Reconquête (parti politique)
Reconquête[alpha 1] est un parti politique français d'extrême droite. Fondé en dans la perspective de soutenir la candidature d'Éric Zemmour à l'élection présidentielle de 2022, il prend son nom actuel en de la même année, en même temps que Zemmour officialise sa candidature et prend la présidence de la formation.
Pour les articles homonymes, voir Reconquête.
Reconquête | |
Logotype officiel. | |
Présentation | |
---|---|
Président | Éric Zemmour |
Fondation | (Les Amis d'Éric Zemmour) (Reconquête) |
Siège | 10, rue Jean-Goujon 75008 Paris |
Président d'honneur | Gilbert Collard |
Vice-présidents exécutifs | Nicolas Bay Marion Maréchal Guillaume Peltier |
Vice-président | Jérôme Rivière |
Mouvement de jeunesse | Génération Z |
Positionnement | Extrême droite[1],[2],[3],[4],[5],[6],[7],[8],[9] |
Idéologie | Nationalisme[10] Identitarisme[11],[12] National-conservatisme[13] Libéral-conservatisme[14],[15] Populisme de droite[16],[17] Opposition à l'immigration[18],[19],[20] Anti-islam[21],[22],[23] Souverainisme[24] Euroscepticisme modéré[25] Élitisme[14],[15] Assimilationnisme[26] |
Adhérents | 125 000 [27],[28] |
Couleurs | Bleu, blanc et rouge |
Site web | parti-reconquete.fr |
Présidents de groupe | |
Sénat | Aucun (Non-inscrits) |
Parlement européen | Aucun (Non-inscrits) |
Représentation | |
Sénateurs | 2 / 348 |
Députés européens | 4 / 79 |
Conseillers régionaux | 15 / 1758 |
Conseillers départementaux | 8 / 4058 |
Le parti bénéficie ensuite de ralliements d'élus d'extrême droite — notamment en provenance du Rassemblement national et de la mouvance identitaire — et, dans une moindre mesure, d'élus de droite, notamment des Républicains, et revendique 125 000 adhérents en .
Historique
Lancement
L’association « Les Amis d'Éric Zemmour » est lancée en pour appuyer une éventuelle candidature du polémiste à l'élection présidentielle de 2022, tandis que le collectif « Génération Z » rassemble ses jeunes partisans[29]. L'« association de financement du parti “Les amis d'Éric Zemmour” » est agréée le suivant par la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques[30],[31].
Issu des Amis d'Éric Zemmour[32],[33], le parti Reconquête est annoncé le lors d'un meeting du candidat Zemmour à Villepinte, en Seine-Saint-Denis[34]. Ce nom peut faire référence à la Reconquista de la péninsule Ibérique par des royaumes chrétiens contre les États musulmans du VIIIe au XVe siècle, un nom qui ne serait pas choisi par « hasard » selon Mehdi Ghouirgate, spécialiste des études orientales et Libération[35],[36],[37]. Selon L'Opinion, « Cela fait quelques années que Sarah Knafo, sa très proche conseillère, l’avait en tête. À l’origine, ce devait être le nom de la Convention de la droite, le grand raout d’Éric Zemmour et Marion Maréchal, qui avait eu lieu en septembre 2019. »[38].
D'abord établi dans la Somme, le siège du parti est transféré à Paris, dans les locaux[alpha 2] abritant déjà le quartier général de campagne du candidat, au 10 rue Jean-Goujon, dans le 8e arrondissement[39],[40].
Campagne présidentielle de 2022
À partir de l’officialisation de sa candidature à la présidence de la République française le , Éric Zemmour essaye de rassembler de nombreuses personnalités politiques pour l'accompagner dans sa campagne électorale[41]. En , certaines personnalités issues de la droite conservatrice décident de soutenir sa candidature à la présidentielle, notamment Christine Boutin, Jean-Frédéric Poisson, Philippe de Villiers et Patrick Buisson[42]. Le , Guillaume Peltier, ancien vice-président des Républicains, annonce quitter ce parti pour rejoindre Reconquête, où il est immédiatement nommé vice-président et porte-parole[43]. Le , l'eurodéputé RN et ancien député UMP Jérôme Rivière, président de la délégation RN au Parlement européen, rallie la candidature d'Éric Zemmour[44]. Le , Gilbert Collard annonce aussi rejoindre le parti, dont il est nommé président d'honneur[45],[46]. Il est suivi le par Maxette Pirbakas[47], le 13 février par le sénateur Stéphane Ravier[48] et le 16 février par le député européen Nicolas Bay[49]. Marion Maréchal (petite-fille de Jean-Marie Le Pen et ancienne députée) rallie officiellement la candidature d'Eric Zemmour le 6 mars[50].
