Charles Péguy
Charles Pierre Péguy, né le à Orléans (Loiret) et mort pour la France le à Villeroy (Seine-et-Marne), est un écrivain, poète, essayiste et officier de réserve français. Il est également connu sous les noms de plume de Pierre Deloire et Pierre Baudouin[1].
« Péguy » redirige ici. Pour les autres significations, voir Péguy (homonymie).
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Charles-Pierre Péguy |
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Pierre Deloire, Pierre Baudouin |
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Charlotte Péguy (d) |
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Charles-Pierre Péguy Marcel Péguy (d) Pierre Péguy (d) Germaine Péguy (d) |
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péguyste, péguiste |
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Son œuvre, multiple, comprend des mystères d'inspiration médiévale en vers libres[Note 1], comme Le Porche du Mystère de la deuxième vertu (1912), et des recueils de poèmes en vers réguliers, comme La Tapisserie de Notre-Dame (1913), d'inspiration mystique, et évoquant notamment Jeanne d'Arc, un symbole de l'héroïsme des temps sombres, auquel il reste toute sa vie profondément attaché.
C'est aussi un intellectuel engagé : après avoir été militant socialiste libertaire[2], anticlérical, puis dreyfusard au cours de ses études, il se rapproche à partir de 1908 du catholicisme et du nationalisme[3] ; il reste connu pour sa poésie et ses essais, notamment Notre Jeunesse (1910) ou L'Argent (1913), où il exprime ses préoccupations sociales et son rejet de l'âge moderne[Note 2], où toutes les antiques vertus se sont altérées. Le noyau central et incandescent de toute son œuvre réside dans une profonde foi chrétienne qui ne se satisfaisait pas des conventions sociales de son époque.
Biographie
Jeunesse
Charles Pierre Péguy naît le au 50 rue du Faubourg-Bourgogne, à Orléans, dans une famille modeste. Sa mère, Cécile Quéré — ou « Guéret », selon les sources —[4],[5] (1846-1933), est rempailleuse de chaises. Son père, Désiré Péguy (1846-1873), est menuisier : il meurt d'un cancer de l'estomac (maladie contractée par le pain du siège de Paris en 1870[6] comme son fils en sera persuadé[7]) dix mois après la naissance de l'enfant.
Durant son enfance, élevé par sa grand-mère et sa mère, Charles Péguy connaît non pas la misère, mais une austère et digne pauvreté dont il gardera le souvenir lumineux, parlant de « l'honneur, de la piété de l’ouvrage bien faite », ou encore en disant : « J'ai vu toute mon enfance rempailler des chaises exactement du même esprit et du même cœur, et de la même main, que ce même peuple avait taillé ses cathédrales »[8]. De 1879 à 1885, il fréquente les classes de l'école primaire annexe de l'École normale d'instituteurs d'Orléans. C'est au sein de « cet admirable monde de l'enseignement primaire » que le jeune Péguy est formé aux nobles valeurs de « l'ancienne France », l'honneur et la fierté du travail bien fait, la décence, le sens du respect étendu à tous les âges de la vie humaine, et « cette grande bonté affectueuse et paternelle, cette piété de tuteur et de père »[9] que l'enfant trouvait chez tous les maîtres de l'enseignement primaire dans les années 1880. Le voisin de la famille, le vieux briscard Louis Boitier, lui récite Les Châtiments et le premier, lui donne le goût des vers de Victor Hugo qui vont chanter dans sa mémoire[10].
L'ayant remarqué, le directeur de l'École normale, Théophile Naudy, le fait entrer en 1885 au lycée d'Orléans en lui faisant obtenir une bourse qui lui permet de continuer ses études. Pendant ces années passées à Orléans, Péguy suit des cours de catéchisme auprès de l'abbé Cornet, chanoine de la cathédrale. En classe de quatrième, son professeur de lettres, Jules Doret, lui fait apprendre par cœur les poèmes de Hugo, et Péguy témoignera plus tard de l'emprise que les vers célèbres de Napoléon II[Note 3] ont exercé sur lui[11]. Au lycée Pothier, quoique bon élève, il se fait remarquer par son caractère : en avril 1889, le proviseur du lycée écrit sur son bulletin : « Toujours très bon écolier, mais j'en reviens à mon conseil du dernier trimestre : gardons-nous du scepticisme et de la fronde et restons simple. J'ajouterai qu'un écolier comme Péguy ne doit jamais s'oublier ni donner l'exemple de l'irrévérence envers ses maîtres »[12].
Il obtient finalement son baccalauréat le . Demi-boursier d'État, Péguy prépare ensuite le concours d'entrée à l'École normale supérieure au lycée Lakanal, à Sceaux, puis au collège Sainte-Barbe, où commence une amitié avec Léon Deshairs, futur directeur de l'École des arts décoratifs, qui dessine et lui offre son portrait à mi-jambe[13],[14],[Note 4], et où il suit avec Raoul Blanchard les cours d'allemand d'Albert Lange au lycée Louis-le-Grand[15]. Il fréquente encore la chapelle du lycée Lakanal en 1891-1892. D'après son condisciple Albert Mathiez, c'est peu à la fin de cette période qu'il devient « un anticlérical convaincu et pratiquant[16] ». Il intègre l'École normale supérieure le , sixième sur vingt-quatre admis. Entre-temps, il est incorporé le 11 novembre 1892 comme soldat de première classe au 131e régiment d'infanterie d'Orléans et y fait son service militaire jusqu'au 27 septembre 1893[17].
À l'École normale supérieure, il est l'élève de Romain Rolland et d’Henri Bergson, qui ont une influence considérable sur lui : « Nourri… de la fleur de l'esprit classique en même temps que des généreux idéaux de l'esprit moderne, Péguy était appelé à concilier en lui les appels les plus divergents et à incarner la totalité de l'esprit français »[18]. Il y affine également ses convictions socialistes, selon une vision personnelle faite de rêve de fraternité et de convictions tirées de sa culture chrétienne, qu'il affirme dès sa première année à l'École. Lorsqu'éclate l'affaire Dreyfus, il se range d'emblée du côté des dreyfusards. En février 1897, il écrit son premier article dans la Revue socialiste[19], et en juin 1897, achève d'écrire Jeanne d'Arc, un mystère lyrique en vue duquel il a effectué un important travail de documentation.
Son socialisme libertaire[20],[21],[22] n'est pas un programme politique, et ne relève pas d'une idéologie plus ou moins fondée sur le marxisme ; pour Péguy, le socialisme choisi et formulé dès sa jeunesse est essentiellement un idéal rêvé de société d'amour et d'égalité entre les hommes : « Comme il eut souci de tenir ensemble sa foi politique et sa foi religieuse, Péguy n'entend pas séparer son baptême et sa culture »[18].
