Barbe d'Héliopolis

Barbe ou Barbara anciennement Barbare[1] (en grec et en latin) est une sainte martyre fêtée le 4 décembre par les orthodoxes (qui la considèrent comme une mégalomartyre) et les catholiques[2],[3]. Elle a connu une vénération importante à partir du VIIIe siècle, en particulier dans l'Orient chrétien.

Pour les articles homonymes, voir Sainte-Barbe, Santa Barbara et Barbe (homonymie).

Barbe

Sainte Barbe, par Tilman Riemenschneider.
Sainte auxiliaire, mégalomartyre
Naissance v. 270
Nicomédie (aujourd'hui Izmit en Turquie)
ou Héliopolis (aujourd'hui Baalbek au Liban)
Décès v. 306 
Nicomédie ou Héliopolis
Vénérée à Cathédrale de Rieti, Cathédrale Saint-Vladimir (Kiev)
Vénérée par Église catholique, Église orthodoxe
Fête 4 décembre
Attributs tour, palme du martyre, ciboire surmonté d'une hostie.
Sainte patronne Paternò en Italie, architectes, géologues, pompiers, mineurs, ingénieurs des mines, artilleurs, sapeurs, canonniers, artificiers, salpêtriers, chimistes, démineurs, génie militaire, artillerie, mathématiciens, pétroliers

Hagiographie

Barbe aurait vécu de la seconde moitié du IIIe au début du IVe siècle en Bithynie ou en Phénicie selon les sources, sous le règne de l’empereur Dioclétien. Son père, Dioscore, aurait été un riche édile païen d'origine phénicienne. Fidèle à sa foi chrétienne, Barbe serait morte martyrisée sous l'empereur Maximien.

Selon la légende, son père décide de la marier à un homme de son choix ; elle refuse et décide de se consacrer au Christ. Outré, son père l’enferme dans une tour à deux fenêtres. Mais un prêtre chrétien, déguisé en médecin, s’introduit dans la tour et la baptise[4]. Au retour d’un voyage de son père, Barbe lui apprend qu’elle a percé une troisième fenêtre dans le mur de la tour pour représenter la Sainte Trinité et qu’elle est chrétienne. Furieux, le père met le feu à la tour. Barbe réussit à s’enfuir mais un berger découvre sa cachette et avertit son père.

Ce dernier la traîne devant le gouverneur romain de la province, qui la condamne au supplice. Comme la jeune fille refuse d’abjurer sa foi, le gouverneur ordonne au père de trancher lui-même la tête de sa fille. Elle est d'abord torturée : on lui brûle certaines parties du corps et on lui arrache les seins. Mais elle refuse toujours d'abjurer sa foi. Dioscore la décapite mais est aussitôt châtié par le Ciel : il meurt frappé par la foudre. Quant au berger qui l'a dénoncée, il est changé en pierre et ses moutons en sauterelles.

Quand les chrétiens viennent demander le corps de la jeune martyre, ne voulant ni utiliser son prénom païen ni se dévoiler en utilisant son prénom de baptême chrétien, ils ne peuvent en parler que comme « la jeune femme barbare », d'où le nom de Barbara qui lui est donné.

Les empereurs byzantins vénéraient particulièrement ses reliques qu’ils firent transférer au VIe siècle à Constantinople. Une partie fut emmenée en Italie par les Vénitiens, et une autre au XIe siècle par la fille d’Alexis Comnène à Kiev, où elles se trouvent toujours à la cathédrale Saint-Vladimir de Kiev.

Attributs

Sainte Barbe est généralement représentée en jeune fille, avec la palme du martyre, elle peut porter une couronne, un livre. Une tour à trois fenêtres (en référence à son adoration de la Trinité) et un éclair constituent d'autres de ses attributs. Elle peut également porter une plume de paon, symbole d'éternité, ou fouler du pied son père qui est aussi son persécuteur.

Sainte Barbe est aussi représentée avec un ciboire surmonté d'une hostie, un rocher qui s'entrouvre pour la mettre à l'abri et un canon au projectile balistique (pour associer les canonniers)[pas clair][5].

Elle est représentée depuis le VIIe siècle.[réf. nécessaire]

Sainte Barbe est souvent associée à trois autres saintes ayant fait vœu de chasteté : sainte Catherine d'Alexandrie, Marguerite d'Antioche et Geneviève de Paris. C'est le cas pour l'autel des Vierges de l'église Notre-Dame de Croaz Batz de Roscoff (Finistère) présentant une statue de sainte Barbe accompagnée de celles de sainte Catherine et de sainte Geneviève.

