Offensives de Ménaka
Les offensives de Ménaka débutent le pendant la guerre du Mali. Elles opposent les djihadistes de l'État islamique dans le Grand Sahara aux milices touarègues du MSA et du GATIA dans le sud et l'est de la région de Ménaka.
Date | Depuis le |
---|---|
Lieu | Région de Ménaka |
Issue | En cours |
CSP
Mali Groupe Wagner France Tchéquie MINUSMA | État islamique dans le Grand Sahara |
Moussa Ag Acharatoumane El Hadj Ag Gamou | Abou al-Bara al-Sahraoui |
Plusieurs centaines d'hommes | 400 à 600 hommes initialement[1] |
~ 100 morts au moins[2],[3] 295 morts et blessés au moins en 4 mois (selon l'EIGS)[4] | Inconnues |
Batailles
Conflit des bérets verts et des bérets rouges
Conflit entre les islamistes et le MNLA
- Konna
- Gao (bombardement)
- Diabaly
- Gao (2e)
- Gao (3e)
- Gao (4e)
- In Khalil
- Tigharghâr
- Timétrine
- Imenas
- Tin Keraten
- In Zekouan et Teurteli
- Tombouctou (2e)
- Gao (5e)
- Teghboubinene et In Arab
- Tombouctou (3e)
- 1re Ber
- Anéfis (1re)
- Anéfis (2e)
- Bordj Badji Mokhtar et In Farah
- Fooïta
- Douaya
- Amazragane
- Tin-Hama (2e)
- Araouane
- Kondaoui
- Tamkoutat
- Ametettaï (bombardement)
- Dayet en Maharat
- Inabohane-Ebahlal
- Kidal (2e)
- Kidal (3e)
- Anéfis (3e)
- Tabankort (1re)
- Indelimane (2e)
- N'Tillit
- Ametettaï
- Tabankort (2e)
- Nampala (1er)
- Ténenkou (1er)
- Tabankort (3e)
- Tabrichat
- Abeïbara
- Léré
- Ténenkou (2e)
- Tin Telout
- Koba
- Nara
- Takoumbaout
- Sama
- Gourma-Rharous (1er)
- Sévaré
- Anéfis (4e)
- Inafarak
- Tiébanda
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- Wanna
- Aguel'hoc (2e)
- Sévaré
- Nampala (2e)
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- Gourma-Rharous (2e)
- Foulsaré
- Dogofry (1re)
- Serma (1re)
- Tikerefinadji
- Bintagoungou
- Inkadogotane
- Djebok
- Takellote
- Touzik
- Adjlal
- Tombouctou (4e)
- Tin Biden
- Indelimane (3e)
- Youwarou
- Soumpi
- Inaghalawass
- Akabar
- Tombouctou (5e)
- Tina
- Aklaz et Awkassa
- Talataye
- Boni (1re)
- Inabelbel
- Inghalamane
- Tintihidjrene
- Soumouni
- Dogofry (2e)
- Ndaki
- 2e Ber
- Farimaké
- Abanguilou
- Serma (2e)
- Aguel'hoc (3e)
- Elakla
- Dialloubé
- Dioura
- Tiésaba-Bourgou
- Guiré
- Aconit
- Fafa
- Boulikessi (2e)
- Indelimane (4e)
- Bourgou IV
- Tabankort
- Eranga
- Wagadou
- Sokolo
- Tarkint
- Bamba
- Talahandak (2e)
- Bouka Weré
- Sokoura
- Boulikessi (3e)
- Niaki
- Éclipse
- Boulikessi (4e)
- Boni (2e)
- Tessit (2e)
- Aguel'hoc (4e)
- Nokara
- Dangarous
- Bodio
- Mondoro
- Région de Ménaka (Andéramboukane (2e))
- Tessit (3e)
Contexte et forces en présence
Depuis la fin des années 2010, la région de Ménaka, près de la « zone des trois frontières », est le théâtre de nombreux combats entre miliciens touaregs et djihadistes, d'abord avec le MUJAO, puis avec l'État islamique dans le Grand Sahara (EIGS)[2]. L'État islamique dans le Grand Sahara compte dans ses rangs une majorité de peuls, une ethnie en conflit depuis des générations avec les touaregs daoussahak[7].
