Paul Landowski

Paul Landowski[1], né dans le 9e arrondissement de Paris le [2] et mort à Boulogne-Billancourt le , est un sculpteur français.

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Paul Landowski
Paul Landowski en 1913.
Fonction
Directeur de l'Académie de France à Rome (d)
-
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nom de naissance
Paul Maximilien Landowski
Nationalité
Formation
Activité
Père
Conjoint
Alice Cruppi (d)
Enfants
Parentèle
Henri Vieuxtemps (grand-père maternel)
Paul Landowski (oncle paternel)
Autres informations
A travaillé pour
Membre de
Conflit
Mouvement
Maître
Élève
Site web
Distinctions
Prix de Rome en 1900
Médaille d'or de sculpture aux Jeux olympiques en 1928
Œuvres principales
Vue de la sépulture.

Biographie

Famille d'artistes et formation humaniste (1875-1913)

Paul est le fils de d'Édouard Landowski, docteur en médecine d'origine polonaise, et de Julie Henriette Vieuxtemps. Paul Landowski est le petit-fils, par sa mère, du célèbre violoniste et compositeur Henri Vieuxtemps[3]. Il perd successivement sa mère le , puis son père le , morts des suites d'une maladie à Alger. Il est dès lors, avec ses frères et sœurs, pris en charge à Paris par son oncle paternel, Paul Landowski. Il épouse en premières noces Geneviève Nénot[2] (1888-1911), fille d’Henri-Paul Nénot, dont il a deux enfants, la peintre Nadine Landowski (1908-1943) et Jean Max Landowski (1911-1943), mort pour la France. Veuf, il épouse Amélie Cruppi[2], fille de l'homme politique Jean Cruppi et de la femme de lettres Louise Cruppi. Il est aussi le père du compositeur Marcel Landowski (1915-1999), qui réforma l'enseignement musical en France, et de la pianiste et artiste peintre Françoise Landowski-Caillet (1917-2007).

Après des études secondaires à Paris au collège Rollin, il se destine à la versification dramatique. En hypokhâgne, il découvre durant l'année 1898 auprès d'Henri Barbusse la philosophie humaniste, laquelle marquera toute son œuvre. L'année suivante, il suit, parallèlement à ses études, les cours du portraitiste Jules Lefebvre à l'Académie Julian. Il devient un expert en anatomie en suivant quotidiennement les dissections de l'École de médecine et en dessinant les planches pédagogiques du professeur Louis Hubert Farabeuf. Il se passionne pour la boxe.

Admis en 1895 aux Beaux-arts, il y devient l'élève de Louis-Ernest Barrias. Il en sort en 1900 lauréat du prix de Rome pour son David combattant Goliath[3] et séjourne à la villa Médicis. En 1903, il participe à son premier Salon des artistes français ; il y exposera durant toute sa carrière, pendant plus de trente années[4]. En 1906, bientôt suivi par tout un milieu d'architectes, d'artistes et de mécènes, il s'installe à Boulogne-Billancourt, rue Moisson-Desroches, aujourd'hui rue Max Blondat. Il ne reste de son atelier qu'un petit musée construit après sa mort dans un coin du jardin et légué à la ville en 1982. Il accède à la célébrité dès 1909 avec une sculpture installée cinq ans plus tard sous la coupole du Panthéon, Aux artistes dont le nom s'est perdu.

En 1927, Paul Landowski s'installe au Brusc, hameau de la commune de Six-Fours-les-Plages dans le Var, où il installe un atelier dans lequel il créera la plupart de ses œuvres[réf. nécessaire].

La sculpture comme instrument civilisateur (1914-1938)

En 1916, durant la Première Guerre mondiale[3], il participe à la bataille de la Somme et reçoit la croix de guerre. En 1917, il livre avec Bouchard à la ville de Genève les statues du Monument de la Réformation. Il réalise dans l'après-guerre plus de quatre-vingts monuments aux morts, dont :

En 1928, il participe au concours d'art des IXe Jeux olympiques d'Amsterdam et obtient la médaille d'or au concours de sculpture pour Le Boxeur[7],[8]. Officier de la Légion d'Honneur depuis le , il est promu commandeur[3] le [9]. Reconnu comme un héros aux préoccupations humanistes, il devient dans la France pacifiste de l'après-guerre le sculpteur qui obtient le plus de commandes monumentales, à Paris ou à l'étranger :

Il est invité à la 24e exposition de la Société des artistes rouennais à Rouen en 1933.