Iconographie

Sainte Barbe décapitée par Dioscore, par Jörg Ratgeb (1510), église Saint-Jean de Schwaigern.

Son iconographie illustre les scènes les plus populaires de sa tradition :

  • Son emprisonnement par son père dans une tour.
  • Sa fuite à travers un rocher qui s’entrouvre pour lui laisser le passage.
  • Le châtiment du berger qui avait dénoncé sa retraite.
  • Son martyre.

Enluminures

Une vignette du bréviaire d’Éléonore du Portugal (vers 1500-1510), par le Maître de l'ancien livre de prières de Maximilien Ier, représente sainte Barbe, assise, un livre ouvert sur ses genoux.

Icônes, peintures

Peintures murales

  • L’église romane de Savigny (Manche) a été enrichie au XIVe siècle d’un cycle de sainte Barbe sous formes de peintures murales occupant le plein des arcades du XIIe siècle.
  • L'histoire de sainte Barbe est peinte dans une des lunettes de la salle des saints des appartements Borgia, au Vatican. Cette fresque est de Pinturicchio (XVe siècle).
  • L'église Sainte-Catherine de Forêt-Village (commune de Trooz en Belgique) est ornée de peintures à la détrempe racontant le martyre de sainte Barbe (1540-1560 - école du Condroz).

Sculptures

Les statues de sainte Barbe sont nombreuses dans les églises et les chapelles.

  • La statue de sainte Barbe dans l'église Saint-Pierre de Plouyé (Finistère).
  • Sainte Barbe de l'église Saint-Roch de Paris.
  • Sainte Barbe, œuvre en pierre datée du XVIe siècle, chapelle nord de l’église Notre-Dame de Savigny (Manche).
  • Statue de la sainte dans l'église de Pruillé-le-Chétif (Sarthe) datant du XVIIIe siècle.
  • Statue de la sainte avec sa tour, église de Ploudiry (Finistère).
  • Statue de la sainte avec sa tour et tenant une palme, bois doré, 1re moitié du XVIIe siècle dans l'église Saint-Martin de Hermalle-sous-Huy.
  • Statue en pierre polychrome avec sa tour, palme du martyre et tenant de l'autre main deux livres, XVIe siècle première chapelle dite « chapelle Sainte-Barbe » en entrant par le portail occidental de l'église Saint-Jean-Baptiste de Chaource.
  • Plusieurs sculptures dans les collections du musée des beaux-arts de Lyon, datant du XVIe siècle.
  • Sculpture de la sainte avec sa tour dans le réfectoire baroque du musée des beaux-arts de Lyon.

Vitraux

  • Une verrière de sainte Barbe est située dans l’abbatiale de Saint-Quentin (Aisne). Exceptionnelle par sa taille de plus de 9 mètres et par sa constitution en un seul tenant, elle est attribuée à Mathieu Bléville, peintre-verrier de la Renaissance.
  • Un grand vitrail résumant en trois tableaux la vie de sainte Barbe dans la chapelle du hameau Sainte-Barbe, à proximité de Plouharnel (Morbihan), par le peintre-verrier Gérard Milon.
  • Un grand vitrail situé dans le chœur de l'église Saint-Nicolas de L'Hôpital (Moselle) est dédié à sainte Barbe, patronne des mineurs. Il date de 1872 et a été restauré en 1949. C'est le seul vitrail du bassin houiller lorrain dédié à sainte Barbe.
  • Un vitrail du XVIe siècle représente la légende de sainte Barbe dans la cathédrale Saint-Maclou de Pontoise (Val-d'Oise).

Art contemporain

Traditions liées à sainte Barbe

Le culte de sainte Barbe, dont la fête est le 4 décembre, se popularise à partir du XIIIe siècle en Occident. Cette sainte orientale est particulièrement honorée en Normandie et en Bretagne et dans les bassins miniers de Lorraine.

