hommes[20].
Les 400 guides à cheval qui forment l'escorte ordinaire de Bonaparte sont commandés par Bessières. Le contre-amiral Perrée doit aller croiser devant Jaffa, et apporter l’artillerie de siège : celle de campagne est de quatre-vingts bouches à feu. Sa flotte se compose des frégates Junon (quarante-deux canons), Courageuse (quarante canons) et Alceste (trente-huit canons), ainsi que des bricks Salamine et Alerte, armés tous deux de dix-huit canons. Elle laisse sur place outre les approvisionnements qu'elle transporte, quatre des pièces de dix-huit de la Junon et six-cents boulets de douze.
Reynier, qui commande l’avant-garde, arrive en peu de jours devant El-Arich, s’empare de la place, détruit une partie de la garnison, et force le reste à se réfugier dans le château ; en même temps il met en fuite les mamelouks d’Ibrahim et se rend maître de leur camp. Sept jours après son départ du Caire, Bonaparte arrive devant El-Arich, et sur le champ il fait canonner une des tours du château. La garnison capitule deux jours après ; une partie des soldats prennent du service dans l’armée française.
Après soixante lieues d’une marche pénible dans le désert, l’armée arrive à Gaza ; elle s’y rafraîchit et s’y repose pendant deux jours. Trois jours après, elle se trouve sous les murs de Jaffa. Cette place est entourée de hautes murailles, flanquées de tours. Djezzar en a confié la défense à des troupes d’élite ; l’artillerie est servie par 1 200 canonniers turcs. Les forces françaises doivent impérativement s'en emparer car c’est un des points d'accès à la Syrie ; son port offre un abri sûr à l’escadre : de sa chute dépend en grande partie le succès de l’expédition.
Tous les ouvrages extérieurs sont au pouvoir des assiégeants ; la brèche est praticable ; lorsque Bonaparte envoie un Turc au commandant de la ville pour le sommer de se rendre, celui-ci le fait décapiter au sabre malgré la neutralité du diplomate et ordonne une sortie. Il est repoussé et dès le soir du même jour les boulets des assiégeants font s'écrouler une des tours. Malgré la résistance désespérée de ses défenseurs, Jaffa succombe. Les forces françaises y commettent pendant deux jours et deux nuits des nombreuses exactions. Quatre mille prisonniers sont fusillés ou décapités (par un trancheur de tête musulman engagé en Égypte) pour marquer les esprits. Cette exécution vengeresse a trouvé des apologistes :
« Car pour maintenir dans la soumission un nombre si considérable de captifs, il eût fallu en confier la garde à une escorte qui eût diminué d’autant les forces de l’armée ; que si on leur eût permis de se retirer en toute liberté, il était raisonnable de craindre qu’ils n’allassent grossir les rangs des troupes de Djezzar[21]. »
Avant de quitter Jaffa, Bonaparte y établit un Divan, un grand hôpital, dans lequel sont reçus les soldats atteints de la peste. Des symptômes de cette épidémie se sont manifestés parmi les troupes dès le commencement du siège. Un rapport des généraux Bon et Rampon a donné de vives inquiétudes à Bonaparte sur la propagation de ce fléau. Afin de dissiper les craintes et de tranquilliser les esprits, il se rend au chevet des malades en leur disant : « Vous le voyez, cela n’est rien ». Au sortir de l’hôpital, il répond à ceux qui l’accusent d’avoir commis une grande imprudence : « C’était mon devoir, je suis le général en chef ».
De Jaffa, l’armée se dirige sur Saint-Jean-d'Acre. Chemin faisant, elle prend Kaïffa, où elle trouve des munitions et des approvisionnements de toute espèce. Les châteaux de Jaffet, de Nazareth et la ville de Tyr tombent aussi en son pouvoir ; mais Saint-Jean-d'Acre sera le point d'arrêt de cette expédition. Située sur le bord de la mer, la ville peut recevoir de ce côté des renforts ; la marine britannique appuyant celle du sultan ottoman.
Après soixante jours d’attaques réitérées et deux assauts meurtriers et sans résultat, la place tient toujours ferme. Cependant, outre les renforts qu’elle attend du côté de la mer, une grande armée se forme en Asie par ordre du sultan et s’apprête à marcher contre les Français. Djezzar, pour seconder ses mouvements, ordonne une sortie générale contre le camp de Bonaparte. Cette attaque est soutenue par l’artillerie et les équipages des vaisseaux britanniques. Bonaparte parvient cependant à refouler les colonnes de Djezzar derrière leurs murailles.
Après ce succès, il se porte au secours de Kléber qui, retranché dans les ruines, tient tête, avec ses 4 000 hommes, à 20 000 Turcs. Bonaparte tire parti des avantages que lui offrent les positions de l’ennemi au cours de la bataille du Mont-Thabor. ll envoie Murat, avec sa cavalerie, sur le Jourdain pour en défendre le passage ; Vial et Rampon marchent sur Naplouse, et lui-même se place entre les Turcs et leurs magasins. Ses dispositions lui donnent le dessus. L’armée ottomane, attaquée à l’improviste sur divers points à la fois, est mise en déroute et coupée dans sa retraite ; elle laisse 5 000 morts sur le champ de bataille et doit abandonner chameaux, tentes et provisions à l'ennemi.
De retour devant Saint-Jean-d’Acre, Bonaparte apprend que le contre-amiral Perrée a débarqué à Jaffa sept pièces de siège ; il ordonne successivement deux assauts qui sont vigoureusement repoussés. Une flotte est signalée, elle porte pavillon ottoman ; les Français décident de hâter la prise de la ville avant que ses défenseurs ne reçoivent des renforts par la mer. Une cinquième attaque générale est ordonnée ; tous les ouvrages extérieurs sont emportés. Les Turcs sont repoussés dans la ville, et leur feu commence à se ralentir, la ville semble sur le point de capituler.