Théoricien instrumentalisé puis relégué (1939-1962)

Directeur de la villa Médicis de 1933 à 1937[13], il est nommé ensuite directeur de l'École des beaux-arts de Paris où il travaille à une réforme mettant en œuvre ses conceptions de l'enseignement de l'art comme synthèse de l'architecture, de la sculpture et de la peinture.

En , il fait avec Paul Belmondo et André Derain le fameux « voyage à Berlin », en réalité une tournée à travers toute l'Allemagne jusqu'à Weimar. Il répond ainsi comme de nombreux autres artistes français à l'invitation d'Otto Abetz à collaborer sur le plan intellectuel au projet de Goebbels de faire émerger une nouvelle Europe[14]. En tant que directeur des Beaux Arts et en tant qu'ancien ami proche d'un Otto Abetz, lequel ne s'était, à l'époque de cette amitié, pas encore engagé pour le nazisme, il est en effet pressé d'agir pour ses élèves retenus prisonniers en Allemagne depuis la débâcle.

Au cours de son procès d'épuration, dont il sort comme la plupart des hauts fonctionnaires sans condamnation, il se défend en expliquant avoir reversé son cachet au Pécule des prisonniers. Il affirme avoir agi dans le but de contribuer par sa fonction au secours des prisonniers français et avoir été mû par l'espoir de faire libérer de jeunes artistes. Dans l'intimité de son journal, il confie regretter son attitude, ce que tous ne font pas, s'accusant de lâcheté et reconnaissant sa culpabilité[15].

Son projet ambitieux d'un Temple de l'Homme ne se réalisera pas mais un des éléments est réutilisé en 1953 pour faire la monumentale Porte de la Faculté de Médecine qui se voit rue des Saints-Pères à Paris. En 1954, six ans avant sa mort, Le Retour éternel qui orne le colombarium du Père-Lachaise à Paris réaffirme comme un testament nietzschéen ses préoccupations humanistes. À sa mort, il laisse également deux œuvres littéraires, l'une publiée de son vivant, Peut-on enseigner les Beaux-Arts ?[16], et l'autre qui ne le sera, partiellement, qu'après sa mort, son Journal, témoignage personnel et fascinant sur le métier de sculpteur qu'il a rédigé depuis avant la Première Guerre mondiale jusqu'à la fin de sa vie.

Œuvres

Le projet d'un Temple de l'Homme

Le Temple de l'Homme[17], auquel Paul Valéry a donné son nom, est le projet « océanique », au sens de Romain Rolland, d'un lieu de méditation accueillant manifestations publiques, spectacles et congrès internationaux. Comprenant bibliothèque et cinéma, il a été élaboré en collaboration avec les architectes Jean Taillens, Paul Bigot et Albert Laprade et n'a pas été réalisé. Présenté en 1925 à l'Exposition des Arts décoratifs de Paris, il a été envisagé en 1932 pour prolonger l'axe des Champs-Élysées entre la porte Maillot et La Défense. Le projet sera constamment travaillé jusqu'en 1950[18],[19].

Deux portes monumentales, la Porte de la Science et la Porte de Psyché, ouvrent sur les statues des Fils de Caïn au milieu d'un parvis encadré de deux cents mètres de Mur de Prométhée, Mur des Religions, Mur des Légendes, Mur des Hymnes, chacun haut de huit mètres et décoré de bas-reliefs représentant les grandes figures de la Science, de la Philosophie, de l’Héroïsme, de la Poésie[18],[19].

La Porte de la Science est aujourd'hui visible à l'entrée de la nouvelle faculté de médecine de Paris, no 45 rue des Saints-Pères, et le groupe des Fils de Caïn aux Tuileries. L'Hymne à l'Aurore, conservé au musée des Années Trente, était destiné au Mur des Hymnes[18],[19].

« L'idée centrale qui domine toute ma production, c'est l'influence du Temple vers lequel tout l'œuvre tend, et qui projette sur elle sa lueur. Toute idée, aussi abstraite soit-elle, est pensée sculpturalement. »

 Paul Landowski, 3 décembre 1931[20].

Sculptures

Monuments aux morts

Ancien poilu, Paul Landowski a réalisé de nombreux monuments aux morts après la Première Guerre mondiale :

Les Fantômes, Oulchy-le-Château, 1935.

Pendant la guerre, en 1916, Paul Landowski était affecté à une section de camouflage comme beaucoup d'artistes de la Société des Artistes Français. Il aurait un jour déclaré : « Ces morts, je les relèverai ! ». Cette mission prend corps avec Les Fantômes. Commande de L’État dès 1919, la maquette en plâtre de cette œuvre reçoit la médaille d'honneur au Salon des Artistes français de 1923[29].