Patronage

D'aucuns peuvent demander les prières de sainte Barbe pour être protégés de la foudre, mais elle est aussi la patronne, le modèle et la protectrice des architectes, des géologues, des géomètres, des mathématiciens, des sapeur-pompiers, des mineurs (et par extension actuellement, des ingénieurs des Mines), des artilleurs, des sapeurs, des canonniers, des artificiers, des salpêtriers, des chimistes, des ingénieurs de combat, des métallurgistes, des démineurs et autres corporations liées au feu, les pétroliers militaires, les foreurs et les personnels de l'industrie des turbines à gaz, les carillonneurs, les égoutiers. Sainte Barbe est aussi la patronne de l'École polytechnique[8] et des écoles des Mines. Dans les Forces armées canadiennes, sainte Barbe, sous le nom de Santa Barbara, est la patronne du génie militaire et de l'artillerie.

Pie XII la déclare patronne de la marine italienne de combat par un bref du 4 décembre 1951[9].

En particulier, le fort patronage que lui vouaient les mineurs de fond s’est progressivement transmis aux ouvriers et ingénieurs des travaux souterrains (tunnels, cavernes, etc.) avec la disparition progressive de l’industrie minière occidentale. De nos jours, une sainte Barbe trône toujours à l’entrée des tunnels en construction pour protéger les ouvriers-mineurs des accidents de chantier[10]. Dans le tunnel de Cointe à Liège (Belgique), lors de la finition des travaux, a été aménagée une potale en métal vitrée abritant la statue de la sainte qui était censée protéger les ouvriers durant le chantier[11],[12].

Asturies (Espagne)

Sainte Barbe (Santa Barbara) est la sainte patronne des mineurs de charbon des Asturies. Une chanson lui est dédiée, connue également sous le titre : « En el Pozo Maria Luisa ». Chanson de lutte syndicale, elle fut longtemps chantée par les opposants au régime du général Franco et demeure aujourd'hui une pièce maîtresse du chansonnier anarcho-syndicaliste[13] asturien tout en étant devenue plus généralement un hymne des districts miniers des Asturies.

Europe centrale

Le 4 décembre, de la vallée du Rhin (Alsace incluse) jusqu'à la mer Noire en passant par l'Allemagne du Sud, dans l'ancienne monarchie austro-hongroise et les principautés danubiennes, on coupait des branches d’arbres fruitiers (en particulier le cerisier) qui étaient placées dans un vase rempli d’eau. À partir de là, il fallait quotidiennement couper un petit bout du pied de la tige et renouveler l’eau. Si on observe bien ces recommandations, les branches fleurissent vers Noël et une belle floraison est signe d’abondance[14].

Sicile (Italie)

La fête de Santa Barbara est la principale fête religieuse de Paternò (province de Catane), dont Barbe est la patronne. L'événement a lieu chaque année les 3, 4, 5 et 11 décembre, et les 27 mai et 27 juillet. Le 4 décembre représente la date du martyre de la sainte, le 27 mai est la fête du patronage de Santa Barbara au cours de laquelle le miracle de l'arrêt de l'éruption de l'Etna en 1780 est rappelé, tandis que le 27 juillet est la fête de l'arrivée des reliques qui ont été translatées à Paternò en 1576. La fête de Santa Barbara est l'une des plus belles fêtes catholiques d'Italie.

Cuba

Sainte Barbe est assimilée à Shangô dans la Santeria cubaine.

Liban

Le 4 décembre, au Liban, on commémore la fuite de sainte Barbe (appelée Barbara) de la tour où elle fut emprisonnée. D'après la croyance, sa fuite n’aurait guère réussi sans l’aide de ses amies qui lui donnèrent l’idée de se déguiser. D'où la tradition libanaise qui veut que la veille de la fête de la Sainte-Barbe, soit le 3 décembre, les enfants se déguisent avec toutes sortes de costumes et de masques et vont cogner aux portes du voisinage[15].

Artillerie

Représentation naïve à Biver (Bouches-du-Rhône).

La Sainte-Barbe est la patronne des artilleurs[16] elle est fêtée dans les Écoles d'Artillerie et dans les garnisons[17]. La devise des artilleurs est Et par la bombarde vive sainte Barbe !.

Marine

Dans la marine ancienne, la sainte-barbe était le nom de la soute à munitions ou réserve de poudre à canon.

Le nom de « sainte-barbe » donné aux soutes à munitions viendrait d’un glissement phonétique. À l’époque de l’epidum romain, entouré d’une palissade, les produits dangereux étaient stockés dans une enceinte extérieure dénommée naturellement cincta barbara, enceinte barbare. Selon un général français, le général Chapel, par déformation de prononciation, cette locution serait devenue sancta barbara, « sainte barbe ».

