Bataille de Noirmoutier (1794)
La bataille de Noirmoutier est un affrontement de la guerre de Vendée qui oppose le les républicains et les Vendéens pour le contrôle de l'île de Noirmoutier.
Pour les articles homonymes, voir Bataille de Noirmoutier.
Date | |
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Lieu | Île de Noirmoutier |
Issue | Victoire républicaine |
République française | Vendéens |
• Louis-Marie Turreau • Nicolas Haxo • Nicolas Louis Jordy • Dominique Aubertin • Prieur de la Marne • Louis Turreau • Pierre Bourbotte | • Maurice d'Elbée † • René de Tinguy † • Alexandre Pineau du Pavillon † • Bernard Massip † • Hyacinthe Hervouët de La Robrie • Benjamin Dubois de La Guignardière † • Pierre Prosper Gouffier de Boisy † • Pierre Duhoux d'Hauterive † |
3 000 à 3 200 hommes[1],[2] 35 gabares[1] | 1 500 à 2 000 hommes[3],[4] 30 à 100 canons et pierriers[5],[6] |
130 morts[7] 200 blessés[7] | 400 à 600 morts[5],[8],[1] 1 200 à 1 500 prisonniers fusillés[9],[10] 30 à 100 canons et pierriers capturés[5],[6] |
Batailles
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Située dans la baie de Bourgneuf et reliée au continent par le passage du Gois, l'île est occupée le par les troupes vendéennes du général Charette. Cette prise alarme aussitôt le Comité de salut public, qui redoute une intervention des Britanniques en faveur des royalistes. Cependant, Charette ne tente qu'en décembre d'envoyer une goélette vers la Grande-Bretagne pour prendre contact avec le gouvernement de Londres et il ne recevra aucune réponse avant plusieurs mois.
Les républicains débarquent sur l'île de Noirmoutier le matin du et s'emparent de toute sa partie sud après des combats à la pointe de la Fosse et au bourg de Barbâtre. Ils marchent ensuite dans l'après-midi vers la ville de Noirmoutier, où ils reçoivent la capitulation des Vendéens qui déposent les armes contre la promesse d'avoir la vie sauve.
Acceptée par le général Haxo, la capitulation n'est pas respectée par les représentants en mission Prieur de la Marne, Turreau et Bourbotte, qui font fusiller 1 200 à 1 500 prisonniers en quelques jours, dont Maurice d'Elbée, l'ancien généralissime de l'Armée catholique et royale.
La reprise de Noirmoutier suit de quelques jours la bataille de Savenay, qui voit la destruction des forces vendéennes engagées dans la virée de Galerne. Après ces deux victoires, considérées comme décisives, les commandants républicains estiment que la guerre de Vendée est en passe de s'achever. Les Vendéens ne contrôlent alors plus aucun territoire et les dernières bandes insurgées ne comptent que quelques centaines ou quelques milliers d'hommes, traqués dans les bois et dans les campagnes. À la mi-janvier, le général Turreau lance ses « colonnes infernales » avec l'intention de porter le dernier coup à l'insurrection vendéenne.
Contexte
Prise de Noirmoutier par les Vendéens
L'île de Noirmoutier change plusieurs fois de mains pendant la guerre de Vendée. Située dans la baie de Bourgneuf, non loin de l'île de Bouin, elle est accessible depuis les terres par le passage du Gois, une chaussée submersible de 5 kilomètres praticable à pied lors des marées basses, qui relie l'île au continent par le port de la Cronière, dans la commune de Beauvoir-sur-Mer[11],[12]. Noirmoutier est divisée en deux paroisses : au nord la ville de Noirmoutier-en-l'Île, aussi appelée Saint-Philbert de Noirmoutier[13], peuplée de 3 675 habitants en 1791[14] et au sud le bourg de Barbâtre[13], peuplé de 2 221 habitants en 1791[14]. Le nord de l'île, de La Guérinière à l'Herbaudière, est constitué de marais salants[12]. Le sud, de La Guérinière à la pointe de la Fosse, est recouvert de sables, de terres labourables et de vignes[12].
Noirmoutier tombe pour la première fois au pouvoir des insurgés le , lorsque des paysans maraîchins menés par Joseph Guerry de La Fortinière franchissent le Gois et occupent l'île sans rencontrer de résistance[15],[16],[17],[18]. Cependant en avril, les républicains reprennent les villes de Challans et Machecoul et atteignent les abords de l'île. Après une sommation du général Beysser et le débarquement de 200 hommes du vaisseau Le Superbe, de l'escadre du contre-amiral Villaret de Joyeuse, les habitants de Noirmoutier font leur soumission le [19],[20],[21],[22],[23]. Les chefs insurgés René Augustin Guerry et Rorthais des Chataigners sont arrêtés et envoyés à Nantes, mais Guerry de la Fortinière, Tinguy et le chevalier de Régnier parviennent à s'enfuir[19].
Cependant en juin, les Vendéens reprennent Challans et Machecoul et sont à nouveau en mesure de menacer Noirmoutier. Après une première tentative infructueuse le , l'armée du général Charette, aidée par des habitants du bourg de Barbâtre, s'empare de l'île le [24],[2]. La faible garnison républicaine n'offre que peu de résistance et capitule[24]. Charette forme une administration royaliste à Noirmoutier et y laisse une partie de ses troupes avant de repartir au bout de trois jours[24]. Les prisonniers républicains sont envoyés à Bouin où le chef local, François Pajot, en fait massacrer plusieurs centaines les et [25].
Offensive républicaine contre Charette
En , la situation militaire en Vendée est à l'avantage des républicains. L'armée de l'Ouest concentre ses efforts sur l'armée d'Anjou et du Haut-Poitou, commandée par le généralissime Maurice d'Elbée, qui est battue le à la bataille de Cholet[26]. La « virée de Galerne » débute alors : le gros des forces royalistes et des forces républicaines se portent au nord de la Loire et s'affrontent jusqu'en décembre au Maine, en Bretagne et en Normandie. Malgré plusieurs appels à l'aide envoyés par d'Elbée, Charette et les autres chefs du Pays de Retz et du Bas-Poitou restent à l'écart de ces événements[27].
Cependant à Paris, la nouvelle de la prise de l'île de Noirmoutier suscite l'inquiétude du Comité de salut public, qui craint qu'elle ne permette aux Vendéens de recevoir l'aide des Britanniques[2]. Le , le conseil exécutif reçoit un arrêté signé de Barère, Prieur de la Côte d'Or, Collot d'Herbois, Billaud-Varenne, Robespierre et Hérault de Séchelles lui donnant l'ordre de « prendre toutes les mesures nécessaires pour faire attaquer le plus tôt possible l'île de Noirmoutier, en chasser les brigands et en assurer la possession à la République »[28]. Le , le Comité de salut public enjoint aux représentants en mission Prieur de la Marne et Jeanbon Saint-André de « reprendre l'île ou de l'engloutir dans la mer »[2],[29],[30].
