Friedrich Hölderlin

Friedrich Hölderlin [ˈfʁiː.dʁɪç ˈhœl.dɐ.lɪn] (1770-1843) est un poète et philosophe de la période classico-romantique en Allemagne, qui s'enracine dans la seconde moitié du XVIIIe siècle et se poursuit au XIXe siècle « romantique ».

Friedrich Hölderlin
Poète et penseur allemand
Friedrich Hölderlin par FK Hiemer, 1792.
Naissance
Lauffen am Neckar, en duché de Wurtemberg
Décès
Tübingen
Activité principale
Auteur
Langue d’écriture allemande
Mouvement Romantisme
Genres

Œuvres principales

  • Hypérion
  • La Mort d'Empédocle
  • Hymnes
  • Remarques sur Œdipe et Antigone

Il est une figure majeure de cette époque de la littérature allemande qu'une certaine tradition culturelle fait rayonner autour du nom et de la figure emblématique de Goethe, époque littéraire dite de la Goethezeit (de) [note 1]. Toutefois, la « Grèce de Hölderlin » est originale et diffère du modèle grec classique auquel retournent Goethe et Schiller à Weimar, en même temps qu'elle ne permet pas de ranger Friedrich Hölderlin auprès des premiers romantiques de Iéna, dans la mesure où les « modernes » romantiques vont quitter la référence à la Grèce antique, des romantiques que cependant Hölderlin côtoie.

Philosophiquement, Hölderlin occupe une place à part dans l'idéalisme allemand dont il participe à côté de Hegel et de Schelling.

C'est au XXe siècle qu'on reconnaîtra l'importance de Hölderlin, qui avait été assez mal compris de son temps. Sa réception au vingtième siècle constitue de fait un long chapitre en soi, que la postérité n'a pas fini d'écrire. En France, Hölderlin est d'abord reçu par les surréalistes à travers le mythe « romantique » du « poète fou », tandis qu'à partir des années 1960, sa réception par les intellectuels français passe massivement par celle de Heidegger.

Situation de Hölderlin dans l'histoire littéraire et philosophique

La première acmé de la littérature allemande, correspondant à son « classicisme », un siècle après l'« époque classique » en France[1], précédée d’un « pré-classicisme » avec Gotthold Ephraim Lessing, comprend un courant qui va du Sturm und Drang aux deux grands classiques allemands Goethe et Schiller pour engendrer les « Modernes » du romantisme allemand tels Tieck, ou Novalis. Jean Chassard et Gonthier Weil mettent à part Hölderlin pour le lyrisme, Kleist pour le théâtre, et Jean Paul pour le roman[2].

Le Stift : Grand Séminaire protestant de Tübingen, vers 1840, Lithographie.

Par ailleurs, l’énorme élaboration philosophique allemande d’alors, marquée par le protestantisme culturel, est partie prenante de cette époque. Pour Hölderlin, le grand nom est Emmanuel Kant, qu'il qualifie en ces termes : « Kant est le Moïse de notre nation »[3], suivi de près par Johann Gottlieb Fichte, que Hölderlin (qui a été son auditeur à Iéna en 1794-1795) qualifie de « titan ». Hölderlin fait partie du courant de l’idéalisme allemand avec Hegel et Schelling : les trois furent étudiants en théologie ensemble au Tübinger Stift, le Grand Séminaire protestant de Tübingen.

Vie et œuvre de Hölderlin

La vie et l'œuvre de Friedrich Hölderlin sont difficilement dissociables : elles se partagent l'une et l'autre en « deux moitiés » autour de 1806, date qui signe l'entrée dans la folie du poète, devenu à partir de 1807 et jusqu'à sa mort le pensionnaire de la famille du menuisier Zimmer dans la célèbre tour de Tübingen sur le Neckar.

Enfance et formation

La maison des parents de Hölderlin à Lauffen am Neckar.

Johann Christian Friedrich Hölderlin est né le en Souabe à Lauffen am Neckar, aujourd'hui ville du Bade-Wurtemberg. Son père Heinrich Friedrich Hölderlin, administrateur de biens conventuels, meurt à 36 ans, alors qu'il n'a que deux ans. En 1774, sa mère, Johanna Christiana Hölderlin se remarie à 26 ans avec le conseiller Gock, bourgmestre de Nürtingen, qui décédera en 1779. Cette situation de l'enfant Hölderlin exposé à la mort accidentelle de son « second père » répétant celle de son « vrai père » a suscité après coup au XXe siècle l'intérêt de la psychanalyse[4]. Comme le constate Rudolf Leonhard, Hölderlin est « issu d'une famille où l'on meurt beaucoup »[5] : à la suite des veuvages de sa mère, Hölderlin baignera dans un milieu familial essentiellement maternel et féminin, peuplé d'une succession de vies et de morts : la plupart de ses petites sœurs, ainsi qu'un anonymus, meurent en bas âge. Seuls restent en vie sa deuxième sœur et chère « Rike », Heinrike Hölderlin, née en 1772, et un demi-frère, Karl Gock, né en 1776.

Friedrich Hölderlin par IG Nast, 1788.

Poussé par sa mère, qui souhaiterait le voir devenir pasteur comme son propre père, Hölderlin entre en 1784 au petit séminaire de Denkendorf, où il apprend le grec ancien, le latin et l'hébreu. Il va lire Klopstock, et la poésie idéaliste de Schiller. Vers l'âge de quatorze ans, il écrit ses premiers poèmes (comme Mon propos), ainsi que ses premières lettres retenues[6]. Comme il l'écrit en effet dans une lettre à Nathanaël Köstlin, il trouve l'aide d'un père spirituel, en la personne du diacre de Nürtingen : « Je vous prie très humblement, très cher Monsieur le Diacre, d'être mon guide, mon père, mon ami »[7].

Deux ans plus tard, Hölderlin poursuit ses études au séminaire de Maulbronn, où il se lie avec son condisciple Immanuel Nast, qu'il appelle son Cher frère dans les lettres qu'il lui adresse, et connaît son premier amour avec Louise Nast, la cousine de ce dernier.

De 1788 à 1793, il est étudiant en théologie au Grand Séminaire protestant ou Tübinger Stift de Tübingen, en même temps que Hegel et le précoce Schelling (lequel Schelling est d'ailleurs un lointain cousin de Hölderlin par la branche maternelle). La Révolution française remplit d'enthousiasme[8] ces jeunes Stiftler qui vont planter un arbre de la liberté sur les rives du Neckar. Dès ses années du Tübinger Stift, Hölderlin rencontre aussi Isaac von Sinclair (de).

« La Grèce de Hölderlin » (1793 à 1806)

La « Grèce de Hölderlin » est une autre Grèce que celles respectivement « classiques » de Goethe, de Schiller, de Winckelmann. C'est une sorte de Grèce souabe « poétiquement habitée »[9] des « dieux » de Hölderlin dans le mythe poétique « grec » de « la Nature ». Dans des textes d'après 1800, notamment avec les Remarques sur Œdipe et Antigone, la Grèce de Hölderlin signifie autant « l'étranger » qu'un retour à ce qui sera traduit (au XXe siècle) et / ou interprété (depuis Heidegger) comme le « natal », ou le « nationel », pour vaterländisch patriotique »).

Le temps d’Hypérion (1797-1799) et de La Mort d'Empédocle (1797-1800)

Susette Gontard, la « Diotima » de Hölderlin.

En 1793 Hölderlin est présenté à Friedrich Schiller, avec lequel il entame une correspondance suivie et qui publie certains de ses poèmes. La même année il travaille comme précepteur à Waltershausen chez l'amie de Schiller, Charlotte von Kalb, où il connaît quelques déboires dans son travail d'éducateur à cause de la masturbation de son élève Fritz. Un tournant décisif dans sa vie est l'obtention d'un autre poste de précepteur dans une maison appartenant à un riche banquier de Francfort, Jakob Gontard. Hölderlin rencontre en Susette Gontard, qu'il appelle « Diotima » dans ses poèmes et dans son roman Hypérion, le grand amour de sa vie.

Friedrich Hölderlin, Hyperion.

Le bonheur de cette relation ne dure pas : le mari la découvre, et elle est incompatible avec l'époque. Pourtant, ils continuent à correspondre et à se rencontrer secrètement. Ils se voient pour la dernière fois en 1800. Les lettres de Suzette adressées au poète renseignent assez précisément sur ce qu'a pu être cet amour.

Hölderlin quitte Francfort en septembre 1798. Survient alors une période d'intense créativité, avec les grandes élégies et le second volume d' Hypérion. Il écrit également des textes philosophiques et une tragédie, Der Tod des Empedokles (La Mort d'Empédocle) : Empédocle comporte trois versions différentes dérivant du plan originel, dit « de Francfort ».