En 2017, Adnane Abou Walid Al-Sahraoui, le chef de l'EIGS, accuse dans une missive les Touaregs imghad et daoussahak d'être les complices de la France et du Niger, et menace particulièrement les chefs du MSA et du GATIA : Moussa Ag Acharatoumane et El Hadj Ag Gamou[8],[9]. À partir de 2018, les affrontements entre les communautés touarègues et peule s'intensifient[7].
En 2021, face à l'augmentation du nombre de milice touaregs et zarmas, l'État islamique commet de nombreux massacres dans la région de Tillabéri, plusieurs centaines de miliciens et civils sont tués, ce qui a permis à l'EI de s'implanter dans la région de Tilia et Tahoua. Cette zone sert aujourd'hui de base arrière pour frapper la région de Ménaka[10],[11].
La ville de Ménaka est alors sous le contrôle du Mouvement pour le salut de l'Azawad (MSA), une milice touarègue daoussahak[2]. Ce groupe est signataire de l'Accord d'Alger[2]. L'armée malienne, l'armée française et un détachement tchèque de la Task Force Takuba sont également présentes dans la ville de Ménaka[3],[1], mais pas tout dans le reste de la région[2]. L'armée française est quant à elle en cours de désengagement au Mali et elle ne reçoit aucune demande des autorités maliennes pour intervenir[12],[3],[1]. Selon le journaliste Wassim Nasr : « La sécurité de cette zone dépend du MSA, du CSP et d'autres factions Touareg »[2].
Autre adversaire de l'État islamique, le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans est quant à lui présent au sud et à l'ouest de Talataye, malgré quelques affrontements, il reste dans l'expectative pendant les combats[12].
Malgré la mort de son chef, Adnane Abou Walid al-Sahraoui, tué par les Français lors du combat de Dangarous en août 2021, l'État islamique dans le Grand Sahara n'apparait pas affaibli[12]. Le groupe est en mesure de lancer son offensive avec au moins plusieurs centaines de combattants[3]. Il bénéficie également du renfort d'hommes de l'État islamique en Afrique de l'Ouest, venus discrètement du Nigeria[12]. Fin mars, l'agence Amaq présente pour la première fois l'État islamique dans le Grand Sahara comme étant une de ses nouvelles « provinces » : la « Province du Sahel », distincte de la « Province d'Afrique de l'Ouest » à laquelle elle était auparavant rattachée[13].
Déroulement
Attaques de l'État islamique à Tamalat, Insinane et Andéramboukane en mars
Le 1er mars 2022, Omar Ag Badjat, un officier du MSA, est assassiné par l'EIGS dans le village d'Ighaghi[14]. En réponse, le MSA interdit aux facilitateurs de l'EIGS de s'approvisionner dans le village de Tamalat[15]. Dans les jours qui suivent, huit combattants de l'EIGS auraient été exécutés en représailles[3].
Le 5 mars, des audios de militants affiliés à l'EIGS circulent, proclamant que le sang des Touaregs daoussahak soutenant le MSA est « licite » et pour conséquent, la prise de leurs bétails est autorisée [15]. Les djihadistes lancent alors des raids et raflent de nombreuses têtes de bétails à la frontière entre le Mali et le Niger[15].
Le 8 mars, vers 14 heures, plusieurs centaines de combattants de l'État islamique lancent l'assaut sur le village de Tamalat, à l'est de Ménaka, et en prennent le contrôle[15],[3],[1]. Les combattants du MSA arrivent alors sur place, mais ils subissent une nouvelle attaque alors qu'ils sont occupés à ramasser les corps[15]. Deux importants commandants sont tués[15]. Le lendemain, le MSA publie un premier communiqué dans lequel il alerte sur « une attaque opérée par une horde d'hommes affiliés à Daesh dans la localité de Tamalat »[2]. Il affirme cependant avoir repoussé les djihadistes hors de Tamalat et donne un bilan de quatre morts et deux blessés pour ses combattants, une dizaine de civils exécutés et trois « corps de terroristes abandonnés sur les lieux »[16].
Le 9 mars, l'État islamique attaque le village d'Insinane — ou Inchinane —, au sud-ouest de Tamalat, connu pour son économie florissante, ses nombreux commerces, et la sécurité apportée par les milices touarègues[15]. Le village est pillé et incendié, les djihadistes emportent tout ce qu'ils peuvent avec eux, comme des médicaments et des vivres[15]. De nombreux civils et miliciens touaregs daoussahak sont à nouveau massacrés par les djihadistes[2].