Le , le conseil de guerre de l'armée de l'Ouest charge le général de brigade Nicolas Haxo de constituer un corps de 5 000 à 6 000 hommes pour reprendre l'île de Noirmoutier[31]. Ordre lui est donné d'attaquer et de battre Charette « partout où il pourra le rencontrer en le poursuivant jusque dans Noirmoutier même »[31],[32],[33]. Haxo planifie son offensive et sort de Nantes les et avec deux colonnes commandées par lui-même et par son second, l'adjudant-général Nicolas Louis Jordy[34],[35]. Au même moment, une autre colonne commandée par le général Dutruy et le lieutenant-colonel Aubertin se met en mouvement depuis Les Sables-d'Olonne[36]. Dans les jours qui suivent, Haxo et Jordy s'emparent de Port-Saint-Père, Sainte-Pazanne, Bourgneuf-en-Retz, Machecoul et Legé, tandis que Dutruy et Aubertin se rendent maîtres de La Roche-sur-Yon, d'Aizenay, du Poiré-sur-Vie, de Palluau et de Challans[34],[37],[38]. Battu par Aubertin à La Garnache le [34], Charette tente de se réfugier à Noirmoutier, mais il trouve le passage du Gois impraticable à cause de la marée haute et est contraint de s'enfermer dans l'île de Bouin, où il se retrouve bientôt cerné[39],[40].
Le , Charette s'embarque pour l'île de Noirmoutier[39],[38]. Il confie la mission à son aide de camp, Joseph Hervouët de La Robrie, de passer en Angleterre pour y demander des secours[39]. La Robrie s'embarque sur une goélette de 60 tonneaux, Le Dauphin, commandée par Louis François Lefebvre[39],[41]. Mais à cause de vents défavorables ou de la présence de navires républicains, il ne peut appareiller que dans la nuit du au [39],[41],[A 1].
Le , Charette est de retour à Bouin[43]. Le , les colonnes de Jordy et d'Aubertin lancent l'assaut sur l'île[44],[45]. En quelques heures, les républicains enfoncent les défenses vendéennes et délivrent plusieurs centaines de prisonniers patriotes[44],[46]. Charette n'échappe que de peu à l'anéantissement en s'enfuyant à travers les marais avec une partie de ses hommes[44],[45].
Il rejoint ensuite les forces de Jean-Baptiste Joly et de Jean Savin[44], avec lesquelles il attaque sans succès la ville de Legé le [44], mais écrase la garnison du camp de L'Oie le [47]. Le , aux Herbiers, Charette est élu général en chef de l'« Armée catholique et royale du Bas-Poitou »[48]. Il décide alors de se porter en Anjou et dans le Haut-Poitou pour y ranimer l'insurrection[49]. En quelques jours, il traverse ainsi Le Boupère, Pouzauges, Cerizay et Châtillon, puis il atteint Maulévrier[49].
Pendant ce temps, les forces vendéennes engagées dans la virée de Galerne se rapprochent de la Loire avec l'intention de regagner la Vendée. Les et , elles attaquent Angers, sans succès. Le , un millier de Vendéens menés par le généralissime Henri de La Rochejaquelein, le successeur de Maurice d'Elbée, utilisent des barques pour franchir le fleuve à Ancenis, mais l'arrivée de chaloupes canonnières républicaines empêche la traversée du reste de l'armée. Ces événements contraignent Haxo à suspendre l'attaque de Noirmoutier et à desserrer l'étau autour de Charette[49]. Il envoie des renforts contre La Rochejaquelein et ne peut lancer à la poursuite de Charette que 2 400 hommes commandés par l'adjudant-général Dufour[49].
Cependant l'expédition de Charette est sans résultat car avec le retour de Henri de La Rochejaquelein, les régions insurgées d'Anjou et du Haut-Poitou repassent sous son autorité[49]. Après avoir rencontré La Rochejaquelein à Maulévrier le , Charette fait demi-tour et regagne Les Herbiers[49].
Prélude
Le , le général Louis-Marie Turreau arrive à Nantes pour prendre le commandement de l'Armée de l'Ouest[50]. Six jours plus tôt, l'armée vendéenne passée au nord de la Loire a été détruite à la bataille de Savenay. Turreau donne alors l'ordre à Haxo de lancer l'attaque contre l'île de Noirmoutier[50].
À partir de fin décembre, des échanges de tirs opposent les navires républicains et les batteries côtières vendéennes[51]. Le , trois frégates sont touchées[51]. Le , une canonnade se déroule du côté du bois de la Chaize[52]. La Nymphe, une frégate de 26 canons commandée le lieutenant de vaisseau Pitot[51], la corvette Le Fabius et la canonnière L'Île-Dieu engagent le combat en début d'après-midi, mais l'affaire tourne mal pour les républicains[52]. Les Vendéens tirent à boulets rouges, et l'un d'eux frappe le mât d'artimon du Fabius[52]. La Nymphe, avec à son bord les représentants en mission Prieur de la Marne, Turreau et Guermeur, reçoit sept boulets à fleur d'eau et s'échoue après trois heures de canonnade[51],[52],[53]. La vergue du grand hunier est brisée nette[51],[53] et l'équipage compte deux morts et deux à cinq blessés[53],[52],[A 2].
Le , les mouvements des gabares entre Bouin et Barbâtre alertent les assiégés qui s'attendent à une attaque imminente[57]. Pendant toute la fin du mois de décembre, les Vendéens fortifient les différentes batteries d'artillerie disséminées sur l'île[51]. Hyacinthe Hervouët de La Robrie met au point avec Dubois de La Guignardière un système de feux pour prévenir la ville de Noirmoutier en cas d'attaque[51]. La chaussée en pierre et les balises du passage du Gois sont détruites[58]. Un messager aurait également été envoyé à Charette pour lui demander des secours[A 3].
Le , les troupes de l'adjudant-général Carpantier quittent Machecoul et se portent sur Challans pour assurer les arrières du général Haxo pendant l'attaque de Noirmoutier[60],[61]. Mais le même jour, Charette prend d'assaut Machecoul, où seulement 200 à 300 hommes ont été laissés[62]. Informé, Haxo propose de retarder l'expédition mais Turreau refuse et donne l'ordre de poursuivre[50],[61]. Le , un millier d'hommes commandés par Carpantier reprennent Machecoul et mettent en fuite la troupe de Charette[51],[63]. Ce dernier tente une contre-attaque le lendemain, mais il est repoussé et se replie sur La Copechagnière[51].
Forces en présence
Armée républicaine
Les républicains mobilisent 5 000 hommes dans l'opération[3], mais seuls 3 000[1] à 3 200[2] participent aux combats sur l'île. La Gazette de France du 22 nivôse an II () donne l'effectif précis de 3 112 hommes, constitué de 322 hommes d'un bataillon de volontaires de la Meurthe, 460 hommes du 109e régiment d'infanterie, 400 hommes du 11e bataillon de la formation d'Orléans, 200 hommes d'un détachement du Bec d'Ambès, 68 hommes d'un détachement de la Charente, 46 hommes d'un détachement de l'Ille-et-Vilaine, 60 hommes d'un détachement du 77e régiment d'infanterie, 420 hommes du 57e régiment d'infanterie, 146 hommes des Grenadiers réunis, 201 hommes d'un bataillon de grenadiers de l'Ardèche, 100 hommes d'un bataillon de la Marne, 153 tirailleurs de la Loire-Inférieure, des Deux-Sèvres, de Challans, Beaulieu et Apremont, 386 hommes du 39e régiment d'infanterie et 150 hommes du 3e bataillon de volontaires de Lot-et-Garonne[64],[65].