Le temps des grands poèmes (1800-1806)

Manuscrit de Friedrich Hölderlin Der Archipelagus L'Archipel »), page 1, de Homburg, 1800

Parmi les grands poèmes de Hölderlin, on peut citer Brod und Wein (Du Pain et du vin, 1800), élégie rapprochant Jésus et Dionysos, Der Archipelagus (1800-1801), où l'on voit à l’œuvre le « retour » à la Grèce antique que Hölderlin fait effectuer poétiquement à l'Allemagne de son temps, très située cependant dans sa Souabe natale, Heidelberg ; Der Rhein (Le Rhin, 1803, publication en 1808), des odes sur la ville et le fleuve, et le patriotique Germanien (écrit en 1801, publication en 1895). Dans la conclusion de son hymne Patmos (1803, publication en 1808), le poète dit qu'il appartient à la « poésie allemande » de « respecter la lettre immuable » et d'« interpréter avec soin tout ce qui demeure[10] ».

Hölderlin, Hälfte des Lebens Moitié de la vie »), édition de 1805.

En janvier 1801, il trouve un emploi de tuteur à Hauptwil en Suisse puis est remercié trois mois après. Il revient dans sa famille et trouve un emploi à Bordeaux. Peu avant son départ pour la France, en décembre 1801, Hölderlin déclare : « Maintenant je peux rejoindre une nouvelle vérité, une meilleure vision en grande partie de nous-mêmes et de ce qui nous entoure, en pensant que j'ai peur de ces choses qui peuvent éventuellement s'associer à moi comme pour l'ancien Tantale, qui a reçu des dieux plus qu'il ne pouvait en digérer ».

Au début de 1802, Friedrich Hölderlin enseigne en tant que précepteur aux enfants du consul de la république de Hambourg, Daniel Christophe Meyer, au Château de Fongravey, sur la commune de Blanquefort située au Nord de Bordeaux. Son séjour est célébré par Hölderlin dans le poème Andenken (Souvenirs). Après avoir tenu ce bref emploi de précepteur à Bordeaux, Hölderlin retourne en Allemagne. Ce voyage du « retour », effectué probablement à pied, à travers la France post-révolutionnaire, renferme sa part de mystère et d'inconnu. L'histoire littéraire tend en tous les cas à dater l'éclosion de la « folie » du poète du « retour de Bordeaux ». Hölderlin a appris la mort de Susette Gontard[11] et revient à Nürtingen fin 1802. Après deux années à Nürtingen, il obtient un emploi de bibliothécaire à la cour de Hombourg. Son état de santé se dégrade de plus en plus. Il est interné le 11 septembre 1806 de force dans la clinique du docteur Johann Heinrich Ferdinand Autenrieth (de) à Tübingen.

Les grands Hymnes de Hölderlin sont écrits entre 1800 et 1803, et des fragments de la grande poésie hymnique sont écrits jusqu'en 1806 environ (la datation devient difficile à ce moment-là). À partir de 1800, Hölderlin traduit Pindare et Sophocle. Les Remarques sur Œdipe et Antigone sont des textes très denses sur la tragédie et la traduction occidentale du mythe tragique dans le monde moderne.

Dernières années (1807-1843)

Les trente-six dernières années de Hölderlin correspondent à la « deuxième moitié » de sa vie et de son œuvre, celle de la folie.

La tour de Hölderlin à Tübingen aujourd'hui.
Dessin, 1866 env. : vue de la maison des Zimmer chez qui Hölderlin fut pensionnaire.

Plusieurs mois après son internement (septembre 1806) dans la clinique d'Autenrieth (de), où il subit un traitement qui, selon Pierre Bertaux, fait de lui « un homme brisé », il « échappe à l'enfer de la clinique » le 3 mai 1807, en devenant le pensionnaire du menuisier Ernst Zimmer à Tübingen, au bord du Neckar : « Une vie nouvelle commence pour lui »[12]. Hölderlin rédige encore (de 1807 à 1843) des poèmes portant principalement sur le cycle naturel des saisons, en les affectant de dates fantaisistes (1748, 1936). À la fin de sa vie, à partir de 1841 d'après Michael Knaupp, il signera du pseudonyme Scardanelli [13]. Friedrich Hölderlin meurt le . Il est enterré au cimetière de Tübingen.

C.T. Schwab fait paraître après la mort du poète la première édition de son œuvre (1846).

La place de Hölderlin dans le contexte allemand de son temps

Bien qu'il soit souvent considéré en France comme un poète « romantique », Hölderlin participerait plutôt du classicisme et de l'idéalisme allemand en philosophie au regard de l'importance que représente la Grèce antique dans sa poésie et sa pensée. Toutefois, sa conception de la Grèce est parfaitement originale et ne sera pas comprise des classiques de Weimar Goethe et Schiller.

Entre le classicisme et le romantisme

Hölderlin n'est pas directement affilié aux deux principaux mouvements littéraires de son époque, le classicisme de Weimar ou le romantisme, mais sa pensée reflète des éléments communs à ces deux grands courants. Dans son utilisation classique des vers, de la forme et de la syntaxe, Hölderlin peut d'abord être considéré comme le successeur de Friedrich Klopstock (1724-1803), qui tente de développer pour la langue allemande une perfection classique, la plaçant à l'égalité du grec et du latin. Hölderlin partage l'amour des classiques pour la edle Einfalt und stille Grösse (la noble simplicité et la magnificence du calme), formulé par Johann Winckelmann (1717-1768), en y ajoutant son sens mythique de la nature au travers d'un syncrétisme réalisé à partir d'éléments traduits du mythe grec et du christianisme.

Le germaniste Roger Ayrault fait passer la ligne de démarcation entre le classicisme de Weimar et le romantisme par le renoncement à la nostalgie de la Grèce des « modernes » romantiques : « La disponibilité des Romantiques en face des problèmes de l'époque eût été impossible s'ils ne s'étaient affranchis de la présence obsédante de l'antiquité »[14]. Dès lors, étant donné l'importance de la Grèce dans la poésie et la pensée de Hölderlin, et le caractère singulier du mythe créé que représente cette « Grèce de Hölderlin », il peut paraître problématique de classer Hölderlin parmi les Romantiques.

Hölderlin et l'idéalisme allemand

Grand lecteur de Kant[15] et auditeur de Fichte, Hölderlin joue aussi un rôle important dans le développement de la philosophie postkantienne, et participe à la formation de l'idéalisme allemand : il est le coauteur du « plus ancien programme systématique de l´idéalisme allemand »[16] (texte à la paternité controversée coécrit autour de 1795 par Hölderlin, Schelling et Hegel).

Confrontation avec l'enseignement de Fichte

Hölderlin fut l'auditeur direct de Fichte à Iéna en 1794-1795.

Silhouette de Hölderlin, 1797.

À la mi-août 1794, Charlotte von Kalb, chez qui Hölderlin était précepteur, a reçu à Waltershausen « les premiers feuillets de la Grundlage que Fichte vient d'éditer pour ses étudiants d'Iéna. Hölderlin en entreprend aussitôt la lecture. » En se fondant sur une remarque de Dieter Heinrich, Jean-François Courtine souligne que le départ précipité fin mai 1795 de Iéna, où Hölderlin s'était rendu début novembre 1794 avec son élève Fritz von Kalb, « est tout sauf un adieu à la philosophie, une “fuite” loin de la spéculation ». Hölderlin, qui vit alors durant son séjour de sept ou huit mois à Iéna « comme écrivain indépendant », est« introduit notamment dans le cercle de Schiller ». Il « rencontre Fichte à plusieurs reprises et surtout il suit son enseignement : les cours de Fichte, d'octobre 1794 à mars 1795, portaient sur la doctrine de la science (Über das Eigentümliche der Wissenschaftslehre) et en particulier sur ce qui correspond à la troisième partie de la Grundlage (Über praktische Philosophie) »[17].

1795 : Jugement et Être, critique de Fichte

D'après Jean-François Courtine, le fragment philosophique de Hölderlin Urteil und Sein[18],[note 2] « peut être considéré comme le point culminant du débat engagé par Hölderlin avec l'idéalisme allemand fichtéen »[19].

Jacques Rivelaygue montre au chapitre « La genèse du système hégélien » de ses Leçons de métaphysique allemande combien « la place de Hölderlin dans la vie intellectuelle de son temps » est à relever : Hölderlin représente, écrit-il, « un moment de l'idéalisme allemand »[20]. En fait, « dès le départ », explique Rivelaygue, « Hölderlin critique le principe même de l'idéalisme allemand qui veut, en identifiant l'être de l'étant à la subjectivité, en faire le fondement »[21]. Il commente longuement ce texte où Hölderlin exprime sa position critique vis-à-vis de la première philosophie de Fichte[22]. Selon lui, « Schelling et Hegel vont réagir à l'objection » de Hölderlin « en essayant de trouver des solutions dans le cadre de l'idéalisme absolu » : Hegel est « moins attentif aux objections de Hölderlin que ne l'est Schelling »[23].

Vers une philosophie de l'histoire : le rapport Grèce / Hespérie

Alors que, rétrospectivement, le droit est accordé à la philosophie de « commenter la poésie depuis Heidegger », il est moins volontiers admis « qu'une poésie puisse se constituer de part en part comme une pensée philosophique »[24], ainsi que c'est le cas pour Hölderlin.