Cependant, les défenseurs peuvent compter sur la présence d'un émigré, Phélippeaux, officier du génie, condisciple de Bonaparte à l’École militaire. Sous ses ordres, des canons sont placés suivant les directions les plus avantageuses ; de nouveaux retranchements s’élèvent derrière les ruines de ceux que les assiégeants ont emportés. En même temps, Sidney Smith, qui commande la flotte britannique, arrive à la tête des équipages de ses vaisseaux. Cela redonne de l'allant aux assiégés qui se pressent à sa suite. Trois assauts français consécutifs et toujours repoussés amènent Bonaparte à renoncer à prendre la ville. Il en lève le siège, et adresse cette proclamation à ses soldats :
« Après avoir, avec une poignée d’hommes, nourri la guerre pendant trois mois dans le cœur de la Syrie, pris quarante pièces de campagne, cinquante drapeaux, fait 10 000 prisonniers, rasé les fortifications de Gaza, Kaïffa, Jaffa, Acre, nous allons rentrer en Égypte. »
La situation de l’armée française est des plus critiques ; outre la menace que les troupes ottomanes font peser sur ses arrières pendant sa retraite et les fatigues et privations qui l’attendent dans le désert, elle a à sa charge un grand nombre de pestiférés : les Français craignent qu'ils soient massacrés par les Ottomans s'ils sont laissés sur place, mais aussi que l'épidémie continue à faire des ravages dans ses rangs s'ils sont emmenés.
Il y a deux dépôts de malades : l’un dans le grand hôpital du mont Carmel, et l’autre à Jaffa. Par ordre du général en chef, tous ceux du mont Carmel sont évacués dans cette dernière ville et à Tentura. Les chevaux d’artillerie dont les pièces sont abandonnées devant Acre, tous ceux des officiers, tous ceux du général en chef sont livrés à l’ordonnateur Daure, pour leur servir de transport ; Bonaparte est à pied et donne l’exemple.
L’armée, pour dissimuler son départ aux assiégés, se met en marche pendant la nuit. Arrivé à Jaffa, Bonaparte ordonne trois évacuations de pestiférés vers trois points différents : l’une par mer, sur Damiette, la seconde et la troisième par terre sur Gaza et sur El-Arish. Selon plusieurs témoignages de ses officiers[22], Napoléon préconise de faire empoisonner plusieurs dizaines de ses soldats intransportables[23].
Dans sa retraite, l’armée pratique la politique de la terre brûlée : bestiaux, moissons, maisons, sont détruits ; la ville de Gaza, restée fidèle aux Français, est seule épargnée.
Enfin, après quatre mois d’absence, l’expédition arrive au Caire avec 1 800 blessés ; elle a perdu en Syrie six cents hommes morts de la peste et 1 200 qui ont péri dans les combats.
L’échec éprouvé lors du siège de Saint-Jean-d'Acre a eu un important retentissement en Égypte ; les émissaires turcs et britanniques font courir le bruit que l’armée expéditionnaire a été en grande partie détruite et que son chef est mort. Bonaparte parvient cependant à faire taire ces rumeurs. Par ses ordres, les troupes, en entrant en Égypte, prennent l’attitude d’une armée triomphante : les soldats portent dans leurs mains des branches de palmier, emblèmes de la victoire. Dans sa proclamation aux habitants du Caire, il leur dit :
« Il est arrivé au Caire, le Bien-Gardé, le chef de l’armée française, le général Bonaparte, qui aime la religion de Mahomet ; il est arrivé bien portant et bien sain, remerciant Dieu des faveurs dont il le comble. Il est entré au Caire par la porte de la Victoire. Ce jour est un grand jour ; on n’en a jamais vu de pareil ; tous les habitants du Caire sont sortis à sa rencontre. Ils ont vu et reconnu que c’était bien le même général en chef Bonaparte en propre personne ; ils se sont convaincus que tout ce qui avait été dit sur son compte était faux… Il fut à Gaza et à Jaffa ; il a protégé les habitants de Gaza ; mais ceux de Jaffa, égarés, n’ayant pas voulu se rendre, il les livra tous, dans sa colère, au pillage et à la mort. Il a détruit tous les remparts et fait périr tout ce qui s’y trouvait. Il y avait à Jaffa environ 5 000 hommes des troupes de Djezzar : il les a tous détruits. »
Vers la bataille terrestre d'Aboukir
L’armée trouve au Caire le repos et les approvisionnements dont elle a besoin pour récupérer ; mais son séjour dans cette ville est bref. Bonaparte, instruit que Mourad Bey, déjouant les poursuites des généraux Desaix, Belliard, Donzelot, Davout, descend de la Haute-Égypte, se met en marche pour aller l’attaquer aux pyramides ; là il apprend qu’une flotte turque de cent voiles est devant Aboukir et menace Alexandrie.
Sans perdre de temps et sans rentrer au Caire, il ordonne à ses généraux de se porter rapidement au-devant de l’armée que commande le pacha de Roumélie, Saïd Mustapha, auquel se sont joints les corps de Mourad Bey et d’Ibrahim. Avant de quitter Gizeh, où il se trouve, le général en chef écrit au Divan du Caire : « Quatre-vingts bâtiments ont osé attaquer Alexandrie ; mais, repoussés par l’artillerie de cette place, ils sont allés mouiller à Aboukir où ils commencent à débarquer. Je les laisse faire, parce que mon intention est de les attaquer, de tuer tous ceux qui ne voudront pas se rendre, et de laisser la vie aux autres pour les mener en triomphe au Caire. Ce sera un beau spectacle pour la ville ».
Bonaparte se rend d’abord à Alexandrie, de là il marche sur Aboukir, dont le fort s’est rendu aux Turcs. L'armée ottomane, qui compte 18 000 combattants, est soutenue par une nombreuse artillerie ; des retranchements la défendent du côté de la terre, et du côté de la mer, elle communique librement avec la flotte. Le général en chef ordonne l’attaque ; en quelques d’heures, les retranchements sont enlevés, 10 000 Turcs se noient dans la mer, le reste étant pris ou tué. Murat fait prisonnier le général Saïd Mustapha, dont le fils, qui commandait dans le fort, et tous les officiers échappés au carnage doivent former le cortège triomphal du vainqueur. La population du Caire, voyant revenir Bonaparte avec ses illustres prisonniers l'accueille avec respect.
La bataille d’Aboukir est la dernière victoire de Bonaparte en Égypte ; une autre phase de sa carrière commence. Au regard de la faiblesse de ses forces ne lui permettant plus d'entreprendre une expédition de quelque importance au-delà des frontières de sa conquête, comme il l'a constaté lors de l'échec du siège d’Acre, il décide, afin d'éviter d'être dans la situation où il devrait capituler devant l'ennemi, ce qui nuirait à son prestige, de revenir en France.