L'adjudant-général Jordy, à la tête de 1 500 hommes transportés par 19 gabares, mène la première vague d'assaut[3]. Dans son « Précis historique », il indique que sa troupe est constituée du 3e bataillon de volontaires des Vosges, du 10e bataillon de volontaires la Meurthe, du 38e, du 57e et d'un détachement du 109e régiment d'infanterie, ainsi que d'une compagnie d'artillerie à pied, n'ayant aucune pièce avec elle mais devant utiliser celles qui seront prises à Noirmoutier[66]. Le général Haxo, avec 700 à 900 hommes[3],[67],[68] et neuf gabares, est à la tête de la seconde vague d'assaut[3] au port de la Cronière, à Beauvoir-sur-Mer[67]. Une troisième force, constituée de sept gabares, doit quant à elle se porter au nord de l'île afin de faire diversion[3]. Une colonne est également en réserve sous les ordres du lieutenant-colonel Aubertin[1]. Dans ses mémoires, ce dernier indique que sa colonne est constituée de 455 hommes du 11e bataillon de la formation d'Orléans, de détachements des 109e et 110e régiments d'infanterie, ainsi que de quelques autres corps, de grenadiers mayençais et d'artilleurs du 1er bataillon de volontaires du Bas-Rhin[69].
Les opérations sont supervisées par le général Louis-Marie Turreau, commandant en chef de l'armée de l'Ouest, arrivé à Beauvoir-sur-Mer le [70], et par trois représentants en mission : Prieur de la Marne, également membre du Comité de Salut public, Louis Turreau, cousin du général en chef, et Pierre Bourbotte[9].
Armée vendéenne
La garnison vendéenne laissée par Charette pour défendre l'île de Noirmoutier est forte de 1 500 hommes selon les royalistes Lucas de La Championnière et Le Bouvier-Desmortiers[71],[72], de 1 800 pour le général Turreau[73] et de 2 000 d'après les mémoires anonymes de l'administrateur militaire[74]. Ces effectifs sont diversement repris par les historiens : Jean-Joël Brégeon et Gérard Guicheteau retiennent 1 500[4], Yves Gras et Jean Tabeur 1 800[63],[50], Émile Gabory et Lionel Dumarcet 2 000[75],[3]. Cette garnison est sous les ordres d'Alexandre Pineau du Pavillon[76],[75]. René de Tinguy est gouverneur de l'île, Benjamin Dubois de La Guignardière, ancien capitaine de la garde nationale de Soullans, est commandant du chef-lieu, Louis Vasselot de Reigner est commandant du château et Bernard Massip est commandant en second la garnison[76]. Hyacinthe Hervouët de La Robrie commande 500 hommes à Barbâtre[3]. Parmi les autres chefs figurent Louis Savin, Jean Jodet, Pierre Gouin, Gazette de La Limousinière, Joseph Béthuis, Loizeau, Barraud père et fils de La Garnache et les capitaines de paroisse Barraud de Saint-Hilaire-de-Riez et Barraud du Perrier[76],[77].
Maurice d'Elbée, ancien généralissime de l'armée catholique et royale, est également présent à Noirmoutier après y avoir trouvé refuge le ou en raison de ses graves blessures reçues à la bataille de Cholet[31],[76],[75]. Il est alors accompagné de son épouse, Marguerite-Charlotte Duhoux d'Hauterive ; de son beau-frère, Pierre Duhoux d'Hauterive ; et de son ami Pierre Prosper Gouffier de Boisy[76]. Le lieu de son asile est mal connu[57]. D'après son petit-neveu, Charles-Maurice d'Elbée, et la marquise de Bonchamps, il aurait été hébergé à l'hôtel Jacobsen, puis dans la maison de madame Mourain[57],[75]. Selon François Piet, il résidait dans une maison appelée La Maduère[57],[75].
Déroulement
Sources
Le déroulement des événements est connu par différentes sources républicaines. L'adjudant-général Jordy adresse un rapport au ministre de la guerre[70],[78],[79] et rédige ensuite un récit plus détaillé dans son « Précis historique de mes actions civiles et militaires, par Jordy »[78],[79]. Les événements sont aussi évoqués dans les mémoires du général Turreau[61], de l'adjudant-général Aubertin[80] et dans celles, anonymes, d'un « administrateur militaire »[81]. Des témoignages sont également laissés par deux soldats républicains : André Amblard, volontaire mayençais[82], auteur d'un carnet de route[83] et Auguste Dalicel, brigadier du 3e bataillon de volontaires de Lot-et-Garonne, qui rapporte les combats dans une lettre à son oncle[83],[6]. Ils participent tous deux au débarquement, sous les ordres de Jordy[84]. Le récit le plus détaillé est donné par le capitaine[50],[65] François Piet, alors âgé de 19 ans[65], né à Montmédy[65], aide-de-camp du général Dutruy[85],[77],[50],[65], qui rédige ses « Mémoires laissés à mon fils » en 1806[8]. Pendant la bataille, il combat au sein de la colonne du général Haxo[84]. Nommé commissaire des guerres à Noirmoutier en 1795, il s'établit ensuite sur l'île où il exerce la fonction de notaire sous l'Empire et la Restauration, avant de devenir juge de paix sous la monarchie de Juillet[65]. Ses mémoires sont publiées par son fils, Jules Piet, en 1863[8].
Débarquement à la pointe de la Fosse
Le , Jordy fait embarquer ses soldats sur les gabares à La Barre-de-Monts et à L'Époids, entre Bouin et Beauvoir-sur-Mer[66],[3],[A 4]. À minuit, la flottille appareille[3],[70],[68]. Le lieu choisi pour le débarquement se situe entre la pointe de la Fosse, à l'extrémité sud de l'île, et le passage du Gois[3].
Alors qu'une petite partie des gabares vogue vers la Chaise et le port de Noirmoutier pour faire une diversion, Jordy se porte vers la Fosse[66]. Malgré la nuit, les Vendéens aperçoivent les navires républicains et vers 5 ou 6 heures du matin les onze canons de la batterie d'artillerie de la Fosse ouvrent le feu[66],[68]. À environ une demi-lieue au nord de l'extrémité de la pointe, Jordy place ses gabares en ligne, face au rivage : celles du centre répondent au feu des Vendéens afin d'y fixer leur attention, tandis que celles situées sur les ailes commencent à débarquer les troupes[66]. Une fusée donne le signal[70]. Les républicains n'ayant pas de chaloupes, la marée étant basse et la mer peu profonde, les fantassins se jettent directement à l'eau[66]. Afin d'éviter les tirs fratricides, ils ont ordre de ne combattre qu'à la baïonnette[66]. Plusieurs gabares s'échouent sur la plage lors de l'opération[83]. Jordy est quant à lui blessé à la cuisse et à la jambe avant d'avoir pu quitter son navire[66],[3]. Il gagne le rivage, porté par des grenadiers qui font une civière improvisée avec leurs fusils[66],[3]. Cependant sa manœuvre réussit et les Vendéens battent en retraite pour ne pas se retrouver enveloppés[66]. À 7 heures du matin, toutes ses troupes ont débarqué[70],[3],[86],. La batterie de la Fosse est prise à revers et les artilleurs républicains s'emparent des canons[66],[3]. Dans sa lettre, le brigadier Dalicel écrit : « Nous fîmes la fusillade jusqu'à huit heures. En mettant pied à terre, nos gens tombaient comme des capucins de cartes. Une fois que nous avons été cinq ou six cents dans l'ile, nous avons fait carnage sur tout. Du côté où nous avons fait la descente, nous avons empli un marais salant de morts; il pouvait bien y en avoir 900, plus des nôtres que des leurs[87],[88]. ».
