Cléopâtre VII

Cléopâtre VII Philopator Qui aime son père » en grec ancien Κλεοπάτρα Θεὰ Φιλοπάτωρ) puis Théa Néôtera Philopatris Déesse nouvelle qui aime sa patrie » en grec ancien Θεὰ Νεωτέρα Φιλοπάτριϛ) est une reine d'Égypte antique[alpha 1] de la dynastie lagide née vers 69 av. J.-C. et morte le

Pour les articles homonymes, voir Cléopâtre.

Cléopâtre VII Philopator

Statue de la reine Cléopâtre VII, seconde moitié du Ier siècle av. J.-C., musée de l'Ermitage.
Fonctions
Reine d'Égypte
(royaume ptolémaïque)
Prédécesseur Ptolémée XII
Successeur Ptolémée XV
Biographie
Titre complet Reine d'Égypte
Dynastie Dynastie lagide
Ptolémée
Date de naissance v. 69 av. J.-C.
Lieu de naissance Alexandrie
Date de décès
Lieu de décès Alexandrie
Père Ptolémée XII Aulète
Mère Inconnue, peut-être Cléopâtre VI Tryphène
Grand-père paternel Ptolémée IX Sôter II
Conjoint Ptolémée XIII (frère)
Deuxième conjoint Ptolémée XIV (frère)
Troisième conjoint Jules César (amant)
Enfants avec le 3e conjoint Ptolémée XV Philopator Cæsar dit Césarion
Quatrième conjoint Marc Antoine
Enfants avec le 4e conjoint Alexandre Hélios
Cléopâtre Séléné
Ptolémée Philadelphe

Elle règne sur l’Égypte entre 51 et 30 av. J.-C. avec ses frères-époux Ptolémée XIII et Ptolémée XIV puis aux côtés du général romain Marc Antoine. Elle est célèbre pour avoir été la compagne de Jules César puis de Marc Antoine avec lesquels elle a eu plusieurs enfants. Partie prenante dans la guerre civile opposant Marc Antoine à Octave, elle est vaincue à la bataille d'Actium en 31. Sa défaite permet aux Romains de mener à bien la conquête de l’Égypte, événement qui marque la fin de l'époque hellénistique.

Cléopâtre est un personnage dont la légende s'est emparée de son vivant même. Sa mort tragique n'a fait qu'ajouter au romanesque qui l'entoure et peut pour cette raison nuire à une approche objective de celle qui a été l'une des femmes les plus célèbres de l'Antiquité.

Origines et personnalité

Sources

Relief du grand temple d'Hathor de Dendérah, représentant la reine Cléopâtre et son fils Césarion.

Les principales sources littéraires antiques (Plutarque, Suétone et Appien) n'évoquent Cléopâtre que pour sa place dans l'histoire romaine. Lorsque Cléopâtre sort de l'ombre des dirigeants romains, « elle sort de l'histoire »[1]. C'est pourquoi il existe relativement peu d'informations sur son séjour à Rome, au lendemain de l'assassinat de César, ou sur la période passée à Alexandrie durant l'absence d'Antoine, entre 40 et 37 avant notre ère. De plus, l'historiographie antique lui est globalement défavorable car inspirée par son vainqueur, l'empereur Auguste, et par son entourage, dont l'intérêt est de la noircir, afin d'en faire l'adversaire malfaisant de Rome et le mauvais génie d'Antoine[2]. On observe par ailleurs que César ne fait aucune mention de sa liaison avec elle dans les Commentaires sur la guerre civile[3].

Le jugement que porte sur elle Flavius Josèphe au Ier siècle est révélateur[4] : « Elle fit d'Antoine l'ennemi de sa patrie par la corruption de ses charmes amoureux ». La légende noire propagée par la propagande augustéenne est relayée par les poètes (Horace, Properce, Lucain) et les historiens romains (Tite-Live, Dion Cassius, Eutrope), pour lesquels Cléopâtre incarne plusieurs dangers. C'est en effet une reine qui remet en cause les valeurs de la République romaine ; une femme de caractère et une séductrice constituant un danger pour la virilité et la virtus romaine ; une ambitieuse qui menace la liberté et une étrangère dont l'origine grecque et les mœurs orientales, associées, dans l'esprit de ses adversaires aux notions de débauche et de luxure, sont contraires à la « romanité », notamment à la vertu de pudicitia)[5]. Tous ces éléments expliquent la prudence des historiens actuels à son sujet, mais aussi l'enthousiasme qu'un tel personnage a pu susciter chez les dramaturges, les romanciers et les cinéastes occidentaux.

Origines

Buste hellénistique de Ptolémée XII, père de Cléopâtre VII, musée du Louvre.

Cléopâtre est née au cours de l'hiver 69/68 avant notre ère[6] probablement à Alexandrie. Elle appartient à la dynastie d'origine macédonienne des Lagides, laquelle règne sur l'Égypte depuis la fin du IVe siècle. Cette dynastie a été fondée par Ptolémée Ier, l'un des généraux d'Alexandre le Grand qui s'empare de l'Égypte à la mort du conquérant.

Cléopâtre est l'une des trois filles connues du roi Ptolémée XII Aulète, et peut-être d'une concubine, puisque Strabon affirme que Ptolémée XII n'eut qu'un seul enfant « légitime »[7], Bérénice IV, qui a régné de 58 à 55. Il est dès lors envisageable que son père, qui se serait engagé dans la polygamie pharaonique, ait eu une deuxième épouse égyptienne, peut-être issue de la classe sacerdotale de Memphis, ce qui expliquerait que certains auteurs romains la surnomment de manière injurieuse l’« Égyptienne »[8]. Selon l'historien Maurice Sartre, l'origine de la mère de Cléopâtre serait très vraisemblablement, non pas « égyptienne » mais gréco-macédonienne[9]. Cléopâtre entretient d'ailleurs elle-même le mystère sur ses origines maternelles, laissant planer le doute sur une possible ascendance égyptienne, d'autant qu'elle parle égyptien[10], contrairement à ses prédécesseurs.

Cependant cette éventuelle bâtardise n'est pas certaine (par exemple elle ne figure jamais dans les attaques dont la reine sera plus tard l'objet de la part des Romains)[11],[alpha 2]. Quoi qu'il en soit, à l'époque hellénistique, être un enfant « illégitime » n'est pas un handicap politique pour accéder au trône, Ptolémée XII étant lui-même, par exemple, un bâtard de Ptolémée IX.

Généalogie

 
 
 
 
 
 
 
 
 

Ptolémée XII
 
 
concubine égyptienne ou macédonienne
 
 
Cléopâtre VI
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Ptolémée XIII
 

Cléopâtre VII
 

Ptolémée XIV
 
Arsinoé IV
 
Bérénice IV
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Jules César
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Marc Antoine
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Ptolémée XV
 
 
Alexandre Hélios
 
Cléopâtre Séléné
 
Juba II
de Maurétanie
 
Ptolémée Philadelphe
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
d'où descendance

Titulature

Stèle figurant Cléopâtre VII faisant offrande à Isis, musée du Louvre.

