Secteur sauvegardé
En France, un secteur sauvegardé était une zone urbaine soumise à des règles particulières en raison de son « caractère historique, esthétique ou de nature à justifier la conservation, la restauration et la mise en valeur de tout ou partie d'un ensemble d'immeubles bâtis ou non » (Code de l'urbanisme, art. L. 313-1, ancienne rédaction). Ces secteurs comprenaient en particulier les centres historiques de nombreuses villes françaises.
Deux objectifs principaux avaient présidé à la promulgation de la loi du [1] sur les secteurs sauvegardés, dite « loi Malraux » :
- éviter la disparition ou une atteinte irréversible aux quartiers historiques en instituant des mesures juridiques de protection ;
- requalifier le patrimoine historique, architectural et urbain et moderniser les logements anciens pour assurer une qualité d’occupation conforme au mode de vie contemporain au moyen de mécanismes spécifiques d’intervention opérationnelle.
La loi visait, par l’intermédiaire de la création d’un secteur sauvegardé, à associer « sauvegarde » et « mise en valeur » dans une démarche d’urbanisme qualitatif où, tout en préservant architecture et cadre bâti, on permettait une évolution harmonieuse des quartiers anciens.
Deux lois avaient déjà marqué la prise de conscience progressive de la nécessité de protéger le patrimoine : la Loi du traitait seulement des monuments historiques et la loi du de leurs abords, auxquelles il faut ajouter la loi du instituant les sites classés.
L'objectif d'André Malraux était beaucoup plus large puisqu'il s'agissait de préserver l'aspect de quartiers entiers à tous les niveaux pertinents : façades, rues, cours, toitures… La loi voulait en même temps adapter ces quartiers à la vie moderne afin d'éviter d'en faire des musées en plein air. Pour y parvenir, elle mettait un vaste éventail d'actions à la disposition de l'État : rénovation de bâtiments, amélioration de la voirie, création de petits espaces verts, voire création de parcs de stationnement dans les cours intérieures.
Évolution
La loi du a créé les sites patrimoniaux remarquables qui se substituent aux secteurs sauvegardés. Ce qui n'a pas impliqué leur suppression : aux termes des dispositions transitoires de la loi, les secteurs sauvegardés sont devenus automatiquement et « de plein droit » des sites patrimoniaux remarquables (article 112).
La création des sites patrimoniaux remarquables a pour objectif de protéger et mettre en valeur le patrimoine architectural, urbain et paysager de nos territoires. Les sites patrimoniaux remarquables sont « les villes, villages ou quartiers dont la conservation, la restauration, la réhabilitation ou la mise en valeur présente, au point de vue historique, architectural, archéologique, artistique ou paysager, un intérêt public ». Le dispositif doit permettre d’identifier clairement les enjeux patrimoniaux sur un même territoire. Ces enjeux sont retranscrits dans un plan de gestion du territoire qui peut prendre deux formes : soit un plan de sauvegarde et de mise en valeur (document d’urbanisme), soit un plan de valorisation de l’architecture et du patrimoine (servitude d’utilité publique)[2].
Le régime des secteurs sauvegardés
Dans un secteur sauvegardé, les programmes de rénovation et d'aménagement étaient encadrés par un plan de sauvegarde et de mise en valeur (PSMV). Le PSMV est un document d'urbanisme qui remplace le plan d'occupation des sols (POS) et son successeur le plan local d'urbanisme (PLU) sur le périmètre des secteurs sauvegardés. Le PSMV était élaboré par l'État alors que le POS et les PLU / PLUI relèvent des communes lorsqu'elles ont gardé la compétence « urbanisme » ou des intercommunalités. L'architecte des bâtiments de France était la personne clef des secteurs sauvegardés, étant chargé par l'État de les gérer et de rendre un avis conforme sur toutes les demandes d'autorisation d'urbanisme.
Le statut de secteur sauvegardé conférait des avantages fiscaux aux propriétaires qui entreprenaient des opérations de rénovation.
L'ordonnance n° 2005-864 du , et son décret d'application (Décret n° 2007-452 du relatifs aux secteurs sauvegardés), visaient à alléger la procédure de création de ces zones et à réduire le nombre de consultations préalables. Ces textes avaient été intégrés dans le Code de l'urbanisme (articles L 313-1 et suivants, R 313-1 et suivants, ancienne rédaction).
Dans ses dispositions transitoires, la loi relative à la liberté de la création, à l'architecture et au patrimoine du stipule que « le plan de sauvegarde et de mise en valeur du secteur sauvegardé applicable à la date de publication de la présente loi est applicable après cette date dans le périmètre du site patrimonial remarquable » qui s'y substitue (article 112).
Quelques exemples d'anciens secteurs sauvegardés valant sites patrimoniaux remarquables
On dénombrait 97 secteurs sauvegardés en 2006 pour une superficie totale de plus de 6 000 hectares[3].