Sur la Commune de Paris, Charles Péguy a écrit dans Notre Jeunesse : « Le 18 mars même fut une journée républicaine, une restauration républicaine en un certain sens, et non pas seulement un mouvement de température, un coup de fièvre obsidionale, mais une deuxième révolte, une deuxième explosion de la mystique républicaine et nationaliste ensemble, républicaine et ensemble, inséparablement patriotique »[23].
Affaire Dreyfus
Charles Péguy, dès le début de ses études supérieures, est profondément révolté par l'antisémitisme — au point d'avoir réclamé une réparation par duel au pistolet après une plaisanterie faite sur son ami Albert Lévy. Il garde de l'année 1898 le souvenir d'un « temps inoubliable de béatitude révolutionnaire »[24]. En janvier de cette même année, il signe toutes les protestations publiées dans l'Aurore pour demander la révision du procès Dreyfus, alors même qu'il prépare l'agrégation. Il participe à de nombreux affrontements entre dreyfusards et antidreyfusards.
Intellectuel et visionnaire
Le , il épouse civilement Charlotte-Françoise Baudouin (1879-1963), sœur de Marcel Baudouin, un de ses proches amis décédé en juillet 1896, et s'installe avec elle au 7, rue de l'Estrapade (aujourd'hui no 21, rue des Fossés-Saint-Jacques). Ils ont quatre enfants : Marcel (1898-1972), Germaine (1901-2001), Pierre (1903-1941) et Charles-Pierre (1915-2005). Le , il est promu sous-lieutenant de réserve[25]. Un an plus tard, il fonde, près de la Sorbonne, la librairie Bellais, qui sert de quartier général au mouvement dreyfusiste ; son échec à l'agrégation de philosophie l'éloigne définitivement de l'université. À la même époque, il écrit dans la Revue blanche[26].
Cependant, dès 1900, après la quasi-faillite de sa librairie, il se détache de ses associés Lucien Herr et Léon Blum et fonde dans la foulée les Cahiers de la Quinzaine, au 8, rue de la Sorbonne, revue destinée à publier ses propres œuvres et à faire découvrir de nouveaux écrivains. Romain Rolland, Julien Benda, Georges Sorel, Daniel Halévy et André Suarès y contribuent. Le premier numéro paraît le , tiré à mille trois cents exemplaires ; en quatorze années d'existence et deux cent vingt-neuf Cahiers à parution très irrégulière, la revue ne dépasse jamais les mille quatre cents abonnés, et sa survie reste toujours précaire. Il fut un farouche défenseur de la cause arménienne, lors des massacres qui préludèrent au génocide[27].
En 1913, dans L'Argent, Charles Péguy est le premier à employer l'expression « hussards noirs »[28] à propos des élèves-maîtres de l'École normale d'Orléans dont il fréquenta l'école primaire annexe de 1879 à 1885 : l'expression est employée depuis lors pour désigner les instituteurs de la IIIe République après le vote des lois Jules Ferry.
En politique, après sa « conversion[29] » au socialisme, Péguy soutient longtemps Jean Jaurès[30], avant qu'il n'en vienne à considérer ce dernier, à cause de son pacifisme, comme un traître à la nation[31] et à sa vision du socialisme : car pour Péguy, « le parti politique socialiste est entièrement composé de bourgeois intellectuels. Ce sont eux qui ont inventé le sabotage et la double désertion, la désertion du travail, la désertion de l'outil. Pour ne point parler ici de la désertion militaire. […] Ce sont eux qui ont fait croire au peuple que c'était cela le socialisme et que c'était cela la révolution »[32],[33]. Dans l'immédiate avant-guerre et le climat de fièvre d'une revanche longtemps espérée sur l'Allemagne, il écrit dans le Petit Journal daté du 22 juin 1913 : « Dès la déclaration de guerre, la première chose que nous ferons sera de fusiller Jaurès. Nous ne laisserons pas derrière nous un traître pour nous poignarder dans le dos »[34].
Pour Péguy, la République se doit de poursuivre, par son organisation, ses exigences morales et donc son énergie, l'œuvre de progrès de la monarchie au service du peuple tout entier, et non pas au service de quelques-uns — comme la IIIe République le faisait selon lui, à cause de la faiblesse de son exécutif et de l'emprise abusive des partis. Son nationalisme est spontanément philo-judaïque par fidélité aux racines autant judéo-chrétiennes que gréco-romaines de la France. Pour lui, la « race française » est le fruit millénaire d'une correspondance entre un peuple et une terre irriguée par des siècles de christianisme ; le christianisme est d'abord païen, au sens du latin paganus (paysan). C'est à cette vision de la nation qu'adhèrent plus tard Bernanos et De Gaulle. Par conviction, il s'oppose fermement à cet « universalisme facile » qui commence, à ses yeux, à marquer la vie économique et culturelle : « Je ne veux pas que l'autre soit le même, je veux que l'autre soit autre. C'est à Babel qu'était la confusion, dit Dieu, cette fois que l'homme voulut faire le malin »[35]. Pour Péguy, tout ce qui relève de la confusion et du désordre nous enchaîne ; ce sont l'ordre, l'organisation, la rationalité qui libèrent.
Profonde influence d'Henri Bergson
Péguy, disciple de Bergson dès 1898, quand le philosophe fut nommé maître de conférence à l'École normale supérieure, exprima ensuite son enthousiasme d'auditeur des leçons de ce maître au Collège de France. C'est que très tôt, Péguy avait pressenti l'affinité de la philosophie bergsonienne avec la spiritualité chrétienne, que Bergson explicitera en 1932 dans Les Deux sources de la morale et de la religion. Il écrit à Bergson, dès le : « C'est vous qui avez rouvert en ce pays les sources de la vie spirituelle[36] ». Bien que mise à l'Index en juin 1914 par l'Église catholique et sévèrement critiquée par Jacques Maritain[Note 5], la philosophie bergsonienne du « mouvant » avait de quoi profondément séduire Péguy[37]. Dans sa Note conjointe, il traduit en termes littéraires, notamment la notion — si centrale dans cette philosophie — de la durée :
« Quand Bergson oppose le tout fait au se faisant[Note 6] […] il fait une opposition, il reconnaît une contrariété métaphysique de l'ordre même de la durée et portant sur l'opposition, sur la contrariété profonde, essentielle, métaphysique du présent au futur et du présent au passé. C'est une distinction de l'ordre de la métaphysique. C'est cette profonde et capitale idée bergsonienne que le présent, le passé, le futur ne sont pas du temps seulement mais l'être même[Note 7]. Qu'ils ne sont pas seulement chronologiques. Que le futur n'est pas seulement du passé pour plus tard. Que le passé n'est pas seulement de l'ancien futur, du futur de dedans le temps. Mais que la création, à mesure qu'elle passe, qu'elle descend, qu'elle tombe du futur au passé par le ministère, par l'accomplissement du présent ne change pas seulement de date, qu'elle change d'être. Qu'elle ne change pas seulement de calendrier, qu'elle change de nature. Que le passage par le présent est le revêtement d'un autre être. Que c'est le dévêtement de la liberté et le revêtement de la mémoire. »
— Note conjointe sur M. Bergson et la philosophie bergsonienne[38].
