Bataille de Saint-James (4 décembre 1795)
La bataille de Saint-James se déroule le , pendant la Chouannerie. Elle s'achève par la victoire des chouans qui s'emparent de la petite ville de Saint-James.
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Date | |
---|---|
Lieu | Saint-James |
Issue | Victoire des chouans |
République française | Chouans |
• Jean Delaunay | • Aimé Picquet du Boisguy |
1 000 à 1 500 hommes[1] | 1 000 à 1 500 hommes |
Inconnues 30 prisonniers[2],[3] | Inconnues |
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Prélude
Après l'embuscade de Bois-Rouland et le combat de Boucéel, le général républicain Delaunay sort d'Avranches avec une colonne, le 3 décembre 1795, vers deux heures de l'après-midi, et se porte à Saint-James[2]. Le 4, à sept heures du matin, Delaunay sort de Saint-James avec sa colonne, renforcée par la garnison de la ville, et fait mouvement sur le château de Boucéel, à Vergoncey[2].
Forces en présence
La garnison de Saint-James est alors forte de 230 hommes selon le district d'Avranches[2],[3],[4]. Les effectifs de la colonne d'Avranches menée par Delaunay ne sont pas précisés par les sources républicaines.
Dans ses mémoires[A 1], Toussaint du Breil de Pontbriand évalue les forces républicaines entre 1 000 et 1 200 hommes pour la colonne d'Avranches et entre 200 et 300 pour la garnison de Saint-James[1],[6].
Les chouans sont quant à eux divisés en deux forces au début des combats. Selon Pontbriand, Aimé Picquet du Boisguy se trouve à Poilley avec les Bretons de la colonne du Centre, tandis que Louis-François Dauguet, dit Fleur-de-Rose, se trouve près de Saint-James avec quatre compagnies normandes[1],[5]. Cependant selon le récit donné en 1894 par le chanoine Ménard, membre de la Société académique du Cotentin, Boisguy est toujours au château de Boucéel au début du combat, mais il détache une partie de ses forces vers Saint-James[2],[4].
Déroulement
Les combats reprennent le [7]. D'après le récit de Toussaint du Breil de Pontbriand, les républicains attaquent les troupes de Dauguet, qui trop inférieures en nombre, sont rapidement mises en déroute[1],[2]. Alerté par le bruit de la fusillade, Aimé Picquet du Boisguy quitte alors Poilley avec sa colonne du Centre et arrive aux abords de Saint-James[1],[2].
Après avoir constaté l'absence de mouvement de la part la garnison, les chouans, menés par le capitaine Poirier, dit Sans-Chagrin, escaladent les retranchements, situé place du Calvaire, et ne trouvent que quelques soldats républicains malades ou blessés qui sont faits prisonniers[1],[2]. À deux heures de l'après-midi, Saint-James est aux mains des chouans[2].
D'après le rapport du district d'Avranches[A 2], les opérations de Delaunay du côté de Boucéel se limitent à « des tentatives infructueuses »[2]. Les républicains font leur retour à Saint-James dans la soirée[1],[2]. Cependant les chouans les y attendent, dissimulés derrière les retranchements[1],[2]. Surpris par une vive fusillade, les patriotes sont mis en fuite et se replient sur Pontorson[1],[2].
Pertes
D'après Toussaint du Breil de Pontbriand, une centaine de soldats républicains, « la plupart malades ou blessés », sont faits prisonniers lors de la prise de Saint-James[5],[4]. Il indique également que la garnison de la ville s'est retirée « sans beaucoup de pertes », lorsqu'elle a été surprise à son retour[5],[1].
En 1894, le chanoine Ménard, membre de la Société académique du Cotentin, réduit le nombre des républicains capturés à une trentaine[2],[4]. Ce bilan est repris en 1907 par l'auteur normand Félix Jourdan[3]. Les pertes avouées par les républicains sont d'une cinquantaine de morts et de plusieurs prisonniers pour l'ensemble des combats de Bois-Rouland, Boucéel et Saint-James, livrés les 2, 3 et 4 décembre[2],[3].
Conséquences
Le général Delaunay regagne Avranches le 5 décembre, 5 cinq heures du soir[2],[3]. Malgré les demandes répétées des administrateurs, il ne communique aucun rapport[A 3],[2],[3].
