Comme toute forme d'art, l'animation est subjective et il existe autant de façons de concevoir un film d'animation que de réalisateurs. Il y a cependant des étapes simples et essentielles que vous apprendrez à maitriser par la pratique. Si vous débutez dans le domaine, commencez par des projets simples. Vous pourrez ainsi assimiler les techniques de base tout en développant votre propre style. L'informatique a révolutionné le monde de l'animation, le rendant plus accessible. Néanmoins, comme toute création, réaliser un film d'animation demande du temps et de l'organisation.

Partie 1
Partie 1 sur 3:
Concevoir un film d'animation (phase de préproduction)

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    Écrivez votre scénario. La phase de préproduction d'un film, quel qu'il soit, débute par l'écriture d'un scénario cohérent et attractif [1] . Cela est d'autant plus vrai dans un film d'animation, car il ne laisse pas de place à l'improvisation. En effet, créer une animation au fur et à mesure sans aucune base est chronophage. Ébauchez votre synopsis en quelques lignes sur un support simple tel qu'un cahier ou un document informatique, puis transcrivez‑le en un scénario lisible. Vous pouvez aussi utiliser des logiciels d'écriture de scénario tels que Celtx, Final Draft, Writer Duets… Un scénario n'est pas un récit littéraire. Il s'agit d'un outil de travail dont la mise en page se rapproche de celle d'une pièce de théâtre. Chaque scène est détaillée comme si vous la regardiez. Notez qu'une page de scénario correspond à environ une minute de film. À moins de vouloir devenir scénariste, vous pouvez écrire votre script sans vous préoccuper de règles contraignantes. Néanmoins, un scénario doit comporter quelques éléments de base.
    • Définissez le thème général de votre histoire afin d'orienter votre scénario. Il n'est pas nécessaire de choisir un sujet complexe ou controversé. Travaillez sur des thèmes simples tels que la vie quotidienne ou les expériences de la vie. Vous pouvez aussi écrire votre histoire en fonction d'un genre : comédie, romance, drame…
    • Ébauchez les personnages. Il peut s'agir de personnes humaines, d'animaux ou même de signes de ponctuation comme dans le scénario The Dot and the Line oscarisé en 1966.
    • Décrivez les décors et l'atmosphère de votre film. Ces éléments sont fondamentaux, d'autant qu'ils peuvent être réutilisés à différents stades de la création de votre film [2] .
    • Aussi évident que cela puisse paraitre, il faut rappeler que votre histoire doit avoir un début, un déroulement cohérent et une fin. Certaines histoires ne suivent pas cette structure et, parfois même, ne disposent pas de personnages clairement identifiés. Même s'il ne s'agit pas d'une obligation, décomposez votre récit en trois grandes parties afin de donner un squelette de base à votre scénario.
      • Le premier acte introduit le protagoniste et ébauche les obstacles qu'il devra affronter. L'évènement déclencheur de l'histoire permet de passer au deuxième acte. Il peut s'agir d'une modification de l'état du personnage, d'un changement dans sa vie tel qu'une nouvelle rencontre, d'une transformation du monde qui l'entoure…
      • Le deuxième acte relate les aventures du personnage. Cette partie se termine généralement sur un rebondissement créant une incertitude sur le sort final du protagoniste ou redéfinissant les enjeux de sa quête (climax). Par exemple, supposons que votre personnage ait faim et qu'il se rende dans une épicerie. Celle‑ci étant fermée, il doit trouver un autre moyen de se restaurer, ce qui peut entrainer une série d'évènements aboutissant à un nouveau but.
      • Le troisième acte décrit la dernière étape des aventures du personnage. Elle résout ses conflits internes et externes et conclut sa quête, qui peut être un succès ou un échec.
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    Dessinez vos personnages. Faites autant de croquis que nécessaire pour finaliser leurs postures, leurs expressions, leurs costumes... Vous devez complètement développer vos personnages. L'animation permettant une grande liberté visuelle, vous pouvez laisser libre cours à vos idées.
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    Créez un scénarimage (ou story-board en anglais). Il s'agit de décomposer le film en plusieurs plans afin d'en préparer la production. Sans être minutieusement détaillé, chaque plan est un croquis permettant de définir le cadrage et le découpage du film [3] . Le scénarimage aboutit à une version illustrée du film comparable à une bande dessinée, dont chaque plan ressemble à une vignette. Vous pouvez créer votre propre scénarimage ou vous inspirer d'un modèle.
    • Un plan est composé d'une image dessinée dans un cadre rectangulaire. Elle décrit l'action et l'attitude des personnages. Le décor est un élément secondaire.
    • Prévoyez une zone hors de l'encadré pour ajouter des annotations. Précisez la teneur des dialogues ainsi que les effets techniques tels que la prise de vue, l'ajout d'un effet spécial, le mouvement de la caméra...
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    Importez votre scénarimage dans votre logiciel. Enregistrez chaque plan séparément et nommez‑le de manière à pouvoir le retrouver facilement. Importez ensuite les plans dans votre logiciel et organisez‑les dans l'ordre chronologique.
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    Visualisez votre scénarimage sous forme animée. L'animatique est une technique consistant à filmer le scénarimage pour en obtenir une version vidéo. Elle permet de créer une maquette du film et de faire les premières modifications telles qu'un ajustement de la durée, la mise en place de raccords... Bien que cette étape paraisse compliquée, elle est facile à réaliser avec un logiciel adapté [4] .
    • Cherchez des exemples d'animatique en ligne [5] . Le clip de la chanson Feel Good Inc du groupe Gorillaz est une illustration de ce procédé.
    • Dès cette étape, les changements nécessaires tels qu'un déplacement, une suppression ou un changement de plan sont réalisés. Cela diffère de la réalisation d'un film classique dans lequel toutes les scènes sont tournées avant de procéder au montage [6] . L'animatique est donc une étape essentielle dans la création de votre film.
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    Enregistrez les dialogues et les effets sonores. Une fois le rythme de défilement des plans trouvé, vous devez incorporer la bande sonore (voix, musique, bruitages). Synchronisez les rythmes visuels et sonores et vérifiez qu'ils coïncident. Assurez‑vous que les personnages ont le temps de délivrer leurs répliques. Pour cela, vous pouvez enregistrer un doublage témoin ou déterminer vous‑même le mouvement des lèvres en lisant les dialogues. Si nécessaire, ajustez la durée de votre clip.
    • La synchronisation entre les images et les sons doit être parfaite. Autrement, votre film risque de perdre en qualité et en crédibilité. Notez que, contrairement à un film classique, le doublage d'un film d'animation peut être enregistré avant le montage. Cela donne une certaine liberté au doubleur et limite les problèmes de synchronisation labiale [7] .
    CONSEIL D'EXPERT(E)
    Melessa Sargent