À partir de 1800 et des « hymnes, odes et élégies » (1801-1803), période « généralement considérée comme le sommet de la production poétique de Hölderlin », remarque Isabelle Kalinowski, « la solennité énigmatique » des grands hymnes à « l'architecture imposante », avec « une syntaxe complexe de longues périodes arquées parfois sur plusieurs strophes », a « pour enjeu une philosophie de l'histoire »[24].

Kalinowski observe entre Hölderlin et le jeune Hegel comme un « partage des compétences » sur l'« idée de la synthèse et d'un dépassement des “limitations” (associées à l'entendement kantien, la faculté de séparation) »[24]. À Tübingen, cette idée revêt d'abord pour Hegel et Hölderlin, « une signification politique, religieuse et esthétique » qui implique plusieurs refus : celui « d'un système de différences entre le prince et le peuple » en relation avec le renversement que préfigure la Révolution française; le rejet d'une Église institutionnelle avec des fidèles dépendants d'un clergé; enfin le refus d'une « coupure entre les poètes et le peuple »[24]. La « Grèce » est alors « le chiffre de cet accomplissement idéal », lequel suppose « une critique du présent »[24].

Toutefois, Isabelle Kalinowski a relevé auparavant que dans les élégies de Hölderlin comme L'errant, Stuttgart, Pain et vin, Retour, ce n'est pas l'expérience « élégiaque » d'une « perte personnelle » qui est mise en scène, mais « la proximité éminemment concrète de paysages et d'êtres aimés et l'aspiration à une synthèse dont la poésie a pour vocation d'énoncer douloureusement l'absence »[24].

L'évolution du poète et penseur devient prégnante avec les deux lettres à Casimir Ulrich Boehlendorff (de) de 1801 et 1802, où, avant et après le voyage à Bordeaux, se trouve analysé le rapport Grèce-Hespérie[25]. Selon Philippe Jaccottet, l'analyse de Hölderlin va appliquer la loi paradoxale de Hombourg (poèmes du Cahier de Hombourg) sur l'opposition entre « fondement » et « signe »[25]. Comme chez les Grecs, « le “feu du ciel” était vertu native », ceux-ci « ont excellé dans ce que leur culture leur a appris : la sobriété » qu'ils se sont « appropriée » à l'instar d'Homère[25]. Au contraire, les Allemands, « chez qui la sobriété est innée », ont jusqu'ici excellé dans « le pathétique acquis » : la tâche des Hespériens (Allemands, Occidentaux) est donc d'apprendre désormais « à faire librement usage de leur vertu native, donc sur un plan plus général, à se retourner vers leur patrie »[25].

Le rapport Grèce-Hespérie, qu'établit Hölderlin dans les lettres à Böhlendorff, se retrouve dans les Remarques sur Antigone [26], notamment dans la troisième partie, lorsqu'il est question de la distinction entre la Grèce et l'Occident et « entre leurs poétiques respectives », puis de « l'aspect historique de la tragédie et du retournement dont elle est le lieu »[26]. Selon Jean-François Courtine, avec les lettres à Böhlendorff et les Remarques sur les traductions de Sophocle où se décide la vaterländische Umkehr de l'œuvre tardive de Hölderlin, se définit « une tâche nouvelle — et, si l'on y tient, moderne — de la poésie hespérique […] : confronter et réunir tous les lieux sacrés à la “lumière philosophique” de ce qu'il faut bien nommer une “philosophie de l'histoire”, pour leur assurer un site ou une assise »[27]. La notion hölderlinienne de vaterländische Umkehr pose des problèmes de traduction, la traduction française connue par « retournement natal », due aux traducteurs de Heidegger comme François Fédier, ayant souvent été adoptée : Courtine note que non seulement il s'agit d'« une complète révolution de “la manière de chanter ” », mais aussi de « celle qui fait du pays natal et paternel (le Vaterland), du pays du Père ou davantage encore du Père qui est aux cieux (Vater im Himmel), la terre omnicompréhensive, celle justement du “Père de la Terre”, comme l'indique fortement la dernière strophe de la seconde version de L'Unique »[27].

Réception de Hölderlin au XXe siècle dans les pays germanophones

Norbert von Hellingrath (de)

L'édition des œuvres complètes de Hölderlin par Norbert von Hellingrath (de), qui commence au début du XXe siècle, revêt une importance certaine dans la découverte ou la redécouverte du poète, dont néanmoins la parole et certains thèmes privilégiés de sa poétique vont aussi se trouver déformés sous le national-socialisme, en même temps que l'interprétation de sa poésie, notamment par Heidegger, représente un passage obligé de sa réception dans les milieux intellectuels.

Écrivains de langue allemande

Nietzsche se montra vivement intéressé par Hölderlin[28], mais cela fut sans prolongement, jusqu'aux décadences du monde d'après-guerre en Allemagne, jusqu’à ce que le poète reçoive une plus grande attention, en partie due à l'enthousiasme de Norbert von Hellingrath.

Rainer Maria Rilke prend connaissance de la grande poésie de Hölderlin en 1914, par l'édition de Norbert von Hellingrath à ses débuts[29] : pour Rilke, c'est la période où il écrit les Élégies de Duino (1912-1922).

Hölderlin est avec Goethe et les romantiques allemands, l'un des auteurs qui comptent dans l'« itinéraire intellectuel » de Walter Benjamin : selon Rainer Rochlitz, Benjamin va s'appuyer dans un premier temps sur leurs œuvres dans l'intention de « regénérer la critique littéraire et la philosophie »[30] ,[31]. Philippe Jaccottet rend hommage en note à cette « remarquable étude » de Walter Benjamin sur Courage du poète, première version en 1800/1801 de Timidité de Hölderlin en 1802/1803, dans son édition de Hölderlin, Œuvres, en 1967[32] ,[33].

La forme du « fragment » dans le lyrisme hymnique de Hölderlin a profondément influencé par ailleurs la poésie de Stefan George, Georg Heym, Georg Trakl, Paul Celan, Ingeborg Bachmann et d'autres jeunes auteurs.

1923 : la vaterländische Umkehr de Hölderlin selon W. Michel

En Allemagne, le modèle interprétatif du « tournant patriotique » (vaterländische Umkehr) est formulé pour la première fois en 1923 par Wilhelm Michel dans son ouvrage Le tournant occidental de Hölderlin[24]. Dans Hölderlin et Heidegger, Beda Allemann critiquera la conception de Michel sur plusieurs pages au cours d'un paragraphe qu'il intitule « Le prétendu virage occidental »[34].

En 1965, François Fédier traduit vaterländische Umkehr, expression qui apparaît dans les Remarques sur Antigone de Hölderlin, par « retournement natal »[35]. Traducteur de Martin Heidegger, François Fédier avait traduit en 1959 l'ouvrage de Beda Allemann Hölderlin et Heidegger (Hölderlin und Heidegger, Freiburg, 1954), où il indique en note dans sa préface que cette traduction «  Retournement natal » est « celle de Maurice Blanchot dans son remarquable article « Le tournant », in N.R.F., n°25, janvier 1955 »[36].

Déformation de l'image de Hölderlin sous le régime national-socialiste

Selon Isabelle Kalinowski, la formulation de Wilhelm Michel d'un « tournant patriotique » fournit, dans l'entre-deux guerres, l'argument d'une « lecture nationaliste (au demeurant combattue par certains philologues) de celui dont on voulut faire le “poète de la patrie allemande” et qui connut à ce titre une véritable apothéose sous le régime national-socialiste »[24].

Le germaniste français Jean-Pierre Lefebvre relève qu'au moment du centenaire de la mort de Hölderlin, peu après Stalingrad, eurent lieu « des célébrations “appropriatrices” dont l'écho trouble encore la lecture » des œuvres du poète[37]. Tübingen fut alors « déjudéisé », tandis que « dans les musettes des soldats de la Wehrmacht en train de mettre l'Europe à feu et à sang », fut glissée « une petite anthologie spéciale des poèmes de Hölderlin, dite Feldauswahl »[37].

L'interprétation heideggérienne

Les textes de Heidegger sur Hölderlin sont principalement rassemblés dans Approche de Hölderlin (titre en français), en allemand : Erläuterungen zu Hölderlins Dichtung (1936-1968) : d'après l'édition allemande la plus récente, les Erläuterungen Éclaircissements ») sont en effet à compléter avec les trois grandes conférences sur Hölderlin des semestres d'hiver 1934/35 et 1941/42 et du semestre d'été 1942 [38]. Le texte intitulé « Pourquoi des poètes ? » — citation de Hölderlin dans l'élégie Pain et vin (7e strophe) — se trouve dans les Chemins qui ne mènent nulle part (titre français pour Holzwege, littéralement : « Chemins de bois »).

À partir de 1936, c'est « dans le contexte des lectures prophétiques » de sa poésie « sous l'angle du “destin” du “peuple de la poésie et de la pensée” inaugurées par les disciples de Stefan George » que Heidegger commente Hölderlin[39]. Ainsi va-t-il dédier sa première conférence sur Hölderlin à Norbert von Hellingrath (de) : il y insiste sur ce qu'il interprète « comme une rupture de Hölderlin avec Hegel et une sortie hors de la “métaphysique », tout en congédiant par ailleurs « le paradigme révolutionnaire (et français) » qu'on trouve après 1801 dans la poésie de Hölderlin et qui fera l'objet de débats dans l'après-guerre[39].