Eric Zemmour termine les élections avec un résultat de 7,07 % des voix lui permettant de passer la barre des 5 % et d'avoir le remboursement de sa campagne électoral à hauteur de 8 004 225 euros[51].
Élections législatives de 2022
Le , au soir du premier tour des élections législatives de 2022, aucun candidat de Reconquête, qui réalise un score de 4,24 % à l’échelle nationale, ne parvient à se qualifier pour le second tour du scrutin. Son président Éric Zemmour est battu dans la quatrième circonscription du Var, essuyant un second revers électoral après une défaite à l’élection présidentielle d’avril 2022[52],[53].
Après ces élections, certaines personnalités du parti, comme Jacline Mouraud, Nicolas Bay ou encore Gilbert Collard[54],[55], pensent à quitter ce dernier et/ou critiquent une autocratie interne dirigée par Éric Zemmour et Sarah Knafo.
Idéologie
Jean-Yves Camus, spécialiste de l'extrême droite, estime après les ralliements de Jérôme Rivière et Damien Rieu que Reconquête s'annonce comme « le véritable parti des identitaires »[11], identitarisme qui constitue d'ailleurs le marqueur essentiel de ce parti au sein de l'extrême droite[56].
Stratégie
La stratégie revendiquée de Reconquête est l'« union des droites » et le ralliement de personnalités de tous les partis de droite et d’extrême droite, de Jean-Paul Bolufer, ancien conseiller de Jacques Chirac, à Damien Rieu, cofondateur et porte-parole de Génération identitaire[56],[57]. Le parti souhaite séduire les déçus de ces partis et invite ses militants à multiplier les « réunions d'appartement »[58]. Reconquête mènerait une stratégie de « siphonnage » de ses adversaires que le président par intérim du Rassemblement national, Jordan Bardella, considère en comme une « guerre psychologique », accusant le parti d’Éric Zemmour de recruter avec des « méthodes déloyales » en promettant « de l'argent » et des investitures[59],[60].
La candidate des Républicains Valérie Pécresse considère que Zemmour n'est pas le candidat de l'« union des droites » mais celui de la « fusion des extrême-droites », ciblant les soutiens de Marc de Cacqueray, Philippe Schleiter, Jean-Yves Le Gallou, Thomas Joly, président du Parti de la France, ou encore Hervé Ryssen[61].
Financement
L'équipe d'Éric Zemmour avance être financée principalement par les adhésions à Reconquête, avec une moyenne de « 700 à 800 adhésions par jour » en et un total de 80 000 adhérents au parti au début de l’année 2022. La cotisation d’adhésion classique étant de 30 euros, la somme collectée à ce titre s’élèverait à au moins 2,4 millions d'euros en [31].
Le collectif « Les Amis d’Éric Zemmour » — dont l'association de financement a obtenu l’agrément d’association de financement politique le [62], et qui est devenu Reconquête en suivant —, indique avoir recueilli six millions d’euros de 25 000 donateurs[63],[31]. Dès , soit plusieurs mois avant la déclaration de candidature, ce collectif avait commencé à lever des fonds, avec notamment des dîners discrètement organisés à partir de à Paris et à l'étranger[31],[64]. Le collecteur est Julien Madar, employé dans l'immobilier de luxe, assisté d'une dizaine d'autres personnalités de la finance ou des médias, comme Paul-Marie Coûteaux[65]. Le millionnaire d'extrême droite Charles Gave apporte également un soutien financier, avant de le lui retirer en [66],[67]. Le même mois, la collecte de cotisations et la coordination des financements, jusque là effectuée selon La Lettre A « par une nébuleuse d'activistes », est confiée à un préfet ayant rejoint les rangs du parti[68].