Selon Wassim Nasr, journaliste de France 24, plusieurs sources locales indiquent qu'« on est monté d'un cran dans ce conflit. [...] Le MSA est seul face au groupe État islamique dans cette zone. [...] Ils ont été eux-mêmes surpris par le nombre d'assaillants cette fois-ci. Les tactiques utilisées lors des attaques sont beaucoup plus élaborées »[2].
Les djihadistes de l'État islamique finissent par revenir au Niger mais le calme est précaire. Le MSA et le GATIA n'excluent pas une reprise des combats prochainement[17].
Le samedi 12 mars, un groupe de combattants de l'EIGS entre dans la ville Andéramboukane[3],[18],[19]. Les djihadistes coupent le réseau téléphonique, puis enclenchent des combats avec les forces du MSA et du GATIA[20]. Ils exécutent sommairement quelques habitants, saccagent le marché, puis repartent en emportant du bétail[18]. D'autres combats ont lieu le même jour à Etanbaw, à l'est de Tamalat, et près d'Insinane, où le MSA et le GATIA revendiquent la victoire[19],[21]. Le CSP fait alors état d'« une quinzaine de combattants » tués dans ses rangs, mais de « plusieurs dizaines de morts » parmi les populations civiles ainsi que parmi les assaillants[3]. Le MSA évoque quant à lui une « dizaine de cadavres de terroristes abandonnés sur les lieux des combats »[21].
Le 12 mars, selon une déclaration du MSA, les forces armées touaregs affirment avoir repris le village de Tamalat, après une heure d'affrontement avec l'EIGS. Cependant, le 8 mars, le groupe avait déjà annoncé la reprise du village.
Fin mars, l'État islamique revendique dans son journal An-Naba, la prise de Tamalat, d'Insinane et d'Anderamboukane[4].
Poursuite des affrontements
Le 13 mars, l'armée malienne fait décoller un ou plusieurs hélicoptères à Ménaka pour effectuer des frappes[3]. Dans l'après midi, le MSA publie une déclaration affirmant que les forces armées maliennes ont effectué plusieurs bombardements près d'Insinane contre des positions de l'EIGS afin de soutenir le MSA[22],[23]. Selon le journaliste Wassim Nasr, l'armée malienne a bien déployé plusieurs hélicoptères près d'Andéramboukane, mais ils sont arrivés après la fin des combats[24].
Le 14 mars, dans le village d'Andéraboukane, des rumeurs circulent que les djihadistes ont sommé les habitants de quitter le village sous 72 heures, sous peine d'être massacrés. Cependant, le chef du village d'Andéraboukane dément ces rumeurs. Il affirme qu'un djihadiste à moto est venu auprès des habitants pour les rassurer et dénoncer l'absence d'ultimatum. Malgré ces propos, plusieurs familles fuient la localité, aggravant encore plus la situation humanitaire dans la région[25].
Le 16 mars, l'EIGS envoie des missives aux factions touaregs : « Si vous nous rendez responsables d’agissements individuels (l'assassinat du chef touareg) nous aussi on vous rappelle les individus de chez vous qu’on a arrêtés ».
Le groupe djihadiste rappelle également les accords tacites entre eux et les forces touaregs, qui ont permis la fin des combats en 2019[26].
Interventions limitées de la force française Barkhane
Les troupes françaises de la force Barkhane sont alors en cours de désengagement du Mali. Selon le journaliste Wassim Nasr, les forces françaises ne peuvent soutenir les forces touarègues car les combats se sont déroulés du côté malien et la junte malienne a interdit aux forces françaises d'enclencher des combats sans autorisation du gouvernement transitoire[24].
Les troupes françaises et tchèques de la Task Force Takuba effectuent des opérations de contrôle de zone, ce qui permet, selon un communiqué, de « perturber les circuits d’approvisionnement des groupes armés terroristes, en particulier des réseaux de poseurs d’engins explosifs improvisés et des groupes à l’origine des tirs indirects, notamment dans le secteur de Tin Fadimata et In-Kadewn », au nord-ouest de Ménaka[1].
Le 24 mars, un drone MQ-9 Reaper français effectue une frappe contre un groupe de combattant de l'EIGS se déplaçant à moto en direction de Ménaka[1],[27]. L'armée française fait état de « 15 terroristes neutralisés »[1],[27].
Le 22 mars, un hélicoptère de l'armée malienne ouvre le feu sur les troupes britanniques de la MINUSMA dans la zone de Tessit. Aucun soldat n'est blessé[28].