Combats à Barbâtre
Les républicains marchent ensuite sur le village de Barbâtre, tenu par les forces de Hyacinthe de La Robrie avec une batterie de quatre canons de 36 livres, et s'en emparent après un combat d'une heure[3],[66]. Tous les hommes qui sont trouvés à Barbâtre sont massacrés[9]. Selon les mémoires de François Piet : « des gens paisibles, des pères de famille, des vieillards qui étaient restés dans leurs maisons, des meuniers qui n'avaient pas voulu quitter leurs moulins, devinrent les victimes de la fureur du soldat »[A 5].
De son côté le général Haxo commence à franchir le passage du Gois vers 9 heures du matin, à la pointe du jour, suivi par la colonne d'Aubertin[87],[1],[90]. Malgré la marée basse, les soldats ont de l'eau jusqu'aux genoux et la traversée est effectuée avec lenteur[87]. Vers midi ou une heure de l'après-midi, Haxo arrive à Barbâtre, où il fait sa jonction avec Jordy, dont les troupes sont en repos[87],[70]. Peu de temps avant de céder son commandement, Jordy est grièvement blessé par un biscaïen, qui lui enfonce le pariétal gauche[66],[1].
Capitulation des Vendéens
Après avoir réuni ses forces à celles de Jordy, Haxo, désormais à la tête de 3 000 hommes, marche sur la ville de Noirmoutier, au nord de l'île[91],[1]. Près de la La Guérinière, sur la partie la plus étroite de l'île, il rencontre un retranchement garni d'artillerie[91]. Cependant les républicains profitent de la marée basse pour le contourner par la droite et par la gauche et les Vendéens battent en retraite sans avoir tiré un seul coup de canon[91]. Les troupes d'Haxo avancent ensuite jusqu'aux abords de la ville sans rencontrer la moindre résistance[91].
À trois heures de l'après-midi, deux ou trois cavaliers vendéens se présentent au pont de la Corbe, pour remettre une offre de capitulation en échange de la vie sauve pour toute la garnison[91],[75]. Le général Haxo accueille l'offre favorablement, mais les représentants en mission Prieur de la Marne, Turreau et Bourbotte manifestent leur opposition[9]. Cependant, sur l'insistance de Haxo, les représentants laissent faire[9],[A 6].
Le gouverneur Tinguy, d'un caractère conciliateur, semble croire au respect de la parole donnée[57]. Si certains chefs, comme Hyacinthe de La Robrie et Benjamin Dubois de La Guignardière, sont d'avis de combattre jusqu'au bout, la grande majorité des défenseurs préfèrent la capitulation[57]. Les républicains entrent dans la ville sans rencontrer de résistance[91],[57],[A 7]. Les Vendéens se rassemblent sur la place et jettent leurs fusils en monceaux[91].
Le généralissime Maurice d'Elbée est rapidement découvert et fait prisonnier[57],[95]. Dubois de La Guignardière est blessé et capturé[57],[7]. D'après Piet, sa cachette est dénoncée par Foré, un canonnier républicain à qui il avait sauvé la vie lors de la prise de l'île par Charette[96],[97],[7]. Un seul chef, Hyacinthe de La Robrie, parvient de justesse à s'échapper et à quitter l'île après être demeuré caché pendant plusieurs jours dans les marais de l'Épine[57],[43].
Pertes
Dès le soir du , les représentants en mission Prieur de la Marne, Turreau et Bourbotte affirment dans une lettre adressée à la Convention nationale que l'expédition n'a coûté à la République que deux hommes tués et dix à douze blessés, dont « le brave Jordy »[70],[90]. Le général Turreau ne fait également état dans son rapport au ministre de la guerre que de la perte de « dix hommes, dont la plupart ne sont que blessés »[5] et dans ses mémoires de « dix ou douze hommes et quelques blessés »[73]. Jordy établit en revanche les pertes républicaines à 130 tués et 200 blessés dans son rapport au ministre de la Guerre[7],[70],[98]. Jordy est lui-même grièvement blessé et doit subir une trépanation[66]. Le lendemain de la bataille, il est promu au grade de général de brigade[70], tandis qu'Aubertin est élevé au grade d'adjudant-général[87].
Du côté des Vendéens, le nombre des combattants tués au combat est porté à 400 par le général Turreau[5], à 500 par les représentants Prieur de la Marne, Turreau et Bourbotte[8],[99],[90], ainsi que par l'« administrateur militaire »[100], et à 600 par le représentant Guermeur[1]. Le nombre des prisonniers est quant à lui de 600 selon François Piet[101],[102], de 600 à 700 initialement[101],[91],[103] et de 1 200 au total[104],[9],[105] selon l'adjudant-général Aubertin, de 1 000 selon le général Turreau[101],[5], de 1 100 selon Dalicel[9],[88], de 1 000 à 1 200 selon le représentant Guermeur[1], de 1 200 selon les représentants Prieur, Turreau et Bourbotte[9],[8],[99], de 1 500 selon l'« administrateur militaire »[106], de 2 000 selon le Comité révolutionnaire de l'« île de la Montagne »[10] et de 3 000 selon le volontaire Amblard[9],[83]. Turreau et Bourbotte annoncent cependant le que 300 « brigands » de plus ont été pris après des battues et des fouilles menées dans les bois et des souterrains[107]. Pour l'historien Alain Gérard, les estimations de 1 100 à 1 200 prisonniers semblent les plus probables[9]. En 1975, dans son mémoire de DES d'histoire du droit, Les Commissions de Noirmoutier. à , Jean-Louis Pellet préconise une fourchette de 1 200 à 1 500 prisonniers fusillés[10],[108].
Les républicains s'emparent également de 19 canons et de 11 pierriers selon le général Turreau[5]. Prieur, Turreau et Bourbotte font quant à eux état de la prise d'environ 50 canons et de 700 à 800 fusils[8],[99],[90], Guermeur de 52 canons et de 800 fusils[1] et Jordy de 80 pièces de grosse artillerie et de 23 de moyennes et de petites[6].
Exécutions des prisonniers
Les prisonniers sont enfermés dans les églises de la ville[101],[99]. La capitulation n'est pas respectée par les représentants en mission qui décident de faire passer toute la garnison par les armes malgré une vaine tentative de Haxo pour s'y opposer[9],[A 8]. Le soir de la prise de l'île, ils écrivent au Comité de Salut public : « une commission militaire, que nous venons de créer, va faire prompte justice de tous ces traîtres »[8]. Les exécutions débutent dès le [95],[111],[63] et sont effectuées pour la plupart en deux ou trois jours[95],[9],[63]. Seuls 70 hommes de Notre-Dame-de-Monts arrivent à convaincre la commission qu'ils ont été enrôlés de force et sont épargnés[101],[102],[7]. Les prisonniers sont extraits par groupes de l'église Saint-Philbert et conduits au lieu-dit « la Vache », dans le quartier de Banzeau, où ils sont fusillés à bout portant[111]. La rue empruntée par les condamnés sera bien des années plus tard baptisée « rue des Martyrs »[111].
