Aliénor d'Aquitaine

Aliénor d'Aquitaine, aussi connue sous le nom d’Éléonore d'Aquitaine ou de Guyenne, née vers 1122 [1],[2] et morte le 31 mars ou le [3] à Poitiers[4], et non à l'abbaye de Fontevraud[5],[6], a été tour à tour reine de France, puis reine d'Angleterre.

Pour les articles homonymes, voir Aliénor.

Aliénor d'Aquitaine

Gisant d'Aliénor d'Aquitaine à l'abbaye de Fontevraud.
Titre
Duchesse d'Aquitaine et comtesse de Poitiers

(66 ans, 11 mois et 23 jours)
Avec Louis VII de France
(1137-1152)
Henri II d'Angleterre
(1152-1189)
Richard Ier d'Angleterre
(1172-1199)
Jean d'Angleterre
(1199-1204)
Couronnement
en la cathédrale Saint-Pierre de Poitiers
Prédécesseur Guillaume X
Successeur Jean d'Angleterre
Reine des Francs

(14 ans, 7 mois et 20 jours)
Couronnement
en la cathédrale Notre-Dame de Reims
Prédécesseur Adélaïde de Savoie
Successeur Constance de Castille
Duchesse de Normandie, comtesse d'Anjou, du Maine et de Touraine

(37 ans, 1 mois et 18 jours)
Prédécesseur Mathilde l'Emperesse
Successeur Bérangère de Navarre
Reine d'Angleterre

(34 ans, 8 mois et 11 jours)
Couronnement
en l'abbaye de Westminster
Prédécesseur Mathilde de Boulogne
Successeur Bérangère de Navarre
Biographie
Dynastie Maison de Poitiers
Date de naissance 1122 ou 1124
Lieu de naissance Belin ou Bordeaux ou Poitiers
Date de décès (à 80 ou 82 ans)
Lieu de décès Poitiers (Comté de Poitiers)
Sépulture Abbaye de Fontevraud
Père Guillaume X d'Aquitaine
Mère Aénor de Châtellerault
Fratrie Pétronille d'Aquitaine
Conjoint Louis VII de France
(1137-1152)
Henri II d'Angleterre
(1152-1189)
Enfants Marie de France
Alix de France
Guillaume d'Angleterre
Henri le Jeune
Mathilde d'Angleterre
Richard Ier
Geoffroy d'Angleterre
Aliénor d'Angleterre
Jeanne d'Angleterre
Jean
Religion Catholicisme

Duchesse d'Aquitaine
Reine de France
Reine d'Angleterre

Duchesse d'Aquitaine et comtesse de Poitiers, elle occupe une place centrale dans les relations entre les royaumes de France et d'Angleterre au XIIe siècle : elle épouse successivement le roi de France Louis VII (1137), puis Henri Plantagenêt (1152), futur roi d'Angleterre Henri II, renversant ainsi le rapport de force en apportant ses terres à l'un puis à l'autre des deux souverains. À la cour fastueuse qu'elle tient en Aquitaine, elle favorise l'expression poétique des troubadours en langue d'oc. À compter de son premier mariage (pendant lequel elle a participé à la deuxième croisade), elle joue un rôle politique important dans l'Europe médiévale.

L'héritière d'Aquitaine

Aliénor d'Aquitaine est la fille aînée de Guillaume X, duc d'Aquitaine et comte de Poitiers, lui-même fils de Guillaume IX le Troubadour[7], et d'Aénor de Châtellerault, fille d'Aymeric Ier de Châtellerault, un des vassaux de Guillaume X.

Aliénor, « l'autre Aénor » en langue d'oc, est ainsi nommée en référence à sa mère Aénor[8]. Le prénom devient Éléanor ou Élléonore (Eleanor ou Ellinor dans les graphies de l'époque) en langue d'oïl ou en anglo-normand[9].

Elle reçoit l'éducation soignée d'une femme noble de son époque à la cour d'Aquitaine, l'une des plus raffinées du XIIe siècle, celle qui voit naître l'amour courtois (la fin amor), et le rayonnement de la langue occitane, entre les différentes résidences des ducs d'Aquitaine : Poitiers, Bordeaux, le château de Belin où elle serait née, soit encore dans un monastère féminin[10]. Elle apprend le latin, la musique et la littérature, mais aussi l'équitation et la chasse.

Elle devient l'héritière du duché d'Aquitaine à la mort de son frère Guillaume Aigret, en 1130[11]. Lors de son quatorzième anniversaire (1136), les seigneurs d'Aquitaine lui jurent fidélité. Son père meurt à trente-huit ans (1137), le Vendredi saint au cours d'un pèlerinage vers Saint-Jacques-de-Compostelle. Elle épouse alors le fils et héritier du roi des Francs (Louis VI le Gros), 5e successeur d'Hugues Capet qui deviendra le futur Louis VII et à qui elle donne deux filles. Deux versions sur la conclusion de ces noces sont possibles : soit, craignant que sa fille soit enlevée (et épousée) par un de ses vassaux ou de ses voisins, le duc Guillaume avait proposé à son suzerain le roi de France, avant de mourir, d'unir leurs héritiers, soit le roi fait jouer la tutelle féodale que le suzerain détient sur l'orpheline héritière d'un de ses vassaux, et la marie à son fils[12] (situation qui rappelle le « mariage oblique » décrit par les ethnologues)[13],[7]. Le roi de France devient duc d'Aquitaine par mariage. Pour autant, le duché d'Aquitaine n'est pas rattaché au domaine royal, et Aliénor en reste la duchesse[14]. L'éventuel fils aîné du couple serait titré roi des Francs et duc d'Aquitaine, car la fusion entre les deux domaines ne devait intervenir qu'à la génération suivante[15].

Les noces entre Aliénor et le futur Louis VII, roi de France, ont lieu le dans la cathédrale Saint-André de Bordeaux. Comme de coutume, les festivités de mariage durent plusieurs jours, au palais de l'Ombrière à Bordeaux, et se répètent tout au long du voyage vers Paris. La nuit de noces a lieu au château de Taillebourg. Les époux sont couronnés ducs d'Aquitaine à la cathédrale Saint-Pierre de Poitiers (aujourd'hui remplacée par une cathédrale gothique) le 8 août[16]. Pendant leur voyage, ils apprennent la mort du roi Louis VI.

La reine de France

Aliénor est couronnée reine de France à Noël 1137 à Bourges (son époux avait déjà été sacré du vivant de son père, à l'âge de neuf ans, mais il est couronné sous le nom de Louis VII). Très belle[17], d'esprit libre et enjoué, Aliénor déplaît à la cour de France. Elle est critiquée pour sa conduite et ses tenues jugées indécentes, tout comme ses suivantes et comme une autre reine des Francs venue du Midi un siècle plus tôt, Constance d'Arles. Ses goûts luxueux (des ateliers de tapisserie sont créés, elle achète beaucoup de bijoux et de robes) étonnent. Les troubadours qu'elle fait venir ne plaisent pas toujours[7] : Marcabru est renvoyé de la cour pour avoir chanté son amour pour la reine.

