Histoire du Danemark

Cet article présente les faits marquants de l'histoire du Danemark.

Pour un article plus général, voir Histoire de la Scandinavie.

Préhistoire

Le tumulus de Tinghøjen, près de Hammershøj.

Les premières traces de civilisation humaine sur le territoire du Danemark remontent à une période interglaciaire de l'âge de la pierre. Après l'âge de glace, la surface de terre ferme était largement supérieure à celle d'aujourd'hui, parce que le niveau de la mer du Nord se situait 100 m plus bas qu'actuellement. Les eaux de la Baltique, alors un bassin d'eau douce, s'élevaient 50 m au-dessus de celles de la mer du Nord.

Comme dans le reste de l'Europe de l'Ouest, le repeuplement post-glaciaire à partir des refuges glaciaires est issue majoritairement des chasseurs-cueilleurs d'Europe du sud pendant 5 000 ans. L'unique haplogroupe du chromosome Y est I2. La couleur bleue des yeux et la couleur sombre des cheveux prédominent durant toute cette période[1].

C'est à cette époque qu'apparaît la culture de Bromme, encore épipaléolithique (10000–8400 av. J.-C.). Les tribus de cette culture, qui ne demeuraient vraisemblablement que de manière saisonnière dans la région, chassaient encore dans la toundra l'élan, le cheval, le sanglier et le renne. Suivent les Maglemosiens (8400–6000 av. J.-C.), puis les Kongemosiens (6000–5200 av. J.-C.). Si les plus anciens individus du Mésolithique du Danemark ont une diète liée à la chasse, elle se modifie par la suite et cette population a de plus en plus accès aux ressources marines[1]. Ainsi, les Kongemosien ont une alimentation plus variée, ils consomment également des baies, des noix, du poisson, des crustacés, des oiseaux et des racines. La dernière culture mésolithique, la culture d'Ertebølle (5200–4000 av. J.-C.), caractérisée par des amoncellements de coquilles, a laissé des traces dans le Jutland.

L'arrivée du Néolithique est tardive et est introduite par les populations du courant danubien. Elle a pour conséquence un changement profond de la population de la région avec très peu de contribution de la population de chasseurs-cueilleurs locaux. La diète change également soudainement et revient à une consommation purement terrestre. La proportion de cheveux de couleur plus claire augmente fortement au Néolithique dans la population[1].

La culture des vases à entonnoir est la première à pratiquer l'agriculture (aux alentours de -3900).

Le Néolithique au Danemark est relativement court (environ 1 000 ans) avant l’apparition de la culture de la céramique cordée et de populations dont l'ascendance est liée à la steppe pontique. Cela se traduit notamment par l'apparition des poignards en silex de la fin du Néolithique. Génétiquement, cela se manifeste également par l'apparition de l'haplogroupe du chromosome Y: R1 et l'augmentation de la taille de la population. La diète en revanche demeure essentiellement terrestre[1].

Âges des métaux

Le célèbre char solaire de Trundholm (appelé Solvognen en danois), sculpture représentant le soleil tiré par une jument (environ 1400 av. J.-C.).

L'âge du bronze danois se situe entre -1400 et -450. Les spécialistes pensent que les chars solaires illustrent un important fondement mythologique de l'âge du bronze. C'est à cette période que se forment des communautés rurales notoires.

Pendant l'âge du fer (500 av. J.-C. - 1 apr. J.-C.), le climat du Danemark et de la Scandinavie méridionale devient plus frais et plus humide, limitant l'agriculture et forçant les groupes indigènes à émigrer vers le sud, en Germanie. À cette époque, les habitants commencent à extraire le fer des marais de tourbe.

Les preuves de l'immigration celtique datent de cette période au Danemark et en beaucoup d'endroits de l'Europe du Nord-ouest, leur passage se reflétant dans certains noms de lieux les plus anciens. Pourtant, les spécialistes du monde celte, tel que Venceslas Kruta, signalent que, mis à part le mobilier et les emprunts techniques, la culture locale n'est pratiquement pas influencée. La culture de Jastorf du IVe siècle av. J.-C. au Ier siècle av. J.-C. attestée au Jutland et en Allemagne la plus septentrionale aurait joué par contre un rôle à la dimension de la Scandinavie pendant son épanouissement.

C'est en 113 av. J.-C. que sont mentionnés pour la première fois les Cimbres et les Teutons, établis dans le Jutland et au sud de celui-ci. L'épuisement de la terre cultivée, les transgressions marines ou autres ondes de tempêtes, l'importance des zones tourbeuses semblent avoir contribué aux migrations croissantes entre les contrées de l'Europe nordique, ou plus simplement hors de celles-ci et aux conflits des tribus teutonnes avec les colons romains en Gaule ou en Italie du nord.

La culture nordique subit fortement l'influence de la civilisation de la céramique méditerranéenne. Au Ier siècle av. J.-C., après une lente phase d'expansion sur une grande part du nord de l'Allemagne actuelle, émerge le monde germanique, caractérisé par des langues et des structures familiales germaniques.

Les provinces romaines dont les frontières sont proches du Danemark ont entretenu des relations commerciales avec les peuples danois, attestées par des pièces de monnaie romaine retrouvées dans le pays. La première inscription runique mise au jour date de l'an 200 environ. Du IIe au VIe siècle, on trouve des traces d'un début de cité majeure à caractère central, qui entretenait des relations commerciales loin à la ronde, au sud-est de la Fionie.

L'âge du fer germanique

L'Europe centrale au Ve siècle.
Angli: Angles Dani: Danois Iuti: Jutes Franci: Francs Frisi: Frisons Heruli: Hérules Saxoni: Saxons Varni: Wendes

L’âge du fer germanique est une période comprise entre 400 et 800 apr. J.-C., au moment des invasions barbares. Son début est marqué par la chute de l’Empire romain et la montée en puissance des « royaumes barbares » en Europe occidentale. Parmi les restes les plus connus de cette période, il convient de citer les « hommes des tourbières », qui semblent être les corps préservés de deux hommes étranglés, peut-être au cours d'un sacrifice communautaire ou d'une exécution de prisonniers condamnés à mort.

Entre 400 et 500, les Jutes, ainsi que les Saxons, les Angles et les Frisons, colonisent l'île nommée Britannia par les Romains (l'actuelle Grande-Bretagne), en passant par la Mer du Nord.

Période des migrations : installation légendaire des Daner

Les incursions au Danemark depuis le nord augmentent au Ve siècle. Les ancêtres des Danois d'aujourd'hui seraient une tribu appelée Daner. Vraisemblablement originaires du sud de la Suède, en particulier de Scanie et du Halland, ils s'installent au Jutland et dans quelques îles de la Baltique occidentale aux alentours de l'an 500. Ils chassent alors du territoire les anciennes tribus germaniques qui s'y étaient installées auparavant. Dès lors, leur nom est appliqué à tout le Jutland par les Germains vivant au Sud.

Pendant la première moitié du VIe siècle, l'existence et les faits guerriers des Danois sont mentionnés dans des sources gothiques, franques et byzantines. Parmi celles-ci figure notamment le récit fait par Procope des migrations des Hérules depuis la région du Danube vers le nord. L'un des peuples qu'ils approchent y est appelé les Danoi. Jordanès décrit dans son Histoire des Goths des conflits entre Danois et Hérules. Cet historien est d'avis que les Danois sont des descendants des Suédois. Grégoire de Tours qualifie le roi Chlochilaicus de « roi des Danois » ; c'est l'adaptation en latin du nom vieux norrois Hugleikr, en anglais ancien il se nommerait Hygelac. Le poète Venance Fortunat célèbre, dans ses louanges aux rois francs Clotaire Ier et Chilpéric Ier, leurs victoires sur les Danois.

Comme le rappelle cette facile victoire franque et le VIIe siècle suivant, les peuples danois des détroits de la mer Baltique sont soumis aux flux humains et à l'influence culturelle incessante et durable des peuples de la Baltique, à commencer par les Wendes et les Slaves. Il ne constitue une menace que par leur instabilité chronique et leur division incessante.

