Escadre de la Méditerranée
L'escadre de la Méditerranée est une escadre historique de la Marine française.
Escadre de la Méditerranée | |
Création | 1839[1] |
---|---|
Dissolution | 1992 |
Pays | France |
Branche | Marine nationale |
Type | Escadre |
Garnison | Toulon |
Ancienne dénomination | Armée Navale Française de la Méditerranée (1re GM) |
Commandant historique | Julien Lalande de La Susse Alfred Gervais François Ernest Fournier Palma Gourdon Charles Touchard Boué de Lapeyrère |
Histoire
XIXe siècle
Après 1814, la Marine française est en mauvais état, et sa présence en Méditerranée est presque nulle. En 1823, quelques navires sont assemblés pour bombarder Cadix durant l'expédition d'Espagne, puis une escadre de transport est formée pour l'expédition d'Alger en 1830[2]. L'année suivante, l'amiral Roussin, avec six vaisseaux, force l'entrée du Tage pour amener le gouvernement portugais à reconnaître la monarchie de Juillet. Dans les années qui suivent, de petites escadres sont assemblées au gré des besoins, que ce soit en Méditerranée orientale, à Lisbonne ou dans les Antilles[3]. Il faut attendre 1839, sous l'impulsion du vice-amiral Lalande, pour que l'escadre de la Méditerranée soit formellement créée[1].
Début du XXe siècle
En 1900, l'escadre est commandée par le vice-amiral Fournier et composée des cuirassés Brennus (navire-amiral), Gaulois, Charlemagne, Brennus, Charles Martel, Jauréguiberry et Bouvet, des cuirassés de défense côtière Bouvines, Jemmapes, Amiral Tréhouart et Valmy, des croiseurs cuirassés Pothuau, Chanzy et Latouche-Tréville, des croiseurs protégés Cassard, Du Chayla, Galilée, Lavoisier et Linois, du croiseur-torpilleur Foudre, de deux destroyers et de quatre torpilleurs. De juin à juillet, elle participe à de grandes manœuvres navales en compagnie de l'escadre du Nord, considérées comme un succès par l'état-major et par la presse[4].
En 1901, le président Émile Loubet rend visite à l'escadre. Vers la fin de l'année celle-ci, sous couvert d'essais radio, participe à une démonstration de force en mer Égée, à la suite de la dégradation des relations diplomatiques avec l'Empire ottoman[5]. L'année suivante, le Gaulois est envoyé à Annapolis avec une délégation d'officiers à son bord afin de commémorer les actions du comte de Rochambeau durant la guerre d'indépendance des États-Unis. En 1903, durant un exercice, une collision se produit entre le Gaulois et le Bouvet : l'incident fait des dégâts, et les deux commandants sont relevés de leurs fonctions. Durant l'été 1904, l'escadre croise dans les îles grecques, et, après un passage à Beyrouth, fait relâche à Smyrne où une réception est organisée. L'année suivante, le Charlemagne, accompagné du destroyer Dard, rejoint le Pirée où se rassemble une flotte internationale afin de calmer la montée des tensions entre la Grèce et l'Empire ottoman. Le , les cuirassés Iéna, Gaulois et Bouvet sont envoyés en Italie afin de porter assistances aux victimes de l'éruption du Vésuve. Le , l'escadre participe à une grande revue navale à Marseille[6].
En , à la suite du séisme de Messine, les Justice et Vérité assistent les victimes en leur apportant des vivres. Le , le vice-amiral Eugène de Jonquières, nouveau commandant de l'escadre, met sa marque sur la Patrie. Le , l'escadre rejoint son homologue du Nord au Havre, où le président de la République Armand Fallières procède à une revue de la flotte, accompagné du tsar de Russie Nicolas II. Le , les Justice, Liberté et Vérité quittent Toulon pour New York afin de prendre part à la célébration du tricentenaire de la découverte de l'Hudson. Le , la Patrie est présente lors de la cérémonie d'inauguration du musée océanographique de Monaco[7].