Cléopâtre s'est adjoint l'épithète, classique chez les Lagides, de Philopator, « Qui aime son père ». Mais en 36 avant notre ère, dans un contexte de renouveau politique, elle s'ajoute l'épithète Philopatris Qui aime sa patrie »)[12]. Cette titulature surprend dans une dynastie qui privilégie plutôt les liens dynastiques (« qui aime son père, sa mère, sa sœur », etc.) que l'attachement aux pays et aux peuples qu'elle gouverne. Peut-être faut-il y voir une attention plus marquée, rare chez ses prédécesseurs si l'on excepte Ptolémée VIII, envers les Égyptiens indigènes, thèse la plus consensuelle. À moins que Philopatris n'évoque l'origine macédonienne de la dynastie lagide[13]. Une dernière hypothèse consiste à dire que cette « patrie » n'est autre qu'Alexandrie, ce qui insisterait sur le fait que Cléopâtre est une « métisse » macédonienne et non pas une Égyptienne : en effet, Alexandrie (fondation d'Alexandre le Grand) est alors considérée comme extérieure et indépendante de l'Égypte à laquelle elle n'est réunie que du fait de ses souverains. De cela découle l'expression « d'Alexandrie près de l'Égypte » alors courante, et qui marque cette situation.

Autre nouveauté dans la titulature, Cléopâtre se voit ajouter en 36 l'épithète de Théa Néôtera, soit « Déesse nouvelle / plus jeune », comme l'attestent des monnaies et un papyrus trouvé à Héracléopolis Magna qui donne sa titulature complète[14] : « Déesse nouvelle qui aime son père et qui aime sa patrie ». Diverses interprétations sont possibles quant à cette épiclèse divine[15] : soit Cléopâtre est l'objet d'un culte spécifique (sachant tout de même que les Lagides en sont déjà l'objet), soit il s'agit pour elle de s'inscrire comme le successeur de Cléopâtre Théa, fille de Ptolémée VI, qui a épousé successivement trois rois séleucides, afin de montrer son ambition à contrôler les territoires qui ont autrefois formé le royaume séleucide.

Jeunesse

Son enfance et ses années d'adolescence sont méconnues. Il est possible d'imaginer qu'elle dut observer les événements du règne chaotique de son père avec une grande acuité. La désaffection entre la population égyptienne et la dynastie lagide est patente sous le règne de Ptolémée XII. Les causes sont nombreuses : dégénérescence physique et morale des souverains, centralisation outrancière, corruption et cupidité des administrateurs. La multiplication des révoltes indigènes, la perte de Chypre et de la Cyrénaïque, la dévaluation de la tétradrachme (une première depuis Ptolémée Ier) dont la valeur en argent passe de 90 % à 33 %, font de ce règne l'un des plus calamiteux de la dynastie.

La puissance de Rome, qui intervient militairement pour rétablir Ptolémée XII en 55 avant notre ère renversé par sa fille aînée Bérénice IV trois ans plus tôt, est certainement un élément compris et assimilé par la jeune Cléopâtre. Rétabli par Gabinius[alpha 3], le gouverneur de Syrie, Ptolémée XII se lance dans une série de massacres, de proscriptions et d'assassinats (dont sa propre fille Bérénice, la demi-sœur de Cléopâtre). Cette politique ne rend pas son autorité à un roi fantoche qui ne se maintient que par la présence romaine, laquelle de plus grève les finances du pays. Les tribulations du règne précédent apprennent ainsi à la future reine à utiliser tous les moyens pour se débarrasser de ses adversaires ou de ceux qui gênent ses projets, comme son jeune frère Ptolémée XIV en 44.

Personnalité et apparence physique

Portrait peint de Cléopâtre VII avec des cheveux roux et ses traits faciaux distincts, portant un diadème royal et des épingles à cheveux perlés, Herculanum, milieu du Ier siècle, musée archéologique de Naples.

Il est difficile de cerner la véritable personnalité de Cléopâtre, qu'un certain romantisme a contribué à déformer ; mais elle possèderait beaucoup de courage et se révèlerait suffisamment intelligente pour inquiéter les Romains. De plus, alors qu'elle est souvent présentée dans des écrits hostiles comme étant une « prostituée », elle a démontré ses capacités de diplomate et de dirigeante politique[16]. Le fait qu'elle ait séduit des Romains et créé des liens politiques avec eux uniquement à l'aide de sa beauté est une supposition probablement fausse[16].

Aucune source sûre ne vient nous éclairer sur son aspect physique qui échappe à un classement esthétique banal. Le buste de Cherchell, réalisé bien après sa mort, à l'occasion du mariage de sa fille, Cléopâtre Séléné, avec le roi Juba II de Maurétanie, est idéalisé. Certains auteurs antiques insistent sur sa beauté presque divine[17]. La pièce de théâtre de Shakespeare contribue au mythe de la femme fatale qui se voit impliquée dans des relations passionnées vouées à la tragédie[18]. Cette pièce en a inspiré bien d’autres, qui contribuent à leur tour à créer le symbole de la beauté éblouissante de Cléopâtre[18]. Toutefois, les quelques pièces de monnaie donnent l'image d'une femme aux traits lourds et au nez assez proéminent. Un des seuls portraits a priori ressemblant de la reine se trouve sur une pièce de monnaie au Cabinet des médailles : il montre une femme au visage empâté, avec un menton et un nez proéminents. Si son physique semble en réalité avoir été des plus banals, Plutarque laisse entendre que ses interlocuteurs auraient été impressionnés par le ton de sa voix et ses capacités linguistiques[alpha 4]. Bien qu'il soit impossible de définir avec certitude son apparence, son intelligence et son esprit cultivé sont probablement des traits de son caractère.[19].

Comme dans tout le monde hellénistique où l'éducation des filles de familles libres est devenue chose normale[20], Cléopâtre bénéficie apparemment de l'enseignement de précepteurs cultivés. Le philosophe Plutarque insiste sur ses qualités intellectuelles[21]. C'est ainsi que Cléopâtre est une polyglotte : elle parle, outre le grec, l'égyptien[10] (première et dernière de sa dynastie à faire cet effort, encore qu'il y ait un doute pour Ptolémée VIII), l'araméen, l'éthiopien, le mède, l'arabe, sans doute aussi l'hébreu ainsi que la langue des Troglodytes, un peuple vivant au sud de la Libye. De tels dons ne la laissent sans doute pas longtemps démunie face au latin, encore que les Romains cultivés comme César parlent et lisent couramment le grec. Plusieurs traités de métrologie, d'alchimie, de gynécologie ou de cosmétique (le Kosmètikon) lui sont attribués, mais ils sont jugés apocryphes par les historiens modernes[22].

Règne

Accès au pouvoir

Buste supposé de Cléopâtre VII, Altes Museum, Berlin.

Fin 52 à début 51 avant notre ère, Cléopâtre VII alors âgée d'environ dix-huit ans est associée au pouvoir de son père Ptolémée XII[9]. Quelques mois après, le testament du roi Ptolémée XII, mort en 51, désigne comme successeurs Cléopâtre et un frère cadet de celle-ci, Ptolémée XIII, d'une dizaine d'années environ, à qui elle est nominalement mariée car selon la coutume ptolémaïque, elle ne peut régner seule[23]. Rien ne prouve que Cléopâtre ait voulu exercer la totalité du pouvoir à l'époque, en tout cas les titulatures de cette période lui accordent toujours la seconde place. Ces trois premières années de règne sont difficiles du fait des difficultés économiques : disette des années 50/48, crues insuffisantes du Nil et lutte politique entre l'eunuque Pothin et le général Achillas qui cherchent à opposer le frère et la sœur[24].

À l'automne 49, les relations se dégradent totalement entre les deux souverains. Les causes de cette rupture sont ignorées, mais à partir de cette date le nom de la reine figure dans les textes officiels avant celui de Ptolémée XIII. En fait c'est une véritable guerre qui éclate entre les deux monarques puisqu'à l'été 48, ils se font face à Péluse. Alors que le jeune roi vient d'atteindre sa majorité, Pothin et ses amis accusent la reine de complot contre son frère et provoquent un soulèvement des Alexandrins[25], si bien que Cléopâtre doit fuir en Syrie[26] puis à Ashkelon, au sud de la Judée, où elle se constitue une armée de mercenaires recrutée parmi les tribus arabes[27].