Sédentarisation danoise

C'est au VIIIe siècle que se constituent les premières villes. La plus ancienne ville du Danemark est Ribe (sud du Jutland). Les premières traces d'urbanisation retrouvées à Aarhus et à Copenhague datent également de cette époque. Les Danois qui ont mieux su préserver leur langue que leur culture et institution germaniques, seraient les premiers habitants sédentarisés de manière durable sur ce territoire sans être esclaves. Ces petits peuples paysans, organisés en cantons de défense, n'en sont pas moins restés par nécessité des marchands et des guerriers redoutables.

Haut Moyen Âge

Les rois danois du VIIIe au Xe siècle

La première union centralisée aurait lieu vers 705. On a dès lors une succession de rois danois[2] de caractère plus ou moins légendaire :

Les rois suivants sont attestés par les sources franques, en particulier les Annales regni Francorum, du fait que les Danois ont alors plusieurs occasions d'entrer en relation avec l’État dirigé par Charlemagne :

  • Siegfried Ier de Danemark, attesté comme roi de 777 à 798[3] : en 777, il offre l'asile à Widukind, chef saxon en rébellion contre Charlemagne ;
  • son fils Godfried lui succède probablement ; en 808, il entame la construction d'une ligne de fortification sur sa frontière méridionale, afin de protéger le pays contre les incursions des Francs ;
  • en 810, Hemming lui succède : il signe dès 811 avec Charlemagne un traité qui garantit ses frontières, mais est tué dès 812, peut-être au cours d'une guerre civile.

En juin 826, Harald Klak se fait baptiser à Ingelheim, puis part reconquérir son royaume contre les fils de Godfried. Entre 826 et 829, une partie du pays est évangélisée à son instigation par un moine, Anschaire. Harald Klak meurt en 863.

En 878, le roi Guthrum se fait baptiser avec pour parrain le roi Alfred le Grand.

L'affaiblissement des Francs au cours du Xe siècle favorise la monarchie danoise qui réussit à se défendre des invasions venues du Sud. L'union est achevée sous le règne de Harald Ier de Danemark « à la dent bleue », mort vers 987.

Les pierres runiques comme la Grosse pierre de Jelling, sur lesquelles apparaît pour la première fois le nom « Danemark », sont souvent considérées comme l'acte de naissance du Danemark[4].

L'époque Viking

L'entreprise de raids de pillage dès la fin du VIIIe siècle, de même que la majeure partie de la seconde étape de colonisation et d'installation au long des rivages de l'Atlantique et des mers bordières (actes précurseurs dans la maritimisation du Danemark) est une activité essentiellement privée. Si la première phase de terreur pourrait être décrite sous le qualificatif viking, la seconde phase d'installations des Nortmanni et surtout la soumission de vastes parties de territoire à l'autorité et à l'imposition d'un tribut régalien nécessite un soutien logistique de chefs de guerre et de rois. Le Danelaw, statut légal confondu avec un vaste territoire à l'est de l'Angleterre en témoigne.

Presque tous les villages danois datent de l'époque viking et ont donc plus de 800 ans. Les villages, dont le nom se termine en -heim, -ing(e), -lev, -løse et -sted font partie des plus anciens. Ils apparaissent déjà à l'époque des migrations. Les noms de village contenant -torp et -toft(e) sont probablement arrivés d'Angleterre aux VIIIe et IXe siècles[Quoi ?], ceux en -by provenant de Suède[réf. nécessaire].

Les villages dont le nom se termine par -rød, -rud, -tved, -holt, -skov, -have et -løkke indiquent que les terres sur lesquels ils se sont développés, ont été gagnées par défrichage au XIIIe siècle.[réf. nécessaire]

Reconstitution du village viking de Haithabu (Hedeby)

De nombreuses expéditions vikings sont organisées dès la fin du VIIIe siècle. Leurs fréquentes incursions désolent surtout la Grande-Bretagne et l'Irlande, puis l'empire carolingien et, dans une moindre mesure, l'Espagne pendant plus d'un siècle. La « Grande armée païenne » débarque en Est-Anglie, conquiert progressivement une partie du territoire (les terres sous leur domination sont alors appelées Danelaw). La domination viking sur une partie de l'Angleterre[Laquelle ?] perdure jusqu'en 1066[réf. souhaitée][5].

Naissance du Danemark

Aux environs de 730, les Danois construisent près de Schleswig un important système de fortification pour se protéger des Saxons: le Danevirke, ligne défensive d'une trentaine de kilomètres de long. Vers 800, un roi danois local enlève les marchands internationaux établis à Rerik, alors en territoire slave, et les réinstalle à Haithabu[réf. nécessaire] (aujourd'hui Hedeby).

Navire viking au musée de Ribe

Dans les décennies suivant l'an 900, le Danemark n'est pas gouverné par un souverain unique mais se trouve au contraire sous l'influence de deux, si ce n'est trois centres de pouvoir. Le sud du Jutland et la cité commerçante de Haithabu (Hedeby) sont entre les mains de rois suédois envahisseurs, dont la présence est attestée par Adam de Brême et par deux des pierres runiques de Haithabu[6]. Les Suédois occupaient le Lolland. À Jelling, une autre maison royale, venue de Norvège après Adam de Brême aux environs de l'an 900, avait son siège. Il existe en revanche des doutes quant à la domination du Seeland et de la côte de Scanie par Håkon le Bon[7].

En 934, Henri Ier de Saxe responsable de l'ancienne marche carolingienne du Schleswig méridional défait Knut Ier à la bataille de Haithabu. Le roi danois vaincu devient alors son obligé, il doit payer un tribut et sa famille est contrainte de se convertir à la foi chrétienne. À la suite de ce traité, les incursions danoises en territoire frison depuis l'embouchure de l'Eider s'interrompent jusqu'en 980. Les Vikings danois semblent s'être alors tournés vers l'est. Une pierre runique[Laquelle ?] de cette époque honore en effet un guerrier tombé en Suède. D'après les annales de Corvey pour l'année 934[réf. souhaitée], « les Danois » s'étaient soumis à Henri Ier. Le territoire exact que cela représentait (en particulier la mesure dans laquelle le Jutland était aussi concerné) n'y est pas indiqué.

Le royaume de Harald à la dent bleue (rouge) et ses vassaux (jaune)

On ne sait d'ailleurs pas précisément ce que les gens de l'époque désignaient par Danemark. Les écrits[Lesquels ?] d'Alfred le Grand sur les voyages d'Ottar[8] et de Wulfstan, le témoignage le plus ancien à ce sujet, appelaient « Danemark » le sud de l'actuelle Suède, y compris la Scanie, les îles de Falster, du Lolland, du Langeland et probablement aussi le Seeland ainsi que les autres îles danoises orientales. Ce n'est que sur une pierre[Laquelle ?] trouvée au nord du Jutland, datant de l'époque des pierres de Jelling, que le Nord-Jutland est pour la première fois cité comme faisant partie du Danemark, peut-être une conséquence de l'unification sous Harald à la dent bleue. Pourtant c'est au Xe siècle que s'impose l'appellation Danemark, qui semble résulter de l'appellation chrétienne et carolingienne de l'ancienne marche des Danes[évasif]. Plus que les Daner mythiques du Ve siècle, la racine locative germanique * dan indique que ce sont des habitants du lieu géographique, donc de la Scandinavie méridionale[pas clair].

Une christianisation lente

L'histoire du christianisme au Danemark se recoupe en partie avec celle de l'époque viking décrite ci-dessus. Aux alentours de l'an 725, l’archevêque d’Utrecht d’origine anglo-saxonne Willibrord se rend au Danemark[4]. Il y est reçu par le roi Ongendus (sans doute Angantyr)[réf. souhaitée]. Malgré ses efforts, le roi refuse de se convertir. Aucune autre tentative d'évangélisation n'a lieu sous Charlemagne, celui-ci refusant que les missionnaires se rendent dans des territoires non soumis à son autorité. Cette interdiction était liée à son idée qu'Empire et Église étaient indissociables[réf. nécessaire].

Louis le Pieux

Sous le règne de Louis le Pieux, le missionnariat au-delà de la frontière nord de l'Empire reprend. L'assassinat du roi viking Godfried en 810 fait avancer cette entreprise. Dans la querelle successorale qui s'ensuit, Harald Klak se fait baptiser à en 826, à l'abbaye Saint-Alban devant Mayence, avec 400 de ses partisans, dans l'espoir que cette conversion incite l'empereur Louis le Pieux à le soutenir[réf. nécessaire]. C'est l'occasion pour l'Église de poursuivre la mission en Scandinavie entamée en 823 par [[Ebon de Reims|Ebon de Reims[réf. nécessaire]]]. Le missionnaire Anschaire ou Ansgar accompagne Harald dans sa marche pour la conquête du pouvoir[9]. Cependant, Harald échoue et avec lui l'évangélisation du territoire[réf. nécessaire].