D'après une enquête de Mediapart (fondée en partie sur la liste des 1 000 « invités VIP » au meeting de Villepinte), les grands donateurs (ceux ayant donné entre 1 000 et 7 500 euros) sont « issus des milieux financiers et d’affaires », « cadres dans des banques, fonds d’investissement, hedge funds », « cadres évoluant dans des cabinets de conseil, des groupes industriels ou dans le secteur immobilier » (notamment des cadres dirigeants de Vinci et Chanel) et « avocats d’affaires ou fiscalistes, en poste dans de grands cabinets français ou internationaux ». S’y trouverait notamment Chantal Bolloré, sœur du milliardaire Vincent Bolloré et « éminence grise » d'Éric Zemmour. Parmi les autres personnalités identifiées figurent Sonia et Alexandre Poussin, l'ancien chanteur Pierre Beraud-Sudreau ou encore Xavier Caïtucoli. Si certains sont des soutiens de l'extrême droite de longue date, une part importante est constituée d'anciens fillonnistes[31].
Identité visuelle
Deux logos sont utilisés ; cependant l'un des deux est plus distinctif par un grand « R » bleu suivi d'un point d'exclamation rouge. Celui-ci est contesté par Jean Lassalle en pour qui le logo de son propre parti, Résistons, a été plagié ; le , il adresse en conséquence une lettre à Zemmour lui demandant de les changer sous peine d'action judiciaire[69],[70].
- Logotype principal.
- Alternative visuelle.
Organisation
Organigramme et encadrement
La composition de l'équipe dirigeant le parti est la suivante :
- président : Éric Zemmour[32] ;
- président d'honneur : Gilbert Collard[46] ;
- vice-présidente exécutive : Marion Maréchal[71] ;
- vice-présidents exécutifs : Nicolas Bay et Guillaume Peltier ;
- porte-paroles : Jérôme Rivière, Jean-Frédéric Poisson, Laurence Trochu, Jacline Mouraud, Jean Messiha, Agnès Marion, Sébastien Pilard, Vijay Monany, Denis Cieslik, Stanislas Rigault, Antoine Diers ;
- responsable des fédérations : Thibaut Monnier (fondateur de l'ISSEP avec Marion Maréchal)[72].
Parmi l’équipe de campagne présidentielle pour 2022 figure Sarah Knafo, qui occupe la fonction de directrice stratégique de la campagne et exerce nombre de postes-clés de l'équipe de campagne (plume, conseillère spéciale, directrice de la communication)[73],[74]. Le général Bertrand de La Chesnais est directeur de campagne, tandis que le haut fonctionnaire Jean-Paul Bolufer est chef de cabinet au sein de l'équipe[75],[76]. Éric Zemmour se dote également d'une « équipe numérique », supervisée par Samuel Lafont et active sur Internet, notamment ses réseaux sociaux[77]. Le mouvement de jeunesse du parti est Génération Z, dont le président est Stanislas Rigault, un jeune Vendéen partisan de l'« union des droites »[78]. Parmi les cadres du comité politique de Reconquête figure notamment Jean-Yves Le Gallou, ancien membre du GRECE, théoricien de la préférence nationale et ex-député européen FN avant son adhésion au MNR de Bruno Mégret[79],[80].
Parmi les conseillers d'Eric Zemmour en matière de politique étrangère, on trouve notamment Caroline Galactéros (dirigeante d'un cabinet de conseil en « intelligence stratégique » et qualifiée par Le Canard Enchaîné de « poutinophile impénitente », ancienne invitée récurrente de la chaine d'extrême droite TV Libertés), Loïk Le Floch-Prigent (ancien grand patron d'entreprises pétrolières condamné dans l'Affaire Elf), l'avocat Olivier Pardo (proche du dictateur africain Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, et qui a défendu au cours de sa carrière Éric Zemmour, Bernard Tapie et Ziad Takieddine), le consultant Olivier Ubéda (conseiller en communication et directeur des événements du parti), l'homme d'affaires Jean-Michel Lavoizard (proche de Robert Ménard), ou encore le militant royaliste Bernard Lugan, historien controversé pour sa défense de l'apartheid, du régime de Vichy, et la négation du massacre du 17 octobre 1961[81],[82].
La sécurité personnelle du candidat est en partie assurée par d'anciens membres du service d'ordre du Front national de Jean-Marie Le Pen, écartés du parti depuis 2015 à la suite d'actes de violence, certains étant par ailleurs membres de gangs néo-nazis comme le White Wolf Klan, qui a fait l'objet d'une dissolution administrative[83].
Le , Jean Messiha annonce qu'il quitte Reconquête[84].