L'interprétation heideggerienne de la poésie de Hölderlin a été critiquée dans son ensemble par Adorno[40] et l'École de Francfort. Philippe Lacoue-Labarthe relève l'hostilité « irréductible » d'Adorno à l'égard de Heidegger[41], non seulement pour « une question de divergence ou d'opposition politique » au moment où la même année que Parataxe, Theodor W. Adorno critique « l'idéologie allemande » et son « fameux Jargon de l'authenticité » (Jargon der Eigentlichkeit, 1964), mais « pour une question de sensibilité. Et par conséquent de style »[41]: il reproche à Heidegger son « manque du plus élémentaire sens esthétique » ainsi que « l'emphase lourdement sacralisante de sa “prédication” hölderlinienne » témoignant « tout simplement de son manque de goût »[41].

Réception de Hölderlin en France au XXe siècle

La réception française de Hölderlin débute dans les années 1920 chez les surréalistes. En 1936, la thèse de Pierre Bertaux propose une lecture de la vie et de l'œuvre du poète en relation avec la Révolution française de 1789, tandis que sous l'Occupation, des écrivains vont choisir Hölderlin comme figure d'élection de leur engagement dans la Résistance. Dans l'après-guerre, la réception heideggérienne de Hölderlin en France deviendra prépondérante chez les intellectuels. Au début des années 1960, Hölderlin fait son entrée dans l'histoire de la psychanalyse avec la thèse « lacanienne » de Jean Laplanche.

Années 1920-1930 : poète, allemand, fou, romantique

C'est d'abord dans les milieux littéraires que Hölderlin commença d'être traduit en France au milieu des années 1920, alors qu'il était identifié comme un « poète fou »[42]. En 1930, Pierre-Jean Jouve et Pierre Klossowski traduisent les Poèmes de la folie de Hölderlin[42]. La réception littéraire française de Hölderlin eut d'abord lieu dans des revues (La N.R.F., Commerce, Mesures, Cahiers du Sud)[42].

Les poètes surréalistes sont fascinés par « une série de figures emblématiques d'envers de la rationalité : le fou, le primitif, l'enfant, le mystique »[42]. « Hölderlin en France » se trouve dès lors rattaché à « l'entité française du “romantisme allemand » qu'aura popularisée Albert Béguin en 1937 dans L'Âme romantique et le Rêve[42]. Isabelle Kalinowski explique comment, parmi d'autres « poètes et penseurs » venant s'opposer de manière paradigmatique au positivisme universitaire français de la IIIe République et « sous la bannière d'une aspiration “métaphysique” », Hölderlin va désormais cumuler « plusieurs prédicats, poète, allemand, et fou ». Ces prédicats vont assurer son prestige alors que la majeure partie de son œuvre reste encore largement ignorée[42].

Seconde Guerre mondiale et Occupation

Durant la Seconde Guerre mondiale et sous l'Occupation, la réception française de Hölderlin est un exemple « particulièrement saillant » du décalage entre ce que peut représenter un auteur dans son pays d'origine et la fonction qui « lui échoit dans ses réceptions étrangères »[42]. Isabelle Kalinowski observe comment certains écrivains engagés dans la Résistance ou dans la « Résistance littéraire » (revues de la zone libre et revues plus ou moins clandestines) choisissent Hölderlin, élevé au même moment « au rang de poète officiel de la germanité par le régime national-socialiste », pour « figure d'élection »[42] : ainsi, dit-elle, René Char va-t-il recopier dans un cahier encore inédit des extraits de Hölderlin « avant de prendre les armes », tandis que Pierre Emmanuel (proche d'Aragon) publie Le poète fou en 1944 et salue les traductions du poète suisse Gustave Roud de Poèmes de Hölderlin en 1942[42].

L'après-guerre : réception heideggérienne française de Hölderlin

Chez les intellectuels français, la réception après coup de Hölderlin au XXe siècle passe surtout par Heidegger : le livre de Beda Allemann, Hölderlin et Heidegger. Recherche de la relation entre poésie et pensée, paru en 1954 à Zurich et Fribourg i. B., paraît en 1959 aux P.U.F. dans la traduction de François Fédier.

Tandis que les philosophes allemands l'étudient de manière classique « comme un contemporain de Hegel et un acteur de l'idéalisme allemand », c'est surtout à partir des années 1960 qu'Hölderlin commence d'être lu en France comme philosophe, et ce, « presque exclusivement dans le prolongement direct, sinon la vulgarisation » des commentaires de Heidegger[43]. Selon Isabelle Kalinowski, cette différence de réception de Hölderlin comme philosophe entre l'Allemagne et la France tiendrait à la réticence de la philosophie universitaire française vis à vis de la « littérature » ressentie dans toutes ses formes « comme une menace pour la scientificité de la discipline »[43]. Dans l'après-guerre, avec « le rôle de plus en plus massif » joué par la réception de Heidegger (Jean Wahl, à la fois poète et philosophe en Sorbonne est l'un des premiers à introduire la pensée de Heidegger en France), les lectures heideggériennes de Hölderlin « induisent une multitude d'exégèses (et parfois des traductions ») par des philosophes français, dans le sillage de Jean Beaufret[43].

Deux thèses françaises marquantes

En 1936, la thèse « jacobine » de Pierre Bertaux, germaniste et homme politique, met l'accent sur l'aspect « révolutionnaire » de Hölderlin dans le contexte historique de l'époque où les intellectuels allemands sont confrontés à la Révolution française. Un quart de siècle plus tard, la thèse de médecine du psychanalyste Jean Laplanche sur Hölderlin et la question du père, publiée en 1961, s'inscrit déjà dans le contexte des années 1960 en France.

  • 1936 : La thèse « jacobine » de Pierre Bertaux

Dans sa thèse, intitulée Hölderlin. Essai de biographie intérieure [44], le germaniste français Pierre Bertaux considère que Hölderlin n'était pas « fou » au sens médical psychiatrique du vingtième siècle. Il analyse surtout le rapport de Hölderlin à la Révolution française de 1789 et considère que l'orientation politique de Hölderlin était jacobine, engagement intellectuel « révolutionnaire » pratiquement impossible à faire reconnaître en plein absolutisme des princes allemands à la fin du XVIIIe siècle. Tous les intellectuels allemands, en premier lieu les deux grands « classiques » Goethe et Schiller, Schiller surtout, observent avec le plus grand intérêt les événements en France révolutionnaire de l'époque[45].

La lutte ultérieure de Pierre Bertaux pour défendre et développer cette thèse[46] n'a pas été sans provoquer en Allemagne des réactions critiques chez certains psychiatres concernant le diagnostic établi de la maladie mentale de Hölderlin.

Page 91 du « Cahier de Homburg » (Homburger Folioheft (de)) de Hölderlin : La Nymphe, avant-projet de Mnemosyne[note 3].
  • 1961 : La thèse de médecine, « lacanienne », de Jean Laplanche

Avec Hölderlin et la question du père (1961) de Jean Laplanche, le genre de la « sacro-sainte psycho-biographie »[47] commence à être mis en cause par la psychanalyse en plein essor en France au seuil des années 1960. Le livre de Jean Laplanche, salué par Michel Foucault[48], rencontre un certain succès auprès des intellectuels français. Laplanche énonçait son projet concernant Hölderlin de la façon suivante :

« Comprendre dans un seul mouvement son œuvre et son évolution vers et dans la folie, ce mouvement fût-il scandé comme une dialectique et multilinéaire comme un contrepoint »

 Jean Laplanche, Hölderlin et la question du père, p. 13. Cité par Roger Laporte[49]

Laplanche applique au « cas » de Hölderlin la «théorie des psychoses» de Lacan, celle d'une structure de la psychose par Forclusion du Nom-du-père, mais non sans quelques réserves. Dans une conclusion « ouverte », Laplanche fait « (r)ouvrir » à son Hölderlin « la question du père » en même temps que « la question de la schizophrénie comme problème universel »[50].

Œuvres

Principales œuvres

L’œuvre de Hölderlin comprend :

  • Poèmes :
    • Premiers Poèmes, publiés en 1792 et 1793 ;
    • Poésie lyrique (Élégies, Hymnes, Odes, poèmes isolés) ;
    • Poèmes de la folie (1806-1843) ;
    • publications posthumes : Germanien (1895), Wie wenn am Feiertage (1910), Friedensfeier (1954).
  • Roman : Hypérion ou l'Ermite de Grèce : roman épistolaire, première partie publiée en 1797, deuxième partie publiée en 1799.
  • Drame : La Mort d'Empédocle : drame inachevé, trois versions furent écrites de 1797 à 1800 et la troisième fut publiée par Hölderlin en 1826.
  • Traductions de Pindare (1799) et Sophocle : Antigone, Œdipe (1800-1804).
  • Essais et fragments philosophiques.
  • Correspondance.