Le réalisme spirituel de Bergson a aussi été à la source de la poétique de Péguy : aux yeux du poète, c'est lui qui fonde l'harmonie entre ce qu'il appelle le charnel et le spirituel[37]. Unissant Bergson et Descartes, Péguy accorde à la révolution bergsonienne une importance égale à la révolution cartésienne[39]. Bergson lui-même appréciait Péguy et l'interprétation qu'il donnait de sa philosophie. Il le confia à Jacques Chevalier en 1919 parlant de Péguy comme « l'un de mes premiers disciples, qui m'a si bien compris »[40].
Écrivain et mystique
Son retour au catholicisme, dont il avait été nourri durant son enfance, a eu lieu entre 1907 et 1908[41],[Note 8]. Il confie en septembre 1908 à son ami Joseph Lotte : « Je ne t'ai pas tout dit… J'ai retrouvé la foi… Je suis catholique… »[42] Cependant, son entourage remarquait depuis quelques années déjà ses inclinations mystiques ; ainsi, les frères Jean et Jérôme Tharaud se souviennent l'avoir fait pleurer en racontant les miracles de la Vierge, à la Noël 1902[43]. Une confidence à demi-mot de Péguy[44] laisse à penser que sa conversion intervint à la suite d'une lecture de l'Évangile de la Passion selon saint Matthieu[45]. Le paraît Le Mystère de la charité de Jeanne d'Arc, qui s'inscrit clairement dans la perspective d'une méditation catholique et manifeste publiquement sa conversion. Plutôt que par le mot conversion qui sous-entendrait un rejet de sa vie passée, c'est par « un approfondissement du cœur » que Péguy retrouve la foi. Approfondissement qu'il exprime ainsi : « Ce n’est nullement par un rebroussement que nous avons trouvé la voie de chrétienté. Nous ne l’avons pas trouvée en revenant. Nous l’avons trouvée au bout. C’est pour cela que nous ne renierons jamais un atome de notre passé ». La réaction du public catholique au Mystère de la charité de Jeanne d'Arc est plutôt méfiante, même si L'Amitié de France et La Croix font une critique élogieuse de l'ouvrage. Son intransigeance et son caractère passionné le rendent suspect à la fois aux yeux de l'Église, dont il attaque l'autoritarisme et l'orientation bourgeoise, et aux yeux des socialistes, dont il dénonce l'anticléricalisme ou, un peu plus tard, le pacifisme, pour lui inopérant et, qui plus est, à contre-sens, quand l'Allemagne redevient menaçante.
À partir de 1911, Péguy qui est au tournant de la quarantaine, fait l'amère expérience des déceptions, des ratages et des critiques injustes des milieux académiques après les remous provoqués par l'essai polémique contre Fernand Laudet[Note 9]. Son pessimisme et sa détresse sont immenses, comme en témoigne son ami Daniel Halévy : « Ah, lui dit un jour Péguy, je ne savais pas que c'était ça la vie ! » Terrible aveu de désespoir dont il tâche de se sauver par une frénésie de travail : « Je travaille tout le temps, tous les jours, je me sauve ainsi de descendre plus profondément », écrit-il le à son ami Charles Lucas de Pesloüan. Rédigés entre l'automne 1911 et le printemps 1912, les Quatrains, envahis de visions sanglantes, sont à la fois une imploration et le poème de ce désespoir[46]. Et au milieu de tant de difficultés, s'ajoute en 1912, l'inquiétude provoquée par la paratyphoïde de Pierre, son second fils ; Péguy fait alors le vœu de se rendre en pèlerinage solitaire à Chartres, du 14 au 17 juin, parcourant 144 km en trois jours. Alain-Fournier l'accompagne sur une partie du chemin[47]. « J'ai fait un pèlerinage à Chartres. Je suis Beauceron, Chartres est ma cathédrale », avoue-t-il à son ami Joseph Lotte, ajoutant : « Notre Dame m'a sauvé du désespoir »[48]. C’est ce pèlerinage qui, par la suite, inspira les pèlerinages de Chartres. Il fait à nouveau ce pèlerinage en 1913, du 25 au 28 juillet. Il écrit : «… J'ai tant souffert et tant prié… Mais j'ai des trésors de grâce, une surabondance de grâce inconcevable… »[49]. Pourtant, Péguy n'a pas retrouvé la joie, mais seulement une sérénité précaire qui n'empêche ni regret ni mélancolie ; et il ne devient pas catholique pratiquant. Charles Péguy n'aurait jamais communié adulte et n'aurait reçu les sacrements qu'un mois avant sa mort, le 15 août 1914, à Loupmont, alors qu'il était sous l'uniforme.
La bénédiction de son patriotisme par Dieu s'inscrit dans le courant de pensée majoritaire des années d'avant-guerre qui, après les années d'abattement dues à la défaite de 1870, attendait et espérait une revanche :
« Heureux ceux qui sont morts pour la terre charnelle,
Mais pourvu que ce fût dans une juste guerre. (…)
Heureux ceux qui sont morts dans les grandes batailles,
Couchés dessus le sol à la face de Dieu (…)
Heureux les épis mûrs et les blés moissonnés[50]. »
Elle fait écho aux Béatitudes.
L'œuvre de Péguy célèbre avec flamme des valeurs qui pour lui sont les seules respectueuses de la noblesse naturelle de l'homme, de sa dignité et de sa liberté : d'abord, son humble travail, exécuté avec patience, sa terre, cultivée avec respect, sa famille : « Il n'y a qu'un aventurier au monde, et cela se voit très notamment dans le monde moderne : c'est le père de famille », écrit-il[51]. Ce sont là ses valeurs essentielles, liées à son patriotisme et à sa foi dans une République qui serait enfin forte, généreuse et ouverte. Et c'est précisément là, pour lui, que dans une action résolue, se rencontre Dieu. À ce titre Péguy peut apparaître comme un théologien, chantre des valeurs de la nature créée par un Dieu d'amour. C'est ce ton de respect et d'amour pour toutes les créatures vivantes que l'on trouve dans les quatrains d’Ève, au seuil de ce grand poème, où se développe un tableau du paradis terrestre[52]. D'où aussi son attachement profond à Marie[53] : il aurait passé la nuit précédant sa mort à fleurir la statue de la Vierge dans la chapelle de la butte de Montmélian près de Vémars, où stationnait son unité[Note 10].
