degré
Français
Étymologie
- (XIe siècle)[1] De l’ancien français degré (« marche, escalier »)[1][2]. Cette forme préfixée était répandue dans le centre et l’ouest de la France. Elle s’est imposée aux dépens de gré (du latin gradus) répandu de la Wallonie jusqu’en Provence, en raison de l’homonymie de ce dernier avec gré (de gratus). La forme grade est un emprunt savant au latin gradus datant de la Renaissance.
- Certains[3][4] rapprochent l’usage scientifique de degré et grade de l’arabe درجة, daraja (« marche, degré, gradation »).
Nom commun
Singulier | Pluriel |
---|---|
degré | degrés |
\də.ɡʁe\ |
degré \də.ɡʁe\ masculin
- Espace compris entre deux marches d’un escalier.
- Gabrielle, la coiffeuse à domicile, parle comme par énigme de l'escalier sans marches qui conduit chez elle. C'est que les Pô l'ont laissé cinquante ans tellement s'encrasser, cet escalier, qu’il ressemble à un plan de terre incliné, quand voilà qu'un jour, armée d'une pioche et d’une pelle, Gabrielle entreprend des fouilles et retrouve l’un après l'autre chaque degré. — (Marcel Jouhandeau, Chaminadour, Gallimard, 1941 et 1953, collection Le Livre de Poche, pages 184-185.)
- Au bas de l’escalier, un homme venait à sa rencontre. Il avait mis le pied sur la première marche. Gaspard n’était séparé de lui que par une douzaine de degrés. — (André Dhôtel, Le Pays où l’on n’arrive jamais, 1955)
- (En particulier) Marche servant d’entrée ou de soubassement aux grands édifices.
- (Héraldique) (Rare) Nom donné aux marches se trouvant sous une croix.
- Exemple d’utilisation manquant. (Ajouter)
- (Par métonymie) (Vieilli) Escalier.
- Se fût-on emparé de cette porte, qu’on se trouvait à 7 mètres en contre-bas de la cour intérieure L, à laquelle on n’arrivait que par des degrés étroits, défendus, et en passant à travers plusieurs portes en K. — (Eugène Viollet-le-Duc, La Cité de Carcassonne, 1888)
- Il passe par le petit degré afin que nul ne remarque ses yeux rougis. — (Monique de Huertas, Louise de La Vallière, éditions Pygmalion/Gérard Watelet, Paris, 1998, page 60)
- (Figuré) Étape ou stade par où l’on passe d’un état dans un autre.
- II y a six degrés d’âges ; savoir : l’enfance proprement dite, infantia ; la seconde enfance, pueritia; l’adolescence, la virilité, la vieillesse et la décrépitude. — (Dictionnaire des sciences médicales, volume 52, page 415, Charles-Louis-Fleury Panckoucke à París, 1821)
- Cette loi livrait les trois degrés de l’enseignement à l’Église et coiffait la France du trirègne de l’obscurantisme. — (Anatole France, L’Église et la République, Paris : Edouard Pelletan, 1904 - éd. J.-J. Pauvert, 1964, p.60)
- Le désir de croire à la manipulation est également puissament attaché aux expériences infantiles. […]. La vision manipulatoire du système social est donc une sorte de pente naturelle pour tous, à des degrès divers. On doit simplement souligner que les degrès extrêmes et excessifs de cette vision du monde présentent un caractère de régression infantle. — (Emmanuel Todd, Le Fou et le Prolétaire, 1979, réédition revue et augmentée, Paris : Le Livre de Poche, 1980, page 153)
- Parvenir au plus haut degré de l’éloquence, au plus haut degré de gloire.
- C’est le dernier degré de l’avilissement.
- (Métrologie) (Géométrie) Unité de mesure d’angle plan égale à 1/360 de la circonférence d’un cercle. Son symbole est °.
- Il y a aussi deux groupes d’astéroïdes, appelés Troyens, qui partagent l’orbite de Jupiter, précédant et suivant la planète de 60 degrés. — (Barry Williams (traduit par Claude Lafleur), L’Astrologie confrontée aux progrès de l’astronomie, dans Le Québec sceptique, no 24, p. 41, décembre 1992)
- Un angle de 90 degrés est un angle droit.
- (En particulier) (Géographie) Unité de mesure de longitude et latitude, permettant de situer un point précis à la surface de la Terre. Le symbole est un « ° » qualifié.
- Paris se trouve à 48,86 degrés de latitude nord, 2,35 degrés de longitude est.
- (Métrologie) Unité de mesure de la température sur plusieurs échelles comme le degré Celsius et le degré Fahrenheit. Le symbole est un « ° » qualifié (par ex. °C, °F, etc.).
