Paul Langevin
Paul Langevin, né le à Paris 18e et mort le à Paris 5e, est un physicien, philosophe des sciences, pédagogue et homme politique français.
Pour les articles homonymes, voir Langevin et Famille Langevin.
Naissance | |
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Décès |
(à 74 ans) Paris |
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Panthéon (depuis le ) |
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Père |
Victor-Charles Langevin (d) |
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Marie-Adélaïde Pinel (d) |
Conjoint |
Jeanne Desfosses (d) |
Enfants |
Jean Langevin Hélène Solomon-Langevin Madeleine Varloteau (d) André Langevin Paul-Gilbert Langevin |
Parentèle |
Philippe Pinel (arrière-grand-oncle) Pierre Bourgeois (neveu) Henri Bourgeois (beau-frère) Vige Langevin (belle-fille) Luce Langevin (belle-fille) Albert Varloteau (gendre) Jacques Solomon (gendre) André Parreaux (gendre) Louis Pinel (oncle) Bernard Tiapa Langevin (petit-fils) Noémie Koechlin (petite-fille) Sylvestre Langevin (petit-fils) Michel Langevin (petit-fils) Annette Langevin (stepgranddaughter) Yves Koechlin (beau petit-fils) Hélène Langevin-Joliot (stepgranddaughter) Roger Dajoz (beau petit-fils) Rémi Langevin (arrière-petit-fils) Yves Langevin (arrière-petit-fils) Isabelle Dajoz (arrière-petite-fille) |
A travaillé pour | |
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Parti politique |
Parti communiste français (depuis ) |
Membre de |
Royal Society Académie des sciences de l'URSS (en) Académie des sciences Ligue des droits de l'homme Académie des sciences de Russie |
Maître | |
Dir. de thèse | |
Lieu de détention | |
Distinctions | Liste détaillée Prix Saintour () Médaille Hughes () Guthrie Lecture () Commandeur de l'ordre de l'Empire britannique () Prix La Caze de l'Académie des sciences () Membre étranger de la Royal Society () Commandeur de l'ordre de Sant'Iago de l'Épée () Médaille Copley () Commandeur avec étoile de l'ordre Polonia Restituta () Grand-croix de la Légion d'honneur () |
Il est connu notamment pour sa théorie du magnétisme, sa théorie du mouvement brownien, l'invention du sonar, l'introduction de la théorie de la relativité d'Albert Einstein en France, le plan Langevin-Wallon de réforme de l'enseignement ainsi que pour la direction des Congrès Solvay.
Membre du Parti communiste français à partir de 1944, il est conseiller municipal du 5e arrondissement de Paris de 1945 à 1946.
Biographie
Né juste après la Commune de Paris dans une famille républicaine, Paul est le fils de Victor-Charles Langevin, ouvrier métreur-vérificateur dans le bâtiment, et de Marie-Adélaïde Pinel[1] (1836-1902), institutrice, elle-même petite-nièce du célèbre médecin Philippe Pinel (1745-1826), précurseur de la psychiatrie moderne[2].
Le jeune Paul Langevin se distingue dès l'école primaire comme un élève extraordinairement doué. Bachelier de l'enseignement secondaire spécial en 1888[3] (préparé dans une école primaire supérieure et non un lycée), il suit des études scientifiques tout d'abord[4] à l'École municipale de physique et de chimie industrielles de la ville de Paris de 1888 à 1891 (à l'époque cette école recrutait des élèves de la filière spéciale et non de la filière générale des lycées). C'est sur les conseils de Pierre Curie, alors chef de travaux dans cette école, qu'il s'oriente vers la recherche et l’enseignement plutôt que vers une carrière d'ingénieur. Admis 1er à l’École normale supérieure en 1893, il y étudie de 1894 à 1897 , où il suit les conférences de physique de Jules Violle et Marcel Brillouin, et à la faculté des sciences de Paris, où il suit les cours d'Edmond Bouty et Gabriel Lippmann et obtient les licences ès sciences physiques et ès sciences mathématiques. Lauréat du concours d'agrégation des sciences physiques en 1897, il obtient une bourse de la Ville de Paris qui lui permet d'aller travailler un an au laboratoire Cavendish de l'université de Cambridge, prestigieux laboratoire foyer de la physique moderne dirigé par Joseph John Thomson, où il se lie d'amitié avec Ernest Rutherford.