Bonaparte a appris par ses communications avec la flotte britannique, lors de l’échange des prisonniers d’Aboukir et notamment par la Gazette de Francfort que Sidney Smith lui envoie, que depuis son absence, la situation a changé en France. L'armée du pays a subi des revers, ses propres conquêtes ont été perdues et la population ne fait plus confiance au Directoire. Il perçoit que son retour pourrait être bien accueilli. Son voyage de retour s'effectue dans le secret. Un voyage dans le delta du Nil est le prétexte qu’il met en avant pour sortir du Caire sans éveiller les soupçons ; les savants Monge, Berthollet, le peintre Denon, les généraux Berthier, Murat, Lannes, Marmont, l’accompagnent.
Le passage de témoin à Kléber
Le , une proclamation apprend à l’armée que le général en chef Bonaparte vient de transmettre ses pouvoirs au général Kléber ; cette nouvelle est reçue avec quelque mécontentement, mais l’indignation cesse bientôt. Kléber a fait ses preuves et a la confiance de ses hommes. Ceux-ci sont aussi portés à croire que Bonaparte n'est parti en France que pour lever de nouveaux renforts avec lesquels il s’empresserait de retourner en Égypte pour se remettre à la tête de ses anciens compagnons d’armes.
À la nuit tombante, la frégate la Muiron vient le prendre silencieusement sur le rivage, trois autres bâtiments forment son escorte. Les quarante-et-un jours de traversée se dérouleront sans encombre, ce qui est assez miraculeux compte tenu du nombre de vaisseaux ennemis croisant en Méditerranée.
La flottille entre le dans le port d’Ajaccio, les vents contraires l’y retiennent jusqu’au avant qu’elle appareille pour la France. À la vue des côtes, les Français voient paraître dix voiles britanniques ; le contre-amiral Ganteaume veut virer de bord vers la Corse ; « Non, lui dit Bonaparte, cette manœuvre nous conduirait en Angleterre, et je veux arriver en France ». Cet acte de fermeté le sauve ; le (16 vendémiaire an VIII), les frégates mouillent dans la rade de Fréjus. Comme il n’y a pas de malades à bord et que la peste a cessé en Égypte, six mois avant son départ, il est permis au général Bonaparte et à sa suite de prendre terre immédiatement. À six heures du soir, il se met en route pour Paris, accompagné de Berthier, son chef d’état-major.
Assassinat de Kléber
Kléber, nouveau commandant en chef de l'armée d'Égypte, tente de négocier avec les Anglais. Les conditions imposées par l'amiral Keith sont cependant inacceptables pour le général français qui décide de reprendre la guerre et bat les troupes ottomanes à la bataille d'Héliopolis. Le (26 prairial an VIII, jour de la bataille de Marengo), Kléber, alors qu'il sort d'un déjeuner chez le général Damas, chef d'Etat-Major, et accompagné de l'architecte Protain[24], il est poignardé à mort par un étudiant syrien nommé Soleyman el-Halaby. Le général Menou qui lui succède avertit Bonaparte de l'assassinat de Kléber le . Sa lettre est publiée dans Le Moniteur le suivant, avec la conclusion de la commission chargée de juger les responsables de l’assassinat :
« La commission, après avoir mis toute la solennité possible à l'instruction du procès, a cru devoir, dans l'application de la peine, suivre les usages de l'Égypte ; elle a condamné l'assassin à être empalé après avoir eu la main droite brûlée ; et trois des cheiks coupables, à être décollés et leurs corps brûlés. »
Fin de l'expédition
Une nouvelle offensive anglo-ottomane amène la capitulation du corps expéditionnaire français le . Menou obtient du général anglais Ralph Abercromby que l'armée française soit rapatriée par les vaisseaux anglais.
L'expédition scientifique
L'armada, partie de Toulon, emporte avec elle des soldats, mais aussi 167 savants, ingénieurs et artistes, membres de la Commission des sciences et des arts : le géologue Dolomieu, Henri-Joseph Redouté, le mathématicien Gaspard Monge (un des fondateurs de l'École polytechnique), le chimiste Claude-Louis Berthollet, Dominique Vivant Denon, le mathématicien Jean-Joseph Fourier, le physicien Malus, le naturaliste Étienne Geoffroy Saint-Hilaire, le botaniste Alire Raffeneau-Delile, l'ingénieur Nicolas-Jacques Conté du Conservatoire national des arts et métiers font partie du voyage.
À l'origine, ils sont destinés à aider l'armée, notamment percer le canal de Suez, tracer des routes ou construire des moulins pour faciliter la logistique militaire[3].
Ils fondent l'Institut d'Égypte qui a pour mission de propager les Lumières en Égypte grâce à un travail interdisciplinaire (amélioration des pratiques agricoles, apport de techniques d'architecture…). Une revue scientifique est créée, la Décade égyptienne, ainsi qu'une académie, l'Institut d'Égypte.
La publication en 1802 de 141 gravures, accompagnées de commentaires abondants, dans le Voyage dans la basse et haute Égypte par Vivant Denon, qui avait accompagné Bonaparte lors de son retour en France, joua un rôle majeur dans le développement de l'égyptomanie auprès du grand public et stimula les premières tentatives de déchiffrement des hiéroglyphes. Cet ouvrage fut le véritable premier succès européen de l'édition, avec de multiples rééditions dans de nombreuses langues tout au long du XIXe siècle.
L'étude de l'ancienne Égypte (égyptologie) effectuée par les membres de la Commission donna lieu à la publication de la Description de l'Égypte, entreprise sous les ordres de Napoléon Bonaparte à partir de 1809 puis terminée en 1821.
Matériaux rapportés
Au cours de l'expédition, les savants ont observé la nature égyptienne, pris des dessins et se sont intéressés aux ressources du pays. La pierre de Rosette a été découverte dans le village de Rachid en par un jeune officier du génie, Pierre-François-Xavier Bouchard. La plupart de leurs découvertes, dont cette pierre, sont par la suite saisies par les Britanniques et ont fini au British Museum[25]. Pourtant, grâce à une copie de la pierre de Rosette réalisée avant sa saisie et publiée dans la Description de l'Égypte, c'est le Français Jean-François Champollion qui parviendra le premier à déchiffrer les hiéroglyphes égyptiens.
