Bataille de Nice

La libération de Nice a lieu le à la suite d'une insurrection armée décidée par la Résistance. Les insurgés ne sont qu'une centaine au début de la journée du 28 août, mais l'ampleur qu'a pris le soulèvement en fin de journée pousse l’occupant allemand à évacuer la ville. Les Alliés ne sont pas au courant de l'insurrection et n'aident donc pas les insurgés. Prévenus par la Résistance, quelques soldats américains arrivent de Saint-Laurent-du-Var le soir du 29 août. Une colonne blindée américaine arrive enfin le 30 août 1944. Nice est définitivement libérée.

Le bilan avancé par les historiens varie. Joseph Girard estime à 27 tués et 280 blessés le bilan des victimes de la Résistance[1]. Le bilan avancé par Jean-Louis Panicacci dans un article intitulé À propos de la Libération de Nice est de 31 résistants tués et de 280 blessés[2] du côté des insurgés niçois. Une distinction est réalisée dans cet article entre les résistants tués directement dans les combats ou décédés de leurs blessures au nombre de 30 et les résistants tués indirectement au nombre de 6[Note 1],[3][source insuffisante]. Le bilan des pertes allemandes est couramment fixé à 25 hommes[2]. Il s'agit des 25 corps relevés sur le terrain[Note 2] et 105 prisonniers[1]. 4 fascistes italiens, membres du bataillon Nizza, 215e bataillon des "chemises noires", sont également tués[1],[2]. Plusieurs collaborateurs ont également été abattus lors de l'épuration sauvage, notamment des membres des Groupes d'Action du Parti Populaire Français (GA - PPF) et des miliciens fascistes[3][source insuffisante], 3 tués le 28 août 1944 pour Jean-Louis Panicacci[4] ce qui semble être un minimum. Des assassinats ou des règlements de compte se sont également produits dans la période d'instabilité provoquée par la Libération. Le bilan des victimes civiles du 28 août 1944, tuées ou décédées de leurs blessures, est très peu abordé et largement sous-estimé. Dans un ouvrage publié en 2012, Jean-Louis Panicacci l'estime à 5 tués[2]. Or leur nombre est d'au moins 36 civils abattus ou mortellement blessés[3][source insuffisante].

Dans un discours prononcé le , place Masséna à Nice, le général de Gaulle évoque la libération de la ville en ces termes : « Nice, le 28 août 1944, par l’héroïque sacrifice de ses enfants, s’est libérée de l’occupant. (...) Nice libérée, Nice fière, Nice glorieuse ! »

Déroulement de l'insurrection niçoise

L'avancée des Américains depuis le débarquement de Provence

Les Allemands sont bousculés depuis le 15 août et le débarquement de Provence. Initialement, les alliés ont prévu de libérer le Var, de foncer vers le nord en laissant de côté la rive est du Var et les Alpes-Maritimes. Le 15 août 1944, les FFI obtiennent la reddition de la garnison allemande (une trentaine d'hommes) de Puget-Théniers. Le nord du département est sous le contrôle des FFI et des maquis. Le capitaine FFI Lécuyer, chef régional R2 (alias Sapin), part de Puget-Théniers avec une traction avant en direction de Draguignan avec le major Gun (alias Bamboos), un officier écossais de liaison. Le matin du 16 août, à quelques kilomètres au sud de Callas, ils rencontrent les premiers soldats américains. Ils atteignent le nord de Fréjus et rencontrent le général Frederick, commandant la 1re A.B.T.F. (en) (unité aéroportée) dans la région. Ils exposent la situation : seule la zone côtière est encore sous contrôle allemand. Les alliés peuvent déborder l'occupant par le nord. Cependant le major Frederick refuse tout d'abord car sa mission consiste pour l'instant à mener les opérations de débarquement et d'établissement de la tête de pont vers le nord et l'est. Il entre en contact avec son supérieur, le général Patch qui se trouve au large sur un navire. Le général Patch autorise Frederick à élargir la zone d'action jusqu'au fleuve Var. Une colonne blindée est guidée par la traction avant jusqu'à Puget-Théniers puis au Chaudan où elle essuie des tirs depuis Levens, qui était à ce moment occupé par la résistance. Les Américains passent la nuit à Beuil puis retournent rendre compte au général Frederick. Le même jour, deux colonnes américaines se lancent en direction du Var.

La première atteint Grasse le 24 août puis Vence et Gattières. Elle remonte la rive droite du Var et pousse jusqu'à Gilette où elle arrive dans la nuit du 25 au 26 août. Là, le régiment de parachutistes américains entre en contact avec les maquisards qui se battent pour prendre le verrou stratégique de Levens. Le 26 août, les Américains utilisent leur artillerie, matériel qui fait défaut aux résistants. Le 27 août au soir, les Américains franchissent le Var sans l'accord du général Frederick[réf. nécessaire] et, guidés par les FFI, reprennent Levens et La Roquette[Laquelle ?]. Les Allemands de la zone côtière sont donc menacés sur leurs arrières. De Levens, les Américains peuvent en quelques heures accéder au Paillon (La Trinité, Saint-André-de-la-Roche, quartier de l'Ariane à Nice) et couper la retraite vers l'Italie ou encore atteindre Nice par les collines de Bellet et Gairaut par Aspremont et Colomars. Depuis La-Roquette-sur-Var, les Américains se rapprochent également de Saint-Isidore à Nice.

La seconde colonne emprunte la route littorale, soutenue par l'aviation et la marine. Elle arrive le 19 août à La Napoule qu'elle ne libère que le 23 août en raison de la résistance des Allemands solidement installés sur le massif du Tanneron. Des négociations ont lieu le 23 août entre la Résistance et la Wehrmacht à Cannes[Note 3] pour limiter les destructions. Les Allemands acceptent de décrocher sans mener les destructions prévues[réf. nécessaire]. Ils partent le 24 août à 2 heures du matin. Beaucoup d'enrôlés de force (Polonais, Tchèques, Roumains) et de soldats allemands se rendent. Prévenus par les FFI, les Américains arrivent à 15 heures 15 à Cannes. Ils poursuivent jusqu'à Antibes libérée à 19 heures. Les Allemands continuent de décrocher non sans mener des combats retardateurs et abandonnent Cagnes-sur-Mer. Le 27 août, vers 18 heures, les premiers chars américains arrivent à Saint-Laurent-du-Var. Deux FFI, Gabriel Abonnel et Jean Clément Ledieu, sont tués par un nid de mitrailleuse allemande au centre-ville dans les derniers accrochages[5],[6].

Le climat insurrectionnel à Nice

À Nice, touchée par une forte vague de chaleur, un climat insurrectionnel s'est installé.

De nombreux Niçois veulent en effet se débarrasser de la présence allemande et venger leurs morts. La population est d’ailleurs encore sous le choc des récentes exactions allemandes.

Photographie des corps des fusillés de Saint-Julien-du-Verdon (Alpes-de-Haute-Provence). Les corps des fusillés (9 tués sur le coup et deux décédés de leurs blessures) sont regroupés au cimetière de Saint-Julien-du-Verdon, adossés le long du mur et pris en photographie par la gendarmerie de Castellane, Alpes-de-Haute-Provence, afin de pouvoir les identifier. Ces deux photos (une rangée de 5 corps et une autre de 6 corps) ont été publiées avec les identités en légende dans le journal L'Ergot no 8, édition du 8 octobre 1944. Le 3e fusillé en partant de la gauche sur la seconde photographie est indiqué comme non identifié. Il s'agit d'Albin Bandini, identifié officiellement en 1994.

Le 10 juin, treize résistants ont été sélectionnés dans le quartier allemand de la maison d'arrêt de Nice pour être exécutés dans des représailles. Parmi ces résistants figurent quatre jeunes Niçois, membres d'un groupe de résistants du Lycée Masséna arrêtés avec Jacques Adam le 9 juin 1944 en revenant du maquis du Férion près de Levens. Les résistants Pierre Appolin et Joseph Graffino sont exécutés sur la route le 10 juin à Bar-sur-Loup en représailles de l'attentat qui a coûté la vie au consul fasciste républicain d'Antibes le 17 mars 1944. Les onze autres (dont les quatre lycéens et Jacques Adam) sont exécutés à Saint-Julien-du-Verdon le 11 juin en représailles des actions des maquisards FTPF.

Photographies de la pendaison de Séraphin Torrin et Ange Grassi le 7 juillet 1944 à Nice (Alpes-Maritimes). Deux stèles commémoratives rappellent aujourd'hui cette double pendaison.

Séraphin Torrin et Ange Grassi, deux résistants communistes, sont arrêtés le 4 juillet 1944 comme otages à Gattières, sur dénonciation, avec cinq autres personnes en représailles des actions du maquis. Le 7 juillet 1944, ils sont pendus en plein jour aux réverbères des arcades de l'avenue de la Victoire devant des centaines de personnes rassemblées de force par l'occupant. Leurs corps restent exposés pendant trois heures.

Le 28 juin 1944, deux cheminots allemands de la Reichsbahn sont exécutés boulevard Tzarévitch par un groupe de résistants composé de juifs et de non-juifs. Maurice Behar, membre de ce groupe, a comme petite-amie Suzy Ben Hamin qu'il fait rentrer dans leur groupe en janvier 1944. Le 9 juin 1944, il veut se séparer d'elle. Par vengeance, elle dénonce le groupe de résistants à Félix Valetti, Niçois collaborant avec la Gestapo, après l'attentat contre les cheminots allemands. Félix Valetti donne le groupe à la Gestapo et ils sont arrêtés le soir même par des agents français et allemands alors qu'ils sont réunis. Ils sont transférés aux Nouvelles-Prisons de Nice et interrogés. Le 29 juillet 1944, Nagel Engelfried de la Gestapo niçoise emmène cinq détenus dans deux voitures. Parmi eux se trouvent trois membres du groupe : Maurice Lukowski, Maurice Alouf et Maurice Behar. Ils sont fusillés mais les corps n'ont jamais été retrouvés[7]. Une plaque commémorative rappelle la mémoire de Maurice Lukowski au cimetière juif du château à Nice[8]. La Gestapo de Nice a également exécuté vingt-et-un résistants du quartier allemand de la maison d'arrêt de Nice le 15 août à l'Ariane en représailles du débarquement de Provence. Le même jour, trois officiers de la gestapo cannoise exécutent dix résistants (huit meurent, deux survivent à leurs blessures) dans les caves de son siège de la villa Montfleury avant de l'évacuer. Enfin, de nombreux autres résistants du département sont arrêtés, fusillés ou déportés depuis l'intensification de la guérilla provoquée par les débarquements du 6 juin 1944 et du 15 août 1944.

La ville connaît une situation de grave pénurie alimentaire. Les Azuréens ne consomment plus que 150 grammes de pain par jour depuis le 15 juillet puis 100 grammes après le 15 août[9]. Les Allemands tentent d'organiser un ravitaillement depuis la Ligurie mais ils peinent à trouver des camions en Italie[10].

L'ambiance devient électrique. Avec le déclenchement du débarquement, les Allemands proclament l'état de siège et la loi martiale[11]. Le 15 août, cinq soldats allemands sont visés par des tirs place Masséna. Aucun n'est touché. Cela avait déjà été le cas le 22 janvier 1944[12]. Le couvre-feu est établi toute la journée du 16 août[13] puis de 14 à 17 heures le 17 août[13].

Le 17 août, vers 22h15, le préfet Ravard vient demander à la Feldkommandantur de déclarer Nice ville ouverte. Le général Fretter-Pico répond au message d'information : Pour des raisons militaires, la ville de Nice ne sera jamais déclarée ville ouverte[13]. Nouvelle demande le 18 août 1944 et nouveau refus[13].

Le 19 août, une conférence a lieu à la Feldkommandtur entre le chef de groupe administratif docteur Koechling, le capitaine Buccholz de l'état-major de la 19e armée et le SS Gerhard Keil, chef de la Gestapo de Nice. L'objectif est de réfléchir aux mesures de répression à ordonner en cas de soulèvement (exécutions, déclarations…)[13].

Une série de grèves est organisée pour gêner les activités des occupants. Le personnel du journal L'Éclaireur de Nice et du Sud-Est se met en grève le 17 août suivi le lendemain par les employés de l'usine à gaz. Le 20 août, la CGT lance un ordre de grève générale. Le même jour, des résistants coupent les fils du PC allemand installé à Fabron[14].

Les résistants cherchent à accroître leur stock d'armes qui demeure très insuffisant. Le 22 août, des armes sont récupérées dans une caserne annexe de la gendarmerie, quartier Saint-Roch[14]. Ce même 22 août, des membres des Groupes d'Assaut du PPF, des miliciens et des cadres de la Gestapo quittent la ville pour Menton puis pour Neuss en Rhénanie.

Le 24 août, la grève générale est suivie aux TNL, à la SNCF, dans la métallurgie, les transports, les journaux, le bâtiment. Le relais des communications téléphoniques est détruit[14]. Ce même 24 août est créé un Comité insurrectionnel présidé par René Houat (décédé en 2009). L'insurrection se prépare[14]. Des contacts ont lieu entre les autorités allemandes (Feldkommandantur et commandement du port) et la Résistance par l'intermédiaire de la préfecture. Les Allemands souhaitent ne pas avoir à exécuter totalement le plan des destructions prévues mais demandent en échange de pouvoir évacuer la ville sans être attaqués. Les négociations échouent[15].

Toujours le 24 août, un croiseur lourd et cinq destroyers alliés sont visibles dans la rade de Nice. Ils tirent sur le fort du Mont-Alban et sur la vallée du Var[16].

Un comité d'action F.F.I. est créé le 26 août par Pierre Bloch. Il regroupe les différents chefs de groupe FFI[17]. Le 26 août 1944, le résistant Joseph Manzone, dit Joseph le fou, égorge au garage de l'hôtel Ruhl le colonel SS chargé de superviser le général Nickelmann de la Feldkommandatur[18],[2].

