Découverte et exploration de l'Amérique

La « découverte de l'Amérique » correspond usuellement au débarquement en 1492 sur l'actuel continent américain (aussi appelé « Nouveau Monde ») d’un groupe d'une centaine de personnes commandé par le navigateur Christophe Colomb et mandaté par la reine Isabelle Ire de Castille, dans l'idée d'atteindre les Indes orientales par la mer, ignorant qu'un continent se trouve sur la route. La « découverte » est donc celle, documentée, du continent américain par les Européens de la Renaissance. En effet, vers l'an 1000, d'autres Européens, des Vikings menés par Leif Erikson ont touché le continent à partir du Groenland, établissant une colonie nommée Vinland, à l'embouchure du Fleuve Saint-Laurent (Terre-Neuve), sans que leur expédition soit connue à l'époque du projet de Christophe Colomb de rejoindre l'Inde par la mer.

Premier débarquement de Christophe Colomb en Amérique (tableau de Dióscoro Puebla (en) de 1862).

Durant la nuit du 11 au , la petite flotte menée par Colomb aborde ainsi l'île de Guanahani (actuel San Salvador, Caraïbes) avec deux caravelles (La Pinta et La Niña) et une caraque, La Santa María. Ce moment marque la rencontre de deux sociétés qui avaient quasiment[1] évolué indépendamment l’une de l’autre pendant environ 12 000 ans, après la disparition du pont terrestre de la Béringie.

Le nom « Amérique », qui se généralise à partir du début du XVIe siècle, est inventé par le cartographe allemand Martin Waldseemüller en compagnie du cartographe alsacien Mathias Ringmann et apparaît dans le planisphère qu'ils éditent en 1507. Il est donné en l'honneur de l'explorateur italien Amerigo Vespucci qui est l’un des premiers Européens à comprendre qu’il s’agit d’un continent différent de l’Asie.

Rapidement, les Européens ont commencé à explorer et à coloniser le continent au détriment de ses habitants autochtones nommés « Indiens » par les premiers explorateurs occidentaux : à la fin du XIXe siècle, on ne compte plus que 260 000 Amérindiens sur les 2 à 20 millions estimés au XVe siècle sur le territoire des États-Unis actuels[2]. Certains estiment le nombre d'autochtones vivant sur l'ensemble du continent lors de la découverte de l'Amérique à 100 millions[3].

Dénomination

L'expression « découverte de l'Amérique » et avec elle les dénominations comme « Nouveau Monde » restent l'usage dominant en Europe mais sont controversées notamment en Amérique. Du point de vue des autochtones, ce continent n'était ni à découvrir ni nouveau car il était habité depuis plusieurs dizaines de milliers d'années. Aussi ces expressions sont accusées d'eurocentrisme par les populations d'origine amérindiennes, différents mouvements sociaux, des hommes politiques américains ainsi que par divers spécialistes[4]. Certains précisent que la découverte de l'Amérique est le fait des premiers chasseurs paléolithiques arrivés sur ce continent[5].

L'ensemble de ces réflexions a amené les historiens à évoquer des expressions plus politiquement correctes ou neutres telles que « L'arrivée de Christophe Colomb en Amérique » ou « L'arrivée des Espagnols en Amérique ». On utilise aussi éventuellement l'expression « conquête de l'Amérique » pour désigner le processus de colonisation du Nouveau Monde après sa découverte en 1492.

L'expression reste cependant solidement attestée en Europe où la découverte de l'Amérique « par les Européens » est implicite.

Contacts européens précolombiens

Localisation hypothétique des lieux américains mentionnés dans les sagas.

Christophe Colomb (en espagnol : Cristóbal Colón) n'est pas le premier européen à avoir atteint l'Amérique. À la colonisation viking des Amériques attestée du Xe au XIIIe siècle, s'ajoutent des contacts plus ou moins probables et précis de pêcheurs de morue (du Portugal et/ou des Açores) vers Terre-Neuve, d'éventuelles expéditions portugaises et danoises qui forment les contacts trans-océaniques précolombiens.

C'est cependant l'expédition de Christophe Colomb en 1492 qui a initié l'exploration, la découverte et la colonisation de ces terres. L'identification de ces nouvelles terres comme continent permit les échanges intercontinentaux avec l'Amérique, bouleversa les routes commerciales existantes vers l'Asie, ainsi que les équilibres politiques et économiques, et les écosystèmes à échelle planétaire. L'importance et la radicalité de l'événement en font le passage symbolique du Moyen Âge aux Temps modernes dans l'historiographie occidentale.

