Georges Jacques Danton
Georges Jacques Danton, dit aussi d'Anton[1], né le à Arcis-sur-Aube et mort guillotiné le (16 germinal an II) à Paris, est un avocat au Conseil du Roi et un homme politique français, ministre de la Justice.
Pour les articles homonymes, voir Georges Danton (homonymie) et Danton (homonymie).
Georges Danton | ||
Portrait de Danton par Constance-Marie Charpentier, musée Carnavalet, 1792. | ||
Fonctions | ||
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Député de la Seine | ||
– (1 an, 6 mois et 30 jours) |
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Législature | Assemblée nationale législative Convention nationale |
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Groupe politique | Montagne | |
Président de la Convention nationale | ||
– (14 jours) |
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Groupe politique | Montagne | |
Prédécesseur | André Jeanbon Saint-André | |
Successeur | Marie-Jean Hérault de Séchelles | |
Membre du Comité de salut public | ||
– (3 mois et 4 jours) |
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Groupe politique | Montagne | |
Ministre de la Justice | ||
– (1 mois et 29 jours) |
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Prédécesseur | Étienne de Joly | |
Successeur | Dominique Joseph Garat | |
Biographie | ||
Nom de naissance | Georges Jacques Danton | |
Date de naissance | ||
Lieu de naissance | Arcis-sur-Aube (France) | |
Date de décès | (à 34 ans) | |
Lieu de décès | Paris (France) | |
Nature du décès | guillotiné | |
Sépulture | Cimetière des Errancis, Catacombes de Paris | |
Nationalité | Français | |
Conjoint | Antoinette Gabrielle Charpentier (vers 1760-1793) Louise Sébastienne Gély (1776-1856) |
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Enfants | François Danton (1788-1789) Antoine Danton (1790-1858) François Georges Danton (1792-1848) N Danton (1793, enfant mort-né) |
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Profession | Avocat | |
Religion | Catholique | |
Résidence | Paris | |
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Danton est une des figures majeures de la Révolution française, comme Mirabeau, avec qui il partage un prodigieux talent oratoire et un tempérament impétueux, avide de jouissances (les ennemis de la Révolution l'appellent « le Mirabeau du ruisseau »), ou comme Robespierre, à qui tout l’oppose : le style, le tempérament et le type de talent. Il incarne la « Patrie en danger » dans les heures tragiques de l’invasion d’, quand il s'efforce de fédérer contre l'ennemi toutes les énergies de la nation et d'user de tous les expédients : pour vaincre, dit-il, « il nous faut de l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace, et la France est sauvée », et il n'hésite pas, par pragmatisme, à entamer des négociations secrètes avec les monarques coalisés pour négocier une paix rapide.
À l'instar de Robespierre, une légende s'est vite constituée autour de sa personne. Une polémique idéologique et politique entre historiens robespierristes et dantonistes s'est déchaînée et a culminé sous la IIIe République. Pour les premiers, Danton est un politicien sans scrupules, vénal, capable de trahir la Révolution ; pour les seconds, il est un ardent démocrate, un patriote indéfectible, un homme d’État généreux.
Biographie
Avant la Révolution
Comme la plupart des révolutionnaires, Danton est issu de la bourgeoisie de robe et de finance, en voie d'agrégation à la noblesse par l'achat de charge de judicature et de fiefs.
Les parents de Danton sont Jacques Danton (1722-1762), procureur à Arcis-sur-Aube, et Marie-Madeleine (prénommée ultérieurement Jeanne-Madeleine) Camut, fille d'un entrepreneur en charpenterie, commissionné pour l'entretien des ponts et chaussées[2]. Marie-Madeleine est la seconde épouse de Jacques, dont la première épouse était morte en couches en donnant naissance à son cinquième enfant. Marié en 1754, le couple a quatre enfants.
Georges Jacques Danton est né le à Arcis-sur-Aube, dans la province de Champagne. Il est baptisé le même jour en l'église Saint-Étienne d'Arcis-sur-Aube : son parrain est Georges Camus, charpentier, et sa marraine est Marie Papillion, fille du chirurgien Charles Papillion[3].
L'enfant aurait été victime de plusieurs accidents qui le marquent: à un an un taureau, se jetant sur une vache qui l’allaite (selon la coutume répandue dans les campagnes champenoises), le blesse d’un coup de corne, lui laissant une difformité à la lèvre supérieure gauche. À sept ans, comme il est doué d'une grande force, il veut se mesurer à un taureau qui lui écrase le nez d’un coup de sabot. Renversé par un troupeau de cochons, il manque de se noyer. Il contracte dans sa jeunesse la petite vérole, dont il conserve des traces sur son visage grêlé[4]. « Ainsi se forment et se transmettent les légendes »[5].
Son père meurt en 1762 à l'âge de 40 ans en laissant deux enfants vivants, lui (il à trois ans) et sa sœur aînée Anne-Marguerite, mariée en 1784 avec Pierre Menuel, marchand. Sa mère se remarie en 1770 à un marchand de grain, Jean Recordain. Danton est scolarisé au petit séminaire de Troyes, puis au collège des Oratoriens, plus libéral, où il reste jusqu'à la classe de rhétorique[6].
En 1780, il part pour Paris, où il se fait engager comme clerc chez un procureur (équivalent de l'époque de l'avoué), Me Vinot, qui l'emploie de 1780 à 1787. En 1784, il se rend à la faculté de droit de Reims pour obtenir une licence en droit grâce au système de la dispense, puis regagne Paris comme avocat stagiaire[7].
Au café du Parnasse, qu’il fréquente, « un des établissements de limonadier les plus considérés de Paris », presque en face du Palais de justice, au coin de la place de l’École et du quai, Georges « d'Anton » (il usurpait alors de la particule pour se prétendre noble et être mieux vu par sa clientèle) rencontre sa future femme, Antoinette Gabrielle Charpentier, fille du propriétaire, « jeune, jolie et de manières douces » (son portrait peint par David est au musée des beaux-arts de Troyes). Ils se marient le en l'église Saint-Germain-l’Auxerrois à Paris[8]; le couple s’installe au no 20 de la cour du Commerce, dans un grand appartement de six pièces au premier étage[n 1], dont le salon donnait sur la rue de l'École-de-Médecine, anciennement des Cordeliers[10].
Grâce à la dot de 20 000 livres qu’elle lui apporte et des prêts cautionnés par sa famille d’Arcis, il peut acheter en 1787 la charge d'avocat aux Conseils du roi de Me Huet de Paisy. D'après État actuel de Paris de 1788 le cabinet de "M. d'Anton, avocat ès conseils" était dans un Immeuble démoli en 1875 pour prolonger le boulevard Saint-Germain au 1 de la cour du Commerce sur la rue de l'École-de-Médecine). Il paie la somme de 78 000 livres en plusieurs fois et sa dernière échéance est payée le grâce notamment à de l’argent venu du roi Louis XVI[11] ou de son cousin le duc d'Orléans, sans que l'on puisse conclure que sa vénalité se soit traduite par des services rendus à ces hauts personnages[12].