Mineurs

À l’entrée d’une mine de sel, à Wieliczka (Pologne).

Une statue de Sainte Barbe était fréquemment présente dans les galeries des mines. Fêtée dans les bassins miniers de Lorraine où sont organisés défilés, messes solennelles et repas festifs, la fête de la Sainte-Barbe est également l'occasion pour les élèves-ingénieurs des écoles de l'IMT comme Mines Paris Tech ou Mines Albi de célébrer leur sainte patronne.

Sapeurs-pompiers

Au sein des corps de sapeurs-pompiers, la fête de la Sainte-Barbe est souvent associée à un défilé et à un repas ou un bal dans de nombreuses villes de France. Cette fête traditionnelle se réfère à la sainte réputée protectrice des sapeurs-pompiers. À noter que dans d'autre pays, en particulier en Allemagne et en Autriche, c'est Florian de Lorch qui est fêté par les pompiers le 4 mai.

Églises dans le monde

Autriche

Belgique

Égypte

États-Unis

France

Eglise Sainte Barbe de Crusnes (Meurthe-et-Moselle)

Le village de Sainte Barbe dans les Vosges (canton de Rambervillers).

Gabon

Italie

  • L'église Santa Barbara dei Librai à Rome, pas loin du Campo de' Fiori.
  • Une statue de sainte Barbe dans le musée d'artillerie de Turin, dans le Mastio de la citadelle.

Liban

Portugal

  • Chapelle de Sainte-Barbe à la Forteresse de Peniche (prison politique au XXe siècle) à la ville de Peniche.
  • Chapelle de Saint-Barbe à Roriz concelho de Penalva do Castelo

Pologne

République tchèque

Suisse

Notes et références

  1. Livre d’heures en français selon l’usage de Paris. (ed.1460-1470) folio 117 recto
  2. Nominis : Sainte Barbe.
  3. Forum orthodoxe.com : saints pour le 4 décembre du calendrier ecclésiastique.
  4. Raymond G. W. Mahieu, Mineurs du Borinage, mineurs d'ici et d'ailleurs, Belgique, p. 27.
  5. Raymond G.W. Mahieu, Mineurs au Borinage, mineurs d'ici et d'ailleurs, Belgique, p. 26.
  6. Musée de Brooklyn - Centre Elizabeth A. Sackler - Sainte Barbe
  7. Judy Chicago, The Dinner Party : From Creation to Preservation, Londres, Merrel 2007. (ISBN 1-85894-370-1).
  8. Sainte Barbe, sur le site officiel de l'École polytechnique.
  9. (it) Ministère italien de la défense
  10. François Martin et Alain Guillaume, Sainte-Barbe, une icône fédératrice pour les travaux souterrains, Association Sainte-Barbe des Mines, 5 p. (lire en ligne [PDF])
  11. Roland Marganne, « Le plus long tunnel ferroviaire de Belgique est percé : Soumagne et les entrailles du Pays de Herve », Correspondance, Association liégeoise des amateurs de chemins de fer, , p. 6 (lire en ligne [PDF], consulté le )
  12. Michel Elsdorf, Liège insolite : Endroits, événements et autres bizarreries liégeoises, Noir Dessin Production, , 148 p..
  13. Archivio Libertario, « En el Pozo María Luisa - Santa Bárbara Bendita », (consulté le )
  14. (de) J. E. Stadler : Vollständiges Heiligen-Lexikon, 5 vol., Augsburg 1858-1882, vol. I, p. 380-383.
  15. « La Sainte Barbe au Liban : Des traditions perpétuelles ou en perdition ? », Libnanews, (lire en ligne, consulté le )
  16. l-artillerie-fete-la-sainte-barbe
  17. Les artilleurs fêtent depuis plusieurs siècles Sainte-Barbe
  18. DH Les Sports+, « Des images insolites », sur www.dhnet.be, (consulté le )
  19. Voir sur stebarbe.com.
  20. « Facebook », sur www.facebook.com (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • Paul de Lapparent, Sainte Barbe (Sainte Barbe dans l'art), collection L'art et les saints, Éditions H. Laurens, Paris, 1926.

Liens externes

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  • Portail du monde antique
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