Découverte de Christophe Colomb

Christophe Colomb est le premier navigateur dont les pérégrinations transatlantiques sont attestées tant par des écrits (dont certains autobiographiques) que par de nombreux témoignages de ses contemporains ou des preuves matérielles (Amérindiens ramenés en Europe et présentés à la cour d'Espagne).

Les trois navires (La Santa María, La Pinta, La Niña) du premier voyage de Christophe Colomb au Nouveau Monde, dessin de 1900

Après avoir proposé son projet d’exploration à ses compatriotes génois mais également aux Portugais, c'est finalement Isabelle la Catholique, convaincue par son ministre converse Louis de Santagel, qui accepte de financer l’expédition de Christophe Colomb, grâce notamment aux énormes amendes et taxes prélevées auprès des Juifs et musulmans du royaume, qui alimentaient les caisses du Trésor royal[6],[7] et à l'aide pécuniaire de Santangel[8],[9] - lequel recevra la première lettre de l'explorateur, datée du 15 février 1493[10]. Ainsi, Colomb réalisa quatre voyages d'Europe en Amérique au nom des Rois Catholiques : en 1492, 1493, 1498 et 1502.

Lors de son premier voyage, pensant débarquer, durant la nuit du 11 au , aux « Indes orientales » - contrée aux richesses légendaires décrites entre autres par les récits de Marco Polo -, Colomb aborda avec ses hommes l'île de Guanahani sur deux caravelles La Pinta et La Niña, et la caraque La Santa María. La caravelle, bateau inventé par les Portugais, est plus légère, rapide et maniable (avec un faible tirant d'eau permettant d'approcher des côtes sans risquer d'échouer) que la caraque qui, quant à elle, est beaucoup plus lourde ; la caravelle accuse également un coût d'armement relativement faible[11].

Cette île des Bahamas appelée Guanahani est probablement San Salvador mais dont la localisation exacte est encore discutée. Le 28 octobre, Colomb découvrit Cuba. Le 4 décembre, il atteignit l'île d'Hispaniola actuellement partagée entre Haïti et la République dominicaine.

L'exploitation de la découverte

Les voyages de Christophe Colomb.

Au cours de son deuxième voyage commencé fin 1493, Colomb découvrit La Desiderada (La Désirade), Maria Galanda (Marie-Galante) puis la Dominique. Il découvrit ensuite Karukera ou Santa Maria de Guadalupe de Estremadura (Basse-Terre de la Guadeloupe), Montserrat, Saint-Martin et Saint-Barthélemy. En avril 1494, il arriva à Porto Rico, puis en Jamaïque.

Lors du troisième voyage, il débarqua sur le continent au niveau de l'actuel Venezuela et visita également Saint-Vincent, Grenade, Trinité, Margarita.

Pour son quatrième et dernier voyage, Colomb navigua le long des côtes du Veragua et du Panamá.

Persuadé d'avoir atteint l'Extrême-Orient, il est mort sans savoir qu'il avait découvert un continent inconnu des européens. On attribue à son compagnon Florentin Amerigo Vespucci d'avoir identifié ce monde comme un nouveau continent, et non comme l’extrémité orientale de l’Asie.

Colomb, navigateur au service de l'Espagne, est le premier européen à avoir découvert et revendiqué les terres qui furent peu après identifiées comme un nouveau continent : l'Amérique. Cette revendication entraîna la négociation du traité de Tordesillas signé le , qui établit le partage du Nouveau Monde entre l'Espagne et le Portugal sous l'égide du pape Alexandre VI, et la ligne de partage des terres découvertes ou conquises selon le méridien localisé à 370 lieues (1 770 km) à l'ouest des îles du Cap-Vert — méridien qui se situerait aujourd'hui à 46° 37' ouest. En conséquence, les terres découvertes ou conquises peu après, du Brésil et d'Amérique du Nord, passent respectivement sous souveraineté portugaise et espagnole jusqu’à la contestation de l’autorité papale par les autres puissances maritimes d’Europe.