La statue d'Anschaire ou Ansgar, saint patron du Danemark devant la Marmorkirke (église de marbre) de Copenhague.

En 831, l'archevêché de Hambourg est créé à l'occasion d'un synode convoqué par l'empereur Louis. Anschaire est nommé archevêque et se voit octroyer le droit d'investir des évêques en Scandinavie et d'y envoyer des prêtres. L'intention politique sous-jacente est d'intégrer le Nord à l'Église impériale, ce qui n'est possible qu'avec un siège épiscopal dans l'empire. La campagne d'évangélisation s'interrompt brutalement en 845, après le pillage de Hambourg par les Danois, parce que toutes les ressources ont été détruites[9]. Les archevêchés de Hambourg et de Brême sont alors réunis[9]. L'archevêque Anschaire rencontre le roi du Danemark Horik Ier vers 850[9], conjointement avec les émissaires de Louis le Germanique. Il ne parvient pas à le convaincre de se faire baptiser mais reçoit de sa part l'autorisation d'ériger une église à Schleswig[réf. souhaitée]. Horik entre en conflit avec ses neveux vers 850 pour des questions de succession sur le trône. Il tombe au combat en 854 dans une guerre civile et avec lui, tous ses conseillers favorables à Anschaire. Le seul survivant de son clan est Horik II. Celui-ci est dans un premier temps sous l'influence du puissant Jarl Hovi de Schleswig, opposé aux chrétiens. Horik II se débarrasse toutefois rapidement de son conseiller et se tourne vers Anschaire, lui demande des prêtres, offre à l'église un terrain pour construire une église à Ribe et y autorise la présence d'un prêtre. Bien qu'il refuse lui aussi le baptême, Horik II envoie en 864 des cadeaux au Pape Nicolas Ier. Pendant les conflits avec l'archevêque de Cologne suscités par la création de l'archevêché de Hambourg-Brême, le travail des missionnaires au Danemark ralentit à nouveau. Il ne reprend que sous l'archevêque Unni de Hambourg, lequel recommence à envoyer des prêtres au Danemark, avec le soutien de Harald à la dent bleue. Le père de ce dernier, Gorm le Vieux avait unifié[10] le Danemark mais ces croyances étaient inconditionnellement païennes et il y détruit probablement l'église de Schleswig[réf. nécessaire].

Harald Ier fonde, dès son entrée au pouvoir avec son père Gorm le Vieux aux environs de 940, trois évêchés au Danemark: Schleswig, Ribe et Aarhus[11]. Dans les années 980 vient s'ajouter l'évêché d'Odense en Fionie[11]. En 965, année du baptême du roi par le prêtre Poppo tous les évêchés danois sont libérés, par privilège impérial, de l'obligation de verser un impôt et du droit d'ingérence des baillis impériaux. Le but est d'exclure toute atteinte à la souveraineté du roi du Danemark. L'archevêque de Brême est alors le seul lien entre le Danemark et l'Empire. Le roi danois conserve la compétence d'investir les évêques sur son territoire mais les évêques danois sont des suffragants de l'archevêque de Brême et donc membres de l'Église impériale. Sous l'influence des églises anglaises, les églises scandinaves commencent à revendiquer une dissociation de l'Église impériale. Parallèlement au renforcement de l'autorité papale, les églises nationales se mettent à entrer en contact directement avec le Pape, en contournant les instances de l'Empire. Cependant, la Curie subordonne l'indépendance des églises scandinaves, qu'elle souhaitait également, à la condition de l'achèvement de l'évangélisation dans le pays. Les critères fixés étaient : 1) la conversion au christianisme de la maison royale et des classes dominantes, ainsi que de la majorité de la population, 2) une institutionnalisation, à tout le moins une amorce d'institutionnalisation, de la vie ecclésiastique à travers des couvents et une organisation en paroisses et en diocèses, et enfin 3) l'indépendance nationale et la stabilité territoriale.

Souvent considéré comme le "certificat de naissance" du Danemark, les pierres de Jelling annoncent l'unification du pays par Harald Ier vers 980.

Entre 960 environ et le début des années 980, Harald à la dent bleue semble régner sur un territoire s'étendant du Jutland à la Scanie. À la même époque, il reçoit la visite d'un missionnaire allemand qui, selon la légende[12], aurait survécu à une ordalie par le feu, ce qui aurait convaincu Harald de se convertir au christianisme. Il se fait baptiser vers 965. La nouvelle religion, qui se substitue aux anciennes pratiques religieuses nordiques, présente de nombreux avantages pour le roi. Le christianisme apporte avec lui un certain soutien de la part du Saint-Empire. Il permet aussi au roi de se débarrasser d'opposants adorant les anciennes divinités. À ce stade précoce, aucune preuve ne démontre que l'Église danoise ait été en mesure de créer une administration stable sur laquelle Harald ait pu s'appuyer pour exercer un contrôle plus efficace sur son royaume mais elle peut avoir contribué au développement d'un royaume de plus en plus puissant.

Sven Ier, le successeur de Harald, fait venir des missionnaires anglais. Il convoque l'évêque Gotebald d'Angleterre et l'envoie en Scanie. Le clergé danois est de plus en plus composé de gens de la région. L'église danoise commence de surcroît à se livrer elle-même au missionnariat. Propst Oddar, un parent de Sven Gabelbarts, meurt en martyr à l'occasion d'une mission auprès des Wendes en 1018. Knut le Grand, qui succède à Sven Ier, mène une politique d'alliance ouverte avec l'Église anglaise. Cette politique est due à l'archevêque Lyfing de Cantorbéry, qui a vraisemblablement apporté le premier denier de Saint-Pierre versé par Knut à Rome et qui a obtenu sa reconnaissance papale en tant que roi. Le Pape Benoît VIII est le premier, depuis Nicolas Ier, à écrire directement une lettre à un Danois. Le souhait d'indépendance par rapport à l'archevêché de Hambourg se concrétise lorsque l'archevêque Aethelnoth de Canterbury consacre trois évêques pour le Danemark : Gerbrand pour Roskilde, Bernhard pour la Scanie et Reginbert pour la Fionie. Cette investiture par l'archevêque anglais a pour effet de séparer Lund de Roskilde et d'engendrer un conflit entre le roi Knut et l'archevêque Unwan (1013–1029). En 1022, ce dernier arrête Gerbrand pendant son voyage d'Angleterre au Danemark et le convainc des prérogatives de l'archevêché de Hambourg sur le Danemark. Il parvient ensuite à faire valoir les droits d'investiture de l'archevêché hambourgeois, à la suite de quoi c'est l'archevêque Libentius de Hambourg qui institue en 1029 Avoco comme successeur de Gerbrand à Roskilde.

Unification du Danemark

Le Danemark est unifié une première fois vers 936 sous Gorm le Vieux[réf. nécessaire] qui, en réaction à la tutelle imposée d'Henri Ier l'Oiseleur, érige de puissantes fortifications sur le Dannewirke au Slesvig et installe des camps de formation militaire, véritables casernes, pour constituer une armée efficace. Son fils Harald à la dent bleue entreprend durant son principat et règne de 940 à 985 la conquête de la voie maritime du Nord ou Norvège. Le pouvoir du roi n'est toutefois pas encore très développé, on ne peut pas parler de « gouvernement » au sens moderne du terme. Cela se reflète notamment dans les campagnes militaires désorganisées menées jusqu'au règne de Sven Ier, parfois même contre des territoires appartenant au roi lui-même. Jusqu'au début du XIe siècle, les Danois sont appelés Normanni(i), hommes du Nord, ils fondent des colonies dans toute l'Europe, font du commerce et s'assimilent aux populations rencontrées alors que les Vikings pillaient autrefois des régions entières et menaient la guerre.