Des résistants avec armes surveillent de l'intérieur l'usine à gaz de Saint-Roch pour empêcher une éventuelle destruction de l'édifice par les Allemands. Ils attendent le déclenchement de l'insurrection[17].

Depuis le 15 août 1944, des contacts ont été pris avec divers détachements polonais de l'armée allemande notamment grâce à l'aide d'un tract en polonais et d'un autre en allemand. Plusieurs détachements ont accepté de se rendre ou de changer de camp en cas d'insurrection[17]. Depuis juin 1944, des résistants sont cachés dans certains bâtiments de l'hôpital Pasteur à Nice, désigné depuis janvier 1944 Centre d'installation du P.C. et centre du Corps Franc d'Encadrement du groupe FTP René Canta. Dans les premiers jours d'août, un groupe spécial d'action de 47 hommes est cantonné dans le presbytère de l'hôpital et dans la maison de l'aumônier de l'établissement, l'abbé Albert Perrin, capitaine sanitaire à l'État Major du Groupe René Canta. Ils attendent en armes, clandestinement, ravitaillés par l'économe-chef de l'hôpital[19].

Il faut également noter que pendant tout le mois d'août, un avion non identifié, sur lequel la D.C.A. allemande n'ouvre pas le feu, vole dans le ciel de Nice et lance des bombes légères à l'occasion. Huit bombes sont lâchées le 13 août 1944 à deux heures du matin au nord de la gare du sud et du boulevard Joseph Garnier (7 blessés), dix bombes le 14 août à 5h20 sur le même secteur notamment au 12 bis rue Miollis après avoir tourné plusieurs heures dans le ciel (au moins 6 tués[Note 4], peut-être même 9 tués selon les sources), huit bombes lâchées à 4h30 le 15 août sur le cimetière de l'avenue Saint-Laurent après plusieurs heures dans le ciel. Une grosse bombe est lâchée le 16 août boulevard Carnot dans un terrain vague après avoir rôdé plusieurs heures au-dessus de la gare P.L.M. et du quartier du Parc impérial et même mitraillé le bord de mer. Deux bombes sont lâchées le 17 août au port, évacué depuis 48 heures. Dix-huit bombes sont lâchées le 23 août avenue des Fleurs (1 tué[Note 5] et 3 blessés). Deux habitants sont blessés le 25 août au Mont-Boron. Cinq bombes sont larguées le 26 août à 23 heures sur le centre-ville (un blessé). Enfin, trois bombes sont larguées le 27 août rue de la Buffa et place Grimaldi (1 mort, deux blessés)[20]. Une fois la Libération survenue, cet avion ne revient plus. D'où venait-il ? Qui le pilotait ? Les Niçois surnomment rapidement cet avion l'avion fantôme[21] ou encore le maraudeur[20]. Certains pensent à des bombardements réalisés par des fascistes italiens depuis une propriété ou encore à une vengeance personnelle d'un militaire italien. Le mystère est aujourd'hui levé. Pour Jean-Louis Panicacci, cet avion venu de l'est appartenait à une escadrille basée sur l'aérodrome de Villanova d'Albenga. Il s'agit probablement d'un Storch-Fieser couramment utilisé pour des missions d'observation. Il est piloté par un fasciste-républicain ou par un aviateur de la Luftwaffe. Que vient-il faire ? Il est en fait commandité par les autorités militaires allemandes de la région niçoise pour s'assurer que les prescriptions d'occultation sont bien respectées. Si la surveillance montre un non-respect des règles, la mesure de rétorsion consiste en un bombardement à basse altitude de la zone illuminée. D'ailleurs, ses apparitions cessent avec la libération de Nice[20],[22].

Les bombardements aveugles de cet avion fantôme stressent énormément les Niçois déjà traumatisés par les centaines de morts du bombardement allié du 26 mai 1944 sur Nice et Saint-Laurent-du-Var. De plus, les attaques aériennes des alliés s'intensifient au mois d'août, notamment sur le port et la vieille-ville. 24 civils sont tués, 30 blessés et 500 sinistrés dans ces raids des aviations anglaises et américaines, notamment le 7 août et le 21 août[20].

La stratégie allemande

À la suite de la percée des Alliés vers le Rhône, la liaison entre les différentes unités allemandes est coupée. Le 19 août, la 148e Infanteriedivision, commandée par le général Otto Fretter-Pico, et la 157e Gebirgsdivision, isolées dans le Var et les Alpes-Maritimes, reçoivent un ordre du commandement allemand en Italie qui les intègre au 75e Corps d'armée (LXXV. Armeekorps) commandé par le général Hans Schlemmer. Le général leur ordonne de se replier sur les positions de la frontière franco-italienne afin d'empêcher une percée des Alliés en Italie du Nord. Cette décision empêche la destruction de ces divisions. Pour le commandement allemand, Nice ne représente donc pas une position militaire stratégique de repli mais un point de passage stratégique et vital pour mener sa retraite vers l'Italie. Ceci explique que le 18 août, il refuse que Nice soit déclarée ville ouverte. C'est pourquoi également, les négociations avec la Résistance pour permettre une évacuation de la ville sans destructions échouent contrairement à ce qui se passe à Cannes et Antibes. Les résistants veulent en découdre et les Allemands refusent de quitter Nice sans se défendre.

Les Allemands se replient mais cherchent en même temps à retarder l'avance américaine. Une première ligne de défense est mise en place le long du Var. Mais la prise de Levens le 27 août crée un risque de contournement et d'attaque par le nord de Nice. Les unités allemandes commencent à évacuer Nice dès le 26 août pour se replier sur Menton et les montagnes mais des combats retardants sont prévus.

De plus, l'insurrection niçoise n'est pas une surprise pour les Allemands : elle est évoquée à la Feldkommandantur dès le 23 août à 17 heures lorsque le responsable du SD, le docteur Keil, informe la Feldkommandantur que 5 à 7 000 résistants préparent une insurrection avec l'aide de la police[23]. Il est donc décidé qu'en cas de troubles, l'armée tirera avec ses trois batteries lourdes sur tout mouvement insurrectionnel[23]. Les autorités allemandes n'ont pas l'intention de se retirer sans combattre et ils envisagent de bombarder la ville en cas de soulèvement. Cette décision est confirmée le lendemain : la Feldkommandatur restera à Nice pour résister au mouvement insurrectionnel. Dans le même temps, elle reçoit un code de repli (Hindenburg) sur Menton pour le moment où les troupes ennemies auraient franchi la ligne défensive du Var[23]. Le 25 août, les Allemands prévoient toujours de résister à l'insurrection : les deux tiers des Feldgendarmes reçoivent l'ordre de rester à Nice[16]. Le 27 août, la Feldkommandantur prévoit son transfert à Menton pour le 28 ou le 29 août[18]. Le général Fretter-Pico réclame de la Feldkommandantur qu'elle maintienne le calme dans la population pendant le retrait de ses troupes[18].

L'insurrection gêne donc les Allemands dans leurs plans d'évacuation. Elle les oblige finalement à accélérer l'évacuation des dernières unités allemandes.

27 août

Plaque commémorative située au 20 boulevard de Cessole à Nice, au niveau du Palais Stella, qui rappelle la réunion du Comité Insurrectionnel le 27 août 1944.
Affiche du Comité Insurrectionnel placardée dans les rues de Nice dans la nuit du 27 au 28 août 1944 et appelant à prendre les armes.
Article paru dans le journal PCA de septembre 1998
Les membres du comité insurrectionnel réunis en 1979
Composition des membres présents à la dernière réunion du comité insurrectionnel 1994

Le comité militaire des F.T.P. - M.O.I. s'est réuni le matin du 27 août et a décidé de proposer l'insurrection pour le lendemain. Les hommes veulent en découdre[24]. Le même jour, deux réunions sont organisées au huitième étage du Palais Stella situé au 20 boulevard de Cessole[Note 6]. Celle du matin est d'ordre militaire et celle de l'après-midi d'ordre politique. Sont présents Souny, chef départemental F.T.P., Armand, pour les « Milices patriotiques » des entreprises, Jean-sans-peur, pour les F.T.P.F. de Nice, Ludovic, pour la M.O.I. (Main d'œuvre immigrée), Thibaud, pour la C.G.T., Pierre Durand, Georges, responsable départemental du Parti communiste et aux F.T.P., plus un invité, Bemard, cadre régional bloqué à Nice. Brandon, du Front National (mouvement de résistance créé par le Parti Communiste Français à ne pas confondre avec le Front national, organisation de coordination des partis nationalistes français de droite, active entre 1934 et 1938, ni avec le parti politique d'extrême droite créé en 1972), et Duchêne, du Parti communiste, sont absents pour des raisons de sécurité. Ensemble, ils forment le Comité insurrectionnel. Cependant, René Houat, président du comité insurrectionnel, a écrit dans le PCA N°1617 du 18 au 24 septembre 1998, qu'il conteste la composition des personnes présentes. La décision est prise de déclencher le soulèvement général pour le lendemain dès six heures en dépit de la pénurie d'hommes entraînés (100 à 200 hommes) d'armes et de munitions (des grenades, 20 mitrailleuses, 40 mousquetons et quatre mitrailleuses lourdes)[24]. Une plaque commémorative est aujourd'hui visible à droite de la porte d'entrée de l'immeuble et rappelle cette importante réunion.

Les divers groupes de résistants sont prévenus dans l'urgence (notamment les Corps Francs de la Libération à la caserne Filley avec le groupe Parent[25]) mais beaucoup ne peuvent être joints en si peu de temps notamment à cause du couvre-feu ou de la distance. Pierre Bloch rencontre le docteur Sapir à la librairie Paradis en compagnie de l'avocat Brandon responsable départemental du Front National qui se dit habilité à parler au nom des F.T.P.. Ils rédigent ensemble un texte bref qu'ils signent : Les représentants des CFL, MP, FTP de la ville de Nice, réunis le 27 août 1944, décident de porter à la connaissance de leurs troupes respectives, à la veille du combat sacré pour la libération, qu'elles ne doivent rivaliser que par l'ardeur dans la lutte contre l'ennemi et combattre au coude à coude fraternel et loyal, dans un esprit purement patriotique[26]. Dans la nuit, les F.T.P. placardent des affiches malgré le couvre-feu, un peu partout dans les rues de la ville pour relayer l'appel à l'insurrection. On peut y lire : Français, Françaises, le 15 août, les armées alliées, comprenant l'armée française de la libération, ont pris pied sur notre sol. Elles sont aux portes de Nice. Cannes, Antibes et Grasse sont libérées : la Wehrmacht aux abois ne sait plus où se réfugier, ses soldats ont peur ! Ils savent maintenant qu'ils sont vaincus. Mais notre ville reste à libérer. Dès le débarquement, la C.G.T. a lancé l'ordre de grève générale. Les F.F.I. ont organisé les guérillas. Mais cela ne suffit pas ! Le peuple de Nice, quatrième ville de France, se doit, après l'exemple de Paris, de Marseille, de Bordeaux, de Lyon et autres villes de France, de se libérer à son tour, de faciliter l'entrée victorieuse des troupes alliées dans la capitale de la Côte d'Azur. Pour cela, le C.D.L. vous appelle au combat. Aux armes citoyens ! Partout abattez les boches, désarmez-les, entrez en masse dans les milices patriotiques. Un seul mot d'ordre : s'organiser, s'armer, se battre ! Vivent les F.F.I. ! Vive la libération de Nice ! Vive la France ! En avant, tous au combat ! Le C.D.L. (F.N., P.C., C.G.T., M.L.N.)[26].

28 août, jour de l’insurrection

Les combats éclatent à partir de 6 heures simultanément en plusieurs points de la ville.

À l'aube, le groupe 6 des Francs-tireurs partisans (10 hommes) dressent une première barricade au passage à niveau. Ils doivent stopper les Allemands des collines de Gairaut. Le groupe est retranché dans une excavation de la chaussée sous les ordres de Fortuné Leonardi. Ils sont soutenus par un groupe du mouvement Combat commandé par Paul Cavenago[27]. Un groupe de FFI mené par Louis Brandone prend le contrôle du garage Renault, boulevard Gambetta[19]. Louis Sana poste 3 jeunes et une mitrailleuse à l’angle des boulevards Auguste Raynaud et Joseph Garnier. Il se rend ensuite avec des hommes place Gambetta (actuelle place du Général de Gaulle). Les maraîchers sont informés de la situation et partent vite. Les hommes sont postés face à l'avenue Malausséna. Louis Sana descend l'avenue Malausséna avec Armand Allavena et Mearelli. Ils tombent sur trois soldats allemands. L'un des Allemands est blessé mais les trois soldats sont finalement faits prisonniers[27].

Le groupe F.T.P.F. René Canta s'occupe du centre-ville. Ils partent du PC à Pasteur. Une équipe commandée par Jean Calsamiglia se rend à la gendarmerie. René Canta occupe le lycée Félix Faure où les policiers rejoignent les insurgés. De là, René Canta et ses hommes investissent la préfecture. Des détachements occupent la Bourse du travail, l'imprimerie de L'Éclaireur, les locaux du Petit Niçois sont occupés par les pompiers résistants. Martini dit Pensée part prendre le commandement des combattants-traminots au dépôt TNL à Nice-Riquier. Jean Calsamiglia se rend à l'intendance de police rue Maréchal-Foch et y installe son PC. Les inspecteurs sont désarmés. Les agents de police aident les FFI à organiser la défense. L'ordre est donné de contrôler les petites rues du Vieux-Nice, d'interdire toute circulation des Allemands sur le boulevard des Italiens (actuel boulevard Jean-Jaurès) et la place Garibaldi. René Canta donne ses ordres : il faut harceler les Allemands, les attaquer partout à la fois. Le groupe Lenoir (Verdi) occupe la mairie, le groupe du capitaine Martin occupe le lycée de garçons (actuel Lycée Masséna). Les groupes francs du mouvement Combat et les F.T.P.F. occupent la caserne Filley[28].