Il rentre en France en 1898 et rejoint le laboratoire d'enseignement de la physique de la faculté des sciences de l'université de Paris, dirigé par Edmond Bouty, et dont Raphaël Dongier est le sous-directeur, d'abord comme boursier de l'École normale supérieure, puis comme préparateur (à la suite du départ de Georges Sagnac). Il se lie d'amitié avec un autre préparateur du laboratoire de Gabriel Lippmann, Victor Crémieu.
Paul Langevin épouse Jeanne Desfosses (1874-1970) à Choisy-le-Roi le . De cette union naissent quatre enfants : Jean (1899-1990), André (1901-1977), Madeleine (1903-1977) et Hélène (1909-1995).
Langevin obtient le doctorat ès sciences physiques en 1902[5]. Il devient alors professeur remplaçant, puis suppléant, au Collège de France pour la chaire de physique générale et expérimentale d'Éleuthère Mascart[6]. En 1904, il participe, avec Henri Poincaré, au congrès international de Saint-Louis, où il fait un rapport sur la physique des électrons. En 1905, il se livre à des expériences sur les ions de l’atmosphère depuis la tour Eiffel et à l'observatoire du pic du Midi. Il succède à Pierre Curie au poste de professeur d'électricité générale de l'École supérieure de physique et de chimie industrielles de la ville de Paris (ESPCI) en 1905 et devient directeur des études d’Albin Haller. Il lui succède au poste de directeur de l'ESPCI en 1925, poste qu’il conserve jusqu'à sa mort.
Il devient l'ami des Curie, de Jean Perrin, et d'Émile Borel. Il est lauréat de la médaille Hughes en 1915.
En 1910, en instance de divorce, il aurait eu, avec Marie Curie alors veuve, une liaison secrète à laquelle la presse nationaliste aurait mis fin en la révélant en 1911[7]. Cette nouvelle fait scandale dans la société de l'époque, et donne lieu à plusieurs duels à l'épée au vélodrome du Parc des Princes, opposant les partisans et détracteurs de Langevin et Marie Curie[8].
À partir de 1920, il dirige le Journal de physique et du radium. Il est devenu membre étranger de la Royal Society le . Il participe en 1931 au quatrième des cours universitaires de Davos, avec de nombreux autres intellectuels français et allemands, comme Jean Guéhenno, André Honnorat ou Ignace Meyerson. Il est nommé professeur de physique générale et expérimentale au Collège de France en 1909 au décès d'Éleuthère Mascart.
En 1933, il a un fils, Paul-Gilbert Langevin, avec sa compagne, la physicienne Éliane Montel, qui a été son élève à l'École normale supérieure de Sèvres, puis sa secrétaire scientifique.
Ses travaux sur le magnétisme lui valent la médaille Copley en 1940. À cause de ses opinions anti-fascistes, il est incarcéré dès le par la Gestapo à la prison de la Santé[9]. Il est libéré quarante jours plus tard et assigné à résidence à Troyes, qu'il quitte clandestinement en pour rejoindre la Suisse[10]. Sa fille Hélène Langevin, mariée à un résistant, Jacques Solomon, est déportée à Auschwitz en 1943. Elle parvient ensuite à en revenir[11]. Elle était dans le même convoi de prisonniers politiques que Marie-Claude Vaillant-Couturier, Danielle Casanova et Charlotte Delbo. Jacques Solomon est fusillé au Mont-Valérien le . Paul Langevin apporte son adhésion au Parti communiste français le , pour « y prendre la place de son gendre »[12] et fait partie du comité parisien de la Libération. Il assure la direction de l'ESPCI jusqu'à sa mort le [13].
Paul Langevin a également été radioamateur sous l'indicatif : F3ST de 1938 à [14].
Famille
Paul Langevin a eu cinq enfants et huit petits-enfants :
- Jean Langevin, le premier fils de Paul, professeur de sciences physiques au Lycée Henri-IV, épouse Edwige Grandjouan, la fille du dessinateur, affichiste et syndicaliste Jules Grandjouan[16] (1875-1968). Ils ont trois enfants: Bernard, dit Tiapa (1926-2018), guide de haute montagne, Noémie, dite Noré, née en 1927, biologiste, et Sylvestre, dit Sylvio, né en 1934, architecte naval.
