Que vous ou un être cher ayez été violé ou agressé sexuellement, il est possible d'en guérir. Les victimes de viol et d'agressions sexuelles passent généralement par trois phases pour guérir du traumatisme à leur propre rythme.

Partie 1
Partie 1 sur 3:
Survivre à la phase aigüe

  1. 1
    Sachez que ce n'est pas de votre faute. Quoi qu'il se soit passé, rien de ce que vous avez pu faire n'a entrainé le viol ou l'agression sexuelle [1] .
    • N'ayez pas peur d'en parler aux autres de peur qu'ils vous accusent. Ce n'est pas de votre faute. Votre corps vous appartient, à vous et à vous seul(e) [2] .
    • Tout le monde peut être victime d'un viol ou d'agressions sexuelles, à n'importe quel endroit. Même les hommes [3] .
    • Vous ne l'avez jamais demandé, quoi que vous portiez, et vous n'êtes pas seule [4] .
    • Les rapports sexuels forcés ou les agressions sexuelles provenant de votre petit ami sont toujours considérés comme un viol. Que vous les connaissiez ou que vous soyez en couple n'a aucune importance. Vous pouvez être en couple avec quelqu'un et être quand même forcé contre votre volonté à avoir des rapports sexuels, même si la violence n'entre pas en jeu. Plus de la moitié des viols sont commis par une personne connue de la victime [5] .
    • L'abus d'alcool ou de drogues n'est pas une excuse pour un viol. Ce genre de substances permet de faire tomber certaines inhibitions et fait augmenter les tendances violentes. Les drogues et l'alcool peuvent aussi faire diminuer votre capacité à demander de l'aide. Que ce soit vous ou votre agresseur qui ayez pris de l'alcool ou des drogues, ce n'est pas une raison pour une agression sexuelle [6] .
    • Si vous êtes un homme et si vous avez eu une érection pendant le viol, ne vous sentez pas honteux ou coupable comme si vous y aviez pris du plaisir. L'érection est simplement une réaction physique naturelle à une stimulation même si vous ne la désirez pas ou si cela ne vous plait pas. Vous ne l'avez pas demandé.
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    Appelez les urgences. Si vous êtes en danger immédiat ou si vous êtes gravement blessée, appelez les urgences. Votre sécurité doit être votre priorité.
    • En Amérique du Nord, appelez le 911. En Europe, appelez le 112.
  3. 3
    Ne prenez pas de douche, ne vous lavez pas et ne changez pas vos vêtements. Vous allez ressentir le besoin naturel de laver toute trace de votre agresseur, mais il est important d'attendre avant de le faire [7] .
    • Toute trace de fluides corporels ou cheveux laissée par votre agresseur peut être utilisée plus tard en tant que preuve si vous décidez de porter plainte.
    • Vous pourriez faire disparaitre des preuves essentielles en vous lavant le visage, le corps ou les vêtements.
  4. 4
    Consultez immédiatement un médecin. Rendez-vous à l'hôpital, informez le personnel de votre agression et dites-leur si celle-ci inclut une pénétration vaginale ou anale [8] .
    • Si vous leur en donnez la permission, des membres qualifiés du personnel vont conduire un examen spécial avec un « kit de viol » pour prélever des échantillons de poils et de fluides afin de constituer des preuves. Leur formation leur permet d'être plus sensibles à vos émotions et à vos besoins pendant cette épreuve terrible et ils vont essayer de rendre le processus le plus supportable possible [9] .
    • Vous allez peut-être devoir passer des tests de dépistage d'infections sexuellement transmissibles (IST) et un test de grossesse et peut-être recevoir un traitement. Le traitement peut inclure un contraceptif d'urgence et un médicament prophylactique pour éviter les infections sexuellement transmissibles [10] .
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    Informez le personnel que vous pensez avoir été droguée ou agressée sous influence de l'alcool si c'est le cas [11] .
    • Si vous suspectez que votre agresseur a utilisé une drogue pour vous violer, essayez de ne pas uriner avant de vous rendre à l'hôpital, car vous allez devoir fournir un échantillon de votre urine pour tester la présence de Rohypnol ou d'autres drogues de viol.