Vers 6h00, les F.F.I. de Charles Menardi se regroupent à leur QG au dépôt de journaux de l'avenue de la Californie. Ils décident d'occuper le central téléphonique de Fabron, ce qui est fait sans difficultés. Les résistants des CFL les rejoignent pour occuper le transformateur du quartier de la Vallière. Un combat a lieu. Deux FFI sont blessés. Les soldats polonais se rendent[29]. Roger Simon se procure une arme et veut rejoindre ses camarades du groupe Académie des CFL du capitaine François Calvin. Il est fait prisonnier par une patrouille allemande à Carras. Il est torturé toute la journée puis abattu d'une balle de revolver le 29 août vers une heure du matin dans un blockhaus de l'avenue de la Californie[30].

Vers 6 heures, une voiture à bord de laquelle se trouvent des gradés allemands arrive de la place Gambetta et se heurte aux groupes de résistants postés autour du passage à niveau. Elle est immobilisée par une grenade à l'angle du boulevard Auguste-Raynaud. Bilan : 3 morts et un commandant blessé et prisonnier chez les Allemands. Les résistants récupèrent leurs armes. Louis Sana s'empare de la sacoche du commandant blessé. Elle contient des documents importants sur les projets du commandement allemand[27].

Vers 6h30, à Nice-Nord, une camionnette allemande descend le boulevard de Cessole vers le passage à niveau. Les sentinelles lâchent une rafale de mitrailleuse. Le chauffeur qui est seul se rend[27]. L'alerte est donnée dans le quartier. Des habitants se lèvent et rejoignent les résistants pour combattre[27]. Le lieutenant Mathis est réveillé par des coups de feu boulevard de Cessole. Il descend et tombe sur des FTP en position près de l'avenue Castellane. Il voit alors deux Allemands dans l'avenue qui s'enfuient. Ils sont poursuivis et se rendent. Il prend le commandement de plusieurs hommes à l'angle de l'avenue Cyrnos. Un fortin est organisé dans la villa "les Pipistrelles" qui domine tout le boulevard de Cessole[31]. Paul Cavenago se rend à la brigade mobile rue André Theuriet et somme les policiers de remettre leurs deux mitraillettes et les munitions[31]. Une deuxième camionnette est signalée. Une rafale de mitraillette crépite. Un pneu éclate. La camionnette ralentit alors qu'à l'intérieur un homme congestionné hurle sur le chauffeur. Nouvelle rafale. Des balles percent le moteur. La voiture est entourée par les résistants. Un commandant allemand furieux descend ainsi que deux sous-officiers et le chauffeur. Ils sont faits prisonniers. Les prisonniers sont conduits dans un garage voisin rue Georges Doublet. Les autres prisonniers allemands faits durant la journée dans le quartier y sont amenés aussi[31].

Vers 7h00, trois camions allemands avec remorques débouchent dans le boulevard Joseph Garnier. Dissimulés derrière les platanes, les FFI ouvrent le feu. Surpris, les Allemands bifurquent vers la petite avenue Montclair où ils sont stoppés par des jets de grenade. Quatre Allemands sont faits prisonniers. Les camions transportent un trésor : deux mitrailleuses lourdes, un fusil-mitrailleur, une mitraillette, des fusils, des munitions. Des barricades sont érigées au débouché des rues avoisinantes. Une mitrailleuse est transportée place Gambetta, placée en batterie de façon à prendre en enfilade l'avenue Malausséna. L'autre est mise en batterie sur le carrefour du passage à niveau. Une sorte de bouclier est formée avec des traverses de chemin de fer récupérées à la Gare du Sud toute proche[31].

Avec une des camionnettes récupérées conduite par Aimé Paiche, Louis Sana parcourt le quartier du passage à niveau pour arrêter des chemises noires fascistes. Quelques-uns sont exécutés dans la journée[31]. Louis Sana se rend ensuite à la mairie avec la même camionnette conduite par le chauffeur de taxi Marius. Ils désarment deux policiers[31].

Toujours vers 7h00, le brigadier-chef de police Deguin se trouve de service au lycée. Il entend des coups de feu. Les agents l'informent que ce sont les Allemands qui sont visés. Avec quatre gardiens, ils se rendent boulevard Mac-Mahon (actuel boulevard Jean-Jaurès) et attaquent une autochenille montée par trois Allemands qui réussissent à s'enfuir. L'autochenille est emmenée par des civils à la préfecture. Ils s'emparent également de deux camions avec remorques malgré les tirs des armes automatiques et des mortiers du Château[32].

Vers 7h15, Lucien Cantailloube, un des responsables des Milices Patriotiques au dépôt SNCF de Nice Saint-Roch a pu rassembler 350 hommes. La défense du dépôt est organisée par Auguste Chochoy. Un poste d'observation est installé au sommet de l'épurateur Lamy qui domine le quartier[29].

À 7h30, un camion allemand tractant une arme lourde arrive par le boulevard Joseph Garnier et est lui aussi attaqué à la grenade : les assaillants s’emparent d’une mitrailleuse lourde et de Mausers. Des prisonniers sont faits mais il y a aussi des blessés et des tués côté allemand. Un deuxième camion est bientôt immobilisé : des prisonniers sont faits et des fusils capturés[28].

Toujours vers 7h30, les FFI commandés par Émile Mercanti attaquent la batterie de Saint-Pierre-de-Féric sur les collines à l'ouest de Nice. Le 2e détachement attaque quelques Allemands en patrouille sur la route. Un Allemand est tué, trois sont faits prisonniers. Deux sont blessés mais parviennent à s'enfuir[29].

Plus au sud de la ville, une opération est ordonnée par Jean Calsamiglia au groupe Robert mené par Barbev Odadjian (dit « Robert »). L'opération vise le siège du P.P.F., partie collaborationniste, situé rue Dalpozzo. Les F.F.I. contrôlent d'abord les immeubles environnants, rue de la Buffa et rue Maréchal Joffre. Un fusil-mitrailleur est braqué sur l'immeuble du siège du PPF. Robert pénètre dans le bâtiment avec un camarade. Ils ne rencontrent aucune résistance. Vers la fin de l'opération, à 7h30, une voiture allemande occupée par deux officiers aborde le barrage des F.F.I.. Il s'agit du lieutenant Wilhelm Hansen (né le 27 janvier 1914, son corps repose au cimetière militaire allemand de Dagneux (Ain, rang no 30, tombe individuelle no 17) et d'un sous-officier du bataillon Flak commandé par le commandant Michelis. Les occupants de la voiture sont tués sous le feu des mitraillettes au coin des rues Dalpozzo et de la Buffa[29].

Plusieurs positions stratégiques sont aux mains de la Résistance : le Lycée de garçons, la Préfecture, l’Hôtel de Ville mais aussi la Poste Thiers, la gare SNCF, les Entreprises Michel, le siège de la police, puis la Gendarmerie, l’Usine à Gaz, le siège de la Milice française, le dépôt des TNL, la gare Saint-Roch, la caserne Filley. Les locaux du journal L'Éclaireur sont investis ainsi que les principales imprimeries, où l’on imprime immédiatement tracts et affiches appelant à l'insurrection.

À partir de 8h15, la Feldkommandantur est progressivement mise au courant des événements[18].

La population du quartier du passage à niveau aide à réaliser une barricade boulevard Auguste Raynaud. La barricade permet d'arrêter un camion allemand. Les militaires menacent d'abord les habitants (dont la femme de Louis Sana) mais s'enfuient à l'arrivée des résistants[32].

À 11h00, les Allemands avancent rue Cassini. Une fusillade se poursuit pendant deux heures[33].

Aperçu des hostilités près de la gare des chemins de fer de Provence, le 28 août 1944, à la Libération de Nice.

À Nice-Nord, une troupe allemande remonte le boulevard Gambetta d'arbre en arbre pour reprendre le contrôle du passage à niveau à 8h30. La fusillade dure jusqu'à 10h30. Les Allemands ne réussissent pas à passer. Plusieurs d'entre eux sont tués et blessés[32]. Plusieurs résistants sont grièvement blessés. Les F.T.P.F. Auguste Gouirand et Lucien Chervin, tous deux retranchés derrière le kiosque à journaux, sont chacun grièvement blessés d'une balle reçue dans la tête[34]. Ils sont évacués dans la clinique de la rue Mantéga. Lucien Chervin meurt dans la journée et Auguste Gouirand le 1er septembre 1944[35]. Alphonse Cornil est abattu par une rafale de balles tirée par les Allemands alors qu'il se trouve en position avancée au niveau du 130 boulevard Gambetta[36]

La fusillade éclate également devant le garage Renault dans le boulevard Gambetta. Les Allemands attaquent à la grenade mais doivent se retirer. Vers 9h00, un groupe d'Allemands met en batterie un mortier devant le garage en direction du passage à niveau. Le mortier est soutenu par le tir du blockhaus du carrefour Thiers. Quatre coups sont tirés mais les Allemands doivent se retirer par la rue Oscar II sous le feu des mitrailleuses des résistants retranchés dans le garage Renault. Les résistants récupèrent le mortier[37].

Vers 9h00, la Feldkommandantur appelle la préfecture pour qu'elle fasse cesser les attaques sur les soldats allemands et pour savoir s'il est vrai qu'elle est sous le contrôle des résistants. Le préfet vichyste Ravard leur raconte que l'attaque des F.F.I. sur la préfecture a été repoussée par la police et la gendarmerie française, sous la menace du groupe René. Il propose aux Allemands de ne pas tirer jusqu'à midi le temps qu'il tente de ramener le calme. En fait, cela permet de donner du temps aux F.F.I. pour contrôler la ville[18].

À 10h00, le général Nickelmann, commandant les forces allemandes stationnées à Nice, téléphone à la préfecture occupée par les F.F.I.. Trois membres du Front national de lutte pour la libération et l'indépendance de la France sont présents : Cendo, Sattegna et Gatet. Cendo prend la communication. Nickelmann fait savoir que si l’insurrection ne cesse pas immédiatement, il fera bombarder la ville, qu'il la mettra à feu et à sang et que tous les combattants pris seront traités en franc-tireurs et fusillés sur place[33]. Cendo transmet au Comité insurrectionnel qui a quitté le 20 boulevard de Cessole pour s'installer au 1 rue Pertinax. La réponse est finalement négative. Le Comité insurrectionnel lance un ordre du jour appelant à intensifier le combat contre les Allemands, à développer une insurrection populaire et à commencer une "épuration énergique de tous les salopards connus"[33]. La préfecture est menacée par les attaques d'automitrailleuses allemandes provenant du cours Saleya. Une barricade a été réalisée avec des véhicules rue de la Préfecture. Les automitrailleuses sont chassées par des grenades[33],[38].

Avant 10h00, le lieutenant-colonel Niedlich, commandant le 239e Régiment d'infanterie tombe dans une embuscade tendue par les F.F.I. alors qu'il rejoint son régiment et est tué. Dans sa sacoche, les F.F.I. découvrent un document dans lequel les Allemands prévoient d'évacuer la ville "infestée de terroristes". Le document est traduit dans la nuit[39].

À 10h00, la plupart des gardiens de la Paix ont rejoint les insurgés[40]. Le chef de groupe surnommé « Loulou » se signale en tuant six Allemands en cinq minutes au PC de Jean Calsamiglia à l'intendance de police rue Maréchal Foch.

Vers 10h00 à Nice-Centre, des combats ont lieu place Masséna. Un lieutenant de Feldgendarmerie est tué. Des dix soldats allemands de garde sur cette place, un est abattu et plusieurs sont blessés sous les tirs de policiers français[39].

À 11h25, le préfet Ravard demande à la Feldkommandantur que les Allemands n'occupent pas les bâtiments publics[39]. Les autorités préfectorales sont paniquées et ne cessent de demander à René Canta d'évacuer le bâtiment et de faire cesser les combats. Il finit par faire placer Lauvel et Ravard en état d'arrestation provisoire dans leurs bureaux respectif[33]. Un peu plus tard, l'artillerie du Château commence à arroser le bâtiment avec des obus de petit calibre et ce jusqu'au soir[33]. Comprenant en effet que l'insurrection s'étend, le général Nickelmann a mis ses menaces à exécution. De ses retranchements de Gairaut, du Mont-Alban de la caserne Auvare et du col de Villefranche, l'occupant canonne la ville, mitraillant le Vieux-Nice depuis le Château. Cependant, la mutinerie des servants polonais gêne momentanément la défense allemande. Les Polonais refusent en effet de viser des objectifs civils. Vers 11h00[37], les Allemands commencent à bombarder le quartier du passage à niveau. Le poste du passage à niveau est touché. Le F.T.P.F. Roger Boyer est tué par un éclat d'obus[37]. Le F.T.P.F. Jean Ballestra est grièvement blessé et meurt vers 20h30 à son domicile du 27 avenue Pessicart[41]. Les blessés sont transportés dans une clinique rue Mantega. Le support de mitrailleuse est hors d'usage mais il est réparé dans un atelier à proximité. Sous la pluie d'obus, les groupes du passage à niveau se replient vers les positions du lieutenant Mathis boulevard de Cessole, au niveau de l'avenue Cyrnos. Lorsque la canonnade cesse, les résistants du passage à niveau reprennent leurs positions et empêchent une ouverture vers Levens pour les Allemands[37]. De nombreux hommes et femmes des différents groupes et mouvements résistants combattent ensemble (M.O.I., F.T.P.F., Combat, C.F.L., Milices Patriotiques).

Vers 11 heures, le général Fretter-Pico ordonne aux unités de faire retraite mais de prendre des otages pour traverser la ville ainsi que le désarmement des policiers. Une opération de nettoyage de la ville est cependant envisagée avec les troupes repliées depuis Grasse[39].

Vers 11h30, deux soldats allemands sont blessés près de la Feldkommandatur par des policiers français. Le major Schultz ordonne de désarmer tous les policiers de la ville. Déjà un soldat de la Feldkommandantur a été tué ainsi que 3 blessés[42].