Le général Noël Varin Bey, resté au service du vice-roi d'Égypte, devient général de l'armée égyptienne. De retour en France, il s'installe en 1857 à Rueil-Malmaison avec, dans ses bagages, une momie d'un enfant qui possède encore ses cartonnages avec, en inscription, le nom de sa jeune propriétaire : Ta-Iset (celle d'Isis).
La propagande napoléonienne
Dès son arrivée en Égypte, Bonaparte fait afficher une déclaration au peuple égyptien qui le pose en libérateur du pays opprimé par les mamelouks, tout en se réclamant d'une amitié avec le sultan ottoman. Cette position[26] lui vaut de solides appuis en Égypte (et, bien plus tard, l’admiration de Méhémet Ali, qui réussira à instaurer cette indépendance de l'Égypte que Bonaparte n’avait fait que commencer).
La campagne d’Égypte profite largement aussi à l'image de Bonaparte en France :
- Le Courrier de l'Égypte s’adresse au corps expéditionnaire et doit soutenir le moral des troupes. Le peintre Antoine-Jean Gros dans le tableau des Pestiférés de Jaffa représente Napoléon en guérisseur, comme les rois de l’Ancien Régime qui touchaient les écrouelles après la cérémonie du sacre. Sur cette peinture, on peut voir Napoléon touchant le corps d’un homme ayant la peste. En réalité, il a déplacé un cadavre dont le linge était souillé de pus[27]. Laissons parler Desgenettes, le médecin en chef de l'armée : Après s'être occupé pendant plus d'une heure et demie de tous les détails d'administration, il aide à soulever et à porter le cadavre d'un soldat dont les habits étaient souillés par l'ouverture spontanée d'un énorme bubon abcédé, méprisant ainsi les risques de contagion. Gros a embelli l'épisode sur cette toile, peinte en 1804, année du couronnement de Napoléon Ier.
- La défaite des mamelouks aux pyramides (bataille d’Embabeh) donne lieu à des récits et des dessins par dizaines ; on attribue à Napoléon la célèbre phrase : « Du haut de ces pyramides, quarante siècles vous contemplent »[28].
- On passe en revanche sous silence la défaite navale d’Aboukir, ainsi que l’échec de la campagne de Syrie. On estime que le tiers des 30 000 soldats engagés en Égypte ont péri, dont la moitié de maladie et le reste dans les combats[3].
En rentrant d'Égypte, il s'arrête à Saint-Raphaël où il va faire construire une pyramide pour commémorer l'évènement. En Égypte, il laisse le commandement des opérations à Kléber qui est assassiné peu après, Bonaparte est auréolé d'un prestige fondé sur cette propagande, qui lui ouvre la voie du pouvoir, et dont il profite en devenant Premier consul, lors du coup d'État du 18 brumaire ().
Chronologie et batailles
- 1798
- (30 floréal an VI) : départ de Toulon
- (23 prairial an VI) : prise de Malte
- (13 messidor an VI) : débarquement à Alexandrie
- (3 thermidor an VI) : bataille des Pyramides
- et (14-15 thermidor an VI) : bataille navale d'Aboukir, victoire de Nelson sur l'escadre française dans la baie d'Aboukir
- : combat de Salheyeh
- : bataille de Sédiman
- (30 vendémiaire) : révolte du Caire
- 1799
- : siège de Jaffa
- (1er prairial an VII) : siège de Saint-Jean-d'Acre, après huit assauts les troupes françaises se retirent
- : combat de Nazareth
- : bataille de Cana
- (27 germinal an VII) : Bonaparte porte secours aux troupes de Kléber sur le point de succomber au pied du mont Thabor
- (14 thermidor an VII) : bataille terrestre d'Aboukir
- (6 fructidor an VII) : Bonaparte s’embarque sur la frégate Muiron et abandonne le commandement à Kléber
- 1800
- (4 pluviôse an VIII) : Kléber conclut avec l'amiral britannique Smith la convention d'El-Arich
- (pluviôse-ventôse an VIII) : les troupes françaises commencent à se replier, mais l'amiral britannique Keith refuse les termes de la convention
- (29 ventôse an VIII) : bataille d'Héliopolis, Kléber remporte une ultime victoire contre 30 000 Turcs
- (25 prairial an VIII) : Soleyman assassine Kléber dans son jardin du Caire. Le général Menou prend le commandement à sa place
- (16 fructidor an VIII) : les Britanniques reprennent Malte aux Français
- 1801
- (17 ventôse an IX) : débarquement britannique près d'Aboukir
- (30 ventôse an IX) : défaite française à la bataille de Canope, l'armée commandée par Menou se retranche à Alexandrie
- (10 germinal an IX) : une armée turque arrive sur El-Arich
- (8 messidor an IX) : le général Belliard capitule au Caire
- (13 fructidor an IX) : le général en chef Menou capitule à Alexandrie
- (fructidor an IX - vendémiaire an X) : les Britanniques ramènent en France les débris de l’armée d’Orient.
Iconographie
Peintures
- Anonyme, Épisode de l'expédition d'Égypte, huile sur toile. Coll. musée de Grenoble (MG 844). Il s'agit d'une scène du divan du Caire.
Exposition
Du 14 octobre 2008 au 29 mars 2009, l'exposition « Bonaparte et l'Égypte » est organisée à l'Institut du monde arabe (Paris)[29].
Notes et références
- Warfare and Armed Conflicts : A Statistical Encyclopedia of Casualty and Other Figures, 1492-2015, p. 106.