La Révolution
Avocat modeste et inconnu à la veille de la Révolution, Danton fait ses classes révolutionnaires à la tête des assemblées de son quartier et en particulier du Club des cordeliers, dont il devient un orateur réputé. C’est la chute de la monarchie (journée du 10 août 1792) qui le hisse à des responsabilités gouvernementales et en fait un des chefs de la Révolution.
Un agitateur de quartier (1789-10 août 1792)
En 1789, Danton habite le district des Cordeliers (devenu en la section des Théâtres-Français) dans le quartier du Luxembourg[n 2], quartier de libraires, de journalistes et d’imprimeurs. Il demeure au no 1 de la cour du Commerce-Saint-André, passage bordé de boutiques reliant la rue Saint-André-des-Arts à la rue de l'École-de-Médecine, qui connaît son heure de gloire sous la Révolution : Marat y a son imprimerie au no 8, Camille Desmoulins y séjourne, la guillotine est expérimentée sur des moutons en 1790 dans la cour du no 9[13].
Appartenant à la moyenne bourgeoisie, titulaire d’un office, il participe aux élections du tiers état aux états généraux de 1789 (412 votants dans le district des Cordeliers ; 11 706 pour Paris qui compte environ 650 000 habitants et doit élire 40 députés[14]) et s'enrôle dans la garde bourgeoise de son district.
Il acquiert sa renommée dans les assemblées de son quartier : assemblée de district dont il est élu et réélu président, puis assemblée de section qu’il domine comme il domine le Club des cordeliers (qui se réunit au café Procope), créé en avril 1790 dans l’ancien couvent des Cordeliers, avant de s’inscrire au Club des jacobins.
Car Danton, comme Mirabeau, est une « gueule », un personnage théâtral, figure « repoussante et atroce, avec un air de grande jovialité » selon Mme Roland qui le hait. Orateur d’instinct, ses harangues improvisées (il n'écrit jamais ses discours) enflamment ses auditeurs. Les contemporains disent que ses formes athlétiques effrayaient, que sa figure devenait féroce à la tribune. La voix aussi était terrible. « Cette voix de Stentor, dit Levasseur, retentissait au milieu de l'Assemblée, comme le canon d'alarme qui appelle les soldats sur la brèche. » Un autre témoin oculaire, Thibaudeau, le décrit aux Cordeliers :
« Je fus frappé de sa haute stature, de ses formes athlétiques, de l’irrégularité de ses traits labourés de petite vérole, de sa parole âpre, brusque, retentissante, de son geste dramatique, de la mobilité de sa physionomie, de son regard assuré et pénétrant, de l’énergie et de l’audace dont son attitude et tous ses mouvements étaient empreints… Il présidait la séance avec la décision, la prestesse et l’autorité d’un homme qui sent sa puissance[15]. »
L’historien Georges Lefebvre en trace le portrait suivant :
« Il était nonchalant et paresseux ; c’était un colosse débordant de vie, mais dont le souci profond et spontané était de jouir de l’existence, sans se mettre en peine de lui assigner une fin idéologique ou morale, en se tenant le plus près possible de la nature, sans souci du lendemain surtout. On le comprend encore mieux quand on le voit fier de sa force, de l’abus qu’il en faisait et de ses prouesses amoureuses ; si solide qu’il fût, il avait des moments de dépression qui aggravaient sa paresse, et dégénéraient en atonie. Et enfin, il me paraît vraiment qu’il fut « magnanime » comme le dit Royer-Collard. S’il ignorait les scrupules, il ne connaissait pas non plus la haine, la rancune, la soif de vengeance qui ont tant contribué à déformer la Terreur et à l’ensanglanter.
(…) Avec son goût très vif, mais sain, pour les plaisirs de la vie, le cœur sur la main, et la dépense facile, insouciant et indulgent, d’une verve intarissable et primesautière, qui n’épargnait pas les propos salés, Danton plaisait naturellement à beaucoup de gens. (…) Aimant l’existence, il était optimiste ; débordant de sève, il respirait ordinairement l’énergie ; ainsi devait-il s’imposer aisément comme un chef : c’était un entraineur d’hommes[16]. »
On sait aujourd'hui sans contestation possible[n 3] que Danton a touché de l’argent de la Cour selon le plan de corruption proposé à Louis XVI par Mirabeau, qui visait notamment les journalistes et les orateurs de club. On sait qu’avec cet argent il a remboursé les emprunts faits pour acquérir son office d’avocat et acheté des biens nationaux à Arcis-sur-Aube. Mais on ne sait rien de précis sur les services qu’il aurait pu rendre à ceux qui le payaient. « Ils sont imperceptibles » dit Mona Ozouf[17]. « Sur ce que la Cour obtint de lui, nous ne savons rien » écrit Georges Lefebvre[18].
Sa renommée grandit vite. Le district qu’il préside s’illustre dans la lutte contre Bailly, le maire de Paris, et contre La Fayette. Il s’insurge en janvier 90 pour soustraire Marat aux poursuites judiciaires. Si Danton ne participe pas directement aux grandes « journées » révolutionnaires — 14 juillet, 6 octobre, 20 juin, 10 août — il les arrange, les prépare. Le , il harangue les troupes cordelières. Début octobre, il rédige l’affiche des cordeliers qui appelle les Parisiens aux armes. Le dans l’après-midi, la veille de la fusillade du Champ-de-Mars, il va lire la pétition des jacobins au Champ-de-Mars sur l’autel de la patrie. Mais le 17, il est absent lorsque la Garde nationale commandée par La Fayette tire sur les pétitionnaires, faisant une cinquantaine de victimes. Une série de mesures répressives contre les chefs des sociétés populaires suit cette journée dramatique, l’obligeant à se réfugier à Arcis-sur-Aube, puis en Angleterre.
Après l'amnistie votée à l'Assemblée le , il revient à Paris. Il tente de se faire élire à l'Assemblée législative mais l'opposition des modérés à l'assemblée électorale de Paris l'en empêche. En , lors du renouvellement partiel de la municipalité, marqué par une forte abstention (la défaite de La Fayette à la mairie au poste de Bailly démissionnaire marque le déclin du parti « constitutionnel » qui a jusque-là dominé l'Hôtel de Ville), il est élu second substitut adjoint du procureur de la Commune Manuel.
Dans le débat sur la guerre qui commence entre jacobins, au début de et voit naître l'opposition entre Montagne et Gironde, il hésite sur la nécessité de la guerre, penchant plutôt du côté de Robespierre que de Brissot mais sans s'engager activement[19].
À la veille de la chute de la monarchie (journée du 10 août 1792), Danton est un des hommes en vue des clubs parisiens (cordeliers, jacobins).
Premier passage au gouvernement (août-septembre 1792) : ministre de la Justice
Danton est un des grands bénéficiaires de cette journée à laquelle il n’a pas participé personnellement. Il s’est targué au Tribunal révolutionnaire d’avoir « fait » le . Sa section, le Théâtre-Français, a joué un rôle actif dans l'insurrection mais on ne sait rien de précis sur le sien, les témoignages étant rares et contestés.