Sous le règne de Knut le Grand, le territoire danois s'étend dans une mesure considérable. Il inclut alors, outre l'actuel Danemark, aussi des parties de la Suède, de la Norvège et, après la longue lutte de Knut contre Edmond Côte-de-Fer, l'Angleterre en 1028. Pendant que Hardeknud règne sous le nom de Canut III de 1035 à 1042, la Norvège s'émancipe. Harald Patte-de-Lièvre devient roi d'Angleterre.

À la mort de Knut III en 1042, Magnus Ier de Norvège s'installe sur le trône. Le neveu de Knut le Grand, Sven Estridsson, refuse de le reconnaître comme souverain légitime. Magnus meurt cinq ans plus tard dans des circonstances indéterminées et Sven prend le pouvoir, qui revient ainsi en mains danoises.

L'union avec l'Angleterre prend fin en 1042.

La dynastie skioldungienne s'éteignit en Danemark en 1047 et fut remplacée par les Esthrithides.

Bas Moyen Âge

Au terme d'une vaste expansion née de sa puissance militaire et d'une régression extraordinairement rapide, le royaume danois conserve le contrôle des détroits d'entrée et de sortie de la Baltique. Si les horizons de la mer du Nord se referment lentement, la mer baltique appelle le renouveau du pouvoir régalien, s'il veut favoriser les marchands et les villes danoises.

L'Église ne cesse d'étendre son influence séculaire. La société agricole de 700 000 personnes est à la fin du XIe siècle une société aux normes apparemment féodales : un clergé puissant, une noblesse séculière de grands propriétaires terriens qui constitue le noyau de la défense du royaume, une bourgeoisie qui grandit en même temps que les villes et une paysannerie très nombreuse.

À partir de l’époque de Knut le Saint (fils illégitime de Sven Estridsen, règne de 1080 à 1086) le Royaume de Danemark s’enrichit considérablement, tout en maintenant des liens étroits avec l’Église. On peut citer comme exemple l’acte de donation délivré pour la Cathédrale de Lund[13]. L’argent destiné à la construction de l’édifice provient essentiellement d’amendes pour atteinte à l’ordre public ou inexécution de la Leding. Cette dernière était une obligation faite aux sujets de fournir au roi un certain nombre de navires, équipage compris, en période de guerre. Le manquement à ce devoir était punissable et le contrevenant devait généralement céder des terres[14]. Les efforts déployés par Knut le Saint pour accroître le pouvoir royal et faire rayonner l’influence du Royaume de Danemark sont vus d’un mauvais œil par une partie de la population, en particulier en raison de l’augmentation des impôts. Des nobles et des paysans se révoltent, avec l’appui du propre frère du roi, Olaf dit « la Famine »[15]. Le roi est finalement assassiné le par des révoltés, à l'intérieur de l’église en bois de Saint-Alban, à Odense. Sous le règle d’Olaf, cependant, la famine et les épidémies frappent le royaume. L’Église répand l’idée qu'il s'agirait d’un châtiment divin provoqué par le meurtre de Knut. On rapporte alors des miracles qui se seraient produits près de la tombe de Knut. Erik, frère et successeur d’Olaf, envoie des émissaires à Rome afin de présenter au Pape les preuves des miracles en question. En réalité, l’objectif poursuivi était politique : il s’agissait d’affirmer le droit divin de la famille au trône du Danemark. La canonisation, intervenue en 1101, ainsi que le pèlerinage d’Erik à Jérusalem (au cours duquel il perdra la vie[4]), sont révélateurs de la relation de plus en plus étroite entretenue par la monarchie danoise avec l’Église[16]. Le Royaume et l’Église poursuivent des buts d’expansion communs, les deux parties œuvrant à la mise en place d’un pouvoir central.

Le royaume chrétien du XIIe siècle et XIIIe siècle

La Scandinavie en 1219. Les royaumes du Danemark, de Norvège, de Suède et les Chevaliers Porte-Glaive. En jaune: l'île estonienne de Saaremaa (Ösel) revendiquée par le Danemark (finalement conquise par les Porte-Glaive en 1227) et les territoires conquis par le Danemark en actuelle Allemagne du nord.

En lutte contre les attaques des Wendes, le Danemark devient quelques années fief du Saint-Empire pour s'en assurer la neutralité[4] (1153-1162)[réf. souhaitée]. Le royaume danois redevient indépendant par la puissance de Valdemar le Grand qui confie à Absalon, son proche conseiller, la fondation de Copenhague en 1167[4]. Au terme d'une longue lutte avec Eskil, archevêque de Lund, Valdemar impose une monarchie héréditaire danoise consacrée par l'église. Mais dès son avènement, il donne son épée pour imposer le christianisme[pas clair] et tourne le royaume du Danemark vers la mer Baltique[Comment ?]. Le royaume devient aussi une puissance incontournable en Allemagne du Nord. Il conquiert l'île de Rügen (1168)[4], les pays slaves au nord de l'Elbe (Abodrites, Vélètes, etc.), le Mecklembourg (1184-1188), le Holstein, la Poméranie, la Pomérélie (1210), le Lauenbourg happé en 1203 et annexé en 1214, la mainmise sur l'Estonie après la croisade de Valdemar le Victorieux entre 1218 et 1219[réf. nécessaire]. La mer Baltique est une mer danoise pour quelques décennies. L'ensemble de l'Estonie est annexée en 1239[réf. nécessaire]. Mais l'emprise en Allemagne du Nord renforcée en 1214 se détend dramatiquement après 1225, l'hégémonie danoise s'évanouit et les morceaux de l'empire maritime se disloquent avant de s'effondrer avant 1240. Avant la perte des dernières parties de l'éphémère empire balte, la crise est interne au Danemark. La monarchie affaiblie cesse d'être héréditaire et redevient élective en 1250, la charte de 1282 impose un contre-pouvoir socialement conservateur, l'assemblée nobiliaire ou diète[4].

L'île de Rügen est perdue en 1325[réf. nécessaire]. L'Estonie est vendue en 1347 à l'Ordre Teutonique[réf. nécessaire].

L'Union de Kalmar

Après 1350, la peste noire inflige en deux décennies au Danemark et, en général, à la Scandinavie, une grande perte de population, entraînant du même coup des bouleversements économiques et sociaux. Les Esthrithides s'étant éteints en 1375, la succession devient litigieuse jusqu'à ce que la tutrice du Danemark, Marguerite Ire de Danemark, fille de Valdemar IV de Danemark, a donné la couronne à Éric de Poméranie (1396). Elle l'avait déjà fait héritier en 1389 de son fils avec Haakon V roi de Norvège, Oluf, roi de Danemark et de Norvège. Elle le fait couronner roi de Suède en 1397, par l'Union de Kalmar, qui fondait les trois États en un seul, unissant le Danemark à la Suède et à la Norvège[4].

Cette union est une aubaine pour le Danemark qui prend la tête économique et politique de l'ensemble, capable d'être un contre-pouvoir face à la Ligue hanséatique.

En 1448, après la mort de Christophe de Bavière, Christian Ier de Danemark, de la maison d'Oldenbourg, est élu roi[17] : cet héritier par sa mère du duché de Schleswig et du comté de Holstein est ensuite nommé roi de Norvège en 1450, puis roi de Suède en 1457. Il réunit au terme de son règne le Holstein à ses États qui comprenaient aussi l'archipel danois, le Jutland et aussi le Slesvig dès 1460.

Mais l'union avec la Suède n'existe guère que nominalement : après avoir été plusieurs fois rompue de fait, notamment en 1448, la rupture devient enfin définitive en 1523, à la suite d'évènements sanglants, puis de la révolte de Gustave Ier Vasa contre Christian II de Danemark.

La Norvège, quant à elle, perd son indépendance et cesse même d'être un royaume en 1536 pour devenir une simple colonie danoise[4], en partie longtemps doublement assujettie sous le monopole hanséatique. Elle conserve en Suède cinq provinces maritimes de la Gothie jusqu'en 1814. Les possessions en mer du Nord, initialement norvégiennes (Groenland, îles Féroé, Islande) deviennent progressivement danoises.

En 1479 est fondée l'université de Copenhague[18].

La période moderne

En 1530, la réforme luthérienne au profit du pouvoir royal est imposée aux sujets du royaume de Danemark et de Norvège[réf. nécessaire]. En 1536, les principales résistances danoises sont balayées. Il ne reste parmi les plus réticents que quelques groupes de catholiques norvégiens isolés dans leurs provinces. Ainsi le pouvoir administratif danois peut mieux justifier la colonisation autoritaire des élites danoises et imposer un rigoureux encadrement des paysans norvégiens[réf. nécessaire].