- Comme il faisait une chaleur de trente-trois degrés, le boulevard Bourdon se trouvait absolument désert. — (Gustave Flaubert, Bouvard et Pécuchet, incipit)
- Arrêtons-nous devant les célèbres bains de Tiflis, dont les eaux thermales peuvent atteindre soixante degrés centigrades. — (Jules Verne, Claudius Bombarnac, ch. I, J. Hetzel et Cie, Paris, 1892)
- Il y a quelque chose de profondément jouissif dans le fait d’imaginer les millions de gens en doudoune qui se caillent les miches en France à l’heure où je barbote dans cette eau à trente degrés. — (Gabriel Katz, N’oublie pas mon petit soulier, éd. Le Masque, 2015)
- Lorsque Bishop revint et posa un gobelet fumant devant elle, Anise referma les mains dessus pour se réchauffer ; il faisait trente-cinq degrés à l’ombre, et pourtant elle tremblait de froid. — (Kay David, L’Ombre du doute, traduit de l’anglais par B. Dufy, en recueil avec La Machination de Harper Allen, éd. Harlequin (coll. Black Rose), 2009, chap. 12)
- La plupart du temps, je créchais dans ma planque, mais la température avait chuté d'un coup, et on était passés sous la barre de zéro degré au cours des dernières nuits. — (Ernest Cline, Ready player one, Éditions Robert Lafon, traduit de l'anglais (États-Unis) par Arnaud Regnauld, 2013, rééd. 2018, chap. 0001)
- Degré de feu : Le point où il faut que le feu soit poussé pour l’opération chimique qu’on se propose.
- (Métrologie) Unité de diverses échelles de mesure de la densité, de la viscosité, de la teneur en certaines substances, etc.
- (Métrologie) Unité de mesure de la pression atmosphérique.
- Le baromètre est descendu à vingt-sept degrés.
- (Métrologie) Unité de mesure de la pression atmosphérique.
- Pourcentage, teneur d’alcool dans un liquide, exprimée en proportion de volume d’alcool pur qui entre dans le mélange.
- L’essai d’un alcool doit porter tout d’abord sur le degré alcoolique qui est déterminé au moyen de l’alcoomètre de Gay-Lussac. — (Cousin & Serres, Chimie, physique, mécanique et métallurgie dentaires, 1911)
- Cette vodka titre 40 degrés. — De l’alcool à 90 degrés.
- (Par extension) Différence de plus ou de moins dans les qualités sensibles, proportion ou étendue.
- Et tout le village bientôt, à des degrés variant selon la constitution et la force de résistance de chacun, fut en proie à des malaises étranges, symptômes inexplicables d’empoisonnement. — (Louis Pergaud, Un petit logement, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
- D’un claquement de la langue contre son palais, elle indique le degré de son ennui. — (Germaine Acremant, Ces dames aux chapeaux verts, Plon, 1922, collection Le Livre de Poche, page 18.)
- On était tous au même degré de confusion.
- Degré de chaleur, de froid, de sécheresse, d’humidité, de force, de mouvement, de vitesse, d’intensité, d’accroissement, etc.
- Une brûlure au deuxième degré.
- Ma passion s’accrut à un tel degré, que…
- Degré d’intelligence, de tristesse, d’affliction, d’abattement.
- Degré d’affection, d’intérêt.
- Être insolent au dernier degré.
- Être impertinent au plut haut degré.
- Être ennuyeux au plus haut degré.
- Degrés de comparaison ou de signification, le positif, le comparatif et le superlatif.
- Degré de juridiction, chacun des tribunaux devant lesquels une même affaire peut être successivement portée.
- En parlant de parenté et de consanguinité, il marque la proximité ou l’éloignement qu’il y a entre parents, à l’égard de la ligne qui leur est commune.
- Parents au premier, au second degré.
- Les parents au-delà du douzième degré ne succédaient pas.
- Les parents au quatrième degré n’ont pas besoin de dispense pour se marier ensemble.
- (Mathématiques) Le degré d’un polynôme est le plus haut degré de ses monômes ; le degré d'un monôme est la somme des exposants de ses variables. Par extension, degré d’une expression polynomiale décrivant un objet.
- Nous avons déjà dit que les analystes ne sont parvenus jusqu’à présent qu’à la résolution des équations générales du troisième et du quatrième degrés. — (Louis Bourdon, Élémens d’algèbre, Paris : Bachelier & Bruxelles : Librairie Parisienne, 1828, p.447)
- Si l’on en croit Sinân Ibn al-Fath, plusieurs mathématiciens avant lui avaient été amenés à considérer des monômes de degré supérieur à 2 et à les nommer, mais il dit être le premier à en avoir rédigé un exposé systématique et à s’en être servi pour étendre le domaine des équations résolubles par radicaux. — (Ahmed Djebbar, L’Algèbre arabe : genèse d’un art, Vuibert, 2005, page 53)
- (Théorie des graphes) Pour un sommet donné, nombre des arcs qui l’ont comme extrémité.
- (Vieilli) (Éducation) Grades de bachelier, de licencié, de docteur.
- Prendre ses degrés.
- Avoir tous ses degrés.