Partis politiques associés
- Via, la voie du peuple, présidé par Jean-Frédéric Poisson[85]
- Mouvement conservateur, présidé par Laurence Trochu[86]
- Centre national des indépendants et paysans, présidé par Bruno North[87]
- Mouvement national républicain, présidé par Bruno Mégret[88]
- Parti de la France, présidé par Thomas Joly[89]
Adhérents
Le , quatre jours après le lancement de Reconquête lors du meeting de Villepinte, le parti revendique 40 000 adhérents[90]. Le tarif standard d’adhésion est fixé à 30 euros[91].
Reconquête revendique par constat d'huissier un peu plus de 85 000 membres le [92],[93], ce qui en ferait le deuxième plus gros parti français aux cotisations payantes, après Les Républicains (150 000 membres au moment du congrès pour désigner le candidat LR à l'élection présidentielle)[94],[95],[96].
Le , le parti annonce atteindre le palier des 100 000 adhérents[28].
Ralliements d'élus
Le parti ayant été fondé à la fin de l’année 2021, aucun des élus mentionnés ci-dessous n’a en conséquence été élu sous l’étiquette Reconquête.
Députés de la XVe législature
- Myriane Houplain, députée de la 10e circonscription du Pas-de-Calais (ex-RN)
- Guillaume Peltier, député de la 2e circonscription de Loir-et-Cher (ex-LR)[97]
- Joachim Son-Forget, député de la 6e circonscription des Français établis hors de France (ex-LREM jusqu'en 2018)[98] a soutenu Éric Zemmour pendant la campagne de l'élection présidentielle de 2022[99]. Il prend néanmoins ses distances avec le parti en appelant à voter pour Emmanuel Macron au second tour de la presidentielle et en se représentant dans sa circonscription face au candidat investi par Reconquête aux élections législatives de 2022[100].
À la suite des élections législatives de juin 2022, le parti ne compte plus aucun député.
Sénateurs
- Stéphane Ravier, sénateur des Bouches-du-Rhône et conseiller municipal de Marseille (ex-RN)[101]
- Sébastien Meurant, sénateur du Val-d'Oise (ex-LR)[102]
Députés européens
- Nicolas Bay (ex-RN)[49],[103]
- Gilbert Collard (ex-RN)[104]
- Maxette Pirbakas (ex-RN)[105]
- Jérôme Rivière (ex-RN)[106]
Élus locaux
- Nicolas Bay, conseiller régional de Normandie (ex-RN)
- Claire-Emmanuelle Gauer, conseillère régionale de Normandie (ex-RN)[107]
- Ève Froger, conseillère régionale de Normandie (ex-RN)[107]
- Alexandra Piel, conseillère régionale de Normandie (ex-RN)[107]
- Stéphane Blanchon, conseiller régional d'Auvergne-Rhône-Alpes (ex-RN)[108]
- Catherine Bolze, conseillère régionale d'Auvergne-Rhône-Alpes (ex-LR)[109]
- Christophe Boudot, conseiller régional d'Auvergne-Rhône-Alpes (ex-RN)[110]
- Laure Chevalier, conseillère régionale de Provence-Alpes-Côte d’Azur et conseillère municipale de Gignac-la-Nerthe (ex-RN)[111]
- Nathalie Chevillard, conseillère régionale de Provence-Alpes-Côte d’Azur et conseillère municipale d'Aix-en-Provence (ex-RN)[111]
- Sandrine D'Angio, conseillère régionale de Provence-Alpes-Côte d’Azur et conseillère municipale de Marseille (ex-RN)[111]
- Cyril Hemardinquer, conseiller régional de Centre Val de Loire et conseiller municipal de Maintenon (ex-RN)[112]
- Vincent Lecaillon, conseiller régional d'Auvergne-Rhône-Alpes (ex-RN)[113]
- Franck Manogil, conseiller régional d’Occitanie (ex-RN)[114]
- Jean-Guillaume Remise, conseiller régional de Provence-Alpes-Côte d'Azur et conseiller municipal de Tarascon (ex-RN)[115]
- Éléonore Revel, conseillère régionale des Pays de la Loire (ex-RN)[116]
- Catherine Chambard, conseillère départementale du Jura et adjointe au maire de Saint-Claude[117]
- Cédric Dudieuzere, conseiller départemental des Bouches-du-Rhône et conseiller municipal de Marseille (ex-RN)[111]
- Sandrine D'Angio, conseillère départementale des Bouches-du-Rhône et conseillère municipale de Marseille (ex-RN)[111]
- Gérard Dézempte, conseiller départemental de l’Isère, maire de Charvieu-Chavagneux et président de la communauté de communes LYSED (ex-LR)[118]