Certains historiens attribuent ces critiques à l'influence qu'elle aurait sur le roi. Celle-ci est difficile à démontrer selon l'historien Edmond-René Labande[18]. Le jeune couple (ils ont tous deux moins de vingt ans) prend plusieurs décisions jugées inconsidérées :

  • après la constitution de Poitiers en commune par ses habitants, la ville est prise sans effusion de sang par Louis VII, qui exige que les principaux habitants lui livrent leurs fils et filles en otage[19] ; l'abbé Suger intervient pour le faire renoncer à cette volonté ;
  • après cette intervention de Suger sur le duché de la jeune reine, celle-ci l'écarte du conseil ;
  • Louis VII soumet le seigneur Guillaume de Lezay, qui avait refusé l'hommage à Poitiers ;
Vase de cristal d'Aliénor, musée du Louvre.

Au cours de ce conflit avec Thibaut IV de Blois, en janvier 1143, la ville de Vitry-en-Perthois est prise, et l'église dans laquelle s'étaient réfugiés ses habitants incendiée. En 1146, le pape Eugène III jette l'interdit sur le royaume de France. Profondément marqué par le drame de Vitry-en-Perthois et la sanction papale qui touche le royaume, Louis VII, à qui la jeune reine vient de donner une fille, annonce à Bourges, lors d'une assemblée tenue le , qu'il participera à la deuxième croisade avec son épouse Aliénor.

Deux filles sont nées du mariage avec Louis VII :

Durant toute cette période, l'analyse des chartes montre une assez faible implication d'Aliénor dans le gouvernement : elle est là pour légitimer les actes[21].

La deuxième croisade

Aliénor invite le troubadour Jaufré Rudel à la suivre lors de la deuxième croisade, et emmène avec elle toute une suite, avec de nombreux chariots. Augmentée des épouses des autres croisés, la croisade française se trouve encombrée d'un interminable convoi qui la ralentit. La découverte de l'Orient, avec ses fastes et ses mystères, fascine Aliénor et rebute Louis à la piété austère et rigoureuse[22].

Les causes de discorde entre les deux époux s'ajoutent aux difficultés du voyage :

  • la bataille du mont Cadmos, où l'imprudence d'un de ses vassaux manque de causer la perte de la croisade ;
  • les manquements des Byzantins (qui leur cachent d'abord que les Germains ont été battus, puis ne leur fournissent pas les navires promis) ;
  • les retrouvailles avec son oncle Raymond de Poitiers, qui accueille les croisés mais ne reçoit aucune aide de leur part ;
  • l'échec calamiteux de la croisade.

Tout cela provoque, avec l'infidélité supposée d'Aliénor (voir plus bas), une rupture entre les deux époux. Ils reviennent séparément en bateau jusqu'en Italie. La nef d'Aliénor est prise dans une bataille navale entre Roger II de Sicile et l'empereur Manuel Comnène : elle tombe aux mains des Byzantins, avant d'être aussitôt délivrée par les Normands de Sicile[23]. Elle aborde à Palerme, puis rejoint Louis VII en Calabre, où il a débarqué le 29 juillet. Après un arrêt dû à une maladie d'Aliénor[24], ils remontent ensuite vers la France. Le pape Eugène III à Tusculum[25],[26], puis Suger (par lettres interposées), réussissent à les réconcilier. Leur seconde fille naît d'ailleurs l'année suivante. Cependant, le désaccord ressurgit à l'automne 1151. Début 1152, le couple relève les garnisons royales présentes dans le duché d'Aquitaine[27]. Enfin, le mariage est annulé le par le second concile de Beaugency, en l'église Notre-Dame de l'abbaye de Beaugency, pour motif de consanguinité[28] aux 4e et 5e degrés (à strictement parler le divorce[29] n'existe pas à l'époque).

L'incident d'Antioche et la « légende noire »[30] de la reine Aliénor

Raymond de Poitiers accueillant Louis VII à Antioche, d'après une enluminure de Jean Colombe pour Les Passages d'outremer de Sébastien Mamerot, vers 1473-1474.

Les événements d'Antioche, ramenés à l'importance d'un incident par l'historien Jean Flori, ont depuis presque neuf siècles suscité une abondante littérature : cette infidélité d'Aliénor (dont les historiens ne sont pas tous convaincus) a non seulement des conséquences graves sur l'histoire politique, mais son rapport par les chroniqueurs nous en apprend beaucoup sur les mentalités de l'époque, et cet épisode est devenu depuis un enjeu pour les historiens, toujours controversé[31].

Au début du printemps 1148[32], la croisade s'arrête dix jours[33] à Antioche : elle y est accueillie par Raymond de Poitiers, oncle d'Aliénor, prince d'Antioche.

Il est certain qu'Aliénor et Raymond de Poitiers s'entendent à merveille et passent beaucoup de temps ensemble[7]. Des soupçons naissent sur la nature de leurs relations et une dispute éclate entre Louis VII et Aliénor.

Louis VII souhaite engager son armée vers Jérusalem, mais Aliénor refuse de quitter son oncle et rappelle alors à son époux leur degré de consanguinité et qu'elle pourrait donc demander l'annulation de leur mariage. Cette consanguinité était connue au moins depuis 1143, mais Bernard de Clairvaux lui-même ne jugeait pas cela d'une très grande gravité[34].

De nuit, Louis VII quitte Antioche en [35], forçant Aliénor à le suivre.

Plusieurs chroniqueurs[36] évoquent l'affaire tout en écrivant qu'il vaut mieux ne pas en parler, signe qu'elle est connue de tous et de nature à porter atteinte à la réputation de certains contemporains. Parmi les chroniqueurs les mieux placés, Eudes de Deuil choisit d'arrêter son récit juste avant l'arrivée du couple royal à Antioche. L'historien Jean Flori interprète ce silence comme un désir de ne pas nuire au roi[37]. Une lettre de Suger[38] à Louis VII évoque elle aussi des troubles graves dans le couple. Guillaume de Tyr donne, quant à lui, une explication politique : Raymond de Poitiers aurait tenté de manipuler la croisade pour l'orienter vers le siège d'Alep et de Césarée, et aurait manipulé Aliénor afin d'influencer le roi. Cette trahison politique d'Aliénor doublerait donc la trahison matrimoniale. Aliénor est, pour lui, une « poupée manipulée », sans volonté[39], ce qui est une des deux manières principales dont elle a été représentée (avec la figure de la nymphomane). Les historiens ont aujourd'hui complètement abandonné les accusations de nymphomanie et celles qui lui sont liées[40].