Face à la Commune insurrectionnelle qui s’appuie sur les sections insurgées et qui tient Paris, l’Assemblée législative n’a d’autres choix que de suspendre Louis XVI et de lui substituer un Conseil exécutif provisoire de six membres composé des anciens ministres girondins (Roland à l’Intérieur, Servan à la Guerre, Clavière aux Finances) avec Monge à la Marine et Lebrun aux Affaires étrangères. Les girondins, hostiles au Paris révolutionnaire, ont besoin d’un homme populaire et engagé avec les insurgés pour faire la liaison avec la Commune insurrectionnelle. Ils font nommer Danton au ministère de la Justice.
Condorcet, qui bien qu’adversaire malheureux de Danton aux élections de substitut et dans le débat sur la guerre, soutient sa candidature, explique son vote :
« Il fallait dans le ministère un homme qui eût la confiance de ce peuple dont les agitations venaient de renverser le trône (…) qui par son ascendant pût contenir les instruments très méprisables d’une révolution utile, glorieuse et nécessaire (…) qui par son talent pour la parole, par son esprit, par son caractère, n’avilît point le ministère. Danton seul avait ces qualités[20]. »
Et Condorcet ajoute cette considération significative :
« D’ailleurs Danton a cette qualité si précieuse que n’ont jamais les hommes ordinaires : il ne hait ou ne craint ni les lumières, ni les talents, ni la vertu. »
Danton s’installe place Vendôme, devenue place des Piques, et fait aussitôt entrer ses amis au ministère : Desmoulins est nommé secrétaire du Sceau, Fabre d'Églantine secrétaire général de la Justice (jusqu'alors un seul fonctionnaire occupait les deux postes), Robert chef des secrétaires particuliers.
Dans un climat de violence et de peur où s’opposent des autorités rivales, il va devenir, par sa personnalité et son autorité naturelle, le vrai chef du Conseil exécutif.
La Commune insurrectionnelle force l’Assemblée à faire emprisonner Louis XVI au Temple, à convoquer une Convention nationale élue au suffrage universel chargée d’élaborer une Constitution et met en place le dispositif de ce que l’on a appelé « la première Terreur » qui préfigure celle de 1793 : suppression des journaux d’opposition, perquisitions, visites domiciliaires, arrestations de prêtres réfractaires, des notables aristocrates, des anciens ministres feuillants, premier Tribunal révolutionnaire (qui ne fera guillotiner que trois « conspirateurs »). « Là où commence l’action des agents de la nation doit cesser la vengeance populaire » dit Danton.
Paris vit à l’heure des préparatifs militaires, de la patrie en danger, des volontaires. Le , on apprend la première insurrection vendéenne. À la fin du mois, les frontières sont franchies. Le duc de Brunswick avec une armée de 80 000 Austro-Prussiens s’avance vers Paris. Les soldats de la Révolution reculent.
Le , Roland, soutenu par Servan et Clavière, propose d’abandonner Paris et de se retirer au-delà de la Loire avec l’Assemblée et le roi. Seul des ministres, Danton s’y oppose avec tant d’indignation et de menaces que les autres y renoncent. Le même jour, devant l’Assemblée, il félicite la Commune pour les mesures déjà prises, puis fait décider l’envoi dans les départements de commissaires (c’est lui qui les choisira, presque tous parmi les membres de la Commune) qui procéderont aux levées de volontaires (30 000 hommes à Paris et dans les départements voisins) et à la réquisition des denrées nécessaires au ravitaillement des armées. Il fait enfin autoriser les visites domiciliaires de suspects, décidées par la Commune.
Le , Paris apprend que le duc de Brunswick a occupé Verdun, que ses troupes sont à deux jours de la capitale. Danton, en costume rouge, monte à la tribune de l’Assemblée et prononce son célèbre discours, salué par une ovation assourdissante :
« Il est bien satisfaisant, messieurs, pour les ministres d’un peuple libre, d’avoir à lui annoncer que la patrie va être sauvée. Tout s’émeut, tout s’ébranle, tout brûle de combattre ! (…) Le tocsin qu’on va sonner n’est point un signal d’alarme, c’est la charge sur les ennemis de la patrie. Pour les vaincre, il nous faut de l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace, et la France sera sauvée ! »
Grâce à lui, grâce aux décrets qu’il fait voter à l’Assemblée, une impulsion nouvelle sera donnée à la poursuite de la guerre. L’armée sent que le gouvernement, désormais, est résolu à lutter. Jusqu'à Valmy, c’est lui qui va incarner le mieux cette volonté de vaincre et cette passion de l’union révolutionnaire, mieux que la Commune et les girondins, obsédés par leur haine réciproque.
À Paris, du 2 au , dans un climat de panique et de peur lié à l’invasion du territoire et aux appels au meurtre des journaux de Marat et d’Hébert, des sans-culottes massacrent entre 1 100 et 1 400 personnes détenues dans les prisons. Les contemporains et certains historiens[21] ont attribué à Danton un rôle dans ces événements, mais rien ne prouve que les massacres aient été organisés par lui, ni par aucun autre. On sait seulement que, ministre de la Justice, il n’a rien fait pour les arrêter[22]. « L’attitude des autorités est, sur le moment, embarrassée » écrit François Furet[23] « Toutes se sentent débordées et intimidées. Ni la Commune, ni son Comité de surveillance, n’ont préparé les massacres : ils les ont laissé faire en cherchant à en limiter la portée. Ministre de la Justice, Danton s’est abstenu de toute intervention. L’opinion révolutionnaire a, dans son ensemble, non pas approuvé mais justifié l’événement. »
Le , pendant les massacres, le Comité de surveillance de la Commune où siège Marat lance des mandats d’arrestation contre Roland et Brissot. Cette fois Danton intervient et, s’opposant à Marat en une altercation caractéristique des deux hommes, fait révoquer les mandats ; de même, il réussit habilement à faire échapper Adrien Duport, Talleyrand et Charles de Lameth.
Le , Valmy sauve la France de l’invasion et donne le signal de la détente. Le même jour, la Convention se réunit, première assemblée élue au suffrage universel à deux degrés (mais seuls les militants révolutionnaires ont osé paraître aux assemblées primaires). À Paris, Robespierre est élu le premier, puis c’est le tour de Danton qui obtient le plus grand nombre de voix : 638 sur 700 présents. Ses amis, Camille Desmoulins, Legendre et Fabre d’Églantine sont élus avec lui. Il opte pour la députation, quittant le Conseil exécutif.
La Convention nationale
À la Convention , le , Danton propose de déclarer que la patrie n’est plus en danger. Il ne demande qu’à renoncer aux mesures extrêmes. Surtout, il mesure les risques que font courir à la Révolution les querelles fratricides entre républicains. Il prêche la conciliation et appelle plusieurs fois l'Assemblée à la « sainte harmonie ». « C'est en vain que l'on se plaignait à Danton de la faction girondine, écrira Robespierre, il soutenait qu'il n'y avait point là de faction et que tout était le résultat de la vanité et des animosités personnelles[24]. » Mais les attaques des girondins se concentrent sur lui, Marat et Robespierre — les « triumvirs » — accusés d’aspirer à la dictature. Danton défend Robespierre (« Tous ceux qui parlent de la faction Robespierre sont, à mes yeux, ou des hommes prévenus ou de mauvais citoyens ») mais se désolidarise de Marat (« Je n’aime pas l’individu Marat. Je dis avec franchise que j’ai fait l’expérience de son tempérament : il est volcanique, acariâtre et insociable. »). Les girondins l’attaquent sur sa gestion des fonds secrets du ministère de la Justice. Roland, ministre de l’Intérieur, donne scrupuleusement ses comptes. Danton en est incapable[n 4]. Harcelé par Brissot, il n’échappe que par la lassitude de la Convention et longtemps les girondins crieront « Et les comptes ? » pour l’interrompre à la tribune. Son influence est en baisse, au profit de Robespierre qui devient le vrai chef de la Montagne.