Dérivés
- au second degré
- degré API
- degré Babo
- degré Balling, °B
- degré Barkometer
- degré Baumé, °B, °Be, °Bé
- degré Brix, °B
- degré Cartier
- degré Celsius, °C
- degré centigrade (Désuet)
- degré Clark
- degré d’arc
- degré de liberté
- degré de parenté
- degré de polymérisation
- degré Dornic, °D
- degré Fahrenheit, °F
- degré Gay-Lussac, °GL
- degré Kelvin, °K (Désuet)
- degré KMW, °KMW
- degré Lovibond, °L
- degré MacMichael, °McM
- degré Missenard
- degré Oechsle, °Oe
- degré Plato, °P
- degré Quevenne, °Q
- degré Rankine, °R
- degré Réaumur, °Re
- degré Richter
- degré Sikes
- degré Soxhlet-Henkel, °SH
- degré Thörner, °T, °Th, °TH
- degré Tralles
- degré trophique
- degré Twaddle, °tw
- demi-degré extérieur
- demi-degré intérieur
- par degrés
- prendre ses degrés
- second degré
Vocabulaire apparenté par le sens
degré figure dans le recueil de vocabulaire en français ayant pour thème : escalier.
Traductions
- Afrikaans : graad (af)
- Allemand : Grad (de) (5,6), Staffel (de), Stufe (de) (1,2)
- Anglais : degree (en), grade (en) ; proof (en) (États-Unis) (10: degrés d'alcool (100 degrés = 200 proof)
- Arabe : درجة (ar) daraja
- Bulgare : градус (bg) gradous
- Catalan : grau (ca)
- Chinois : 度 (zh) dù
- Coréen : 도 (ko) do
- Croate : stepen (hr), stupanj (hr)
- Danois : grad (da)
- Espagnol : grado (es), cargo (es), jerarquía (es)
- Espéranto : grado (eo)
- Estonien : aste (et), kraad (et)
- Féroïen : stig (fo)
- Finnois : aste (fi)
- Frison : graad (fy)
- Galicien : grao (gl) masculin
- Géorgien : გრადუსი (ka) gradusi (5,6,7), კიბის საფეხური (ka) kibis sap'exuri (1,2)
- Grec : μοίρα (el) moíra, βαθμός (el) vathmós
- Hébreu : מעלה (he) ma'ala
- Hongrois : fok (hu)
- Ido : grado (io)
- Italien : grado (it)
- Japonais : 度 (ja) do
- Kotava : eka (*)(4) (5)
- Letton : grāds (lv)
- Lituanien : laipsnis (lt)
- Malais : derajat (ms)
- Néerlandais : graad (nl), mate (nl), trap (nl)
- Norvégien : grad (no)
- Occitan : gra (oc), gras (oc), grad (oc), degrà (oc)
- Papiamento : grado (*)
- Polonais : stopień (pl)
- Portugais : grau (pt)
- Roumain : grad (ro)
- Russe : градус (ru) grádus (5,6,7)
- Same du Nord : dássi (*) (4), ceahkki (*) (4-6)
- Serbe : степен (sr) stepen, ступањ (sr) stupanj
- Slovaque : stupeň (sk)
- Slovène : stopinja (sl)
- Suédois : grad (sv)
- Tchèque : stupeň (cs)
- Turc : aşama (tr), derece (tr)
- Ukrainien : градус (uk) gradous
- Vietnamien : độ (vi)
Prononciation
- France : écouter « degré [də.ɡʁe] »
- France (Paris) : écouter « degré [Prononciation ?] »
- France (Toulouse) : écouter « degré [Prononciation ?] »
Anagrammes
Voir aussi
- degré sur l’encyclopédie Wikipédia
Références
- « degré », dans TLFi, Le Trésor de la langue française informatisé, 1971-1994 → consulter cet ouvrage
- « degré », dans Émile Littré, Dictionnaire de la langue française, 1872-1877 → consulter cet ouvrage
- Antoine-Paulin Pihan, Glossaire des mots français tirés de l'arabe, du persan et du turc, Paris, 1866, p. 137
- Josef Hoëné-Wronski, Introduction à la philosophie des mathématiques et technie de l'algorithmie, Paris, 1811, p. 118
Ancien français
Nom commun 2
degré \Prononciation ?\ masculin
- Escalier.
- Les degrez comance a monter — (Chrétien de Troyes, Lancelot ou le Chevalier de la charrette, vers 1180)
- il commence à monter les escaliers.
- Les degrés monte del palais marberin ; — (Garin Le Loherain, transcription de P. Paris)
- Les degrez comance a monter — (Chrétien de Troyes, Lancelot ou le Chevalier de la charrette, vers 1180)
Références
- Frédéric Godefroy, Dictionnaire de l’ancienne langue française et de tous ses dialectes du IXe au XVe siècle, édition de F. Vieweg, Paris, 1881-1902 → consulter cet ouvrage
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