Quant à l'infidélité de la reine, elle n'est pas impensable au XIIe siècle : parmi les exemples de l'histoire, le plus proche est celui de la reine Marguerite, épouse d'Henri le Jeune soupçonnée d'avoir été pour un temps maîtresse de Guillaume le Maréchal[41]. Le contexte de la croisade aggrave encore la sensibilité à ce qui touche la sexualité : Jean Flori note que, en arrière-plan, la sexualité au cours de la croisade, même légale, était déjà jugée de façon défavorable : sans évoquer Aliénor, plusieurs contemporains attribuent l'échec de la deuxième croisade aux fautes morales des croisés. La même explication est donnée pour l'échec de celle de 1101 (celle de Guillaume le Troubadour)[42].

Sur cet incident, une infidélité qui paraît acquise aux contemporains[43], et même bien avant la mort d'Aliénor[44], les chroniqueurs brodent assez rapidement : Hélinand de Froidmont, dans sa Chronique universelle, comme Aubry de Trois-Fontaines affirment qu'elle se conduisit « plus en putain qu'en reine ». Le but est ici politique : mettre en valeur la vertueuse dynastie capétienne et justifier sa suprématie sur un lignage Plantagenêt immoral[45]. Avant la fin du Moyen Âge, l'évènement est grossi et transformé : on identifie l'amant à Raoul de Faye ou à un Sarrasin bientôt assimilé à Saladin[46] (enfant à l'époque). L'épisode de la maîtresse d'Henri II, Rosemonde, se greffant là-dessus (rumeur d'empoisonnement sur ordre d'Aliénor), certains chroniqueurs lui prêtent une liaison avec l'évêque de Poitiers Gilbert de la Porrée et le connétable d'Aquitaine Saldebreuil[47], etc.

Pour Jean Flori, il a pu se passer deux choses :

  • soit Aliénor a effectivement eu des relations incestueuses avec son oncle et voulu ensuite rester avec lui, au point de ne pas craindre de se séparer de son époux ;
  • soit les croisés se sont trompés dans leur appréciation du sentiment qui unissait Raymond de Poitiers et Aliénor d'Aquitaine, ce qui donne une Aliénor très hardie osant évoquer la dissolution du mariage.

Dans les deux cas, l'élément primordial est cette évocation d'une possibilité d'annulation du mariage à l'initiative de l'épouse[48], et qui a forcément dû être préméditée[49]. Ce faisant, c'est elle qui décide de la rupture du mariage, chose pensable dans l'univers mental d'alors : pratiquement, c'est elle qui répudie son mari.

Il est difficile de trancher sur la réalité de l'adultère, comme Jean Flori s'interdit de le faire :

« On peut (…) penser que les soupçons de Louis VII étaient justifiés, comme l'ont fait la plupart des chroniqueurs dès que l'incident a été narré, ou au contraire estimer que l'intimité très naturelle de l'oncle et de sa nièce fut à tort jugée coupable par les trop austères chevaliers et prélats du Nord qui exigeaient d'une reine un comportement plus strict, au point de suspecter sa vertu et de conseiller au roi, agacé de ces rumeurs, de l'entraîner avec lui sans tarder. Dans ce cas, comme le fait remarquer Jean de Salisbury, l'accent doit être porté sur la demande de rupture formulée par la reine pour motif de consanguinité[50]. »

« Au demeurant, la réalité de l'adultère importe peu (…). Ce qui est très important (…) c'est le fait (…) que les contemporains d'Aliénor ont réellement cru qu'elle était une reine luxurieuse et (pis encore !) une reine n'hésitant pas à prendre l'initiative de la rupture[51] »

Il est fort probable qu'elle ait déjà eu en tête à Antioche de se séparer de Louis VII. Puis plus tard, 3 ans après le retour de la croisade, Aliénor pensait peut-être déjà épouser Henri, le fils de Geoffroy V d'Anjou, qu'elle avait rencontré en à Paris[52] alors qu'il accompagnait son père, qui avait été convoqué par Louis VII[53]. Le , l'annulation du mariage fut prononcée lors du second concile de Beaugency (Loiret), le roi séjournant en cette ville et Aliénor vivant durant ce temps dans le petit village de Tavers, à quelques kilomètres de là.

La reine d'Angleterre

Mariage avec le futur roi Henri II d'Angleterre

Royaume de France après le mariage avec Henri II Plantagenêt.

Aussitôt, elle rentre à Poitiers et manque d'être enlevée deux fois en route par des nobles qui convoitent la main du plus beau parti de France : le comte Thibaud V de Blois et Geoffroi Plantagenêt[54]. Elle échange quelques courriers avec Henri Plantagenêt aperçu à la cour de France, en , à l'occasion d'un règlement de conflit réclamant sa présence et, le , huit semaines après l'annulation de son premier mariage, elle épouse à Poitiers ce jeune homme fougueux, futur roi d'Angleterre, d'une dizaine d'années son cadet et qui a un degré de parenté encore plus proche que Louis VII[55]. Le , ils sont couronnés roi et reine d'Angleterre par Thibaut du Bec, archevêque de Cantorbéry[56], permettant à l'Angleterre l'accroissement inespéré de ses territoires continentaux. En Allemagne, la beauté de la reine Aliénor d'Aquitaine est chantée dans Carmina Burana[57]:

«Si tout l'univers était à moi
Depuis l'Océan jusqu'au Rhin
J'y renoncerais avec joie
Pour pouvoir tenir dans mes bras
La reine d'Angleterre»[58]

Dans les treize années qui suivent, elle lui donne cinq fils et trois filles :

Durant les deux premières années de ce mariage, Aliénor affirme son autorité. Mais rapidement, c'est Henri II qui prend les décisions ; cinq grossesses les sept premières années la tiennent peut-être à distance. En tout cas, elle le suit au cours de ses voyages s'il a besoin d'elle, le représente quand il ne peut se déplacer (à Londres fin 1158 et en 1160), sinon elle est tenue plus souvent dans les domaines Plantagenêt que dans les siens. Après 1154, tous ses actes sont soit précédés d'une décision du roi d'Angleterre, soit confirmés ensuite par lui[62]. Malgré sa réputation de femme légère, forgée a posteriori par des chroniqueurs[Passage contradictoire], Aliénor est excédée par les infidélités de son époux. Ainsi, son premier fils Guillaume et un bâtard d'Henri sont-ils nés à quelques mois d'écart ; Henri eut beaucoup d'autres bâtards tout au long de leur mariage. Néanmoins, elle obtient en 1191 du pape Célestin III pour l'un d'entre eux, Geoffroy, l'archevêché d'York[63].

L'échec de la conférence de Montmirail (), et la difficulté de maintenir sa domination sur un ensemble aussi vaste et hétérogène poussent Henri II à une réforme dynastique. En 1170, Richard est proclamé duc d'Aquitaine et Aliénor gouverne son duché en son nom. Elle s'établit à Poitiers, y crée la Cour d'amour, dont quelques règles ont été rédigées par André le Chapelain (ou Andreas Capellanus) (voir plus bas). Tout comme avec Louis VII, elle n'agit que très peu politiquement[64].