Publications du vivant de Hölderlin

Friedrich Hölderlin, Gedichte Poèmes »), édition de 1847
  • 1791 : (de) Erste Gedichte (Premiers poèmes), dans le Musenalmanach de Gotthold Friedrich Stäudlin pour l'année 1792.
  • 1793 : (de) Hymnen (Hymnes) dans Poetische Blumenlese furs Jahr 1793 (Sélection florale pour l'année 1793).
  • 1793 : (de) Elegien dans la Neue Thalia de Schiller.
  • 1797-1799 : (de) Hyperion oder Der Eremit in Griechenland (trad. : « Hypérion ou l'ermite de Grèce »), paru chez Cotta (de).
  • 1799 : (de) : Gedichte (Poésies) dans l'Almanach des Muses de Schiller et dans Taschenbuch für Frauenzimmer von Bildung de Neuffer.
  • 1804 : (de) Trauerspiele des Sophokles, Sophokles-Übertragung (Tragédies de Sophocle, Traduction de Sophocle).
  • 1826 : (de) Gedichte (Poésies) de Friedrich Hölderlin, éditées par Ludwig Uhland et Gustav Schwab.

En bleu adorable

In lieblicher Bläue..., traduit par André du Bouchet « En bleu adorable... », est un texte que Hölderlin aurait écrit dans sa période de « folie », après 1806. Ce poème est extrait du roman de Wilhelm Waiblinger (de) (1804-1830), Phaéton, publié en 1823, « où il est attribué à un poète fou de qui Hölderlin est le modèle[51] ». Friedrich Beissner refuse de considérer ce texte « comme un poème authentique de Hölderlin ». Philippe Jaccottet, auteur du volume Œuvres de La Pléiade, relève que Heidegger l'appelle « un grand poème, inouï » et que le philosophe en « tire certains éléments de son essai : Hölderlin et l'essence de la poésie ». Le passage célèbre d' En bleu adorable, auquel réfèrerait plus particulièrement Heidegger, est : « Telle est la mesure de l'homme. / Riche en mérites, mais poétiquement toujours, / Sur terre habite l'homme »[52].

Éditions des œuvres complètes de Hölderlin

  • (de)Friedrich Hölderlin’s sämmtliche Werke, édition de Christoph Theodor Schwab, 2 volumes, Stuttgart et Tübingen, 1846 (première édition complète).

L'édition des œuvres complètes de Hölderlin par Norbert von Hellingrath (de) va beaucoup contribuer à la découverte et à la reconnaissance de l'œuvre d'Hölderlin au début du XXe siècle.

  • (de) Sämtliche Werke (Historisch-kritische Ausgabe) : édition historico-critique commencée par Norbert von Hellingrath, poursuivie par Friedrich Seebass et Ludwig von Pigenot, Berlin 1923 et 1943.
  • (de) Große Stuttgarter Ausgabe : « Grande édition de Stuttgart », dite « Édition de Stuttgart » (Stuttgarter Ausgabe) de Friedrich Beißner (de), 8 volumes, Stuttgart, 1943-1985.
  • (de) Sämtliche Werke ( Historisch-kritische Ausgabe) : édition historico-critique de D. E. Sattler (de), dite « édition de Francfort » (Frankfurter Ausgabe), 20 volumes et 3 suppléments, Stroemfeld Verlag, Frankfurt-sur-le-Main, 1975-2008. Cette édition non universitaire travaille sur les manuscrits de Hölderlin (méthode éditoriale s'appuyant sur la génétique des textes).
  • (de) Sämtliche Werke und Briefe, édition de Michael Knaupp, 3 volumes, Munich, 1992–1993.
  • (de) Sämtliche Werke und Briefe in drei Bänden, édition de Jochen Schmidt (de).

Traductions françaises

Hölderlin vers 1824, par JG Schreiner. Publié par Eduard Mörike dans le journal Freya.

Éditions d'œuvres complètes et éditions bilingues

(Dans l'ordre chronologique des premières parutions)

  • Hölderlin, Poèmes / Gedichte, traduction de Geneviève Bianquis, Paris, Aubier, 1943.
  • Hölderlin, Correspondance complète, traduction de Denise Naville, Paris, Gallimard, 1948 (Traduction d'après l'édition des Hölderlins sämtliche Werke, Berlin 1943[53])
  • Hölderlin, Œuvres, éd. de Philippe Jaccottet, traduction de Ph. Jaccottet, D. Naville, Gustave Roud, R. Rovini, François Fédier, Michel Deguy, André du Bouchet, notes par P. Jaccottet, Bibliothèque de la Pléiade, 1967. Philippe Jaccottet se réfère à l'édition de Stuttgart et à l'édition Hellingrath (pour le plan chronologique)[54].
  • Hölderlin, Œuvre poétique complète, trad. de François Garrigue, bilingue, Éd. de la Différence, 2005.

Éditions partielles

(Dans l'ordre chronologique des premières parutions)

  • La Mort d'Empédocle, traduction et introduction d'André Babelon, Paris, Gallimard, 1929[55].
  • Hypérion ou l'Ermite en Grèce, traduction de Joseph Delage, 2 vol., Paris et Neuchâtel, Victor Attinger, collection « Romantiques allemands », no 2, 1930.
  • Poèmes de la Folie de Hölderlin, traduction de Pierre Jean Jouve avec la collaboration de Pierre Klossowski, Fourcade, 1930, rééd. Gallimard, 1963
  • Poèmes, Version française de Gustave Roud, Lausanne, Mermod, 1942.
  • Hölderlin le Poète – Étude critique suivi d'un choix de poèmes, par Maxime Alexandre, Marseille, Robert Laffont, 1942.
  • Poèmes de Hœlderlin, traduction de Gustave Roud[56], dans Les Cahiers du Sud, Le Romantisme allemand, N° spécial publié sous la direction de G. Camille, E. Jaloux, P. d'Exideuil, Ch. Du Bos, J. Cassou, M. Brion, A. Béguin et J. Ballard, mai-juin 1937. Traductions d'Armel Guerne et Gustave Roud, dans Le Romantisme allemand (2e édition), Textes et études publiés sous la direction d'Albert Béguin, Les Cahiers du Sud, 1949.
  • Hymnes et autres poèmes (1796-1804), Trad. d'Armel Guerne, Mercure de France, 1950 ; GF Flammarion, 1983.
  • Hypérion ou l'Ermite de Grèce, trad. de Ph. Jaccottet, Mercure de France, Paris, 1965 ; réédition : Gallimard, coll. « Poésie », Paris, 1973.
  • L'Antigone, de Sophocle, [texte de la trad. et adaptation en allemand d'Hölderlin, trad. en français] par Philippe Lacoue-Labarthe, suivi de [l'étude], La Césure du speculatif, par Philippe Lacoue-Labarthe, coll. Première livraison. Paris : C. Bourgois, 1978. (ISBN 2-267-00122-5).
  • Poèmes fluviaux, anthologie bilingue traduite de l'allemand, annotée et présentée par Nicolas Waquet, Éditions Laurence Teper, Paris, 2004, (ISBN 2-9520442-5-2).
  • Hypérion ou l'Ermite de Grèce, traduction, présentation, notes, annexes, chronologie et bibliographie par Jean-Pierre Lefebvre, Paris, GF Flammarion, 2005, (ISBN 2-08-071166-0).
  • Hölderlin, Fragments de poétique et autres textes, Éd. bilingue de Jean-François Courtine, Présentation, traduction et notes de J.-F. Courtine, Paris, Imprimerie nationale Éditions, 2006, (ISBN 2-7427-5991-3), comprenant notamment :
    • « [Être, Jugement] » (1795), p. 153-157.
    • « Lettres à Böhlendorff », 4 décembre 1801 et 2 décembre 1802, p. 365-372.
    • « Remarques sur Œdipe et sur Antigone » (1804), p. 383-440.
  • Les chants de la terre natale, édition bilingue, choix, présentation et traduction de Ludwig Lehnen, coll. « Orphée », Éditions de la Différence, 2014.
  • Hymnes, traduits et présentés par Raoul de Varax,coll. L'Ombellie, Éditions des Vanneaux, 2014.
  • Élégies - Chants nocturnes, présentés et traduits par Raoul de Varax, Éditions de l'Atelier du Grand Tétras, 2016.
  • Odes, présentées et traduites par Raoul de Varax, Éditions de l'Atelier du Grand Tétras, 2017.
  • Poèmes à la Fenêtre / Poems at the Window, 2017, Odes éoliennes / Aeolic Odes, 2019, Les Elégies / The Elegies, 2020 -traductions métrées française et anglaise par Claude Neuman, édition trilingue allemand-français-anglais, Editions www.ressouvenances.fr : , , .

Archives et Bibliographie Internationale de Hölderlin (IHB)

Pour les articles homonymes, voir IHB.