Extension des combats vers la région d'Ansongo en mars
Le 21 mars, les djihadistes prennent d'assaut le camp de Tessit, au sud-ouest de la ville Ansongo[13],[12]. L'armée malienne donne un bilan de 16 morts et 18 blessés dans ses rangs contre 37 tués chez les djihadistes, cependant ce bilan inclut aussi les pertes d'une embuscade à Boni, dans le centre du Mali[13],[29]. L'État islamique revendique pour sa part l'attaque de Tessit dans un communiqué publié par Amaq, où il affirme avoir tué ou blessé des dizaines de militaires maliens et assure avoir pris le contrôle total du camp de Tessit avant de l'incendier et d'en partir avec sept véhicules[13].
Le matin du 26 mars, la garnison de la ville d'Ansongo, à l'ouest de Ménaka, subit une attaque[30]. Deux djihadistes auraient été tués et un militaire malien mortellement blessé[30]. Plus tard dans la journée, l'armée malienne arrête puis exécute sommairement 15 civils daoussahak qui s'étaient réfugiés à Ansongo après avoir fui les violences à Talataye[30],[31]. RFI indique également que « certaines sources affirment que trois ou quatre autres personnes, arrêtées à un autre moment, auraient subi le même sort »[30]. Ce massacre est dénoncé par la CMA qui donne les noms des 17 victimes[4].
Le 27 mars, les djihadistes attaquent Labbézanga (en), une localité située au sud de la ville d'Ansongo, près de la frontière avec le Niger[32]. Selon un chef du CSP, la bataille fait rage de 11h à 16h et fait « des dizaines de morts des deux côtés »[32]. Labbézanga tombe aux mains des djihadistes[32].
Le 28 mars, l'État islamique publie plusieurs photographies montrant les affrontements en cours contre les forces du CSP : 33 cadavres de combattants touaregs sont visibles[33].
D'après des informations obtenues par l'agence Reuters, au cours des derniers jours de mars, des patrouilles et des opérations de l'armée malienne se déroulent dans la région de Menaka en collaboration avec la MINUSMA afin de sécuriser le territoire[4],[34],[35].
Le 3 avril 2022, l'État islamique revendique plusieurs assauts menés le 26 mars contre des positions du MSA dans la région de Ménaka. Le groupe affirme avoir tué 30 combattants touaregs et avoir capturé 4 véhicules, plusieurs armes et des munitions[36]. Le 5 avril, onze cadavres de combattants du MSA sont publiés sur les réseaux par l'État islamique[37].
Le 4 avril, l'État islamique affirme avoir capturé le village de Tikriba dans la région de Ménaka, le 27 mars. Le groupe revendique avoir tué et blessé plusieurs dizaines de membres du MSA. Il affirme avoir attaqué le lendemain des positions touarègues, avant d'engager des affrontements près de la ville d'Insinan. L'EI revendique la mort de 100 miliciens du MSA et déclare avoir incendiés 9 véhicules, saisis 5 autres, et pris en butin des munitions et des armes. Cette revendication fait suite à celle du 3 avril[38].
Offensive de l'EIGS à l'est de Ménaka en mai
En mai, l'État islamique contrôle toujours plusieurs localités aux abords de la frontière avec le Niger : Andéramboukane, Infoukaretane, Tadjalalt, Ichinanane et Tamalat[39]. La ville d'Andéramboukane, auparavant peuplée de 20 000 habitants, est alors abandonnée par la majorité de la population[40], de même que les autres localités[39].
Fin mai, les djihadistes repassent à l'offensive[40],[39]. Plusieurs localités à l'est de Ménaka sont attaquées : Aghazraghen Igadou le 20 mai, suivie par Emis-Emis et Inekar le 22[39],[41]. Selon le journaliste Wassim Nasr : « C'est une zone de relief, avec de la végétation et riche en eau, ce qui permet aux combattants jihadistes de se cacher de la détection des drones »[41].
Les djihadistes auraient cependant subis de lourdes pertes et se seraient repliés sur Inarabane[41]. L'État islamique maintient cependant son contrôle sur la frontière nigérienne, d'Inarabane à l'ouest jusqu'à Talamat à l'est, en passant par Ifoukaretane, Andéramboukane et Ichinanane[41].