    Melessa Sargent

    Productrice de films
    Melissa Sargent est présidente de Scriptwriters Network, un organisme sans but lucratif qui fait appel aux professionnels du spectacle afin d’enseigner l'art et l'écriture de scénarios pour la télévision, les longs métrages et les nouveaux médias. Scriptwriters Network s’efforce de promouvoir la production de scénarios de qualité, et propose à ses membres un programme éducatif, ainsi que de nombreux contacts et possibilités grâce à ses partenariats avec les professionnels exerçant cette activité.
    Melessa Sargent
    Melessa Sargent
    Productrice de films

    Durant la phase d'édition, prenez le temps d'affiner la découpe. Comme un court-métrage dure environ 15 minutes, tout doit être précis, depuis l'écriture jusqu'aux lieux de tournages en passant par la voix des personnages.

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    Activez la lecture de votre animatique. Le clip basique obtenu à ce stade constitue une seconde maquette de votre film. Vérifiez la synchronisation des images et des sons et la fluidité des raccords.
    • Vous pouvez faire des essais d'effets spéciaux : panorama, zoom, transition entre les scènes…
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    Investissez dans une tablette. Ce type d'appareil permet de mieux contrôler l'animation grâce au stylet. En effet, vous pouvez dessiner directement sur l'écran, ce qui est plus facile à réaliser qu'avec une souris. Pour créer un film d'animation, une tablette peut s'avérer pratiquement indispensable.
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Partie 2
Partie 2 sur 3:
Créer un film d'animation (phase de production)