  6. 6
    Appelez une plateforme d'aide téléphonique. En France, vous pouvez contacter SOS Viols au 0 800 05 95 95 [12] .
    • De nombreux centres d'écoute de victimes de violences sexuelles ont du personnel formé pour vous accompagner à l'hôpital ou pour prendre rendez-vous avec un médecin si vous ne voulez pas y aller seule.
  7. 7
    Envisagez d'appeler la police pour déclarer le viol. En appelant la police, vous pourrez amener votre agresseur devant la justice et vous l'empêcherez de faire du mal à quelqu'un d'autre [13] .
    • Si vous pensez avoir été droguée, gardez un des verres ou une des bouteilles dans lesquels vous avez bu si cela est possible. Il est possible d'analyser le contenu pour y trouver des traces de drogues et des preuves qui pourront être utilisées plus tard.
    • La drogue de viol la plus souvent utilisée n'est pas le Rohypnol, mais c'est l'alcool. Dites à la police si vous avez consommé de l'alcool ou de la drogue. Même si vous avez consommé volontairement de l'alcool ou de la drogue avant le viol, ce n'est quand même pas de votre faute [14] .
    • En en parlant à la police, vous passez aussi psychologiquement de l'état de victime à celui de « survivante ».
  8. 8
    N'hésitez pas à agir même si du temps s'est écoulé depuis l'agression. Même si le viol s'est passé il y a plus de 72 heures, il est quand même important de contacter la police, une plateforme d'aide téléphonique ou un médecin [15] .
    • Les fluides corporels qui peuvent constituer des preuves doivent être prélevés dans les 72 premières heures qui suivent l'agression. Même si vous n'êtes pas sure de vouloir porter plainte, faites prélever ces preuves au cas où vous en auriez besoin.
  9. 9
    Tenez bon pendant le traumatisme émotionnel. Vous avez traversé un évènement qui va probablement vous provoquer un choc, une dépression, de l'anxiété, de la peur, une hypervigilance et des cauchemars. C'est normal, et avec le temps, vous irez mieux.
    • Les victimes ont aussi souvent un sentiment de culpabilité et de honte, elles souffrent de troubles alimentaires et du sommeil et elles ont du mal à se concentrer.
    • Le traumatisme que les victimes de viol ou d'agressions sexuelles traversent est un type spécial de trouble de stress posttraumatique.
  10. 10
    Sachez que vous allez présenter des symptômes physiques. Vous pourriez souffrir de douleurs, de plaies, d'hématomes, de blessures internes ou d'irritations provoqués par l'agression. Ce sont des souvenirs douloureux qui vont disparaitre.
    • Pendant un moment, ménagez-vous physiquement jusqu'à ce que la douleur et les hématomes guérissent [16] .
    • Essayez de prendre un bain chaud, de méditer ou d'utiliser d'autres techniques de relaxation qui marchent pour vous.
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Partie 2
Partie 2 sur 3:
S'ajuster à l'extérieur

  1. 1
    Attendez-vous à une période de déni et de refoulement. Le déni et le refoulement de vos sentiments sont une partie complètement normale de la deuxième phase de la guérison qu'on appelle phase d'ajustement extérieur. Ces actions ont un rôle important dans le processus de gestion et de guérison.
    • Une victime passe souvent par une phase pendant laquelle elle fait comme si le viol n'a aucun effet sur sa vie et comme si ce n'était qu'une mauvaise expérience sexuelle. Cet acte de déni et de refoulement est appelé minimisation et c'est une réponse normale qui permet de continuer à vivre sur le court terme [17] .
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    Essayez de continuer votre vie normale pendant un moment. Les victimes ont besoin de retrouver un sens de normalité dans leur vie.
    • Cette partie de la phase d'ajustement extérieur est appelée la suppression et elle permet d'agir comme si l'agression n'avait pas eu lieu, même si vous en ressentez toujours les tourments à l'intérieur. Tout comme la phase de minimisation, la suppression vous permet de continuer à vivre sur le court terme.
