haras
Français
Étymologie
- (XIIe siècle) Origine obscure. Émile Littré [1] lui consacre un chapitre étymologique exceptionnellement long pour soutenir un emprunt arabe :
- En bas-latin haracium. Il y a en latin hara (« porcherie, poulailler »), et en bas-latin hara cunicularia, « garenne à lapins » ; la signification ne convient guère. Diez rejette l’ancien haut-allemand hari, « troupe », parce que la signification en est trop générale, et qu’il aurait donné harias et non haras. Mais il signale comme bien plus approprié l’arabe فرس, faras (« cheval »), dit collectivement. Toutefois il s’objecte à lui-même que, pour justifier cette étymologie, il faudrait ou, dans le français, faras, ou, dans le bas-latin, faracium. Voilà maintenant farat trouvé dans Bercheure (voir aussi l’historique) ; la conjecture de Diez devient donc tout à fait vraisemblable. D’autant plus que l’arabe فرس a pénétré dans l’Occident de différents côtés : espagnol alfaraz, « cheval de la cavalerie maure » ; bas-latin, farius, même sens, et très probablement l’ancien français auferant, « coursier ».
- Le TLFi [2] note que cette étymologie a été rejetée et qu’il est « probablement » du vieux norrois harr (« gris »), « d’après la couleur la plus fréquente de la robe des chevaux » → voir grison et grisard en français, hare (« lièvre [animal au poil gris] ») en anglais pour un mot apparenté au vieux norrois et stud pour l’équivalence « étalon/haras », sur une autre base lexicale.
- L’arabe [3] [4] a aussi le mot حرس, ḥaras, collectif de حارس, ḥāris, « gardien », parfois « valet d’écurie », mais selon Clement Manly Woodard le sens de haras manque.
Nom commun
Singulier et pluriel |
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haras (h aspiré)\a.ʁa\ ou (h aspiré)\a.ʁɑ\ |
haras (h aspiré)\a.ʁa\ ou (h aspiré)\a.ʁɑ\ masculin, singulier et pluriel identiques
- Écurie où logent étalons, juments et poulains.
- Il y avait plusieurs haras en Perse et en Médie ; mais dans cette dernière province ceux du lieu nommé Nisée étaient les plus renommés, et c’était de là qu’était fournie l’écurie du roi. — (Charles Rollin, Historique ancien, Œuv. t. II, p. 404, dans Pougens)
- Les chevaux arabes ont peuplé l’Égypte, la Turquie et peut-être la Perse, où il y avait autrefois des haras très considérables. — (Georges Louis Leclerc, Quadrup., t. I, p. 109)
- (Figuré) (Par plaisanterie) Avant d’atteindre l’hôtellerie perchée près de l’église, il faut […] dormir la nuit dans les haras de puces des auberges ; […]. — (Joris-Karl Huysmans, La Cathédrale, Plon-Nourrit, 1915)
- (En particulier) Établissement dans lequel sont entretenus les reproducteurs de l’espèce chevaline pour la multiplication et l’amélioration.
- Après une lutte soutenue entre le gros bon sens du paysan et la folle impulsion donnée par l’administration des haras, celle-ci a été forcée de céder le pas, et s’est vue obligée en 1860 de supprimer les dépôts d’étalons d’Abbeville et de Charleville, […]. — (Jean Déhès, Essai sur l’amélioration des races chevalines de la France, École impériale vétérinaire de Toulouse, Thèse de médecine vétérinaire, 1868)
- Il ne faut pas oublier l’établissement des haras en 1667 ; ils étaient absolument abandonnés auparavant. — (Voltaire, Louis XIV, 29)
- (Par métonymie) Les étalons et les cavales qui demeurent dans cet endroit.
- Tout le haras prit peur.
- (Au pluriel) (France) Les haras nationaux.
- L’administration des haras. Il est employé aux haras.
Dérivés
- haras sauvage : haras qu’on voit en Pologne et en Russie, et qui est composé communément d’un millier de chevaux de tout âge, de tout sexe, poussés, pendant toute l’année, de pâturage en pâturage par leurs conducteurs
- haras demi-sauvage : haras où les animaux sont abandonnés à eux-mêmes pendant une partie de l’année, mais où l’homme intervient par divers soins
- haras parqué : haras qui seuls méritent ce nom et où tout est disposé pour la production et l’amélioration
- haras d’amélioration, de tête, de pépinière, ou de souche : ceux dans lesquels on ne trouve que des reproducteurs d’élite et susceptibles d’améliorer l’espèce
- haras de production : ceux où l’on a surtout pour but la multiplication, la reproduction
- haras de mulet : lieu où on fait des croisements d’ânes et de juments
Traductions
(En particulier) Établissement dans lequel sont entretenus les reproducteurs de l’espèce chevaline pour la multiplication et l’amélioration (2)
Traductions à trier
Anagrammes
Références
- « haras », dans Émile Littré, Dictionnaire de la langue française, 1872-1877 → consulter cet ouvrage
- « haras », dans TLFi, Le Trésor de la langue française informatisé, 1971-1994 → consulter cet ouvrage
- (anglais) Clement Manly Woodard, Words for Horse in French and Provençal: A Study in Dialectology, Linguistic Society of America, 1939, p. 17
- Mohamed Ben Smaïl, Étymologies arabes en langue française, Éditions de la Méditerranée, 2005, p. 70
Moyen français
Étymologie
- (1480)[Godefroy] Du latin hara (« porcherie, poulailler »).
Nom commun
haras \Prononciation ?\ masculin
- Bordel, maison de prostitution.
- Femme qui va de nuyt sans torche
Et dit a chascun : tu l’auras ?
Elle est digne a peupler ung porche
Et mener quelque vieulx haras — (Guillaume Coquillart (fils), Les nouveaulx droitz, 1480)
- Femme qui va de nuyt sans torche
Références
- Frédéric Godefroy, Dictionnaire de l’ancienne langue française et de tous ses dialectes du IXe au XVe siècle, édition de F. Vieweg, Paris, 1881-1902 → consulter cet ouvrage
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