Assassinat de Pompée

C'est alors qu'intervient la puissance romaine. En effet Pompée, vaincu par Jules César à la bataille de Pharsale à l'été 48 avant notre ère, tente de trouver refuge en Égypte. Pompée a en effet été le protecteur de Ptolémée XII, le père de Cléopâtre et de Ptolémée XIII dont il se considère comme le tuteur[28]. Ptolémée XIII et Cléopâtre auraient d'ailleurs aidé Pompée par l'envoi d'une flotte de soixante navires[29]. Mais le jeune roi Ptolémée XIII et ses conseillers jugent sa cause perdue et pensent s'attirer les bonnes grâces du vainqueur en faisant assassiner Pompée à peine a-t-il posé le pied sur le sol égyptien, près de Péluse, le , sous les yeux de son entourage[24].

César, qui débarque deux jours plus tard, est en apparence furieux de ce lâche forfait et n'éprouve pour le pharaon que mépris, car ce n'est pas son adversaire qu'on a lâchement frappé dans le dos mais Rome elle-même[24]. Il fait enterrer la tête de Pompée dans le bosquet de Némésis en bordure du mur est de l'enceinte d'Alexandrie. Pour autant la mort de Pompée est une aubaine pour César qui tente par ailleurs de profiter des querelles dynastiques pour annexer l’Égypte.

Rencontre de Jules César

Cléopâtre et César par Jean-Léon Gérôme, 1866.

Il est difficile de se prononcer clairement sur les raisons qui ont poussé César à s'attarder à Alexandrie. Il y a des raisons politiques, César ayant certainement l'intention d'annexer l'Égypte[24], mais aussi des raisons plus sentimentales, bien qu'il évoque les vents contraires pour expliquer pourquoi il a différé son retour. Il tente d'abord d'obtenir le remboursement de dettes que Ptolémée XII a contractées auprès d'un banquier romain et qu'il a reprises à son compte. Il juge pour cela indispensable de réconcilier le couple royal et tente de s'y employer à la fin de l'année 48 avant notre ère[30]. Les deux souverains sont convoqués au palais royal d'Alexandrie. Ptolémée XIII s'y rend après diverses tergiversations ainsi que Cléopâtre. C'est à ce moment que se déroule, s'il est authentique, l'épisode du tapis dans lequel la reine se serait fait enrouler afin de parvenir auprès de César[31]. Celui-ci tente d'imposer le statu quo ante, c’est-à-dire le retour au testament de Ptolémée XII, ce qu'accepte Cléopâtre mais pas son frère, guère impressionné par les faibles effectifs de César (environ 7 000 hommes). Celui-ci se retrouve même prisonnier à Alexandrie à la fin de 48, sans renforts. Seule la noyade de Ptolémée XIII dans le Nil le met fin au conflit.

César renonce semble-t-il à ce moment à son projet d'annexion, préférant contracter une alliance. Est-ce à cause de la romance avec la reine de trente ans sa cadette ? Suétone affirme à ce propos que Cléopâtre est la plus grande passion de César[32] ; mais il écrit plus d'un siècle et demi après les faits. Est-ce à cause des difficultés militaires rencontrées durant la guerre civile à Alexandrie au cours de l'hiver 48/47 ? Est-ce à cause de ce fameux voyage « voluptueux » sur le Nil jusqu'aux confins de la Nubie[33],[alpha 5] ?

Il existe enfin un autre motif qui pourrait expliquer ce changement de politique. En cette période troublée (César n'a pas encore réduit les derniers partisans de Pompée), un gouverneur d'Égypte ambitieux aurait pu affamer Rome en la privant du blé égyptien et s'en faire un tremplin pour ses ambitions politiques. Auguste plus tard interdit d'ailleurs aux sénateurs l'accès à l'Égypte afin d'éviter d'éventuelles tentations. Maintenir une dynastie discréditée tout en gardant le contrôle militaire du pays (trois légions romaines restent après le départ de César) est par conséquent la solution, peut-être provisoire dans l'esprit du conquérant, la plus commode.

Séjour à Rome

Cléopâtre épouse alors un autre de ses frères cadets, Ptolémée XIV, sur l'injonction de Jules César[30]. Cependant, elle est la seule à détenir réellement le pouvoir (sous protectorat romain) et le protocole enregistre cette prépondérance en plaçant le nom de la reine en tête des actes officiels. Sa liaison avec César n'est un mystère pour personne. Ce dernier cependant doit bientôt quitter Alexandrie pour combattre le roi du Pont, Pharnace II, puis les derniers partisans de Pompée en Afrique. De retour à Rome, il y convoque les souverains lagides en 46 avant notre ère. Les motifs de cette convocation sont imprécis. César, lui-même marié, âgé d'une cinquantaine d'années souhaite-t-il retrouver sa maîtresse âgée elle d'une vingtaine d'années, qu'il loge dans sa propriété de la rive droite du Tibre ? Veut-il impressionner par l'éclat des quatre triomphes qu'il célèbre durant l'été 46 ? A-t-il comme objectif de montrer ce qu'il en coûte de se révolter contre Rome en faisant figurer dans son triomphe la sœur de Cléopâtre et de Ptolémée XIV, Arsinoé, qui s'est fait reconnaître reine par les troupes de Ptolémée XIII ? Souhaite-t-il garder en otage les deux souverains d'un État dont les ressources en blé sont vitales à Rome ? Suétone affirme dans ce sens que César préfère maintenir deux souverains fantoches à la tête de l'Égypte plutôt que d'en faire une province où un gouverneur audacieux serait en position d'affamer Rome très dépendante de ses importations de blé égyptien[34]. Toujours est-il que l'Égypte est administrée pendant ce temps par les officiers de ses troupes restés à Alexandrie.

Ce séjour de deux ans à Rome reste méconnu. En fait, il y a deux séjours : un premier dans la villa du Trastevere de César, puis, après un bref retour en Égypte, un second, probablement dans les anciens jardins appartenant à son amie Claudia, la femme de Catulle[35]. Le seul geste officiel de César en sa faveur est de faire placer une statue dorée de la reine dans le sanctuaire de Vénus Genetrix[36], ancêtre mythique de la gens Iulia dont il est issu. Il est cependant attesté qu'elle a rencontré de nombreux hommes politiques romains dont Cicéron qui n'hésite pas à écrire à Atticus : « Je déteste la reine[37] ! »

Aux yeux de la morale romaine, Cléopâtre reste la prostituée de César. Même si elle est reine ou déesse en sa demeure, elle incarne une conquête romaine ou une esclave qui ne doit pas offrir de descendance à César. Pline la surnommera même la regina meretrix, la « reine putain ». De nombreuses lampes à huile sont illustrées de scènes la caricaturant. On la voit ainsi s’accoupler avec un crocodile en tenant une palme de victoire[38].

Mort de Jules César

Imaginer que la présence de Cléopâtre à Rome s'explique par le rôle actif qu'elle y aurait joué et prêter à César l'intention de transporter à Alexandrie sa capitale (comme l'estime Suétone) est excessif. Il paraît difficile d'imaginer César gouvernant l'Italie depuis l'Égypte alors que la situation politique demeure trouble. Dans son testament, il ne fait aucune allusion à Césarion, né de Cléopâtre[alpha 6] ; mais il fait d'Octave son héritier[39]. Il est donc certain que César vivant est plus un obstacle au projet de restauration de la puissance lagide que nourrit Cléopâtre. Aussi sa mort est-elle une surprise mais aussi une chance que la reine tâche d'exploiter.