Combats à Andéramboukane en juin
Début juin, plusieurs centaines de miliciens lancent une opération. Après être restée inactive pendant trois mois dans la région, l'armée malienne finit par intervenir[40]. Celle-ci engage alors le GTIA 8, constitué principalement de Touaregs et commandé par le général GATIA, El Hadj Ag Gamou[39]. Le 4 juin, l'armée malienne et les miliciens touaregs du MSA et du GATIA lancent une attaque sur Andéramboukane[40]. Averti de l'opération, l'État islamique laisse les forces touarègues reprendre la ville[40].
Le lendemain matin, les djihadistes simulent une contre-attaque contre la ville d'Andéramboukane[40]. Les Touaregs sortent de la ville et se lancent à leur poursuite avec 40 pick-up, mais ils tombent dans une embuscade à Tadjalalt, à une quarantaine de kilomètres à l'ouest[39],[40]. Les Touaregs subissent de lourdes pertes et battent en retraite[39]. L'État islamique reprend l'avantage et après plusieurs heures de combats et plusieurs dizaines de morts de part et d'autres, les djihadistes reprennent le contrôle de la ville[40].
Moussa Ag Acharatoumane et El Hadj Ag Gamou se replient sur Ménaka avec le reste de leurs troupes[40],[39].
Départ des Français et arrivée des Russes du Groupe Wagner à Ménaka en juin
Dans la nuit du 11 au 12 juin 2022, dans un campement près de Tessit, les Français capturent Oumeya Ould Albakaye, un haut commandant de l'État islamique dans le Grand Sahara[42]. Il est présenté par l'armée française comme le chef de l'EIGS dans le Gourma malien et l'Oudalan, au nord du Burkina Faso[42]. Le raid est mené par hélicoptère après des combats entre le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans et l'État islamique dans le Grand Sahara[42].
Le 13 juin, les forces françaises de Barkhane et de Takuba achèvent l'évacuation de la base militaire de la ville de Ménaka, dans le cadre du retrait de l'armée française du Mali[43]. La base est alors remise aux forces maliennes[43]. Un an auparavant, 850 militaires français occupaient cette base, ainsi que des Estoniens, des Tchèques et des Suédois engagés au sein de la Task Force Takuba[43].
Le 15 juin, plusieurs dizaines de mercenaires russes du Groupe Wagner — 20 à 50 selon RFI[44],[6] — s'établissent dans la base militaire de la ville de Ménaka, évacuée deux jours plus tôt par les Français[45],[44].
Sous couvert d'anonymat, un chef du MSA déclare à RFI : « Pour le moment nous n’avons eu aucun contact avec eux. [...] Nous avons constaté l’arrivée des Russes, nous n’étions pas informés mais à présent je vois mal comment ne pas travailler ensemble »[44].
Suites
Le , l'État islamique publie dans son journal hebdomadaire le déroulé des combats depuis Émis-Émis jusqu'au 16 juin.
Le groupe revendique avoir tués et blessés 145 combattants touaregs depuis juin. Le groupe à publié les photos des corps avec les papiers d'identités pour prouver leurs affirmations. L'État islamique affirme aussi avoir capturé plusieurs véhicules militaires, dont certains sont équipés de mitrailleuses lourdes.
Pour la seule embuscade d'Adéramboukane, le groupe revendique 50 tués dans les rangs du MSA-GATIA avec pour preuve les photos de 46 combattants tués.
Le groupe revendique aussi l'attaque Pétèl Kolé du . Le groupe affirme que sa filiale sahélienne à obtenu de nombreux gains territoriaux dans la région, dont la maîtrise quasi-total de la frontière malo-nigerienne. Le groupe contrôle aussi la seule route pour accéder au Niger[46],[47],[48],[49],[50].
Le , le groupe publie les photos de 46 dépouilles de combattants du MSA et du GATIA, tués lors de l'embuscade d'Adéramboukane ainsi que de nombreuses prises de guerre[51].
Le , un drone appartenant à la milice russe Wagner est abattu par l'État islamique dans le Grand Sahara[52].
Le , seize touaregs sont tués lors d'une attaque dans la région de Ménaka[53]. Une semaine plus tôt, un nombre important de touaregs ont rejoint la ville de Ménaka suite à des menaces de l'État islamique a cause de soupçons de soutiens au MSA.
Selon un rapport, les forces de défense et de sécurité ont renforcé leur dispositif de sécurité à l'intérieur de la ville et aux points de contrôle d'entrée et de sortie. Toutefois, la délinquance et les actes criminels comme des braquages et des intimidations persistent de la part de bandits de grand chemin dans la ville de Ménaka et dans sa périphérie[54].