- «…Un médailliste eût fait grande fortune ici. On y a apporté le trésor de Berne, au fond duquel il paroit qu'on n'avoit pas touché depuis plusieurs siècles. On a commencé par extraire tous les écus de France pour les donner selon la valeur actuelle ; il n'y avoit que des écus de Louis XIV, ou des écus de la jeunesse de Louis XV, parce que ces pièces gagnoient à Gênes cinq sols : le reste de l'argent de Berne est donné au poids. J'ai vu chez un directeur d'hôpitaux 20 000 francs composés de toutes pièces étrangères ; un assez grand nombre frappées aux armes de Suisse ayant pour face un ours ; il s'en trouvoit de Charles-Quint, du Duc d'Albe, de tous les cantons d'Allemagne et de Suisse, de Danemark, de Russie, de Suède, etc. ; toutes ces pièces étoient remarquables par leur antiquité. On a donné cet argent à 49 francs le marc, et on n'en trouve ici que 47. Il va être donné aux orfèvres qui le fonderont impitoyablement… » Étienne Geoffroy Saint-Hilaire, lettre à Georges Cuvier, Toulon, 21 floréal VI (10 mai 1798).
- « La Campagne d’Égypte de Bonaparte », 2000 ans d'histoire France Inter, (consulté le )
- Emmanuel de Waresquiel, Talleyrand : le prince immobile, Paris, Tallandier, coll. « Texto », , 1078 p. (ISBN 979-1-021-03987-2), p. 242-245
- Laurent Jullien, Campagne d'Égypte de Bonaparte - L'affaire Alqam, ou l’assassinat de Thomas Prosper Jullien, aide de camp de Bonaparte en Égypte, Éditions Universitaires Européennes, 2016.
- Laurent Jullien, Le Général Comte de l’Empire Jullien, de Lapalud à la préfecture du Morbihan, itinéraire d’un haut fonctionnaire sous le Consulat et l’Empire, Éditions de la Fenestrelle, novembre 2021
- On prétend que, dans une conférence orageuse qu’il eut avec le Directoire, il menaça de donner sa démission, et que le directeur Reubell, lui présentant la plume, lui dit : Signez-là, général.
- Ce qui fit dire au général Casabianca : « Il est fort heureux qu’il se soit trouvé quelqu’un ici pour nous ouvrir les portes de cette place ».
- La déclaration complète peut être lue sur Wikisource.
- Seuls des témoignages bien postérieurs mentionnent la phrase « quarante siècles vous regardent ».
- Laurent Jullien, Campagne d'Égypte de Bonaparte - L'affaire Alqam, ou l’assassinat de Thomas Prosper Jullien, aide de camp de Bonaparte en Égypte, Éditions Universitaires Européennes, novembre 2016.
- Mullié affirme que ce désastreux événement ne le déconcerta point : toujours impénétrable, nul ne s’aperçut de l’émotion qu’il devait éprouver intérieurement. Après avoir lu tranquillement la dépêche qui lui apprenait que lui et son armée étaient dès lors prisonniers en Égypte : « Nous n’avons plus de flotte, dit-il ; eh bien ! il faut rester ici, ou en sortir grands comme les anciens. » L’armée se montra satisfaite de cette courte et si énergique allocution ; mais les populations indigènes, considérant la défaite d’Aboukir comme un retour prochain de la fortune en leur faveur, s’occupèrent dès lors des moyens de secouer le joug odieux que des étrangers s’efforçaient de leur imposer, et de les chasser de leur pays. Ce projet eut bientôt un commencement d’exécution.
- Placé sous un pavillon, il préside à la fête du Nil ; c’est lui qui donne le signal de jeter dans les flots la statue de la fiancée du fleuve, son nom et celui de Mahomet sont confondus dans les mêmes acclamations ; par ses ordres, on fait des largesses au peuple, il donne le caftan aux principaux officiers.
- Les numéros de La Décade égyptienne sont consultables dans Gallica, la bibliothèque numérique de la BnF.
- Marc Fourny, « Quand Napoléon était le champion de l'islam », sur Le Point, (consulté le )
- « Quand Napoléon se rêvait en nouveau Mahomet, fondateur d’une « République islamique » en Egypte », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- « Napoléon : un "Mahomet d’Occident" », sur France Culture, (consulté le )
- L.J. Ader et le général C.T. Beauvais., Histoire de l'Expédition d'Égypte et de Syrie., Paris, Ambroise Dupont, libraires., (lire en ligne), chapitre V, pages 144-145..
- À 17 kilomètres de Suez, 29° 51′ 54″ N, 32° 39′ 17″ E.
- Michel Legat, Avec Bonaparte en Égypte, 1798-1799, Paris, Bernard Giovanangeli Éditeur, , 224 p. (ISBN 978-2-7587-0082-1)
- Rapporté sans source par Lievyns, Verdot et Bégat, Fastes de la Légion d'honneur (Paris, 1842), vol. I, p. 187.
- Journal du capitaine François, t. I, p. 335 ; colonel Roussillon dans la Revue des deux mondes du .
- Jean Baron Thiry, Bonaparte en Égypte, Berger-Levrault, , p. 379
- Jacques-Olivier Boudon, La campagne d'Égypte, dl 2018 (ISBN 978-2-410-01527-0 et 2-410-01527-1, OCLC 1073019099, lire en ligne)
- Au musée du Louvre, sur 5 000 objets égyptiens, seuls une cinquantaine provient de la campagne d'Égypte.
- Visiblement préparée avec l'aide des spécialistes des civilisations orientales emmenés avec lui par Bonaparte : l'emphase en est tout orientale, Bonaparte prend soin de s'y présenter comme ami des musulmans et opposé au pape, et désigne clairement les mamelouks comme insoumis au sultan et prédateurs du peuple égyptien.
- Yves Laissus, L'Égypte, une aventure savante 1798-1801, Paris, Fayard, , 614 p. (ISBN 978-2-213-60096-3), p. 244
- En fait, les historiens découvrent plus tard que les pyramides ne sont pas encore visibles depuis le lieu de la bataille.
- Catherine Guigon, « Bonaparte, l'Égyptien », L'Histoire no 335, octobre 2008, p. 30.
Bibliographie
Témoignages, correspondances
- Avec Bonaparte en Orient : témoignages, 1798-1799, Paris, Éd. B. Giovanangeli, , 224 p., in-8° (ISBN 978-2-7587-0082-1). — Éd. par Michel Legat.
- François Bernoyer, Avec Bonaparte en Égypte et en Syrie, 1798-1800 : dix-neuf lettres inédites…, Abbeville, Éd. F. Paillart, , 188 p., in-8° (ISBN 2-86677-002-1). — Éd. par Christian Tortel. Rééd. en 1981 : Le Poët-Laval, Éd. Curandera, coll. « Le Temps traversé » (ISBN 2-86677-002-1).
