Eugène Grasset

Eugène Grasset[1], né à Lausanne le et mort le à Sceaux[2], est un graveur, affichiste, décorateur et architecte français d'origine suisse, représentatif de l'Art nouveau.

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Ne doit pas être confondu avec Eugène de Grasset.

Eugène Grasset
Portrait gravé d'Eugène Grasset,
publié dans l’Album Mariani (vers 1900).
Naissance
Décès
(à 72 ans)
Sceaux, France
Nom de naissance
Eugène Samuel Grasset
Nationalités
Activité
Maître
Lieu de travail
Mouvement
Distinctions
Œuvres principales

Biographie

Né d'un père décorateur et sculpteur, Eugène Grasset étudie le dessin avec François Bocion, puis l'architecture au Polytechnicum de Zurich, à partir de 1861. À la fin de ses études, en 1866, il visite l'Égypte, dont on retrouve l'inspiration dans ses œuvres ultérieures. Il est aussi un admirateur de l'art japonais, qui influence nombre de ses œuvres à partir de 1871.

En 1869 et 1870, il travaille comme peintre et sculpteur à la décoration du théâtre de Lausanne, puis s'installe à Paris en 1871 et fournit des modèles pour des fabriques de fournitures, de tapisseries, de céramiques et de joaillerie, où il acquiert vite une bonne réputation. Il découvre les travaux de Viollet-le-Duc qui exercent sur lui une grande influence.

En 1880, son ami Charles Gillot le charge de concevoir la décoration et l’ameublement des pièces principales de son hôtel de la rue Madame à Paris, aujourd'hui conservés au musée des Arts décoratifs de la capitale. Celui-ci, qui a réorganisé ses locaux en 2018[3], consacre un espace spécifique du parcours de visite à « Une salle à manger par Eugène Grasset, 1880 »[4]. Pour cette commande l'ébéniste Fulgraff à réalisé, sous la surveillance de Grasset, un buffet pour la salle à manger  en chêne et noyer sculptés, orné d'animaux fantastiques et de personnages de l'art populaire  et un lit (aujourd'hui disparu). La commande comprend aussi une cheminée monumentale. En 1905, Grasset conçoit pour Marcelle Seure, fille de Charles Gillot, une salle à manger en noyer composée d'une grande table, de six chaises, d'un buffet, d'une desserte et de deux consoles d'applique.

À partir de 1877, il réalise des illustrations pour des ouvrages comme Les Fêtes chrétiennes (1880, pour l'abbé Drioux), Histoire des Quatre Fils Aymon, très nobles et très vaillants chevaliers (1883), Le Petit Nab (1883), La Plante et ses applications ornementales (1896)[5], Nouveau Larousse illustré (1897), Le Procurateur de Judée (1900, éd. Édouard Pelletan), L'Almanach du bibliophile pour l’année 1901 (Édouard Pelletan), Méthode de composition ornementale (1905, Librairie centrale des Beaux-Arts), Petit Larousse illustré (1905), Le Larousse pour tous (1910).

Il crée aussi des tissus (La Marseillaise), des papiers peints, des mosaïques, des vitraux religieux et profanes, des lithographies et des affiches. Il dessine également des cartes postales et des timbres-poste pour les administrations publiques suisse et française. Pour cette dernière, le « type Grasset » de timbre d'usage courant, projet à l'origine commandé pour remplacer le « type Sage » (Paix et Commerce), mais non adopté pour la France métropolitaine, sera finalement utilisé en 1904 en Indochine.

Pour sa réouverture, Grasset dessine l'enseigne du cabaret Le Chat noir, la silhouette d'un chat sur un soleil d'or se prélassant entre deux colossales lanternes de fer forgé, tandis qu'à l’intérieur il dessine la cheminée et des lustres[6].

Façade en mosaïques de l'église Saint-Étienne de Briare.
Un des vitraux du temple du village de L'Abergement (Suisse).

Il dessine des cartons pour des vitraux :

Pour la réalisation de ces vitraux, il collabore avec son ami, Félix Gaudin, à partir de 1887 et jusqu'à sa mort, en 1917 ; en , Gaudin organisera la dispersion du fonds d'atelier Grasset en quatre ventes à l'hôtel Drouot. En 1890, Grasset modifie le logotype imaginé en 1876 par Émile-Auguste Reiber pour le dictionnaire Larousse, où figurait des pieds de pissenlit : deux en fleur et, déjà, un avec des aigrettes dont est représentée la dispersion, illustrant la devise accompagnatrice : « Je sème à tout vent ». La version de Grasset, sur une idée de Georges Moreau, cofondateur de Larousse, y ajoute une nymphe (souvent abusivement nommée « semeuse » dans les sources) : la main droite sur le cœur, elle tient de la main gauche une unique tige de pissenlit dont elle souffle les aigrettes. La version de Grasset figure sur la plupart des ouvrages des éditions Larousse de 1890 à 1952 environ et reparaîtra dans les années 1970[7].

Il est très lié à l'imprimeur Gustave de Malherbe[8].