Début 44 avant notre ère, César est assassiné par une conjuration de sénateurs. Profitant de la situation confuse qui s'ensuit, Cléopâtre quitte alors Rome à la mi-avril, faisant escale en Grèce. Elle parvient à Alexandrie en juillet 44. Elle entreprend de rétablir l'autorité de l'Égypte sur Chypre, qui a été cédée à Rome par Ptolémée XII en 59. À peine de retour dans son royaume, elle fait assassiner Ptolémée XIV, à la fois monarque inutile et rival potentiel. La naissance de son fils lui assure un successeur éventuel et elle prend donc seule le titre de reine.

Années difficiles

Drachme à l'effigie de Cléopatre VII, Syrie.

Cléopâtre, enfin seule reine d'Égypte, même si c'est officiellement au nom de son fils, est confrontée à des années difficiles. En 43 avant notre ère, une famine s'abat sur le pays, puis la crue du Nil fait défaut deux années consécutives (42/41). Il semble que la reine se soit préoccupée essentiellement de l'approvisionnement d'Alexandrie, centre de son pouvoir mais prompte à la rébellion. De plus, il lui faut compter avec les quatre légions romaines installées par son défunt amant, qui se livrent à des exactions jusqu'à leur départ en 43.

La guerre que se livrent les assassins de César, Cassius et Brutus et ses héritiers, Octave et Marc Antoine, oblige la reine à des contorsions diplomatiques. En effet, Brutus tient la Grèce ainsi que l'Asie Mineure, tandis que Cassius s'installe en Syrie. Le gouverneur de Cléopâtre à Chypre, Sérapion, vient en aide à Cassius, avec l'assentiment de la reine quels que soient les sentiments que lui inspire l'un des assassins de César. Sérapion est officiellement désavoué plus tard.

Dans le même temps, Cléopâtre envoie les quatre légions aux partisans de César (qui ont reconnu Césarion comme roi d’Égypte) qui luttent contre Cassius en Syrie. C'est aussi l’occasion pour elle de se débarrasser de l'occupation romaine. Mais la flotte qui les transporte est victime d'une tempête au large de la Cyrénaïque et passe du côté de Cassius[40]. Cassius aurait envisagé de s'emparer d'Alexandrie quand le débarquement en Grèce d'Antoine et d'Octave l'oblige à renoncer à ses projets[41]. La reine se place finalement dans le camp des vainqueurs quand en 42 les républicains sont écrasés à la bataille de Philippes.

Rencontre de Marc Antoine

Monnaie à l'effigie de Cléopâtre et de Marc Antoine.

Nous ignorons depuis quand Cléopâtre, âgée de 29 ans en 41 avant notre ère, et le général romain, qui a une quarantaine d'années, se connaissent. Marc Antoine est l'un des officiers qui ont participé au rétablissement de Ptolémée XII en 55 ; mais il est peu probable qu'ils se soient fréquentés, Cléopâtre n'ayant à l'époque qu'une quinzaine d'années, même si Appien indique qu'Antoine a déjà remarqué la future reine[alpha 7]. Il n'existe aucun témoignage certain sur cette possible rencontre. Il est plus vraisemblable qu'ils se soient fréquentés lors du séjour à Rome de Cléopâtre. Pourtant lors de leur rencontre en 41 avant notre ère, ils semblent assez mal se connaître.

Dans le partage du monde romain intervenu après l'écrasement des républicains, l'Orient est dévolu à Antoine dans le cadre du Second triumvirat[42]. Il reprend alors le projet de César avant sa mort, c'est-à-dire une grande expédition contre les Parthes. Pour cela il convoque les souverains des royaumes clients à Tarse, en Cilicie, y compris la reine d'Égypte[43],[alpha 8]. Celle-ci connaît au moins un des défauts de l'officier, sa vanité et son amour du faste, aussi arrive-t-elle dans un navire à la poupe dorée et aux voiles pourpres, siégeant sous un dais d'or entourée d'un équipage déguisé en nymphes, Néréides et Amours. Puis elle invite Marc Antoine à son bord pour un somptueux banquet. Commence alors une liaison de dix ans, sans doute l'une des plus célèbres de l'Histoire, même s'il est difficile de savoir quelle est la part de calcul dans l'attitude d'Antoine, lequel a besoin de l'Égypte pour ses projets.

Reconstitution d'un grand royaume lagide

Une peinture de style roman romain dans la maison de Marcus Fabius Rufus à Pompéi, en Italie, représentant Cléopâtre VII comme Vénus Genetrix et son fils Césarion comme un Cupidon, milieu du Ier siècle avant notre ère.

Dans un premier temps, Marc Antoine suit Cléopâtre à Alexandrie, où il passe l'hiver 41/40 avant notre ère, laissant son armée[44]. C'est à ce moment qu'une vaste offensive des Parthes leur permet de s'emparer de la Syrie, du Sud de l'Asie Mineure, et de la Cilicie. Antigone Mattathias, un prince de la famille des Hasmonéens, hostile aux Romains, est installé sur le trône de Jérusalem. Marc Antoine mène une courte contre-offensive depuis Tyr puis est obligé de rentrer à Rome (été 40) où s'affrontent ses partisans et ceux d'Octave[alpha 9]. Il conclut avec ce dernier la paix de Brindes en octobre 40 et épouse sa sœur, Octavie[alpha 10]. Pendant ce temps à Alexandrie, Cléopâtre accouche de jumeaux : un garçon, Alexandre Hélios, et une fille, Cléopâtre Séléné.

La séparation dure trois ans, du printemps 40 à l'automne 37, et nous ne savons rien ou presque de l'action de la reine durant cette période. Au retour d'Antoine, les deux amants se retrouvent à Antioche à l'automne 37 ; celui-ci entame une politique nouvelle. Alors que ses officiers et ses alliés ont chassé les Parthes, il substitue là où c'est possible des États clients, qui lui sont fidèles, à une administration directe de Rome. C'est ainsi qu'Hérode devient roi de Judée avec l'appui direct d'Antoine. C'est un phénomène identique qui se déroule en Galatie, dans le Pont et en Cappadoce. Cléopâtre en tire un bénéfice immédiat puisqu'elle se voit confirmer la possession de Chypre, qui est en fait effective depuis 44, mais aussi de villes de la côte syrienne, du royaume de Chalcis, au Liban actuel, et de la côte cilicienne. Elle reconstitue ainsi une partie de la thalassocratie des premiers rois lagides.

Une statue romaine (restructurée) de Cléopâtre VII portant un diadème et une coiffure de melon semblable à des portraits de monnaie, marbre, trouvés près de la Tomba di Nerone, Rome le long de la Via Cassia, Museo Pio-Clementino.

Guerre contre les Parthes

En 37/36 avant notre ère, Marc Antoine entame une campagne contre les Parthes qui tourne au désastre, en grande partie dû à un hiver rigoureux dans les montagnes d'Arménie et d'Atropatène. Antoine lui-même en réchappe de peu. Cléopâtre est restée à Alexandrie pour accoucher d'un troisième enfant du couple, Ptolémée Philadelphe. Nous ignorons si c'est en 37, au retour de cette expédition, que Cléopâtre et Antoine se marient, ou en 34 lors du triomphe célébré à Alexandrie. Eutrope fixe le mariage avant l'expédition contre les Parthes[45]. Nous n'en connaissons même pas le fondement légal mais s'il s'agit du droit pharaonique, ce qui semble probable, ce mariage est considéré comme nul par le droit romain. Toujours est il que la relation entre Cléopâtre et Antoine fut longue de onze ans (de leur rencontre en 41 à 30, à la mort d'Antoine).