Antimoderne
La réforme scolaire de 1902, portant sur les humanités modernes et l'enseignement secondaire unique, est sans doute la première occasion à laquelle Péguy exprime aussi violemment son rejet du monde moderne[54] : « Comme le chrétien se prépare à la mort, le moderne se prépare à la retraite ». Dans ses Cahiers de la quinzaine, il écrit : « Aujourd'hui, dans le désarroi des consciences, nous sommes malheureusement en mesure de dire que le monde moderne s'est trouvé, et qu'il s'est trouvé mauvais »[55]. Il se sépare ainsi peu à peu de la gauche parlementaire coupable, à ses yeux, de trahir ses idéaux de justice et de vérité, pour rejoindre les rangs des nationalistes qui jugent inévitable une nouvelle guerre, au moins pour recouvrer l'intégrité du territoire d'une France mythifiée par le culte de figures comme Richelieu, que nul ne surpasse, selon lui, « dans le régime révolutionnaire »[56], et surtout de Jeanne d'Arc.
Deux ans plus tard, dans Zangwill, il allie ce rejet de la modernité à celui d'une certaine idée du progrès, « grande loi de la société moderne[57] ». Péguy critique dans la modernité d'abord la vanité de l'homme qui prétend remplacer Dieu, et un avilissement moral largement inévitable, en raison surtout de la part donnée à l'argent et à l'âpreté mise dans sa recherche et son accumulation ; un monde qui tourne le dos aux humbles vertus du travail patient de l'artisan ou du paysan.
Guerre et mort
Charles Péguy | |
Allégeance | France |
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Arme | Armée de terre |
Unité | 276e régiment d'infanterie |
Grade | Lieutenant |
Années de service | 1893 (classe) – 1914 |
Commandement | 19e compagnie du 276e RI |
Conflits | Première Guerre mondiale |
Faits d'armes | Bataille de la Marne |
Distinctions | Chevalier de la Légion d'honneur[58] (à titre posthume) Croix de guerre 1914-1918[59] |
Son fils aîné devant rentrer à Sainte-Barbe en , Péguy loue une maison à Bourg-la-Reine, 7 rue André Theuriet[60]. Il y demeure avec son épouse, Charlotte-Françoise Baudouin, et ses enfants, Marcel, Germaine et Pierre. À Bourg-la-Reine, il termine Ève, rédige la Note sur Bergson et la Philosophie bergsonienne, la Note conjointe sur Descartes et la philosophie cartésienne et continue la rédaction des Cahiers de la Quinzaine[60].
Lieutenant de réserve, il part en campagne dès la mobilisation en , dans la 19e compagnie du 276e régiment d'infanterie. Il meurt le , à Villeroy dans la Goële, près de Meaux, lieu essentiel des combats[61] de la bataille de l'Ourcq à la veille de la première bataille de la Marne, tué d'une balle au front, alors qu'il exhortait sa compagnie à ne pas céder un pouce de terre française à l'ennemi. Il serait mort, selon Victor Boudon[62], l'un de ses camarades de combat présents à ses côtés, en disant : « Oh mon Dieu, mes enfants… »[63]
Selon le maréchal Juin[64], le 5e bataillon du 276e RI, dans lequel se trouvait Charles Péguy, est venu en soutien sur le flanc gauche de l'attaque de Penchard, menée par une brigade marocaine[65], pour une mission de sacrifice sur un terrain à découvert. L'attaque échoua faute d'une préparation d'artillerie[66].
Un de ses proches, Joseph Le Taconnoux, que ses camarades mobilisés surnommaient Taco, a rapporté qu'avant son départ pour le front, Péguy lui avait affirmé : « Tu les vois, mes gars ? Avec ça, on va refaire 93 »[67].
Sa famille quitte alors la maison de Bourg-la-Reine et laisse la demeure au romancier et essayiste Léon Bloy[60], qui s'y installe avec sa femme et ses deux filles.
Un quatrième enfant, posthume, Charles-Pierre Péguy (1915-2005), naît au mois de février 1915.
Postérité
« Péguy a cette destinée singulière d'être, parmi les grands écrivains du XXe siècle, celui qui, de son vivant, a été enseveli sous le plus lourd silence de la critique, et qui, depuis sa mort, a provoqué la plus abondante foison d'articles et de volumes »[68]. Se voulant un héritier intellectuel de Charles Péguy, le philosophe Alain Finkielkraut considère que « Péguy devrait être une référence incontournable pour tous ceux qui veulent penser le monde moderne ». Il a contribué à réhabiliter son maître dans son essai Le Mécontemporain (1992), après une longue période où beaucoup associaient l'écrivain à la récupération qui en avait été faite par le régime de Vichy et le courant nationaliste catholique. Comme lui, il déplore la part prise dans nos sociétés par l'esprit de lucre, la spéculation, la publicité et les impératifs d'une société de spectacle, au détriment du souci de l'éducation de tous. Un autre philosophe, Damien Le Guay, considère lui aussi qu'il est urgent et plus nécessaire que jamais de lire Péguy (qu'il estime être « censuré par l’Éducation nationale ») pour « l'actualité brûlante de sa pensée » et les nombreux « antidotes » qu'il fournit aux poisons qui rongeraient notre société[69]. L'amitié mystiquement fraternelle unissant Charles Péguy à Jules Isaac est aujourd'hui encore célébrée comme un exemple du trait d'union nécessaire entre chrétiens et juifs[70].
En , sa ville natale érige sur un square baptisé à son nom un monument portant son buste en bronze sculpté par Paul Niclausse.
En France, de nombreuses rues portent aujourd'hui le nom de Charles Péguy ; son nom a également été attribué à plusieurs établissements scolaires : lycée d'Orléans, d'Eysines, de Marseille et de Gorges, collèges du 11e et du 19e arrondissements de Paris, du Chesnay, d'Arras, de Wittelsheim, Moulins, Morsang-sur-Orge, Chartres, Cattenom, Bobigny, Tourcoing, Melun, Metz, Moncoutant, Palaiseau, Bondoufle, Verneuil-l'Étang et Vauvillers. Une grande partie des archives concernant Péguy sont rassemblées au Centre Charles Péguy[71],[72] d'Orléans, fondé par Roger Secrétain en 1964. On y trouve notamment la quasi-totalité de ses manuscrits.
