André Dunoyer de Segonzac
André Albert Marie Dunoyer de Segonzac, né le à Boussy-Saint-Antoine (Seine-et-Oise, aujourd'hui Essonne) et mort le à Paris, est un peintre, graveur et illustrateur français.
Naissance | |
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Nom de naissance |
André Albert Marie Dunoyer de Segonzac |
Nationalité |
Française |
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Mouvement | |
Famille | |
Père |
Louis Dunoyer de Segonzac (d) |
Mère |
Amélie Persil (d) |
Distinction | |
Archives conservées par |
Archives départementales des Yvelines (166J, Ms 10001-10003, 3 pièces, -)[1] |
On retient qu'« il apparut, dès 1918, comme le proncipal représentant du réalisme traditionnel »[2].
Biographie
Il est issu d'une famille de la noblesse française d'extraction (1558), originaire du Quercy. Dans sa jeunesse, André Dunoyer de Segonzac fréquente le lycée Henri-IV à Paris où il rencontre Gus Bofa qui restera un de ses proches.
En 1900, il est élève libre de l'École nationale supérieure des beaux-arts de Paris. En 1903, il entre dans l’atelier privé de Luc-Olivier Merson qu'il quitte après son service militaire pour, en 1907, devenir l'élève de Jean-Paul Laurens puis dispose d'un atelier ensuite à l'Académie de la Palette à Montparnasse, où il enseignera[3]. Il fait la connaissance de Luc-Albert Moreau et de Jean-Louis Boussingault avec lequel il partage un atelier au 37, rue Saint-André-des-Arts[3]. C'est aux côtés de ces deux derniers qu'il va « participer à un mouvement que Bernard Dorival va qualifier de néo-réaliste, s'opposant aussi bien à la tradition académique qu'aux courants d'avant-garde, sans toutefois posséder "une doctrine explicitement formulée »[4]. Ses premiers dessins sont publiés en 1908 dans La Grande revue et Le Témoin[2].
En 1908, il commence à exposer au Salon d'automne et au Salon des indépendants, avec Paul Signac et Maximilien Luce. Il s'installe à Chaville (alors en Seine-et-Oise, aujourd'hui dans les Hauts-de-Seine), ville qu'il habitera jusqu'en 1974, année de sa mort[5],[6]. Il travaille cependant dans son atelier de la rue Bonaparte à Paris[7].
À partir de cette même année 1908, louant une maison appartenant à Paul Signac, Dunoyer découvre les paysages de Saint-Tropez, auxquels il restera fidèle et où il vécut jusqu'à la fin de sa vie. Pierre Cabanne restitue : « Luc-Albert Moreau et André Villeboeuf viennent l'y rejoindre. Il ne la quitte maintenant que devant l'invasion bruyante et colorée de l'été. Léon-Paul Fargue l'y voit vivre dans cette maison du "Maquis", sous les oliviers ou le long desvignes dont il fera les paysages gravés de ses Géorgiques, sur les plages où des multitudes de corps se rôtissent au soleil et qu'il contemple "de son œil d'oiseau endormi" »[8]. Pour le reste, il mène une véritable vie de nomade, à la recherche du motif surtout à travers l’Île-de-France, la vallée du Grand Morin, Feucherolles, Chennevières-sur-Marne, Guyancourt, etc.
En 1910, il connaît le couturier Paul Poiret et rencontre Max Jacob, Raoul Dufy et Maurice de Vlaminck.
De 1910 à 1914, il voyage en Italie, en Espagne, en Afrique du Nord, et s’intéresse au sport et à la danse (dessins des Ballets russes d’Isadora Duncan, 1911, Les Boxeurs 1910).
De 1914 à 1918, mobilisé dans l’infanterie, il fait la guerre durement, avant d’être affecté au camouflage. Il exécute de nombreux dessins de guerre, précieux pour leur valeur artistique et documentaire.
Dès 1919, année où il s'initie à leau-forte afin d'illustrer Les Croix de bois de Roland Dorgelès[9], il figure de nouveau dans de très nombreuses expositions, dont les principaux salons parisiens. Ses premiers paysages à l'aquarelle datent de 1920[9].
En 1921, il rencontre Paul Valéry, Léon-Paul Fargue, Valéry Larbaud et Jean Cocteau[9]. En 1928, il fait un voyage aux États-Unis où il rencontre un vif succès. En 1930, il se lie d’amitié avec André Derain.
Il est membre du comité d'honneur de l'Association du foyer de l’abbaye de Royaumont et président de la Société des peintres-graveurs français.