- André Langevin, le second fils de Paul, chef de travaux d'électricité générale à l'ESPCI, marié avec Luce Dubus (1899-2002), a deux enfants: Aline, née en 1931, professeur d'anglais, qui épouse le biologiste Roger Dajoz (1929-2019), et Michel[17] (1926-1985)[18], physicien nucléaire, qui se marie avec sa camarade de promotion à l'ESPCI, Hélène Joliot-Curie[19], née en 1927, devenue Hélène Langevin-Joliot[20].
- Madeleine Langevin, la première fille de Paul, épouse Albert Varloteau (1909-1978), ouvrier syndicaliste, avec lequel elle a un fils: l'instituteur Jacques Varloteau.
- Hélène Langevin, la seconde fille de Paul, militante et députée communiste, épouse le physicien Jacques Solomon (1908-1942). Hélène Solomon-Langevin est déportée à Auschwitz, dont elle revient, alors que son mari est fusillé en 1942. Elle épouse par la suite en secondes noces l'historien André Parreaux (1906-1979) et adopte une jeune fille, Michèle Norel.
- Paul Langevin a un troisième fils, Paul-Gilbert Langevin (1933-1986)[21], avec Éliane Montel (1898-1993), agrégée de sciences physiques, qui a été son élève, sa secrétaire, puis sa compagne. Il devient musicologue et a deux enfants avec Anne-Marie Desbat (1941-2016) : Paul-Éric, né en 1979 et Isabelle née en 1983.
Paul Langevin est également l'oncle par alliance de Pierre Bourgeois (1904-1976)[22], célèbre personnalité de l'industrie musicale et fils du journaliste Henri Bourgeois (1864-1946) et d'Euphrasie Desfosses (1876-1950), la sœur cadette de Jeanne Desfosses. Pierre Bourgeois a eu deux filles avec Juliette Bastide (1911-1981).
Scientifique
Magnétisme
Au moment où Paul Langevin entame sa carrière scientifique, en 1895, la physique est à un tournant de son histoire. L’œuvre de Langevin se situe dans la période de transition, de 1900 à 1930, qui va accoucher d'une physique moderne ayant intégré la théorie de la relativité et la théorie quantique. Après sa thèse, sur l'ionisation des gaz, les premiers travaux de Paul Langevin portent sur la nature microscopique du magnétisme. Il utilise la physique statistique de Ludwig Boltzmann pour interpréter le fait, observé par Pierre Curie, que la susceptibilité des matériaux paramagnétiques varie avec la température. Les matériaux magnétiques seraient formés d'une multitude de petits aimants créés par des électrons en mouvement sur une orbite fermée. Les propriétés magnétiques de ces matériaux sont alors interprétées comme le compromis entre la tendance des petits aimants à s'aligner et l'agitation thermique qui tend à leur donner une direction aléatoire[23]. Cette théorie a été publiée en 1905 (voir aussi: fonction de Langevin).
Fonction de Langevin:
Électron et relativité
En 1906, il prépare un cours sur la théorie électromagnétique pour le Collège de France et aboutit au résultat selon lequel l'inertie de l'électron serait une propriété de l’énergie. Quelques mois plus tard, il a l'occasion de lire les publications d'Einstein sur la relativité restreinte et saisit le lien entre ses recherches et cette nouvelle théorie révolutionnaire. C'est à partir de ce moment qu'il passe une partie de son temps à répandre la théorie nouvelle. Il est le promoteur de cette théorie en France.
Il enseigne pour la première fois la théorie de la relativité dans ses cours au Collège de France en 1910-1911. Il invente le paradoxe des jumeaux, qu'il présente pour la première fois au congrès de Bologne[24] et à la Société française de philosophie en 1911[25]. En 1922, il invite Einstein au Collège de France pour donner des conférences sur la relativité. Henri Bergson, qui avait assisté au congrès de Bologne et aux conférences d'Einstein au Collège de France, publie Durée et Simultanéité en 1922 et Émile Meyerson La Déduction relativiste en 1925 (voir aussi: boulet de Langevin).
Équation de Langevin
En 1908, il propose une équation pour décrire la marche aléatoire des particules en suspension dans un liquide, que l'on appelle généralement mouvement brownien[26]. Cette équation, qui est la première équation différentielle stochastique, correspond à l'écriture du principe fondamental de la dynamique d'un objet dans un liquide soumis à des forces visqueuses (force de Stokes) et à une force aléatoire correspondant au bombardement incessant du système par les atomes du milieu ambiant (voir aussi: dynamique de Langevin).