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    Choisissez votre type d'animation [8] [9] . Optez pour un logiciel adapté à votre expérience, à votre matériel et au style d'animation souhaité. Par exemple, il est impossible de créer une animation en trois dimensions avec un ordinateur ayant de faibles capacités graphiques. Il existe une pléiade de logiciels d'animation [10] , chacun ayant ses avantages et ses inconvénients.
    • L'animation en deux dimensions (2D) est celle des dessins animés classiques. Avant l'utilisation de l'informatique, les dessins étaient réalisés séparément à la main avant d'être filmés [11] . Depuis les années 90, ces étapes sont réalisées plus rapidement grâce à des logiciels de plus en plus sophistiqués [12] . Pour votre création, vous pouvez opter pour Synfig, Pencil 2D, Toon Boom ou Adobe Photoshop [13] . Pour obtenir une séquence animée fluide, 12 à 24 images par seconde sont nécessaires.
    • L'animation en trois dimensions (3D) est apparue avec les films du studio Pixar [14] tels que Toy Story, premier succès du genre ou Le monde de Nemo. Ce type d'animation est un hybride entre la création artistique et la programmation informatique. En effet, il faut créer le personnage puis lui appliquer un codage associé à un mouvement. Il faut ensuite intégrer le décor, les textures, les jeux d'ombre et de lumière… Cela est difficile à maitriser et nécessite des logiciels spécifiques tels que Sketchup, AutoDesk, Poser Pro...
    • L'animation image par image ou en stop motion est plus accessible. Elle consiste à réaliser une succession de clichés d'un objet que l'on bouge très légèrement à chaque pose [15] . Les clichés sont ensuite filmés pour créer le mouvement. Pour une image animée fluide, il faut au minimum 12 clichés par seconde. Le sujet de votre film peut être une figurine que vous pouvez créer, un dessin, une forme en papier découpé ou même une personne réelle.
    • La rotoscopie est une technique permettant de transformer des scènes filmées en un dessin animé [16] . Le procédé consiste à filmer une scène, puis à la décomposer en plusieurs images. Celles‑ci sont ensuite reproduites séparément sur une feuille puis photographiées. Les clichés sont filmés pour créer un dessin animé. Cette technique a été notamment utilisée par Walt Disney pour la création de Blanche‑Neige et les sept Nains (1937) et remise au gout du jour par Richard Linklater dans son film A Scanner Darkly (2006).
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    Dessinez vos décors. L'arrière‑plan est la partie fixe de l'image avec laquelle le personnage n'a aucune interaction. En divisant un plan en plusieurs couches (scène d'action et arrière‑plan), vous pouvez réutiliser le même fond pour plusieurs images d'action. Il suffira de superposer les couches par transparence. Dessinez votre fond en entier et de façon aussi détaillée que possible. Faites‑en un scan à haute résolution avant de l'importer dans votre logiciel. Vous pourrez ainsi agrandir certaines zones sans craindre d'effet de flou ou de distorsion d'image. Par exemple, supposons une scène dans laquelle deux personnages discutent dans un café. L'idéal est de dessiner tous les détails de l'établissement et du paysage alentour. Ainsi, si vous souhaitez zoomer sur la tête de l'un des personnages, il suffira de couper et de coller la partie du décor nécessaire sans avoir à le redessiner entièrement.
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    Procédez à l'animation plan par plan. Cette étape est longue et complexe [17] . Chaque action doit être décomposée en plusieurs phases principales autour desquelles le mouvement du personnage est créé [18] . Chaque phase donne lieu à un dessin intermédiaire. Par exemple, supposons une scène de bagarre dans laquelle le protagoniste donne un coup de poing à son adversaire. Elle peut être scindée en trois phases correspondant à autant de dessins intermédiaires.
    • La première phase concerne l'attitude du personnage face à la bagarre qui se profile : surprise, colère, détermination, indifférence…
    • La deuxième phase représente le personnage en position d'attaque. Dessinez‑le armant son coup sans vous préoccuper de la transition entre les deux phases.
    • La troisième phase figure la fin de la scène. Dessinez le personnage au moment de l'impact.
    • Vous pouvez augmenter le nombre de dessins intermédiaires afin de créer un mouvement final plus fluide et plus complexe. Par exemple, vous pouvez décomposer la scène de la bagarre comme suit : le personnage s'apprête à se battre, lève le poing, donne un coup de coude, arme son bras, donne un coup de poing, pivote sur lui‑même pour reprendre sa position initiale.
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    Exécutez les dessins de transition. Ils remplissent les intervalles entre les dessins intermédiaires. Certains logiciels réalisent cette tâche et recréent un mouvement à partir des dessins intermédiaires. Dans la mesure où vous débutez, il est préférable de réaliser ce travail d'intervalliste vous‑même.
    • Aidez‑vous des dessins intermédiaires pour créer les plans manquants. Plus vous ferez de dessins, plus le mouvement sera fluide et précis.
    • Copiez et collez les éléments immobiles d'un dessin à l'autre. Ne modifiez que l'élément en mouvement (personnage). Cela permet de gagner du temps et d'améliorer le rendu final en limitant les approximations entre les différents dessins.
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    Combinez les différents éléments de votre film. La composition (ou compositing) est la dernière étape de fabrication du film. Elle consiste à assembler toutes les composantes du film, image par image. La technique est plus ou moins complexe selon le style d'animation choisi.
    • Pour une animation classique, la composition vise essentiellement à créer un rendu fluide et sans saccades. Pour cela, utilisez des logiciels tels que Toon Boom.
    • Pour une animation tridimensionnelle, le travail est plus complexe, car il faut ajouter les effets d'ombre et de lumière, les textures [19] … Ces derniers doivent être parfaitement incrustés, ce qui nécessite une très bonne maitrise du logiciel.
    • Pour une animation image par image (stop motion), il suffit en principe d'enregistrer vos clichés et de les faire défiler. Prévoyez 12 à 24 clichés par seconde afin d'obtenir un rendu fluide.
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Partie 3
Partie 3 sur 3:
Finaliser un film d'animation (postproduction)