Le , le vice-amiral Jean Bellue prend le commandement de l'escadre. Du 15 au , le vice-amiral Horace Jauréguiberry, inspecteur général de la flotte, embarque sur la Démocratie pour superviser les manœuvres. Le Président Fallières, le ministre de la Marine Théophile Delcassé et le ministre des Travaux Publics, des Postes et Télégraphes Charles Dumont embarquent sur la Vérité le afin de se rendre à Bizerte : la 1re Division (Patrie, Démocratie, Ernest Renan) et la 2de Division (Justice, Liberté, Suffren) sont du voyage. Le , le lendemain de leur arrivée, le président passe la flotte en revue, en présence de deux cuirassés britanniques, de deux cuirassés italiens, et d'un croiseur espagnol ; il rallient Toulon le . Le , à 5 h 53, alors que les navires sont au mouillage dans la rade, une explosion éventre la Liberté[8], tuant 286 hommes d'équipage et en blessant 188 autres. Les débris propulsés alentour tuent 33 marins de la République et 37 autres sur divers navires de l'escadre. La commission d'enquête conclut à une température probablement trop élevée dans les soutes aux poudres, et écarte l'idée d'un sabotage, brièvement envisagé.
Le , le navire-amiral Danton, la Justice et la Vérité se trouvent à La Valette pour accueillir le roi du Royaume-Uni George V et sa femme au retour de leur voyage aux Indes. Le , des manœuvres ont lieu entre Marseille et Villefranche, sous la supervision du commandant de l'escadre Boué de Lapeyrère et de son invité le prince de Galles, le futur Édouard VIII[9]. L'année suivante voit de grandes manœuvres se dérouler : le , ce sont seize cuirassés, quatre croiseurs cuirassés, quatre escadrilles de torpilleurs et deux sous-marins qui y participent, entre Toulon et le sud de la Sardaigne. À leur retour au large des Salins, le président de la République Raymond Poincaré passe la flotte en revue, à bord du croiseur cuirassé Jules Michelet. Le , la 2e escadre, accompagnée des croiseurs cuirassés Jules Ferry et Edgar Quinet et de deux escadrilles de torpilleurs, quitte Toulon pour des manœuvres dans l'Atlantique. Après avoir atteint Brest le , ces navires sont rejoints par la flotte de la Baltique russe, composée de quatre cuirassés et de cinq croiseurs, avant de repartir pour la Méditerranée en faisant escale à Cadix, où la Vérité manque de percuter le Pelayo après avoir cassé une ancre[10]. L'année suivante est aussi marquée par de nombreuses manœuvres, à la suite de la montée des tensions internationales. Le , à 16 h 20, alors que la flotte est à Toulon, la mobilisation générale est décrétée[11].
Première Guerre mondiale
Lors que la Première Guerre mondiale éclate, les théâtres maritimes sont repartis entre la Royal Navy et la Marine française : la première est chargée de contenir la Marine impériale allemande en mer du Nord et sur les océans du globe, alors que la seconde est maîtresse des opérations en mer Méditerranée. Pour cela, le Royaume-Uni leur ouvre les bases de Malte et de Gibraltar. L'amiral Boué de Lapeyrère décide alors de diviser la flotte en trois groupes (A, B et C), chacun se voyant attribuer une mission différente. La première consiste en l'escorte depuis l'Afrique du Nord vers la Métropole des 25 000 hommes du 19e corps d'armée[12].
Seconde Guerre mondiale
De 1959 à 1964, en alternance avec le De Grasse, le Colbert assure la fonction de bâtiment amiral de l'escadre[note 1]. Il assumera seul cette fonction de 1964 à 1969[note 2][réf. nécessaire].