Sonar
Pendant la Première Guerre mondiale, il met au point, avec l'ingénieur Constantin Chilowski, l'ASDIC (acronyme de Anti-Submarine Detection Investigation Committee), l'ancêtre du sonar[27], appareil destiné à détecter les sous-marins en utilisant la réflexion des ondes ultrasonores sur ces objets. Il est utilisé par les marines de guerre pour la détection de sous-marins et de mines. Il est aussi utilisé pour la pêche, ainsi qu'en navigation pour mesurer la profondeur. Les sonars sont de deux types : actif ou passif.
Vulgarisation
En 1906, Langevin prend connaissance de la théorie de la relativité restreinte d'Einstein, dont il devient par la suite un ami proche. Dès lors, il devient un ardent prosélyte de ces idées nouvelles, dans ses cours au Collège de France, ou à la Société française de philosophie. C'est lui qui invite Einstein en France, en 1922, pour une série de conférences, en dépit de l'opposition des nationalistes anti-allemands. Langevin est l'auteur du paradoxe des jumeaux, expérience de pensée mettant en évidence les effets de la relativité restreinte.
Langevin participe aux premiers Congrès Solvay, qui réunissent à partir de 1911 tous les grands physiciens de l'époque, et qu'il préside de 1930 à 1933, à la suite de la mort du physicien néerlandais Hendrik Antoon Lorentz en 1928. Il s'implique également, après 1923, dans la diffusion des travaux de son élève Louis de Broglie en inscrivant immédiatement la nouvelle mécanique ondulatoire au programme de son cours au Collège de France.
Outre le Collège de France et l'École supérieure de physique et de chimie industrielles de la ville de Paris (ESPCI)[28], Langevin enseigne également à la section des électriciens de l’Association philotechnique (sorte de cours du soir), à l’École normale supérieure de jeunes filles de Sèvres et à l’Université ouvrière avec Romain Rolland et Henri Barbusse[29].
Militant et humaniste
Pour expliquer ses prises de position sociales et politiques, Paul Langevin écrit en 1945[30] :
« Mon père qui avait dû, malgré lui, interrompre ses études à l’âge de dix-huit ans, m’a inspiré le désir de savoir ; lui et ma mère, témoins oculaires du siège et de la sanglante répression de la Commune, m’ont, par leurs récits, mis au cœur l’horreur de la violence et le désir passionné de la justice sociale. »
Il a très tôt une activité militante : il est signataire dès 1898 de la pétition visant à innocenter Alfred Dreyfus. Homme de gauche, militant pacifiste et antifasciste, il participe à la Société des Nations, créée après la Première Guerre mondiale et prend une position nette contre les armes chimiques et biologiques. Il est à l’origine de la création du Comité de vigilance des intellectuels antifascistes, et de l'Union des intellectuels français pour la justice, la liberté et la paix. Au début de l'occupation allemande, cette notoriété antifasciste lui vaut d'être arrêté le . Son arrestation est à l'origine de la première manifestation anti-allemande, le [31]. Il est alors assigné à résidence à Troyes et enseigne bénévolement à l’École normale d’institutrices.
En 1944, Langevin devient membre du Parti communiste. Langevin est venu assez tard au marxisme dans les années 1930[32]. Bien que sa pensée soit d'abord en lien avec le courant du rationalisme classique, l'humanisme progressiste bourgeois et l'idéologie du scientisme, par sa pratique scientifique, il forge une conception matérialiste et dialectique aussi bien au niveau scientifique que philosophique[33] bien avant qu'il ne se considère comme marxiste[34] :
« Langevin est ici loin du moralisme spéculatif. Ses positions sont tout simplement marxistes, aussi bien au niveau ontologique, qu'au niveau social. »
Président de la Ligue des droits de l'homme de 1944 à 1946, après en avoir été le vice-président à partir de 1927[35], il est ce que l'on appelle un compagnon de route du Parti communiste français.
En 1930, il fonde avec Henri Roger l'Union rationaliste, dont il devient le président de 1938 à 1946, afin de promouvoir le rôle fondamental de la raison dans les avancées techniques, scientifiques et culturelles de l’Humanité.
En mars 1934, il lance un appel commun aux travailleurs, avec le philosophe et radical Alain et l’ethnologue et socialiste Paul Rivet, face à la menace d’extrême droite. Cet appel préfigure le Comité de vigilance des intellectuels antifascistes[36].