François Piet écrit dans ses mémoires :
« Dans l'espace de deux jours, tous les sous-officiers et soldats succombèrent à leur tour sous le plomb meurtrier. On les faisait sortir de l'église au nombre de soixante à la fois, et disposés par chapelets, ils étaient conduits dans le quartier de Banzeau, sur le bord de la mer. Là, poussés en avant et souvent blessés avant d'avoir reçu le coup mortel, ils faisaient d'inutiles efforts pour l'éviter. Ils apparaissaient à travers la fumée de la mousqueterie comme des ombres sanglantes. Ils tombaient sur la vase, où ils étaient dépouillés et ensevelis à une certaine profondeur. Les Républicains conservèrent quelque temps à cette partie de la ville le nom de quartier de la Vengeance[109]. »
Le , les troupes républicaines commencent à fouiller l'île et selon Turreau et Bourbotte « un déluge de prêtres, de femmes d'émigrés » et de nombreux chefs sont arrêtés[101],[99],[112]. Le , les représentants en mission annoncent au Comité de Salut public la création d'une commission militaire pour juger ces prisonniers[101],[107]. Celle-ci siège à l'hôtel Jacobsen[75]. L'instruction est très sommaire, les juges se contentant d'enregistrer l'identité des captifs et d'obtenir d'eux divers renseignements[9]. Tinguy, Pineau du Pavillon, Dubois, Savin, Reigner et les différents chefs vendéens sont fusillés à une date impossible à déterminer[76],[77],[113]. Huit ecclésiastiques figurent également parmi les victimes, dont René-Charles Lusson, vicaire de Saint-Georges-de-Montaigu et aumônier de l'armée du Centre[77].
Les républicains découvrent également à Noirmoutier le lieutenant-colonel Jean-Conrad Wieland, qui commandait la garnison républicaine lors de la prise de l'île par Charette. Il se retrouve rapidement accusé de trahison, d'autant qu'une lettre qu'il avait adressée au commandant Pineau du Pavillon indique qu'il a entretenu de bonnes relations avec l'état-major royaliste pendant l'occupation de l'île par les Vendéens[114],[115],[116]. Les représentants en mission décident alors de faire exécuter Wieland, sans jugement d'après les mémoires de Piet[A 9].
Maurice d'Elbée est interrogé par les représentants en mission et par le général Turreau à une date incertaine[77],[95]. Le procès-verbal de son interrogatoire est rédigé par François Piet[77]. L'ancien généralissime est exécuté entre le et le [118],[77],[95],[50],[119]. Incapable de marcher, il est porté sur un fauteuil jusqu'à la place d'Armes, accompagné de Pierre Duhoux d'Hauterive et de Pierre Prosper Gouffier de Boisy[77]. Jean-Conrad Wieland leur est adjoint malgré les dénégations de ses co-accusés qui tentent en vain de l'innocenter[77],[96]. Les quatre hommes sont ensuite liés à des poteaux[75] et fusillés[77],[A 10].
Quelques exécutions ont encore lieu dans les semaines qui suivent. Le , l'épouse de d'Elbée, Marguerite-Charlotte Duhoux d'Hauterive, et Victoire Élisabeth Mourain de L'Herbaudière, née Jacobsen, sont fusillées après avoir été condamnées à mort par la commission militaire[95],[77],[120].
La plupart des corps sont enterrés dans les dunes de la Claire et près du Vieil et de la Madeleine[111]. D'autres, comme celui de d'Elbée, sont jetés dans les douves du château[121]. Du au , jusqu'à 25 fossoyeurs, dirigés par le citoyen Honoré Aubert, devenu « chargé de la salubrité de l'air », sont employés au « recouvrement des cadavres »[122].
En 1950, à l'initiative de l'abbé Raimond, une chapelle appelée Notre-Dame de la Pitié, ou « Chapelle des Martyrs », est construite à l'emplacement des fusillades de Banzeau[111].
Destructions à Barbâtre
Le soir même de la prise de l'île, les représentants Prieur de la Marne, Turreau et Bourbotte décident de débaptiser Noirmoutier pour lui donner le nom d'« île de la Montagne »[101],[99],[68]. L'île de Bouin devient quant à elle l'« île Marat »[101],[99],[68]. Le , ils déclarent les habitants de Barbâtre « traîtres à la Patrie » et ordonnent la destruction de toutes les maisons de la bourgade, à l'exception de celles « propres aux établissements publics et à la défense de la côte »[85],[123]. Selon Piet, l'ordre de destruction n'est exécuté « que quant à l'église et aux maisons bordant la plaine du côté est »[102]. Au total, 87 maisons sont détruites et 200 à 300 habitants de Barbâtre émigrent vers Noirmoutier-en-l'Île[124]. La population de Barbâtre passe de 2 221 habitants en 1791 à 1 421 en 1804[14].
La prison de Noirmoutier
Après les combats et les massacres de janvier, Noirmoutier connait une période de calme[96]. Selon les mémoires de François Piet : « Quelques mois s'écoulèrent sans que rien ne troublât la paix dont nous jouissions. […] Une garnison nombreuse nous laissait sans inquiétude sur de nouvelles entreprises de la part des Vendéens. […] Des parties de campagne, de la musique, des bals, faisaient diversion aux malheurs passés, étourdissaient sur ceux qu'on pouvait redouter à l'avenir »[97].
Cependant l'île est ensuite utilisée comme prison, où sont envoyés des prisonniers vendéens, hommes et femmes, arrêtés sur le continent[97]. Une nouvelle commission militaire est alors établie à Noirmoutier en raison de la dissolution des commissions des Sables-d'Olonne et de Fontenay-le-Comte[125]. Elle est constituée de Collinet, président, de Simon, Foré et Tyroco, juges, et de François Piet, accusateur[125]. Du au , elle prononce au moins 28 condamnations à mort et un nombre important d'acquittements[105]. Les condamnés sont fusillés sur les dunes situées entre le Vieil et la Claire et enterrés sur place[125]. Cependant selon Piet, une cinquantaine de détenus envoyés par le Comité révolutionnaire des Sables, à peine débarqués à la Chaise, sont fusillés sans jugement sur ordre de Tyroco[125],[A 11]. À la suite d'un arrêté pris par les représentants Bourbotte et Bô, la commission Collinet est remplacée par des membres de la commission d'Angers — constituée d'Antoine Félix, président ; Laporte, vice-président ; Obrumier et Goupil, juges ; et Hudoux, accusateur — qui prononce 25 condamnations à mort, 18 déportations et 600 acquittements du au [127]. Les dernières exécutions sur l'île ont lieu le à la Claire : 22 personnes, dont treize femmes, y sont fusillées[128]. Au total, au moins 1 300 personnes sont emprisonnées à Noirmoutier pendant l'année 1794 et entre 128 et 400 y trouvent la mort[10].
Conséquences
Le soir du , juste avant de s'embarquer pour Nantes[129],[130],[70],[68], le général Louis-Marie Turreau écrit depuis Noirmoutier au ministre de la guerre Jean-Baptiste Bouchotte : « La guerre de la Vendée n'est pas totalement terminée, mais elle ne doit plus donner d'inquiétude »[131],[5]. De leur côté, les représentants en mission Prieur de la Marne, Turreau et Bourbotte écrivent le même jour au Comité de Salut public : « La victoire est à nous. La reprise du port important de Noirmoutier, qui était le dernier retranchement et la dernière espérance des rebelles de la Vendée, nous donne l'assurance de voir bientôt totalement terminée cette infâme guerre ; elle ôte aux brigands toute communication par mer avec les perfides Anglais ; elle rend la République maîtresse d'un pays fertile en subsistance »[90].