Le , le camp militaire de Tessit est attaquée par des djihadistes de l'État islamique dans le Grand Sahara. Au moins 42 militaires maliens sont tués, et 22 autres blessés.
Selon de nombreuses sources, l'État islamique dans le Grand Sahara réalise une percée dans la région de Menaka. D'après le spécialiste des mouvements djihadistes Wassim Nasr, le rayon d'action de l'EIGS est sans précédent depuis sa création en 2015. Le groupe est actuellement aux portes de la ville de Menaka, et contrôle des localités auxquelles il n'avait pas accès auparavant[55].
Les attaques se succèdent en août et se rapprochent de la ville de Ménaka. Les 7 et 8 août, une douzaine de civils touaregs sont assassinés au nord-est de Ménaka[56]. Le 12 août, au moins 20 civils touaregs sont tués à Assaylal — ou Esseylel —, un village situé à 18 kilomètres de Menaka[6],[57].
Le 15 août, des djihadistes à motos raflent du bétail aux portes de la ville de Ménaka, ce qui provoque un mouvement de panique[6].
Le 29 août, un combat a lieu dans la région de Tessit[58]. L'armée malienne revendique la mort de 44 djihadistes de l'État islamique, contre deux morts et huit blessés dans ses rangs[58].
Pertes
Les combats font de nombreux morts. Une source militaire malienne de l'AFP affirme que « Plusieurs dizaines de civils et de combattants du MSA ont été tués en début de semaine »[2]. Un élu de la région de Ménaka déclare anonymement que le bilan est de « plus d'une centaine de civils et de combattants tués mardi, mercredi et jeudi »[2]. Moussa Ag Acharatoumane, le chef du MSA, déclare le 11 mars qu'une vingtaine d'hommes du MSA et une quarantaine de civils ont été tués[2].
À la mi-mars, le maire de Tamalat annonce que dans sa localité, le bilan des violences est de « 153 morts, 63 blessés, dont 25 femmes et 7 enfants »[3]. Le Monde indique pour sa part qu'« une bonne source, qui s’évertue à faire le décompte macabre, assure avoir provisoirement recensé 143 morts entre Tamalat et Inchinane »[3].
Fin mars, l'État islamique revendique la mort de 250 combattants touaregs rien qu'entre le 9 et le 11 mars[4],[12]. Le journaliste Wassim Nasr indique pour sa part que des sources touarègues sur zone font état d'environ 400 morts[12].
Le 28 mars 2022, l'EIGS publie des photographies montant une trentaine de combattants du CSP tués au combat[33].
Fin mars, la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA), alors membre du Cadre stratégique permanent (CSP), affirme que 500 civils ont été massacrés en deux semaines par l'État islamique[59]. L'agence Reuters donne le même bilan, d'après une source militaire anonyme[35]. Un responsable gouvernemental de la région de Gao déclare également à l'agence Reuters qu'environ 200 civils ont été tués dans la commune de Talataye entre le 21 et le 25 mars, et des milliers d'autres déplacés[35].
Entre mars et juin, un décompte de l'ONU fait état de la mort d'au moins 264 civils, causés par les djihadistes de l'EIGS[40],[60].
Selon les informations recueillies auprès de déplacés réfugiés à Gao, la région est en proie à un véritable carnage : « L’Etat islamique regroupe les habitants qu’il qualifie d’informateurs au compte du MSA et les fusille à bout portant.»[61].
Début avril, Jeune Afrique estime qu'entre 300 à 500 personnes, principalement des civils, ont été tués lors des violences[5].
En juillet 2022, Moussa Ag Acharatoumane, le chef du MSA et porte-parole du CSP, affirme que près de 1 000 civils ont été massacrés par Daech depuis le mois de mars[62].
En août 2022, RFI évoque, selon les sources, 300 à 700 civils tués[6]
Réfugiés
Le lundi 14 mars, Mohamed Touré, représentant du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) au Mali, en charge de la Coordination humanitaire, indique « 1500 » déplacés internes ont été enregistrés au cours de combats dans la région de Ménaka, précisant que « ces déplacés internes ont fui les combats et se sont retrouvés dans des situations de grande précarité parce que dans la fuite, ils ont tout laissé derrière eux »[63].