Par ailleurs, il est également fondateur du journal La Pensée, avec Georges Cogniot, en 1939.
Éducateur et pédagogue
Il est chargé après la guerre de la réforme de l'enseignement[37] dont le psychologue Henri Wallon reprend la direction après son décès en [38],[39] et qui est ensuite connue sous le nom de plan Langevin-Wallon[40],[41]. Il est également président du Groupe français d'éducation nouvelle de 1936 à 1946, président (en 1935) et président d'honneur (en 1945) de la Société française de pédagogie. Il résume ses prises de position en matière d'éducation ainsi[42]:
« La crise actuelle appelle à travers le monde entier tous les efforts vers une éducation rénovée. En vingt ans, l'éducation pourrait transformer l'ordre social et instaurer un esprit de coopération capable de trouver des solutions aux problèmes de l'heure. A cela, nul effort national ne saurait suffire. C'est pourquoi la Ligue internationale pour l'éducation nouvelle adresse un pressant appel aux parents, éducateurs, administrateurs et travailleurs sociaux pour qu'ils s'unissent en un vaste mouvement universel.
Seule une éducation réalisant dans toutes ses activités un changement d'attitude vis-à-vis des enfants peut inaugurer une ère libérée des concurrences ruineuses, des préjugés, des inquiétudes et des misères caractéristiques de notre civilisation présente, chaotique et dépourvue de sécurité. Une rénovation de l'éducation s'impose, basée sur les principes suivants :
- 1. L'éducation doit mettre l'enfant en mesure de saisir les complexités de la vie sociale et économique de notre temps.
- 2. Elle doit être conçue de manière à répondre aux exigences intellectuelles et affectives diverses des enfants de tempéraments variés et leur fournir l'occasion de s'exprimer en tout temps selon leurs caractéristiques propres.
- 3. Elle doit aider l'enfant à s'adapter volontairement aux exigences de la vie en société en remplaçant la discipline basée sur la contrainte et la peur des punitions par le développement de l'initiative personnelle et de la responsabilité.
- 4. Elle doit favoriser la collaboration entre tous les membres de la communauté scolaire en amenant maîtres et élèves à comprendre la valeur de la diversité des caractères et de l'indépendance d'esprit.
- 5. Elle doit amener l'enfant à apprécier son propre héritage national et à accueillir avec joie la contribution originale de toute autre nation humaine universelle. Pour la sécurité de la civilisation moderne, les citoyens du monde ne sont pas moins nécessaires que les bons citoyens de leur propre nation. »
Distinctions
Décorations
- Grand-croix de la Légion d'honneur (1946)[43] ; grand officier (1938) ; commandeur (1932) ; officier (1923) ; chevalier (1919).
- Ordre de l'Empire britannique à titre civil, commandeur (1920)[44].
- Commandeur de l'Ordre de Sant'Iago de l'Épée (1930)[45].
- Commandeur avec étoile de l'Ordre Polonia Restituta (1946)[46].
Médailles
- Médaille Hughes (1915)
- Médaille Copley, « pour son travail novateur sur la théorie électronique du magnétisme, ses contributions fondamentales au sujet de l'électricité dans les gaz, et ses importants travaux dans de nombreux domaines de la physique théorique. » (1940)
- Grande médaille d'or avec plaquette d'honneur de la Société académique Arts-Sciences-Lettres[47]
Prix
- Prix Saintour (1901)
- Prix de l'Académie des sciences (1907)
- Prix Clément-Félix (1918)
- Prix Lassere (1924)
- Prix La Caze de l'Académie des sciences (1924)
Sociétés savantes
- Membre de l'Académie des sciences de Paris et de l'Académie de marine.
- Membre étranger de la Royal Society et de l'Institution royale de Londres.
- Membre d'honneur de l'Académie des sciences de l'URSS.
- Membre de la Société royale des sciences de Göttingen, de l'Accademia dei Lincei à Rome, des Académies des sciences de Prague, Bologne, Buenos Aires, Copenhague, de l'Académie royale d'Irlande.
Hommages
Buste
- Buste de Paul Langevin, par Hubert Yencesse, 1946, bronze, Paris, Rectorat d'Académie.
Portrait
- En 1945, Pablo Picasso réalise un portrait de Paul Langevin. Celui-ci est conservé au musée Picasso à Paris[48].