- Sébastien Meurant, conseiller départemental du Val-d'Oise (ex-LR)
- Jean-Louis Millet, conseiller départemental du Jura et maire de Saint-Claude[117]
- Vijay Monany, conseiller départemental de la Seine-Saint-Denis (ex-LR)[119]
- Guillaume Peltier, conseiller départemental de Loir-et-Cher (ex-LR)[120]
- Brieuc Frogier, membre du Congrès de la Nouvelle-Calédonie et membre de l'Assemblée de la province Sud (ex-Rass.-LR)[121]
- Christophe Girard, conseiller métropolitain de Lyon et conseiller municipal de Vénissieux (ex-LR)[122]
Résultats électoraux
Élection présidentielle
Année | Candidat | 1er tour | ||
---|---|---|---|---|
Voix | % | Rang | ||
2022 | Éric Zemmour | 2 485 226 | 7,07 | 4e |
Élections législatives
Année | 1er tour | Sièges | Gouvernement | |
---|---|---|---|---|
Voix | % | |||
2022 | 964 668 | 4,24 | 0 / 577 |
Extra-parlementaire |
Après ses échecs électoraux qui l'empêchent d'améliorer ses finances[123], le parti est l'objet de fortes dissensions en interne et perd des adhérents et des soutiens[124]. Des dizaines de jeunes militants postulent auprès des députés nouvellement élus du Rassemblement national pour devenir leurs collaborateurs[125].
Polémiques
Twitter
De nombreux hashtags en faveur d'Éric Zemmour deviennent des top tendances sur Twitter au cours de la campagne présidentielle de 2022. Ces tendances sont promues par des personnes ayant plusieurs comptes et ayant des comptes automatiques, écrivant des tweets simultanément ou retweetant des centaines de fois des messages en quelques dizaines de minutes[126],[127]. Ces pratiques d'astroturfing sur plusieurs mois sont contraires aux règles fixées par le réseau social qui interdit l'amplification artificielle d'informations et les actions coordonnées de plusieurs comptes redondants par un même utilisateur[128],[126]. Cette campagne permet notamment au candidat, en dirigeant ses sympathisants vers certaines pétitions, d'avoir leurs coordonnées pour les inviter à adhérer à son parti ou pour des dons[126].
Wikipédia
Le journaliste Vincent Bresson, infiltré pendant quatre mois dans la campagne d'Éric Zemmour, dévoile la coordination de militants pour promouvoir et favoriser Zemmour sur le projet d'encyclopédie en ligne Wikipédia en opposition avec les règles de l'encyclopédie. Organisé au sein d'une cellule « WikiZedia » créée par Samuel Lafont, chef de la stratégie numérique, ils utilisent les messageries Telegram et Discord. La cellule comprend sept membres, dont Gabriel, un des plus gros contributeurs de Wikipédia (sur laquelle il intervient sous le pseudonyme de Cheep), ce qui provoque un scandale dans la communauté. Les pages ciblées sont relatives à Zemmour, sa campagne ou ses thèmes de prédilection et les actions de la cellule comprennent par exemple la tentative de remplacer le positionnement à l'extrême droite de Zemmour par « droite hors des murs », la suppression de la mention des polémiques sur l'homophobie ou la relativisation du rôle de Pétain et Laval dans la Shoah[129],[130],[131],[132].
Facebook
En décembre, le parti lance des campagnes de publicité sponsorisées sur Facebook pour augmenter son nombre d'adhérents, mais elles sont rapidement retirées par la plateforme, qui juge le procédé interdit[133],[134],[135].
Vincent Bresson révèle dans son enquête que l'équipe de compagne spamme des groupes Facebook apolitiques, le directeur de la stratégie numérique du candidat, Samuel Lafont « prophétisait que Facebook serait l'un des cœurs de la bataille finale. ». Bresson a reçu un SMS lui détaillant la stratégie : « Il s'agit d’investir le plus de groupes Facebook possible sur tous les thèmes et de publier sur ces groupes, commenter les publications avec du contenu sur Zemmour. ». Il s'est retrouvé avec une liste de groupes à spammer : « La France Insoumise » ; « Contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes » ou encore « Mylène Farmer : le mythe français »[136].