Le centre d'accueil des jeunes Français à Londres, créé en 1954 par le gouvernement français, porte le nom de Centre Charles Péguy[73].
Un Cercle Charles Péguy a été fondé en 1963 à Lyon par le biologiste Michel Delsol, père de la philosophe Chantal Delsol, au sein des milieux catholiques lyonnais. Sa vocation est la reconstruction d'une droite authentiquement conservatrice au sortir de la guerre d'Algérie. Jean Bastaire y voit un exemple de « cercle péguyste réactionnaire » caractéristique de « l'annexion de Péguy par l'extrême-droite[74] ». Le cercle est relancé à Lyon en 2012[75] ; une antenne du cercle est ouverte à Paris l'année suivante, où est notamment invité Alain Finkielkraut[76].
Le réalisateur Bruno Dumont adapte au cinéma le Jeanne d'Arc de Charles Peguy dans Jeannette, l'enfance de Jeanne d'Arc en 2017 et dans Jeanne en 2019.
Œuvres
Écrits
Charles Péguy, mort pour la France en 1914, grands écrivains français du début du XXe siècle. Revenu au catholicisme en 1909, il engendra une œuvre chrétienne d'une grande force[77].
Commentaire selon saint Luc (Lc 2, 22-35) :
- Heureux Syméon !
« Heureux celui qui le vit dans le Temple ; et ensuite ; car cela suffit ; fut rappelé comme un bon serviteur. C'était un vieil homme de ce pays-là ; un homme qui approchait du soir et qui touchait au soir, au dernier soir de sa vie. Mais il ne vit pas se coucher son dernier soir sans avoir vu se lever le soleil éternel. Heureux cet homme qui prit l'enfant Jésus dans ses bras, qui l'éleva dans ses deux mains, le petit enfant Jésus, comme on prend, comme on élève un enfant ordinaire, un petit enfant d'une famille ordinaire d'hommes ; de ses vieilles mains tannées, de ses vieilles mains ridées, de ses pauvres vieilles mains sèches et plissées de vieil homme. De ses deux mains ratatinées. De ses deux mains toutes parcheminées. Et voici qu'il y avait un homme en Jérusalem, nommé Syméon, et cet homme juste et craignant Dieu, attendant la consolation d'Israël, et l'Esprit Saint était en lui (cf. Lc 2, 25).
- Heureux, le plus heureux de tous, il ne connut plus nulle autre histoire de la terre.
Il pouvait se vanter, celui-là aussi, de s'être trouvé au bon endroit. Il avait tenu, car il avait tenu, dans ses faibles mains, le plus grand dauphin du monde, le fils du plus grand roi, roi lui-même, le fils du plus grand roi ; roi lui-même Jésus Christ ; dans ses mains il avait élevé le roi des rois, le plus grand roi du monde, roi par-dessus les rois, par-dessus tous les rois du monde. »
— Charles Péguy. Le Mystère de la charité de Jeanne d'Arc (1910), in Œuvres complètes, vol. 5, Paris, Gallimard, 1916, p. 72-74.
Charles Péguy médite ici sur la parabole du fils prodigue.
- Tout n'est pas perdu
« Un homme avait deux fils. De toutes les paroles de Dieu, c'est celle qui a éveillé l'écho le plus profond.
C'est la seule que le pécheur n'a jamais fait taire dans son cœur.Elle tient l'homme au cœur, en un point qu'elle sait, et ne lâche pas. Elle n'a pas peur. Elle n'a pas honte. Et si loin qu'aille l'homme, cet homme qui se perd, en quelque pays, en quelque obscurité, loin du foyer, loin du cœur, et quelles que soient les ténèbres où il s'enfonce, les ténèbres qui voilent ses yeux, toujours une lueur veille, toujours une flamme veille, un point de flamme. Toujours une lumière veille qui ne sera jamais mise sous boisseau. Toujours une lampe. Toujours un point de douleur cuit. Un homme avait deux fils. Un point qu'il connaît bien. Dans la fausse quiétude un point d'inquiétude, un point d'espérance.
Elle a pour ainsi dire et même réellement porté un défi au pécheur. Elle lui a dit : Partout où tu iras, j'irai. On verra bien. Avec moi tu n'auras pas la paix. Je ne te laisserai pas la paix. Et c'est vrai, et lui le sait bien. Et au fond il aime son persécuteur. Tout à fait au fond, très secrètement. Car tout à fait au fond, au fond de sa honte et de son péché il aime ne pas avoir la paix. Cela le rassure un peu.
Un point douloureux demeure, un point de pensée, un point d'inquiétude. Un bourgeon d'espérance.
Une lueur ne s'éteindra point et c'est la Parabole troisième, la tierce parabole de l'espérance. Un homme avait deux fils. »
— Charles Péguy. Le Porche du Mystère de la deuxième vertu, in Œuvres complètes, vol. 5, Paris, NRF, 1916, p. 394-396[78].
Essais
- De la raison, 1901.
- De Jean Coste, 1902.
- Notre Patrie, 1905.
- Situations, 1907-1908.
- Notre Jeunesse, 1910.
- Victor-Marie, Comte Hugo, 1910 ; réédition Fario 2014.
- Un nouveau théologien, 1911.
- L'Argent, Paris, Allia, , 112 p. (ISBN 9791030411058)
- L'Argent suite, 1913 ; rééd. La Délégation des siècles, L'Argent & l'Argent suite (réunion des deux textes), 265 p., 2020.
- Note sur M. Bergson et la philosophie bergsonienne, 1914.
- Note conjointe sur M. Descartes et la philosophie cartésienne, 1914 (posth.).
- Clio. Dialogue de l'histoire et de l'âme païenne, 1931 (posth.).
- Par ce demi-clair matin, 1952 (posth.) (recueil de manuscrit inédits dont les deux suites de Notre Patrie)
- Un poète l'a dit... , Gallimard, 1953 (posth.)
- Véronique. Dialogue de l'histoire et de l'âme charnelle, Gallimard, 1972 (posth.).
Recueil d'essais
- Charles Péguy, Mystique et politique, préface d'Antoine Compagnon, Édition établie et annotée par Alexandre de Vitry. Comprend : Zangwill ; Notre patrie ; Situations ; À nos amis, à nos abonnés ; Notre jeunesse ; Victor-Marie, Comte Hugo (Solvuntur objecta) ; Un nouveau théologien, M. Fernand Laudet ; L'argent ; L'argent suite. Éditeur : Robert Laffont, collection Bouquins. 2015.
Poésie
- Le Porche du Mystère de la deuxième vertu, 1911.