Aliénor est horrifiée par l'assassinat de Thomas Becket dans sa cathédrale de Cantorbéry en Angleterre, en 1170[réf. nécessaire].

La mécène

Les historiens ont longtemps attribué à Aliénor d'Aquitaine un rôle important de mécène, notamment auprès des troubadours, ayant été formée à l'exemple de ses père et grand-père. Cette vision a été radicalement remise en cause récemment par K. M. Broadhurst : en effet, en regardant en détail les œuvres auparavant considérées comme commandées ou dues au patronage d'Aliénor, très peu comportent une mention de cette commande. De plus, en se fondant sur le fait que le seul troubadour présent dans les chartes au même endroit qu'Aliénor est Arnaut-Guilhem de Marsan, coseigneur de Marsan lors d'un plaid tenu à Bordeaux, l'existence même de ces cours poétiques est remise en cause[65]. Arnaut-Guilhem de Marsan était l'auteur d'un célèbre (au Moyen Âge) Ensenhamen de l'escuder, un guide qui expliquait comment se comporter en bon chevalier.

Il affirme également que ces cours d'amour sont des inventions d'André le Chapelain qui poursuivait peut-être des buts politiques en voulant discréditer Aliénor. Il était en effet un clerc du roi de France Philippe Auguste, fils de Louis VII, et son ironie à l'égard d'Aliénor est évidente[66], de même qu'il n'a jamais fréquenté sa cour.

Cependant, on peut attribuer la commande d'une traduction de Monmouth[67] à Wace, qu'il enrichit et en fait son Roman de Brut, qui lui est probablement dédicacé ; c'est une œuvre importante de 15 000 vers, qui a au moins dû recevoir un encouragement ou une incitation princière. On peut joindre à cette attribution au moins l'Histoire des ducs de Normandie, par Benoît de Sainte-Maure[68]. D'un autre côté, sans qu'on puisse attribuer l'origine d'œuvres à des commandes royales, un certain nombre ont certainement été composées en leur honneur, ou dans le but de leur plaire, ou ont dû valoir à leur auteur une généreuse récompense. Enfin, le prestige du couple est tel qu'il est présent dans la littérature contemporaine : dans les années 1150, un trouvère anonyme, originaire de l'Angoumois, refait la geste de Girart de Roussillon, en glissant plusieurs allusions à Aliénor d'Aquitaine[69]. Plus tard, en 1155, le Normand Benoît de Sainte-Maure ne la nomme pas, mais fait son éloge dans son Roman de Troie, manière de dédicace[70] ; de même, il chante les louanges du couple royal deux fois dans la Vie de saint Édouard[71]. Le troubadour Bernard de Ventadour, qu'elle accueille à sa cour en 1153[72], lui dédie l'une de ses chansons en la surnommant « la duchesse de Normandie ». Quand elle règne à Poitiers, elle ouvre une cour lettrée, y accueillant entre autres sa fille Marie de Champagne (protectrice de Chrétien de Troyes)[73]. De même, Barking et Philippe de Thaon lui dédient des œuvres[74].

En 1162, à sa demande, commencent les travaux d'une nouvelle cathédrale à Poitiers[75].

Il apparaît donc que la cour Plantagenêt protège les artistes, et que l'époque connaît une importante floraison littéraire, qui pénètre très peu la cour de France[76]. Malgré cela, Henri II tient probablement un rôle important dans le patronage des artistes : il commissionne dans les années 1160 la rédaction du Roman de Rou[77], conjointement à Aliénor[78].

La révolte de 1173-1174 et les quinze ans de captivité

En 1173, elle trame le complot qui soulève ses fils Richard, Geoffroy et Henri le Jeune contre leur père, Henri II[79]. Cette révolte est soutenue par Louis VII, le roi d'Écosse Guillaume Ier, ainsi que les plus puissants barons anglais. Aliénor espère reprendre le pouvoir à Henri II, mais, lors d'un voyage, elle est capturée et Richard finit par rallier son père.

Aliénor tente de rejoindre la cour de Louis VII à Paris mais est arrêtée auparavant par les soldats de son mari. Elle est emprisonnée pendant presque quinze années, d'abord à Chinon, puis à Old Sarum (Salisbury), et dans divers autres châteaux d'Angleterre. Dans un premier temps, Henri II tente de faire dissoudre le mariage (jusqu'à la mort de Rosemonde de Clifford)[réf. nécessaire], mais le cardinal Ugucione, nonce apostolique, lui oppose une fin de non-recevoir[80].

En 1183, Henri le Jeune, endetté et auquel son père refuse la Normandie, se révolte à nouveau. Il tend un guet-apens à son père à Limoges, soutenu par son frère Geoffroy et par le roi de France Philippe Auguste. Mais il échoue, et doit subir un siège à Limoges, puis s'enfuir. Il erre ensuite en Aquitaine, et meurt finalement de dysenterie. Mais avant de mourir, il a demandé à son père, le roi Henri II d'Angleterre, de libérer sa mère. De même, en 1184, Henri le Lion et son épouse Mathilde d'Angleterre intercèdent auprès d'Henri II, et la captivité d'Aliénor s'adoucit. Pour la Pâques 1185, il la fait revenir sur le continent lors de la nouvelle révolte de leur fils Richard (Cœur de Lion), fils préféré d'Aliénor, afin qu'elle le ramène à la docilité[81].

Son action de gouvernement

C'est dans la période 1167-1173 qu'elle commence à prendre des décisions d'importance, sans avoir besoin d'une confirmation d'Henri II. Mais là encore, elle n'exerce seule et pleinement le pouvoir, que parce que le roi se retire volontairement[82]. Son activité est suspendue pour la période 1173-1189, avant de reprendre dès sa libération. Lors de cette période de retraite monastique entrecoupée de sorties dans le monde, son autonomie de gouvernement n'est en rien limitée. Sans en faire une reine indépendante, Jean Flori reconnaît qu'elle a tenté d'exercer le pouvoir, ce qui est déjà exceptionnel pour l'époque ; qu'elle l'a fait de manière conjointe et limitée avec Louis VII ; et de manière discontinue et incomplète avec Henri II. Le fait d'être femme a limité ses pouvoirs pendant les périodes de crise[83]. Le principal étant qu'elle montre une inépuisable énergie pour maintenir entier le domaine des Plantagenêt.

S'inspirant des conventions maritimes qui existaient déjà en Méditerranée orientale, Aliénor jette les bases d'un droit maritime avec la promulgation en 1160 des Rôles d'Oléron lesquels sont à l'origine de la loi actuelle de l'Amirauté britannique, et du droit maritime moderne. Elle passe également des accords commerciaux avec Constantinople et les ports des Terres saintes[réf. nécessaire].