Ville | Commentaire | Surface (ha) | Date d'approbation[4] |
---|---|---|---|
Aix-en-Provence | 69 | 2012 | |
Albi | 65 | 1993 | |
Amboise | 79 | 2002 | |
Arles | 92 | 1993 | |
Autun | Hauts-Quartiers Cathédrale | 74 | 1973 |
Auxerre | 70 | 1981 | |
Avignon | Centre historique (défini par les remparts) | 173 | 2007 |
Bar-le-Duc | (Ville Haute dite aussi Quartier Renaissance) | 23 | 1993 |
Bayeux | 81 | 1987 | |
Bayonne | 80 | 1975 | |
Beaucaire | 38 | 2001 | |
Besançon | Centre ancien (la Boucle), glacis, Canot, Micaud | 238 | 2010 |
Besançon | Quartier Battant-Vauban | 30 | 1964 |
Béziers | 115 | ||
Blois | 46 | 1996 | |
Bordeaux | 147 | 1988 [5] | |
Bourges | 58 | 1994 | |
Briançon | Cité Vauban, la vieille ville fortifiée par Vauban sous le règne de Louis XIV | 28[6] | |
Cahors | 38 | 1988 | |
Carcassonne | 57 | ||
Chalon-sur-Saône | 63 | 1990 | |
Chambéry | 19 | 1990 | |
Charleville-Mézières | 98 | ||
Chartres | 64 | 1971 | |
Château-Gontier | 66 | ||
Chinon | 21 | 2002 | |
Clamecy | 13 | 1999 | |
Clermont-Ferrand | Montferrand | 22 | 1997 |
Cluny | 63 | ||
Colmar | 35 | 2002 | |
Dijon | 107 | 1990 | |
Dinan | 93 | 1996 | |
Dole | 116 | 1993 | |
Figeac | 37 | 1999 | |
Fontenay-le-Comte | 80 | 2002 | |
Grasse | 11 | ||
Guérande | 17 | 1993 | |
Honfleur | 39 | 1985 | |
Joigny | 65 | ||
La Rochelle | Centre historique | 75 | 1981 |
Langres | 68 | 1985 | |
Laon | 370 | 1995 | |
Le Mans | 18 | 1974 | |
Le Puy-en-Velay | 35 | 1981 | |
Lille | Secteur sauvegardé de Lille | 56 | 1994 extension à 170 ha[7] par arrêté du . |
Loches | 24 | 1979 | |
Lyon | Le Vieux-Lyon | 31 | 1962 |
Menton | 22 | 2003, révision en 2008 annulée le , révision en 2014 annulée le . | |
Mers-les-Bains | Ensemble du quartier balnéaire et centre-ville de Mers-les-Bains, cinq dernières villas situées sur le territoire de la commune du Tréport | 18 | 1986 |
Metz | Quartiers médiévaux du centre historique, Île du Petit-Saulcy et Quartier Impérial | 162 | 1986 (40 ha), extension à 162 ha en 2010[8] |
Monpazier | 23 | 2002 | |
Montauban | 73 | ||
Montpellier | L'Écusson | 97 | 1967 délimitation (51 ha), extension en 1981 et en 2001 pour embrasser 96 hectares et 97 ha depuis 2009 (les faubourgs quant-à eux sont en ZPPAUE)[9] |
Nancy | Centre historique (la ville vieille médiévale, la ville neuve) ainsi que les places classées à l'Unesco (place Stanislas, de la carrière et d'alliance), également le cours Léopold, et l'entrée des faubourgs nord et sud | 166 | 1976 délimitation (132 ha)[10], extension à 150 ha en 1996, révision-extension approuvée en 2010[11] |
Nantes | Secteur sauvegardé de Nantes | 126 | 1998 |
Narbonne | Centre historique | 64 | |
Nérac | Centre historique | 33 | 2008 |
Neufchâteau | Centre historique médiéval et ses deux églises | 58 | |
Nice | Vieux-Nice | 25[12] | 1993 |
Nice | Quartier du port | 30 | |
Nîmes | L'Écusson | 41 | 1985 |
Paris | Quartier du Marais[13] | 126 | 1965 délimitation par arrêté du (après expérimentation sur quelques îlots opérationnels le ), publication le , approbation par décret du , révision le [14] |
Paris | Quartier des ministères dans le 7e arrondissement | 171 | 1991 |
Parthenay et Châtillon-sur-Thouet | 71 | ||
Périgueux | Ensemble urbain de Périgueux | 20 | 1980 |
Perpignan | Centre historique | 98 | 1995 |
Pézenas | Centre historique de la ville composé d'une trentaine de bâtiments dont des hôtels particuliers des XVIe, XVIIe, XVIIIe siècle., de la collégiale Saint-Jean, de la Maison Consulaire où eurent lieu les États de Languedoc | 17 puis 58 () | 1965, 2016 |
Poitiers | Le Plateau | 200 | 1985 |
Le Puy-en-Velay | 35 | ||
Rennes | Centre historique au nord de la Vilaine, autour de la cathédrale et de la Place du Parlement de Bretagne | 33 | 1985 |
