gueux
: Gueux
Français
Étymologie
- (Adjectif, nom commun 1) On note, au XVe siècle l’emploi au sens de « cuisinier » : Le duc, trois gueux pour sa cuisine, chacun compté par quatre mois, et doit le gueux en la cuisine commander, ordonner et estre obei, ce qui en ferait une variante de queux, coquin.
- Diez objecte que, si gueux représente queux, queux, qui représente coquus, n’a l’x qu’à titre de nominatif, que ces sortes d’s ne comptent pas dans la dérivation, et qu’ainsi gueux n’aurait pu donner gueuser, gueuserie. Mais ces mots ne sont pas anciens et ils ont été formés en un temps où l’s de gueux valait une lettre radicale. On l'a donné issu du néerlandais guit (« copain », « coquin ») ; il se pourrait en effet que cette dénomination fût indépendante du mot français ; cependant Schiller les appelle die Geusen, ce qui semble appuyer fortement l’étymologie française.
- Le nom fut jeté aux pétitionnaires du compromis des nobles qui, à Bruxelles, au XVIe siècle, lancèrent une pétition contre les excès de la répression visant les protestants et les tenants des vieilles franchises des Pays-Bas espagnols. D'où que le mot fut pris comme une injure que les pétitionnaires assumèrent en organisant un banquet des gueux où ils parurent déguisés en pauvres avec la devise « gueux jusqu’à la besace », voulant dire qu’ils acceptaient d'être dépouillés de leurs biens plutôt que de se dédire.
Adjectif
Singulier | Pluriel | |
---|---|---|
Masculin | gueux \ɡø\ | |
Féminin | gueuse \ɡøz\ |
gueuses \ɡøz\ |
gueux \ɡø\
- (Vieilli) ou (Ironique) Qui est indigent, nécessiteux.
- C’est une famille fort gueuse.
- (Figuré) (Architecture) Trop dénué d’ornements.
- Cette corniche est gueuse.
- (Vieilli) Qui n’a pas de quoi vivre selon son état, selon ses désirs.
- C’est un hobereau fort gueux.
- (Proverbial) Un avare est toujours gueux, un avare se refuse jusqu’au nécessaire.
Synonymes
→ voir salaud (3)
Dérivés
Nom commun 1
Singulier | Pluriel | |
---|---|---|
Masculin | gueux \ɡø\ | |
Féminin | gueuse \ɡøz\ |
gueuses \ɡøz\ |
gueux \ɡø\
- (Vieilli) ou (Ironique) Celui qui fait métier de demander l’aumône, mendiant.
- Mener une vie de gueux.
- (Vieilli) ou (Ironique) Indigent, nécessiteux, qui s’attire le mépris.
- On a beau leur venir en aide, ces gens-là sont toujours gueux.
- (Par extension) (Vieilli) Coquin, fripon.
- Ce Pinacle était le plus grand gueux du pays ; il avait même eu, l’année précédente, une mauvaise affaire avec M. Goulden, qui lui réclamait le prix d’une montre qu’il s’était chargé de remettre à M. Anstett, le curé de Homert, et dont il avait mis l’argent en poche, disant me l’avoir payée à moi. — (Erckmann-Chatrian, Histoire d’un conscrit de 1813, J. Hetzel, 1864)
- J’ai perdu!... toujours à cause de ce gueux d’article. — (Eugène Labiche, L'Article 960 ou la Donation, scène 10, 1839)
- (Au féminin) Femme de mauvaise vie.
- Courir la gueuse.
- (Vieilli) Celui qui est dans la gêne, dont les ressources sont au-dessous de son état.
- Diogène là-bas est aussi riche qu’eux [ceux qui entassent], Et l’avare ici-haut, comme lui, vit en gueux. — (Jean de la Fontaine, Fabl. IV, 20.)
- Personne qui a le caractère mesquin.
- Non de ces gueux d’avis dont les prétentions Ne parlent que de vingt ou trente millions. — (Molière, Fâcheux, III, 3.)
- (Dédain) Personne qui a mauvaise apparence ou mauvaise conduite.
- Les petits gueux [des enfants en haillons] quittèrent aussitôt le jeu en laissant à terre leurs palets, et tout ce qui avait servi à leur divertissement. — (Voltaire, Candide, ch. 10.)
- Et voilà que je me rappelle les cortèges de gueux qu'on menait en musique, le 1er mai, à Tempelhof, jurer fidélité au Führer. Avec quelle joie, avec quelle foi elles clamaient le Horst-Wessel-Lied, l'hymne hitlérien, ces gueules blêmes. — (Xavier de Hauteclocque, La tragédie brune, Nouvelle revue critique, 1934, p.16)
Dérivés
- gueux de l’ostière (mendiant qui allait de porte en porte)
- gueux fieffé (mendiant qui se tenait toujours à la même place)
- gueux revêtu (se dit d’un homme de rien qui a fait fortune, et qui en est devenu arrogant ; nouveau riche)
Traductions
- Afrikaans : bedelaar (af)
- Allemand : Bettler (de)
- Anglais : beggar (en)
- Arménien : մուրացկան (hy), քրջոտ (hy), խարդախ (hy)
- Danois : tigger (da)
- Espagnol : mendigo (es)
- Espéranto : almozulo (eo)
- Féroïen : biddari (fo)
- Frison : bidler (fy)
- Ido : mizeroza (io)
- Italien : mendicante (it)
- Latin : aeruscator (la)
- Néerlandais : bedelaar (nl), schooier (nl)
- Papiamento : pober (*)
- Polonais : żebrak (pl)
- Portugais : mendigo (pt), pedinte (pt)
- Roumain : cerșetor (ro)
- Russe : нищий (ru), оборванец (ru), прощелыга (ru)
- Suédois : tiggare (sv)
- Tagalog : pulúbi (tl)
- Turc : dilenci (tr)
Notes
- Seul Littré donne ce sens, sans détails. De quelle espèce peut-il bien s’agir ?
Prononciation
- France (Saint-Maurice-de-Beynost) : écouter « gueux »
- France (Lyon) : écouter « gueux »
Voir aussi
- gueux sur l’encyclopédie Wikipédia
- Explication de Bernard Cerquiglini en iages
Références
- « gueux », dans TLFi, Le Trésor de la langue française informatisé, 1971-1994 → consulter cet ouvrage
- Auguste Scheler, Dictionnaire d’étymologie française d’après les résultats de la science moderne, 1862
- Tout ou partie de cet article a été extrait du Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition, 1932-1935 (gueux), mais l’article a pu être modifié depuis.
- Tout ou partie de cet article est extrait du Dictionnaire de la langue française, par Émile Littré (1872-1877), mais l’article a pu être modifié depuis. (gueux)
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