Elle accorde une charte de commune à Poitiers, et modernise la ville : construction de halles, d'une enceinte nouvelle, agrandissement de son palais, etc.

La veuve

Après la mort d'Henri II, le , elle est libérée par ordre du nouveau roi, son fils Richard Cœur de Lion. Elle parcourt alors l'Angleterre, y libère les prisonniers d'Henri II et leur fait prêter serment de fidélité au nouveau roi. Elle y gouverne en son nom jusqu'au début de 1191[84]. Alors que Richard Cœur de Lion est parti pour la troisième croisade, elle va chercher Bérangère de Navarre et la conduit, en plein hiver, par les Alpes et l'Italie, jusqu'à Messine, où Richard s'apprête à appareiller pour la Terre sainte[85]. Aliénor et Bérangère le rejoignent le 30 mars. Ils préparent hâtivement les épousailles. Richard épouse Bérangère à Limassol le 16 mai.

Aliénor retourne précipitamment en Angleterre empêcher son plus jeune fils, Jean sans Terre, le mal-aimé, de trahir son frère Richard. Elle n'y parvient qu'un temps : en mars 1193, il cède le Vexin à Philippe Auguste : aussitôt, elle l'assiège avec tous les barons anglo-normands (dont Guillaume le Maréchal) à Windsor[86].

Sur le chemin du retour, Richard est capturé en Autriche. Indignée par la nouvelle, et par l'absence de réaction du pape (qui protège normalement les croisés), Aliénor écrit néanmoins à celui-ci pour lui demander de l'aide et fustiger son inertie, parvient à rassembler l'énorme rançon (cent cinquante mille marcs d'argent, équivalant à deux années de recettes pour le royaume d'Angleterre[87]) qu'elle apporte elle-même à Mayence à Henri VI, fils de Frédéric Barberousse (hiver 1193–1194)[88].

Elle se retire ensuite à Fontevraud. La blessure de Richard Cœur de Lion au siège du château de Châlus-Chabrol la tire de sa retraite. Il meurt le , et elle prend aussitôt parti pour son dernier fils Jean[89] : à 77 ans, elle parcourt tout l'Ouest de la France, rallie l'Anjou qui s'était prononcé pour le comte de Bretagne, et fait prêter serment à Jean sans Terre dans son duché d'Aquitaine. En juillet, elle rend hommage au roi Philippe II de France, à Tours, puis rencontre son fils Jean sans Terre à Rouen. Enfin, en janvier 1200, elle est en Castille où elle doit ramener une épouse pour l'héritier du trône de France : elle préfère Blanche de Castille, parmi ses deux petites-filles. Cette enfant deviendra la mère de Saint Louis[90].

Dernières années

Le gisant couché en tuffeau polychrome[91] d'Aliénor (avec Henri II au second plan), à Fontevraud : représentée à une trentaine d'années, coiffée de la couronne royale, les yeux sans regard, avec pour la première fois en Occident médiéval le thème de la femme lectrice (le livre est probablement un psautier[93], mais aussi l'évocation du Livre de Vie qu'elle lira éternellement)[94].

Aliénor se retire en 1200 à l'abbaye de Fontevraud[95]. Malade, elle ramène néanmoins, en février 1201, le puissant vicomte Aimery VII de Thouars, qui s'était révolté[96], à l'obéissance.

En juillet 1202, Philippe Auguste déclare Jean sans Terre félon, et saisit ses domaines continentaux. Une de ses armées, à Tours, est commandée par le petit-fils d'Aliénor, Arthur de Bretagne, et menace Fontevraud. Elle fuit l'abbaye pour se réfugier à Poitiers, mais ne peut y parvenir et s'abrite à Mirebeau, y est assiégée par le duc de Bretagne du 15 juillet[97] au 1er août, avant d'être délivrée par son fils Jean[98].

Elle se retire à nouveau à Fontevraud à l'automne, et meurt à Poitiers, à l'âge de 82 ans, le [8], quelques semaines après la prise de Château-Gaillard par Philippe Auguste[99]. Elle est inhumée à Fontevraud où malgré les saccages et profanations révolutionnaires de 1793 on peut toujours voir son gisant polychrome qui voisine avec ceux de son second mari Henri II Plantagenêt, de son troisième fils Richard Cœur de Lion et d'Isabelle d'Angoulême, l'épouse de Jean sans Terre.

Arbres généalogiques

Les ducs d'Aquitaine inclus dans ces arbres étaient aussi comtes de Poitiers. On n'a conservé que le premier titre pour alléger le texte et pour respecter la hiérarchie nobiliaire.

Ascendance ramnulfide

Ascendance capétienne simplifiée

Postérité

Aliénor d'Aquitaine par Frederick Sandys, 1858, musée national de Cardiff.

Une « légende noire » s'est tout d'abord constituée autour d'Aliénor d'Aquitaine avant sa réhabilitation par les historiens. Ce personnage historique hors norme a inspiré de nombreuses fictions, notamment romanesques.

La représentation d'Aliénor d'Aquitaine sur le mur de la chapelle Sainte-Radegonde de Chinon est sujette à caution : il pourrait s'agir en fait de son fils Henri le Jeune couronné du vivant de son père ce qui lui permettait de porter couronne et manteau à doublure de vair[100].

Hommages

Aliénor d'Aquitaine est une des 39 convives attablées dans l'œuvre d’art contemporain The Dinner Party (1979) de Judy Chicago[101].

Un timbre-poste français est édité en 2004 à l'occasion du 800e anniversaire de sa mort[102]( 0.50 € ,Yvert et Tellier 3640) . Ainsi qu'en 2014 une vignette accolée au timbre ( 0.61€, Yvert et Tellier 4859 ) édité au salon international Passion-Timbres à Poitiers.[103]

Une rose portant son nom a été créée en 2005[104].

Quatre collèges portent son nom dans le département de la Gironde : à Salles, Martignas-sur-Jalle, Bordeaux et Castillon-la-Bataille, ainsi que, dans le département de la Charente-Maritime, celui de Le Château-d'Oléron. Un lycée d'enseignement général et technologique à Poitiers portent également son nom.

En 2019, elle donne son nom au nouveau bâtiment qui accueille le campus euro-latino-américain de l’Institut d'études politiques de Paris (Sciences Po) à Poitiers au No 23 de la rue Jean Jaurès[105].