La Réforme

La Réforme, qui est originaire d'Allemagne et des idées de Martin Luther, a un fort impact sur le Danemark. L'Église nationale est aujourd'hui encore luthérienne. Au Danemark, le protestantisme ne s'étend toutefois pas grâce à l'enthousiasme populaire pour la réforme de l'Église, sauf dans les villes, mais par le projet d'un prince visant à l'accroissement de ses richesses par la sécularisation des biens de l'Église[4].

La Réforme est imposée au Danemark en 1536 à la suite d'une guerre civile de trois ans[4]. En 1533, à la mort de Frédéric Ier, un conseil de régence composé d'évêques prend le contrôle du pays et refuse de reconnaître l'élection de Christian III, déjà converti au luthéranisme[4]. Christian III sort vainqueur, avec l'aide armée de la noblesse et des mercenaires allemands, de la guerre des comtes, obligeant le clergé, la paysannerie et la bourgeoisie à le reconnaître pour roi[4]. Les biens de l'Église sont alors saisis, ce qui augmente considérablement les revenus du nouveau souverain. L'Église danoise devient une église princière luthérienne et les prêtres sont contraints de prêter allégeance à cette nouvelle église[4].

Si Christian III ne participe pas à la Ligue de Smalkade en guerre contre Charles Quint, le Danemark est, en général, du côté des Protestants lors des guerres de religion des XVIe et XVIIe siècles. Il fait rapidement partie du cœur du luthéranisme en Europe et le pays connaît, au XVIIe siècle, une période de stricte orthodoxie luthérienne. L'Église devient un instrument de la monarchie renforcée pour discipliner idéologiquement et moralement les populations. L'enseignement des doctrines de Calvin ou de Zwingli sont alors strictement interdites[réf. souhaitée].

La Réforme ne rapproche pas spécialement les intérêts danois et suédois, le « bain de sang de Stockholm » en 1520, ayant laissé un fort ressentiment en Suède.

Le XVIe siècle et la première partie du XVIIe siècle

Le Danemark s'enrichit durant le XVIe siècle, en grande partie grâce à l'accroissement du trafic maritime dans l'Øresund. Le pays contrôlant les deux côtes du détroit du Sund, une taxe de passage y est prélevée par le pouvoir royal[4]. Le commerce de céréales entre la Pologne et les Pays-Bas augmente énormément à cette période[réf. souhaitée] et les souverains danois qui captent une partie des ressources de la Baltique n'hésitent pas à le taxer.

Le règne de Frédéric II (1559-1588) marque l'Âge d’or de la noblesse danoise : le pays est exportateur de grains et de bétail. Les nobles, qui disposent de surplus négociables, rachètent les terres des paysans libres pour en faire des tenanciers soumis à des paiements en nature ou à des corvées. Le système économico-social évolue vers la grande seigneurie peuplée de tenanciers.

Le règne de Christian IV de 1588 à 1648 laisse le résultat d'importants travaux de construction, malgré la participation de l'armée danoise à la guerre de Trente Ans. La dynastie des Holstein, riche des revenus régaliens qui permettent d'entretenir une flotte importante, règne sur un royaume de Danemark, étendu au Groenland, à l'Islande, à la Norvège, à la Suède méridionale (Scanie), au Slesvig et au Holstein en Allemagne du Nord. Un partage du pouvoir est consenti avec une noblesse toute puissante en ses domaines — elle a réduit ses paysans au servage — et qui dirige la diète où se pavanent ses représentants. L'autorité royale n'existe véritablement que par la richesse du roi, qui peut ainsi imposer une politique étrangère autonome sans les subsides de la diète. La prépondérance en Europe du Nord n'est pas illusoire[pas clair]. Le Danemark d'alors, malgré ses divisions internes, n'est pas encore devenu la monarchie absolue et la puissance secondaire d'après 1690[pas clair]. Vers 1610, la flotte royale danoise protège même les ports français ouverts sur l'Atlantique ou la Manche, obéissant aux accords[Lesquels ?] souscrits de défense et de commerce.

L'économie danoise bénéficie également de la guerre de Quatre-Vingts Ans aux Pays-Bas, au cours de laquelle un grand nombre de réfugiés du pays, qui est alors le plus avancé d'Europe, s'établissent au Danemark[réf. souhaitée], contribuant à son développement. Cette immigration aide à moderniser de nombreux aspects de la société et à établir des liens commerciaux avec les Pays-Bas.

La rivalité avec la Suède marque toute l'histoire moderne du Danemark. Chacun revendique l'hégémonie sur la mer Baltique (six guerres en ont résulté : 1563/1570 ; 1611/1613 ; 1643/1645 ; 1658/1660 ; 1675/1679 ; 1709/1720).

La guerre de Kalmar (1611-1613)

La guerre de Kalmar oppose la Suède au Danemark. Les détroits reliant la mer Baltique à la mer du Nord étant contrôlés par le Danemark, la Suède cherche depuis plusieurs années à mettre sur pied une nouvelle voie commerciale qui passerait par la Laponie peu peuplée et le Nord de la Norvège, territoires appartenant eux aussi au Danemark.

En 1607, Charles IX s'était proclamé roi des Lapons et du Norrland et avait commencé à collecter des taxes dans ces régions. Les péages dans les détroits étant la principale source de revenu du royaume de Danemark-Norvège, le roi Christian IV s'est rapidement opposé à la volonté suédoise de créer une nouvelle route commerciale et a protesté vivement.

En 1611, en réponse aux prétentions suédoises sur le nord de la Norvège, le Danemark attaque la Suède et une armée de 6 000 hommes met le siège devant la ville de Kalmar et prend la ville. Les troupes norvégiennes stationnées à la frontière ont, elles, reçu l'ordre de ne pas attaquer.

Le , Charles IX meurt et son fils Gustave Adolphe lui succède. Il demande immédiatement au Danemark de conclure un traité de paix, mais Christian IV voit alors une occasion de remporter une plus grande victoire et fortifie ses armées dans le sud de la Suède.

Les Pays-Bas et l'Angleterre, également impliquées dans le commerce en mer Baltique, font cependant pression sur le Danemark pour qu'il signe la paix. Les Danois, bien que bien équipés et forts, manquent d'argent et sont amenés à signer le traité de Knäred le .

Le Danemark obtient alors le contrôle sur la Laponie suédoise et la Suède est contrainte de payer une forte rançon pour les deux forteresses que les Danois occupent. La Suède obtient en revanche le droit d'être exempté du péage sur le Sund. L'Angleterre et les Pays-Bas obtiennent les mêmes droits.

La guerre de trente ans et ses conséquences immédiates

En 1658, le royaume du Danemark et de Norvège cède les provinces danoises de "Terra Scania" et les provinces norvégiennes de Trondheim et de Bahusia à la Suède. En violet: les provinces révoltées qui repassèrent sous autorité danoise en 1660.

Le Danemark est alors un royaume relativement puissant. La politique européenne du XVIe siècle tourne largement autour de la querelle entre les forces catholiques et protestantes. Il est donc inévitable que le Danemark — un royaume luthérien fort et unifié — soit entraîné dans la guerre lorsque celle-ci intervient. Le Danemark a ainsi été entraîné dans la guerre de Trente Ans entre 1625 et 1629 pour sauver la cause protestante, mais cette intervention militaire de Christian IV est un fiasco pour le Danemark. Pire encore, la Suède intervient ensuite avec un grand succès dans la guerre.

Christian IV est toutefois considéré comme l'un des grands rois du Danemark. En plus d'avoir régné extrêmement longtemps — de 1588 à 1648 — il est connu comme l'architecte du royaume en raison des nombreux projets de construction qu'il a entrepris. Nombreux sont les grands édifices danois construits durant son règne.

La guerre de Torstenson, qui oppose le Danemark à la Suède entre 1643 et 1645 se conclut par une défaite danoise. Plusieurs provinces norvégiennes doivent alors être cédées en 1645 à la Suède (le Jemtland, l'Herjedalen et Idre & Särna), ainsi que deux îles de la Baltique (Gotland, Ösel).