Après 37, Octave commence à voir dans l'alliance entre Antoine et Cléopâtre une menace. Il envoie sa sœur Octavie, la femme légitime d'Antoine et la mère de ses deux filles, Antonia l'Aînée (la future grand-mère de Néron), et Antonia la Jeune (future mère de Germanicus et de Claude) au début du printemps 35 rejoindre son mari. Antoine ordonne à sa femme, lorsque celle-ci parvient à Athènes, de rebrousser chemin. Octavie, sans montrer extérieurement le moindre signe de contrariété, ordonne aux troupes qui l'accompagnent, des renforts de son frère pour son époux, de poursuivre leur chemin vers Alexandrie.

Antoine projette en effet de faire oublier son échec contre les Parthes et lance en 35 une seconde expédition plus chanceuse. L'Arménie et la Médie font acte d'allégeance et Antoine célèbre un triomphe, non à Rome, mais à Alexandrie, pour lequel Cléopâtre et ses enfants sont associés. Plus tard Césarion est proclamé roi des rois sous le nom de Ptolémée XV, Alexandre Hélios reçoit en partage l'Arménie et les terres au-delà de l'Euphrate, Ptolémée Philadelphe, quant à lui, se voit confier, nominativement car il a environ deux ans, la Syrie et l'Anatolie. Enfin Cléopâtre Séléné se retrouve à la tête de la Cyrénaïque. Il semble que le caractère hasardeux et chimérique de ces projets grandioses (une partie non négligeable de ces royaumes ne sont pas réellement sous le contrôle de Marc Antoine) n'échappe pas à Cléopâtre qui se contente plus prosaïquement de réclamer à son amant, en vain, la Judée.

Défaite face à Octave

La bataille d'Actium par Lorenzo A. Castro, 1672.

Les relations avec Octave s'enveniment de nouveau en 32 avant notre ère et l'affrontement devient inévitable. Nul doute qu'Octave craint Marc Antoine et sa popularité, encore forte au Sénat, mais le triomphe d'Antoine en 35[46] et la désignation de Ptolémée XV Césarion comme roi des rois lui font envisager un danger plus vaste encore. Après tout, ce jeune homme est le seul fils de César, et il pourrait un jour lui venir l'idée, si les circonstances s'y prêtent, de venir réclamer son héritage paternel. Aussi Octave va s'employer à dénigrer Marc Antoine par tous les moyens et surtout Cléopâtre, l'Égyptienne, celle qui le tient sous ses charmes et qui l'oblige à des abandons qu'Octave estime désastreux pour Rome. La plupart de ces accusations sont de mauvaise foi et de la propagande auprès de l'opinion publique romaine mais sont aussi pour beaucoup à l'origine de la « légende noire » de Cléopâtre chez nombre d'auteurs antiques comme Sénèque. Ainsi ce dernier écrit[47] : « Cet Antoine qui était un grand homme, une belle intelligence, qui est-ce qui l'a perdu en le faisant passer sous l'empire de mœurs étrangères, de vices qu'ignorait le romain ? Son ivrognerie et son amour pour Cléopâtre qui égalait sa passion pour le vin ». Pline évoque Cléopâtre comme « une putain couronnée » dans l’Histoire naturelle. Cléopâtre est rendue responsable de la guerre et la propagande d'Octave n'hésite pas à affirmer qu'elle souhaite régner sur Rome[48].

La guerre voit l'Égypte fournir une part importante de l'effort de guerre (plus de 200 trières) ainsi que les royaumes alliés, à l'exception notable de l'habile Hérode qui visiblement fait le pari d'une victoire d'Octave, la reine d'Égypte souhaitant annexer son royaume. Mais Marc Antoine, alors qu'il dispose des troupes les plus aguerries et de la supériorité numérique[49], mène la guerre en dépit du bon sens, sans énergie et alors qu'Octave peine à constituer son armée, l'inaction d'Antoine lui donne le temps de s'organiser. De plus, l'implication de Cléopâtre dans le conflit est mal perçue par les officiers qui entourent Antoine, en particulier les anciens républicains, assassins de César, ralliés à lui. Ainsi Domitius Ahenobarbus refuse absolument de saluer Cléopâtre de son titre de reine et finit par faire défection[50]. Cette hostilité viscérale de certains Romains à la monarchie éloigne d'Antoine de nombreux hommes de valeur ; elle n'est pas comprise par les historiens de culture grecque des siècles suivants, qui ne font guère de différence entre la dictature de César, le triumvirat et le principe monarchique dans d'autres États. Ainsi Appien écrit[51] : « La différence ne se trouve que dans les mots, en pratique le dictateur n'était ni plus ni moins qu'un roi ». Cléopâtre connaît d'ailleurs cette hostilité et ne quitte pas Marc Antoine de toute la préparation du conflit. Elle est présente à Éphèse, à Athènes puis à Patras. Plus lucide que les officiers d'Antoine, elle comprend fort bien qu'Octave ne la dénonce que pour mieux miner le prestige d'Antoine encore important au Sénat[2].

Octave n'est pas un grand chef de guerre, mais il s'appuie sur Agrippa, un officier compétent qui lui donne rapidement l'avantage. Lorsque éclate la bataille navale d’Actium (), Cléopâtre anticipe rapidement l'issue finale de la guerre et rompt le combat avec sa flotte. Cette fuite, seul moyen de sauver ce qui peut l'être, est évidemment exploitée par Octave auprès des officiers et des hommes d'Antoine dont beaucoup changent d'allégeance.

Mort

La Mort de Cléopâtre, de Reginald Arthur (1892).
Cléopâtre se donnant la mort de Claude Vignon.
Peinture romaine de la maison de Giuseppe II, Pompéi, début du Ier siècle de notre ère, représentant très probablement Cléopâtre VII portant son diadème royal, consommant du poison lors d'un suicide, tandis que son fils Césarion, portant également un diadème royal, se tient derrière elle.

Les derniers mois de son règne sont assez méconnus. Antoine retourne en Égypte et ne prend pratiquement aucune mesure pour lutter contre l'avancée de plus en plus triomphale d'Octave. Il consume ses forces en banquets, beuveries et fêtes somptueuses sans se soucier de la situation. Il semble que Cléopâtre ait surtout cherché à mettre Césarion à l'abri en l'expédiant à Méroé en Nubie.

Vers août 30 avant notre ère, Octave arrive à Alexandrie. À la fausse annonce du suicide de Cléopâtre, Marc Antoine met fin à ses jours en se jetant sur son épée. Mourant, il est transporté par Cléopâtre dans son propre tombeau. Celle-ci est conduite devant Octave, qui la laisse se retirer avec ses servantes. Cette attitude est curieuse de la part du futur Auguste car il semble ne prendre aucune précaution pour prévenir un suicide de la reine ; il a pourtant besoin d'elle pour figurer à son triomphe. Craint-il qu'à l'instar de sa sœur Arsinoé, figurant au triomphe de Jules César en 46, elle n'inspire aux Romains que compassion plutôt que haine[alpha 11] ? Il n'est pas impossible qu'Octave ait espéré le suicide de Cléopâtre, qui peut passer pour un témoignage supplémentaire de lâcheté, accréditant la thèse défendue par sa propre propagande. Suétone affirme au contraire qu'Octave souhaitait maintenir la reine en vie et qu'il aurait tenté de la faire sauver[52].

Plutarque dresse un récit saisissant et mélodramatique du suicide de la reine[53], inspiré d'Olympos, le médecin personnel de Cléopâtre, qui aurait publié un récit des événements : avec ses deux plus fidèles servantes, Iras et Charmion (en), Cléopâtre se donne la mort, le [54], en se faisant porter un panier de figues contenant un ou deux serpents venimeux. Cette version est la plus courante[55].