Représentations iconographiques

  • Vitrail de la Crucifixion, vitrail, Cathédrale Saint-Pierre, Poitiers, v. 1150-1173.
  • Fresque royale, fresque, Chapelle Sainte-Radegonde, Chinon, Fin XIIe siècle.
  • Gisant couché en tuffeau d’Aliénor d’Aquitaine, Fontevraud, XIIIe siècle.
  • Robinet Testart, « Répudiation d’Aliénor », enluminure, dans Primat, Les grandes chroniques de France. Louis VII le Jeune et Philippe II Auguste / publiées pour la Société de l’Histoire de France par Jules Viard, vol. 6, Paris, H. Champion, 1920-1953.
  • Anonyme, Galerie des reines de France, estampe, Gangel et Didion Paulin, Musée de l’Image, Épinal, XIXe siècle.
  • Jean-Baptiste Mauzaisse, Le roi Louis VII prend l’oriflamme à Saint-Denis en présence de la reine Aliénor d’Aquitaine et reçoit le bourdon et la panetière du pèlerin des mains du pape Eugène III, Musée national du château de Versailles, Versailles, 1840.
  • Émile Signol, Saint Bernard prêchant la Deuxième croisade en présence de Louis VII et de la reine Aliénor, h/t, Musée national du château de Versailles, Versailles, 1840.
  • Frederick Sandys, Queen Eleanor, h/t, National Museum and Gallery of Wales, Cardiff, Royaume-Uni, 1858.
  • Edward Burne-Jones, Rosemonde et la reine Aliénor, gouache sur papier, Centre d’art britannique de Yale, Yale, États-Unis, 1861.
  • Charles Fouqueray, Aliénor d’Aquitaine concède aux habitants de Niort les libertés communales en 1203, fresque, Salle du conseil de Niort, Niort, 1901.
  • Martin Mörck, Aliénor d’Aquitaine v.1122-1204, Timbre-poste, Paris, La Poste, 2004.
  • Laurent Lefebvre, Aliénor blanche, Étiquette de bière, Nouvelle-Aquitaine, Brasserie Aliénor, 2018.

Cinéma

Katharine Hepburn incarnant la reine Aliénor dans Le Lion en hiver (1968).

Télévision

Littérature

  • Clara Dupont-Monod
    • Le Roi disait que j'étais diable, Grasset, 2014 (ISBN 978-2246853855).
    • La Révolte, Stock, 2018 (ISBN 978-2234085060).
  • Isaure de Saint Pierre, Aliénor, l'insoumise : roman, Paris, éditions Albin Michel, , 409 p. (ISBN 978-2-226-25205-0 et 2226252053).
  • Mireille Calmel, Le Lit d'Aliénor, XO éditions, 2001.
  • Brigitte Coppin et Claude Cachin, Aliénor d'Aquitaine, une reine à l'aventure, coll. Père Castor, éd. Flammarion, 1998.
  • Félix Magne, La Reine Aliénor, duchesse d'Aquitaine, PyréMonde/Princi Negue, 1998.
  • Polly Schoyer Brooks, Aliénor deux fois reine, Hachette Littérature, 1995 (ISBN 2010152476).
  • Michel Peyramaure, L'aigle des deux royaumes, Limoges, Lucien Souny, (ISBN 978-2-905262-72-1, OCLC 30000545).
  • Élodie Bourgeois, Aliénor D'Aquitaine : La Reine Aux Deux Royaumes, Amazon, 2017[107].
  • Régine Pernoud, Aliénor d'Aquitaine, Le Livre de poche, Paris, 2004 (rééd. 1965), (ISBN 2-253-03129-1)
  • Marie-Noëlle Demay, Aliénor d'Aquitaine. Il y eut un soir, et il y eut un matin, Presses de la Cité, 2022.

Poésie

Bande dessinée

Théâtre

  • Benjamin Vincent, Aliénor d'Aquitaine création à Vianne, mise en scène Roger Louret avec Marianne Valéry dans le rôle-titre et Nicolas Briançon, 1986.
  • Mathieu Falla, Aliénor ou l'aigle se réjouira, Liège, 1977 (prix de littérature dramatique de la province de Liège).
  • Jean Anouilh, Becket ou l'Honneur de Dieu, 1959, où elle figure sous le nom de "la jeune reine".

Internet

  • Armelle Deutsch incarne Aliénor d'Aquitaine dans la vidéo YouTube Confession d'Histoire : Aliénor & Conséquences (ou la Deuxième Croisade)[108].

Jeux vidéo

  • Dans le jeu Civilization VI et plus précisément dans l'extension Gathering Storm, Aliénor d'Aquitaine peut être jouée en tant que chef de la France ou de l'Angleterre[109].