En 1894, il crée la mosaïque La Mosaïste, en émaux de Briare, conservée au musée de la mosaïque et des émaux de Briare. Par ailleurs, la quasi-totalité des sols de l'église Saint-Étienne de Briare sont des mosaïques produites à partir des cartons de Grasset, en 1895. De nombreuses mosaïques ornent les différentes façades extérieures de l'édifice, mosaïques fournies par Jean-Félix Bapterosses et exécutées par les ouvriers de la manufacture de Briare.

Devenu mondialement célèbre, il est contacté par plusieurs publications américaines. En 1892, il réalise la couverture du numéro de Noël du Harper's Magazine et, en 1894, il crée la publicité The Wooly Horse, pour The Century Magazine. Il est l'un des initiateurs de l'art nouveau aux États-Unis.

Eugène Grasset par Nadar, 1910.

Le 11 avril 1897, Eugène Grasset donne une conférence intitulée « L'art nouveau » à l'Union centrale des arts decoratifs où il appelle ses contemporains à éviter l'imitation simple et critique fortement les industries d'art qui reproduisent des modèles anciens mués principalement par la volonté de vendre des œuvres à une clientèle qui se sent confortée par les styles classiques, ce qui réduit les possibilités de création et d'invention. Dès lors, les artistes doivent, selon Grasset, chercher de nouveaux modèles. Or l'industrie tel qu'elle existe et qui introduit la spécialisation à outrance réduit les chances de développement d'un « art nouveau ». Cet art qui doit répondre aux nécessités contemporaines et user d'un « emploi raisonné de la matière ainsi qu'un usage des ornements tirés de la nature ».

C'est pourquoi Grasset souhaite un art qui soit beau, témoigne d'une impression de richesse tout en faisant l'économie d'une production trop coûteuse ; c'est donc dans l'industrie et avec l'aide de nouveaux moyens mécaniques à disposition que cet art peut se développer[9].

En 1898, pour la Fonderie G. Peignot et Fils, il crée le célèbre caractère d'imprimerie Grasset, qui est présenté lors de l'Exposition universelle de 1900 à Paris et utilisé sur ses affiches et ses posters.

Il obtient la nationalité française en 1891, est nommé chevalier de la Légion d'honneur en 1895, puis est promu officier de cet ordre en 1911.

Un artiste engagé au sein de collectifs

Grasset est membre et/ou collaborateur de plusieurs revues :

Eugène Grasset est cofondateur, avec Hector Guimard, de la Société des artistes décorateurs. Avec René Lalique, il cofonde la Société de l'art décoratif français. Avec Henri Cazalis, (Jean Caselli/ Jean Lahor) , René Lalique, Émile Gallé, Alphonse Mucha et Victor Horta, il cofonde la Société internationale de l'art populaire.

Membre de la Société nationale des beaux-arts, il est élu membre permanent du jury de l'Union centrale des arts décoratifs.

Un pédagogue

Son début en tant qu'enseignant fut à l’École de la rue Thévenot, à Paris (Syndicat des ouvriers bijoutiers) entre 1875 et 1877, avec un cours de principes généraux de décoration, suivi de cours épars dans l'atelier de vitraux de son ami, Félix Gaudin.

Il reprend cette activité avec un cours de dessin d'arts industriels et composition décorative[10], à l'École Guérin de la rue Vavin, de 1890 à 1903. Puis il enseigne à l'École d’art graphique de la rue Madame, de 1903 à 1904, et enchaîne avec des cours à l'Académie de la Grande Chaumière, de 1904 à 1913. Ensuite, il donne un cours d'histoire et de dessin de la lettre à l'École Estienne, jusqu'à sa mort.

Élèves

Œuvre

Affiches

Exposition Eugène Grasset au Salon des Cent (1894).
  • Les Fêtes de Paris Gala du théâtre de l'Opéra, 1885-1886
  • Librairie romantique E. Monnier, 1887, éditions J. Bognard
  • Théâtre national de l'Odéon, Saison 1890-1891, 1890
  • À la Place Clichy, 1891, pour le Magasin de nouveautés
  • Encre L. Marquet la meilleure de toutes les encres, 1892, imprimerie G. de Malherbe
  • Chocolat Mexicain Masson Paris, 1892, imprimerie G. de Malherbe
  • Exposition des artistes-décorateurs, Londres, Grafton Gallery, 1893, 1892
  • La Valkyrie - poème et musique de Richard Wagner, 1893, éditions P. Schott
  • Madrid International Exhibition of 1893-94, 1893
  • Jeanne d'Arc - Sarah Bernhardt, 1894, deux versions
  • Exposition Eugène Grasset, avril 1894, affiche du 2e Salon des Cent
  • A New Life of Napoléon, 1897, pour The Century Magazine
  • L'Andalousie au temps des Maures. Exposition de 1900, 1900
  • La Morphinomane, 1897, pour le 2e album d'Ambroise Vollard
  • Dix estampes décoratives, suite, 1897, imprimerie G. de Malherbe
  • Exposition A. Falguière, sculpteur, 1897
  • Dans les bois, 1897, pour L'Estampe moderne
  • La Vitrioleuse, 1899, pour L'Estampe moderne
  • Jalousie, 1899, pour Art & Décoration
  • Cycles et automobiles marque Georges Richard, 1899
  • Suite de panneaux décoratifs lithographiés,1900, imprimeries Chaix et G. de Malherbe
  • Imprimerie G. de Malherbe, 1902
  • Abricotine délicieuse liqueur P. Garnier, vers 1905, chez Devambez