- La Tapisserie de Sainte Geneviève et de Jeanne d'Arc, 1913.
- La Tapisserie de Notre-Dame, 1913.
- Ève, 1913 ;
- dont : « Prière pour nous autres charnels », adapté par Max Deutsch et Jehan Alain.
Mystères lyriques
- Jeanne d'Arc, film musical, adaptation des œuvres Jeanne d'Arc (1897) et Le Mystère de la charité de Jeanne d'Arc (1910).
- Le Mystère de la charité de Jeanne d'Arc, 1910.
- Le Porche du Mystère de la deuxième vertu, 1911.
- Le Mystère des Saints Innocents, 1912.
Divers
- Lettres et entretiens, 1927 (posth.).
- Correspondance Charles Péguy - Pierre Marcel, Paris, L'Amitié Charles Péguy, XXVII (posth.).
- Une éthique sans compromis, préface Dominique Saatdjian, 2011, Éditions Pocket (morceaux choisis de l'œuvre de Charles Péguy rangés selon cinq thèmes : héroïsme, travail, sciences, dieux et révolution[79]).
Œuvres complètes
- Charles Péguy, Œuvres complètes de Charles Péguy (1873-1914), Gallimard, coll. « La Nouvelle Revue française », 1916-1955 (20 vol.) ;
- Charles Péguy, Œuvres poétiques complètes, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », , 1610 p. (ancienne édition) ;
- Charles Péguy, Œuvres poétiques et dramatiques, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », , 1888 p. (nouvelle édition) ;
- Charles Péguy, Œuvres en prose complètes tome I, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », , 2080 p. ;
- Charles Péguy, Œuvres en prose complètes tome II, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », , 1648 p. ;
- Charles Péguy, Œuvres en prose complètes tome III, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », , 2144 p..
Éditions bibliophiliques
- Présentation de la Beauce à Notre-Dame de Chartres, vingt lithographies originales d'André Jordan, N.R.F., 1946.
Anthologies
Ainsi parlait Charles Péguy, dits et maximes de vie choisis et traduits par Paul Decottignies, éditions Arfuyen, 2020 (ISBN 978-2845-90296-1).
Distinctions
- Chevalier de la Légion d'honneur obtenu à titre posthume.
- Croix de guerre 1914-1918.
Notes et références
Notes
- Ces vers libres n'ont rien à voir avec ceux des poètes de l'école symboliste. Péguy parlait plutôt de « prose musicale ».
- Il fixait les débuts de l'âge moderne vers 1880.
- Napoléon II, poème V dans Les Chants du crépuscule.
- Leur admission à l'École normale supérieure leur permettra de poursuivre leur amitié.
- Jacques Maritain, dans sa Philosophie bergsonienne, considérait celle-ci comme « une philosophie athée, foncièrement panthéiste et moniste, radicalement incompatible avec la philosophie chrétienne » (p. 149, 177, 306 à 311).
- Dans l'ordre de la pensée, le « se faisant » représente pour Péguy la spontanéité créatrice, par opposition à la platitude des pensées toutes faites.
- C'est nous qui soulignons.
- Ce mouvement de retour au catholicisme touche aussi Paul Claudel, Huysmans, Paul Bourget, Brunetière, Léon Bloy et François Mauriac.
- Un nouveau théologien, M. Fernand Laudet, septembre 1911, Charles Péguy 1992, p. 392 à 591.
- Selon le capitaine Claude Casimir-Périer, cantonné dans un vieux couvent des bois de Saint-Witz, il aurait passé la nuit à accumuler des fleurs au pied de l'autel de la Vierge (André Bellard, Péguy devant Metz).
Références
- Source BnF
- Charles Péguy, Encyclopædia Universalis, en ligne.
- Jérôme Grondeux, « Péguy conservateur ? », Mil neuf cent. Revue d'histoire intellectuelle 1/2002 (no 20), p. 35-53.
- « Cécile Péguy (1846-1933) », sur data.bnf.fr (consulté le ).
- Charles Péguy (dir. Claire Daudin), Œuvres poétiques et dramatiques, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade » (no 60), (1re éd. 1941), 1888 p. (ISBN 978-2070134168), p. 33.
- Robert Burac, Charles Péguy : la révolution et la grâce, Robert Laffont, 1994, p. 17.
- Marcel Péguy, « Le lieutenant Péguy, soldat de France », Revue d’Histoire Littéraire de la France, nos 2-3, , p. 382
- L'Argent , Charles Péguy 1992, p. 790.
- L'Argent, Charles Péguy 1992, p. 787 à 818.
- Victor-Marie, comte Hugo, Charles Péguy 1992, p. 268.
- Victor-Marie, comte Hugo, Charles Péguy 1992, p. 202 à 208.
- Robert Burac, Charles Péguy, La révolution et la grâce, Robert Laffont, p. 36.
- L'amitié Charles Péguy (Portrait par Léon Deshairs, juillet 1894), Bulletin d'informations et de recherches (no 81), (présentation en ligne).
- L'amitié Charles Péguy, Feuillets mensuels (no 38), (ISSN 0180-8559 et 0569-9444, OCLC 1177292370, BNF 34383071, lire en ligne), p. 3-23.
- Raoul Blanchard, Ma jeunesse sous l'aile de Péguy, Paris, 1961, Fayard, p. 157.
- Réponse à l'enquête : Y a-t-il une renaissance religieuse en France ?, dans La Grande revue, mai 1915.
- Louis Chaigne, Charles Péguy, Éditions des Loisirs, , p. 18
- Pierre-Henri Simon, Histoire de la littérature française au XXe siècle, Paris, Armand Colin, 1959.
- Principal article publié par Péguy en 1897 dans la Revue socialiste : La cité socialiste.
- Jean Bastaire, Péguy tel qu'on l'ignore, Gallimard, Collection Folio essais, 1995, notice éditeur
- Éric Thiers, « Péguy ou l’imperfection démocratique », Commentaire, no 131, automne 2010, page 740.
- Isabelle Poulin, Jérôme Roger, Le lecteur engagé - Critique, enseignement, politique, Presses Universitaires Bordeaux, février 2008, page 28.
- Notre jeunesse, Charles Péguy 1992, p. 26. et Œuvres complètes tome 4, pages 67 et 68.
- Œuvres en prose complètes, tome I, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, Paris, 1987, p. 1197.
- Romain Vaissermann, Charles Péguy, l'écrivain et le politique, Rue d'Ulm, , p. 303
- Henri Guillemin, Charles Péguy, p. 108.
- sur le site de l'ADIC
- L'Argent, Charles Péguy 1992, p. 801.