L'insurrection vendéenne semble alors expirante. Dans le Bas-Poitou, la colonne de l'adjudant-général Joba écrase le les 3 000 hommes de Charette et de Joly à Saint-Fulgent, puis il les déloge le lendemain de la forêt de Grasla[132]. Blessé, Charette passe le reste du mois de janvier caché avec quelques centaines d'hommes dans le couvent de Val de Morière, puis à Saligny et dans la forêt de Grasla[133]. Dans le Pays de Retz, le général Haxo met en déroute le les forces de La Cathelinière qui s'étaient réfugiées dans la forêt de Princé[134]. Blessé, La Cathelinière est capturé en février et exécuté en mars[134]. En Anjou, les quelques centaines d'hommes rassemblés par Henri de La Rochejaquelein et Jean-Nicolas Stofflet sont dispersés le aux Cerqueux par les troupes du général Grignon[135].
La répression s'intensifie en Vendée au début de l'année 1794. Le , le représentant en mission Jean-Baptiste Carrier avait écrit au Comité de Salut public : « Aussitôt que la nouvelle de la prise de Noirmoutier me sera parvenue, j'enverrai un ordre impératif aux généraux Dutruy et Haxo de mettre à mort dans tous les pays insurgés tous les individus de tout sexe qui s'y trouveront, indistinctement, et d'achever de tout incendier »[2],[136],[137]. À Nantes, le général Louis-Marie Turreau, planifie une offensive générale visant à détruire les dernières bandes royalistes et à incendier tout le territoire insurgé. À la mi-janvier, il fait mettre en marche ses « colonnes infernales »[138].
Notes et références
Notes
- Le Bouvier-Desmortiers s'embarque également sur Le Dauphin[39]. Le bilan de l'expédition est en demi-teinte. Le Dauphin atteint la Grande-Bretagne à Fishguard, au Pays de Galles, où il est reçu à coups de pierres, puis capturé et incendié[41]. Ses passagers sont emprisonnés pendant plusieurs semaines[41]. Joseph de La Robrie finit cependant par obtenir l'autorisation de se rendre à Londres, mais il n'est pas pris au sérieux par le gouvernement britannique en raison de son jeune âge — 24 ans — et n'est pas reconnu comme agent diplomatique[39],[41]. Le , William Windham, le secrétaire à la guerre, recommande seulement de « donner quelques barques pontées ; et des émigrés français avec 17 pilotes venus de Noirmoutier, les conduirons avec ce qu'on aura chargé dessus »[39]. Le , les compagnons de La Robrie sont libérés et celui-ci reçoit une lettre indiquant seulement que : « Pour le moment, on ne peut discuter d'une manière précise de la conduite à tenir, tant qu'un port ne sera pas aux mains des chefs vendéens[41]. L'émissaire Vincent de Tinténiac est ensuite envoyé en Vendée avec des dépêches signées par le comte d'Artois, le roi de Grande-Bretagne George III et le ministre britannique Henry Dundas[42]. Il rencontre Charette le , établissant un premier contact entre ce dernier et les Britanniques[42]. Quant à La Robrie, après une tentative infructueuse en , il ne peut regagner la France qu'en , mais il se noie dans la baie de Bourgneuf[39]. »
- Après son échouement, La Nymphe sombre et reste abandonnée pendant plusieurs années avant d'être revendue à un charpentier qui prélève les éléments du gréement[54]. La coque demeure quant à elle immergée[54]. Les restes de l'épave sont découverts dans la baie de Bourgneuf en 2014[55],[56],[54].
- Le Bouvier-Desmortiers et Lucas de La Championnière ne donnent aucune information à ce sujet[59]. Pour René Bittard des Portes et Julien Rousseau, un message de d'Elbée est porté par une Bretonne nommée Marie Lourdais[59]. Selon le premier, elle rejoint Charette à Touvois et pour le second, à Vieillevigne[59]. Pour Françoise Kermina, Marie Lourdais est la messagère qui informe Charette de la chute de l'île[59]. Tandis que selon Le Bouvier-Desmortiers, cette nouvelle est apportée par un « officier des marais de Soullans » qui livre un récit certainement apocryphe selon Lionel Dumarcet[59]. D'après Dumarcet, la seule évocation d'un messager concerne le « cavalier de Massip »[59].
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« Le soir, à dix heures, nous nous sommes embarqués sur des gabarres à portée de canon de l'ile. Ils ne s'en sont pas plutôt aperçu, qu'ils nous ont canonné vivement. Nos chaloupes canonnières ont répondu avec humeur sans pouvoir démonter aucune de leurs batteries. C'était un coup d'œil superbe de voir ce feu roulant, mais c'est que, tout en prenant plaisir à le voir, nous en sentions l'effet. Notre gabarre, qui se nommait Marie-Thérèse, nom qui porte malheur, se sentit de deux boulets de vingt-quatre; un la traversa de part en part, cassa trois fusils, les reins et l'épaule d'un grenadier, et emporta la tête de celui qui me touchait; j'eus le visage tout barbouillé de sa cervelle[6]. »
— Lettre d'Auguste Dalicel.
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« On entoura le village de Barbâtre. Il fut bien puni de sa trahison : on tua tous les hommes qui s'y trouvèrent[9],[83]. »
— Carnet de route d'André Amblard
« Le ressentiment excité par les blessures que reçurent Jordy et quelques républicains de sa division ne fut pas le seul motif qui porta nos troupes à la vengeance ; malheureusement on les fit souvenir de la part que les habitants de Barbâtre avaient prise à la cause des Vendéens ; elles se montrèrent sans pitié envers eux. Ceux qui, n'ayant pas à se reprocher d'avoir secondé les royalistes, avaient cru pouvoir se présenter au devant de notre armée, des gens paisibles, des pères de famille, des vieillards qui étaient restés dans leurs maisons, des meuniers qui n'avaient pas voulu quitter leurs moulins, devinrent les victimes de la fureur du soldat. C'est en vain que ces infortunés protestaient, devant lui, de leur attachement à la République , qu'ils lui tendaient des mains suppliantes, qu'ils embrassaient ses genoux, en lui demandant grâce ; insensible à leur douleur, il semblait au contraire en triompher ; sans vouloir distinguer l'innocent d'avec le coupable, et comme s'il fût entré dans une ville prise d'assaut, il mettait indistinctement à mort tous les hommes qu'il trouvait[89]. »
— Mémoires de François Piet.
