boucan
Français
Étymologie
- (Nom 1) Du tupi mokaém ou bokaém, « gril de bois » sur lequel les Caraïbes faisaient fumer viandes et poissons. Par métonymie, le mot a désigné la cabane dans laquelle on procédait à cette opération (1666).
- (Nom 2) De l’ancien verbe boucaner, « imiter le cri du bouc », boucan étant l’équivalent dialectal de bouc et symbole de la débauche. D’où le sens de vacarme, les lieux de débauche étant souvent bruyants, « cf. les sens figurés de bordel » (Robert historique), ou de l'occitan bocan (« tapage », « vacarme », « lieu de débauche »)[1]
- (Nom 3) Peut-être du Nom 1 par analogie avec la fumée qui en sortait.
Nom commun 1
Singulier | Pluriel |
---|---|
boucan | boucans |
\bu.kɑ̃\ |
boucan \bu.kɑ̃\ masculin
- Lieu où les Amérindiens fument leurs viandes et poissons ou gril de bois sur lequel ils les fument et les font sécher.
- On avait rempli ce trou de bois, que l'on y avait laissé consumer jusqu'à ce qu'il fût en charbon, afin de bien échauffer toute la concavité de ce trou. On avait ensuite retiré le charbon, et la tortue avait été couchée sur le dos dans le fond, couverte de trois ou quatre pouces de sable chaud des environs, et puis du charbon que l'on avait retiré, avec un peu de sable par-dessus. Ce fut ainsi que ce pâté naturel demeura dans cette espèce de four l'espace d'environ quatre heures, et qu'il se cuisit beaucoup mieux qu'il n'aurait fait dans un four ordinaire. Voilà ce qu'on appelle un boucan de tortue. — (Jean-Baptiste Labat, Voyage aux îles, 1722, reédition Phebus)
- (Désuet) Viande séchée à la fumée, viande boucanée.
- (Désuet) Lieu où les boucaniers fumaient la viande. [2]
- (Désuet) Gril pour boucaner. [2]
- (Désuet) Bâti en claie où l'on fumait la cassave. [2]
Nom commun 2
Singulier | Pluriel |
---|---|
boucan | boucans |
\bu.kɑ̃\ |
boucan \bu.kɑ̃\ masculin
- (Familier) Bruit, tapage, vacarme.
- On a beau faire un boucan d’enfer, à coups de poing sur la porte, personne ne vient vous ouvrir... — (Eugène Chavette, La Chambre du crime, 1875)
- Le chic n’était plus d’aller faire du boucan à Bullier, de rouler les café-concerts pour y siffler les chanteuses laides. — (Émile Zola, Au Bonheur des Dames, 1883)
- Tout ce boucan, ça vous porte sur les nerfs, à la fin !… On dirait une foule qui crie…, on dirait des gens qui trépignent… — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, p. 339 de l’éd. de 1921)
- Nous menions grand boucan de roues derrière ce cheval tout en sabots, de caniveaux en passerelles. — (Louis-Ferdinand Céline [Louis Ferdinand Destouches], Voyage au bout de la nuit, Denoël et Steele, Paris, 1932)
- Des fois c’était le silence complet, enfin notre silence à nous parce qu’il y avait toujours le boucan des machines. — (Jean Meckert, Les Coups, Gallimard, Paris, 1941)
- Pas plus tard qu’avant-hier, elle avait fait tout un boucan parce qu’elle entendait des messieurs et dames faire l’amour dans l’appartement voisin et qu’elle prétendait que ça la gênait. — (Raymond Guérin, L’Apprenti, Gallimard, Paris, 1946)
- Tout à coup d’un salon voisin, fusa un boucan assourdissant, suivi d’un brouhaha confus : fracas d’un miroir, combat corps à corps, bruits assourdis. — (Georges Perec, La Disparition, Gallimard, Paris, 1969)
- (Désuet) Lieu de débauche, bordel de bas étage. [2]
- Avec Gaudet, j'allais crapuleusement, les dimanches et fêtes, de boucans en boucans, cherchant quelque fille plus fraîche que les misérables paillasses que nous avions ordinairement. — (Nicolas Rétif de la Bretonne, Monsieur Nicolas, 1796), Bibliothèque de la Pléiade, Tome 1, p. 953.
- Avec moi, c’est le verre jamais vide, c’est le boucan perpétuel, c’est la bombance à tour de mâchoires. — (Joris-Karl Huysmans, Marthe, histoire d’une fille, 1877)
Dérivés
Traductions
Prononciation
- France (Yvelines) : écouter « boucan »
- France (Saint-Maurice-de-Beynost) : écouter « boucan »
Voir aussi
- boucan sur l’encyclopédie Wikipédia
Références
- Tout ou partie de cet article a été extrait du Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition, 1932-1935 (boucan), mais l’article a pu être modifié depuis.
- [2]Antoine de Rivarol, Dictionnaire classique de la langue française, 1827
- Vocabulaire du français des provinces, Littré, 2010, édition Garnier, page 86
- F. Vernet, Que dalle ! Quand l'argot parle occitan, Bouloc : IEO Edicions, 2007
Cet article est issu de Wiktionary. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.