En Allemagne, paraît en 1985 la première édition de la Bibliographie Internationale de Hölderlin (Internationale Hölderlin-BibliographieIHB[57]). Le premier tome établi par Maria Kohler couvre la période 1804-1983. D'autres tomes suivent, élaborés par Werner Paul Sohnle et Marianne Schütz aux Archives de Hölderlin (Hölderlin-Archiv[58]), jusque dans les années 1990[59]. L'I.H.B s'est informatisée et a été mise en ligne[60] le 1er janvier 2001.

Adaptations

Musique

Les poèmes de Hölderlin ont inspiré de nombreux compositeurs, à commencer par Brahms avec son Hyperions Schicksalslied (de) (Le Chant du destin d'Hypérion). Parmi ces compositeurs, on peut noter Richard Strauss (Drei Hymnen von Friedrich Hölderlin, opus 71), Max Reger (An die Hoffnung : « À l'Espérance »), Paul Hindemith, Benjamin Britten, Hans Werner Henze, György Kurtág, György Ligeti, Luigi Nono, Wolfgang Rihm, Hans Pfitzner, Hanns Eisler, Peter Cornelius, Richard Wetz (Hyperion), Josef Matthias Hauer, Stefan Wolpe, Viktor Ullmann (qui composa sa musique dans le camp de concentration de Terezin), ainsi que Georg Friedrich Haas (avec Hyperion), sans oublier Heinz Holliger qui composa un monumental Scardanelli Zyclus.

Théâtre

Répétitions à Berlin d'Ödipus Tyrann de Sophocle d'après Hölderlin de Heiner Müller, mise en scène de Benno Besson (à g.), 1967. À d. : Fred Düren (de) joue Œdipe.
  • Friedrich Hölderlin, sa vie et son œuvre, ont fait l'objet d'un culte, notamment par le metteur en scène allemand Klaus Michael Grüber, qui s'est attaché à traduire une esthétique théâtrale, conçue comme une alternance poétique autonome au texte et au parcours du poète souabe, tout en servant de traduction et de miroir. En réalisant Winterreise dans le stade olympique de Berlin, où eurent lieu les Jeux olympiques d'été de 1936 sous le régime nazi, Grüber mène, à travers la langue d'Hölderlin, une réflexion sur la destruction, l'errance, le crime, mais aussi la volonté de rédemption. Le comédien Michael König se trouve au centre de cette mise en scène historique. Gruber signera par la suite d'autres spectacles, tels qu'Hypérion présenté au Festival d'automne à Paris (1991), avec Bruno Ganz, qui a, quelques années plus tôt, incarné Empédocle, là aussi à l'Olympia-Stadion de Berlin, en 1976, dans une production du théâtre de la Schaubühne.
  • Ödipus der Tyrann de Friedrich Hölderlin d'après Sophocle (traduction de Philippe Lacoue-Labarthe chez Christian Bourgois), dans la mise en scène de Romeo Castellucci, spectacle créé le à la Schaubühne de Berlin, a été donné à Paris en coréalisation avec le Théâtre de la Ville dans le cadre du Festival d'Automne du 20 au 24 novembre 2015. Le personnage d'Œdipe était interprété par l'actrice Ursina Lardi, tandis qu'Angela Winkler tenait le rôle du Chœur en tant que mère supérieure d'une communauté de nonnes. Dans ce spectacle, Castellucci cherche à « faire coïncider les images d'Œdipe et de Jésus » selon un esprit « “asymétrique” et “féminin” »[62].

Cinéma

  • 1985 : Hälfte des Lebens (de) (d'après le titre éponyme du poème Hälte des Lebens de Hölderlin) est un film de la RDA réalisé par Herrmann Zschoche sur la vie de Friedrich Hölderlin. L'accent y est mis sur l'amour pour Susette Gontard, son impossibilité et la séparation obligée, ainsi que sur la mort à 33 ans de l'aimée en 1802, qui aurait plongé le poète dans une suite de profondes dépressions jusqu'à son internement dans la clinique d'Autenrieth en 1806 à l'âge de 36 ans, sans perspective de guérison de sa « folie »[63] : c'est alors que commence de fait la deuxième « moitié de sa vie » comme pensionnaire à partir de 1807 dans la famille du menuisier Ernst Zimmer à Tübingen. Le film fut primé en RDA en 1986, ainsi que le grand acteur Ulrich Mühe [note 4] pour son interprétation dans le rôle de Friedrich Hölderlin.
  • 1986 et 1988 : en 1986, les cinéastes Jean-Marie Straub et Danièle Huillet réalisent La Mort d'Empédocle ou Quand le vert de la terre brillera à nouveau pour vous d'après la première version (1798) de La Mort d'Empédocle de Friedrich Hölderlin. En 1988, sortira Noir Péché, d'après la troisième version de la même pièce [64]. L'action ou plus exactement « le commentaire de l'action » se déroule en Sicile; la diction prime chez les Straub, le texte étant prononcé toutefois par « des bouches italiennes » dans le dialogue douloureux de Panthea (Martina Baratta) et Delia sur le sort du « philosophe présocratique et médecin Empédocle », ce « “rêveur redoutable” […] à présent abandonné des Dieux »[64]. Pour des « cinéastes radicaux » comme les Straub, comme pour un Hölderlin « rousseauiste », le message d'Empédocle, qui affranchit ses esclaves et refuse le trône d'Agrigente, serait profondément politique : « il s'agit de faire naître le citoyen, libre et souverain de ses actes, de sa vie et de sa mort. De l'armer de sa colère dans le désastre »[64].
  • 1997 : la réalisatrice Nina Grosse (de) réalise un film romancé, adapté à notre époque, intitulé Feuerreiter (Le cavalier de feu) sur Friedrich Hölderlin (interprété par Martin Feifel) et l'histoire de son amour pour Susette Gontard (interprétée par Marianne Denicourt), tandis que l'ami du poète Isaac von Sinclair (de) (interprété par Ulrich Matthes), vu sous un angle homoérotique, se pose en rival de la femme aimée par Hölderlin, de qui il brigue également les faveurs. Ulrich Mühe joue dans ce film le rôle de Jacob Gontard, époux de Susette. Plus qu'un film historique ou une simple vie d'artiste, le critique Rüdiger Suchsland trouve exposée dans Feuerreiter une « anarchie des sentiments » où l'on ne sait pas « qui aime qui? »[65].

Notes et références

Notes

  1. Sainte-Beuve traduira la Goethezeit (de) par le « siècle de Goethe ».
  2. Dans la note 32 de sa « Présentation » générale des Fragments de poétique de Hölderlin, Jean-François Courtine précise que Urteil und Sein, texte « assez fascinant » apparu en 1930 à l'occasion d'une vente aux enchères, fut publié pour la première fois en 1961 dans la Stuttgarter Ausgabe par Friedrich Beißner (de).
  3. Le vers : Ein Zeichen sind wir, deutungslos Un signe nous sommes, sans signification ») de cet avant-projet de Mnemosyne est connu en France pour son interprétation psychanalytique par Jean Laplanche dans Hölderlin et la question du père (1961) : « Exergue énigmatique à notre étude, ces quelques vers devaient nous accompagner : Ein Zeichen sind wir, deutungslos / Schmerzlos sind wir und haben fast / Die Sprache in der Fremde verloren. […] Nous sommes un signe, sans interprétation… […] ... nous avons presque perdu le langage au pays étranger » ( J. Laplanche, Hölderlin et la question du père, 2eed., 1969, p. 5). En 1961, référence est faite par J. Laplanche pour Mnemosyne à l'édition de Stuttgart , 2, p. 195. Le dégagement des différentes versions de Mnemosyne est dû au travail éditorial de l'édition de Francfort de D.E. Sattler.
  4. Ulrich Mühe (1953-2007) est plus particulièrement connu aujourd'hui pour son interprétation du rôle principal dans le film La Vie des autres (Das Leben der Anderen, 2006) sorti en France en 2007, plusieurs fois primé en Europe, et qui reçut l'Oscar du meilleur film en langue étrangère aux États-Unis en 2008.