- François Bernoyer, Bonaparte de Toulon au Caire : d’après 19 lettres de François Bernoyer… chef d’atelier d’habillement de l’Armée d’Orient, Montélimar, Éd. Armine-Édiculture, coll. « Les Grands itinéraires de l’histoire », , 192 p., in-8° (ISBN 2-910331-02-4). — Éd. et commenté par Christian Tortel et Patricia Carlier. Contient une bibliogr.
- Alexandre Berthier, Mémoires du maréchal Berthier…, major-général des armées françaises : Campagne d’Égypte, Paris, Éd. Baudouin frères, coll. « Mémoires des contemporains », , 2 vol. in-8° (lire en ligne). — Rédigés par Isidore Langlois. Comprend aussi : Mémoires du comte Reynier… : Campagne d’Égypte (également rédigés par Isidore Langlois).
- Alexandre Berthier, Relation des campagnes du général Bonaparte en Égypte et en Syrie, Paris, Impr. de P. Didot l’aîné, an viii 1799-1800, 183 p., in-8° (lire en ligne). — Rééd. en l’an IX [1800-1801] (même éditeur) et en 2004 : Strasbourg, Éd. Hirlé (ISBN 2-914729-25-1).
- Philippe De Meulenaere (préf. Jean Tulard et Jean Yoyotte), Bibliographie raisonnée des témoignages oculaires imprimés de l’Expédition d’Égypte : 1798-1801, Paris, Éd. F. et R. Chamonal, , 310 p., grand in-8°. — Contient une bibliogr. et un index.
- Dominique Vivant Denon, Voyage dans la Basse et la Haute Égypte pendant les campagnes du général Bonaparte, Paris, Impr. de P. Didot l’aîné, an x 1801-1802, XII-322 p., in-4° (lire en ligne). — Nombreuses rééd., dont une en 1998, préf. et annotée par Hélène Guichard et Adrien Goetzune : Paris, Éd. Le Promeneur (ISBN 2-07-075201-1).
- Dominique Vivant Denon et Abd al-Rahmân ibn Hasan al-Gabarti (trad. de l'arabe), Sur l’expédition de Bonaparte en Égypte, Arles, Éd. Actes Sud, coll. « Babel », , 329 p., in-8° (ISBN 2-7427-1458-8). — Témoignages croisés et commentés par Mahmoud Hussein. Contient un glossaire. Rééd. en 2008 (même éditeur). Voir aussi, plus bas : Journal d’Abdurrahman Gabarti pendant l’occupation française en Égypte.
- Nicolas Philibert Desvernois, Avec Bonaparte en Italie et en Égypte, Moncrabeau, Éd. Laville, coll. « Les Batailles essentielles, mémoire des peuples », , 187 p., in-8° (ISBN 979-10-90134-22-5).
- Deux mémoires inédits sur l’Expédition d’Égypte (préf. Gaston Wiet), Le Caire, Éd. de la Revue du Caire, , 207 p., in-8°. — Réunit les journaux du lieutenant Laval et du garde-magasin Grandjean. Rééd. en 2000 sous le titre Journaux sur l’Expédition d’Égypte : Paris, Éd. F. Teissèdre, « Collection du Bicentenaire de l’épopée impériale » (ISBN 2-912259-35-5).
- Jean-Pierre Doguereau, Journal de l’Expédition d’Égypte, Paris, Éd. Perrin, , 430 p., in-8°. — Introd. et notes par Clément de La Jonquière. Rééd. en 1997 : Paris, Éd. La Vouivre, coll. « Du Directoire à l’Empire » (ISBN 2-9506621-3-7).
- L’État-major de Kléber en Égypte, 1798-1800 : d’après leurs carnets, journaux, rapports et notes, Paris, Éd. La Vouivre, coll. « Du Directoire à l’Empire », , VI-134 p., in-8° (ISBN 2-9506621-7-X). — Éd. par Stéphane Le Couëdic.
- Abd al-Rahmân ibn Hasan al-Gabarti (trad. Alexandre Cardin), Journal d’Abdurrahman Gabarti pendant l’occupation française en Égypte, Paris, Éd. Dondey-Dupré, , V-256-69, in-8° (lire en ligne). — Suivi d’un Précis de la même campagne, par Mou’allem Nicolas El-Turki. Autre éd. du premier texte en 1979, trad. et annoté par Joseph Cuoq : Paris, Éd. Albin Michel (ISBN 2-226-00842-X) ; contient une bibliogr. et un index. Voir aussi, plus haut : Sur l’expédition de Bonaparte en Égypte, par Dominique Vivant Denon et Abd al-Rahmân ibn Hasan al-Gabarti.
- Antoine Galland, Tableau de l’Égypte pendant le séjour de l’armée française…, Paris, Éd. Galland, , 2 vol. in-8° (lire en ligne).
- Étienne Geoffroy Saint-Hilaire, L’Expédition d’Égypte : 1798-1802, Clermont-Ferrand, Éd. Paleo, coll. « Classiques de l’histoire des sciences », , 184 p., in-8° (ISBN 2-913944-21-3).
- Étienne Geoffroy Saint-Hilaire, Lettres écrites d’Égypte à Cuvier, Jussieu, Lacépède, Monge, Desgenettes, Redouté jeune, Norry…, Paris, Éd. Hachette, , XXVIII-290 p., in-16° (lire en ligne). — Éd. et annotées par Ernest-Théodore Hamy.
- Étienne Geoffroy Saint-Hilaire, Rapport fait à l’Académie royale des sciences, d’après ses ordres…, sur l’histoire scientifique et militaire de l’expédition française en Égypte, Paris, Impr. de H. Dupuy, , 15 p., in-8°.
- Pierre Étienne Herbin de Halle, Conquêtes des Français en Égypte…, Paris, Éd. C. Pougens, an vii 1798-1799, VII-364 p., in-8° (lire en ligne). — Attribué à Herbin de Halle par Barbier.