Dans un communiqué publié le 31 mars, la MINUSMA que « La situation sécuritaire dans la zone dite des trois frontières entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso, notamment dans les localités de Tessit, Talataye, Ansongo et la région de Ménaka, s'est considérablement dégradée au cours des dernières semaines. [...] Les attaques des groupes armés terroristes ont eu un impact dévastateur sur la population civile, déjà en détresse, entraînant des dizaines de morts et des déplacements importants de populations vers les villes de Gao et d'Ansongo »[4].
Fin mai, l'ONU fait état de 15 000 déplacés internes au Mali et de 8 000 réfugiés au Niger[60]. En août, l'ONU rapporte que 50 000 civils se sont réfugiés à l'intérieur de la ville de Ménaka[6].
Notes et références
- Laurent Lagneau, Mali : Alors que sa « réarticulation » se poursuit au Sahel, Barkhane frappe l’État islamique à Ménaka, Opex360, 26 mars 2022.
- Plusieurs dizaines de combattants et de civils tués dans le nord du Mali, France 24 avec AFP, 11 mars 2022.
- Cyril Bensimon, Au Mali, affrontements meurtriers entre djihadistes et Touaregs, Le Monde, 16 mars 2022.
- Mali : les violences djihadistes font des «dizaines de morts» civils, selon l'ONU, Le Figaro avec AFP, 31 mars 2022.
- Mali : les raisons de l’offensive de l’EIGS dans la région de Ménaka, Jeune Afrique, 5 avril 2022.
- David Baché, Mali: la région de Ménaka est devenue «la cible prioritaire» des terroristes, RFI, 18 août 2022.
- Court-circuiter l’Etat islamique dans la région de Tillabéri au Niger, Crisis Group, 3 juin 2020.
- « Point de situation des opérations du 8 juin 2017 », sur www.defense.gouv.fr, (consulté le ).
- « Le chef jihadiste Al-Sahraoui accuse et menace deux communautés du Mali - RFI », sur RFI Afrique (consulté le ).
- https://www.crisisgroup.org/africa/sahel/niger/b172-murder-tillabery-calming-nigers-emerging-communal-crisis
- https://www.liberation.fr/international/afrique/au-niger-les-tueries-a-repetition-de-letat-islamique-20210322_3YXC74YX6NHWPELFD5OH6MR3VQ/
- Quelles sont les raisons du retour en puissance de l’EI dans la zone des trois frontières ?, France 24, 25 mars 2022.
- Mali. 16 soldats maliens tués dans deux attaques imputées aux djihadistes, Ouest-France avec AFP, 23 mars 2022.
- Un officier du MSA tué dans la région de Gao, L'Indépendant, 3 mars 2022.
- [vidéo] La montée en puissance de l'EI à la frontière entre le Mali et le Niger, France 24, 11 mars 2022.
- Mali : combats meurtrier entre le Mouvement pour le Salut de l’Azawad et Daech, AA, 9 mars 2022.
- Mali: l'offensive des jihadistes de l'EIGS près de Ménaka, RFI, 12 mars 2022.
- ANDERAMBOUKANE: L’ULTIMATUM DE L’EIGS À LA POPULATION, Bamada.Net, 15 mars 2022.
- Mali : le Gatia dénonce le silence des autorités face aux massacres de civils, AA, 13 mars 2022.
- SimNasr, « "Wassim Nasr on Twitter:مالي دخل جهاديو الدولة الإسلامية لهذه المنطقة بعد قطع الاتصالات ومناوشات نهاراً في اطرافها », sur Twitter, .
- Mali: une dizaine de membres de l'Etat Islamique du Grand Sahara (EIGS) tués dans des affrontements à Ménaka, Jean-René Belliard analyse le Proche-Orient, 12 mars 2022.
- https://m.facebook.com/story.php?story_fbid=1633202573681592&id=378041462531049&m_entstream_source=timeline&__tn__=%2As%2As-R
- https://imangahdien.com/2022/03/13/menaka-le-msa-confirme-que-larmee-malienne-a-mene-des-frappes-aeriennes-sur-les-positions-de-leigs-a-insinanen/
- [vidéo] Mali : Pourquoi la rencontre entre le CSP et les autorités de Bamako a-t-elle échoué ?, France 24, 18 mars 2022.
- Andéraboukane : « faux », les habitants ne sont pas sommés de quitter le cercle, Studio Tamani, 14 mars 2022.