Sous l'Occupation, il participe, en novembre 1941 à un « voyage d’études » en Allemagne, organisé par Arno Breker, acceptant, comme d'autres artistes parmi les plus renommés, de partir visiter les hauts lieux de la culture allemande ainsi que des ateliers d’artistes[10].
En 1947, il est élu membre de la Royal Academy de Londres. À partir de 1951, ses œuvres peintes et gravées font l'objet d'expositions multiples en France, en Europe et aux États-Unis. De nombreuses études lui sont consacrées.
Mort et postérité
Quittant ce monde dans une mort douce le 17 septembre 1974 - « Dunoyer de Segonzac est mort ce matin dans l'ignorance qu'il trépassait. La fin que lâchement je me souhaite » note ce jour-là son ami Michel Ciry[11] -, l'artiste est inhumé au cimetière de Saint-Tropez auprès de son épouse, l'actrice Thérèse Dorny (1891-1976)[12].
Michel Charzat, constatant que le nom d'André Dunoyer de Segonzac, qui « était sans doute l'un des peintres français les plus connus et les plus admirés du XXe siècle », n'est plus, un demi-siècle après sa mort, « retenu que par une génération de collectionneurs de gravures et de livres illustrés », retient cependant que, « célèbre dans les années 1920-1025, Dunoyer de Segonzac reste une figure incontournable de la peinture française. Associé à André Derain et Henri Matisse avec lesquels il forme le trio des maîtres de la peinture française contemporaine, figure "contraire" de Pablo Picasso, comme se plaisait à le définir Claude Roger-Marx, il en a été le parfait contemporain et ami. Son art ne s'est intéressé que furtivement au cubisme et à l'abstraction et reste marqué par le goût de la figuration commun à toute une génération d'artistes européens de l'entre-deux-guerres. Sa peinture s'impose comme l'une des plus représentatives du XXe siècle, par la somme des éloges reçus et par sa diffusion dans le monde entier, même si l'homme reste peu connu »[13].
Œuvre
À peu près indifférent aux révolutions esthétiques contemporaines, Dunoyer de Segonzac entreprend, avec les graveurs Jean-Louis Boussingault et Luc-Albert Moreau, de ressusciter le réalisme de Gustave Courbet en exécutant des natures mortes, des nus, des paysages, dans une pâte épaisse et maçonnée.
Il donne sa définition de l'art dans l'une de ses lettres au peintre Maurice Boitel, il écrit, dans les années 1950 : « Je n'ai pas oublié la période héroïque des indépendants — quand nous étions groupés autour de Paul Signac, du charmant et vaillant Maximilien Luce — dans ces baraques où l'Art vivant et authentique se groupait en dehors des formules académiques — ou des tendances littéraires et systématiques — qui devaient aboutir à cette esthétique abstraite dont crève la peinture. »[réf. nécessaire]
Initié à la gravure par Jean Émile Laboureur, il réalisa près de 1 600 cuivres de 1919 à 1970.
Bibliophilie
Il a illustré des ouvrages, notamment L'Éducation sentimentale de Gustave Flaubert (édition du centenaire 1821-1921 : Librairie de France, Paris, 1922) et La Treille Muscate de Colette. À propos de son dessin, Jean Alazard souligne son caractère « essentiellement français »[14].
- André Dunoyer de Segonzac, XXX dessins (30 dessins dont 10 nus, 14 mouvements de danse par Ida Rubinstein et Isadora Duncan, 4 scènes de boxe), 530 exemplaires numérotés, éditions du Temps présent, Paris, 1913.
- André Dunoyer de Segonzac, Notes prises au front, suite de 12 planches illustrées de dessins 26,5x35,5cm, 6 exemplaires numérotés tirés sur Chine constituant l'édition originale, Société littéraire de France, Paris, 1917?
- Roland Dorgelès, Les Croix de bois, dessins dans le texte et 10 pointes-sèches hors texte d'André Dunoyer de Segonzac, 519 exemplaires numérotés sur Lafuma teinté, éditions de La Banderole, Paris, 1921.
- Roland Dorgelès, La Boule de gui, illustrations d'André Dunoyer de Segonzac, 519 exemplaires numérotés sur Lafuma teinté, éditions de La Banderole, Paris, 1922.
- Roland Dorgelès, Le Cabaret de la belle femmes, illustrations d'André Dunoyer de Segonzac, 60 exemplaires numérotés sur papier Hollande, Émile-Paul Frères éditeurs, Paris, 1924.