Références

  1. Cf. l’essai de Heinz Schlaffer (de), La Brève Histoire de la littérature allemande 2002, tr. fr. 2004.
  2. Jean Chassard / Gonthier Weil, Histoire de la littérature de langue allemande, Paris, Hachette, 1981, p. 120-130.
  3. Lettre à Karl Gock, 1er janvier 1799, in : Sämtliche Werke, éditions F. Beißner, Stuttgart 1954, vol. 6.
  4. Cf. Jean Laplanche, Hölderlin et la question du Père (1961).
  5. Rudolf Leonhard et Robert Rovini, Hölderlin, Paris, Éditions Pierre Seghers, Collection « Poètes d'aujourd'hui » N° 36, 1953.
  6. Notice Biographique, chapitre Années d'études, page XXIII-XXIV des Œuvres d'Hölderlin dans l'édition de la Pléiade, 1967.
  7. Page 15 des Œuvres d'Hölderlin dans l'édition de la Pléiade, 1967.
  8. À l'appui de ce qui justifierait cet enthousiasme et dans le sillage du Sturm und Drang où arrive la pièce de Schiller Les Brigands, Hölderlin fonde en 1790 avec deux de ses amis, Magenau (de) et Neuffer (de) également étudiants au Stift, un Dichterbund ligue des poètes »).
  9. D'après le texte attribué à Hölderlin « En bleu adorable », dans Hölderlin, Œuvres, p. 939 (Tr. A. du Bouchet) : « mais poétiquement toujours, / Sur terre habite l'homme ».
  10. Traduction de Geneviève Bianquis.
  11. D'après la thèse du germaniste français Pierre Bertaux, Hölderlin aurait appris la mort de Susette Gontard alors qu'il était encore à Bordeaux.
  12. Pierre Bertaux, Hölderlin ou Le temps d'un poète, 1983, p. 320.
  13. Cf. Chronologie établie par Michael Knaupp.
  14. Roger Ayrault, La genèse du romantisme allemand — Situation spirituelle de l'Allemagne dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, Tome I, Paris, Aubier / Éditions Montaigne, 1961, p. 56
  15. Hölderlin, lettre du (n° 80 <81>, La Pléiade, éd. Gallimard, p. 308) : « Ma seule lecture pour l'instant, c'est Kant. Cet esprit merveilleux se révèle à moi de mieux en mieux. », et lettre à Hegel du (n° 84 <85>, La Pléiade, p. 316) : « Mes occupations sont maintenant assez concentrées. Kant et les Grecs sont à peu près ma seule lecture. J'essaie surtout de me familiariser avec la partie esthétique de la philosophie critique. », dans Hölderlin, Fragments de poétique, éd. bilingue de Jean-François Courtine, « Présentation » (par J.-F. Courtine), Paris, Imprimerie nationale éditions, 2006, p. 13-14.
  16. Texte du « Projet (Le plus ancien programme systématique de l'idéalisme allemand) » dans Hölderlin, Œuvres (dir. P.Jaccottet), Gallimard, La Pléiade, p. 1156-1158. Philippe Jaccottet écrit en note p. 1156 : « Il s'agit d'un texte sans doute rédigé par Schelling sous l'influence directe de Hölderlin, à la suite de leurs rencontres de 1795, et copié de la main de Hegel au cours de l'été 1796 ».
  17. Dans : « Présentation » par J.F. Courtine de Hölderlin, Fragments de poétique, Paris, Imprimerie nationale, 2006, p.  14-15; J.-F. Courtine se réfère (note 10) à la traduction française par Alexis Philonenko, dans Fichte, Œuvres choisies de philosophie première, Paris, Vrin, 1964.
  18. Hölderlin, « Être et Jugement », dans Œuvres, Pléiade, nrf/Gallimard, p. 282-283; Hölderlin, « Jugement et Être », dans Fragments de poétique, édition bilingue de Jean-François Courtine Paris, Imprimerie nationale, 2006, p. 153-157.
  19. Jean-François Courtine, « Présentation », dans Hölderlin, Fragments de poétique, Paris, Imprimerie nationale, 2006, p. 26-34, note 32, p. 66.
  20. Jacques Rivelaygue, Leçons de métaphysique allemande, tome I, « De Leibniz à Hegel », Paris, Grasset & Fasquelle, 1990, biblio Le Livre de Poche essais No 4341, p. 200-201.
  21. Jacques Rivelaygue, Leçons de métaphysique allemande, tome I, p.  205.
  22. Jacques Rivelaygue, Leçons de métaphysique allemande, tome I, p.  208-209.
  23. J. Rivelaygue, Leçons de métaphysique allemande, tome I, p.  216.
  24. Isabelle Kalinowski, « Hölderlin (Friedrich) », dans Dictionnaire du monde germanique sous la direction d'Elisabeth Décultot,Michel Espagne, Jacques Le Rider, Paris, Bayard, 2007, p. 513.
  25. Notes de Philippe Jaccottet pour les lettres 236 et 240 à Böhlendorff, traduites par Denise Naville p. 1003-1005, 1009-1011, dans Hölderlin, Œuvres, Éd. de P. Jaccottet, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1967, p. 1240-1243.
  26. Notes de Philippe Jaccottet pour les Remarques sur Antigone, dans Hölderlin, Œuvres, Éd. de P. Jaccottet, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1967, p. 1233-1234.
  27. Jean-François Courtine, « Présentation », dans Hölderlin, Fragments de poétique, Paris, Imprimerie nationale, 2006, p. 60-61, Notes 60 et 61, p. 66 où J.F. Courtine réfère sur le poème Andenken au philosophe Dieter Henrich (de) et au germaniste Jean-Pierre Lefebvre.
  28. Cf. Friedrich Nietzsche, IIIe Considération inactuelle (« Schopenhauer éducateur »), éd. Gallimard, « Folio essais », 1990, p. 30-34.
  29. P. Jaccottet, Rilke par lui-même, Seuil, p. 117-118.
  30. Rainer Rochlitz, « Présentation », dans Walter Benjamin, Œuvres, tome I, Gallimard, 2000, p. 17-18.
  31. Walter Benjamin, Deux poèmes de Friedrich Hölderlin. « Courage de poète » et « Timidité », dans Walter Benjamin, Œuvres, tome I, Gallimard, 2000, p. 91-124.
  32. Notes de Philippe Jaccottet pour Courage du poète / Timidité de Hölderlin, dans Hölderlin, Œuvres, Éd. de P. Jaccottet, Paris, Gallimard, 1967, p. 1203.
  33. Hölderlin, Courage du poète et Timidité, dans Œuvres, Éd. de P. Jaccottet, Paris, Gallimard, 1967, p. 788-789.
  34. Beda Allemann, Hölderlin et Heidegger, PUF, 1959, p. 55-62
  35. Hölderlin, Remarques sur Œdipe Remarques sur Antigone, traduction et notes par François Fédier, préface par Jean Beaufret, édition bilingue, Paris, Bibliothèque 10/18, p. 85.
  36. François Fédier, préface à Beda Allemann, Hölderlin et Heidegger, Paris, PUF, 1959, p. 3, note (2).
  37. Jean-Pierre Lefebvre, « Hölderlin Friedrich (1770-1843), dans Encyclopedia Universalis, [lire en ligne].
  38. Martin Heidegger, Erläuterungen zu Hölderlins Dichtung, (éd. Friedrich-Wilhelm von Herrmann), 7e tirage, Klostermann, 2012 (ISBN 978-3-465-04140-5)
  39. Isabelle Kalinowski, « Hölderlin (Friedrich) », 1 — Vie et oeuvre, dans Dictionnaire du monde germanique, 2007,p. 513-514.
  40. Theodor W. Adorno, « Parataxe » dans : Hölderlin, hymnes, élégies et autres poèmes, Introduction par Philippe Lacoue-Labarthe, Paris, GF Flammarion, 1983.
  41. Philippe Lacoue-Labarthe, Introduction à Hölderlin, hymnes, élégies et autres poèmes suivi de Parataxe (1964) par Theodor W. Adorno, Paris, GF Flammarion, 1983, p. 16 et note 7 p. 21.
  42. Isabelle Kalinowski, « Hölderlin (Friedrich) », 2. Hölderlin en France, dans Dictionnaire du monde germanique, 2007,p. 514.
  43. Isabelle Kalinowski, « Hölderlin (Friedrich) », 2. Hölderlin en France, dans Dictionnaire du monde germanique, 2007, p. 515.
  44. Pierre Bertaux, Hölderlin, Essai de biographie intérieure, Paris, Hachette, 1936.
  45. Voir aussi Lucien Calvié, Le Renard et les raisins. La Révolution française et les intellectuels allemands. 1789-1845, Paris, Études et Documentation Internationales(ÉDI), 1989.
  46. Pierre Bertaux, Hölderlin ou le temps d'un poète, Paris, Gallimard, 1983.
  47. Élisabeth Roudinesco, Histoire de la psychanalyse en France. 2, Paris, Fayard, 1994, p. 396.
  48. Michel Foucault, « Le « non » du père », in Critique, mars 1962, 178, p. 195-209.
  49. Roger Laporte, « Hölderlin ou le combat poétique » dans Quinze variations sur un thème biographique, Paris, Flammarion, 1975, coll. « Textes » p. 85.
  50. Jean Laplanche, Hölderlin et la question du père, p. 133.
  51. Philippe Jaccottet, note dans le volume Œuvres de La Pléiade.
  52. Hölderlin, Œuvres (Philippe Jaccottet, dir.), La Pléiade, Gallimard, 1967, p. 939-941, note de P. Jaccottet, p. 1229.
  53. D'après l'éditeur, Gallimard, [lire en ligne]
  54. P. Jaccottet, « Avertissement », dans : Hölderlin, Œuvres, p. XIX
  55. L'achevé d'imprimer : 14 décembre 1929
  56. Voir aussi : Lettres sur le Romantisme allemand, correspondance d'Albert Béguin et Gustave Roud, Édition Les Études de Lettres, Lausanne, 1974. Introduction de Pierre Grotzer, notes et choix de textes de Françoise Fornerod. À partir de 1936, nombreuses discussions sur Hölderlin et sa traduction. En particulier Albert Béguin propose des améliorations aux traductions de Gustave Roud pour les poèmes parus en revues, en vue de leur publication en volume (qui aura lieu chez Mermod en 1942)
  57. Site consulté le  : /
  58. Site consulté le  : /
  59. Voir le compte-rendu bibliographique d'Alain Montandon. Internationale Holderlin-Bibliographie, 1995-1996. In : Romantisme, 1999, no 104. « Penser avec l'histoire », p. 127.
  60. Site consulté le  : .
  61. Heiner Müller, Sophokles Ödipus Tyrann nach Hölderlin, Aufbau-Verlag, Berlin et Weimar, 1969.
  62. Portrait Romeo Castellucci, Festival d'automne à Paris, -9 janvier 2016, 44e édition, p. 12 : « Romeo Castellucci, Ödipus der Tyrann de Friedrich Hölderlin, d'après Sophocle », Théâtre de la Ville, vendredi 20 au mardi 24 novembre 20h30, dimanche 22 novembre 15h. Durée 1h45. Spectacle en allemand surtitré en français.
  63. Stiftung DEFA Filme, site consulté le 25 novembre 2019, [lire en ligne]
  64. Les Trains de lumière. Les cinéastes de Ralentir Travaux, site consulté le 28 novembre 2019, [lire en ligne].
  65. D'après la critique d'Artechock, site consulté le 25 novembre 2019 [lire en ligne]