Place Gambetta, le groupe Augier (16 hommes) continue le combat. Au cours de l'attaque d'une voiture allemande, Auguste Bogniot est abattu vers 14 heures devant le Crédit Lyonnais[37]. Augier et Perfettini sont blessés avenue Borriglione[37].

À Nice-Est, les F.F.I. ont transformé le dépôt des TNL en véritable forteresse. Les soldats polonais de garde sont faits prisonniers mais décident de rejoindre les résistants. Des blockhaus sont aménagés avec des sacs de sable. Martini dit « Pensée » donne l'ordre d'attaquer tout camion ou tout Allemand circulant dans le quartier[32]. À 11h45, les Allemands attaquent par la rue Auguste Gal. Les résistants ouvrent le feu. Trois Allemands sont abattus mais d'autres attaquent à la grenade. Les résistants se replient dans un abri qu'ils ont construit à l'entrée du dépôt. Les Allemands battent en retraite[37]. Le responsable des milices patriotiques, le lieutenant Antoine Suarez, est mortellement blessé par une balle reçue en pleine tête[32].

Dans la journée les rangs des combattants augmentent pour atteindre plusieurs centaines, avec peu d’armes et de munitions. Les F.F.I. espèrent l'arrivée des maquisards de Levens mais ils n'arriveront que le lendemain. Des habitants prennent également les armes et rejoignent les F.F.I[1].

Les premiers blessés, combattants ou civils, commencent à arriver à l'hôpital Saint-Roch à 10h00. À partir de midi, c'est une arrivée ininterrompue.

Vers 11h30, le général Fretter-Pico autorise la Feldkommandtur à évacuer la ville. Dans le même temps, il installe un chef de bataillon, le capitaine Burkhardt, commandant le Ier Bataillon du 239e Régiment, comme nouveau commandant de la place de Nice. Il a tous les pouvoirs y compris d'établir la loi martiale. Il arrive vers 13 heures avec un bataillon à bord de 5 autobus. Sa mission est de libérer par tous les moyens le passage routier ouest-est. Un commando spécial avec armes lourdes est en route pour le nettoyage de la place Masséna[42].

Vers midi, Barker Odadjian reçoit l'ordre d'évacuer les locaux de L'Éclaireur et de se replier sur le lycée. À 12h30, il est sur place avec ses hommes qui s'installent sur les tours en direction de l'esplanade du Paillon. Vers 13h30, les Allemands, installés sur les toits et aux fenêtres voisines, balaient par leurs tirs les fenêtres et les galeries. Des automitrailleuses passent dans les rues et mitraillent le lycée. Les résistants sont à court de munitions mais ripostent comme ils le peuvent. Vers 17h00, des tirs de mortier sont dirigés sur eux depuis le Château. Ils font peu de dégâts et cessent vers 19h00[43].

Vers 13h15, des soldats allemands tirent à la mitrailleuse sur la Préfecture. Une patrouille sous les ordres du lieutenant Pico pousse une batterie Flak dans le quartier de la Préfecture et essuie des tirs. Un soldat allemand est tué et 3 autres blessés. Les Allemands ripostent en tirant sur la Préfecture[42].

La Feldkommandatur reçoit à 13h50 l'ordre d'instaurer l'état de siège dans la ville. Le pouvoir de commandement est placé entre les mains du capitaine Burkhardt. La population civile doit être chassée des rues et rester enfermée chez elle. Toute personne se trouvant dans la rue sera abattue. Le PC du Ier Bataillon s'installe à la Feldkommandantur. Une compagnie doit occuper la mairie et la Préfecture[42]. Les Allemands veulent toujours reprendre le contrôle de la ville même si la Feldkommandtur reçoit l'autorisation d'évacuer.

À Nice-Nord, le groupe F.F.I. dirigé par Augier monte vers 14h00 dans l'immeuble situé 2 avenue Borriglione. Une mitrailleuse servie par Dozol est installée. Vers 16h30, Dozol est blessé par des tirs venant de la villa Thiole. La mitrailleuse est montée sur le toit, d'où Pionchon atteint cinq Allemands, avant d'être lui-même blessé à la jambe et conduit à l'hôpital[43].

Vers 15 heures, un accrochage a lieu à Sainte-Marguerite entre les F.T.P. - M.O.I. et une patrouille allemande venant de Saint-Isidore. Le résistante Venance Cantergiani est tué[30].

Vers 16h00, une voiture allemande descend le boulevard de Cessole. Les F.F.I. dirigés par le lieutenant Mathis la laissent passer et l'attaquent par l'arrière à la mitraillette et à la grenade. En avant, elle est prise sous le feu des hommes du capitaine Paul. La voiture va buter contre un arbre avec ses quatre occupants morts ou blessés[43]. Un agent de liaison prévient le poste du passage à niveau de la situation. Plusieurs camions allemands essaient de forcer leur barricade sans succès[43].

En haut de Pessicart, les Cauvin ont hissé le drapeau tricolore le matin à la villa "La Paix". en entendant les coups de feu. L'après-midi, Henri Cauvin et Jacques Galand décident de descendre en ville avec leurs pistolets. Près du Righi, ils aperçoivent des Allemands au carrefour et se replient. Plus haut, une patrouille allemande leur barre la route. Ils cherchent refuge dans une maison en contrebas. Les occupants les font entrer et les pistolets sont cachés sous le lit. Les Allemands les ont vus et arrivent ; un officier ouvre la porte, mitraillette pointée, menaçant. Les deux résistants sont conduits sur la route, nez au mur. Les pistolets sont découverts. Les Allemands disent "Terroristen" et Henri Cauvin dit à son camarade : "Nous sommes perdus". Une jeune fille qui se trouve là s'en va prévenir les FFI du lieutenant Mathis. Les jeunes soldats allemands emmènent leurs prisonniers. Ils avancent lentement en file de chaque côté de la route avec les prisonniers au milieu. Ils tirent dans les fenêtres des maisons. Ils avancent vers l'avenue Cyrnos. L'officier fait alors prendre une descente en raccourci vers le boulevard de Cessole. Au milieu du passage, des coups de feu sont tirés par les FFI par le haut et le bas du chemin. L'officier allemand est tué. Les autres soldats allemands sont également tués[44]. Un fusil-mitrailleur est récupéré et placé au milieu du boulevard de Cessole, entre la villa les "Pipistrelles" et la propriété du comte de Cessole, derrière une redoute puissamment organisée[44].

À Nice-Lingostière, dans la plaine du Var, une unité allemande composée de Polonais stationne à la Maison rouge, vallon de Saint-Laurent. Les soldats ont tué leur commandant dans la journée. Les ouvriers de l'usine de Lingostière signalent la situation aux FFI. Les Polonais décident de se rendre aux F.F.I.. Une vingtaine sont conduits à l'usine. Ils montrent aux F.F.I. comment se servir de leurs armes et signalent que les pontets de dégagement des eaux, sous la route 202, sont minés. Le lendemain, ils déminent les pontets et le lit du Var[45].

Vers 16h00, le groupe des Milices Patriotiques de la compagnie des eaux, rue Gioffredo, capture un colonel allemand porteur de documents remis à Jean Calsamiglia et envoyés à l'état-major FTP. Des agents américains en civil qui se trouvent au PC de Jean Calsamiglia, prennent également connaissance de ces documents. Traduits dans la soirée, ces documents révèlent que le Haut Commandement allemand donne l'ordre aux troupes en action autour de Nice de se replier vers l'Italie à partir de 18h00. Le repli doit se faire en contournant Nice, "infestée de terroristes". Il y a également les plans de repli des troupes ennemies. Ces documents sont envoyés par le F.T.P.F. commandant Moreno au PC américain de Grasse[46].

Vers 17h00, la Feldkommandantur apprend qu'elle doit se joindre au mouvement de retraite des troupes qui abandonnent la ligne de front de la rive est du Var. Le mouvement de retraite est prévu entre 20 et 21h00[42].

Vers 17h00, le dépôt Saint-Roch est sous le tir des pièces allemandes situées l'une à la caserne Auvare, l'autre boulevard de l'Armée des Alpes. L'observatoire aménagé par les résistants, le bâtiment des mécaniciens et l'entrée sont touchés. Des unités d'infanterie attaquent vers 18h00 depuis les pentes du Mont-Alban. Vers 19h00, un groupe d'une trentaine d'Allemands lance une attaque qui est repoussée. Les Allemands cherchent encore à assurer leur repli vers L'Escarène et Sospel[30].

Quartier Riquier, les Allemands mitraillent les rues. Ils fuient à pieds et en voiture par la rue Barla du Centre-ville vers la Moyenne Corniche. Ils sont sous le feu des résistants depuis les toits et les fenêtres. Un balle frôle les F.T.P.F. César Martini et son frère sous les ordres de Laurent Giaume[30]. Leur camarade Raymond Albin est atteint d'une balle dans le ventre. Il est transporté dans l'abri sous la place Arson et meurt peu après vers 14 heures[30].

Un dépôt clandestin de vivres est organisé rue Fodéré prolongée près du port. Il est gardé par Édouard Bertand, Carrara et Marie Bocchiardo (son frère a été fusillé à l'Ariane le 15 août 1944). Les combattants des différents quartiers viennent chercher des vivres et donnent en échange un papier convenu. Tout l'après-midi, les gardes du dépôt voient passer des soldats allemands à pieds et en camion boulevard Impératrice de Russie (actuel boulevard Lech Walesa). Ils suivent l'itinéraire jalonné par les blockhaus depuis la place de Riquier, la place Saluzzo (actuelle place Max Barel) et la route de Villefranche[30].

Mitrailleuse MG34 prise à l'ennemi.

L’après-midi vers 18h00, après d’âpres combats, les blockhaus du boulevard Gambetta, de l’avenue de la Victoire et de la place Saluzzo sont pris d’assaut[30], mais la lutte se poursuit autour de certaines positions. Les Allemands comprennent en fin de journée qu’ils ne pourront faire face au soulèvement, et la Kriegsmarine évacue en hâte le Château, tandis que le général Nickelman informe son état-major général qu’il évacue la ville, selon lui « infestée de quatre mille terroristes »[réf. nécessaire].

Le blockhaus de Riquier est évacué dans la soirée. Martini dit "Pensée", l'occupe avec deux hommes. À peine entrés, un camion allemand passe avec une vingtaine de soldats et s'arrête devant l'entrée. Martini ouvre le feu avec son pistolet et vide le chargeur. Le camion démarre et part[47].

Dans la soirée, dans le Vieux-Nice, place Garibaldi, un groupe de F.F.I. est attaqué par deux nids de mitrailleuses. Pendant le combat, alors que les F.F.I. sont sous les arcades, un convoi de six camions allemands passe sur la place. Les occupants ont ouvert le feu sur les F.F.I. qui répondent. Georges Damiot, gardien de la paix, tue trois Allemands. Paul Vallaghé, champion de tir, tue plusieurs Allemands avant d’être lui-même mortellement blessé. Vincent Joseph Boscarolo est lui aussi mortellement touché. Les servants allemands des mitrailleuses finissent par prendre la fuite. Les mitrailleuses du Château continuent à tirer[47].

À 18h30, le résistant Fortuné Barralis dit René du groupe Lorraine est mortellement touché au passage à niveau par les tirs allemands en revenant d'une mission en service commandé rue Gutenberg (recherche de munitions et ramassage de blessés)[48].

Vers 19h00 les artificiers allemands font sauter le port de Nice, deux môles, le phare, les grues, et coulent plusieurs navires à quai[49]. C'est la Kriegsmarine qui évacue le port et le château qu'elle avait commencé à fortifier[50].

Toutes les unités reçoivent vers 19h00 l'ordre de rejoindre la Feldkommandantur avec leurs bagages. Une colonne de 7 camions et 14 voitures est formée. Sur chaque camion est montée une mitrailleuse. La colonne part à 19h50 et subit des tirs en provenance de l'intendance de police située avenue maréchal Foch. Les Allemands ripostent de toutes leurs armes et tirent sur toutes les fenêtres des maisons qui bordent la rue de la caserne. La colonne mitraille systématiquement les façades des habitations et grâce à sa supériorité de puissance de feu, elle parvient à quitter la ville sans pertes. La colonne arrive à Menton à 20h40[51],[50].

Toutes les forces Allemandes se replient, mitraillant la ville au passage[30] Les dernières unités allemandes stationnées sur les collines de Gairaut, Cimiez et Fabron ou en retraite depuis Levens quittent leurs positions vers 23h00. Elles descendent en convoi en mitraillant tous les immeubles de l'avenue de la Victoire avant de gagner Villefranche par la Basse Corniche[49],[52].

À Nice, les résistants s'organisent pour la nuit car ils craignent des attaques nocturnes. Les F.F.I. doivent monter sur les toits, ne tirer qu'à coup sûr à cause de la pénurie de munitions, renforcer les barricades, des sentinelles sont placées dans les rues[53].

Dans la nuit tombante, boulevard de Cessole, des soldats polonais viennent se rendre aux F.F.I[53].

Vers 21h00, la flotte alliée canonne les blockhaus du front de mer, déjà abandonnés par leurs occupants[49],[50].

Un drame se joue dans les jardins de la villa la Lanterne à Fabron où les Allemands exécutent un par un 4 résistants arrêtés pendant la journée porteurs de brassards tricolores des F.F.I.. 2 survivent en faisant le mort (Albert Piccardo et Michel Frenkel), 2 autres sont achevés en étant égorgés à coups de couteau (Lucien Corbé et Joseph Aréna)[54].

Le chiffre de 25 soldats allemands tués correspond au nombre de corps relevés par les F.F.I.. On ignore combien de morts se trouvaient dans les camions qui évacuent Nice[1],[2].

Quatre fascistes italiens, membres du bataillon Nizza, 215e bataillon des "chemises noires", sont également tués[1],[2].