Collections publiques
Australie
Canada
- Ottawa, Musée des beaux-arts du Canada[16] :
- Fernande, les mains croisées, estampe.
- La moissonneuse debout, estampe.
- La ferme à l'Aire l'après-midi, estampe, 1926.
- Paysage près de Saint-Tropez, dessin, vers 1947.
Danemark
États-Unis
- Ann Arbor, University of Michigan Museum of Art (en), Un blessé léger, crayon 23x27,5cm, 1914-1918[17].
- Bloomington (Indiana), musée d'Art de l'université de l'Indiana.
- Chicago, Art Institute of Chicago.
- Détroit (Michigan), Detroit Institute of Arts.
- Kansas City, musée d'art Nelson-Atkins, Sur le quai, gravure 16,2x11,4cm[18].
- Los Angeles, musée Hammer, Université de Californie :
- Fernande, pointe-sèche 11,3x12,1cm, 1921[19].
- Chêne-liège en hiver, gravure 23,8x29,5cm, 1926[20].
- New York :
- Metropolitan Museum of Art, Le bosquet, aquarelle et encre 73,7x54cm, 1938[21].
- Museum of Modern Art[22].
- Norman (Oklahoma), Fred Jones Jr. Museum of Art (en), Nature morte, aquarelle (ancienne collection Aaron Weitzenhoffer)[23].
- Philadelphie, Philadelphia Museum of Art, Sur la tavle, huile sur toile 33,7x80cm, 1926[24].
- San Francisco, musée des Beaux-Arts, Le gros chêne à Chaville, gravure 18,6x21,9cm, 1924[25].
- Washington, National Gallery of Art[26].
- Washington, National Portrait Gallery, Isadora Duncan, encre sur papier 42,5x25cm[27].
France
- Albi, musée Toulouse-Lautrec, Le golfe, aquarelle[9].
- Bagnols-sur-Cèze, musée Albert-André, L'église, dessin[9].
- Beauvais, musée départemental de l'Oise : Antoinette Schulte à son chevalet, 1938, plume, encre noire, lavis gris et fusain sur papier[28].
- Boussy-Saint-Antoine, musée Dunoyer-de-Segonzac.
- Cambrai, musée des Beaux-Arts[9] :
- Deux paysages.
- Étude de nu, dessin.
- Dole (Jura), musée des Beaux-Arts, dix gravures[9].
- Épinal, musée départemental des Vosges, Maison à l'arbre abattu[9].
- Grenoble, musée de Peinture et de Sculpture[9] :
- Paysage de Saint-Tropez, aquarelle.
- L'église, dessin et aquarelle.
- La Rochelle, musée des Beaux-Arts.
- Lille, palais des Beaux-Arts, La côtelette, 1933[9].
- Lyon, musée des Beaux-Arts, Vue de Saint-Tropez, aquarelle[9].
- Meudon, musée d'Art et d'Histoire.
- Paris :
- musée d'art moderne de la ville de Paris, Nu couché, huile sur toile, 1910[9].
- musée des Deux Guerres, dessins et aquarelles de guerre[9].
- musée national d'art moderne[29].
- Rodez, musée des Beaux-Arts Denys-Puech, Nu assis, dessin, 1939[9].
- Saint-Tropez, musée de l'Annonciade.
- Sceaux, musée du Domaine départemental.
- Strasbourg, Musée des Beaux-Arts[9] :
- Paysage d'Île-de-France, aquarelle.
- La fleur au fusil, dessin, 1914-1918.
- Toulouse, musée des arts précieux Paul-Dupuy :
- Troyes, musée d'art moderne : donation Pierre Lévy[32] :
- Paysage à la petite route à Périgny, huile sur toile 60x92cm, 1912-1913.
- Les dormeuses, huile sur toile 50x100cm, 1922-1924.
- Étude pour les canotiers, huile sur toile 61x92cm, vers 1923.
- Paysage à Villepreux, huile sur toile 72x90cm, vers 1920-1925.
- Nature morte, fleurs, pain et chapeau, huile sur toile 101x81cm, 1933 (tableau présenté sous le titre Le pain et le vin dans l'exposition Dunoyer de Segonzac, galerie Durand-Ruel, Paris, 1972.
- Nature morte au panier, huile sur toile 100x81cm, 1936.
- La baie de Saint-Tropez, encre de chine et lavis 55,5x76cm,
- Port de Saint-Tropez (étude pour La Treille Muscate de Colette), 26x32cm, 1928-1932.