Voir aussi

Bibliographie

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(Classement par ordre alphabétique)

  • Theodor W. Adorno, « Parataxe » dans : Hölderlin, hymnes, élégies et autres poèmes, Introduction par Philippe Lacoue-Labarthe, Paris, GF Flammarion, 1983.
  • Beda Allemann, Hölderlin et Heidegger : Recherche de la relation entre poésie et pensée, préface de François Fédier, traduction de François Fédier, PUF, Épiméthée, Paris, 1959 (2e édition revue et corrigée 1987).
  • André Alter, Hölderlin. Le Chemin de lumière, Paris, Champ Vallon, 1992.
  • Roger Ayrault, La genèse du romantisme allemand — Situation spirituelle de l'Allemagne dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, tome I, Paris, Aubier / Éditions Montaigne, 1961.
  • Adolf Beck (éd.), Susette Gontard, la Diotima de Hölderlin, (Hölderlins Diotima Susette Gontard, 1980), lettres, documents et poèmes, traduit de l’allemand par Thomas Buffet, édité par Adolf Beck, Verdier, 2020, 192 p. (ISBN 978-2-37856-056-0), présentation sur le site des éditions Verdier, consulté le 19 octobre 2020, [lire en ligne]
  • Walter Benjamin,
    • (de) Zwei Gedichte von Friedrich Hölderlin. Dichtermut — Blödigkeit (Deux poèmes de Friedrich Hölderlin. Courage de poète — Timidité), écrits en 1914-1915, dans : (de) Walter Benjamin, Illumationen, choix d'articles, Francfort-sur-le-Main, Suhrkamp, 1977, p. 21-41.
    • (de) Hölderlin, Beiträge zu seinem Verständnis in unserem Jahrhundert, Tübingen, 1961.
    • dans : Œuvres, 3 tomes, traduit de l'allemand par Maurice de Gandillac, Pierre Rusch et Rainer Rochlitz, présentation de Rainer Rochlitz, Paris, Gallimard, folio essais, 2000 :
      • dans tome I : Deux poèmes de Friedrich Hölderlin. « Courage de poète » et « Timidité », p. 91-124.
  • Harald Bergmann, Hölderlin Edition, Buch- und DVD-Edition aller vier Hölderlin-Filme Bergmanns (Lyrische Suite/Das untergehende Vaterland, Hölderlin Comics, Scardanelli, Passion Hölderlin), Berlin 2012, (ISBN 978-3-9815488-4-6).
  • Pierre Bertaux, Hölderlin ou le temps d’un poète, Paris, Gallimard, 1983.
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    • « La parole sacrée de Hölderlin », dans La Part du feu, Paris, Gallimard, 1949.
    • « L'itinéraire de Hölderlin », dans L’Espace littéraire, Paris, Gallimard, 1955.
  • Jean-Pierre Brunel, « Réflexions sur le roman Hyperion de Hölderlin », Études, 2013/7 (Tome 419), p. 75-85. DOI : 10.3917/etu.4191.0075, [lire en ligne]
  • Michel Butor, L'aède en exil (adaptation), illustrations par Bernard Dufour, Fata Morgana, 2000.
  • Lucien Calvié,
    • Le Renard et les raisins. La Révolution française et les intellectuels allemands. 1789-1845, Paris, Études et Documentation Internationales(ÉDI),1989, (ISBN 2-85139-094-5).
    • Entrée « Révolution française dans la philosophie allemande », dans Dictionnaire du monde germanique, dir. Élisabeth Décultot, Michel Espagne et Jacques Le Rider, Paris, Bayard, 2007 (ISBN 978 2 227 47652 3), p.  965-966.
  • Maxence Caron, Être et identité, Paris, Le Cerf, 2006.
  • Jean Chassard / Gonthier Weil, Histoire de la littérature de langue allemande, Paris, Hachette, 1981, (ISBN 2 01-005613-2).
  • Benoît Chantre, Le Clocher de Tübingen. Œuvre-vie de Friedrich Hölderlin, Paris, Éditions Grasset, 2019, 336 pages, (ISBN 978-2-246-81501-3).
  • Jean-François Courtine
    • (dir.), Hölderlin, Cahiers de l'Herne, no 57, Paris, L'Herne, 1989, 358 p. (ISBN 9782851970640).
    • Présentation et notes pour Hölderlin, Fragments de poétique et autres textes, éd. bilingue de J.F. Courtine, Paris, Imprimerie nationale Éditions, 2006, (ISBN 2-7427-5991-3)
  • Martin Heidegger, Approche de Hölderlin [Erläuterungen zu Hölderlins Dichtung], Trad. de l'allemand par Henry Corbin, Michel Deguy, François Fédier et Jean Launay, nouvelle édition augmentée, Collection Classiques de la Philosophie, Paris, Gallimard, 1974.
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  • Philippe Jaccottet, Notes pour Hölderlin, Œuvres, éd. de P. Jaccottet, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1967.
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  • Isabelle Kalinowski,
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  • Jean Laplanche, Hölderlin et la question du père, Paris, PUF, 1961; rééd., Paris, PUF, 1984, coll. « Quadrige ».
  • Roger Laporte,
    • « Hölderlin ou le combat poétique » dans Quinze variations sur un thème biographique, Paris, Flammarion (essais / textes), 1975.
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  • Rudolf Leonhard et Robert Rovini, Hölderlin, Paris, Éditions Seghers, Collection « Poètes d'aujourd'hui » N° 36, 1953.
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      • « Métaphore et tragédie : l'achèvement hölderlinien de la présence philosophique », dans Métaphores de la présence II. La philosophie de Hölderlin, p. 11-58.
  • Jean-François Mattéi, Heidegger et Hölderlin. Le Quadriparti, Paris, PUF, 2001, coll. « Épiméthée ».
  • (de)Heiner Müller, Sophokles Ödipus Tyrann nach Hölderlin, Aufbau-Verlag, Berlin und Weimar, 1969.
  • Jacques Rivelaygue, Leçons de métaphysique allemande, tome I, « De Leibniz à Hegel », Paris, Grasset & Fasquelle, 1990, biblio Le Livre de Poche essais No 4341.
  • Rainer Rochlitz, « Présentation », dans Walter Benjamin, Œuvres, tome I, Gallimard, 2000.
  • Kathrin H. Rosenfield, « Hölderlin et Sophocle. Rythme et temps tragique dans les Remarques sur Œdipe et Antigone », Philosophique, 11/2008, p. 79-96, mis en ligne le 06 avril 2012, consulté le 11 novembre 2019, [lire en ligne].
  • Élisabeth Roudinesco, Histoire de la psychanalyse en France. 2, Paris, Fayard, 1994.
  • Shiqin She, « Du « tournant » dans la compréhension du tragique chez Hölderlin », Laval théologique et philosophique, volume 71, numéro 2, juin 2015, p. 267–284, [lire en ligne]
  • Heinz Schlaffer (de), La Brève Histoire de la littérature allemande (Die kurze Gechichte der deutschen Literatur, 2002), tr. fr. par Marianne Rocher-Jacquin et Daniel Rocher, Préface de Jean-Marie Valentin, Paris, Éditions de la Maison des sciences de l'homme, 2004.
  • Jacques Taminiaux, La nostalgie de la Grèce à l’aube de l’idéalisme allemand. Kant et les Grecs dans l’itinéraire de Schiller, de Hölderlin et de Hegel, La Haye, Nijhoff, .
  • Aude Therstappen (dir.), Friedrich Hölderlin. Présences du poète, Paris, Somogy, 2010.

Documentaire

  • Hedwig Schmutte et Rolf Lambert, Friedrich Hölderlin, un poète absolu, 2019. Diffusion sur Arte le 26 mars 2020 .

Articles connexes

Sources et liens externes

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