Prix
Le prix Paul-Langevin de la Société française de physique lui rend hommage[49].
Le prix Langevin de l'Académie des sciences a été créé à l'initiative de Paul Langevin pour rendre hommage aux savants français assassinés par les Nazis en 1940-1945[50], en mémoire de Henri Abraham, Eugène Bloch, Georges Bruhat, Louis Cartan et Fernand Holweck.
Instituts
La France et l'Allemagne ont créé en 1967 l'institut Laue-Langevin[51] en hommage à Paul Langevin et au physicien allemand Max von Laue. Ce centre de recherche international est le leader mondial en sciences et techniques neutroniques.
L'institut Langevin « Ondes et Images »[52] est né en 2009 de la fusion du laboratoire « Ondes et acoustique »[53] et du laboratoire d'optique physique de l'ESPCI. L'institut Langevin est dirigé depuis 2014 par Arnaud Tourin.
Établissements
De nombreux établissements d'enseignement portent son nom :
- les écoles primaires et maternelles de Seysses (Haute-Garonne), Givors (Rhône), Palaiseau (Essonne), Recquignies et Seclin (Nord), Choisy-le-Roi (Val-de-Marne), Dugny (Seine-Saint-Denis), Bobigny (Seine-Saint-Denis), Joué-lès-Tours (Indre-et-Loire), Le Havre (Seine Maritime), Biot (Alpes Maritimes) ;
- les écoles élémentaires de Villerupt (Meurthe-et-Moselle), Lanester (Morbihan), Seclin, Lomme et Hornaing (Nord), Strasbourg (Bas-Rhin), Pierre-Bénite (Rhône), Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), Sartrouville (Yvelines), Le Havre (Seine Maritime), Villejuif (Val-de-Marne) ;
- les collèges de Carros (Alpes-Maritimes), du Guilvinec (Finistère), d'Évron (Mayenne), de Couëron (Loire-Atlantique), de Rouvroy et Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), de Ville-la-Grand (Haute-Savoie), de Mitry-Mory (Seine-et-Marne), des Sables-d'Olonne (Vendée), de Saint-Junien (Haute-Vienne), de Fourchambault (Nièvre), d’Alfortville (Val-de-Marne), d'Avesnes-les-Aubert (Nord) et le collège d'Hagondange (Moselle) ;
- les lycées de Martigues (Bouches-du-Rhône), Romans-sur-Isère (Drôme), Beauvais (Oise), Waziers (Pas-de-Calais), La Seyne-sur-Mer (Var), Sainte-Geneviève-des-Bois (Essonne), Suresnes (cf. « lycée Paul-Langevin (Suresnes) »), Nanterre (Hauts-de-Seine) et Saint-Joseph (La Réunion) ;
- le bâtiment de l'UFR sciences et technique de l’Université de Brest[54] (ancienne école primaire).
Artères et places
De nombreuses artères et places dans plusieurs villes de France portent son nom, dont notamment une place à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Le square Paul-Langevin, dans le 5e arrondissement de Paris, a été nommé en sa mémoire, ainsi que la rue Paul-Langevin à Antony dans les Hauts-de-Seine.
Autres
La promotion 2016-2021 des ingénieurs de l'ESEO à Angers porte le nom de « promotion Paul Langevin ».
Le Centre Paul Langevin à Aussois en Savoie est un centre de vacances et de séminaires administré par le Comité d'action sociale du CNRS.
En 1970, l'Union astronomique internationale a attribué le nom de Langevin à un cratère lunaire.
Le chimiste Georges Urbain a réalisé une médaille en hommage à Paul Langevin[55].
En 1972, un colloque a lieu au Sénat en hommage au centenaire de la naissance du savant[56].
Une journée d'étude organisée par la Société française de physique a eu lieu le 29 juin 2022 à l'ESPCI à l'occasion des cent-cinquante ans de sa naissance[57],[58].
Une réédition en français et une édition en anglais du livre Paul Langevin, mon père : l'homme et l'oeuvre, publié par son fils en 1971 aux Éditeurs français réunis, sont également prévues en 2022.
Transfert au Panthéon
Le , le président de la République Vincent Auriol signe la loi d'État n°48-1502, relative au transfert des cendres de Jean Perrin et de Paul Langevin au Panthéon de Paris[59]. La cérémonie a lieu le pour les deux scientifiques[60].