Saint-James reste aux mains des chouans pendant quatre mois[3]. Ces derniers détruisent une partie des retranchements édifiés sur la place du Calvaire et font disparaître tous les emblèmes révolutionnaires[2],[4]. Les officiers municipaux et les fonctionnaires patriotes prennent quant à eux la fuite et se réfugient à Avranches[2],[3]. Le 19 décembre, les administrateurs du district d'Avranches rapportent au département de la Manche que : « Les chouans circulent dans la ville, les faubourgs et les écarts sans crainte et même sans précaution. [...] Ils ne font, dit-on, aucune insulte ni dilapidation ; ils se montrent au contraire humains et bienfaisants et nous ne vous dissimulons pas que cette mesure nous paraît une arme bien dangereuse dans un pays où les habitants, surtout ceux des campagnes, ont eu beaucoup à se défendre des dilapidations commises par les troupes républicaines »[A 4]. Le 5 janvier 1796, ils ajoutent dans un nouveau courrier : « Ils ont contraint tous les jeunes gens à marcher avec eux, ce qui augmentent infiniment leur nombre. Ils sont organisés en compagnies, bien armés, vêtus de carmagnoles de différentes couleurs pour distinguer les compagnies. Ils portent tous des noms de guerre. Ils ont des drapeaux, des tambours; ils font journellement l'exercice, marchent en colonne et se battent maintenant de pied ferme. Ils ont parmi eux beaucoup de déserteurs et d'émigrés et les républicains ont trop souvent éprouvé dans ce canton que ce ne sont plus des jeunes gens rassemblé au hasard et sans ordre qui fuyaient au premier coup de feu »[2],[3],[4].
Saint-James est reprise par les républicains vers début mai 1796[8]. Le général Pierre Quantin y place une garnison constituée notamment du 2e bataillon de la 10e demi-brigade[8].
Notes et références
Notes
-
« Dauguet fut attaqué, près de Saint-James, par les troupes d'Avranches et de Pontorson. Au bruit du combat, la garnison de Saint-James sortit presque tout entière et marcha au secours des Républicains. Il n'en était pas besoin : Dauguet n'avait avec lui que quatre compagnies, qui tinrent ferme quelque temps ; mais bientôt, obligées de céder au nombre, elles furent mises dans une déroute complète. Cependant, du Boisguy, à la tête de la colonne du Centre, se trouvait à Poillé ; au bruit de la fusillade, il marcha tout de suite au secours de Dauguet et de ses Normands. Il passait tout près de Saint-James ; le capitaine Poirier, dit Sans-Chagrin, surpris que la garnison du fort ne fit aucun mouvement en les voyant si près, lui dit : « Les Bleus sont endormis, il faut que j'aille voir ce qu'ils font là-haut » et il monta sans être aperçu jusqu'à leurs retranchements. Les soldats étaient couchés tranquillement ; plusieurs jouaient aux cartes. Sans-Chagrin fit signe à du Boisguy, qui lui envoya quelques compagnies. Elles escaladèrent les retranchements du fort et firent prisonniers une centaine de soldats, la plupart malades ou blessés qui s'y trouvaient. Du Boisguy, n'entendant plus le bruit de la fusillade, jugea que Dauguet était battu et que la garnison de Saint-James ne tarderait pas à rentrer ; il plaça plusieurs compagnies dans le fort et se posta près de la ville. Le soir la garnison revint, après avoir poursuivi les troupes de Dauguet, et fut si surprise de se voir à son tour accueillie par une si vive fusillade, partant de ses propres retranchements, qu'elle prit la fuite sans combat du côté de Pontorson, où elle arriva à la faveur de la nuit, sans beaucoup de pertes. Depuis ce jour, du Boisguy demeura maître de Saint-James ; mais il n'y mit pas de garnison, et il n'y en eut plus d'aucun parti jusqu'à la fin de la guerre. Les troupes royales et les Républicains y passaient, sans s'y arrêter beaucoup. Il s'y trouva des munitions et quelques ressources[5]. »
— Mémoires de Toussaint du Breil de Pontbriand
-
« Le lendemain, le général, pour les attaquer de nouveau, rassembla ses forces et fit des tentatives infructueuses. Le soir, les troupes qui avaient quitté Saint-James à sept heures du matin, se présentèrent pour y rentrer ; mais elles trouvèrent les postes occupés par l'ennemi, qui y était entré à deux heures après midi. Elles furent repoussées et forcées de se retirer à Pontorson[2],[4] »
— Lettre du district d'Avranches au département de la Manche, le 15 nivôse an IV (5 janvier 1796).