- Paysage d'hiver (route de Lagny-sur-Marne à Annet-sur-Marne), plume et aquarelle 55,5x76cm, 1934.
- L'éveil du printemps, (étude pour Les Géorgiques), encre de Chine 32x26cm.
- Versailles, musée Lambinet[9] :
- L'escalier du Grand-Trianon vu du Grand-Canal, aquarelle.
- Ensemble d'aquarelles et dessins sur Versailles.
Japon
- Hiroshima, musée de'Art, Vue de Saint-Tropez, aquarelle 56,8x77,8cm[33].
Royaume-Uni
- Cambridge, Fitzwilliam Museum :
- Londres :
- Institut Courtauld : Nature morte aux œufs, huile sur toile 55,3x38,2cm, 1929[36].
- Tate Modern :
- Oxford, Ashmolean Museum, L'écluse, huile sur toile 81x100cm, après 1918[40].
Uruguay
- Montevideo, Museo Nacional de Artes Visuales[41] :
- Bacchantes, eau-forte 24x17cm.
- Le bosquet de Chaville, gravure 25x20,5cm.
Expositions
Expositions personnelles
- Février 1914 : Galerie Lévesque et Barbazanges, Paris.
- 1920 : André Dunoyer de Segonzac - Peintures et dessins, galerie Levesque, 109 rue du Faubourg Saint-Honoré, Paris.
- 1920 : exposition particulière, Londres.
- 1937 : André Dunoyer de Segonzac - Œuvre gravé, Bibliothèque nationale de France[9].
- 1938 : Chicago.
- 1939 : galerie Wildenstein, Londres.
- Janvier-février 1940 : Franzôsiche Graphik der Gegenwart und des 19 Jahshunderts ; André Dunoyer de Segonzac, Kunsthalle Basel, Bâle.
- Mai 1948[42], 1949-1950 : galerie Charpentier, Paris[43], Bâle.
- 1951 : musée d'art et d'histoire de Genève[9].
- 1955 : musée de Nice[9].
- Juin-octobre 1958 : André Dunoyer de Segonzac - Gravures, dessins, aquarelles, galerie Mansart, Bibliothèque nationale de France (site Richelieu), Paris.
- 1959 : Royal Academy, Londres[9].
- 1964 : Bibliothèque de Versailles[9].
- 1969 : Galerie Vallotton, Lausanne[9].
- 1972 : Galerie Durand-Ruel, Paris[9].
- 1974 : Les 90 ans d'André Dunoyer de Segonzac, galerie Vallotton, Lausanne[9].
- 1975 : Dunoyer de Segonzac - Rétrospective, musée de l'Athénée, Genève[9].
- 1976 : Dunoyer de Segonzac - Soixante-cinq ans de peinture, orangerie des Tuileries, Paris[9].
- 1978 : Donation André Dunoyer de Segonzac, musée de l'Île-de-France, château de Sceaux.
- Octobre-décembre 1984 : La Provence vue par André Dunoyer de Segonzac - Aquarelles, dessins, gravures, chapelle de la Charité, Marseille.
- Mars-juin 1985 : Dunoyer de Segonzac, musée Marmottan, Paris.
- Décembre 2021 - avril 2022 : André Dunoyer de Segonzac, un tropézien de cœur, musée de l'Annonciade, Saint-Tropez[44].
Expositions collectives
- 1910 : Luc-Albert Moreau, Jean-Louis Boussingault, André Dunoyer de Segonzac, Galerie Barbazanges, Paris[2].
- 1910 : Salon d'automne, Paris[45].
- 1911 : Salon des indépendants, Paris[45].
- Janvier 1920 : Œuvres nouvelles : Yves Alix, Jean-Louis Boussingault, André Dunoyer de Segonzac, Marcel Gromaire, Jean Marchand, Luc-Albert Moreau, galerie Druet, Paris.
- 1937 : Les maîtres de l'art indépendant (dans le cadre de l'Exposition universelle de 1937), Petit Palais, Paris[9].
- Janvier 1942 : Le dessin français contemporain - Exposition au profit de l'Entraide des artistes : trois cents dessins par Auguste Rodin, Edgar Degas, Raoul Dufy,André Dunoyer de Segonzac, bibliothèque municipale de Lyon[10].
- 1951 : Plaisir de France, galerie Charpentier, Paris[32].
- 1954 : Plaisir de la campagne, galerie Charpentier, Paris[32].
- 1957 : Cent chefs-d'œuvre de l'art français, galerie Charpentier, Paris[32].