Vers minuit, les insurgés niçois, handicapés par la pénurie de munitions, réalisent qu'ils sont maîtres de la ville. Ils demeurent cependant en alerte craignant une contre-attaque allemande[49]. Le lendemain matin, les FFI défilent victorieux dans les rues de Nice. Tout le monde attend maintenant l'arrivée des Américains[49].

À Menton, les Allemands et les fascistes italiens du bataillon Nizza se vengent sur la population de la réussite de l'insurrection niçoise. Le 29 août, le maréchal des logis chef Deparday est abattu par les fascistes du bataillon Nizza dans la cour de la gendarmerie alors qu'il est en pantoufles[55]. Une plaque rappelle cette exécution à Menton au 21 rue de Sospel[56]. Le même jour, cinq civils sont accusés à tort d'avoir ouvert le feu contre des soldats allemands. Ils sont abattus au pied de leur résidence : Pierre Bonardi, Robert Marze, Jean et Antoinette Rambert, François Taglioni[55]. Une plaque commémorative rappelle ces exécutions impasse Mayen à Menton[57].

29 et 30 août : l'arrivée des Américains

Le 27 août, vers 18h00, les premiers chars américains ont libéré Saint-Laurent-du-Var. Il s'agit des chars de la colonne partie de la tête du pont et qui emprunte la route littorale. L'autre colonne atteint Grasse le 24 août puis Vence et gagne Gattières. Elle remonte la rive droite du Var et atteint Gilette dans la nuit du 25 au 26 août 1944. Elle rejoint là les FFI qui tentent de capturer Levens. Les Américains utilisent leur artillerie le 26 août contre les positions allemandes. Le 27 août, ils franchissent le Var et libèrent le verrou stratégique de Levens. Cependant, les Alliés s'attendent à une forte résistance allemande autour de Nice. Ils n'ont pas prévu de déclencher une attaque le 28 août. La flotte alliée bombarde les casemates allemandes installées sur la Promenade des Anglais à 23h00. Mais les casemates sont vides. Les Allemands ont déjà évacué ce secteur.

Au matin du 29 août, les FFI ne voient toujours pas arriver les Américains et craignent une contre-attaque allemande. Il faut donc les prévenir que Nice est libérée. Rottenberg, alias commandant Ro, un des chefs des CFL, donne l'ordre à Joseph Arnaldi de se rendre au Pont du Var détruit par les bombardements alliés pour entrer en contact avec les Alliés à Saint-Laurent-du-Var. le résistant traverse le Var à gué au lieu-dit la Digue des Français. Joseph Arnaldi apprend aux Américains incrédules que les Allemands ont évacué la ville. Les émissaires proposent qu'un ou deux soldats américains viennent se rendre compte sur place. La proposition est acceptée. Guidés par Joseph Arnaldi, les soldats américains arrivent au Bar-Épicerie-Restaurant chez Trombetta où la population les fête. L'alcool coule à flots ! Puis Joseph Arnaldi amène les soldats au centre de la ville pour qu'ils se rendent compte que les Allemands sont effectivement partis. Il les reconduit ensuite. L'un d'eux fait son rapport à ses supérieurs : "Yes, libre, Nice... Good !" puis il s'effondre tellement il est alcoolisé[58]. Dans l'après-midi, un petit détachement de soldats américains guidé par Joseph Arnaldi s'installe en ville. Il confirme par radio qu'il n'y a plus d'Allemands à Nice. Cependant le général Frederick a reçu des ordres du général Patch le soir du 28 août : interdiction de franchir le Var et attente de la relève des troupes françaises de l'armée régulière. Sur l'insistance du général Frederick qui craint des troubles, un bain de sang en cas de retour des Allemands et une mainmise communiste dans la ville, le général Patch autorise le franchissement du Var[58].

Le 30 août, un convoi motorisé américain du 509e Régiment arrive par l'avenue de la Californie et la rue de France. il ne fait que passer pour éviter la dispersion des soldats dans les festivités de la libération. Les soldats continuent leur route en direction de Menton. Une foule en liesse les acclame sur leur parcours. D'ultimes coups de feu de "tireurs des toits" sont tirés sur les tout premiers parachutistes américains arrivant à pied, au carrefour du boulevard Gambetta et de la rue de France (le 29 ou le 30 août).

La visite du général De Gaulle le 9 avril 1945

Le 9 avril 1945, le chef du Gouvernement provisoire de la République française accomplit une visite officielle dans le chef-lieu des Alpes-Maritimes[59] à l’issue d’une tournée d’inspection militaire qui l’a conduit sur le Rhin et dans les Alpes (Grenoble, Saint-Pierre-d'Albigny, Beaulieu). Cette visite est assez tardive si l'on compare les visites qu'il a effectuées à Marseille et Toulon dès le 15 septembre 1944.

Cette visite a lieu la veille de l'offensive des troupes françaises sur les dernière positions allemandes tenues dans le nord du département par 600 hommes dans le massif de l'Authion.

De Gaulle se recueille au Monument aux morts de Rauba-Capeù avant de se rendre place Masséna où 60 000 à 100 000 personnes assistent à un premier discours du général tenu depuis le balcon du Casino municipal. De nombreux niçois se sont installés sur les toits et aux fenêtres. De Gaulle commence son discours par ces mots : "Nice libérée, Nice fière, Nice glorieuse, vient d’exprimer magnifiquement les sentiments de la population tout entière et ces sentiments-là, je vous le dis, ce sont ceux de toute la France. D’abord, ce que vous exprimez, c’est la fierté de la libération, tout ce qui a été souffert ici, tout ce qui a été souffert matériellement avec tant de privations et qui continue de l’être, mais surtout tout ce qui a été souffert moralement dans ces quatre années atroces où dans le fond de l’abîme, Nice comme la Patrie entière se demandait si jamais allait reparaître le soleil de la liberté.

Nice n’a jamais renoncé à elle-même, ni renoncé à la France. Ah ! qu’ils étaient naïfs en même temps qu’insolents ceux qui avaient prétendu qu’on pourrait l’arracher à la France (...)[59].

Après le discours, tous chantent La Marseillaise sur la place Masséna. De Gaulle se rend ensuite à la préfecture où il fait un nouveau discours puis se rend au balcon pour faire le V de la victoire. De Gaulle se rend ensuite à l'hôtel de ville pour un troisième discours.

Polémiques sur l'insurrection et la libération de Nice

En 2006, une controverse a été provoquée par la sortie du livre de Joseph Girard intitulé La Résistance et la libération de Nice, la fin d'une légende. La thèse défendue par ce dernier est que la réussite de l'insurrection niçoise n'est pas due à une victoire du peuple en arme. S'appuyant sur un rapport rédigé en captivité après la guerre par le général de la 148e Division d'infanterie, Otto Fretter Pico, Joseph Girard démontre que le 28 août 1944, début de l'insurrection, les Allemands étaient déjà en train d'évacuer la ville et ne voulaient pas s'y maintenir. L'auteur veut ainsi faire apparaître que cette insurrection n'avait pas de justification militaire. Elle servait uniquement au PCF pour imposer son pouvoir sur la ville à la Libération.

Jean-Louis Panicacci a vigoureusement répondu au livre de Joseph Girard[60]. Il a tout d'abord relevé un grand nombre d'erreurs factuelles dans l'ouvrage de Joseph Girard. Il souligne que le rapport du général Otto Fretter Pico n'est pas une archive inédite et que le général n'est pas sûr des dates qu'il annonce.

D'autre part, Jean-Louis Panicacci produit lui aussi des documents allemands : les comptes rendus de la Feldkommandantur 994 de Nice du mois d'août 1944[61]. La Feldkommandantur doit réaliser la liaison entre les autorités allemandes (commandement de la XIXe armée du général Wiese, Oberfeldkommandantur 894 P.C. à Avignon, commandement de la 148e Ersatz Division du général Otto Fretter Pico P.C. à Grasse) et les autorités françaises des Alpes-Maritimes (Préfecture, Intendance de police, gendarmerie). Elle est dirigée par le général de brigade Nickelmann et siège à l'hôtel Atlantic, boulevard Victor Hugo à Nice. Elle partage ses locaux avec la Feldgendarmerie. Elle possède des antennes locales à Grasse, Cannes et Menton. Ces documents retrouvés en 1993 montrent que les Allemands voulaient retarder l'avance des Alliés par des combats d'arrière-garde à Nice. Les Allemands refusent ainsi le 18 août la demande du préfet de déclarer Nice ville ouverte car le front à leurs yeux est solide sur la rive est du Var. Le 19 août, une conférence a lieu à la Feldkommandantur pour discuter de la répression contre les terroristes et les mesures à prendre en cas d'insurrection. De plus, l'insurrection niçoise n'est pas une surprise pour les Allemands : elle est évoquée à la Feldkommandantur dès le 23 août. Les autorités allemandes n'ont pas l'intention de se retirer sans combattre et elles envisagent de bombarder la ville en cas de soulèvement. Le 25 août, les Allemands prévoient de résister à l'insurrection : les deux tiers des Feldgendarmes reçoivent l'ordre de rester à Nice. Le 27 août, la Feldkommandantur prévoit son transfert à Menton pour le 28 ou le 29 août. Le général Fretter Pico réclame de la Feldkommandantur qu'elle maintienne le calme dans la population pendant le retrait de ses troupes. Si l'évacuation des unités allemandes a commencé le 26 août, l'insurrection niçoise a obligé les unités allemandes encore présentes à décrocher de Nice plus tôt que prévu.

Concernant le rôle du PCF, Jean-Louis Panicacci rappelle que la réunion du Comité insurrectionnel du 27 août 1944 a réuni d'autres organisations que le PCF et les groupes qui lui sont liés. Enfin, l'insurrection niçoise a permis de limiter les destructions opérées par les Allemands en retraite (infrastructures de transports, usines...) et a poussé les Américains à franchir le Var.

D'autres historiens comme Alain Otho ont de plus replacé l'insurrection niçoise dans son contexte militaire et géographique départemental[62]. Ce dernier souligne notamment l'importance stratégique des libérations, le 27 août 1944, de Levens (un axe de repli pour les Allemands est ainsi coupé) et de Saint-Laurent-du-Var (la route est désormais ouverte pour les troupes régulières alliées). Ces critiques ont fragilisé la démonstration de Joseph Girard.

Les Allemands organisent donc une retraite ordonnée et n'ont donc pas prévu d'évacuer Nice le 28 août 1944. Ils comptent mener des combats retardateurs pour faciliter leur retraite vers l'Italie du nord. Le bilan de ces débats permet de dégager plusieurs facteurs expliquant la libération de Nice. Il faut cependant préciser qu'en fait, l'addition de ces différents facteurs relève davantage du hasard que d'un véritable plan militaire concerté comme le soulève en 1987 Jacques Lécuyer, alias Sapin, dans son ouvrage Méfiez-vous du toréador[1]:

  • La perte du contrôle du nord du département du fait de l'intense activité des maquis enregistrée depuis juillet : La garnison allemande de Saint-Martin-Vésubie s'est ainsi rendue aux maquisards le 16 août 1944. Les résistants du groupe Morgan ne parviennent cependant pas à capturer le col de Turini fin août.
  • La prise définitive de Levens le 27 août par les Américains et les FFI : La voie de retraite par le nord du département vers le Piémont (ancienne route royale sarde) est coupée. Les Allemands ont lutté avec vigueur pour conserver Levens. La commune est ainsi libérée une première fois le 17 août par des forces FTPF dont la 8e compagnie. Dès le 23 août, les Allemands lancent plusieurs contre-offensives et reprennent la position le 24. Le lendemain, des effectifs importants sont engagés par les FFI pour reprendre le plateau : les compagnies Morgan, Pyra, Pierre, César, les 8e et 27e FTPF, le groupe François. Leur armement insuffisant et leur manque d’expérience militaire les font échouer. Des forces américaines, arrivées sur la rive droite du Var dans la nuit du 25 au 26, franchissent le fleuve et prennent Levens et la Roquette le 27 au soir après avoir copieusement pilonné le secteur. À tout moment, les occupants de Nice risquent donc de voir surgir sur leurs arrières une colonne ennemie. Le quartier de l’Ariane à l’est de Nice, les villages de Contes et de l’Escarène, les collines niçoises par Aspremont sont en effet à portée de Levens[62].
  • La prise de Saint-Laurent-du-Var qui a lieu le en fin d'après-midi : le général Frederick reçoit cependant l'ordre de ne pas franchir le Var le soir du 28 août. Prévenu seulement le 29 août de la situation à Nice, il envoie des soldats en reconnaissance pour vérifier que la ville est sécurisée. Il convainc le général Patch de l'autoriser à franchir le Var. La première colonne américaine traverse Nice le 30 août.
  • L'insécurité qui règne à Nice pour les troupes allemandes à la suite de l'insurrection lancée le 28 août 1944. Si cette insurrection n'est pas une surprise, les Allemands ne parviennent ni à une estimation claire de la situation (la Feldkommandantur n'est mise au courant de l'insurrection qu'à 8h15) et du nombre d'insurgés ni à reprendre le contrôle des secteurs occupées par les FFI (comme au passage à niveau).

Face à cette situation, le commandement allemand décide finalement d'évacuer la ville de Nice en fin de journée.

Liste des résistants tués dans l'insurrection ou décédés des suites de leurs blessures

Une petite étoile indique les résistants pour lesquels il existe une plaque commémorative, un monument commémoratif ou une stèle.

Liste des victimes civiles de l'insurrection ou décédés des suites de leurs blessures

De nombreux civils ni résistants ni collaborateurs ont été abattus par les Allemands, blessés dans les échanges de tirs ou tués par les obus allemands tirés sur la ville à partir de 11 heures. De même, les Allemands proclament l'état de siège à 13h50 et toute personne se trouvant alors dans la rue peut être abattue. Les chiffres du nombre de civils tués sont depuis 1945 largement sous-estimés. Ce sont cependant au moins 37 civils qui ont été tués ou mortellement blessés ce jour-là à Nice et 2 autres à Saint-Laurent-du-Var.