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« Nous n'avons reçu aucunes nouvelles du général qui était parti, dit-on, du 3 décembre, pour aller contre les chouans, deux heures avant le départ de notre lettre. Nous sommes restés constamment en permanence depuis cet instant et nous n'avons rien reçu d'officiel. Ayant appris hier que le général était rentré, sur les trois heures de relevée, au quartier général, nous attendions à chaque instant qu'il allait nous faire part du résultat de ses mouvements. Nous attendimes en vain jusqu'à 8 heures. Enfin nous lui témoignâmes notre juste impatience, et, à 10 heures, nous reçumes une réponse par laquelle il nous annonçait que des affaires militaires très importantes l'ayant occupé à son arrivée, la fatigue jointe à une vive douleur de goutte l'ayant contraint de se mettre au lit, il satisferait ce matin à notre empressement. Nous comptions le voir et recevoir des détails ; mais il est 4 heures et nous n'avons encore rien reçu. Nous allons lui écrire de nouveau pour lui reprocher son indifférence et l'engager à en sortir ; mais comme le courrier va partir, nous croyons qu'il est indispensable que nous vous prévenions de l'état où sont les choses, tant pour vous mettre au courant que pour vous faire connaître que si nous ne vous donnons pas, comme nous le désirerions, des détails certains sur une affaire qui vous intéresse sans doute infiniment, nous ne méritons aucun reproche à cet égard. Du reste, nous vous prions de croire que dès que nous serons parvenus à obtenir quelques renseignements positifs, nous nous empresserons de vous les transmettre[2],[4]. »
— Lettre du district d'Avranches au département de la Manche, le 15 frimaire an IV (6 décembre 1795).
-
« Les chouans circulent dans la ville, les faubourgs et les écarts sans crainte et même sans précaution. Leur nombre a dû beaucoup augmenter puisqu'au lieu de trois mille qu'on dit qu'ils étaient d'abord, ils doivent être aujourd'hui, d'après le bruit public, près de cinq mille. Au lieu de trois drapeaux, on dit qu'ils en ont cinq. Ils ne font, dit-on, aucune insulte ni dilapidation ; ils se montrent au contraire humains et bienfaisants et nous ne vous dissimulons pas que cette mesure nous paraît une arme bien dangereuse dans un pays où les habitants, surtout ceux des campagnes, ont eu beaucoup à se défendre des dilapidations commises par les troupes républicaines. On dit encore qu'ils étaient hier environ trois mille pour prendre Saint-Georges, que leur projet était de s'en emparer et de se porter ensuite sur Avranches. On dit aussi qu'ils ont deux ou trois canons qu'ils ont dû retirer d'un puits à Saint-James où ils avaient été jetés à l'arrivée des brigands, il y a deux ans[2],[3],[4]. »
— Lettre du district d'Avranches au département de la Manche, le 28 frimaire an IV (19 décembre 1795).
Références
- Le Bouteiller 1988, p. 513-514.
- Mémoires de la Société académique du Cotentin, t. X, 1894, p. 91-96.
- Jourdan, t. II, 1907, p. 47-49.
- Pontbriand 1904, p. 225-231.
- Pontbriand 1988, p. 284-286.
- Pontbriand 1988, p. 217.
- Le Bouteiller 1988, p. 530.
- Mémoires de la Société académique du Cotentin, t. X, 1894, p. 100.
Bibliographie
- Félix Jourdan, La Chouannerie dans l'Avranchin, t. II, Imprimerie de L'Avranchin, , 271 p. (lire en ligne).
- Mémoires de la Société académique du Cotentin (archéologie, belles-lettres, sciences et beaux-arts), t. X, Avranches, Imprimerie Alfred Perrin, , 180 p. (lire en ligne).
- Christian Le Bouteiller, La Révolution dans le Pays de Fougères, Société archéologique et historique de l'arrondissement de Fougères, , 839 p. .
- Paul-Marie du Breil de Pontbriand, Un chouan, le général du Boisguy : Fougères-Vitré, Basse-Normandie et frontière du Maine, 1793-1800, Paris, Honoré Champion éditeur, (réimpr. La Découvrance, 1994), 509 p. (lire en ligne).
- Toussaint du Breil de Pontbriand, Mémoire du colonel de Pontbriand sur les guerres de la Chouannerie, vol. I, Plon, (réimpr. Éditions Yves Salmon, 1988), 324 p.
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