Composition
XIXe siècle
Année[13] | Cuirassés[note 3] |
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1870 | Gloire Marengo |
1881 | Formidable, Courbet, Dévastation, Amiral Baudin Vauban, Bayard, Duguesclin Suffren, Océan |
1898 | Brennus, Charles Martel, Carnot Masséna, Jauréguiberry, Bouvet |
Début du XXe siècle
Année[13],[14],[7] | Cuirassés | Division | Escadre |
---|---|---|---|
1903 | Saint-Louis, Charlemagne, Charles Martel Iéna, Bouvet, Jauréguiberry |
1re div. 2e div. |
|
1904 | Suffren, Iéna, Saint-Louis Gaulois, Charlemagne, Bouvet Brennus, Charles Martel |
1re div. 2e div. div. de réserve |
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1907 | Suffren, République, Patrie Saint-Louis, Gaulois, Charlemagne Masséna, Jauréguiberry, Carnot Bouvet, Charles Martel, Brennus |
1re div. 2e div. 3e div. 4e div. |
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1909 | Patrie, République, Démocratie Justice, Liberté, Vérité |
1re div. 2e div. |
1re escadre de ligne |
Bouvet, Suffren, Jauréguiberry Saint-Louis, Gaulois, Charlemagne |
3e div. 4e div. |
2e escadre de ligne | |
1913 | Voltaire, Condorcet, Danton Mirabeau, Vergniaud, Diderot |
1re div. 2e div. |
1re escadre de ligne |
Patrie, République, Vérité Justice, Démocratie |
1re div. 2e div. |
2e escadre de ligne | |
Suffren, Gaulois, Charlemagne Saint-Louis, Jauréguiberry, Bouvet |
1re div. 2e div. |
3e escadre de ligne |
Entre-deux-guerres
Année[15],[16] | Cuirassés | Division | Escadre |
---|---|---|---|
1920 | Courbet, Jean Bart, Paris | 1re division de ligne | Escadre de la Méditerranée occidentale |
France, Lorraine | 2e division de ligne | ||
Provence | Navire amiral | Escadre de la Méditerranée orientale | |
Edgar Quinet, Ernest Renan, Waldeck-Rousseau | 1re division légère[note 4] | ||
1928 | Provence, Lorraine, Bretagne | 1re division de ligne | 1re escadre de ligne |
Jean Bart, Courbet, Paris | 2e division de ligne | ||
Béarn | Porte-avions |
Notes et références
Notes
- L'Escadre est composée d'unités diverses (frégates, escorteurs de haute mer, etc.) articulées autour des porte-avions.
- Le De Grasse étant devenu bâtiment de commandement du centre d'expérimentations nucléaires.
- Les retours à la ligne montrent les différentes divisions.
- Cette division est composée de croiseurs cuirassés.
Références
- de Mars 1852, p. 428.
- de Mars 1852, p. 426.
- de Mars 1852, p. 427.
- Jordan et Caresse 2017, p. 217-218.
- Jordan et Caresse 2017, p. 219.
- Jordan et Caresse 2017, p. 221-223.
- Jordan et Caresse 2017, p. 232.
- Jordan et Caresse 2017, p. 233.
- Jordan et Caresse 2017, p. 234.
- Jordan et Caresse 2017, p. 235.
- Jordan et Caresse 2017, p. 238.
- Jordan et Caresse 2017, p. 252.
- Gille 1999, p. 156.
- Jordan et Caresse 2017, p. 223.
- Jordan et Caresse 2017, p. 289.
- Jordan et Caresse 2017, p. 291.
Voir aussi
Bibliographie
- Victor de Mars, « L'escadre de la Méditerranée », dans Histoire maritime contemporaine, t. 15, Paris, (lire sur Wikisource), p. 425-482
- Jean Meyer et Martine Acerra, Histoire de la marine française : des origines à nos jours, Rennes, Ouest-France, , 427 p. [détail de l’édition] (ISBN 2-7373-1129-2, BNF 35734655)
- Éric Gille, Cent ans de cuirassés français, Nantes, Marines éditions, , 160 p. [détail de l’édition] (ISBN 2-909675-50-5, présentation en ligne)
- (en) John Jordan et Philippe Caresse, French Battleships of World War One, Barnsley, Seaforth Publishing, , 328 p. [détail de l’édition] (ISBN 978-1-84832-254-7)
- Philippe Caresse, Les cuirassés de la classe Charlemagne, Outreau, Lela Presse, coll. « Navires & Histoire des Marines du Monde », , 80 p. (ISBN 978-2-914017-74-9)
Articles connexes
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