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    Parlez-en, si vous le pouvez et si vous le voulez. Vous pourriez ressentir le besoin de parler de l'agression et de vos sentiments en permanence, à votre famille, à vos amis, à un conseiller sur une plateforme d'écoute ou à un thérapeute. C'est une technique normale de gestion du stress appelée dramatisation, mais cela ne veut pas dire que vous en faites « tout un drame [18]  ».
    • Vous pourriez sentir que le traumatisme a pris le dessus sur votre vie et qu'il a changé votre identité, surtout si tout ce que vous pouvez et voulez est d'en parler. Il est normal d'avoir besoin de le faire sortir.
  4. 4
    Permettez-vous de le faire sortir. Parfois, une victime a besoin d'analyser ce qu'il s'est passé et d'essayer de se l'expliquer à soi-même et aux autres. Vous pourriez même vous mettre à la place de votre agresseur pour voir si vous pouvez vous imaginer ce à quoi il pensait [19] .
    • Cela ne veut pas dire que vous démontrez de l'empathie pour votre agresseur ou que vous excusez d'une certaine façon son acte, c'est pourquoi vous ne devez pas vous sentir coupable de passer par cette phase.
  5. 5
    N'en parlez pas si vous n'en avez pas envie. Vous avez le droit de ne pas parler de votre agression si vous n'en avez pas envie, même si vous savez que votre famille et vos amis essayent simplement de vous aider en vous conseillant d'en parler.
    • Parfois, les victimes peuvent même changer de travail, déménager dans une autre ville ou changer d'amis pour éviter les déclencheurs émotionnels et pour ne pas en parler. Toutes les victimes ne ressentent pas ce besoin. Cette partie de la phase s'appelle la fuite, car certaines victimes ressentent le besoin de fuir leur douleur [20] .
  6. 6
    Permettez-vous de ressentir vos émotions. La dépression, l'anxiété, la peur, l'hypervigilance, les cauchemars et la colère que vous ressentez sont des symptômes normaux après une agression sexuelle [21] .
    • Pendant cette période, vous allez peut-être ne pas vouloir sortir de chez vous, avoir des problèmes à manger et à dormir et vous allez vous retirer loin des autres et de la société.
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Partie 3
Partie 3 sur 3:
Réorganiser sa vie sur le long terme

  1. 1
    Laissez couler la douleur. Lors de la troisième et dernière phase du traumatisme engendré par le viol, les victimes se retrouvent souvent avec des retours de souvenirs du viol et elles ne peuvent plus les arrêter. C'est à ce moment-là que la guérison commence vraiment.
    • Vous pourriez avoir des flashbacks tellement dérangeants qu'ils vous empêchent de fonctionner correctement. Ce sont des réactions normales au stress posttraumatique et au traumatisme engendrés par le viol.
  2. 2
    Sachez que vous allez aller mieux. C'est souvent lors de cette phase que les victimes se sentent accablées, qu'elles souffrent de flashbacks et qu'elles réfléchissent au suicide. Bien que ces sentiments soient horribles, vous pouvez plutôt essayer d'intégrer votre passé à une nouvelle réalité pour passer à autre chose.
    • Vous allez accepter à un moment ou à un autre que le viol fait partie de votre vie et vous allez passer à autre chose [22] .
  3. 3
    Impliquez votre famille et vos amis. C'est le moment de reprendre un sentiment de sécurité, de confiance et de contrôle et vous allez devoir être en contact avec les autres pour que cela se produise.
    • Choisissez le moment, le lieu et les personnes avec lesquelles vous voulez partager votre expérience. Soyez avec des personnes qui vous soutiennent et posez vos limites en ne discutant que des choses qui ne vous mettent pas mal à l'aise [23] .
    • Vous avez le droit de raconter votre agression à qui vous voulez. Les agresseurs menacent parfois leurs victimes de nouvelles agressions si elles en parlent, mais la seule façon de les arrêter est d'en parler.
  4. 4
    Faites-vous soutenir par un professionnel. Un thérapeute spécialement formé pour aider les victimes de viol et de traumatismes sexuels est une personne qui possède suffisamment d'empathie pour vous aider à traverser vos émotions.
    • Vous trouverez facilement des thérapeutes spécialisés en faisant une recherche sur Internet.
    • Il existe aussi des thérapies de groupe ou même des forums en ligne pour les victimes. Trouvez la solution qui vous va le mieux.