Notes et références

  1. La date et le lieu exacts de sa naissance ne sont pas connus ; plusieurs chroniqueurs signalent que les seigneurs d'Aquitaine lui ont juré fidélité à son quatorzième anniversaire, en 1136. Quelques chroniques donnent 1120 comme date de naissance, mais il est presque certain que ses parents ne se sont mariés qu'en 1121. Enfin, d'autres chroniques lui donnent treize ans lors de son mariage, en 1137.
  2. Jane Martindale retient 1122, dans « Eleanor, suo jure duchess of Aquitaine (c.1122–1204) », Oxford Dictionary of National Biography, Oxford University Press, édition en ligne : mai 2006.
  3. Marie-Aline de Mascureau, « Chronologie », primitivement publiée dans Aliénor d'Aquitaine, Revue 303, hors-série no 81, p. 218-223, Nantes, 2004, dans Edmond-René Labande, Pour une image véridique d'Aliénor d'Aquitaine, réédité avec une préface de Martin Aurell par la Société des antiquaires de l'Ouest-Geste éditions en 2005. (ISBN 2-84561-224-9).
  4. Edmond-René Labande, « Pour une image véridique d'Aliénor d'Aquitaine », paru dans le Bulletin de la Société des antiquaires de l'Ouest, 1952, p. 175-234 ; réédité avec une préface de Martin Aurell par la Société des antiquaires de l'Ouest-Geste éditions en 2005 (ISBN 2-84561-224-9), p. 26 ; voir aussi Jean Flori, Aliénor d'Aquitaine. La reine insoumise, Paris, Payot, 2004 p. 184-185 (non consulté).
  5. Edmond René Labande, Histoire de l'Europe occidentale XIe – XIVe siècle, Variorum Reprints, 1973, p. 233.
  6. Selon Jean Flori et Martin Aurell, la localisation de sa mort à l'abbaye de Fontevraud, tirée de la Chronique de Saint-Martial, est due à une mauvaise lecture d'Amy Kelly. Voir la réédition de l'article de Labande, op. cit., p. 26.
  7. « Les femmes de la liberté », sur Libération.fr (consulté le )
  8. Élisabeth Royez, « 900 ans après, pourquoi Poitiers se souvient d'Aliénor d'Aquitaine? », Centre Presse, (lire en ligne)
  9. Jean Markale, Aliénor d'Aquitaine, Payot, , p. 21.
  10. Aurell, dans Labande, op. cit., p. 10.
  11. Jean Flori, Aliénor d'Aquitaine. La reine insoumise, Paris, Payot, 2004 (ISBN 2-228-89829-5), p. 41.
  12. Aurell, dans Labande, op. cit., p. 8 et 11.
  13. Edmond-René Labande, Pour une image véridique d'Aliénor d'Aquitaine, Geste, , p. 11.
  14. Jean Favier, Les Plantagenêts, Texto, Normandie, 2015, (ISBN 979-10-210-0881-6), p. 210 : Pour l'essentiel, le roi avait atteint son but : Louis VII épousait l'Aquitaine. Même si, en théorie, le duché n'était pas uni au domaine royal et s'il gardait ses institutions et ses coutumes, il était en fait administré par les gens du roi, et les revenus en allaient au Trésor royal.
  15. (en) Alison Weir, Eleanor of Aquitaine : A Life, .
  16. Mascureau, dans Labande, op. cit., p. 122.
  17. Labande, op. cit., p. 69.
  18. E.-R. Labande, op. cit., p. 41.
  19. Marcel Aubert, Suger, 1950, p. 94.
  20. http://www.louvre.fr/oeuvre-notices/vase-de-cristal-d-alienor.
  21. Jean Flori, op. cit., p. 388-389.
  22. Marcel Pacaut, Louis VII et son royaume, S.E.V.P.E.N., , p. 31.
  23. Labande, op. cit., p. 56.
  24. Labande, op. cit., p. 57.
  25. (en) New Advent (Catholic Encyclopedia), « Eugene III » (consulté le )
  26. (it) Harald Zimmermann, « Eugène III », (consulté le )
  27. Labande, op. cit., p. 61-62.
  28. Le Point.fr, « Aliénor d'Aquitaine (1122-1204) », sur lepoint.fr, (consulté le ).
  29. La famille (le divorce) au Moyen Âge sur le site d'Historia thématique.
  30. L'expression récente est de Martin Aurell, et reprise depuis par, entre autres, Jean Flori.
  31. Jean Flori, qui a divisé la biographie de la reine en deux, traite ainsi de cet épisode dans la seconde, celle consacrée aux parties faisant l'objet de discussion.
  32. Alain Demurger, Vie et mort de l'Ordre du Temple, éditions du Seuil, 1985, p. 100.
  33. Régine Pernoud, Aliénor d'Aquitaine, Le Livre de poche, Paris, 2004 (rééd. 1965), (ISBN 2-253-03129-1), p. 74.
  34. Joëlle Dusseau, Aliénor aux deux royaumes, Mollat, Bordeaux, 2004, (ISBN 2-909351-78-5), p. 40.
  35. Alain Demurger, op. cit., p. 100.
  36. Gervais de Cantorbéry dans l'Histoire des rois d'Angleterre et Richard de Devizes, cités par Jean Flori, Aliénor d'Aquitaine. La reine insoumise, Paris, Payot, 2004 (ISBN 2-228-89829-5), p. 305.
  37. Jean Flori, Aliénor d'Aquitaine, p. 315-316.
  38. 3 avril 1149, citée par Jean Flori, op. cit., p. 317.
  39. Jean Flori, op. cit., p. 329.
  40. « Les accusations de nymphomanie avec de proches parents ne résistent pas à la critique moderne », Martin Aurell, « Introduction : pourquoi la débâcle de 1204 ? », dans Martin Aurell et Noël-Yves Tonnerre éditeurs. Plantagenêts et Capétiens, confrontations et héritages, colloque des 13-15 mai 2004, Poitiers. Brepols, 2006, Turnhout. Collection Histoires de famille. La parenté au Moyen Âge (ISBN 2-503-52290-4), p. 4.
  41. Jean Flori, Richard Cœur de Lion: le roi-chevalier, Payot, 1999, p. 443.
  42. Jean Flori, op. cit., p. 324.
  43. Joëlle Dusseau, op. cit., p. 40.
  44. Jean Flori, op. cit., p. 332.
  45. Jean Flori, op. cit., p. 304-305
  46. Jean Flori, Aliénor d'Aquitaine - La reine insoumise, p. 332.
  47. Jean Flori, Aliénor d'Aquitaine - La reine insoumise, p. 17.
  48. Jean Flori, op. cit., p. 303.
  49. Jean Flori, op. cit., p. 333.
  50. Jean Flori, op. cit., p. 332-333.
  51. Jean Flori, op. cit., p. 334.
  52. Martin Aurell et Noël-Yves Tonnerre, Plantagenêts et Capétiens, confrontations et héritages, Brepols, 2006, p. 212.
  53. Alain de Sancy, Les ducs de Normandie et les rois de France: 911-1204, Fernand Lanore, 1996, p. 90.
  54. Académie des inscriptions et belles-lettres (France), Comptes rendus des séances, Auguste Picard, 1906, p. 709.
  55. Flori 2004, p. 499 à 502, indique qu'il y avait neuf degrés entre Louis et Aliénor (soit quatre de Louis à Robert II le Pieux ou Constance d'Arles et cinq d'Aliénor à ceux-ci) et huit entre Aliénor et Henri (soit quatre de chacun d'entre eux à Ermengarde d'Anjou). Certains commentateurs de l'époque avaient noté cette parenté avec son nouveau mari (John Gillingham, Anglo-Norman Studies XXIV : Proceedings of the Battle Conference 2001, Boydell Press, , 276 p. (lire en ligne), p. 36).
  56. Jean Favier, Les Plantagenêts, 2004, p. 225.
  57. (en) Eleanor of Aquitaine, Alison Weir, 1999, the Ballantine Publishing Group. (ISBN 0-345-43487-0) see page # 125