L’épuration à Nice

L'épuration extra-judiciaire avant la Libération

Dès 1943, les organisations de résistance ont décidé d'éliminer physiquement des collaborationnistes (cadres de la Milice française et du PPF très engagés dans la politique de collaboration) voire de délateurs (qui ont provoqué l'arrestation de résistants ou de Juifs persécutés). 57 personnes ont ainsi été abattues avant la Libération dans 21 communes des Alpes-Maritimes (27 à Nice) : 15 en 1943 (12 à Nice), 16 entre le 1er janvier et le 6 juin 1944 (8 à Nice), 26 entre le débarquement en Normandie et la Libération (7 en Nice)[133].

Voici quelques-unes de ces opérations d'élimination.

Dans la nuit du 14 au , l'agent de l'OVRA à Nice, Oswaldo Angrisani, ressortissant italien, est éliminé. Oswaldo Angrisani est né le à Turin. Le sénateur de l'Isère, Léon Perrier, en résidence à Nice, a monté un groupe de résistants. Angrisani est jugé trop habile et les résistants décident de le supprimer. En quelques mois, cet individu brutal a arrêté une vingtaine de membres du groupe. Deux hommes sont appelés de Grenoble pour régler l'affaire. Angrizani réside au Mont-Boron, 189 boulevard Carnot, dans une petite villa niçoise appelée l'Éolienne, à une centaine de mètres de l'hôpital anglo-américain. Au bout du jardin se trouve un garage qui donne directement sur la route avec un toit en terrasse sur lequel deux gardes armés se tiennent en permanence. Angrizani aime le jeu et sort presque chaque soir au casino de Monte-Carlo et rentre à l'aube. L'objectif est de l'abattre à son retour du casino. Le sénateur et les deux tueurs se rendent sur place à deux reprises sans succès. La troisième reprise est la bonne. Vers trois heures du matin, Angrizani arrive et il est abattu. Les trois hommes parviennent à s'enfuir[134].

Le sont exécutés à 10h30 Joseph Moraglia et son épouse Séraphine Giordano, des commerçants fascistes délateurs du quartier Magnan domiciliés 9 avenue de la Californie. Joseph Moraglia est tué sur le coup. Son épouse meurt de ses blessures à l'hôpital Saint-Roch à midi. Cette exécution entraîne des représailles menées par une centaine de membres des gruppi d'Azione Nizzarda. Ils se rendent dans le quartier Magnan. Ils y saccagent les appartements et les commerces de français et de naturalisés suspectés d'appartenir à la mouvance communiste[135].

Le , le docteur Adolphe Tourtou, est abattu sur les marches de l'hôpital Saint-Roch vers dix-sept heures. Adolphe Tourtou est né à Pignans dans le Var le 4 janvier 1896. Docteur en médecine, il est adjoint au maire de Nice et secrétaire fédéral du PPF. Il est marié et domicilié 45 boulevard Victor-Hugo à Nice. Le 28 novembre a lieu au Palais des Fêtes, boulevard Victor-Hugo, à Nice, un grand meeting. Joseph Darnand et Philippe Henriot prennent la parole. Avant le meeting, ils vont s'incliner devant la dépouille du docteur Tourtou. Dans leurs discours, Darnand et Henriot jurent de le venger. De nombreux miliciens sont venus de toute la région. Le soir, les miliciens mangent au restaurant de la Légion, 17, rue Pertinax. Le repas terminé, un groupe de miliciens sort du restaurant. De la rue Saint-Siagre, une main envoie une grenade sur le groupe. Cinq miliciens de l'escorte de Darnand sont tués, 6 sont blessés. En représailles de ces attaques, six résistants (dont Jean Lamy et Eugène Courbet du groupe Léon de Nice, l'opticien Octave Grandperret et le boulanger Guillaume Stuerga arrêtés par la Gestapo en novembre à Vence) détenus au quartier allemand de la Maison d'Arrêt de Nice sont exécutés le 26 décembre 1943 par le Groupe d'Action du PPF[136],[135].

Le cadre milicien Ernest Dausse est abattu le à Nice. Il est né le à Nice. Musicien, il est domicilié 15 rue de la Préfecture à Nice. Il meurt à l'hôpital Saint-Roch des suites de ses blessures[135].

Le , vers quinze heures, Georges Karakaïeff est exécuté. Ancien légionnaire, né à Moscou vers 1900, il est devenu un agent de la Gestapo. Il est domicilié 48 rue Rossini à Nice. Il aime la compagnie féminine. Une jolie jeune femme brune de la Résistance le rencontre un jour par hasard et il l'accoste. Elle l'a reconnu et accepte le rendez-vous. Le couple se promène le 29 mai 1944 chemin de Bellet à Nice. Prévenu du rendez-vous par la jeune femme, la résistance a envoyé un de ses hommes qui abat Karakaïeff à coups de revolver. L'agent de la Gestapo meurt sur place[137].

Raoul Scaiola est exécuté et mortellement blessé. Il meurt à 2h45 le 19 juillet à Nice à la clinique du parc impérial[138]. Il était membre d'un des trois groupes des G.A. - P.P.F. niçois[139].

Charles Passeron, maire de Lantosque, est exécuté le [135].

Georges Bensa, avocat, ancien membre du Parti populaire français (arrivé quatrième à la législative partielle de mars 1939[140]) et rédacteur des discours de Darnand, est exécuté le [135]. Il meurt le à 8 heures à l'hôpital Saint-Roch à Nice[138][source insuffisante].

L'épuration extra-judiciaire à la Libération

Entre la Libération et la mise en place des tribunaux épurateurs, 73 exécutions sommaires ont lieu dans 18 communes (36 à Nice) dont 10 à Antibes le au Fort Carré en représailles de la mort d'un jeune FTP la veille. Huit exécutions ont également eu lieu après le début de l'activité des cours de Justice. À Nice, 34 exécutions ont lieu avant le 23 septembre 1944, le premier jour du fonctionnement de la Cour de Justice de Nice et 2 après[141].

Plusieurs cas d'exécutions sommaires peuvent être relevés à Nice durant l'insurrection niçoise du 28 août 1944 et dans le flottement des jours qui suivent. Le Comité insurrectionnel appelle ainsi le matin du 28 août à commencer "une épuration énergique de tous les salopard connus".

Le , vers 4 heures du matin, les FFI investissent le passage à niveau (actuel carrefour du 28-Août). Ils capturent une camionnette. Conduits par le chauffeur de taxi « Manus », Louis Sana et Aimé Paiche parcourent le quartier pour y arrêter les « chemises noires » fascistes qu'ils connaissent. Quelques-uns seront exécutés dans la journée[142].

Le soir du 28 août vers 20 heures, on frappe à la porte de F., il ouvre, descend quelques marches et est abattu[143].

Un sympathisant fasciste italien est exécuté à l'entrée du tunnel Pessicart, de la voie ferrée du train des Pignes. Son corps reste exposé, pour l'exemple, sur le ballast, avec défense de lui porter secours[réf. nécessaire].

Au dépôt de locomotives Saint-Roch, un collaborateur est poursuivi sur les voies, et mutilé d'un bras, sous la roue d'une locomotive[réf. nécessaire].

Gare de Riquier, un couple de collaborateurs... et leur chien sont pendus à un réverbère[réf. nécessaire].

Place Saluzzo, une famille de collaborateurs notoires accueille et séquestre littéralement un soldat américain, abreuvé, saoulé, gavé, et cajolé, pour éviter l'intrusion des justiciers résistants[réf. nécessaire].

Dans la plaine du Var, une famille de collaborateurs notoires choisit de résister les armes à la main aux épurateurs. L'escarmouche ne se prolonge guère, les justiciers ne font pas justice et vont porter leurs foudres ailleurs[réf. nécessaire].

Le 29 août, le couple Ange Baroni et Joséphine Marenghi est exécuté à son domicile du 212 boulevard du Mont-Boron à 20 heures[143].

Trois hommes domiciliés à Villefranche-sur-Mer, Félix Gautier, Georges Le Grand et Pierre Cappeletti, sont arrêtés à Villefranche-sur-Mer, jugés par un tribunal militaire improvisé de F.F.I. et fusillés le 30 août 1944 à Nice à 9 heures aux Plâtrières, derrière les nouvelles prisons de Nice[143].

Le 1er septembre à minuit, deux hommes sont jugés par un tribunal militaire improvisé de F.F.I. et fusillés au lycée de garçons à Nice : Joseph Allavena et Séraphin Cipre[143]. Joseph Allavena était le Responsable avec Pierre Bramardi du bureau social niçois du P.P.F.. Ce bureau s'occupait des familles des engagés de la L.V.F. et de la S.S. mais aussi d'arrestations de résistants[144]

Le 9 septembre, le cadavre du médecin Paul Comes est découvert vers midi au quartier de Saint-Pierre-de-Féric[145]. Trois autres corps sont retrouvés le même jour au quartier de la Sirole à Saint-Pancrace : Angèle Martini décédé vers 11 heures, Jean Tortarola et un inconnu décédés vers 15 heures[145].

Le , un homme d'environ 30 ans et une femme d'environ 65 ans sont exécutés vers 22 heures au lieu-dit terrain Bonfils à la hauteur du 428 boulevard de la madeleine. Les corps sont découverts enterrés à environ 10 mètres de la route le lendemain[41][source insuffisante].

Jacques Aber est agressé quelques jours avant la Libération puis transporté à l'hôpital Saint-Roch pour y être soigné. Le 12 septembre, à 13 heures, il est achevé d'une balle dans la tête à l'hôpital[145]. Il était membre d'un des trois groupes des G.A. - P.P.F. niçois[144].

Le corps sans vie d'un inconnu est retrouvé le à Gairaut à Nice[138].

Au moment de la Libération, entre fin août et fin septembre, des arrestations massives, sans précédent, ont lieu dans le département. Près de 2.532 personnes sont emprisonnées fin septembre dans des dizaines de centre d'internement. L'entassement et la promiscuité posent rapidement problème ainsi que la situation sanitaire (manque d'eau courante, d'hygiène, de paillasses...). Ses arrestations sont opérées dans la confusion sans que l'on sache vraiment qui est détenu et où[146]. Enfin libres, la crainte demeure des actions d'une 5e colonne[146]. Cette situation a permis plusieurs abus (libérations injustifiées, disparition de dossier et de personnes, sévices corporels, liquidations, extorsion de fonds...). La police d'épuration du Comité départemental de libération est montrée du doigt par le préfet pour des irrégularités commises à l'hôtel Scribe de Nice : tortures, extorsion de fonds... Dès le 28 septembre, le commandant Max est arrêté pour des vols et des disparitions de détenus. Sous le couvert du brassard FFI, cet aventurier avait organisé une épuration sauvage à l'hôtel Adriatic. On se rend finalement compte que 50 % des membres de cette police sont des repris de justice. Cette police est dissoute le 26 décembre 1944[147].

Plusieurs lieux d'internement sont utilisés à Nice et alentour : maison d'arrêt, hôtel Scribe (avenue Georges-Clemenceau) et hôtel Suisse (réquisitionné, quai Rauba-Capeu) à Nice, casernes de La Galinière à Saint-Laurent-du-Var et Saint-Jean-d'Angély à Nice[146].

Plusieurs dizaines de femmes ont également été tondues, pour collaborations avec les Allemands (qui n'ont occupé Nice qu'un an) mais surtout pour les sympathisantes fascistes, militantes depuis 1940 du rattachement de Nice à l'Italie.

Les dernières exécutions sommaires

À partir du , la cour de Justice de Nice commence à se réunir. L'épuration judiciaire et légale commence. Cependant, quelques exécutions sommaires ont lieu jusqu'au 8 octobre 1946.

Le , les corps de deux femmes, Suzanne Defeu et Georgette Capitaine, exécutées par la Résistance, sont retrouvés à la Madonette-Terron, près de la statue[148].

Le , un métayer italien, Settimio Carletti, 66 ans, est tué par un groupe de 8 individus à la place de ses deux fils en fuite[149],[141].

Le 14 mars 1946, on découvre le corps du boulanger Joseph Innocenti. dans son fournil. Le corps est criblé de balles de mitraillette. Ce boulanger avait été arrêté à la Libération à cause de ses opinions fascistes. On ignore cependant s'il s'agit d'un crime crapuleux ou d'un règlement de comptes[150].

Le , le docteur Jacques Meyzenc, président départemental du PPF, collaborateur notoire, est exécuté à l'hôpital Pasteur. Condamné à mort, à la dégradation nationale et à la confiscation de ses biens le 25 juin 1946 par la cour de Justice de Nice, sa peine a été commuée en travaux forcés à perpétuité. Certains résistants refusent d'admettre ces décisions. Une première tentative d'exécution a lieu le 21 septembre lors du transfert du prisonnier à Marseille alors que celui-ci se trouve entre deux gendarmes dans le compartiment du train. Grièvement blessé, il est emmené à l'hôpital Pasteur à Nice, pavillon des détenus où il est finalement exécuté par des inconnus. Il s'agit de la dernière exécution extra-judiciaire connue dans les Alpes-Maritimes[151],[141].

Le rétablissement de la légalité républicaine

La presse résistante, notamment la presse communiste du Front National, réclame une épuration sévère et expéditive, justifiant même les exécutions sommaires et illégales comme celles du Fort Carré le 23 septembre 1944 (10 fusillés sans jugement). Les exécutions du Fort Carré sont fermement condamnées par le préfet et le Comité départemental de libération. Une polémique éclate. La presse communiste critique l'action du Comité départemental de Libération jugée trop laxiste[152]. La légalité républicaine parvient cependant lentement à s'imposer.