Peut-être écœuré par ces attaques et par l’échec de ses tentatives de conciliation, Danton se fait envoyer fin novembre par la Convention en Belgique avec trois autres commissaires, pour enquêter sur les besoins de l'armée du Nord. Le général Dumouriez se plaignait du directoire d’achats, mis en place par la Convention en remplacement de son fournisseur aux armées (et ami de Danton) l’abbé d’Espagnac, et accusait le directoire de laisser l’armée dans le dénuement[n 5] Il part le alors que débute le procès de Louis XVI.
Danton aurait souhaité sauver Louis XVI, en pensant peut-être que c’était une des conditions de la paix. Robespierre écrira en : « Il voulait qu’on se contentât de le bannir. La force de l’opinion détermina la sienne[26]. » Théodore de Lameth, venu de Londres pour tenter de sauver le roi, raconte dans ses Mémoires[27] que Danton lui a promis de l’aider : « Je ferai avec prudence mais hardiesse tout ce que je pourrai. Je m’exposerai si je vois une chance de succès, mais si je perds toute espérance, je vous le déclare, ne voulant pas faire tomber ma tête avec la sienne, je serai parmi ceux qui le condamneront[28]. » Ajoutant cependant sans illusion : « Peut-on sauver un roi mis en jugement ? Il est mort quand il paraît devant ses juges. » Pour sauver le roi, il faut des fonds. Talon, interrogé en 1803 par la police de Bonaparte, déclare avoir proposé, de la part de Danton, à William Pitt et au roi de Prusse « de faire sauver, par un décret de déportation, la totalité de la famille royale » et ajoute : « Il me fut démontré, n'ayant pu avoir aucune réponse, que les puissances étrangères se refusaient aux sacrifices pécuniaires demandés par Danton[29] ». On sait[30] cependant que le banquier Le Couteulx versa deux millions à Ocariz, qui représentait l’Espagne à Paris pour acheter des voix durant le procès du roi. Dans ses mémoires l'ancien montagnard René Choudieu admit mais sans donner de nom l'existence d'une telle corruption. Georges Lefebvre conclut « J’admets qu’on laisse en suspens la question de savoir si Danton entendait ou non garder pour lui une portion des millions qu’il demandait[31], mais qu’il les ait sollicités, je ne parviens pas à en douter. » De retour à Paris, les 16 et , « double jeu ou pas, il vota la mort »[32] et rejeta le sursis[n 6].
D’ordre économique, sa mission en Belgique déborde vite sur le terrain politique et militaire. La Belgique doit-elle s’ériger en république indépendante ou être réunie à la France ? Qui doit faire les frais de la guerre ? Si la République doit payer, dit Cambon, le « contrôleur général des finances de la Convention », il est impossible de continuer la guerre. Danton se décide pour l’annexion. Il prépare à Bruxelles, contre l’avis de Dumouriez soucieux de ménager les Belges, le célèbre décret sur l'administration révolutionnaire française des pays conquis. Ce décret qui, selon la formule de Georges Lefebvre, « entreprend, sous la protection des baïonnettes françaises, de rendre les peuples heureux sans les consulter, et à leurs frais », présenté à la Convention par Cambon le et adopté par acclamation, proclame la « souveraineté du peuple » dans les pays occupés, l’abolition de la noblesse et des privilèges, la confiscation des biens du clergé et de la noblesse pour servir de gage aux assignats émis et la création d’une administration provisoire. C'est aussi la période où il est décidé de réglementer la spéculation.
Le , Danton vient demander à la Convention la réunion de la Belgique. Il développe dans un fameux discours la théorie des frontières naturelles qui va orienter pendant deux décennies la politique de la France :
« Ses limites sont marquées par la nature. Nous les atteindrons toutes, des quatre coins de l’horizon : du côté du Rhin, du côté de l’océan, du côté des Alpes. Là doivent finir les bornes de notre République et nulle puissance ne pourra nous empêcher de les atteindre. »
Danton est renvoyé en Belgique avec Camus et Delacroix. Dans cette seconde mission, les commissaires (« presque occupés que de leurs plaisirs » dit leur collègue Merlin de Douai), vont faire appliquer le décret par la force. Aux contributions et réquisitions va s'ajouter le pillage individuel. Danton et Delacroix vont acquérir une réputation de violence et de débauche sinon de déprédation[n 7].
Sa femme meurt en son absence le peu après avoir mis au monde leur quatrième enfant, qui est mort-né. De retour en France le , désespéré, il fait exhumer le corps et mouler le buste par le sculpteur Deseine. Il reçoit une lettre de condoléance de Robespierre : « Si, dans les seuls malheurs qui puissent ébranler une âme comme la tienne, la certitude d’avoir un ami tendre et dévoué peut t’offrir quelque consolation, je te la présente. Je t’aime plus que jamais, et jusqu’à la mort. Dès ce moment, je suis toi-même. Embrasse ton ami[47]. » On ne le voit pas, du au , reparaître à la Convention. Il se remarie six mois plus tard le avec une jeune fille de 17 ans, Sébastienne-Louise Gély (1776-1856), fille d'un huissier audiencier au parlement de Paris. Il demandera sa démission du Comité de salut public le suivant.
Reparti en Belgique le à l’appel de Delacroix, il trouve une situation désastreuse. Alors que Dumouriez vient d'entrer en Hollande, les Autrichiens battent le général Miranda qui doit abandonner Liège. Les habitants se révoltent contre l’armée française. Le 7, les commissaires, réunis à Bruxelles, décident de « dépêcher à Paris Danton et Delacroix pour hâter les grandes mesures ».
Outre les revers militaires en Belgique la situation de la République est grave : soulèvements dans les campagnes après la décision le de lever 300 000 hommes, insurrection de la Vendée, difficultés économiques entraînant à Paris une vague d’agitation orchestrée par les « enragés » qui réclament le « maximum » des prix et des changements sociaux. Face à cette situation, il n’y a pas de direction homogène et efficace. Le gouvernement est tiraillé entre les généraux, les ministres du Conseil exécutif (qui depuis la Constituante ne peuvent être députés) et la Convention, toujours plus divisée entre girondins et montagnards et soumise à la pression des sans-culottes parisiens.