À cette occasion, plusieurs hommages leur sont rendus : deux timbres postaux sont édités par le Ministère des PTT, l'un de 8 francs à l'effigie de Jean Perrin, dessiné et gravé par Pierre Gandon ; l'autre de 5 francs illustrant Paul Langevin, dessiné et gravé par Charles Mazelin[61]. Ces deux timbres sont émis à 2,89 millions d'exemplaires entre le (date de l'inhumation) et le .
Pour le transfert des cendres, Pablo Picasso dessine un second portrait en noir et blanc de Paul Langevin, exécuté d'après le premier dessin réalisé en 1945 et simplifié. Le numéro 234 du du journal Les lettres françaises, reproduit ce portrait accompagné d'un article-hommage à Paul Langevin et Jean Perrin[62].
Archives
- Les œuvres de Paul Langevin sont dans le domaine public depuis le .
- La majeure partie des archives[63] se situe au sein du Fonds Paul Langevin de l'ESPCI, créé à l'initiative de Jean-Pierre Kahane et Paul Brouzeng, en 1980 et 1984[64]. Le Centre de ressources historiques de l'ESPCI, dirigé par Catherine Kounelis[65], avec l'aide de Paris sciences et lettres, a numérisé 9093 documents issus de ce fonds d'archives[66], disponibles en ligne depuis le , à consulter ici : Fonds Paul Langevin.
- Archives de Paul Langevin, diffusées en ligne sur les sites Wikisource et Calaméo, à partir du Fonds de documentation Montel-Langevin, par Paul-Éric Langevin.
- Archives de Paul Langevin et de sa famille, déposées au Musée de la Résistance nationale de Champigny-sur-Marne, par Bernard Langevin. Les archives de Michel Langevin ont été déposées à l'Institut Curie[67].
Publications
Cours au Collège de France
- Les gaz conducteurs (1902)
- Propriétés électriques des gaz, matière et électricité (1903)
- Applications de la théorie des ions à l'explication des phénomènes de décharge disruptive et radioactive (1904)
- Etude expérimentale de diverses radiations, application de la théorie des électrons (1905)
- Les théories de Maxwell et de Lorentz et leurs vérifications expérimentales (1906)
- Les bases expérimentales de l'atomistique (1907)
- Phénomènes de décharge disruptive (1908)
- Phénomènes généraux de l'électricité et du magnétisme (1909)
- La théorie électronique des radiations et le principe de relativité (1910)
- La propagation des ondes électromagnétiques à travers la matière, applications aux phénomènes électro et magnéto-optiques et à la biréfringence cristalline (1911)
- Les difficultés de la théorie du rayonnement (1912)
- Les propriétés électriques et thermiques des métaux (1913)
- Les rayons de Röntgen et la radiographie (1914)
- Le principe de la relativité et les théories de la gravitation (1915-1918)
- Les aspects successifs et les confirmations expérimentales du principe de relativité (1919)
- Le principe de relativité et la théorie de la gravitation (1920)
- Les applications du principe de relativité aux théories de la gravitation et de l'électromagnétisme (1921)
- Les phénomènes de haute fréquence (1922)
- Physique des tenseurs (1922)
- La liaison entre les phénomènes électriques et élastiques (1923)
- La structure des atomes et leurs propriétés magnétiques et optiques (1924)
- Ultrasons (1924)
- Radiation, atomes (1924)
- La structure de la lumière et les quanta (1926)
- Le magnétisme au point de vue électronique (1926)
- Les échanges entre la matière et le rayonnement (1927)
- Structure de la lumière, nouvelles méthodes de statistique, équilibre du rayonnement et de la matière (1927)
- Le magnétisme: récents progrès théoriques et expérimentaux (1929)
- Sur matière et lumière (1929)
- La situation actuelle du magnétisme (1930)
- Les bases expérimentales et théoriques de la physique des quanta (1931)
- Idées actuelles et faits nouveaux concernant la notion d'atome (1933)
- Molécules, atomes, électrons et photons (1934)
- Le champ électromagnétique, travaux récents (1935)
- Exposés et discussions de physique générale, les tenseurs en physique pure et appliquée (1936)
- Exposés et discussions, les bases de la physique quantique (1938)
- Les notions fondamentales de l'électromagnétisme (1939)
- L'électromagnétisme et la physique: exposés et discussions de la physique moderne (1940)
- Dernier cours au Collège de France (1940)
Principales publications
- Recherches sur les gaz ionisés, thèse de doctorat, Paris, 1902.