Richelieu | 27 | 1997 | |
Riom | 38 | 2000 | |
Rochefort | Ce secteur concerne tout le centre-ville et les cours (Roy Bry et d'Ablois). | 137 [15] | 2009 délimitation du périmètre le , en cours |
Rouen | Centre historique, autour de la cathédrale | 42 | 1986 |
Saint-Émilion | 28 | ||
Saint-Germain-en-Laye | 64 | 1964 | |
Saint-Gilles | 40 | ||
Saintes | 44 | ||
Sarlat | 11 | 1964, 1989 | |
Saumur | 63 | 1971 | |
Sedan | Secteur sauvegardé de Sedan | 52 | |
Semur-en-Auxois | 190 | ||
Senlis | 45 | 1965 | |
Sommières | 60 | ||
Strasbourg | La Grande Île | 78 | 1985 |
Thiers | Cité médiévale, Vallée des Usines et quartier du Moutier | 28 | 1985, 2002, 2018 |
Toulouse | Centre historique | 230 | |
Tournus | 93 | ||
Tours | 155 | 2012 | |
Tréguier | 24 | ||
Troyes | Bouchon de Champagne | 53 | 2003 |
Uzès | 11 | 1978 | |
Vannes | 19 | 1982 | |
Versailles | 165 ha + extension de 81 ha | 246 | 1993 |
Vézelay | 33 | ||
Villeneuve-lès-Avignon | 67 | ||
Vitré | 32 | 1994 | |
Viviers | 25 |
Articles connexes
Voir aussi
- (fr) Le code de l'urbanisme sur Legifrance (voir les articles 313-1 et suivants)
- (fr) Plaquette PDF de la Direction de l'Architecture (ministère de la Culture et de la Communication)
- (fr) Fiches pratiques : Créer et mettre en valeur un secteur sauvegardé (ministère de la Culture et de la Communication)
- (fr) Grandeur et misère du patrimoine d’André Malraux à Jacques Duhamel, extrait, analyse détaillée de l'adoption de la loi créant les secteurs sauvegardés, dite Malraux, et de son application.
- Collectif, « La loi Malraux a 50 ans ! », Sites et Monuments, Société pour la Protection des Paysages et de l'Esthétique de France, no 219, (lire en ligne).
Notes
- Texte de la loi du 4 août 1962, consultable sur Légifrance : http://www.legifrance.gouv.fr/jopdf/common/jo_pdf.jsp?numJO=0&dateJO=19620807&pageDebut=07813&pageFin=&pageCourante=07813 , http://www.legifrance.gouv.fr/jopdf/common/jo_pdf.jsp?numJO=0&dateJO=19620807&pageDebut=07813&pageFin=&pageCourante=07814 et http://www.legifrance.gouv.fr/jopdf/common/jo_pdf.jsp?numJO=0&dateJO=19620807&pageDebut=07813&pageFin=&pageCourante=07815.
- « Sites patrimoniaux remarquables », sur gouv.fr (consulté le ).
- Deps - Statistiques, chiffres clés patrimoine et architecture, Statistiques Espaces protégés et liste des secteurs sauvegardés par la direction de l'architecture et du patrimoine
- Ministère de la Culture et de la Communication.
- « Secteur sauvegardé : Bordeaux », sur DRAC Aquitaine (consulté le )
- STAP des Hautes-Alpes
- PAR FRÉDÉRICK LECLUYSE, « Lille : le secteur sauvegardé de la ville passe de 58 à 170 hectares », La Voix du Nord, (lire en ligne , consulté le ).
- http://www.mairie-metz.fr/metz2/municipalite/cyber_mairie/conseil/point.php?id_chapitre=684
- La Marseillaise - un secteur sauvegardé presque doublé et très précis - 13 février 2015
- Arrêté du 22 juillet 1976 portant création et délimitation d'un secteur sauvegardé à Nancy (Meurthe-et-Moselle) JO 04-08-1976 p. 4734
- Le dossier de révision-extension du secteur sauvegardé de la ville de Nancy a été approuvé à l’unanimité lors de la commission nationale des secteurs sauvegardés du 7 octobre 2010. L’arrêté préfectoral n° 2011/DDT54/ADUR/010 en fixe la nouvelle délimitation et autorise la mise en révision du plan de sauvegarde et de mise en valeur, conformément aux articles L313-1 et R313-14 du code de l'urbanisme.
- le secteur sauvegardé du Vieux-Nice
- Plan de sauvegarde et de mise en valeur du Marais
- Préambule du PSMV du Marais, octobre 2013, site paris.fr.
- Ville de Rochefort
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