Propos racistes au sein du parti
Le journaliste Vincent Bresson relève, outre les propos racistes de plusieurs militants, le ceux de deux proches du candidat : la secrétaire personnelle Sophie Clavel et l’ex-préfet Gilbert Payet (mandataire financier de sa campagne) désignaient par le nom de « Mamadou » les employés noirs qui plaçaient les voitures sur le parking VIP d'un meeting à Villepinte[137].
Violence lors d'un meeting
Lors du premier meeting d'Éric Zemmour organisé à Villepinte en Seine-Saint-Denis le , des militants de SOS Racisme venus protester contre les propos considérés comme racistes du candidats sont agressés physiquement par des personnes qui assistaient au meeting[138]. Ils seraient alors insultés et victimes de jets de chaises et de coups de poing. Le président de l'association Dominique Sopo l'assure : « l’action était tout à fait non violente »[139] ainsi que « Des chaises ont été lancées sur eux, certains se sont fait frapper alors qu’ils étaient à terre, d’autres ont fini avec le visage en sang… C’était ultraviolent. Tout ça pendant qu’Éric Zemmour était en train d’expliquer qu’il n’était ni raciste ni sexiste ».
Le porte-parole du parti affirme de son côté : « Éric Zemmour a été agressé par quelqu’un qui lui a sauté dessus. Cette personne, connue des services de police, a été remise aux fonctionnaires. » puis « appelle les militants à rester calmes ».
Une enquête est ouverte sur « les faits de violences commis à l’intérieur du meeting » selon une déclaration du parquet de Bobigny à l’AFP[140].
Polémiques internes
Selon une enquête de Mediapart datant de mars 2022, des militants de Reconquête se plaignent de dérives autoritaires et radicales au sein du parti. Plusieurs militants s'étant entretenus avec Mediapart font état de procédures d'exclusion menées sans preuves contre des militants s'étant plaint de la présence d'éléments radicaux au sein du parti. Un militant ayant été exclu du parti suivant des accusations de vol d'affiches, qu'il dément, et de déguisement lors de collages dénonce « un parti qui privilégie les enfants de la bourgeoisie »[141]. Le même mois, Francine et Didier Floch, deux militants ayant par le passé travaillé dans la pornographie, se plaignent d'un « tribunal de l'Inquisition » en réaction à la démission du bureau ardéchois de Reconquête suivant le refus du couple de fermer deux blogs évoquant leur carrière pornographique[142].
Affichage sauvage
Le 20 février 2022, le Conseil départemental de l'Orne dépose plainte en accord avec le préfet du département contre Reconquête pour dégradation de biens publics suite à des affichages « interdits et sauvages sur les équipements du Conseil départemental à de multiples reprises » pendant la campagne présidentielle 2022[143],[144].
Notes et références
Notes
- Stylisé sous la forme « Reconquête ! ».
- Décrits dans l'ouvrage Au cœur du Z de Vincent Bresson.
Références
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[Voir une planche fournie par M. Croissandeau dans la vidéo] :
Partis à adhésion payante (nombre d'adhérents revendiqués) :
— Les Républicains : 148 862
— Rassemblement national : 83 000
— Parti socialiste : 22 480
— Europe Écologie - Les Verts : 10 189 ». - « Marion Maréchal dit avoir envie de retourner en politique », sur atlantico.fr, (consulté le ) : « La trentenaire a été impressionnée par le nombre d'adhésions enregistrées par le mouvement Reconquête! en à peine huit semaines. Au point de se procurer, auprès de ses proches dans l'organigramme, les preuves de la véracité du chiffre revendiqué de 85.000 — constaté par huissier depuis. "Même au sommet de sa gloire et de sa dynamique le Front national n'a jamais réuni 90.000 adhérents", déclare Marion Maréchal. ».
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Le candidat d’extrême droite à la présidentielle Éric Zemmour revendique « 90.000 adhérents » pour son parti, Reconquête. ». - Sarah Belouezzane et Ivanne Trippenbach, « Guillaume Peltier, député LR, première grosse prise de droite pour Éric Zemmour », sur lemonde.fr, (consulté le ).
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Bibliographie
- Vincent Bresson, Au cœur du Z, éditions Goutte d'Or, , 250 p. (ISBN 979-10-96906-33-8)
Liens externes
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