- Jean-Baptiste Prosper Jollois, Journal d’un ingénieur attaché à l’Expédition d’Égypte : 1798-1802, Paris, Éd. E. Leroux, coll. « Bibliothèque égyptologique », , 254 p., in-8°. — Éd. par Pierre Lefèvre-Pontalis. Contient aussi des extraits des journaux de Fourier, Jomard, Delille, Saint-Genis, Descostils, Balzac et Coraboeuf.
- Journal d’un dragon d’Égypte (14e dragons), Paris, Éd. E. Dubois, , 175 p., in-8° (lire en ligne).
- Jean-Baptiste Kléber, Kléber en Égypte : documents inédits, Paris, Éd. E. Dubois, , 48 p., in-8° (lire en ligne). — Publ. par Rodolphe Vagnair et J. Venture. Réunion de lettres écrites par Kléber ou reçues par lui lors de la campagne d’Égypte. Extrait de La Curiosité historique et militaire.
- Jean-Baptiste Kléber, Kléber en Égypte : 1798-1800, Le Caire, Éd. IFAO, coll. « Collection des voyageurs occidentaux en Égypte », , 576 p., 2 vol. dont 1 de plans et de cartes (ISBN 2-7247-0064-3). — Correspondance et papiers personnels de Kléber éd. et annotés par Henry Laurens. Rééd. en 1995 (même éditeur).
- Jean-Baptiste Kléber et François-Étienne Damas, Rapport fait au Gouvernement français des événemens [sic] qui se sont passés en Égypte…, Au Kaire sic, Impr. nationale, , 65 p., in-8° (lire en ligne). — Les p. 62-65 contiennent : Capitulation accordée par le général en chef Kléber à Nassyf pacha, Othman-Effendy et Ibrahyn-Bey…
- Jean-Baptiste Kléber et Jacques de Menou de Boussay, Kléber et Menou en Égypte depuis le départ de Bonaparte : (août 1799-septembre 1801), Paris, Éd. A. Picard et fils, coll. « Publications de la Société d’histoire contemporaine », , LIX-455 p., in-8° (lire en ligne). — Réunit des lettres de Kléber et de Menou.
- Alexandre Lacorre, Journal inédit d’un commis aux vivres pendant l’Expédition d’Égypte…, Bordeaux, Impr. de E. Crugy, , VII-131 p., in-8° (lire en ligne). — Éd. par Charles-Alcée Campan.
- Joseph Laporte, Mon voyage en Égypte et en Syrie : carnets d’un jeune soldat de Bonaparte, Paris, Éd. Presses universitaires de France, coll. « Sources », , 23-416 p., in-8° (ISBN 978-2-13-056459-1). — Fac-similé d’une relation autographe écrite entre 1798 et 1801.
- Dominique-Jean Larrey, Les Rapports originaux de Larrey à l’Armée d’Orient, Le Caire, Impr. de l’Institut français d’archéologie orientale, , VIII-85 p., in-4°. — Éd. par Paul Pallary.
- Dominique-Jean Larrey, Relation historique et chirurgicale de l’expédition de l’Armée d’Orient en Égypte et en Syrie, Paris, Éd. Demonville et sœurs, an xi 1802-1803, 12-480 p., in-8° (lire en ligne). — Repris dans Mémoires et campagnes, du même aut. : Paris, Éd. Tallandier, 2004 (ISBN 2-84734-124-2).
- Louis de Laus de Boissy, Bonaparte au Caire, ou Mémoires sur l’expédition de ce général en Égypte…, Paris, Éd. Prault, an vii 1798-1799, IV-240 p., in-8° (lire en ligne).
- Étienne Louis Malus, L’Agenda de Malus : souvenirs de l’Expédition d’Égypte, 1798-1801, Paris, Éd. H. Champion, , 224 p., in-16 (lire en ligne). — Éd. par le général Charles Thoumas.
- Pierre Millet, Souvenirs de la Campagne d’Égypte : (1798-1801), Paris, Éd. Émile-Paul, , 286 p., in-18. — Éd. et annotés par Stanislas Millet. Contient des lettres du lieutenant-colonel Quoniam et du général Jean-Constantin-Edmond Renouard.
- Jacques-François Miot, Mémoires pour servir à l’histoire des expéditions en Égypte et en Syrie pendant les années VI, VII et VIII de la République française, Paris, Éd. Demonville, an xii 1803-1804, 344 p., in-8° (lire en ligne).
- Joseph-Marie Moiret, Mémoires sur l’Expédition d’Égypte, Paris, Éd. P. Belfond, coll. « L’Épopée napoléonienne », , 190 p., in-8° (ISBN 2-7144-1683-7, lire en ligne). Seuls des extraits de ce texte sont consultables en ligne.
- Charles Antoine Morand, Lettres sur l’Expédition d’Égypte : de l’Italie à la prise du Caire, Paris, Éd. La Vouivre, coll. « Du Directoire à l’Empire », , VI-128 p., in-8° (ISBN 2-912431-03-4). — Éd. par Jean-Louis Morand. Contient aussi, du même aut. : Carnet de route de chef de brigade : de Rome à Assouan, 1798-1799.
- Charles Antoine Morand, Un gouverneur militaire en Haute-Égypte : Morand à Girgeh en 1799, Paris, Éd. La Vouivre, coll. « Du Directoire à l’Empire », , XII-200 p., in-8° (ISBN 2-912431-23-9). — Éd. par Jean-Louis Morand d’après les archives personnelles de l’aut.
- Napoléon Ier, Campagne d’Égypte et de Syrie : mémoires pour servir à l’histoire de Napoléon, dictés par lui-même à Sainte-Hélène, Paris, Éd. Comon et Cie, , 2 vol. in-8° et 1 atlas in-f° (lire en ligne). — Éd. par le général Bertrand. Rééd. en 1998, avec présent. de Henry Laurens : Paris, Impr. nationale, coll. « Acteurs de l’histoire » (ISBN 2-7433-0269-0) ; autre rééd. en 2011, avec présent. de Thierry Lentz (elle constitue le tome 2 des Mémoires de Napoléon) : Paris, Éd. Tallandier (ISBN 978-2-84734-697-8).
- Napoléon Ier (préf. Henry Laurens), La Campagne d’Égypte et l’avènement : 1798-1799, Paris, Éd. Fayard, , 1270 p., in-8° (ISBN 2-213-62139-X). — Correspondance de Bonaparte éd. sous la direction de Thierry Lentz.