- 1963 : Le paysage français de Cézanne à nos jours, musée Boymans-van-Beuningen, Rotterdam.
- Février-avril 1978 : Donation Pierre Lévy, orangerie des Tuileries, Paris[32].
Citations
Dits d'André Dunoyer de Segonzac
Réception critique
- « Une probité insolite par ces temps de tricherie. Personne, au zénith de la création contemporaine, ne témoigne actuellement d'une aussi totale loyauté. Très noble artiste que ce seigneur terrien rompu aux salons mais aimant ses galoches. Œuvre dionysiaque où l'amour de la vie supplante la pensée. Hymne païen que l'intensité de sa ferveur rapproche d'une adoration religieuse. » - Michel Ciry[42]
- « Qu'il ait peint le réel en réaliste, soucieux de respecter la vérité tangible, sans la déformer, sans en proposer même une interprétation subjective à l'excès, on ne saurait s'en étonner… Mais voici qu'à être animées par cette intention réaliste, les œuvres de Segonzac en finissent par présenter un aspect éloigné des apparences extérieures. Ses empâtements uniformes donnent à tout - eau, terre, arbres, chair humaine - ce même grain pulpeux et lourd qu'il recherche pour d'autres motifs encore : amour de l'artisanat, sans doute, et du tableau beau en soi, mais goût de la construction aussi, amour du permanent et de l'universel, besoin, enfin, du style et de la tenue… Son goût du style, d'un style un peu crispé à force d'être voulu, au moins dans ses peintures, et auquel il accède avec plus d'aisance dans ses lavis et dans ses aquarelles qui ne sont, à la vérité, que des lavis rehaussés de quelques tons, tous très sobres. C'est là que s'affirment le mieux ses qualités les meilleures : largeur et autorité d'un dessin qui n'en demeure pas moins léger et laisse frémir dans la lumière d'argent les formes cependant robustes et définies ; fougue réfléchie d'une facture assez élaborée pour sembler spontanée ; vérité d'une vision qui se veut objective, mais n'en parvient pas moins à la poésie, une poésie faite d'accord avec les choses de la nature, les forces de la nature, élémentaires et éternelles, la permanence de la vie universelle et toujours singulière. » - Bernard Dorival[3]
- « André Dunoyer de Segonzac, gentilhomme terrien de Boussy-Saint-Antoine, marque délibérément son retour à la nature où la terre, les feuillages drus et les corps nus, dans un même élan, se mêlent à la matière épaisse avec laquelle il triture, laboure et construit son univers. C'est le retour aux "vraies richesses" qui relève de Courbet, de Millet ou de Le Nain, au cours duquel Dunoyer de Segonzac n'a peut-être pas complètement oublié les leçons de Jean-Paul Laurens, son ancien professeur… Hostile à toute pression extérieure, à toute théorie, au risque de paraître inactuel, il n'a songé qu'à servir ses dons personnels qui furent évidents dès 1909 et conformés en 1933 par le prix Carnegie. Bien que marqué par un certain fauvisme fr la forme, il limite sa palette à des teintes spartiates, où l'on trouve, en particulier, des ocres, des terres qui représentaient son amour pour les réalités solides à côté de l'animation des cadmiums. Il fut - quels que soient le thème choisi et le lieu, picturalement transposé - soucieux de ne pas créer de dissonances, de ne pas disperser les formes essentielles qu'il entendait traduire dans sa toile. Pour lui, la qualité pictuale se trouve non dans l'éclat, mais dans la densité, non dans les contrastes et la violence, mais dans l'unité. » - René Huyghe de l'Académie française et Jean Rudel[47].