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« La colonne républicaine qui arrivait par la charraud était à peu de distance du grand pont, lorsque des officiers royalistes se présentèrent au-devant d'elle, déclarèrent que la garnison se soumettait à la République et s'engageait à ne plus servir contre elle, si on voulait lui accorder la vie. On refusa d'entendre aucune proposition, que préalablement le drapeau blanc qui flottait encore sur le donjon ne fût amené. Ce fut en cet instant que les commissaires de la Convention manifestèrent leurs dispositions sanguinaires. « Nous ne devons ni ne voulons composer avec des brigands, dirent-ils. Qu'ils soient tous passés au fil de l'épée! » Ces terribles paroles étaient leur arrêt de mort et celui de tous les habitants de l'île, confondus avec eux. Elles glacèrent le sang des réfugiés qui les entendirent. [...] C'en était fait, tout périssait, si le général Haxo ne se fût opposé à cet effroyable carnage. Sa haute stature, ses cheveux blancs, la fierté de ses attitudes, la flamme de ses regards, son courage intrépide et son humanité, le rendaient cher à l'armée. Révolté de cet excès d'injustice et de barbarie : « Représentants, dit-il, nous sommes des soldats et non des bourreaux. Nous ne savons pas massacrer notre ennemi lorsqu'il est désarmé, encore bien moins des insulaires dont la plupart sont des Républicains comme nous. Je vous demande, au nom de l'armée, que la vie des habitants soit respectée, et qu'elle soit également accordée aux Royalistes, s'ils déposent les armes. » En même temps, on vit le drapeau tricolore remplacer le drapeau blanc, et les Royalistes renouvelèrent leurs propositions. Mais les représentants, peu touchés des paroles du généreux Haxo, sans précisément le contredire, firent une réponse évasive, et qui ne dut que trop faire pressentir leur exécrable arrière-pensée. Sans plus de prévoyance, le gouverneur mit le comble aux fautes qu'il avait déjà commises, en accédant aux conditions d'une capitulation non écrite. En vain objectera-t-on qu'aussi faux que cruels, les représentants n'en eussent pas moins violé un traité revêtus de leur seings, il est au moins permis d'en douter. L'état-major de l'armée républicaine et la majeure partie des officiers qui la composaient avaient encore assez d'honneur et d'humanité pour résister à leurs ordres sanguinaires s'ils eussent voulu manquer à la foi d'une capitulation en forme. On convint verbalement que la garnison mettrait de suite bas les armes, les rangerait par faisceaux sur la grande place, et qu'officiers, soldats, tous se rendraient dans l'église, où ils se constitueraient prisonniers. Ces conditions furent ponctuellement exécutées, et quand nous entrâmes dans la ville, les rues étaient désertes[92]. »
— Mémoires de François Piet.
.« A une lieue de la ville, des parlementaires vinrent se présenter au général Haxo. Modéré, loyal, généreux comme il l'était, il leur eût fait bonne composition. Mais trois conventionnels étaient avec lui; c'était à cette autorité, supérieure à la sienne, qu'il dut envoyer les parlementaires. On peut deviner l'accueil qu'ils reçurent des représentants du peuple; ils furent renvoyés avec des menaces terribles. La troupe, officiers et soldats, murmuraient secrètement de cette inhumanité[91]. »
— Mémoires de l'adjudant-général Aubertin.
« On marcha sur la ville. Les rebelles, se voyant cernés, demandèrent à capituler. Le représentant du peuple ne voulait point de capitulation avec les rebelles. Il voulait qu'on les enfonçât de vive force. Le général Haxo lui observa qu'en agissant ainsi il perdrait beaucoup de ses braves soldats, qu'il préférait adhérer à la capitulation. Ils se rendirent à discrétion, formèrent des faisceaux de leurs armes sur la place. Les hommes, au nombre d'environ trois mille, furent renfermés dans les églises[84] »
— Carnet de route d'André Amblard.
« A cet aspect la terreur s'empara des habitans de la ville de Saint-Pierre ; les combattans eux-mêmes crurent qu'il s'était fait un débarquement considérable. […] Ils envoyèrent deux parlementaires, pour demander qu'on leur accordât la vie et la liberté, promettant à cette condition de mettre bas les armes. La manière franche et loyale avec laquelle Haxo était accoutumé de faire la guerre, les avait encouragés à tenter cette démarche; mais comme il avait à côté de lui des surveillans qui le forçaient à la circonspection, il renvoya les parlementaires aux commissaires de la Convention qui, loin de leur faire accueil, les congédièrent avec ces paroles désespérantes : « Allez dire à ceux qui vous envoient, qu'on ne fait point de grâce à des brigands , et que nous voulons cimenter la république avec leur sang. » Cette réponse porta la consternation parmi les habitans et les royalistes ; cependant ils ne perdirent pas tout espoir : ils crurent que si leurs premières paroles de paix n'avaient pas été bien accueillies, c'est que leurs députés n'avaient pas fait assez d'instances auprès du général Haxo. Ils résolurent en conséquence de lui en envoyer deux autres qui le trouvèrent à une demi-lieue de la ville. […] Le général sentit que la moindre résistance pourrait le tenir long-temps en échec, et peut-être lui faire manquer le but de son expédition ; il jugea convenable de recevoir favorablement les deux nouveaux parlementaires. Jaloux cependant de ne pas manquer aux règles de la bienséance, il consulta les représentans du peuple sur ce qu'il devait répondre; mais quand il vit qu'ils repoussaient toute idée de clémence, il leur dit, avec cette dignité et ce ton d'autorité que donnent la raison et l'humanité : « Citoyens représentans, je suis revêtu de la confiance du gouvernement ; je commande des Français contre des Français égarés, et puisque je puis épargner le sang des uns et des autres, je vous déclare que je promets la vie aux royalistes qui se rendront. » Cette détermination imposa aux commissaires de la Convention qui n'étaient pas accoutumés à rencontrer des hommes assez énergiques pour leur donner des leçons d'honneur et de vertu. Ils parurent laisser le général libre de promettre tout ce qu'il voudrait; mais ils se réservèrent in petto le droit de perfidie. Haxo se retourna vers les parlementaires, et leur dit : « Vous pouvez rentrer dans la ville, engagez vos commettans à se rendre sur la place d'armes et à y déposer en faisceaux leurs fusils, leurs sabres, etc.; assurez-les qu'on leur rendra la justice qui leur sera due. » Cette assurance équivoque a donné à penser depuis qu'il avait pénétré les intentions des représentans. Cependant les royalistes y mirent une entière confiance, et reçurent leurs derniers députés avec les démonstrations de la plus vive allégresse[93]. »
— Mémoires anonymes de l'administrateur militaire.
« On a osé accuser mes collègues qui ont bravé les bombes et les canons pour le salut de la République, qui ont couché constamment sur la dure, qui ont partagé toutes les fatigues du soldat, on a osé dire qu'ils avaient fait massacrer des patriotes. Voici la vérité. Les rebelles de Noirmoutier, hors d'état de se défendre, viennent demander grâce, et non proposer un traité, comme on l'a dit. Bourbotte et [Louis] Turreau répondent : « Point de grâce aux conspirateurs! » (On applaudit.) Le général de la République fait avancer ses colonnes, et tous les rebelles sont exterminés. Égorger des patriotes? Comment cela aurait-il pu se faire? Il n'y en avait pas un seul dans Noirmoutier![94]. »
— Déclarations de Jean-Baptiste Carrier à la Convention nationale, le 9 mars 1794, Le Moniteur
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« On peut se demander, comment, parmi les chefs de cette troupe, il ne se trouvait pas un homme de tête capable d'une résolution héroïque. L'île offrait de nombreux moyens de défense à opposer aux républicains. […] Une résistance de vingt-quatre heures aurait forcé les 3 000 hommes du général Haxo de se retirer, parce qu'il n'y avait dans l'île aucun moyen de subsistance pour eux[57],[76]. »
— Mémoires de l'adjudant-général Aubertin.