- Jean Gabriel de Niello Sargy, Mémoires sur l’Expédition d’Égypte, Paris, Éd. Vernarel et Tenon, , XVI-433 p., in-8° (lire sur Wikisource) — Constitue le premier tome des Mémoires secrets et inédits pour servir à l'histoire contemporaine, publiés par Alphonse de Beauchamp.
- Louis Pantaléon Jude Amédée de Noé, Mémoires relatifs à l’expédition anglaise partie du Bengale, en 1800, pour aller combattre en Égypte l’Armée d’Orient, Paris, Impr. royale, , III-288 p., in-8° (lire en ligne).
- Charles Norry, Relation de l’Expédition d’Égypte…, Paris, Éd. C. Pougens, an vii de la république 1798-1799, VIII-64 p., in-8° (lire en ligne). — L’aut. était l’un des architectes attachés à l’Expédition.
- André Peyrusse, Expéditions de Malte, d’Égypte et de Syrie : correspondance, 1798-1801, Maurepas, Éd. La Vouivre, coll. « Du Directoire à l’Empire », , XXVIII-171 p., in-8° (ISBN 978-2-912431-26-4). — Éd. par Roger Quentin. Contient une bibliogr. et un index.
- Dominique di Pietro, Voyage historique en Égypte pendant les campagnes des généraux Bonaparte, Kléber et Menou, Paris, L’Huillier, , 340 p., in-8° (lire en ligne).
- Jean-Louis-Ébénézer Reynier, Mémoires du comte Reynier, général de division : Campagne d’Égypte, Paris, Éd. Baudouin frères, coll. « Mémoires des contemporains », , 2 vol. in-8° (lire en ligne). — Rédigés par Isidore Langlois. Publiés à la suite de : Mémoires du maréchal Berthier… : Campagne d’Égypte (également rédigés par Isidore Langlois).
- Charles Richardot, Nouveaux mémoires sur l’armée française en Égypte et en Syrie, ou la Vérité mise au jour sur les principaux faits et événements de cette armée…, Paris, Éd. J. Corréard, , 480 p., in-8° (lire en ligne).
- Roustam (préf. Frédéric Masson), Souvenirs de Roustam, mamelouck de Napoléon Ier, Paris, Éd. P. Ollendorff, , XXXVII-302 p., in-18 (lire en ligne). — Introd. et annot. par Paul Cottin. Contient de nombreux détails sur l’Expédition d’Égypte.
- François-Étienne Sanglé-Ferrière, Souvenirs de l’Expédition d’Égypte, Paris, Éd. Émile-Paul, , 56 p., in-8° (lire en ligne). — Éd. par Léon Mirot. Extrait de la Revue des études historiques, juillet-août 1912.
- Souvenirs et cahiers sur la Campagne d’Égypte, Paris, Éd. F. Teissèdre, coll. « Bicentenaire de l’épopée impériale », , 138 p., in-8° (ISBN 2-912259-03-7). — Extraits du Carnet de La Sabretache réunissant : Un soldat d’Italie et d’Égypte, par le sergent Antoine-Mathias Bonnefons ; Campagnes d’Égypte et de Syrie, par le caporal Pierre-Louis Cailleaux ; Souvenirs d’un marin de la Légion nautique, par Barallier.
- Louis-Georges-Ignace Thurman (préf. Maurice Fleury), Bonaparte en Égypte : souvenirs, Paris, Éd. Émile-Paul, , VIII-303 p., in-18 (lire en ligne). — Souvenirs recueillis par le fils de l’aut., Jules Thurman.
- Louis-Georges-Ignace Thurman, Chroniques égyptiennes, Cahors, Éd. La Louve, , 189 p., in-8° (ISBN 978-2-916488-64-6). — Éd. et annotées. par Michel Legat, d’après la correspondance de l’aut. qui était officier du génie.
- Vertray, L’Armée française en Égypte, 1798-1801 : journal d’un officier de l’Armée d’Égypte, Paris, Éd. G. Charpentier, , 244 p., in-8° (lire en ligne). — Éd. par Henri Galli.
- Édouard de Villiers du Terrage, Journal et souvenirs sur l’Expédition d’Égypte : 1798-1801, Paris, Éd. Plon-Nourrit, , XXIII-378 p., in-16 (lire en ligne). — Éd. par Marc de Villiers du Terrage. Rééd. en 2003, sous le titre L’Expédition d’Égypte : journal d’un jeune savant engagé dans l’état-major de Bonaparte, avec une présent. et un dossier d’Alain Pigeard : Paris, Éd. Cosmopole (ISBN 2-84630-009-7) ; contient une bibliogr.
- Thomas Walsh (trad. capitaine Alfred Thierry, préf. Joseph Agoub), Journal de l’expédition anglaise en Égypte dans l’année mil huit cent, Paris, Éd. J.-A.-S. Collin de Plancy, , XLVIII-363 p., in-8° (lire en ligne). — Le nom du traducteur est donné d’après Quérard.
Études, documentation
- Jacques-Olivier Boudon, La campagne d'Égypte, Belin, 2018, 318 p.
- Charles Mullié, Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, .
- Henry Laurens :
- Les Origines intellectuelles de l'expédition d'Égypte : L’Orientalisme Islamisant en France (1698-1798) , Isis, 1987.
- Kléber en Égypte : Kléber et Bonaparte, 1988.
- L'Expédition d'Égypte, 1996.
- Laurent Jullien, Campagne d'Égypte de Bonaparte - L'affaire Alqam, ou l’assassinat de Thomas Prosper Jullien, aide de camp de Bonaparte en Égypte, Éditions Universitaires Européennes, 2016.
- Alain Queruel, Les Franc-maçons de l'Expédition d'Égypte, Éditions du Cosmogone, , 276 p. (ISBN 978-2810300808)
- Exposition, Bonaparte en Égypte, Paris, musée de l'Orangerie, 1938, catalogue rédigé par Madame Maxime Kahn avec le concours de Maurice Sérullaz, 255 pages, 961 numéros.
Littérature
- Frédéric Lenormand, L'odyssée d'Abounaparti (Roman), Paris, Robert-Laffont, , 348 p. (ISBN 978-2-266-07185-7), prix de la Fondation Lagardère.
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
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