- « Aussi peu soucieux de conformisme que d'anticonformisme, il s'est toujours tenu à l'écart des préoccupations des peintres de sa génération, restant fidèle aux spectacles de la vie quotidienne et de la nature, comme on peut le constater en étudiant son œuvre qui, selon Élie Faure, est "sensualité directe, totale, intelligente, éprise des arabesques expressives que chargent la sève et le sang, mouvement des fonds et des formes vers l'unité globale et remuante de l'objet"… Comparé à celui d'autres graveurs plus déformateurs techniquement et visuellement, écrira Jean Bouret, l'art de Dunoyer de Segonzac reste traditionnel ; il enclôt néanmoins un ton de modernité qui ne trompe pas. Il a aussi pour lui une grande qualité : sa jeunesse d'émotion et d'expression. » - Les Muses - Encyclopédie des arts[4]
- « Sans abandonner complètement la peinture à l'huile, Dunoyer de Segonzac s'orientera de plus en plus vers l'aquarelle, le dessin et l'illustration. Maniant avec une science consommée l'aquarelle à laquelle il mêle volontiers le crayon, la plume et la gouache, il en fera son medium préféré, produisant des œuvres ayant une puissance et une ampleur digne de la peinture à l'huile. Le dessinateur n'est pas moins important, car dès 1909, Dunoyer de Segonac s'est intéressé au monde de la danse (Nijinsky, Isadora Duncan[27], Ida Rubinstein, à celui du cirque, celui de la boxe, semant tout au long e sa carrière d'innombrables croquis. Il convient aussi de faire état du graveur qui compte parmi les plus importants de notre époque… Dunoyer de Segonzac compte parmi le petit nombre des peintres qui ont voulu rester fidèles aux leçons du passé. Il y a apporté une robustesse, mais aussi un sens de l'harmonie et de la mesure où ses admirateurs ont voulu voir la persistance d'une certaine tradition française. » - Dictionnaire universel de la peinture - Le Robert[45]
- « Son univers oscille entre le soleil de Provence et la vie parisienne, entre l'Afrique, l'Espagne et l'Italie. Autant de thèmes d'inspiration que l'on retrouve dans l'œuvre d'un peintre qui crie sa passion de la terre et le bien-être qu'il éprouve à s'en sentir le maître respectueux. Dunoyer de Segonzac érige ce qu'il appelle la "tenue" en principe essentiel de l'œuvre d'art. Il s'agit d'être capable de dominer son sujet, d'attribuer à chaque chose son importance. C'est de la "tenue" que viennent le rythme, l'harmonie, et cette satisfaction complète dont l'essentiel de ses œuvres témoigne. » - Patrick-F. Barrer[48]
- « Il se situe dans l'histoire de l'art moderne comme le peintre le plus classique et le plus strictement indépendant au sens du terme de l'École de Paris entre les deux guerres : hors des modes, il a toujours accompli son œuvre et même sa carrière sans se soucier des différents mouvements qui s'échafaudaient autour de lui. Pas d'évolution non plus : on aurait tort de chercher à distinguer chez lui des périodes. Il s'épanouit au contact direct de la nature ("Segonzac ne peut rêver que face au motif et l'œil grand ouvert" disait Claude Roger-Marx), reprenant sans cesse ses thèmes favoris : la rivière, l'arbre, la ferme, l'oliveraie, le village et son église, dans des harmonies de verts de bleus et d'ocres. Ses tons sourds, aux valeurs rapprochées, exaltent les contours d'un paysage, d'un nu, d'une nature morte. Segonzac les fait vibrer avec plus de bonheur dans ses aquarelles que dans ses toiles, si l'on excepte ses huiles signées avant 1920, chefs-d'œuvre de robustesse paysanne et sensuelle. » - Gérald Schurr[49]
Prix et distinctions
Prix
- 1933 : prix de la fondation Carnegie de Pittsburgh[47].
- 1934 : prix de la Biennale de Venise[9].
- 1964 : grande médaille de la Ville de Paris.
Distinctions
- 1947 : membre la Royal Academy de Londres.
- 1948 : membre associé de l’Académie royale de Belgique.
Hommags
Le nom d'André Dunoyer de Segonzac a été attribué au collège de sa commune natale de Boussy-Saint-Antoine, à une résidence universitaire à Guyancourt, une allée à Vannes et à une école à Antony.
Notes et références
- « https://archives.yvelines.fr/rechercher/archives-en-ligne/correspondances-du-musee-departemental-maurice-denis/correspondances-du-musee-maurice-denis », sous le nom DUNOYER DE SEGONZAC A. (consulté le )
- Sous la direction de Michel Laclotte et Jean-Pierre Cuzin, Dictionnaire de la peinture, éditions Larousse, 2003, p. 278.
- Bernard Dorival, Les peintres du vingtième siècle - Du cubisme à l'abstraction, 1914-1957, éditions Pierre Tisné, 1957, pp. 24-26, 156.
- « Dunoyer de Segonzac », Les Muses - Encyclopédie des arts, Grange Batelière, Paris, tome 6, pp. 1988_1989.