Pour certains historiens, ce serait une nouvelle preuve de l'attachement de la reine aux traditions égyptiennes car la morsure de l'uræus, le cobra d'Amon-Rê, passe pour conférer l'immortalité et la divinité à sa victime[56]. D'autres historiens, comme Maurice Le Glay, ont souligné les invraisemblances de ce récit qui serait un nouvel avatar de la propagande octavienne, car d'après eux un serpent lâche tout son venin à la première morsure ; deux cobras ne pourraient donc tuer trois personnes[57]. Cependant, cette hypothèse se heurte au fait que les serpents contrôlent l'injection de leur venin, un seul cobra pouvant parfaitement tuer trois personnes[58],[59]. Ces historiens estiment dès lors qu'Octave aurait fait exécuter Cléopâtre.

Des historiens continuent de croire en la thèse du poison, déjà évoquée par Strabon qui évoque une pommade toxique qu'elle se serait appliquée[60]. Le poison le plus connu à l'époque est en effet un mélange d'opium, de ciguë et d'aconitum, peut-être placé dans une épingle à cheveux maintenant le diadème souvent orné d'un double uræus, d'où la quiétude décrite sur le visage cadavérique de la reine et la confusion avec les cobras[61].

Si Césarion est exécuté sur ordre d'Octave, les trois autres enfants d'Antoine et Cléopâtre sont emmenés à Rome (ils sont exposés lors du triomphe d'Octave) et élevés par Octavie, restée fidèle à la mémoire de son époux, Marc Antoine. Cléopâtre Séléné épouse plus tard le roi et savant berbère Juba II de Maurétanie[alpha 12], orphelin de guerre élevé à Rome, comme elle ; ce à quoi nous devons le buste de Cherchell qui représente Cléopâtre. On ignore ce que deviennent Alexandre Hélios et Ptolémée Philadelphe qui ont peut-être survécu dans l'ombre.

Marc Antoine ayant demandé dans son testament d'être enseveli avec Cléopâtre, Octave autorise une inhumation double pour les amants mais sans préciser le lieu exact de leur sépulture. La découverte de leur tombeau constituerait un événement archéologique sans précédent, du même niveau que l'exhumation de la tombe de Toutânkhamon par Howard Carter en 1922. Selon l'égyptologue Zahi Hawass, directeur du Conseil suprême des Antiquités égyptiennes, ce tombeau pourrait se situer à Semoha (en), dans la banlieue d'Alexandrie, où une fouille en 2003 suggère une association possible entre le mausolée de Cléopâtre et un temple d'Isis[62]. Depuis 2006, les recherches se concentrent à Taposiris Magna, à une quarantaine de kilomètres à l'ouest d'Alexandrie, où plusieurs campagnes de fouille du temple ont notamment mis en évidence un cimetière et vingt-deux pièces en bronze frappées du profil de Cléopâtre[63].

Œuvre politique

L'Égyptienne

Bien que l’appellation d'« Égyptienne » soit héritée de la propagande augustéenne, Cléopâtre s'est efforcée de renouer avec les traditions séculaires de l’Égypte pharaonique et de s'accommoder avec son peuple. Elle est en effet la seule souveraine qui ait tenté véritablement de rallier les gens de la chôra (la « province » par opposition à la capitale), sachant qu'elle reste peu populaire à Alexandrie, surtout depuis le passage de Jules César. Les indigènes ne se sont guère révoltés durant son règne alors que le royaume connait une grave crise d'approvisionnement en 42 avant notre ère et que les taxes royales restent toujours aussi élevées, comme en témoignent les importants revenus versés à Marc Antoine[64].

Elle assume des rituels pharaoniques que ses prédécesseurs ont négligé. Elle adopte notamment le rituel traditionnel pour la naissance de Ptolémée-Césarion-Horus, fils de César-Amon et de Cléopâtre-Isis. Elle s'appuie par ailleurs sur les indigènes égyptiens pour assurer les droits de Césarion à la succession[65]. Elle est aussi la seule de sa dynastie à parler l'égyptien. Elle protège en outre la population juive pour qui le règne de Cléopâtre s'avère une période propice. De nombreux témoignages montrent l'attitude favorable de Cléopâtre envers les Juifs. Vers 30 avant notre ère, elle confirme par exemple un édit remontant à Ptolémée II Philadelphe qui accorde des privilèges à certaines synagogues[66].

La royauté semble pour elle moins un patrimoine que l'on dilapide qu'une « patrie » que l'on dirige, ce simple fait la distingue des derniers souverains de la dynastie lagide emportés dans d'inextricables querelles dynastiques et en butte à de nombreuses révoltes.

La dernière des Lagides

Cléopâtre connaît les pesanteurs qui paralysent le royaume lagide, l'instabilité et la précarité qui le caractérisent ; elle estime dès lors que Rome peut assurer la pérennité de la dynastie. Elle a donc tenté de persuader César (sans grand succès semble-t-il) puis Antoine (avec plus de réussite au départ) qu'une alliance est préférable à une colonisation. Si elle s'implique autant dans les aléas de la politique romaine, et cherche à utiliser sa puissance, c'est bien pour affermir son pouvoir et sortir son pays de la décadence, tout en maintenant son indépendance.

Mais ce tournant dans la politique lagide aboutit à une impasse, car Cléopâtre est emportée par la guerre civile entre Marc Antoine et Octave. La victoire de ce dernier sonne le glas de la dernière dynastie issue des Diadoques : Césarion est assassiné, Ptolémée Philadelphe, Alexandre Hélios et Cléopâtre Séléné sont exilés après avoir été exhibés durant le triomphe d'Octave[65]. La mort de Cléopâtre, et la mainmise impériale sur l’Égypte, marquent la fin de la période hellénistique.

Titulature pharaonique

Tous les noms de sa titulature proviennent de la représentation de la naissance de Ptolémée XV sur le temple d'Hermonthis au sud de Thèbes. Les noms d'Horus sont suivis par des cartouches la désignant sous l'épithète de Philopator Qui aime son père »)[68].

Représentations

Buste de Cléopâtre VII (Altes Museum, Berlin), portrait le plus vraisemblable de la reine.

Iconographie

Buste de Cléopâtre VII, milieu du Ier siècle avant notre ère, Musées du Vatican, Musée grégorien profane, montrant Cléopâtre avec une coiffure de « melon » et un diadème royal hellénistique porté au-dessus de sa tête.

Les représentations de Cléopâtre appartiennent à deux traditions distinctes, grecque ou égyptienne. Les images grecques nous montrent la reine vêtue du chiton et de l'himation et coiffée du bandeau plat (diadéma, bandeau dit royal mais présent sur des effigies non royales) des souverains hellénistiques[69]. Les traits du visage se veulent réalistes : visage ovale, pommettes hautes, nez busqué imposant ; cheveux coiffés en chignon et chevelure entortillée en « côtes de melon »[alpha 13] (tête en marbre du Vatican, tête en marbre de Berlin). À l'inverse, l'iconographie égyptienne n'est pas du tout réaliste : il s'agit de faire apparaître Cléopâtre comme une souveraine pharaonique traditionnelle, notamment sur les bas-reliefs des temples de Dendérah, Coptos et Hermonthis. L'égyptologiste Sally-Ann Ashton a identifié six statues ou fragments de statues qui pourraient représenter Cléopâtre en reine égyptienne[70]. La plus célèbre est conservée au Musée de l'Ermitage à Saint-Pétersbourg. Cette sculpture en basalte figure Cléopâtre, coiffée d'une lourde perruque, sous les traits de son ancêtre, Arsinoé II divinisée, dont elle reprend le motif de la double corne d'abondance. Mais les trois cobras qui se dressent au-dessus de son front pourraient être une caractéristique de la dernière reine lagide.