  5. 5
    Donnez-vous du temps pour guérir. Cela va peut-être vous prendre des mois, parfois même des années [24] .
    • Avec le temps, vous allez vous redéfinir et redéfinir votre vision du monde et des relations. Traitez-vous avec gentillesse et ne vous attendez pas à guérir du jour au lendemain.
  6. 6
    Faites-vous aider pour intenter une action en justice. Si vous n'êtes pas sure de ce que vous devez faire, appelez un centre spécialisé pour vous faire aider. Leur personnel est formé pour vous guider à travers le processus et ils peuvent aussi vous accompagner aux réunions et aux rendez-vous si vous le souhaitez.
    • Vous n'êtes pas obligée de porter plainte si vous ne le voulez pas. La police pourrait aussi avertir l'agresseur pour l'empêcher de recommencer [25] .
    • Vous pourriez demander une aide financière pour couvrir certaines dépenses associées aux jours de travail manqués, aux frais de justice, aux frais de thérapie, etc. Vérifiez auprès d'un centre spécialisé pour obtenir plus d'informations [26] .
    • De nombreux centres spécialisés dans les victimes d'agressions sexuelles offrent des services légaux gratuits aux victimes. Dans ces centres, leur personnel pourrait être disponible pour vous accompagner aux rendez-vous avec votre avocat ou au tribunal.
  7. 7
    Renseignez-vous à propos de la loi. Le délai de prescription pour un viol sur majeur est de 10 ans et de 3 ans dans le cas d'autres agressions sexuelles comme des attouchements. Si vous vous encadrez dans ce délai, vous pouvez toujours contacter la police [27] .
    • Si vous choisissez de porter plainte contre l'agresseur et si vous avez reçu des soins médicaux peu de temps après l'agression, il y a de bonnes chances de pouvoir prélever des preuves.
    • Si le médecin ou l'infirmière a utilisé un « kit de viol » ou a procédé à un examen spécifique, il aura conservé des preuves en toute sécurité que la police pourra utiliser.
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Conseils

  • La guérison ne signifie pas que vous oubliez ce qu'il s'est passé et que vous n'avez jamais ressenti de tristesse ou d'autres symptômes. La guérison est un voyage personnel où vous reprenez le dessus dans votre vie, où vous regagnez votre assurance et un sentiment de sécurité et où vous vous pardonnez de votre culpabilité [28] .
  • Vous n'allez pas forcément traverser ces phases dans cet ordre. Le processus de guérison de chaque victime est différent et passe par de nombreux mécanismes de gestion du traumatisme.
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À propos de ce wikiHow

Rebecca Tenzer, MAT, MA, LCSW, CCTP, CGCS, CCATP, CCFP
Coécrit par:
Thérapeute clinique
Cet article a été coécrit par Rebecca Tenzer, MAT, MA, LCSW, CCTP, CGCS, CCATP, CCFP. Rebecca Tenzer est propriétaire et clinicienne en chef d'Astute Counseling Services, un cabinet privé de conseil, établi à Chicago, Illinois. Rebecca a plus de 18 ans d'expérience clinique et éducative dans le domaine de la santé mentale, et elle est spécialisée dans le traitement de la dépression, de l'anxiété, de la panique, des traumatismes, des complications du deuil et des relations interpersonnelles. Elle assoit ses interventions sur une combinaison de thérapie cognitivocomportementale, de thérapie psychodynamique et de pratiques fondées sur des preuves. Rebecca est titulaire d'une licence en sociologie et anthropologie de l'université DePauw, d'un master en enseignement (MAT) de l'université dominicaine et d'un master en travail social (MSW) de l'université de Chicago. Rebecca a été membre de l'AmeriCorps. Elle exerce en qualité de professeure de psychologie au niveau du premier cycle universitaire. Rebecca est formée en tant que thérapeute cognitivocomportementale (CBT), clinicienne certifiée en traumatologie (CCTP), spécialiste certifiée en matière de conseil aux personnes endeuillées (CGCS). Rebecca est membre de la Cognitive Behavioral Therapy Society of America et de la National Association of Social Workers. Cet article a été consulté 18 122 fois.
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