- François Murez. Tribune : Sauvegardons la maison et le jardin du peintre Dunoyer de Segonzac à Chaville. Connaissance des Arts, 28 mai 2020. Lire en ligne
- https://www.leparisien.fr/hauts-de-seine-92/chaville-bientot-une-residence-dans-le-jardin-du-peintre-andre-dunoyer-de-segonzac-les-riverains-excedes-26-08-2020-8373633.php
- Guillaume Gillet. Mon voisin Dunoyer de Ségonzac. Revue des Deux Mondes, novembre 2016, pp. 342-352. Lire en ligne
- Pierre Cabanne, Le Midi des peintres, collection « Tout par l'image », Hachette, 1964, pp. 79-80.
- Jacques Busse, « André Dunoyer de Segonzac », Dictionnaire Bénézit, Gründ, 1999, vol.4, pp. 867-869}.
- Laurence Bertrand Dorléac, L'art de la défaite, 1940-1944, Seuil, 1993.
- Michel Ciry, « 17 septembre - Dunoyer de Segonzac est mort ce matin… », Détruire la nuit - Journal 1974-1975, Plon, 1977, pp. 182-183.
- Cimetières de France et d’ailleurs – Saint-Tropez.
- Michel Charzat, André Dunoyer de Segonzac (1884-1974) - La force, la nature, l'amour de la vie, éditions Gourcuff Gradenigo, Montreuil, 2021.
- Jean Alazard. André Dunoyer de Ségonzac. La Revue des Deux Mondes, novembre 2016, pp. 481-488. Lire en ligne
- National Gallery of Victoria, André Dunoyer de Segonzac dans les collections
- Musée des beaux-arts du Canada, André Dunoyer de Segonzac dans les collections
- University of Michigan Museum of Art, André Dunoyer de Segonzac dans les collections
- Musée d'art Nelson-Atkins, André Dunoyer de Segonzac dans les collections
- Musée Hammer, "Fernande" par André Dunoyer de Segonzac dans les collections
- Musée Hammer, '"Chêne-liège en hiver" par André Dunoyer de Segonzac dans les collections
- Metropolitan Museum of Art, André Dunoyer de Segonzac dans les collections
- Museum of Modern Art, André Dunoyer de Segonzac dans les collections
- Fred Jones Jr. Museum of Art, André Dunoyer de Segonzac dans les collections
- Philadelphia Museum of Art, André Dunoyer de Segonzac dans les collections
- Musée des Beaux-Arts de San Francisco, André Dunoyer de Segonzac dans les collections
- National Gallery of Art, André Dunoyer de Segonzac dans les collections
- National Portrait Gallery, "Isadora Duncan" par André Dunoyer de Segonzac dans les collections
- « Antoinette Schulte à son chevalet », notice no 000DE012770, base Joconde, ministère français de la Culture.
- Centre Pompidou, André Dunoyer de Segonzac dans les collections
- Musée des arts précieux Paul-Dupuy, "Le soldat blessé" dans les collections
- Musée des arts précieux Paul-Dupuy, "Dans les tranchées" dans les collections
- Hubert Landais (avant-propos) et Michel Hoog (introduction), Donation Pierre Jévy, éditions de la Réunion des musées nationaux, Paris, 1978, pp. 115-121.
- Musée d'Art de Hiroshima, André Dunoyer de Segonzac dans les collections
- Fitzwilliam Museum, "Nature morte" dans les collections
- Fitzwilliam Museum, "Paysage aux toits rouges" dans les collections
- Institut Courtauld, "Nature morte aux œufs" dans les collections
- Tate Modern, "Nature morte au chou" dans les collections
- Tate Modern, "Nu au journal" dans les collections
- Tate Modern, "La ferme dans la terre" dans les collections
- Ashmolean Museum, "L'écluse" dans les collections
- Museo Nacional de Artes Visuales, André Dunoyer de Segonzac dans les collections
- Michel Ciry, « 19 mai 1949 : vernissage de Segonzac à la galerie Charpentier », Le Temps des promesses - Journal 1942-1949, Plon, 1979, pp. 438-439.
- René-Jean. Un magnifique ensemble résume l'œuvre d'André Dunoyer de Ségonzac. Le Monde, 19 mai 1948. Lire en ligne
- Musée de l'Annonciande, André Dunoyer de Segonzac, un tropézien de cœur, présentation de l'exposition, 2021
- Dictionnaire universel de la peinture, Le Robert, 1975, vol.2, pp. 278-279.
- Carissa Beaune, « André Dunoyer de Segonzac », Encyclopédie Universalis
- René Huyghe de l'Académie française et Jean Rudel, L'art et le monde moderne, Larousse, 1970, tome 2, p. 64
- Patrick-F. Barrer, L'histoire du Salon d'automne de 1903 à nos jours, Les éditions Arts et Images du Monde, 1992, pp. 112-113.