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« Dès le lendemain, les représentants ne dissimulèrent plus l'odieuse restriction mentale qu'ils avaient faite à l'espèce de capitulation accordée à la garnison. Ce n'était pas assez pour eux du sang répandu à Barbâtre, il en fallait des torrents pour satisfaire à cette politique atroce qui voulait régner par la terreur. Les vaincus, en se soumettant, ne purent échapper à la mort. En vain Haxo voulut-il encore plaider leur cause, en vain observa-t-il que la vie des hommes qui se rendent à discrétion doit être aussi sacrée que celle des malheureux que la tempête a jeté sur le rivage : ses efforts furent inutiles. On lui allégua la nécessité de se conformer aux décrets de la Convention, de donner un grand exemple aux ennemis de la République, et tous les prisonniers furent voué au trépas. Les chefs ne firent que paraître et disparaître devant une commission militaire chargée de recueillir leurs noms et prénoms, et d'obtenir d'eux quelques déclarations relatives aux projets ultérieurs de leur parti[109]. »
— Mémoires de François Piet
« Quand Haxo vit que, loin de tenir la parole qu'il avait donnée, on égorgeait tant de victimes, il en témoigna son chagrin à ses adjudans-généraux et à quelques autres qu'il honorait de sa confiance. Ses plaintes ne furent pas si secrètes qu'elles ne parvinssent aux oreilles des représentans du peuple qui lui firent insinuer qu'il y avait long-temps qu'ils avaient formé des soupçons sur lui, que sa pitié les justifiait; qu'il devait s'estimer heureux de s'être emparé de Noirmoutiers, parce qu'à la réussite de cette expédition était attachée sa conservation, et que, s'il ne savait pas respecter la volonté de la nation dans les actes de ses représentans, on lui ferait sentir toute l'inconvenance de sa conduite. Ainsi le mal se fit sans qu'il pût l'empêcher[110]. »
— Mémoires anonymes de l'administrateur militaire.
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« La veille [de l'exécution de d'Elbée], dans un souper où je me trouvais, [les représentants] s'entretenaient de l'appareil militaire qu'ils voulaient qu'on donnât à cette exécution, lorsqu'un d'eux prétendit qu'il était fâcheux que la partie ne fût pas carrée. « Eh ! sac... d... ! reprend aussitôt Bourbotte, n'avons-nous pas ce traître de Wieland? » C'en fut assez, cet avis passa sans contradiction. On conçoit que, pour livrer à la mort les prisonniers, ils se soient prévalus des horribles décrets de la Convention et du prétendu droit de représailles. Mais Wieland n'était pas un prisonnier, c'était un officier de la République, trahi par le sort des combats. Parce que Charette avait fait périr les débris de sa garnison et avait ménagé ses jours, était-ce là une preuve d'intelligence avec lui ? Falait-il donc qu'il fût massacré, pour rester innocent à leurs yeux? Rien ne pouvait les autoriser à le faire passer par les armes, sans un jugement préalable d'une commission militaire. En agir autrement, c'était outrager la civilisation à la manière des cannibales. Tel fut cependant le tribunal, telles furent les formes qu'il observa. Ainsi fut prononcé l'arrêt de mort de l'infortuné commandant. Dès le lendemain, au moment de l'exécution, le hussard Félix se rendit chez lui et lui dit de le suivre. […] Un homme à cheval désigne, à haute voix, le nom des victimes et les crimes qu'on leur impute ; mais lorsqu'il dit : « Voici Wieland, ce traître qui a vendu et livré l'île de Noirmoutier aux rebelles », d'Elbée, rassemblant tout ce que sa situation et ses blessures lui laissaient de force, s'écrie : « Non ! M.Wieland n'est pas un traître ; jamais il n'a servi notre parti, et vous faites périr un innocent. » Il dit en vain, le plomb siffle, et tous quatre ont cessé d'exister[117]. »
— Mémoires de François Piet.
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« Dès le lendemain de notre victoire, nous pensâmes que quelques-uns [des chefs] pouvaient s'être dispersés dans l'île pour tenter quelque embarcation qui pût les soustraire à nos recherches et à la mort, et dans cette hypothèse nous prîmes toutes les mesures nécessaires pour leur en ôter les moyens. Après avoir fait cerner cette île par les bâtiments de notre petite flotte, nous la fouillâmes d'un bout à l'autre comme dans une chasse aux lapins, et cette battue fit sortir du bois, des rochers, des souterrains même, un déluge de prêtres, de femmes émigrées, et la liste suivante de tous ces chefs que nos soldats avaient tant et si souvent cherché dans les rangs de l'armée catholique et royale sans pouvoir les atteindre. […] Nous avons créé à l'instant une commission militaire pour juger tous ces scélérats. Nous les avons fait conduire au pied de l'arbre de la liberté, qu'ils avaient abattu et que tous les soldats venaient de replanter avec nous. L'armée entière s'est mise sous les armes, et tous ces nobles chevaliers, ces fiers vengeurs de la Couronne et de l'Église, ayant à leur tête d'Elbée, leur généralissime, qui nous priaient à genoux de leur laisser la vie, ont été frappés du glaive exterminateur, aux cris mille fois répétés par nos soldats de « Vive la République et ses défenseurs! » […] Nous avons trouvé aussi dans notre battue plus de 300 brigands cachés, tant dans les bois de l'île que sur la côte. Ils ont subi le sort des chefs. La vengeance nationale a également pesé sur la tête des traîtres qui avaient livré l'île à Charette. Wieland, qui commandait la place, et Palvados, membre de la Commune de Noirmoutier et agent de d'Elbée et de Duhoux d'Hauterive, sont les scélérats qui ont osé commettre une noire perfidie. Nous en avons acquis la preuve par leur correspondance avec les brigands. Ils n'existent plus[107],[76]. »
— Lettre des représentants en mission Turreau et Bourbotte au Comité de Salut public, le .
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« Peu de jours après l'installation de la Commission révolutionnaire, le Comité révolutionnaire des Sables-d'Olonne s'était empressé d'envoyer à Noirmoutier environ deux cents captifs, dans une petite barque où ils étaient entassés et confondus, comme dans un cercueil qu'on aurait voulu leur rendre commun. Tyroco, informé de leur arrivée en rade du bois de la Chaise, prend un détachement de soldats et court au lieu de leur débarquement. Ce n'est qu'avec beaucoup de peines qu'on parvient à les mettre à terre. On veut les obliger à marcher pour se rendre à la ville. Mais ces malheureux, à qui l'on avait inhumainement refusé du pain pendant la traversée, souffrant de la faim, affaiblis les uns par des maladies, les autres par le mal de mer, tous par le défaut d'air et plus encore par le profond chagrin auquel ils étaient en proie, ne peuvent se soutenir sur leurs jambes. Cinquante d'entre eux tombent et restent étendus, sans mouvement, sur le sable du rivage. Dans cet état, ils excitent la pitié de Tyroco. Quelle pitié, grand Dieu! Au lieu d'envoyer chercher des secours et d'attendre que ces infortunés eussent repris quelques forces, il dit : « Leur condamnation est certaine. Ils n'ont été amenés ici que pour y être fusillés. Des secours ne feraient que différer leur mort de peu de jours et prolonger leurs souffrances. Camarades ! terminons leurs maux, qu'on les fusille! » Et cet ordre fut exécuté... et celui qui le donna resta impuni ! »[126]
— Mémoires de François Piet.
Références
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Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
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