Le printemps 1793 fournit à Danton, qui a maintes fois proposé avec la Plaine, par la voix de Barère, un gouvernement d’union nationale, l’occasion de mettre son énergie et son éloquence au service de la Révolution. Les onze discours qu’il prononce du au 1er avril sont empreints d’une sorte de frénésie. Sitôt arrivé à Paris le , il monte à la tribune et dit :
« Nous avons fait plusieurs fois l’expérience que tel est le caractère français qu’il faut des dangers pour retrouver toute son énergie. Eh bien, ce moment est arrivé ! Oui, il faut le dire à la France entière ; si vous ne volez pas au secours de vos frères de la Belgique, si Dumouriez est enveloppé, si son armée était obligée de mettre bas les armes, qui peut calculer les malheurs incalculables d’un pareil évènement. La fortune publique anéantie, la mort de 600 000 français pourrait en être la suite. Citoyens, vous n’avez pas une minute à perdre ! »
Il fait voter l’envoi de commissaires dans les sections pour engager les citoyens à voler au secours de la Belgique et provoquer une nouvelle expression de patriotisme.
Le , il appelle avec succès à la libération des prisonniers pour dettes ; proposition transformée en loi d'interdiction absolue de ce type d'emprisonnements, sur l'initiative de Jeanbon Saint-André. Le 10, Danton prononce deux discours ; le matin, un appel à l’énergie et à l’union :
« Vos dissensions sont nuisibles. Vos discussions sont misérables. Battons l’ennemi et ensuite nous disputerons. Eh ! Que m’importe, pourvu que la France soit libre, que mon nom soit flétri ! J’ai consenti à passer pour un buveur de sang ! Buvons le sang des ennemis de l’humanité, mais enfin que l’Europe soit libre ! Remplissez vos destinées, point de passions, point de querelles, suivons la vague de la Liberté ! »
Le discours s’achève dans une ovation « universelle » dit le compte rendu. Le soir, les commissaires envoyés dans les sections évoquent la création d’un Tribunal révolutionnaire (celui institué le avait été supprimé le ), tribunal extraordinaire jugeant sans appel et dont les jugements sont applicables sous 24 heures. La majorité de l’Assemblée effarouchée est hésitante. Il est 6 heures. Pour en sortir, le président déclare la séance levée.
« Soudain Danton s’élance à la tribune en rugissant : « Je somme tous les bons citoyens de ne pas quitter leur poste ! » Les députés, éberlués, regagnent leur place.
Danton :
« Quoi, citoyens, au moment où, Miranda battu, Dumouriez enveloppé va être obligé de mettre bas les armes, vous pourriez vous séparer sans prendre les grandes mesures qu’exige le salut de la chose publique ? Je sais à quel point il est important de prendre des mesures qui punissent les contre-révolutionnaires… »
Une voix dans la salle : « Septembre ! »
« Le salut du peuple exige de grands moyens et des mesures terribles. Puisqu’on a osé dans cette assemblée rappeler les journées sanglantes sur lesquelles tout bon citoyen a gémi je dirai, moi, que si un tribunal révolutionnaire eût existé le peuple auquel on a si souvent, si cruellement reproché ces journées ne les aurait pas ensanglantées. Faisons ce que n’a pas fait l’Assemblée législative, soyons terribles pour éviter au peuple de l’être et organisons un tribunal non pas bien, c’est impossible, mais le moins mal qui se pourra, afin que le peuple sache que le glaive de la liberté pèse sur la tête de tous ses ennemis. Je demande que, séance tenante, le tribunal révolutionnaire soit organisé, et que le pouvoir exécutif reçoive les moyens d’action et d’énergie qui lui sont nécessaires. »
Une voix dans la salle : « Tu agis comme un roi ! »
Danton : « Et toi comme un lâche[48] ! » »
Après une intervention de Robespierre visant à empêcher qu'il ne puisse toucher les patriotes, la loi instituant le Tribunal révolutionnaire est votée. Devant ce tribunal, après la reine et les girondins, il comparaîtra lui-même un an après.
Le , la Convention reçoit une lettre menaçante de Dumouriez, la rendant responsable de ses défaites. Malgré l’indignation générale, Danton s’oppose à un décret d’accusation contre lui et se fait envoyer en Belgique pour le raisonner. Il le rejoint le 20 ; dans l’intervalle, Dumouriez s’est fait écraser à Neerwinden le 18. Danton n’obtient qu’un vague billet de soumission (« J’ai épuisé tous les moyens de ramener cet homme aux bons principes. » dira-t-il) ; il rentre à Paris, mais au lieu de venir rendre compte de sa mission, disparaît plusieurs jours. Parti de Bruxelles le 21, il ne réapparait au Comité de défense général que le 26, ce qui a intrigué contemporains et historiens. Lorsque la Convention apprend la défaite de Neerwinden et les tractations de Dumouriez avec les Autrichiens, elle renouvelle le , dans un élan d’union, son Comité de défense générale en y élisant des girondins, des hommes de la Plaine et des montagnards, Danton, Desmoulins, Dubois-Crancé et Robespierre. À la première séance, le 26, Danton, enfin réapparu, prend encore la défense de Dumouriez, reconnaît que le général a des torts, mais se porte garant de son désintéressement. Robespierre s’étonne de l’attitude de Danton et demande la destitution immédiate du général en chef. Les girondins font bloc avec Danton pour la faire refuser. Le lendemain 27, à la Convention, Robespierre fait de nouveau le procès de Dumouriez. C’est seulement le qu’elle se décide à envoyer des commissaires pour le citer à comparaître. Dumouriez les fait arrêter le 1er avril et les livre aux Autrichiens. Il tente ensuite d’entrainer son armée contre Paris mais se heurte à ses propres troupes et passe à l’ennemi accompagné de quelques généraux, dont Égalité fils (le duc de Chartres, futur Louis-Philippe, fils du duc d’Orléans, Philippe-Égalité, qui va être arrêté à Paris par les comités).
Jusqu'au dernier moment, Danton a cherché à établir l’union entre les républicains, contrairement à Robespierre et aux montagnards qui jugeaient l’union avec les girondins impossible (« Quoique assis au sommet de la Montagne, écrit le robespierriste Levasseur[49], il avait été jusque-là, sinon l’homme de la Droite, du moins en quelque sorte le chef du Marais. »). La trahison de Dumouriez va provoquer la rupture de Danton avec la Gironde. Le , à la Convention, les girondins l’accusent de complicité. Danton, soutenu par la Montagne (qui comprit, dit Levasseur, « que son impétueuse éloquence allait rompre toutes les digues ») répond en attaquant à son tour. Se tournant vers la Montagne, il s’écrie :
« Je dois commencer par vous rendre hommage, citoyens qui êtes placés à cette Montagne : vous avez mieux jugé que moi. J’ai cru longtemps que, quel que fût l’impétuosité de mon caractère, je devais tempérer les moyens que la nature m’a départis, je devais employer, dans les circonstances difficiles où m’a placé ma mission, la modération que m’ont paru commander les évènements. Vous m’accusiez de faiblesse ; vous aviez raison, je le reconnais devant la France entière… Eh bien ! je crois qu’il n’est plus de trêve entre la Montagne, entre les patriotes qui ont voulu la mort du tyran et les lâches qui, en voulant le sauver, nous ont calomniés dans toute la France. »
Au cours d’une séance dramatique, la Gironde et lui se renvoient l’accusation d’avoir trempé dans le complot monarchique du général en chef. Seul résultat immédiat de cette mêlée : les girondins font décréter que les députés suspects de complicité avec l’ennemi ne seront plus protégés par l’inviolabilité parlementaire. Le soir, aux jacobins, Robespierre prend la défense de Danton et demande la mise en accusation des girondins.