Le préfet Escande et le Comité départemental de Libération interviennent pour clarifier la situation des 2 532 personnes interpellées et toujours internées fin septembre 1944. Le préfet obtient des listes et des lieux de détention. Raymond Aubrac, commissaire régional de la République réclame également un tri dans les centres d'internement. Fin novembre, il reste 2 130 internés, 1 532 en décembre et 1 389 en février[153]. Au total, 4 127 personnes ont été internées à un moment donné pour fait de collaboration dans les Alpes-Maritimes. C'est deux fois plus que par exemple dans l'Hérault (2 011 personnes)[133].

L'épuration judiciaire

Un tribunal militaire FFI fonctionne à Nice du 17 septembre au 18 octobre 1944, présidé par le commandant Chasuble, assisté des commandants Malherbe et Parent, des capitaines Michel, Gatti et Lorrain[154]. Il se prononce sur cinq cas[154] :

Les tribunaux spécialisés se mettent en place.

Les Cours de Justice pour les cas graves de collaboration (intelligence avec l'ennemi, délation, participation aux combats sous uniforme ennemi) : 1re section (23 septembre 1944) et 2e section (24 janvier 1945) de Nice, cour de Justice de Grasse (9 février 1945)[155].

Les chambres civiques pour les cas mineures de collaboration (délit d'appartenance à un mouvement anti-national) : 1re section (5 décembre 1944) et 2e section (25 janvier 1945) de Nice, chambre civique de Grasse (27 février 1945)[155].

Les cours de Justice voient comparaître 1167 prévenus (909 hommes, 258 femmes, 686 français et 481 étrangers dont 421 italiens). 33 peines capitales sont décidées (30 hommes et 3 femmes), 223 peines de travaux forcés et 674 peines de réclusion. 237 personnes sont acquittées (27 %). Sur les 33 condamnations à mort, 22 hommes et 2 femmes sont graciés par le commissaire régional de la République ou du chef du gouvernement provisoire. 9 personnes sont exécutées[155]:

Après le 31 juillet 1946, les condamnés à mort sont transférés à Aix-en-Provence ou au tribunal militaire de Marseille[155]. La plupart bénéficient de remises de peine puis des amnisties de 1951 et 1953[156].

445 détenus sont jugés par contumace. Ce sont bien souvent les dossiers les plus lourds (tortionnaires de la Milice et du GAPPF, Waffen-SS...). 132 peines capitales et 5530 années de travaux forcés sont décidées[156].

Les chambres civiques ont jugé 753 prévenus (616 hommes, 137 femmes, 748 Français, 5 étrangers dont 3 Italiens). 481 peines d'indignité nationales sont décidées avec souvent des amendes. 272 personnes sont acquittées (36 %)[156].

Au total, 1 920 Azuréens dont 942 Niçois ont été jugés dans les Alpes-Maritimes entre l'automne 1944 et l'été 1946. D'autres l'ont été dans les Bouches-du-Rhône et la Seine[156].

L'épuration politique

Le Comité départemental de Libération et le préfet étudient minutieusement les cas des chefs de service, élus municipaux et départementaux. Ceux-ci risquent la suspension ou la révocation[156].

Dès les premiers jours de la Libération, le préfet Moyon suspend le secrétaire général de la préfecture Lauvel, le chef du cabinet du préfet Ravard, le sous-préfet de Grasse Pierangeli, le procureur de l'État français Roman, le président du tribunal civil de Nice Pagès, l'inspecteur d'académie en fuite Davoine, les commandants des GMR Dalo (Alpes) et Teillet (Amiral de Grasse), le commandant de la légion de gendarmerie Blachère, le délégué départemental à l'information Moschetti-Giaubert, le commissaire divisionnaire Boupat (délégué de l'intendant régional au maintien de l'ordre)[156].

À Nice, le magistrat municipal H. Vidal-Revel est suspendu. Les anciens conseillers généraux et départementaux P. Balestre (Nice III) et D. Ciaudo (Nice IV) sont révoqués[157].

L'épuration administrative

Cette épuration est moins spectaculaire que l'épuration judiciaire mais concerne des milliers de personnes. Elle touche la carrière des fonctionnaires (révocation, rétrogradation d'échelon, déplacement d'office, mise à la retraite d'office) ou des professions qui bénéficient d'une concession de services publics (exclusion, blâme)[157].

Dans la Police, dix commissaires et inspecteurs sont révoqués. Dans l'enseignement, huit fonctionnaires sont révoqués, trois mis à la retraite d'office, vingt-quatre sont déplacés et douze rétrogradés. À la chambre de commerce, douze personnes sont révoquées, deux radiées, trois mises à la retraite d'office et deux rétrogradées. Neuf membres du personnel médical ne peuvent plus pratiquer la médecine dans le chef-lieu ou dans le département, quinze sont exclus, un est blâmé. Soixante-douze employés ou cadres municipaux sont l'objet d'une enquête approfondie : trente et un sont finalement suspendus (dont le chef de bureau Francis Palmero) ou révoqués[157].

L'épuration économique

Les entrepreneurs qui ont participé à la construction du "mur de la Méditerranée" ou ont réalisé des bénéfices grâce à la collaboration subissent de lourdes sanctions financières. 59 millions de francs sont confisqués et 55 millions de francs d'amende sont imposés à une vingtaine d'entreprises du BTP (Bonorvi et Cioci, Bally-Sobiesky, Ciffreo et Bona, Véran et Costamagna, Spada, Nicoletti, Thorrand), de la parfumerie (Bruno Court, Cresp) et de la métallurgie (Michel). Une dizaine de patrons passent de quelques semaines à quelques mois de prison préventive. Albert Ottina, impliqué dans la démolition du casino de la Jetée-Promenade et la construction de blockhaus, est condamné à 20 ans de travaux forcés[157].

Des séquestres provisoires sont imposées à plusieurs entreprises : Compagnies du gaz et des eaux, énergie électrique du littoral méditerranéen, TNL, Descours et Cabaud, Thorrand, Petterano, Sacco, Couiteas de Faucamberge, Michel. Un séquestre définitif est infligé à l'hôtellier cannois Martinez et à des sociétés comme 'L'éclaireur de Nice', le 'Petit niçois' et les studios de la Victorine[157].

Chez les taxis, trente patrons et employés sont exclus de la corporation, neuf sont suspendus et quatre sont touchés par des amendes. Aux TNL, huit cadres et employés sont licenciés[157].

Galerie

Bibliographie

  • Jean-Loup Gassend, Le débarquement de Provence, la Libération de la Côte d'Azur, Éditions Heimdal, 2014.
  • Joseph Girard, La Résistance et la libération de Nice, la fin d'une légende, Éditions Serre, 2006.
  • Michel Goury, La liste : 28 août 1944 (livret édité et offert par la ville de Nice pour les commémorations de la Libération le 28 août 2012), .
  • Pierre Jérosme, De l'engagement de la nation française dans la triste aventure du gouvernement de Vichy, L'Harmattan, 1994, pages 130-154 sur la Gestapo et le GAPPF à Cannes.
  • Pierre-Emmanuel Klingbeil, Le front oublié des Alpes-Maritimes (15 août 1944-2 mai 1945), Éditions Serre, 2005.
  • Alain Otho, article Quelques remarques sur la libération de Nice, disponible en ligne[PDF]
  • Jean-Louis Panicacci, La Résistance azuréenne, Éditions Serre, 1994 ( (ISBN 2864102110)).
  • Jean-Louis Panicacci, Les lieux de mémoire - De la Deuxième Guerre mondiale dans les Alpes-Maritimes, Éditions Serre, 1997 (ISBN 2864102722).
  • Jean-Louis Panicacci, En territoire occupé - Italiens et Allemands à Nice 1942-1944, Éditions Vendémiaire, Paris, 2012.
  • Jean-Louis Panicacci, article À propos de la libération de Nice, dans Recherches Régionales Alpes-Maritimes et contrées limitrophes, 2007, no 186, pages 89–97, disponible en ligne[PDF]
  • Jean-Louis Panicacci, article La visite du Général de Gaulle à Nice (9 avril 1945), Cahiers de la Méditerranée, no 74, 2007 disponible en ligne
  • Revue « Document, témoignages, recherches » no 9 publiée par le Musée de la Résistance azuréenne : « Nice, 28 août 1944 : l'insurrection racontée par les insurgés ».
  • Revue « Document, témoignages, recherches » no 26 publiée par le Musée de la Résistance azuréenne : « La libération de Nice vue par les autorités allemandes ».
  • Revue « Document, témoignages, recherches » no 28 publiée par le Musée de la Résistance azuréenne : « L'épuration dans les Alpes-Maritimes (1943-1947) ».

Sources Internet

Voir aussi

Notes et références

Notes

  1. Antoine Souchon abattu par les Allemands lors d'une mission le 27 août, Sauveur Bernardo assassiné par un autre résistant le lendemain de l'insurrection, Paul Genouillac tué lui aussi le lendemain lors de l'arrestation de fascistes avenue de la République, René Bensaïd abattu accidentellement le 4 septembre 1944, Maurice Charton exécuté par d'autres résistants sans réel motif connu le 5 septembre 1944 et Émile Krieger arrêté le 28 août 1944 par les Allemands et décédé en déportation.
  2. Cependant ce chiffre ne compte pas le nombre inconnu de corps emportés par leurs camarades ou de militaires tués dans les camions.
  3. Voir à ce sujet la page Commandant Jean-Marie pour connaître plus de détails.
  4. Benoît Clérissi, Irène Grasso, Joseph Calderari, Louise Raspail, Roger Clérissi et Gisèle Masséglia.
  5. Grino Varnerin.
  6. L'appartement situé au huitième étage du Palais Stella est affecté après la guerre à Guy Manzone et son épouse Augusta, tous deux résistants communistes. Guy Manzone, prisonnier de guerre lors de la campagne de 1939-1940 a été interné au camp de représailles nazi de Rawa-Ruska pour actes de résistance durant sa captivité.