Numismatique

La Vénus Esquilin, une statue romaine ou hellénistique-égyptienne de Vénus (Aphrodite), qui peut être une représentation de Cléopâtre VII, Musées du Capitole, Rome.

Les monnaies de Cléopâtre appartiennent à l'iconographie grecque. Dix-neuf types monétaires différents ont été publiés[71]. Ils ont été frappés à Alexandrie, Chypre, Cyrène et dans divers ateliers du Proche-Orient actuel (Ascalon, Chalcis du Liban, Damas, Tripoli, Dora, Orthosia (en)). Ces monnaies sont datées de l'ère royale d'Alexandrie qui débute en 52/51 pour Cléopâtre, ou bien de l'ère dite de la Théa néôtéra Déesse nouvelle »), une épithète divine prise en -36. Parfois, les deux ères apparaissent conjointement. L'une des innovations majeures du monnayage de Cléopâtre est aussi d'avoir, pour la première fois, fait apparaître la valeur fiduciaire de la monnaie, au revers des pièces de bronzes. Il s'agissait, par cette mesure très habile, d'enrayer l'inflation du bronze par rapport à l'argent.

Peinture

Le Banquet de Cléopâtre par Giambattista Tiepolo, 1744.

Cléopâtre a été le sujet de nombreux tableaux et dessins, réalisés notamment par Reginald Arthur, Augustin Hirschvogel, Guido Cagnacci, Johann Liss, John William Waterhouse et Jean-André Rixens.

Sculpture

Art contemporain

Littérature et bande dessinée

(par ordre chronologique)

Jeux vidéo

Elle apparaît comme dirigeante de l'Égypte dans Civilization II, Civilization III, Civilization Revolution et Civilization VI ainsi que dans Assassin's Creed Origins.

Œuvres scéniques

Outre la réflexion de Blaise Pascal dans les Pensées, qui considère que « le nez de Cléopâtre, s'il eût été plus court, toute la face de la terre aurait changé », la reine d'Égypte a donné lieu à de très nombreuses représentations. Ainsi, entre 1540 et 1905, elle a inspiré cinq ballets, 45 opéras et 77 pièces de théâtre en plus des sept films de long métrage tournés.

Théâtre

Musique

  • La Gondole est une longue chanson du compositeur et chanteur égyptien Mohammed Abdel Wahab. Poème en langue arabe d'Ali Mahmoud Taha.
  • Frank Ocean dans sa chanson Pyramids utilise l'image de Cléopâtre. Il narre dans une première partie l'histoire tragique de celle-ci. Dans une seconde partie, il décrit plutôt une « Cléopâtre des temps modernes »[74].
  • Katy Perry jouant le rôle de Cléopâtre sous un décor égyptien dans son clip Dark Horse, sorti en 2014.
  • Le second album du groupe The Lumineers, sorti en 2016, se nomme Cleopatra.

Cinéma

Cléopâtre a été mise en scène de nombreuses fois au cinéma et cela dès les débuts du 7e art. La première actrice à l'incarner a été une Française, Jehanne d'Alcy, qui apparaît dans Cléopâtre, un film de Georges Méliès de deux minutes réalisé en 1899, longtemps considéré comme perdu puis retrouvé en 2005[75], où l'actrice interprète plus précisément son fantôme qui surgit après une profanation de son tombeau[76],[77].

Trois autres films de l'époque du cinéma muet évoquent la reine d'Égypte, et en particulier sa rencontre avec Antoine : Marc-Antoine et Cléopâtre du réalisateur italien Enrico Guazzoni (1913), Anthony and Cleopatra du réalisateur américain Bryan Foy, et surtout, en 1917, La Reine des Césars du réalisateur américain J. Gordon Edwards, qui offre le rôle à l'une des « vamps » de la Fox, Theda Bara.

L'un des premiers films parlants est la Cléopâtre de Cecil B. DeMille (1934), avec dans le rôle principal une actrice française à la fois gracieuse et séduisante, Claudette Colbert. Le rôle est repris par Vivien Leigh en 1946 dans une adaptation anglaise, par Gabriel Pascal, de la pièce de George Bernard Shaw César et Cléopâtre.

Linda Cristal est la reine d'Égypte dans Les Légions de Cléopâtre (1959), de Vittorio Cottafavi, qui fait revivre les derniers mois de l’existence de Cléopâtre et d'Antoine, retranchés à Alexandrie après la défaite d'Actium.

Néanmoins l'actrice qui a incarné Cléopâtre pour des générations de cinéphiles est bien entendu Elizabeth Taylor dans le film Cléopâtre de Joseph L. Mankiewicz, sorti en 1963, avec Rex Harrison dans le rôle de Jules César et surtout Richard Burton dans celui d'Antoine. La qualité du scénario et de l'interprétation, la médiatisation de la star et des soixante-quatre robes qu'elle porte à l'écran, sans compter ses amours avec Richard Burton ni la quasi-faillite de la Fox entraînée par ce film extrêmement coûteux, associent étroitement et pour longtemps encore le visage de l'actrice et celui de la reine d'Égypte.

Cléopâtre est aussi présente dans la série Rome, où elle a les traits de Lyndsey Marshal, qui campe un personnage autoritaire et prêt à tout pour sauver son royaume. Son amour pour Antoine y est passionnel, même si elle le manipule en vue de parvenir à ses fins. Cléopâtre est le personnage principal de la série d'animation Cléopâtre dans l'espace de Tidwell Scooter et Thiessen Jayson, où elle se retrouve transportée 30 000 ans dans le futur sur une planète aux influences égyptiennes, dirigée par des chats qui parlent et apprend qu'elle est le sauveur d'une galaxie.

En 1999, dans le téléfilm Cléopâtre, c'est Leonor Varela qui incarne la reine d'Égypte aux côtés de Billy Zane et de Timothy Dalton.

Le personnage de Cléopâtre apparaît également dans quelques films pornographiques, souvent interprété par des actrices dont l'apparence physique rappelle celle d'Elizabeth Taylor, ainsi que dans certains films comiques ou parodiques, tels Deux Heures moins le quart avant Jésus-Christ de Jean Yanne, sorti en 1982, où elle est incarnée par Mimi Coutelier, et Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre d'Alain Chabat, sorti en 2001, où le rôle a été confié à Monica Bellucci.

Comédie musicale

En 2009, Cléopâtre, La dernière reine d'Égypte, comédie musicale de Kamel Ouali relate la vie de Cléopâtre (interprétée par Sofia Essaïdi) de sa rencontre avec César à son suicide.

Télévision

L'émission Secrets d'histoire sur France 2 du 26 juillet 2016, intitulée Cléopâtre ou la beauté fatale, lui est consacrée. À cette occasion, le magazine Notre Temps note : « Comme le montre l’émission, son souvenir est devenu impérissable, et son nom aussi puissant qu’une marque »[78].