- L'Esprit de l'enseignement scientifique, Paris, 1904.
- Notice sur les travaux de Pierre Curie, Paris, 1904.
- Sur l'impossibilité physique de mettre en évidence le mouvement de translation de la Terre, 1905.
- Pierre Curie, 1906.
- Sur la théorie du mouvement brownien, Paris, (lire en ligne)[68].
- « L'Œuvre d'Éleuthère Mascart », La Revue du Mois, (lire en ligne, consulté le ).
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Filmographie
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- À la Sorbonne, le Front national universitaire fête le 73e anniversaire de Paul Langevin, 2 min 18, 1945, vidéo dans les archives de l'Institut national de l'audiovisuel.
- Obsèques nationales de Paul Langevin (1946) et de Frédéric Joliot-Curie (1958), 13 min, sur Ciné-Archives, le fonds audiovisuel du PCF, mouvement ouvrier et démocratique.
- Un grand savant français, Paul Langevin, film de François Campaux, 16 mm, 14 min, Institut de cinématographie scientifique, ESPCI, 1946.
- Le transfert des cendres des savants Langevin et Perrin au Panthéon, 45 secondes, INA, 25 novembre 1948.
Articles connexes
- Famille Langevin
- Plan Langevin-Wallon
- Relativité restreinte
- Mouvement brownien
- Jumeaux de Langevin
- Boulet de Langevin
- Paramagnétisme de Langevin
- Équation de Langevin
- Fonction de Langevin
- Dynamique de Langevin
- Langevin (cratère)
- Georges Politzer
- Jacques Solomon
- Hélène Solomon-Langevin
- André Parreaux
- Jean Langevin (physicien)
- Vige Langevin
- André Langevin (physicien)
- Luce Langevin
- Albert Varloteau
- Éliane Montel
- Paul-Gilbert Langevin
- Jean Perrin
- Pierre Curie
Notes et références
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- Philippe Pinel, sur Histoire de la psychiatrie en France.
- Christophe Charle et Eva Telkes, « 43. Langevin (Paul) », Publications de l'Institut national de recherche pédagogique, vol. 3, no 1, , p. 121–125 (lire en ligne, consulté le )
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- Paul Langevin, sur le site Physics Tree.
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- Irène Frain, Marie Curie prend un amant, Paris, Seuil, , 357 p. (ISBN 978-2-02-118308-5, lire en ligne).
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- La famille de Paul Langevin, Maurice Thorez et Jacques Duclos, lors des funérailles, le 21 décembre 1946 en France.
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- Cérémonie en l'honneur de Paul Langevin, exposés de Jean-Philippe Bouchaud, Mathias Fink, Mariana Graña et Cédric Deffayet, sur le site du Laboratoire de physique des deux infinis Irène Joliot-Curie, 29 juin 2022.
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- Archives Paul Langevin : un trésor en ligne, présenté par Costantino Creton, Catherine Kounelis et Rémi Carminati, sur le site de l'ESPCI, 2 décembre 2020.
- Conserver, explorer, valoriser: les archives de Paul Langevin à l'ESPCI Paris, sur le site de l'ESPCI.
- Catalogue Sudoc.
- « Origine et portée de l’équation de Langevin », par Jean-Pierre Kahane, sur le site internet de l'Académie des sciences.
- Paul Langevin et la pédagogie, Le Monde, 1er février 1972.
- Paul Langevin, savant et citoyen, par Simone Mazauric, L'Humanité, 9 novembre 2007.
- Compte-rendu de l'ouvrage, par Yann Forestier, Histoire de l'éducation, 2016.
- À l’aube de la théorie des quanta, sur le site de Brepols Publishers.
Liens externes
- Numéro spécial de la revue La Pensée, Paris (lire en ligne), consécutif à son décès, mai-.
- Numéro spécial de la revue La Pensée, Paris (lire en ligne), à l'occasion du centenaire de la naissance, .
- Hommages à Paul Langevin pour le 100ème anniversaire de sa naissance en 1972, sur le site Interdisciplinarité, 2016.
- Jean-Pierre Kahane, « Paul Langevin, le mouvement brownien et l'apparition du bruit blanc », sur Bibliothèque nationale de France, (consulté le ).
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