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    Enregistrez la bande sonore définitive de votre film. Si nécessaire, affinez le doublage vocal. Après une première visualisation du film, les doubleurs redéfinissent plus précisément l'attitude et le caractère des personnages. Ils peuvent alors se mettre à leur place et assurer un meilleur doublage [20] .
    • À ce stade, modifier votre animation est extrêmement chronophage, ce qui justifie le soin apporté à la phase de préproduction.
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    Ajustez les effets sonores. Ils ne doivent pas couvrir la voix des doubleurs. Parfois, il est préférable d'enregistrer certains sons avant le doublage. Par exemple, si une explosion a lieu, l'entendre permettra au doubleur de mieux retranscrire les sentiments du personnage.
    • La bande sonore participe à l'identité du film. Pour la travailler correctement, investissez dans un casque et des hautparleurs de bonne qualité.
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    Procédez au montage final. En principe, la phase de composition vous a permis d'obtenir une animation aboutie d'un point de vue visuel et sonore. Néanmoins, un premier visionnage peut être insatisfaisant. Si vous le souhaitez, vous pouvez retravailler votre film jusqu'à ce qu'il soit parfait [21] .
    • Si vous n'êtes pas entièrement satisfait de votre travail, n'hésitez pas à couper les scènes inutiles ou à modifier la bande sonore.
    • Visionnez le film avec des personnes étrangères à sa réalisation. Elles vous adresseront les critiques les plus objectives et les plus constructives.
    • Concentrez‑vous sur la transition entre les scènes, qui doit être fluide et captivante.
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    Apportez les touches finales. Terminez votre montage en corrigeant les effets, les transitions, les couleurs… Il ne s'agit pas de recommencer le travail. Si vous avez suivi les étapes, vous ne devriez avoir que d'infimes changements à faire.
    • Vous pouvez ajouter des effets de transition entre les scènes : fondu, enchainé, balayage…
    • Vous pouvez incorporer des filtres et des effets de couleur : sépia, noir et blanc, négatif...
    • Terminez en intégrant le titre et les crédits au début et, éventuellement, à la fin du film.
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Conseils

  • La phase de préproduction est cruciale. Vous devez lui consacrer autant de temps que nécessaire. Parfois, les réalisateurs y travaillent pendant des mois voire des années.
  • Vous pouvez insérer des étapes de préproduction intermédiaires pour vous aider à organiser la création du film. Par exemple, pour décomposer votre histoire en plans, vous pouvez passer par une phase de traitement (séquencier) consistant à décrire de manière détaillée chaque action de l'histoire [22] . De même, vous pouvez affiner le scénarimage en détaillant la mise en scène de chaque plan [23] .
  • Commencez par un projet très simple tel qu'un court‑métrage d'une trentaine de secondes. Vous pourrez élaborer des films plus complexes au fil de votre apprentissage.
  • Prenez le temps de travailler chaque scène l'une après l'autre. Lors de la création d'un film, la précipitation est votre pire ennemie.
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Avertissements

  • Vos premiers projets ne seront pas parfaits. Portez un œil critique sur votre travail pour l'améliorer.
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À propos de ce wikiHow

Melessa Sargent
Coécrit par:
Productrice de films
Cet article a été coécrit par Melessa Sargent. Melissa Sargent est présidente de Scriptwriters Network, un organisme sans but lucratif qui fait appel aux professionnels du spectacle afin d’enseigner l'art et l'écriture de scénarios pour la télévision, les longs métrages et les nouveaux médias. Scriptwriters Network s’efforce de promouvoir la production de scénarios de qualité, et propose à ses membres un programme éducatif, ainsi que de nombreux contacts et possibilités grâce à ses partenariats avec les professionnels exerçant cette activité. Cet article a été consulté 35 861 fois.
Catégories: Réalisation de films
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