Christian IV est désavoué par la diète. Il meurt en 1648. Frédéric III, qui lui succède doit d'abord restaurer l'autorité et le prestige royal. Il désire ardemment venger les humiliations imposées aux Danois par la reine Christine. Il attend le moment propice. Fort d'une alliance austro-danoise, il reprend les armes en 1657 alors que Charles X Gustave affronte en Pologne les Impériaux de Montecuccoli, allié de la République. La courte et terrible Première guerre du Nord commence.

Mais le Danemark s'engage dans une guerre encore plus désastreuse qu'en 1643, toujours contre la Suède. Charles X Gustave conquiert la Scanie et profite d'un hiver anormalement froid pour faire traverser aux troupes suédoises les détroits en partie gelés, à ski et en traîneaux sur la glace, et mettre le siège devant Copenhague en 1658. La capitale danoise résiste en un premier temps aux terribles attaques et elle est sauvée par l'intervention hollandaise qui brise l'encerclement. Les diplomates hollandais des Provinces-Unies s'efforcent alors de régler l'issue du conflit tout en imposant aux belligérants leur conception de la liberté de commerce. Ils gardent un souci d'équilibre entre puissances de la mer Baltique, assurant de facto leur prépondérance. Alors un Danemark au prestige dévalué, afin de conserver ses droits exclusifs sur les détroits, doit céder ses provinces les plus riches lors du traité de Roskilde, en 1658: la Scanie, le Halland et le Blekinge. Sa superficie est réduite d'un tiers et sa population passe de 800 000 à 600 000 habitants. Ce sont les actuelles frontières du territoire danois, stricto sensu en Europe continentale et en Baltique.

La monarchie absolue née de la révolution de 1665

La crise politique interne due aux dommages des guerres transforme le régime en 1660/1661. Une révolution absolutiste est menée par les bourgeois de Copenhague[4]. Ils représentent un ordre non privilégié par la Diète, protectrice des nobles que les bourgeois jugent incapables malgré leurs odieuses faveurs de justice administrative et leurs exemptions fiscales. Frédéric III s'associe discrètement en soutenant les meneurs politiques : Hans Grave, évêque qui entraîne le clergé luthérien, Hans Nansen, bourgmestre qui conduit les bourgeois. Les coalisés obligent le sénat (Rigsraad) et la noblesse de la diète à abandonner leurs exemptions fiscales. En 1665, sous le même règne, une insurrection du peuple contre les nobles permet de faire promulguer la Loi royale de 1665[4]. Elle transforme la nature du pouvoir, la monarchie élective à prérogative limitée, dominée par la noblesse, fait place à une monarchie héréditaire absolue. Le transfert à la royauté d'un véritable pouvoir d'état, régalien, est assuré. Le pouvoir royal en use pour le bien du pays, réforme les administrations, améliore la législation, abolit le servage et proclame l'égalité de tous devant la loi. Les emplois publics sont ouverts aux roturiers, l'armée est modernisée à la manière hollandaise.

La Loi Royale est appliquée de 1665 à 1848, année qui voit lancer la rédaction d'une constitution démocratique aboutie en 1849. Cette loi est complétée en 1683 par un code commun à tout le royaume, le Code Danois[4] de Christian V de Danemark. L'État devient un état de grands commis bien organisé sous la domination de son seul roi tout puissant, père de tous ses sujets. Certaines des dispositions de ce code sont toujours en vigueur.

La minorité aisée de la population urbaine profite de ces incontestables avancées. Mais une société de grands propriétaires fonciers subsiste toute puissante sur la campagne. Il faut attendre 1788, pour que le pouvoir abolisse le domicile forcé, c'est-à-dire l'obligation pour les paysans de demeurer dans leurs lieux d'origine[4].

Christian V de Danemark et son ministre, le comte Peder Griffenfeld, inspirateur de la révolution de 1665, animent un gouvernement danois qui admire le prestige du roi soleil. Les efforts diplomatiques de la France en Scandinavie sont bien accueillis par ces dirigeants francophiles. Mais les rivalités locales[Lesquelles ?] l'emportent sur la sympathie[pas clair].

La guerre de Hollande

Christian V est un prince d'une dynastie européenne. Il règne de 1670 à 1699. Par ses trois sœurs, il est le beau-frère de l'électeur de Saxe, de l'électeur palatin et du roi de Suède. Son frère est marié à Anne, reine d'Angleterre en 1702. Le sénat suédois qui gouverne au nom du jeune Charles IX renouvelle son alliance avec le royaume de France en avril 1672. Il n'en faut pas plus pour précipiter le Danemark, allié du Grand Électeur, dans le camp hollandais. Le contentieux dano-suédois est sensible, l'animosité entre les deux pays se vit au jour le jour sur les frontières norvégiennes, bardées de postes défensifs.

La Suède, fidèle à son allié français, attaque le Brandebourg. Il consent aussi à la demande de Louis XIV à faire diversion en Poméranie entre 1674 et 1675 car l'Alsace est envahie. De son côté, le Danemark attaque la Suède en occupant les évêchés de Brême et de Verden, possession allemande de la couronne suédoise depuis 1648.

En Brandebourg, le sort des armes évolue au détriment de la Suède. En 1675, à Fehebellin, l'armée suédoise de Carl-Gustav Wrangel, vieil ami de Turenne, est battue par le Grand Electeur. Ni le Brandebourg, ni le Danemark ne se résignent à traiter sur le pied du statu quo à Nimègue. Louis XIV s'obstine à obtenir une paix blanche pour son valeureux allié suédois. Pour ce point d'honneur, il fait avancer en 1679 ses troupes vers l'Allemagne du Nord, et l'armée de Créqui de menacer les positions de Christian V et de Fréderic Guillaume, son allié.

À la paix de Saint-Germain en 1679, le Danemark lucide se résigne à restituer ses conquêtes à la Suède. Mais le traité est facilement rédigé car Charles XI de Suède est un souverain prudent[pas clair].

La troisième guerre du Nord (1700-1721) et le siècle des Lumières

Frédéric IV est le successeur de Christian V. Il règle avec efficacité le cas litigieux du Slesvig[Comment ?], mais il espère une revanche contre la Suède. Les hostilités mettent rapidement le Danemark hors d'état de combattre, vaincu par Charles XII au début du conflit en 1700. La guerre qui s'éternise voit à son terme le retour de la famine et de la peste sur les rivages de la mer Baltique. Et la défaite finale de la Suède ne profite qu'à la Russie de Pierre le Grand. Les Russes orchestrent une fracassante entrée dans les enjeux économiques et politiques de la mer Baltique[Comment ?].

La francophilie demeure forte. Frédéric IV a l'insigne honneur, refusé à ses prédécesseurs, de se voir nommé « Sa Majesté » par le régent Philippe de France[réf. souhaitée].

L'équilibre balte est souhaité par la Grande-Bretagne qui exerce son hégémonie maritime et économique à la suite de celle des Hollandais. Le Danemark est au début du XVIIIe siècle une puissance secondaire, qui n'a plus aucun rêve d'hégémonie militaire. Elle est restée une petite puissance uniquement parce que son roi, à la tête d'une monarchie absolue, est le gardien des péages du Sund. Le Danemark est en conséquence un état qui entretient par nécessité une bonne marine de guerre. La couronne danoise peut aussi discrètement garder sous sa coupe les anciennes îles[pas clair] en mer du Nord et les colonies acquises au lointain. Dérivatif de son obéissance au monde balte[pas clair], il s'intéresse au mercantilisme, au commerce lointain, à la Chine et à la colonisation des Antilles.

Au siècle des Lumières, la Russie représente la puissance balte émergente, favorisée par la Grande-Bretagne. À leur terme d'expansion au début du XIXe siècle, l'espace scandinave et balte doivent se plier[pas clair] à deux puissances de nature différente, le Royaume-Uni et l'Empire Russe.

Colonialisme

Carte montrant les possessions coloniales du royaume du Danemark et de Norvège en 1800.