La Plaine ne songe pas à suivre Robespierre, mais les circonstances l’inclinent vers Danton. Le , la Convention crée enfin le Comité de salut public, réclamé par Danton et Robespierre dès le et y place des hommes qui ne sont pas trop impliqués dans le conflit entre Gironde et Montagne et qui souhaitent l’unité: sept députés de la Plaine, Barère en tête, la Montagne n’est représentée que par Danton et son ami Delacroix.
Second passage au gouvernement (avril-juillet 1793) : membre du Comité de salut public
Le Comité de salut public, chargé de surveiller et d’animer le Conseil exécutif des ministres devient très vite le véritable pouvoir exécutif de la Convention. Composé de neuf membres rééligibles tous les mois par la Convention, il se réunit au deuxième étage du pavillon de Flore, devenu le pavillon de l’Égalité et ses délibérations demeurent secrètes. Dominé par Danton, il va être réélu intégralement le et le (il s’agrandit à cette date de 4 adjoints, 3 robespierristes, Saint-Just, Couthon, Jean Bon Saint-André, et un ami de Danton, Hérault de Séchelles).
Danton, « le plus modéré des montagnards[53] », se refuse aux mesures révolutionnaires réclamées par les sections et les clubs parisiens (économie dirigée, levée en masse, loi des suspects) face à une situation extérieure et intérieure de plus en plus menaçante (invasion étrangère, contre-révolution intérieure). La Terreur ne sera mise à l’ordre du jour qu’après son départ. Chargé au Comité de salut public des Affaires étrangères, il rêve d’un compromis avec l’Europe et essaie de négocier en secret pour fissurer le bloc de la coalition, prêt à offrir la libération de la reine. Le , il détermine la Convention à désavouer la guerre de propagande et à déclarer qu’elle « ne s’immiscerait en aucune manière dans le gouvernement des autres puissances ». Mais ses tentatives n’aboutissent pas et se heurtent à une situation militaire défavorable. La Belgique et la rive gauche du Rhin reprises par les coalisés, la France ne disposait plus de monnaie d'échange. « Que pouvait offrir Danton ? se demande Georges Lefebvre[54] L’abandon des conquêtes de la République ? Les coalisés les avaient reprises et comptaient démembrer la France ; ils se moquaient des propositions dérisoires d’un régicide aux abois. Cette diplomatie, souvent louée depuis, supposait la victoire ou la capitulation déguisée en compromis. »
Cette politique de ménagements mécontente les sans-culottes exaspérés par la cherté des denrées de première nécessité ainsi que Robespierre et ses amis qui aspirent à le remplacer. « Tes formes robustes, dira Saint-Just dans son réquisitoire, semblaient déguiser la faiblesse de tes conseils (…) Tous tes exordes à la tribune commençaient comme le tonnerre et tu finissais par faire transiger la vérité et le mensonge. »
À la Convention, la lutte entre la Gironde et la Montagne s’exacerbe. Pour écraser les girondins, les montagnards vont s’allier aux sans-culottes, en acceptant certaines de leurs revendications sociales. Le , malgré Danton qui tente de s’y opposer (« N’entamez pas la Convention ! » s’écrie-t-il), les girondins font voter la mise en accusation de Marat, mais le jury du Tribunal révolutionnaire l’acquitte et il est ramené en triomphe par la foule à l’assemblée. Le , la Convention élit une commission de douze membres, tous girondins, pour enquêter sur les agissements de la Commune. Le 24, cette commission arrête Hébert et Varlet. Le 25, Isnard répond par des menaces[n 8] à une délégation de la Commune venue demander leur libération. Le 26, Robespierre lance aux jacobins un appel à une « insurrection » des députés « patriotes » contre leurs collègues accusés de trahisons. Danton tente de désamorcer la « journée » qui se prépare en faisant voter le 27 à minuit la cassation de la Commission des douze ; en vain car elle est rétablie le lendemain. Le 31 mai, la Convention est encerclée par les sans-culottes qui réclament l’arrestation des girondins et des mesures sociales. L’Assemblée se contente de supprimer de nouveau la Commission et renvoie les pétitions au Comité de salut public. Le lendemain 2 juin, une foule de 80 000 hommes armés de 150 canons investit la Convention. Après une tentative de sortie en cortège qui se heurte aux canons de Hanriot, l’Assemblée doit se résigner à décréter l’arrestation de 29 de ses membres. Danton a laissé faire. Les cordeliers l’accuseront d’avoir voulu modérer sinon empêcher l’action des sans-culottes.
Danton va essayer de ne pas achever d’anéantir la droite. Les députés girondins consignés chez eux sont gardés si mollement qu’une partie s’échappe. Encouragés par l’attitude du Comité de salut public, 73 députés signent une protestation contre le . Le 6, Barère et Danton proposent la suppression de tous les comités révolutionnaires de sections, la destitution d’Hanriot et l’envoi d’otages aux départements dont on avait arrêté les députés (preuve que Danton ne voulait pas la mort des girondins) mais Robespierre fait repousser ces mesures. Danton n’insiste pas.
Le , Danton se remarie. Il épouse Louise Gély, jeune fille qui s’occupe de ses enfants, amie de sa première femme. Elle est charmante, jeune (16 ans) et pieuse. Pour l’épouser, il consent se marier devant un prêtre insermenté échappé aux massacres de septembre. La dot de 40 000 livres apportée par la jeune fille est en réalité payée par lui et le régime est celui, rare à l’époque, de la séparation des biens.
Plus occupé par son bonheur privé que par les soucis d’État, il ne vient plus aux jacobins. Ses absences à la Convention sont remarquées. Il néglige même le Comité. Les clubs et la Commune l’accusent d’inertie. Le Vadier dénonce les « endormeurs » du Comité. Marat attaque le Comité « de la perte publique ». Même son ami Chabot lui reproche aux jacobins d’avoir « perdu son énergie ».
Danton semble las, usé par les défaites de l’été. Attaqué vivement le 8 à la Convention, il ne se défend pas. Le , lors du renouvellement du Comité de salut public, il demande à la Convention de l’écarter, par fatigue ou par calcul, ou les deux à la fois.
« Peut-être, écrit François Furet[55], fait-il un calcul politique qui va se révéler redoutable : puisque le pouvoir l’a compromis, que les autres se compromettent à leur tour et le laissent se refaire une virginité ! Le 10 juillet, à sa demande, la Convention l’écarte du Comité qu’elle renouvelle. Élu malgré lui le 5 septembre, il refuse encore sa participation au pouvoir. Jaurès a bien vu quel danger cette attitude faisait planer sur la majorité et sur lui-même : un ministrable puissant qui refuse le pouvoir risque d’être demain le pôle autour duquel se cristallisera l’opposition. »
Les robespierristes entrent au Comité. Robespierre lui-même s’y fait porter deux semaines plus tard. « Jamais substitution d’une équipe à l’autre ne se fit plus simplement » écrit Louis Madelin[56].