Notes et références

Notes

  1. Dans Cléopâtre : Un rêve de puissance (2018), Maurice Sartre objecte que le terme de « Reine d'Égypte » utilisé massivement par les auteurs contemporains n'est pas le titre officiel employé à l'époque hellénistique, celui-ci étant simplement « Reine Cléopâtre », sans connotation territoriale, l'Empire d'Égypte n'étant pas limité potentiellement à la seule région d'Égypte, comme le montre son extension territoriale lors du Nouvel Empire.
  2. On peut objecter que Cléopâtre ne serait pas une bâtarde, puisque née d'un second mariage avec une Égyptienne.
  3. Le chef de la cavalerie de ce dernier est un certain Marc Antoine dont Appien nous affirme qu'il ne reste pas indifférent à la future reine d'Égypte alors âgée de treize ou quatorze ans (Appien, V, I).
  4. Plutarque écrit : « Et de fait, on dit que sa beauté en elle-même n'était pas incomparable ni propre à émerveiller ceux qui la voyaient, mais son commerce familier avait un attrait irrésistible, et l'aspect de sa personne, joint à sa conversation séduisante et à la Grâce naturelle répandue dans ses paroles, portait en soi une sorte d'aiguillon. Quand elle parlait, le son même de sa voix donnait du plaisir. Sa langue était comme un instrument à plusieurs cordes dont elle jouait aisément dans le dialecte qu'elle voulait, car il y avait très peu de barbares avec qui elle eût besoin d'interprète : elle répondait sans aide à la plupart d'entre eux, par exemple aux Éthiopiens, aux Troglodytes, aux Hébreux, aux Arabes, aux Syriens, aux Mèdes et aux Parthes. On dit qu'elle savait encore plusieurs autres langues, tandis que les rois ses prédécesseurs n'avaient pas même pris la peine d'apprendre l'égyptien et que même quelques-uns avaient oublié le macédonien. »[réf. non conforme].
  5. Ce voyage n'est pas qu'une escapade amoureuse, c'est aussi l'exploration d'un pays.
  6. La date précise de la naissance de Césarion reste sujette à caution, sans doute est-il né après la mort de César. Plutarque fait naître Césarion en août 47 avant notre ère mais d'autres sources indiquent qu'il est né vers avril 44. Cicéron donne cette date dans une des Lettres à Atticus, XIV, 20, 2. Cette date est généralement acceptée par les historiens contemporains tels Pierre Cosme (Auguste, Perrin, 2005) et Michel Chauveau.
  7. Appien écrit (V, 1) : « On dit qu'il avait conçu pour elle, et depuis longtemps, alors qu'elle n'était qu'une enfant, une sorte de désir au premier coup d'œil, lorsqu'il servait comme chef de la cavalerie sous les ordres de Gabinius à Alexandrie. ».
  8. L'officier que Marc-Antoine envoie à Alexandrie pour convoquer Cléopâtre est Quintus Dellius. Il trahit Antoine à la veille d'Actium et passe du côté d'Octave avec tous les documents d'état-major de son général. Il a laissé un livre, aujourd'hui perdu, mais que Plutarque a largement consulté.
  9. Plutarque (Vie d'Antoine, 30) affirme que ses troubles sont l'œuvre de Fulvie (première épouse d'Antoine) et du frère d'Antoine afin d'obliger celui-ci à quitter la reine d'Égypte.
  10. Fulvie, sa femme, est morte opportunément quelque temps plus tôt.
  11. Thèse de l'historien Michel Chauveau dans L'Égypte au temps de Cléopâtre (1997) et Cléopâtre au-delà du mythe (1998).
  12. Il est l'arrière-petit neveu d'un autre grand adversaire de Rome, le roi numide Jugurtha.
  13. Double série de mèches torsadées partant des tempes et réunies en chignon à l'arrière de la tête.

Références

  1. Chauveau 1998[réf. non conforme].
  2. Maurice Sartre, « Portrait d'une inconnue », L'Histoire, no 238, décembre 1999, p. 32-40.
  3. Will 2003, tome 3, p. 530.
  4. Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, XV, 50-56.
  5. Emmanuel Laurentin, La Fabrique de l'histoire, 30 août 2011.
  6. Selon Plutarque, Vie d'Antoine, 86.4.
  7. Strabon, Géographie, XVII, 1, 11.
  8. Will 2003, tome 3, p. 529-530.
  9. (Sartre 2018).
  10. (en) Stanley Burstein, The Reign of Cleopatra, Greenwood, (ISBN 9780313325274, lire en ligne), p. 11-12 .
  11. Christian-Georges Schwentzel 2014, p. 14.
  12. Maurice Sartre, « Portrait d'une inconnue », l'Histoire, no 238, décembre 1999, p. 32-40 ; Jean Bingen, « Cléopâtre VII Philopatris », Chronique d’Égypte, 74, 1999, p. 118-123.
  13. Jean Bingen, « Cléopâtre VII Philopatris », Chronique d'Égypte 74, 1999, p. 122 ; « La politique dynastique de Cléopâtre VII », Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1999 volume 143, numéro 1, p. 64 : Lire en ligne.
  14. Papyrus, BGU, XIV, 2375.
  15. Jean Bingen, « La politique dynastique de Cléopâtre VII », Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1999 volume 143, numéro 1, p. 62-63 : Lire en ligne.
  16. Sally-Ann Ashton, The Last Queens of Egypt, Pearson Education, , p. 49-50.
  17. Strabon, VII, 1, 6-10.
  18. Christiane Ziegler, Cléopâtre: le mythe, Paris, Somogy éditions d'art, , p.26.
  19. Joyce Tyldesley, Queens of Egypt: From early dynastic times to the death of Cleopatra, New York, Thames & Hudson, p. 203.
  20. H.-I. Marrou, Histoire de l’éducation dans l’Antiquité. Le monde grec, Paris, Seuil, 1948, rééd. 1964, p. 218, etc.
  21. Plutarque, Vie de César, 44 ; Vie d'Antoine, 27.
  22. Gilbert Argoud, Jean-Yves Guillaumin, Sciences exactes et sciences appliquées à Alexandrie, Université de Saint-Étienne, (lire en ligne), p. 50.
  23. Will 2003, tome 3, p. 528.
  24. Will 2003, tome 3, p. 531.
  25. Schwentzel 2014, p. 20.
  26. Appien, Guerres civiles, II, 12, 84.
  27. Schwentzel 2014, p. 21.
  28. Velleius Paterculus, Histoire romaine, II, 53.
  29. Appien, Guerres civiles, II, 10, 71.
  30. Will 2003, tome 3, p. 532.
  31. Plutarque, Vie de César, 54.
  32. Suétone, César, 52. .
  33. Suétone, Césars, 52 ; Appien, II, 13, 90. Ce dernier y fait une courte allusion renvoyant pour plus de détail à son Histoire de l'Égypte aujourd'hui perdue.
  34. Suétone, Vie des douze Césars, César, XXXV.
  35. (en) Norbert Elias, Stephen Mennell, Johan Goudsblom, Norbert Elias on civilization, power, and knowledge : selected writings, University of Chicago Press, , p. 199.
  36. Appien, Guerres civiles, II, XV, 102.
  37. Cicéron, Ad Atticum, XV, 15, 2.
  38. Cyril Dumas, L'Érotisme des Gaules, L'art érotique en Gaule romaine du -IIe siècle au IIIe siècle, 2005.
  39. Will 2003, tome 3, p. 536.
  40. Will 2003, tome 3, p. 537.
  41. Appien, IV, 3.
  42. Will 2003, tome 3, p. 540.
  43. Appien, V, I ; Dion Cassius, XLVIII, 24.
  44. Plutarque, Vie d'Antoine, 28.
  45. Eutrope, Abrégé de l'Histoire romaine (VII, 6.
  46. Plutarque, Vie d'Antoine, 54, indique que cet événement est très mal perçu à Rome.
  47. Sénèque, Lettres à Lucillius, 83, 25.
  48. Eutrope, Abrégé d'Histoire romaine, VII.
  49. Plutarque, Vie d'Antoine, 61.
  50. Velleius Paterculus, II, 84.
  51. Appien, Guerres civiles, II, 111.
  52. Suétone, Auguste, XVII.
  53. Plutarque, Vie d'Antoine, 77-85.
  54. Pierre Chuvin, « Le Crépuscule des pharaons », l'Histoire, no 238, p. 56.
  55. Eutrope, Abrégé de l'Histoire romaine, VII ; Aurelius Victor, De Viris illustribis, LXXXVII.
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Annexes

Sources antiques

Bibliographie

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