Commémorations de la découverte colombienne

La découverte de l'Amérique est commémorée en Espagne et dans les pays hispanophones le 12 octobre sous le nom de Jour de l'hispanité ou de Jour de la Race. Le Jour de Christophe Colomb est célébré le deuxième lundi du mois d'octobre dans plusieurs pays d'Amérique.

Exploration de l'Amérique après Christophe Colomb

Diego Gutiérrez et Jérôme Cock, Americae Sive Qvartae Orbis Partis Nova et Exactissima Descriptio, carte espagnole représentant l'Amérique, 1562. Copie de la LOC.

Fin du XVe siècle

XVIe siècle

Le livre des nouvelles terres est la plus ancienne mention du voyage de Christophe Colomb. Imprimé par Mikiláš Bakalář en 1506 à Pilsen. Exposé au Monastère de Strahov, Prague.
Représentation des Andes et des Montagnes Rocheuses (1507) (Planisphère de Waldseemüller).

XVIIe siècle

XVIIIe siècle

XIXe siècle

XXe siècle

Notes et références

  1. Des scandinaves menés par Erik le Rouge ont sans doute été les premiers européens à joindre le Groenland et Terre-Neuve, dont ils auraient disparu rapidement ; les autres hypothèses de contact entre les habitants des autres continents et ceux de l'Amérique à l'ère historique reposent toutes sur des bases très fragiles.
  2. Pierre Jaquet, États-Unis, une politique étrangère criminelle, Éditions Alphée, Paris, 2010, p. 5.
  3. Carte des peuples indigènes d'Amérique latine.
  4. La démythification de Christophe Colomb de 1930 à l’heure actuelle en Amérique Presses universitaires de Franche-Comté, 1994
  5. Bien avant Christophe Colomb… la découverte de l’Amérique a eu lieu il y a au moins 33 000 ans L’Obs, 22 juillet 2020
  6. (en) Joseph Pérez, The Spanish Inquisition : A History, Yale University Press, , 248 p. (ISBN 0-300-11982-8, lire en ligne)
  7. Anita Gonzalez-Raymond, Inquisition et société en Espagne : les relations de causes du tribunal de Valence (1566-1700), Presses Universitaires de Franche-Comté, , 374 p. (lire en ligne)
  8. (en)« AMERICA, THE DISCOVERY OF » - Jewish Encyclopedia, 1906
  9. M. J. K., « LUIS DE SANTANGEL AND COLUMBUS », Publications of the American Jewish Historical Society, no 10, , p. 159–163 (ISSN 0146-5511, lire en ligne, consulté le )
  10. (en)Matthew Edney (1996, rev. 2009), "The Columbus Letter: The Diffusion of Columbus's Letter through Europe, 1493–1497". Lire en ligne sur le site de l'University of Southern Maine.
  11. Heers 1991, p. 303-307 : Christophe Colomb, Paris, Hachette, 1991, 666 pp. 

Voir aussi

Bibliographie

  • A.-J. Mérault, Résumé de l'histoire des établissements européens dans les Indes Occidentales, depuis le premier voyage de Christophe Colomb jusqu'à nos jours, Paris, Lecointe et Durey, (lire en ligne)
  • Bartolomé et Lucile Bennassar, 1492, Perrin, 1991, 273 pages (ISBN 2-262-00752-7).
  • Pierre Chaunu, Conquête et exploitation des nouveaux mondes, PUF, Nouvelle Clio, Paris, 1995.
  • Denis Crouzet, Christophe Colomb : Héraut de l'Apocalypse, 2006.
  • Bernard Grunberg, Dictionnaire des conquistadors du Mexique, L'Harmattan, 2003, 632 pages (ISBN 9782747510073)
  • Jacques Heers, La Découverte de l'Amérique, Complexe, 1991, 190 pages.
  • Charles C. Mann, 1491. Nouvelles révélations sur les Amériques avant Colomb, Albin-Michel, 2007
  • José Rabasa, L'invention de l'Amérique : Historiographie espagnole et formation de l'eurocentrisme, L'Harmattan, 2002, 262 pages (ISBN 2747533883)
  • (de) Wurde Amerika in der Antike entdeckt? Karthager, Kelten und das Rätsel der Chachapoya., Münich, (C. H. Beck) 2013, (ISBN 978-3-406-64520-4). - mars 2014, (ISBN 978 3 406 66488 5)

Articles connexes

Énigmes archéologiques

Énigmes cartographiques

Liens externes

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