Le chef des « indulgents »
Le nouveau Comité de salut public à peine installé, les événements désastreux se multiplient pendant l’été 1793 : soulèvements dans les provinces après l’élimination des girondins (Lyon, Bordeaux, Marseille), victoire des vendéens à Vihiers (), aux frontières capitulation de Valenciennes () et Mayence, Toulon livrée aux Anglais (). La République « n’est plus, dit Barère le dans son discours sur la levée en masse, qu’une grande ville assiégée ». À Paris, où la crise économique s’accentue, les luttes pour le pouvoir entre les factions révolutionnaires s’exacerbent. Les revers militaires résultent surtout de la confusion et des désaccords sur le plan de la direction politique et du commandement militaire.
Danton, de retour aux jacobins dès le où il se fait applaudir, participe à ces luttes en essayant de déborder le Comité avec tous ceux que mécontente Robespierre et va faire pendant l’été de la surenchère révolutionnaire. Avec Delacroix, le , il va demander la dissolution de la Convention et l'application immédiate de la nouvelle Constitution de l'an I, ce que leur reprochera Robespierre en [57] ; votée le , sa mise en application fut repoussée par le reste de la Montagne pour la fin de la guerre. Le , il est élu président de la Convention. Mais les hébertistes, qui sont aussi candidats à la succession du pouvoir avec l’appui des sans-culottes, l’accusent de modérantisme : « Cet homme peut en imposer par de grands mots, cet homme sans cesse nous vante son patriotisme, mais nous ne serons jamais dupes… » dit Vincent aux cordeliers, le vieux club de Danton. Le , à la nouvelle que Toulon s’est livrée aux Anglais, les sans-culottes, soutenus par la Commune, préparent une nouvelle « journée ». Les jacobins s’y rallient pour canaliser le mouvement. Le 5, la Convention, cernée par les manifestants, met « la Terreur à l’ordre du jour ». La pression sans-culotte accélère les mesures révolutionnaires et fait entrer Billaud-Varennes et Collot d’Herbois au Comité, mais elle ne parvient pas à le remettre en cause. Désormais ce qu’on est convenu d’appeler le Grand Comité, dominé par Robespierre, va reprendre la situation en main et exercer une dictature de fait par une concentration des pouvoirs jusqu’en [50],[58],[59].
Le 5 et le , Danton prononce des discours révolutionnaires très applaudis à la Convention qui décrète « qu’il soit adjoint au Comité ». Après deux jours de réflexion, il refuse. « Je ne serai d’aucun Comité, s’écrie-t-il le 13 septembre, mais l’éperon de tous. »
Et puis, subitement, du au , il va disparaître. Le , le président communique à la Convention la lettre suivante :
« Délivré d’une maladie grave, j’ai besoin, pour abréger le temps de ma convalescence, d’aller respirer l’air natal ; je prie en conséquence la Convention de m’autoriser à me rendre à Arcis-sur-Aube. Il est inutile que je proteste que je reviendrai avec empressement à mon poste aussitôt que mes forces me permettront de prendre part à ses travaux. »
Garat raconte : « Il ne pouvait plus parler que de la campagne… Il avait besoin de fuir les hommes pour respirer[60] ». Telle attitude indique que la neurasthénie l’assaillait et déjà le terrassait, dit son biographe Louis Madelin. « J'ai trop servi. La vie m'est à charge. » dira-t-il à son procès.
En son absence, ses amis continuent leurs attaques à la Convention contre le Comité. Le 25 Thuriot met en cause sa politique économique et sociale. L’Assemblée applaudit et élit au Comité Briez, qui était en mission à Valenciennes lors de la capitulation. Robespierre doit menacer de quitter le Comité pour faire repousser la décision : « celui qui était à Valenciennes lorsque l’ennemi y est entré n’est pas fait pour être membre du Comité de salut public. Ce membre ne répondra jamais à la question : pourquoi n’êtes-vous pas mort ? » Il faut, exige-t-il, proclamer que vous conservez toute votre confiance au Comité. La Convention, se dressant alors en fait le serment. Fin octobre, vingt-deux girondins comparaissent devant le Tribunal révolutionnaire. « Je ne pourrai les sauver » dit Danton à Garat, les larmes dans les yeux. Le 1er novembre, ils sont guillotinés en chantant encore « la Marseillaise » au pied de l’échafaud. Suivent Mme Roland, Bailly, Barnave, Houchard, Biron, 177 condamnations à mort dans les trois derniers mois de 1793.
Danton rentre le pour venir au secours de ses amis, députés montagnards compromis dans l'affaire de la falsification du décret de suppression de la Compagnie des Indes (voir le détail dans l’article en question) : Chabot et Bazire, ont été arrêtés le par le Comité de salut public. Fabre d'Églantine, lié politiquement à Danton, reste libre bien que le Comité soit au courant de sa signature de complaisance. Car Robespierre a besoin de Danton et des modérés pour combattre la déchristianisation dans laquelle il voit une manœuvre politique de débordement par les hébertistes.
L'offensive des indulgents (décembre 1793-janvier 1794)
Pendant plus d’un mois, de décembre au milieu de janvier, il se forme comme un axe Robespierre-Danton sur la base d’une vigoureuse offensive contre la déchristianisation et les « ultra-révolutionnaires ». Les amis de Danton attaquent les leaders hébertistes avec l’approbation tacite de Robespierre. Camille Desmoulins lance un nouveau journal, Le Vieux Cordelier, dont les premiers numéros qui s’attaquent aux hébertistes et à tout le courant déchristianisateur, obtiennent un énorme succès. En même temps, on apprend les premières victoires révolutionnaires. Les menaces militaires s’atténuent sans disparaître : la première guerre de Vendée est gagnée, Lyon révoltée capitule en octobre, l’insurrection de Toulon est battue en décembre, l’armée repousse les coalisés sur les frontières.
Danton incarne alors un courant plus modéré que celui de la Montagne ; il pense qu’avec le redressement de la situation militaire, il convient de mettre fin à la Terreur et de faire la paix : « Je demande qu’on épargne le sang des hommes. », s’écrie-t-il le à la Convention.
Il semble qu’il ait espéré détacher Robespierre des membres du Comité liés aux hébertistes (Billaud-Varennes et Collot) et partager avec lui les responsabilités gouvernementales[61].
Le , Danton prononce un discours sur l'instruction publique à la Convention, dans lequel il déclare[62] :
- « Il est temps de rétablir ce grand principe qu'on semble méconnaître : que les enfants appartiennent à la République avant d'appartenir à leurs parents. Personne plus que moi ne respecte la nature. Mais l'intérêt social exige que là seulement doivent se réunir les affections. »
Le , Bourdon demande à la Convention le renouvellement du Comité de salut public dont les pouvoirs expirent le lendemain et Merlin de Thionville propose de le renouveler tous les mois par tiers. La majorité ne les suit pas. Le 15, le no 3 du Vieux Cordelier a un grand retentissement dans l’opinion.
Danton ne se borne plus à attaquer les hébertistes mais s'en prend au Gouvernement révolutionnaire lui-même. Le 17, Fabre, Bourdon et Philippeaux font décréter d’arrestation par la Convention deux chefs hébertistes Ronsin et Vincent, sans même en référer aux Comités. Le 20, des femmes viennent supplier la Convention de délivrer les patriotes injustement incarcérés et Robespierre fait nommer un « comité de clémence » chargé de réviser les arrestations. Le 24, le no 4 du Vieux Cordelier réclame pratiquement la libération des suspects.