Le Danemark conserva un certain nombre de colonies en dehors de la Scandinavie, entamant son mouvement d'expansion dès le XVIIe siècle et le poursuivant jusqu'au XXe siècle. Le Danemark fonda ainsi des colonies au Groenland et en Islande dans l'Atlantique nord. Christian IV, roi de 1588 à 1648 fut l'initiateur de ce mouvement de colonisation en développant le commerce maritime de son royaume avec l'extérieur. Il adopta la tendance mercantiliste qui était alors populaire dans les autres gouvernements européens. Le Danemark établit ses toutes premières colonies à Tranquebar, sur la côte sud de l'Inde, en 1620. Dans les Caraïbes, le Danemark fonda une colonie à Saint-Thomas en 1671, Saint-John en 1718, et acheta Saint Croix à la France en 1733.

Le Danemark conserva ses colonies indiennes, à savoir Tranquebar et également d'autres petites colonies de moindre importance, durant environ deux-cents ans. La compagnie danoise des Indes orientales commerça en dehors de Tranquebar. À son apogée, cette dernière et la compagnie suédoise des Indes orientales importèrent plus de thé que la compagnie anglaise des Indes orientales et vendirent 90 % de leurs marchandises à l'Angleterre, ce qui leur rapporta des profits considérables. L'ensemble de ces colonies et comptoirs commerciaux implantés en Inde devinrent moins actifs au cours des guerres napoléoniennes. Les danois conservèrent néanmoins d'autres colonies, forts et divers comptoirs commerciaux en Afrique de l'Ouest notamment, essentiellement dans le but de faire du commerce d'esclaves.

La période contemporaine

XIXe siècle

Première page de la Constitution du

En 1801, pendant les guerres napoléoniennes, les royaumes de Danemark, de Suède et l'empire de Russie forment une alliance de neutralité armée destinée à garantir leur liberté de commerce face à la France et au Royaume-Uni. Les Britanniques réagissent par le bombardement de Copenhague le . Le Danemark se tourne alors vers l'alliance de la France de Napoléon Ier qui lui impose la participation au blocus continental contre les Britanniques. Copenhague est de nouveau bombardée en septembre 1807 par la Royal Navy au terme d'un blocus portuaire[19]. Par le traité de Fontainebleau du , Napoléon garantit l'indépendance et l'intégrité du Danemark[20]. Cependant, le blocus britannique ruine le commerce danois : de 1807 à 1814, sa dette publique passe de 18 à 41 millions de rixdales[19].

En 1814, l'état danois entre en banqueroute[réf. nécessaire]. Bernadotte, ancien maréchal de Napoléon devenu régent de Suède, entre dans la Sixième Coalition et s'attaque au Danemark, forçant Frédéric VI de Danemark, à signer le traité de Kiel (). Ce traité transfère le royaume de Norvège du Danemark à la Suède, à l'exception du Groenland, de l'Islande et des îles Féroé, qui sont laissées au Danemark.

Entre 1809 et 1981, la ville de Huéscar est en guerre contre le Danemark en conséquence de la campagne d’Espagne napoléonienne. Cette déclaration de guerre est oubliée par les deux parties et n'a été redécouverte qu'en 1981. Dès lors, le maire de Huéscar et l'ambassadeur du Danemark ont signé un traité de paix le [21],[22].

En 1816, la Prusse lui cède en dédommagement de ces cessions le duché de Lauenbourg[réf. nécessaire]. La royauté en sort très diminuée. En 1831, Frédéric VI de Danemark accorde à ses peuples des assemblées d'États provinciaux ; le , Frédéric VII de Danemark signe une première constitution parlementaire : la diète se compose de deux assemblées, le Folketing (Chambre du peuple) et Landsting (Chambre des grands propriétaires)[4].

Le règlement de la future succession au trône donne lieu en 1848 à une grande agitation, le Slesvig, le Holstein et le Lauenbourg ayant tenté à cette occasion de se séparer du Danemark, avec l'appui de la Prusse : après une guerre de trois ans, dans laquelle la Prusse eut le dessous, le traité de Londres du termine le différend en assurant la succession, après l'extinction de la maison d'Oldenbourg, au prince Christian de Sonderbourg-Glücksbourg. Mais les troubles nationalistes entre partisans danois et activistes allemands persistent dans les duchés. À la mort de Frédéric VII de Danemark (1863), la Confédération germanique qui siège à Francfort réclame l'indépendance du Holstein et du Slesvig, ce qui donne lieu à une nouvelle guerre des Duchés en 1864, désastreuse pour le Danemark qui est opposée à un corps expéditionnaire austro-prussien. C'est le corps d'armée prussien, animé par le général von Molkte, qui prend l'initiative et conquiert le sud danois, passant d'îles en îles, infligeant une humiliante défaite. Le , une paix est signée, par laquelle le Danemark cède à l'Empire d'Autriche et à la Prusse, qui s'étaient chargés de l'exécution fédérale, les duchés de Slesvig, de Holstein et de Lauenbourg.

Le Jutland est mis en valeur par le pouvoir, assisté des réfugiés danois.

De 1815 à 1914, plus de trois cent mille danois émigrent définitivement, la plupart vers les États-Unis. Un nombre bien plus important de Danois a accompli l'aller et le retour[réf. souhaitée]. À la Belle Époque, l'éclatement des familles danoises entre îles et continents est parfois remarquable[pas clair]. Ce phénomène migratoire est d'ailleurs scandinave, encore plus accentué dans quelques provinces suédoises et surtout en Norvège.

Début du XXe siècle

Queue devant les magasins pendant le rationnement en 1918.
Un Airco DH.9 de la compagnie danoise DDL (en) à l'aéroport de Copenhague en 1921.

En 1901, le régime parlementaire est instauré de facto après la fin d'une forme de prépondérance du Landsting et la reconnaissance de la prépondérance des décisions du Folketing par le Roi[4]. Durant les premières décennies du XXe siècle, le nouveau Parti radical et le plus ancien Parti libéral se partagent le pouvoir. Les femmes obtiennent le droit de vote en 1915[4]. Durant cette période, le Danemark inaugure d'importantes réformes sociales et du marché du travail, jetant les bases de l'état-providence actuel.

Le Danemark reste neutre durant la Première Guerre mondiale, bien que le conflit affecte considérablement le pays. Le commerce a notamment été très perturbé par le blocus de l'Allemagne par l'Entente et la guerre sous-marine allemande, puis l'instabilité financière qui a suivi en Europe. Les colonies danoises aux Antilles sont vendues aux États-Unis[4]. En 1918, l'Islande devient un royaume en union personnelle avec le Danemark[4]. Après la défaite allemande, le Traité de Versailles prévoit un plébiscite au Slesvig. À la suite de celui-ci, les habitants du Nord du Slesvig décident de rejoindre le Danemark en 1920. La frontière méridionale est ainsi fixée[4].

Le roi et certaines parties de l'opposition sont mécontents du fait que le premier-ministre Carl Theodor Zahle n'a pas profité de la défaite allemande pour récupérer une plus grande partie de la province, perdue lors de la guerre des Duchés. Le roi et l'opposition veulent notamment récupérer la ville de Flensburg, alors que le gouvernement n'exige que les territoires où les Danois sont majoritaires[4]. Pensant avoir le soutien de la population, le roi démet le gouvernement de Zahle suscitant la Crise de Pâques 1920. À la suite de manifestations devant son palais, le roi renonce à son projet d'extension territoriale et c'est la dernière fois que le souverain intervient dans les affaires politiques[4].

Aux élections de 1924, les Sociaux-démocrates conduits par le charismatique Thorvald Stauning deviennent le premier parti du Danemark, et le restent jusqu'en 2001. Après avoir dû quitter le pouvoir en 1926, les Sociaux-démocrates y reviennent en 1929. Stauning accepte alors de travailler avec certains partis « bourgeois », formant une coalition avec le Parti radical, pour dégager un consensus qui permet de mettre fin à la Grande Dépression des années 1930.

Le 30 janvier 1933 en effet, la coalition gouvernementale et le Parti libéral, alors dans l'opposition, signent l'Accord de Kanslergade[4]. Cet accord prévoit une extension des droits des travailleurs et des subsides étatiques aux agriculteurs. Cette réforme sociale jette les bases d'un État-providence. Lors des élections législatives qui suivent, en 1935, les Sociaux-démocrates obtiennent le score le plus élevé jamais obtenu par un parti politique au Danemark : 46 % des voix[4].