- Œuvres en prose complètes tome I, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 1987, p. 144, cité dans Henri Guillemin, Charles Péguy, Seuil, 1981, p. 171.
- Sur la relation Péguy-Jaurès, voir notamment cet article synthétique : Jaurès et Péguy : le grand malentendu. http://www.jaures.eu/syntheses/jaures-et-peguy-le-grand-malentendu-jerome-pellissier/
- Lire l'argumentation anti-jauressiste de Péguy dans L'Argent, Charles Péguy 1992, p. 797 à 799.
- L'Argent, Charles Péguy 1992, p. 795-796.
- Sur les relations qu'ont entretenues Péguy et Jaurès, voir Henri Guillemin, ch. 3, « Péguy et Jaurès », dans Charles Péguy, Seuil, 1981, p. 63-103 et Arnaud Teyssier, Charles Péguy, Perrin, 2008.
- Google books : Jean-Jacques et Annette Becker, La France en guerre, 1914-1918, Éditions Complexe, p. 11.
- Le Mystère de l'enfant prodigue, Charles Péguy 1975, p. 1569.
- Charles Péguy 1992, p. 1798, Note 2.
- Henri Lemaitre, L'aventure littéraire du XXe siècle, 1890-1930, Pierre Bordas et fils, 1984, p. 79.
- Note sur M. Bergson et la philosophie bergsonienne, Charles Péguy 1992, p. 1254-1255.
- Note sur Bergson et la philosophie bergsonienne, Charles Péguy 1992, p. 1272 à 1274.
- Jacques Chevalier, Entretiens avec Bergson, Plon Paris, 1959, p. 26.
- Jules Sageret, Les Grands Convertis, Soc. du Mercure de France, 1906
- J. Lotte, Bulletin des professeurs catholiques de l'Université, 23 mai 1911.
- Charles Péguy, p. 223.
- Dialogue de l'histoire et de l'âme charnelle, texte posthume, Charles Péguy 1992, p. 732.
- Pierre-Olivier Walzer, Le XXe siècle, 1896-1920, collection Littérature française, Arthaud, 1975, p. 263-264.
- Jean Onimus, Introduction aux Quatrains de Péguy, Cahiers de l'Amitié Charles Péguy, 1954, p. 34 à 37.
- Y. Rey-Herme, Charles Péguy et Alain Fournier, Revue d'histoire littéraire de la France - 1973.
- Entretien de Péguy avec Joseph Lotte - Henri Massis, De l'homme à Dieu, p. 440.
- Cité par Arnaud Teyssier, Charles Péguy, Paris, Perrin 2008.
- Ève, Charles Péguy 1975, p. 1028.
- Dialogue de l'histoire et de l'âme charnelle, Charles Péguy 1992, p. 656.
- « On oublie trop que l'univers, c'est la création, et le respect, non moins que la charité, doivent s'étendre à toute créature. » L’Ève de Péguy, in Charles Péguy 1992, p. 1228.
- Assomption : la passion de Charles Péguy pour Marie, article de Damien Le Guay sur lefigaro.fr du 14 août 2014.
- Sur Péguy antimoderne, voir "Péguy", dans Les antimodernes. De Joseph de Maistre à Roland Barthes, Antoine Compagnon, Gallimard, 2005.
- Œuvres en prose complètes, I, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, Paris, 1987, p. 1390.
- L'Argent suite, Charles Péguy 1992, p. 917.
- Œuvres en prose complètes, I, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, Paris, 1987, p. 1398.
- Décret du 27 avril 1920 nommant Charles Péguy au grade de chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume.
- Le général Cousin remet à Pierre Péguy la Croix de Guerre de son père dans la cour d’honneur de l'hôtel des Invalides.
- Xavier Lenormand, Histoire des rues de Bourg-la-Reine, p. 19.
- Voir la carte des combats en ce jour samedi 5 septembre.
- Victor Boudon, Mon lieutenant Charles Peguy : Juillet : Septembre 1914, Albin Michel, , 301 p.
- France Inter, Émission le 7h43 Centenaire de la Mort de Charles Péguy, .
- Maréchal Juin, La brigade marocaine à la bataille de la Marne, La brigade marocaine du 1er au 17 septembre 1914, la bataille de Penchard.
- Journaux des marches et opérations des corps de troupe, J.M.O. du 2e régiment de marche de chasseur indigène (Infanterie d'Afrique), 26 N 858/3, diapositives 18 à 21, sur le site Mémoire des hommes du ministère de la Défense.
- Jean-Pierre Rioux, La mort du lieutenant Péguy, Talladier, , 270 p.
- Henri Guillemin présente Péguy (vidéo).
- Pierre-Henri Simon, op. cit.
- Damien Le Guay, L'actualité brûlante de Charles Péguy sur lefigaro.fr du 4 septembre 2014.
- Jean-François Bensahel, Charles Péguy, trait d'union entre juifs et chrétiens de France, sur lefigaro.fr du 5 septembre 2014.
- Présentation du Centre Charles-Péguy.
- Centre Charles Péguy d'Orléans.
- Voir le site officiel.
- « Plongée dans La Droite profonde », dans L'Express du 29 octobre 1998.
- Article de présentation du Cercle Charles Péguy.
- Article sur lefigaro.fr
- Charles Péguy, un don pour l’Église.
- Charles Péguy compose le Porche du mystère de la deuxième vertu en 1911. Il s’adresse aussi à Notre-Dame de Paris par cet extrait où il énumère les saints patrons de Paris sculptés aux portails de la cathédrale.
- Une éthique sans compromis sur Le choix des libraires.com
Voir aussi
Biographies générales
- Daniel Halévy, Charles Péguy et les Cahiers de la Quinzaine (nouvelle rédaction), Bernard Grasset, 1941.
- Jean Delaporte, Connaissance de Péguy, Plon, 2 vol., 1942.
- Roger Secrétain, Péguy, soldat de la vérité, Paris, Émile-Paul, 1943.
- Jean Delaporte, Péguy dans son temps et dans le nôtre, Plon, 1944.
- Maurice David, Initiation à Charles Péguy, La Nouvelle Édition, Paris, 1945.
- Jean Roussel, Mesure de Péguy, éditions Corrêa, Paris, 1946.
- Bernard Guyon, Péguy : l'homme et l'œuvre, 1960.
- (en) Marjorie Villiers, Charles Péguy ; a study in integrity, Londres, Collins, , 412 p. (ISBN 978-0-8371-7190-6, OCLC 1323564).
- Jean Bastaire (dir.), Cahier Péguy, coll. « Cahiers de L'Herne », Paris, L'Herne, 1977.