Autres

  • Nuit étoilée à Montmartre (1897) Aquarelle sur papier
  • Avec Jourdain, décorations en lave émaillée de La Samaritaine[12]

Notes et références

  1. Né Eugène Samuel Grasset.
  2. Archives communales de Sceaux, registre des décès 1917, no 107.
  3. https://ideat.thegoodhub.com/video/video-le-musee-des-arts-decoratifs-fait-peau-neuve
  4. https://madparis.fr/francais/musees/musee-des-arts-decoratifs/parcours/xixe-siecle/une-salle-a-manger-par-eugene-grasset-1880
  5. La Plante et ses applications ornementales sur gallica.bnf.fr.
  6. Revue illustrée, juin à décembre 1886, tome 2, p. 454.
  7. Ce logotype a également influencé l'image des principes de Jogjakarta : Yogyakarta Principles in Action, Activist's Guide.
  8. Anne-Marie Sauvage, « L’affiche en couleurs à la fin du XIXe siècle. Un peu de "chromotypographie" avec l’imprimeur-éditeur Gustave de Malherbe », in: Nouvelles de l'estampe, 230|2010, pp. 43-46sur OpenEdition Books.
  9. Eugène Grasset, « Conférence faite à l'union centrale » (consulté le ).
  10. Les mercredis de 14 à 16 heures.
  11. Fiche exposant SAF 1887, base salons du musée d'Orsay.
  12. Béatrice de Rochebouët, « Une architecture entre passé et avenir », Le Figaro, cahier « Le Figaro et vous », 26-27 juin 2021, p. 31 (lire en ligne).

Annexes

Sources

Bibliographie

  • Alexandre Arsène, Catalogue de la deuxième exposition du Salon des Cent : réservé à un ensemble d'œuvres d'Eugène Grasset (OCLC 77875252) ou (OCLC 83441959), catalogue de l'exposition organisée par La Plume, 24 p.
  • Victor Arwas, Berthon & Grasset, Academy-Denoel, 1978 (ISBN 0-85670-429-6) (ISBN 978-0-85670-429-1)
  • Victor Arwas, Berthon & Grasset, New York : Rizzoli, 1978 (ISBN 0-8478-0103-9) (ISBN 978-0-8478-0103-9) (OCLC 4588905)
  • Victor Arwas, Paul Greenhalgh, Dominique Morel et Marc Restellini [archive], L'Art Nouveau, la Révolution décorative, Éd. Pinacothèque de Paris/Skira ; catalogue de l'exposition à la Pinacothèque de Paris, 2013
  • Patrick Cabanel, « Grasset, Eugène Samuel », in Patrick Cabanel et André Encrevé (dir.), Dictionnaire biographique des protestants français de 1787 à nos jours, tome 2 : D-G, Les Éditions de Paris Max Chaleil, Paris, 2020, p. 923-924 (ISBN 978-2-84621-288-5)
  • Marie-Ève Celio-Scheurer, Eugène Grasset (1845-1917), enseignant et théoricien. Édition critique des notes de cours et du traité inédit Compositions végétales, thèse Paris Sorbonne–Paris IV, (OCLC 255554682)
  • « Eugène Grasset », La Plume, numéro spécial, Paris, (OCLC 25811464)
  • « Eugène Grasset et son œuvre », La Plume, numéro spécial, Paris, (OCLC 26450818)
  • Catherine Lepdor (dir.), Eugène Grasset. L'art et l'ornement, Milan, 5 continents, 2011 (ISBN 978-88-7439-576-7), catalogue de l'exposition, du au , musée cantonal des beaux-arts de Lausanne
  • Jean-François Luneau, Félix Gaudin. Peintre-verrier et mosaïste, 1851-1930, Presses universitaires Blaise-Pascal, 2006 (ISBN 2-84516-284-7)
  • Anne Murray-Robertson-Bovard, Grasset pionnier de l’Art nouveau, Lausanne 24 Heures, Paris Bibliothèque des Arts, 1981 (ISBN 2-8265-0044-9) (OCLC 26238048)
  • Anne Murray-Robertson-Bovard, Eugène Grasset, une certaine image de la femme, préface de Helen Thomson Bieri, Gingins, Fondation Neumann, Milan, Skira, 1998 (ISBN 2-940126-07-0) (OCLC 42296616)
  • Yves Plantin et Françoise Blondel, Eugène Grasset, Paris, 1980 (OCLC 213636870)
  • Octave Uzanne, « Les artistes originaux : Eugène Grasset, illustrateur, architecte et décorateur », L'Art et l'Idée. Revue contemporaine illustrée du dilettantisme littéraire et de la curiosité, no 10, , p. 193-220

Liens externes

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