- Gérald Schurr, Le Guidargus de la peinture, Les Éditions de l'Amateur, 1993, p. 362.
Annexes
Bibliographie
- René-Jean, A. Dunoyer de Segonzac, Les Peintres français nouveaux, no 11, Paris, NRF, 1922.
- Claude Roger-Marx, « Dunoyer de Segonzac », Cahier d'aujourd'hui, Paris, 1925.
- Paul Jamot, Dunoyer de Segonzac, Paris, 1941.
- Maximilien Gauthier, Dunoyer de Segonzac, imprimerie Union, Paris, 1949.
- Claude Roger-Marx, Dunoyer de Segonzac, Genève, 1951.
- Waldemar-George, Dunoyer de Segonzac, Arcueil, 1956.
- Bernard Dorival, Les peintres du vingtième siècle - Du cubisme à l'abstraction, 1914-1957, éditions Pierre Tisné, Paris, 1957.
- Jean Vallery-Radot et Jean Adhémar (préface de Julien Cain, Dunoyer de Segonzac - Gravures, dessins, aquarelles, éditions de la Bibliothèque nationale de France, 1958 (présentation en ligne).
- Antoinette Lioré, Pierre Cailler, Catalogue de l'œuvre gravé de Dunoyer de Segonzac, 8 volumes, Genève, Pierre Cailler, 1958-1970.
- Pierre Cabanne, Le Midi des peintres, collection « Tout par l'image », Hachette, 1964.
- Max-Pol Fouchet, Segonzac, Saint-Tropez et la Provence, Paris, 1965.
- G. Charensol, Dunoyer de Segonzac, in Les grands maîtres de la peinture moderne, Lausanne, 1967.
- René Huyghe de l'Académie française et Jean Rudel, L'art et le monde moderne, tome 2, éditions Larousse, 1970.
- Roger Passeron, Les gravures de Dunoyer de Segonzac, Bibliothèque des Arts, Paris, 1970.
- Pierre Cailler, Dessins de Segonzac de 1910 à 1971, éditions Pierre Cailler, Genève, 1971.
- Les Muses - Encyclopédie des arts, tome 6, Grange Batelière, Paris, 1971.
- Grande Encyclopédie Larousse, éditions Larousse, 1971-1976 (Consulter en ligne).
- Henri Hugault, Dunoyer de Segonzac, Bibliothèque des Arts, Paris, 1973.
- Dictionnaire universel de la peinture, vol.2, Le Robert, Paris, 1975.
- Roger Passeron, Aquarelles de Segonzac, Neuchâtel, 1976.
- Hubert Landais (avant-propos) et Michel Hoog (introduction), Donation Pierre Lévy, éditions de la Réunion des musées nationaux, Paris, 1978.
- Anne Distel, André Dunoyer de Segonzac , collection « Les maîtres de la peinture moderne », Flammarion, Paris, 1980.
- Sous la direction de Simone Bourland-Colin, La Provence vue par André Dunoyer de Segonzac, éditions Musées d'archéologie, Marseille, 1984.
- Marianne Delafond, Dunoyer de Segonzac, éditions du Musée Marmottan / Bibliothèque des Arts, Paris, 1985.
- Patrick-F. Barrer, L'histoire du Salon d'automne de 1903 à nos jours, Les éditions Arts et Images du Monde, Paris, 1992.
- Laurence Bertrand Dorléac, L'art de la défaite, Seuil, 1993.
- Gérald Schurr, Le Guidargus de la peinture, Les Éditions de l'Amateur, 1993.
- Emmanuel Bénézit (article de Jacques Busse), Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs, graveurs, vol.4, Gründ, 1999.
- Jean-Pierre Delarge, Dictionnaire des arts plastiques modernes et contemporains, Gründ, 2001.
- Sous la direction de Michel Laclotte et Jean-Pierre Cuzin, Dictionnaire de la peinture, éditions Larousse, 2003.
- Michel Charzat, André Dunoyer de Segonzac : la force de la nature, l'amour de la vie, Gourcuff Gradenigo éditeur, 2021, 239 p.
Filmographie
- Dunoyer de Segonzac (1962), film documentaire en couleur réalisé par Michèle Brabo (1916-2013), musique de Tony Aubin, commentaires de Robert Rey lus par Françoise Spira et Colette, production des films Septentrion. Il a obtenu la plaque du Lion de Saint-Marc à la 5e Exposition internationale du film sur l'art à Venise en 1962 (OCLC 77219194).
Liens externes
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