- Henri Guillemin, Charles Péguy, Le Seuil, 1981.
- Marc Tardieu, Charles Péguy : biographie, Paris, Éditions F. Bourin, , 251 p. (ISBN 978-2-87686-169-5, OCLC 243771882).
- Robert Burac, Charles Péguy : la révolution et la grâce, Paris, R. Laffont, coll. « Biographies sans masque », , 344 p. (ISBN 978-2-221-06512-9, OCLC 243782692).
- Michel Leplay, Charles Péguy, Paris, Desclée de Brouwer, coll. « Temps et visages » (no 2), (ISBN 978-2-220-04166-7, OCLC 901250771).
- Bernard Collignon, Pourquoi ont-ils tué Péguy, Latresne, Bord de l'eau, coll. « "Documents" (Bord de l'eau (Firm)) », , 134 p. (ISBN 978-2-915651-13-3, OCLC 60370884).
- Rémi Soulié, Péguy de combat, Bordeaux, France Paris, France, Provinciales Cerf, , 111 p. (ISBN 978-2-912833-15-0 et 978-2-204-08414-7, OCLC 845157569).
- Marie Boeswillwald, Claire Daudin et Yves Rouvière, Comprendre Péguy, Paris, Max Milo, coll. « Comprendre/essai graphique », , 141 p. (ISBN 978-2-315-00479-9, OCLC 874832074).
- Géraldi Leroy, Charles Péguy l'inclassable, Paris, A. Colin, coll. « Nouvelles biographies historiques », , 366 p. (ISBN 978-2-200-28749-8, OCLC 881573686).
- Jean-Pierre Rioux, La Mort du lieutenant Péguy, 5 septembre 1914, Paris, Tallandier, 2014, 270 p. (ISBN 979-1-021-00431-3).
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- Daniel Halévy, Charles Péguy et les Cahiers de la Quinzaine, Nabu Press, , 264 p. (ISBN 978-1-2958-8824-5).
- Matthieu Giroux, Charles Péguy : Un enfant contre le monde moderne, Paris, Éditions Première Partie, coll. « Vraiment alternatifs », , 85 p. (ISBN 978-2-36526-197-5, OCLC 1077284440).
Sur les idées philosophiques et politiques de Charles Péguy
- Jean Bastaire, Péguy l'insurgé, Payot, Paris, 1975.
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- Bernard-Henri Lévy, L'Idéologie française, Grasset, 1981.
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- Philippe Bedouret, Barrès, Maurras et Péguy face au germanisme (1870-1914) (thèse de doctorat en Histoire des idées politiques de l'École Pratique des Hautes Études), ANRT, Lille, 2007, 2 vol, 748 p. (ISBN 978-2-7295-6533-6).
- Géraldi Leroy, Les Idées politiques et sociales de Charles Péguy, thèse Lille-III, 1980.
- Géraldi Leroy, Péguy entre l'ordre et la révolution, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 1981 (ISBN 978-2-7246-0458-0).
- Emmanuel Mounier, Charles Péguy philosophe, 1930.
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- (es) Jorge Molinas Lara, Crisis y compromiso : La ética política de Charles Péguy, Universidad de Valencia, 2014.
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- Alexandre de Vitry, Conspirations d'un solitaire : l’individualisme civique de Charles Péguy, Les Belles Lettres, 2015.
- Camille Riquier, Philosophie de Péguy : ou les mémoires d'un imbécile, PUF, , 552 p. (ISBN 978-2-1306-3067-8).
Sur l'œuvre littéraire de Charles Péguy
- Pauline Bernon, « Sublime et sacré dans la prose de Péguy », Bulletin de l'Association Guillaume Budé, no 2, , p. 147-171 (lire en ligne, consulté le ).
- Jean Onimus, L'Image dans l’Ève de Péguy : Essai sur la symbolique et l'art de Péguy, Cahiers de l’Amitié Charles Péguy, 1952 ; Introduction aux Quatrains de Péguy, Cahiers de l'Amitié Charles Péguy, 1954 ; Introduction aux « Trois Mystères » de Péguy, Cahiers de l'Amitié Charles Péguy, Librairie Minard, 1962.
- Pierre-Henri Simon, Histoire de la littérature française au XXe siècle, Paris, Armand Colin, t. I, 1959.
- Robert Burac, Le sourire d'Hypatie : essai sur le comique de Charles Péguy, Paris Genève, H. Champion Diffusion hors France, Editions Slatkine, coll. « Littérature de notre siècle » (no 9), , 172 p. (ISBN 978-2-7453-0064-5, OCLC 905784760).
- Robert Vigneault, L’univers féminin dans l'œuvre de Charles Péguy : essai sur l'imagination créatrice d'un poète, Paris, Desclée de Brouwer, 1967.
- (it) Gino Collenea Isernia, Charles Péguy poeta e pensatore della speranza, Napoli, M. D'Auria, 1993.
- Marie Gil, Péguy au pied de la lettre : la question du littéralisme dans l'œuvre de Péguy, Paris, Cerf, coll. « littérature », , 147 p. (ISBN 978-2-204-08303-4, OCLC 730031967).
Sur la religion de Charles Péguy
- Jean Bastaire, Péguy l'inchrétien, 1991.
- Pie Duployé, La Religion de Péguy, Slatkine, 1965.
- (de) Paul Gregor, Charles Péguy und die christliche Revolution, Einsiedeln, Johannes Verlag, 1969.
- (en) Yvonne Servais, Charles Péguy: The Pursuit of Salvation, Cork University Press, 1953.
Recueils d'articles
- Jean Bastaire (dir.), Charles Péguy, L'Herne, 1977.
Hommages
Liste non exhaustive :
- Le musée Charles-Péguy, établissement municipal à caractère scientifique est entièrement consacré à l'écrivain, natif d'Orléans.
- Rue Péguy (6e arrondissement de Paris).
- Square Charles-Péguy (12e arrondissement de Paris).
- Centre Charles-Péguy (Londres).
- École Charles-Péguy (Villeroy (Seine-et-Marne)).
NB : un livre parle des lieux nommés en l'honneur de Péguy : Charles Coustille (Auteur) et Léo Lepage (Photographies), Parking Péguy, Flammarion, , 192 p. (ISBN 978-2-0814-8280-7).
Articles connexes
Liens externes
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- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Site consacré à Charles Péguy par l'Amitié Charles Péguy.
- Le Musée Charles Péguy - Orléans.
- Sur les traces de Charles Péguy - Pour le centenaire de la mort du poète qui a lieu en 2014, le chemin Charles-Péguy, de Palaiseau (Essonne) à Chartres (Eure-et-Loir), vient d’être balisé.
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