Pendant la Seconde Guerre mondiale

En dépit d'une déclaration de neutralité au début de la Seconde Guerre mondiale et de la conclusion d'un traité de non agression avec l'Allemagne nazie[4] le à Berlin, le Danemark est occupé par la Wehrmacht le , au titre de l'opération Weserübung. Contrairement à la plupart des gouvernements des pays envahis par les Nazis, le roi Christian X de Danemark et son gouvernement donnent l'ordre à l'armée de ne pas opposer de résistance et choisissent de rester dans le pays sous l'occupation qui se prolonge jusqu'au 5 mai 1945[4].

La spécificité de l'occupation du Danemark réside dans les conditions de l'occupation, qui ont laissé les instances en place, si l'on excepte l'interdiction du Parti communiste[4]. La nouvelle coalition gouvernementale, toujours sous la direction du premier-ministre Thorvald Stauning, essaye de pratiquer le compromis pour protéger la population. Le Parlement (Folketing) est autorisé à maintenir ses sessions, la police reste sous contrôle danois et les autorités allemandes se maintiennent à l'écart de la population. Cependant, au cours du temps, les exigences allemandes deviennent inacceptables pour le gouvernement qui démissionne en 1943[4]. Dès lors, les Nazis prennent complètement en charge le pouvoir.

On voit apparaître une résistance armée contre les forces d'occupation. Vers la fin de la guerre, les Nazis ont de plus en plus de mal à contrôler le pays, mais celui-ci doit attendre l'arrivée des Alliés pour être libéré.

L'exfiltration de la plupart des juifs danois vers la Suède est un événement tout à fait remarquable de cette période. 6000 personnes ont été transférées en Suède en 1943, lorsque les premières menaces de déportation se firent jour[4].

En 1944, l'Islande rompt l'union personnelle avec le Danemark, qui reconnait la séparation au terme immédiat de la Seconde Guerre mondiale.

Après-guerre

Après la guerre, en raison de la menace de l'URSS et des leçons de la Seconde Guerre mondiale, le pays abandonne sa politique de neutralité. Le Danemark devient membre fondateur de l'Organisation des Nations unies et de l'OTAN, même s'il a tout d'abord essayé de former une union de défense scandinave avec la Norvège et la Suède[4].

En 1948, les Îles Féroé obtiennent un statut d'autonomie. En 1953, d'autres réformes politiques sont effectuées avec l'adoption d'une nouvelle constitution : le Landsting, la chambre haute du parlement, est supprimé, le statut de colonie du Groenland est aboli et les femmes obtiennent le droit de monter sur le trône[4].

Une ébauche de « bloc régional nordique » a eu lieu dans les années 1960 avec le Marché commun du nord ou « NordEk », abandonné après le retrait de la Finlande. Un Conseil nordique, créé en 1952, constitue le cadre d'une coopération active. Le , une nouvelle constitution, à régime unicaméral, à possibilité de succession féminine au trône, à régime parlementaire de jure, est signée par le roi Frédéric IX[4].

En 1960, le Danemark devient membre de l'Association européenne de libre-échange (AELE)[4].

En 1972, les Danois acceptent par référendum de rejoindre la Communauté européenne et le Danemark en devient membre le [4]. Depuis lors, le Danemark est un membre hésitant de l'Europe, rejetant de nombreuses propositions et refusant notamment par référendum le traité de Maastricht le (50,7 % de votes négatifs)[4] et l'euro le (53,1 % de votes négatifs)[23]. Le Danemark refuse aussi de participer à la Politique de sécurité et de défense commune. Bien que membre de l'espace Schengen, il rétablit parfois des contrôles à ses frontières comme en 2011.

L'Oresundsbroen, le pont de l'Øresund, relie depuis 2000, Copenhague à la ville de Malmö en Suède[24].

Notes et références

  1. (en) Morten E. Allentoft, Martin Sikora, Alba Refoyo-Martínez et al., Population Genomics of Stone Age Eurasia, biorxiv.org, 5 mai 2022, doi.org/10.1101/2022.05.04.490594
  2. La succession des rois n'est pas établie de façon claire, dans la mesure où les seules sources sont franques et ne s'occupent du Danemark que de façon incidente. Les dates indiquées n'ont pas de valeur absolue.
  3. Son avènement est donc antérieur à 777 et son décès postérieur à 798.
  4. Astrid E.Helle, Histoire du Danemark, HATIER, (ISBN 2-218-03846-3)
  5. Pour plus d'informations sur les campagnes guerrières des Vikings et en particulier sur leur présence en Angleterre, se reporter aux articles Viking, Danelaw et Grande Armée (Vikings), ainsi qu'à l'article en anglais Viking invasions in England (en)
  6. Cf. Hedeby stones (en) (en)
  7. Évoquée par le scalde Guthormr sindri dans son Hákonardrápa
  8. Ottar de Hålogaland (en)
  9. (da) « De første konger, Ansgar og mission sydfra », sur danmarkshistorien.dk (consulté le )
  10. Auparavant, de nombreux royaumes mineurs coexistaient sur le territoire de l'actuel Danemark.
  11. (da) « Religionsskiftet », sur danmarkshistorien.dk (consulté le )
  12. Adam of Bremen, History of the Archbishops of Hamburg-Bremen, trans. Francis J. Tschan (New York, 2002), p. 77–78.
  13. (da) « Kongerigets politiske udvikling », sur danmarkshistorien.dk (consulté le )
  14. cf. Robert Bohn : Dänische Geschichte. (Google eBooks)
  15. Katherine Holman, The A to Z of the Vikings (Google eBooks)
  16. Katherine Holman, The A to Z of the Vikings ; Malcolm Barber, The two cities: medieval Europe, 1050-1320 ; Johann Evangelist Stadler, Franz Joseph Heim, Vollständiges Heiligen-Lexikon (Google eBooks)
  17. (da) « Fra pantsat rige til regional stormagt », sur danmarkshistorien.dk (consulté le )
  18. (da) « Om Københavns Universitet », sur om.ku.dk (consulté le )
  19. Jean Tulard (dir.), L'Europe de Napoléon, Horvath, 1989, p. 347.
  20. Léonard Chodźko, Négociations de 1813 et de 1814, jusqu'à l'ouverture du Congrès de Vienne - Négociations de 1813, p. 24-25
  21. (da) « Kolding og Huéscar », sur spanien.um.dk (consulté le )
  22. (es) « Declaración de Guerra a Dinamarca », sur huescar.org (consulté le )
  23. « Les conséquences du «non» danois », sur rfi.fr, (consulté le )
  24. « Le pont de l’Øresund », sur moniteurautomobile.be, (consulté le )

Annexes

Articles connexes

Bibliographie

  • (da) Hermanson, Lars : Släkt, vänner och makt : en studie av elitens politiska kultur i 1100-talets Danmark, Göteborg : Historiska institutionen, Göteborgs universitet, 2000, 280 S. (= Avhandlingar från Historiska institutionen i Göteborg ; 24) (ISBN 91-88614-30-1)
  • (en) Alastair H. Thomas, Historical dictionary of Denmark, The Scarecrow press, Lanham (Md), Toronto, Plymouth, 2009, XXXVI-519 p. (ISBN 978-0-8108-5561-8)
  • (fr) Eric Eydoux, Les grandes heures du Danemark, Paris, Librairie académique Perrin, 1975, 429 pages.
  • (fr) Jean Bérenger, article Danemark in François Bluche (dir.), Dictionnaire du Grand Siècle 1589-1715, Fayard, Paris, 2005.
  • (fr) Jean Bérenger, Guerre et paix dans l'Europe du XVIIe siècle, Sedes, Paris, 1995, ouvrage en trois tomes.
  • (fr) Articles biographiques de l'Encyclopédia Universalis, concernant la Guerre de Trente Ans et les Guerres du Nord (1655-1660) et (1700-1721).
  • (fr) Jean-Maurice Bizière, Croissance et protectionnisme; L'exemple du Danemark au XVIIIe siècle, Publisud, Paris, 1994, 429 p. (préface de Pierre Chaunu). (ISBN 2 86600 687 9)
  • (fr) Jean-Maurice Bizière, Économie et dirigisme : la politique manufacturière du Danemark de 1730 à 1784, Thèse d'état en Lettres, Paris IV, A.N.R.T, Lille, 1992.
  • Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang (dir.), « Histoire du Danemark » dans Dictionnaire universel d’histoire et de géographie, (lire sur Wikisource)
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