Honneurs

Récompenses

Distinctions

Paul Landowski est nommé chevalier de l'ordre national de la Légion d'honneur par décret du , puis officier par décret du et commandeur par décret du . Il est décoré de la croix de guerre 1914-1918[30].

Institutions établies en sa mémoire

  • Le musée-jardin Paul-Landowski[31], situé au no 14 rue Max-Blondat à Boulogne-Billancourt, à l'emplacement de l'atelier du sculpteur qui y travailla jusqu'à sa mort en 1961.
  • L'Espace multimédia Landowski, situé avenue André-Morizet à Boulogne-Billancourt, héberge notamment le musée des Années Trente.
  • Le collège Paul-Landowski, situé au no 94 rue Escudier à Boulogne-Billancourt. Architecte : G. Merlet, 1981.

Élèves

Notes et références

  1. Né Paul Maximilien Landowski.
  2. Archives numérisées de l'état civil de Paris, acte de naissance no 9/1107/1875 ; mariages : en 1907 avec Geneviève Nénot, puis en 1913 avec Amélie Cruppi (consulté le 8 mai 2012).
  3. « Paul Landowski, le statuaire de Douglas Haig » dans La Violette, publication des Compagnons de la Violette, n° 11, 1er semestre 2007, p. 28-31 (ISSN 1287-7670).
  4. Trente et un catalogues du Salon des artistes français de 1903 à 1960.
  5. memorial14-18.paris.fr.
  6. Les Fantômes.
  7. « Le Figaro », sur Gallica, .
  8. Pierre Lagrue, « Paul LANDOWSKI (1875-1961) | L'olympisme inattendu » (consulté le ).
  9. Brevet de la Légion d'honneur.
  10. memorial14-18.paris.fr.
  11. memorial14-18.paris.fr.
  12. memorial14-18.paris.fr.
  13. « Histoire de la Villa Médicis, Ancien directeurs, Paul-Maximilien Landowski », sur Villa Médicis.
  14. R. O. Paxton, O. Corpet, C. Paulhan, Archives de la vie littéraire sous l'Occupation, Taillandier, 2009.
  15. Laurence Bertrand Dorléac, L'Art de la défaite (1940-1944), Paris, Éditions du Seuil, 1993, p. 294.
  16. La Baudinière, 1948.
  17. Michèle Lefrançois, « Le Temple de l’Homme de Paul Landowski : un projet d’art total », Histoire de l'art, vol. 3, no 1, , p. 77–88 (DOI 10.3406/hista.1988.2274, lire en ligne, consulté le ).
  18. Michèle Lefrançois, « Le Temple de l’Homme de Paul Landowski : un projet d’art total », Histoire de l'art, vol. 3, no 1, , p. 77–88 (DOI 10.3406/hista.1988.2274, lire en ligne, consulté le ).
  19. « Le Temple de l'Homme - Paul Landowski », sur www.paul-landowski.com (consulté le ).
  20. Paul Landowski. Le Temple de l'homme, Paris, Paris musées, , 304 p. (ISBN 2-87900-450-0), p.56
  21. Image Flickr.
  22. Tony Verbicaro, « Le Premier Architecte de Landowski aurait dû être une première », lhebdoduvendredi.com, 26 juin 2014.
  23. « La statue L’Architecture à Reims, signée Paul Landowski, de 1933 à nos jours », lunion.fr, 5 juillet 2018.
  24. morez1900.net.
  25. kahnplus.com.
  26. pagesperso-orange.fr.
  27. Notice no PA62000138, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  28. morez1900.net.
  29. Catalogues Gallica. Univers des Arts, hors-série n°1, juin 1996. Catalogue du Salon des artistes français de 1923.
  30. « Dossier de Légion d'honneur de Paul Landowski », sur leonore.archives-nationales.culture.gouv.fr (consulté le ).
  31. Les amis du musée Paul-Landowski.

Annexes

Bibliographie

  • Collectif, Paul Landowski, le temple de l'homme [catalogue de l'exposition du Petit Palais du au ], Éditions Paris-Musées, 1999.
  • Thomas Compère-Morel, Paul Landowski, La pierre d'éternité [catalogue de l'exposition éponyme présentée à l'Historial de la Grande Guerre de Péronne], Éditions Somogy, 2004.
  • Michèle Lefrançois, Paul Landowski - L'œuvre sculpté, Éditions Créaphis, , 528 p. (ISBN 978-2-35428-023-9)

Liens externes

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