  58. Carmina Burana sur classical.net; voir « Were diu werlt alle min » en vieil allemand.
  59. Mascureau, dans Labande, op. cit., p. 128.
  60. Mascureau, dans Labande, op. cit., p. 130.
  61. Mascureau, dans Labande, op. cit., p. 131.
  62. Jean Flori, op. cit., p. 390-391.
  63. Jean Flori, Aliénor d'Aquitaine - La reine insoumise, Payot, 2004, p. 219.
  64. Aurell, dans Labande, op. cit., p. 11 ; voir aussi Marie Hivergneaux, Aliénor d'Aquitaine : le pouvoir d'une femme à la lumière de ses chartes (1152-1204), dir. M. Aurell. Poitiers 2000, p. 63-88.
  65. K. M. Broadhurst. « Henry II of England and Eleanor of Aquitaine. Patrons of Literature in french ? », Viator no 27, 1996 (non consulté).
  66. Aurell, dans Labande, p. 31.
  67. Labande, op. cit., p. 80.
  68. Jean Flori, op. cit., p. 402-405.
  69. Labande, op. cit., p. 58 ; René Louis, De l'histoire à la légende : Girart comte de Vienne, dans les chansons de geste, Auxerre, 1947.
  70. Jean Flori, op. cit., p. 408-410.
  71. Jean Flori, op. cit., p. 412.
  72. Jean Flori, op. cit., p. 410-411.
  73. Labande, op. cit., p. 80-81 et 90-91 ; sur l'influence probable qu'Aliénor a sur sa fille, voir Jean Flori, op. cit., p. 400-402.
  74. Aurell, dans Labande, op. cit., p. 31 ; pour Philippe de Thaon, il s'agit d'une seconde version du Bestiaire, primitivement dédicacée à Adélaïde de Louvain, remplacée ensuite par Aliénor, ce qui montre le prix accordé à son avis.
  75. Labande, op. cit., p. 74.
  76. Labande, op. cit., p. 82.
  77. Jean Flori, op. cit., p. 407-408.
  78. Au vers 17 du Roman de Rou, l'auteur signale que le couple lui a souvent prodigué des dons, et encore plus de promesses.
  79. Aurell, in Labande, op. cit., p. 24 ; Labande lui-même, op. cit., p. 85.
  80. Aliénor d'Aquitaine : sa biographie, consultée le 6 avril 2008.
  81. Labande, op. cit., p. 92-93.
  82. Jean Flori, op. cit., p. 391.
  83. Jean Flori, op. cit., p. 393-394.
  84. Labande, op. cit., p. 96.
  85. Labande, op. cit., p. 96-98.
  86. Labande, op. cit., p. 98.
  87. Jean Flori, op. cit., p. 236.
  88. Labande, op. cit., p. 100-104.
  89. Labande, op. cit., p. 107-108.
  90. Labande, op. cit., p. 112-113.
  91. Polychromie refaite en 1846, présence de nombreux repeints.
  92. (en) Jesús Rodriguez Viejo, « Royal Manuscript Patronage in late Ducal Normandy : A Context for the Female Patron portrait of the Fécamp Psalter (c. 1180) » [PDF], sur core.ac.uk, (consulté le ), p. 15-16, 22.
  93. Peut-être le psautier de Fécamp, que certains historiens lui attribuent[92].
  94. Yvonne Labande-Mailfert, Études d'iconographie romane et d'histoire de l'art, Société d'études médiévales, , p. 82.
  95. Labande, op. cit., p. 113-114.
  96. Labande, op. cit., p. 114-115.
  97. Aurell, dans Labande, op. cit., p. 26 ; voir aussi Jean Flori, Aliénor d'Aquitaine. La reine insoumise, Paris, Payot, 2004, p. 184-185.
  98. Labande, op. cit., p. 116.
  99. Labande, op. cit., p. 117.
  100. Florian Mazel, Histoire de France – Féodalités (888-1180), Éd. Belin, p. 571.
  101. « Brooklyn Museum: Eleanor of Aquitaine », sur www.brooklynmuseum.org (consulté le )
  102. « Aliénor d'Aquitaine », sur La Poste (consulté le )
  103. « n° 4859 - Timbre France Poste - Yvert et Tellier - Philatélie et Numismatique », sur www.yvert.com (consulté le )
  104. .
  105. Sciences Po Médias, « AQUI! – Sciences Po inaugure son nouveau campus à Poitiers », sur www.newsroom.sciencespo.fr, (consulté le ).
  106. « Secrets d'Histoire : Aliénor d'Aquitaine, une rebelle au Moyen Âge », sur Le Figaro (consulté le )
  107. Elodie Bourgeois, Aliénor D'Aquitaine : La Reine aux deux Royaumes., Independently published, , 79 p. (ISBN 978-1-9732-9640-9)
  108. Confessions d'Histoire, « Confessions d'Histoire : Aliénor & Conséquences (La 2ème Croisade) - Aliénor d'Aquitaine, Louis VII », sur youtube.com, (consulté le )
  109. (en) « Civilization® VI – The Official Site | News | Civilization VI: Gathering Storm – Eleanor of Aquitaine Leads England and France », sur civilization.com (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • Martin Aurell (dir.) et Noël-Yves Tonnerre (dir.), Plantagenêts et Capétiens : confrontations et héritages, Turnhout, Brepols, coll. « Histoires de famille. La parenté au Moyen Âge » (no 4), , 524 p. (ISBN 978-2-503-52290-6, présentation en ligne).
  • Martin Aurell, Aliénor d'Aquitaine et l'essor de Fontevraud, collection « Les carnets de Fontevraud » dirigée par Xavier Kawa-Topor, éd. Revue 303, Nantes, 2013.
  • Martin Aurell, Aliénor d'Aquitaine, Paris, Presses universitaires de France, , 147 p. (ISBN 978-2-13-081808-3).
  • Katy Bernard, Les mots d'Aliénor : Aliénor d'Aquitaine et son siècle, Bordeaux, Éditions Confluences, , 274 p. (ISBN 978-2-35527-147-2).
  • Amaury Chauou, Sur les pas d'Aliénor d'Aquitaine, Rennes, Éditions Ouest-France, 2005 (rééd. 2016), 128 p. (ISBN 2-73737-078-7).
  • Amaury Chauou, Les Plantagenêts et leur cour, Paris, Presses universitaires de France, , 420 p. (ISBN 978-2-13-074976-9).
  • Jean Flori, Aliénor d'Aquitaine : la reine insoumise, Paris, Payot, , 543 p. (ISBN 2-228-89829-5, OCLC 469342467, présentation en ligne).
  • Georges Duby, Dames du XIIe siècle, tome I : Héloïse, Aliénor, Iseut et quelques autres, Paris, Gallimard, 1995 (ISBN 978-2070403059).
  • (en) Michael Evans, « A Remarkable Woman ? Popular Historians and the Image of Eleanor of Aquitaine », Studies in Medievalism, XVIII, « Defining Medievalism(s) II », D. S. Brewer, 2009, p. 244-264.
  • Yannick Hillion, Aliénor d’Aquitaine, Paris, Ellipses, 2015.
  • Amy Kelly, Eleanor of Aquitaine and the four kings, Cambridge, États-Unis, Harvard University Press, 1971.
  • Edmond-René Labande, Pour une image véridique d'Aliénor d'Aquitaine, paru dans le Bulletin de la Société des antiquaires de l'Ouest, 1952, p. 175-234 ; réédité avec une préface de Martin Aurell et une chronologie de Marie-Aline de Mascureau par la Société des antiquaires de l'Ouest, Geste éditions, 2005 (ISBN 2-84561-224-9).
  • Aliénor d'Aquitaine, Revue 303, hors-série no 81, Nantes, Conseil régional, 2004.
  • Régine Pernoud, Aliénor d'Aquitaine, Paris, Albin Michel, , 301 p.
  • Ralph V. Turner (trad. de l'anglais par Perrine Chambon et Sylvie Lucas), Aliénor d'Aquitaine, Paris, Fayard, , 484 p. (ISBN 978-2-213-66286-2, présentation en ligne).

Articles connexes

Liens externes

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