- https://mobile.twitter.com/SimNasr/status/1513204308187176960?cxt=HHwWgICz4aHT_f8pAAAA
- La force française Barkhane "neutralise" 15 membres du groupe Etat islamique au Mali, AFP, 25 mars 2022.
- https://amp.lefigaro.fr/flash-actu/mali-un-helicoptere-de-l-armee-tire-a-proximite-de-casques-bleus-britanniques-20220412
- Mali: 16 soldats tués au front et plus d'une trentaine de terroristes neutralisés dans la dernière attaque de Tessit (Armée), ActuNiger, 23 mars 2022.
- David Baché, Nouvelles accusations contre l’armée malienne à Ansongo, RFI, 29 mars 2022.
- Exécution sommaire de 15 civils le 26 Mars 2022 à Ansongo, 22 Septembre, 31 mars 2022.
- Gaëlle Laleix, Mali: les combats entre le CSP et les jihadistes de l'EIGS s'intensifient dans la région de Gao, RFI, 28 mars 2022.
- SimNasr, « Mali Ménaka l’EI diffuse des images des affrontements avec le MSA », sur Twitter,
- LES PATROUILLES CONJOINTES DES FORCES DE SÉCURITÉ DU MALI ET DE LA POLICE DES NATIONS UNIES RASSURENT LA POPULATION DE MÉNAKA, Bamada.net, 30 mars 2022.
- « U.N. peacekeepers deployed to northeastern Mali amid spate of killings », Reuters, (lire en ligne)
- https://mobile.twitter.com/SimNasr/status/1510604517246656520?cxt=HHwWkICz6cGz3_YpAAAA
- https://twitter.com/SimNasr/status/1511434462680301587?s=20&t=TbJ9-GkFgqHzLsE6o5Y-3Q
- https://twitter.com/SimNasr/status/1510998372727013386?s=20&t=JhDvTLoy2Lmcuw3_men1ow
- [vidéo] Mali : tensions politiques à Bamako et échec d’une opération contre le groupe État islamique, France 24, 8 juin 2022.
- David Baché, Mali: violents combats contre le groupe jihadiste EIGS à Anderamboukane, RFI, 6 juin 2022.
- Wassim Nasr, Sahel : le groupe État islamique multiplie les attaques à la frontière Mali-Niger, France 24, 24 mai 2022.
- Mali : Avant son retrait, la France capture un haut cadre du groupe Etat islamique, 20 Minutes avec AFP, 15 juin 2022.
- Mali: l’armée française a quitté la base militaire de Ménaka, RFI, 14 juin 2022.
- Mali: les Russes arrivent à Ménaka, comment vont-ils combattre?, RFI, 16 juin 2022.
- Mali : Un nouveau groupe russe Wagner s’installe dans une ancienne base militaire française, 20 Minutes avec AFP, 16 juin 2022.
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- https://twitter.com/abdalatargui20/status/1537536059130748936?s=20&t=43spkGwJHtMw6LcCfpK-Dg
- https://twitter.com/Berbouchi1010/status/1537538939875098624?s=20&t=MRS5BbP8Ue5ICbTV7N-oAw
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- https://sahel-intelligence.com/28437-mali-au-moins-16-morts-dans-deux-attaques-de-campements-nomades.html
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- https://twitter.com/SimNasr/status/1559256600191328257?s=20&t=fyrHhhteogxbt2UpIVdJfA
- Nadia Chahed , Mali : plus d'une douzaine de civils assassinés au Nord-Est de Ménaka, AA, 11 août 2022.
- Mali / Attaque contre Assaylal : le bilan s’alourdit à 20 civils tués, AA, 16 août 2022.
- Mali : 2 militaires et 44 « terroristes » tués dans des combats à Tessit, AA, 30 août 2022.
- Mali : violences dans la région de Ménaka, près des frontières avec le Niger, AA, 28 mars 2022.
- David Baché, Mali: la détresse des habitants de la région de Ménaka, RFI, 31 mai 2022.
- https://afrikinfos-mali.com/2022/04/06/menaka-la-guerre-fait-rage-entre-leigs-et-le-msa/
- Margarita Arredondas, Moussa AG Acharatoumane : "Nous avons besoin de l'action des partenaires internationaux pour combattre Daesh", Atalayar, 21 juillet 2022.
- Fatma Bendhaou, Mali : 1500 déplacés internes après les affrontements meurtriers dans la région de Ménaka, AA, 15 mars 2022.
Références externes
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