Références

  1. Joseph Girard, La Résistance et la libération de Nice, la fin d'une légende, Éditions Serre, 2006, page 117.
  2. Jean-Louis Panicacci, En territoire occupé - Italiens et Allemands à Nice 1942-1944, Éditions Vendémiaire, Paris, 2012, page 197.
  3. Recherches historiques de Jimmy Tual.
  4. Jean-Louis Panicacci, En territoire occupé - Italiens et Allemands à Nice 1942-1944, Éditions Vendémiaire, Paris, 2012, page 195.
  5. Joseph Girard, La Résistance et la libération de Nice, la fin d'une légende, Éditions Serre, 2006, page 104.
  6. Jean-Louis Panicacci, Les lieux de mémoire - De la Deuxième Guerre mondiale dans les Alpes-Maritimes, Éditions Serre, Nice, 1997, page 16.
  7. L'Ergot no 34 du 30 mai 1945.
  8. memorialgenweb.org - plaque commémorative de Maurice LUKOWSKI
  9. Revue « Document, témoignages, recherches » no 26 publiée par le Musée de la Résistance azuréenne : « La libération de Nice vue par les autorités allemandes », page 7.
  10. Revue « Document, témoignages, recherches » no 26 publiée par le Musée de la Résistance azuréenne : « La libération de Nice vue par les autorités allemandes », pages 5 à 8.
  11. Revue « Document, témoignages, recherches » no 26 publiée par le Musée de la Résistance azuréenne : « La libération de Nice vue par les autorités allemandes », page 4.
  12. Jean-Louis Panicacci, En territoire occupé - Italiens et Allemands à Nice 1942-1944, Éditions Vendémiaire, Paris, 2012, page 146.
  13. Revue « Document, témoignages, recherches » no 26 publiée par le Musée de la Résistance azuréenne : « La libération de Nice vue par les autorités allemandes », page 5.
  14. Joseph Girard, La Résistance et la libération de Nice, la fin d'une légende, Éditions Serre, 2006, page 112.
  15. Joseph Girard, La Résistance et la libération de Nice, la fin d'une légende, Éditions Serre, 2006, pages 112-113.
  16. Revue « Document, témoignages, recherches » no 26 publiée par le Musée de la Résistance azuréenne : « La libération de Nice vue par les autorités allemandes », page 10.
  17. Revue « Document, témoignages, recherches » no 9 publiée par le Musée de la Résistance azuréenne : « Nice, 28 août 1944 : l'insurrection racontée par les insurgés, page 3 ».
  18. Revue « Document, témoignages, recherches » no 26 publiée par le Musée de la Résistance azuréenne : « La libération de Nice vue par les autorités allemandes », page 11.
  19. Revue « Document, témoignages, recherches » no 9 publiée par le Musée de la Résistance azuréenne : « Nice, 28 août 1944 : l'insurrection racontée par les insurgés », page 6.
  20. Article de Jean-Louis Panicacci intitulé 13-27 août 1944 Le "mystère" de l'avion fantôme publié dans Lou Sourgentin, no 184, décembre 2008, page 11.
  21. Pierre Abramovici - Un rocher bien occupé, éd. du Seuil, 2001, page 240.
  22. Jean-Louis Panicacci, En territoire occupé - Italiens et Allemands à Nice 1942-1944, Éditions Vendémiaire, Paris, 2012, pages 133-134.
  23. Revue « Document, témoignages, recherches » no 26 publiée par le Musée de la Résistance azuréenne : « La libération de Nice vue par les autorités allemandes », page 9.
  24. Revue « Document, témoignages, recherches » no 9 publiée par le Musée de la Résistance azuréenne : « Nice, 28 août 1944 : l'insurrection racontée par les insurgés », page 4.
  25. Revue « Document, témoignages, recherches » no 9 publiée par le Musée de la Résistance azuréenne : « Nice, 28 août 1944 : l'insurrection racontée par les insurgée, pages 4-5 ».
  26. Revue « Document, témoignages, recherches » no 9 publiée par le Musée de la Résistance azuréenne : « Nice, 28 août 1944 : l'insurrection racontée par les insurgés », page 5.
  27. Revue « Document, témoignages, recherches » no 9 publiée par le Musée de la Résistance azuréenne : « Nice, 28 août 1944 : l'insurrection racontée par les insurgés », page 7.
  28. Revue « Document, témoignages, recherches » no 9 publiée par le Musée de la Résistance azuréenne : « Nice, 28 août 1944 : l'insurrection racontée par les insurgés », page 9.
  29. Revue « Document, témoignages, recherches » no 9 publiée par le Musée de la Résistance azuréenne : « Nice, 28 août 1944 : l'insurrection racontée par les insurgés », page 11.
  30. Revue « Document, témoignages, recherches » no 9 publiée par le Musée de la Résistance azuréenne : « Nice, 28 août 1944 : l'insurrection racontée par les insurgés », page 17.
  31. Revue « Document, témoignages, recherches » no 9 publiée par le Musée de la Résistance azuréenne : « Nice, 28 août 1944 : l'insurrection racontée par les insurgés », page 8.
  32. Revue « Document, témoignages, recherches » no 9 publiée par le Musée de la Résistance azuréenne : « Nice, 28 août 1944 : l'insurrection racontée par les insurgés », page 12.
  33. Revue « Document, témoignages, recherches » no 9 publiée par le Musée de la Résistance azuréenne : « Nice, 28 août 1944 : l'insurrection racontée par les insurgés », page 14.
  34. Journal Combat du 8 septembre 1944.
  35. État-Civil de Nice.
  36. Service Historique de la Défense, Dossier du Pôle des Archives des Victimes de Conflits Contemporains (PAVCC).
  37. Revue « Document, témoignages, recherches » no 9 publiée par le Musée de la Résistance azuréenne : « Nice, 28 août 1944 : l'insurrection racontée par les insurgés », page 13.
  38. Joseph Girard, La Résistance et la libération de Nice, la fin d'une légende, Éditions Serre, 2006, page 115.
  39. Revue « Document, témoignages, recherches » no 26 publiée par le Musée de la Résistance azuréenne : « La libération de Nice vue par les autorités allemandes », page 12.
  40. Joseph Girard, La Résistance et la libération de Nice, la fin d'une légende, Éditions Serre, 2006, page 114.
  41. état-civil de Nice
  42. Revue « Document, témoignages, recherches » no 26 publiée par le Musée de la Résistance azuréenne : « La libération de Nice vue par les autorités allemandes », page 13.
  43. Revue « Document, témoignages, recherches » no 9 publiée par le Musée de la Résistance azuréenne : « Nice, 28 août 1944 : l'insurrection racontée par les insurgés », page 15.
  44. Revue « Document, témoignages, recherches » no 9 publiée par le Musée de la Résistance azuréenne : « Nice, 28 août 1944 : l'insurrection racontée par les insurgés », page 16.
  45. Revue « Document, témoignages, recherches » no 9 publiée par le Musée de la Résistance azuréenne : « Nice, 28 août 1944 : l'insurrection racontée par les insurgés », pages 17-18.
  46. Revue « Document, témoignages, recherches » no 9 publiée par le Musée de la Résistance azuréenne : « Nice, 28 août 1944 : l'insurrection racontée par les insurgés », pages 16-17.
  47. Revue « Document, témoignages, recherches » no 9 publiée par le Musée de la Résistance azuréenne : « Nice, 28 août 1944 : l'insurrection racontée par les insurgés », page 18.
  48. BAVCC, Recherches personnelles de Jimmy Tual et état-civil de Nice.
  49. Joseph Girard, La Résistance et la libération de Nice, la fin d'une légende, Éditions Serre, 2006, page 116.
  50. Jean-Louis Panicacci, En territoire occupé - Italiens et Allemands à Nice 1942-1944, Éditions Vendémiaire, Paris, 2012, page 196.
  51. Revue « Document, témoignages, recherches » no 26 publiée par le Musée de la Résistance azuréenne : « La libération de Nice vue par les autorités allemandes », pages 13-14.
  52. Jean-Louis Panicacci, En territoire occupé - Italiens et Allemands à Nice 1942-1944, Éditions Vendémiaire, Paris, 2012, pages 196-197
  53. Revue « Document, témoignages, recherches » no 9 publiée par le Musée de la Résistance azuréenne : « Nice, 28 août 1944 : l'insurrection racontée par les insurgés », page 19.
  54. Revue « Document, témoignages, recherches » no 9 publiée par le Musée de la Résistance azuréenne : « Nice, 28 août 1944 : l'insurrection racontée par les insurgés », page 19-20.
  55. Jean-Louis Panicacci, Les lieux de mémoire - De la Deuxième Guerre mondiale dans les Alpes-Maritimes, Éditions Serre, 1997, page 46.
  56. Voir le relevé de la plaque commémorative pour André Deparday à Menton
  57. Voir le relevé de la plaque commémorative pour les otages exécutés à Menton
  58. Joseph Girard, La Résistance et la libération de Nice, la fin d'une légende, Éditions Serre, 2006, pages 116-117.
  59. Jean-Louis Panicacci, article "La visite du Général de Gaulle à Nice (9 avril 1945)", Cahiers de la Méditerranée, no 74, 2007, disponible en ligne.
  60. [PDF]Jean-Louis Paniccaci, "À propos de la libération de Nice".
  61. Revue « Document, témoignages, recherches » no 26 publiée par le Musée de la Résistance azuréenne : « La libération de Nice vue par les autorités allemandes ».
  62. [PDF]Alain Otho, "Quelques remarques sur la libération de Nice".
  63. Fiche S.G.A. de Raymond Albin
  64. Jean-Louis Panicacci, Les lieux de mémoire - De la Deuxième Guerre mondiale dans les Alpes-Maritimes, Éditions Serre, Nice, 1997, page 15
  65. Goury 2012, p. 8.
  66. Fiche S.G.A. d'Eugène Alentchenko
  67. Revue « Document, témoignages, recherches » no 9 publiée par le Musée de la Résistance azuréenne : « Nice, 28 août 1944 : l'insurrection racontée par les insurgés ».
  68. Goury 2012, p. 9.
  69. Fiche S.G.A. de Joseph Aréna
  70. Musée de la résistance azuréenne, Dossier du PAVCC.
  71. Goury 2012, p. 10.
  72. Jean-Louis Panicacci, Les lieux de mémoire - De la Deuxième Guerre mondiale dans les Alpes-Maritimes, Éditions Serre, Nice, 1997, page 28.
  73. Goury 2012, p. 11.
  74. Fiche S.G.A. de Jean Badino
  75. Dossier du PAVCC, Musée de la Résistance Azuréenne.
  76. Goury 2012, p. 12.
  77. Fiche S.G.A. de Jean Ballestra
  78. Jean-Louis Panicacci, Les lieux de mémoire - De la Deuxième Guerre mondiale dans les Alpes-Maritimes, Éditions Serre, Nice, 1997, pages 15 et 28.
  79. Goury 2012, p. 13.
  80. Fiche S.G.A. de Fortuné Barralis
  81. Goury 2012, p. 14.
  82. Fiche S.G.A. d'Auguste Bogniot
  83. Goury 2012, p. 17.
  84. Fiche S.G.A. de Vincent Boscarolo
  85. Jean-Louis Panicacci, Les lieux de mémoire - De la Deuxième Guerre mondiale dans les Alpes-Maritimes, Éditions Serre, Nice, 1997, page 15.
  86. Goury 2012, p. 18.
  87. Fiche S.G.A. de Roger Boyer
  88. Jean-Louis Panicacci, Les lieux de mémoire - De la Deuxième Guerre mondiale dans les Alpes-Maritimes, Éditions Serre, Nice, 1997, pages 15, 28 et 70.
  89. Goury 2012, p. 19.
  90. Fiche S.G.A. de Venance Cantergiani
  91. Goury 2012, p. 20.
  92. Goury 2012, p. 21.
  93. Fiche S.G.A. de Lucien Chervin
  94. Goury 2012, p. 22.
  95. Fiche S.G.A. d'Alphonse Cornil
  96. Goury 2012, p. 23.
  97. Hopiscope, journal du CHU de Nice no 114, février 2006.
  98. Goury 2012, p. 24.
  99. Fiche S.G.A. de Jean Gironne
  100. Jean-Louis Panicacci, Les lieux de mémoire - De la Deuxième Guerre mondiale dans les Alpes-Maritimes, Éditions Serre, Nice, 1997, pages 16 et 44.
  101. Goury 2012, p. 26.
  102. Fiche S.G.A. de Joseph Giuge
  103. Goury 2012, p. 27.
  104. Fiche S.G.A. de Jean Gordolon
  105. L'Ergot no 4 du 2 octobre 1944.
  106. Goury 2012, p. 28.
  107. Goury 2012, p. 39..
  108. Fiche S.G.A. de Jean Moralès
  109. Jean-Louis Panicacci, Les lieux de mémoire - De la Deuxième Guerre mondiale dans les Alpes-Maritimes, Éditions Serre, Nice, 1997, pages 15-16 et 56.
  110. Goury 2012, p. 31.
  111. Fiche S.G.A. de Michel Ravera
  112. Goury 2012, p. 32.
  113. Fiche S.G.A. de Basile Rossi
  114. Goury 2012, p. 33.
  115. Jean-Louis Panicacci, Les lieux de mémoire - De la Deuxième Guerre mondiale dans les Alpes-Maritimes, Éditions Serre, Nice, 1997, pages 22 et 122.
  116. Goury 2012, p. 34.
  117. Fiche S.G.A. d'Antoine Suarez
  118. Jean-Louis Panicacci, Les lieux de mémoire - De la Seconde Guerre mondiale dans les Alpes-Maritimes, Éditions Serre, Nice, 1997, pages 16 et 102.
  119. Goury 2012, p. 35.
  120. Fiche S.G.A. de Paul Vallaghé
  121. Goury 2012, p. 36.
  122. Goury 2012, p. 37.
  123. L'Ergot no 24 du 19 mars 1945, et no 26 du 3 avril 1945.
  124. Fiche S.G.A. de Sauveur Bernardo
  125. Goury 2012, p. 15.
  126. Fiche S.G.A. de Maurice Charton
  127. Fiche S.G.A. d'Antoine Genouillac
  128. Goury 2012, p. 25.
  129. Goury 2012, p. 30.
  130. Fiche S.G.A. d'Antoine Souchon
  131. Goury 2012, p. 16.
  132. État-civil de Saint-Laurent-du-Var.
  133. Revue « Document, témoignages, recherches » no 28 publiée par le Musée de la Résistance azuréenne : « L'épuration dans les Alpes-Maritimes (1943-1947) », pages 2-3.
  134. Joseph Girard, La Résistance et la libération de Nice, la fin d'une légende, Éditions Serre, 2006, pages 139-140.
  135. Revue « Document, témoignages, recherches » no 28 publiée par le Musée de la Résistance azuréenne : « L'épuration dans les Alpes-Maritimes (1943-1947) », page 2.
  136. Joseph Girard, La Résistance et la libération de Nice, la fin d'une légende, Éditions Serre, 2006, page 141.
  137. Joseph Girard, La Résistance et la libération de Nice, la fin d'une légende, Éditions Serre, 2006, page 140.
  138. état-civil de Nice.
  139. L'Ergot no 9 du 6 novembre 1944, et no 11 du 23 novembre 1944.
  140. Ralph Schor, « Le Parti Populaire Français dans les Alpes-Maritimes (1936-1939) », Cahiers de la Méditerranée, 1986, Volume 33 Numéro 1 pp. 99-125.
  141. Revue « Document, témoignages, recherches » no 28 publiée par le Musée de la Résistance azuréenne : « L'épuration dans les Alpes-Maritimes (1943-1947) », page 3.
  142. Voir le témoignage de Louis Sana
  143. Joseph Girard, La Résistance et la libération de Nice, la fin d'une légende, Éditions Serre, 2006, page 143.
  144. L'Ergot no 9 du 6 novembre 1944, et no 10 du 13 novembre 1944.
  145. Joseph Girard, La Résistance et la libération de Nice, la fin d'une légende, Éditions Serre, 2006, page 147.
  146. Revue « Document, témoignages, recherches » no 28 publiée par le Musée de la Résistance azuréenne : « L'épuration dans les Alpes-Maritimes (1943-1947) », page 5.
  147. Revue « Document, témoignages, recherches » no 28 publiée par le Musée de la Résistance azuréenne : « L'épuration dans les Alpes-Maritimes (1943-1947) », pages 4-5.
  148. état-civil de Nice et L'Ergot no 37 du 18 juin 1945.
  149. état-civil de Nice et Joseph Girard, La Résistance et la libération de Nice, la fin d'une légende, Éditions Serre, 2006, page 171.
  150. état-civil de Nice et Joseph Girard, La Résistance et la libération de Nice, la fin d'une légende, Éditions Serre, 2006, pages 171-172.
  151. état-civil de Nice et Joseph Girard, La Résistance et la libération de Nice, la fin d'une légende, Éditions Serre, 2006, page 172.
  152. Revue « Document, témoignages, recherches » no 28 publiée par le Musée de la Résistance azuréenne : « L'épuration dans les Alpes-Maritimes (1943-1947) », pages 6-8.
  153. Revue « Document, témoignages, recherches » no 28 publiée par le Musée de la Résistance azuréenne : « L'épuration dans les Alpes-Maritimes (1943-1947) », page 6.
  154. Revue « Document, témoignages, recherches » no 28 publiée par le Musée de la Résistance azuréenne : « L'épuration dans les Alpes-Maritimes (1943-1947) », page 8.
  155. Revue « Document, témoignages, recherches » no 28 publiée par le Musée de la Résistance azuréenne : « L'épuration dans les Alpes-Maritimes (1943-1947) », page 9.
  156. Revue « Document, témoignages, recherches » no 28 publiée par le Musée de la Résistance azuréenne : « L'épuration dans les Alpes-Maritimes (1943-1947) », page 10.
  157. Revue « Document, témoignages, recherches » no 28 publiée par le Musée de la Résistance azuréenne : « L'épuration dans les Alpes-Maritimes (1943-1947) », page 11.
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