Mais le revirement a eu lieu le . Collot d’Herbois, de retour de Lyon et se voyant directement menacé, défend ses amis Ronsin et Vincent aux jacobins et obtient que le club proteste contre leur arrestation. Billaud-Varennes fait révoquer par la Convention le comité de clémence. Robespierre met fin le aux espoirs d’alliance de Danton, en impliquant les deux factions adverses dans un même complot : « Le Gouvernement révolutionnaire doit voguer entre deux écueils, la faiblesse et la témérité, le modérantisme et l’excès ; le modérantisme qui est à la modération ce que l’impuissance est à la chasteté ; et l’excès qui ressemble à l’énergie comme l’hydropisie à la santé. » Le , le 5e numéro du Vieux Cordelier est attaqué aux jacobins. Robespierre affecte d’abord de traiter Camille en « bon enfant gâté qui a d’heureuses dispositions et qui est égaré par de mauvaises compagnies » ; mais celui-ci, l’entendant demander que son journal soit brûlé, riposte par une citation de Rousseau : « Brûler n’est pas répondre. » Robespierre éclate alors : « L’homme qui tient aussi fortement à des écrits perfides est peut-être plus qu’égaré. » Pour isoler Danton de Robespierre, Billaud et Collot font manœuvrer le Comité de sûreté générale qui « découvre » le faux décret de liquidation de la Compagnie des Indes signé par Fabre d’Églantine, dont le gouvernement connaît l’existence depuis un mois. Fabre est arrêté le . Le lendemain, Danton prend sa défense mais il est isolé. « Malheur à celui qui a siégé aux côtés de Fabre, s’écrie Billaud-Varenne, et qui est encore sa dupe. » C’est l’échec de l’offensive des indulgents[63].
La contre-offensive des hébertistes (février 1794)
Provisoirement, les divers courants de la Montagne tombent d'accord à la Convention pour voter le l’abolition de l'esclavage dans les colonies sur proposition de Levasseur, après un rapport des trois députés de Saint-Domingue arrivés à Paris[64]. Danton intervient presque seul avec son ami, Delacroix, dans un célèbre discours où il proclame : « Lançons la liberté dans les colonies », liant le fait de libérer les esclaves à la volonté de ruiner l’Angleterre (« c'est aujourd'hui que l'Anglais est mort »). Mais il se félicite également de l'entrée, la veille (), des deux nouveaux députés de couleur à la Convention, et place l'abolition sous le signe philosophique du « compas des principes » et du « flambeau de la raison »[65],[66],[67]. L’abolition sera fêtée au Temple de la Raison (Notre-Dame) par la Commune en présence de Chaumette, d'Hébert et des nouveaux députés de Saint-Domingue le . Trois ans plus tôt, le , dans l'affaire des hommes de couleur libres, Danton avait enclenché au Club des jacobins une politique d'expulsion des députés des colonies, défenseurs de l'aristocratie de la peau[68],[69]. Pendant qu'il était président de la Convention Nationale, l'assemblée vota, le , la suppression sur demande de l'abbé Grégoire soutenu alors par Jeanbon Saint-André des primes pour la traite des Noirs ; et ce le jour même où Robespierre entrait au Comité de Salut Public. Il s'agissait d'ailleurs de confirmer une première abrogation du versement de ces primes, votée l'année précédente, le 11 août 1792, par l'assemblée législative lorsque Danton était ministre de la justice au conseil exécutif provisoire.
Mais la crise des subsistances, aggravée par la loi du maximum général (taxation des denrées et des salaires) et la libération de Ronsin et de Vincent () vont marquer une reprise de l’agitation des sans-culottes : attroupements devant les boutiques, pillages, violences. Le Club des cordeliers, dirigé par Vincent, mène l’attaque. Le , Hébert dénonce la clique qui a inventé le mot « ultra-révolutionnaire » ; le 22, il réclame des solutions à la crise des subsistances. Hébert se veut le successeur de Marat. Les hébertistes veulent renforcer l'économie dirigée et radicaliser la terreur. Ils dirigent le mouvement sans-culotte et contrôlent le Club des cordeliers, le ministère de la Guerre dont le secrétaire général est Vincent et l’armée révolutionnaire parisienne, dont le chef est Ronsin. Autre appui : la Commune dont le maire Pache, le procureur Chaumette et le commandant de la Garde nationale Hanriot leur sont favorables.
Le Comité répond par les décrets de ventôse : nouveau maximum général (Barère), confiscation des biens des suspects au profit des patriotes indigents (Saint-Just). Mais, le , Ronsin parle d’insurrection. Le 4, Hébert affirme que Robespierre est d’accord avec les indulgents ; les cordeliers voilent, en signe de deuil, la Déclaration des droits de l’homme affichée derrière le président dans la salle des débats. Carrier réclame une « sainte insurrection » ; Hébert s’y rallie. Mais, mal préparée, non suivie par la Commune, elle échoue.
La « liquidation des factions » (mars-avril 1794)
Isolés, les dirigeants cordeliers sont arrêtés dans la nuit du 13 au . Le procès se tient du 21 au . La technique de l’amalgame permet de mêler à Hébert, Ronsin, Vincent et Momoro, des réfugiés étrangers Cloots, Proli, Pereira, afin de les présenter comme des complices du « complot de l’étranger ». Tous sont exécutés le sans que les sans-culottes bougent.
Le lendemain de l’arrestation des hébertistes, Danton et ses amis, qui ont gardé le silence pendant ces événements, reprennent l’offensive. Le numéro 7 du Vieux Cordelier, qui ne paraîtra pas, réclame le renouvellement du Comité et une paix aussi rapide que possible, en même temps qu'il attaque pour la première fois Robespierre, accusé par Camille Desmoulins de tenir le langage belliciste de Brissot, justement combattu autrefois.
Mais Robespierre est décidé à frapper les chefs des indulgents. « Toutes les factions doivent périr du même coup » dit-il à la Convention le .
Il semble néanmoins qu'il ait hésité à mettre Danton sur la liste, et à le condamner à mort, en considération du passé commun et des services rendus à la République. Il a accepté de le rencontrer. On ne sait pas ce qui s’est dit entre les deux hommes, mais on sait que Robespierre est sorti de l’entretien avec une froideur que tous les témoins ont notée. D’après les confidences de Barère, Robespierre aurait voulu sauver Camille, son ancien camarade de collège, celui qui l’avait choisi comme témoin de son mariage. Mais les pressions de Collot d’Herbois, Billaud-Varennes, Barère et surtout Saint-Just ont emporté la décision.
Danton n'écoute pas ceux qui lui conseillent de fuir : « On n'emporte pas sa patrie sous la semelle de ses souliers. »
Le , le Comité ordonne son arrestation et celle de Delacroix, Camille Desmoulins et Philippeaux. Saint-Just est chargé du rapport d'accusation devant la Convention, document qu'il rédigera à partir des notes de Robespierre[n 10]. Soutenu par ce dernier, il veut que les accusés soient présents à la lecture du rapport et qu’on les arrête en fin de séance. La majorité du Comité de salut public s'y oppose, par crainte d’un débat dangereux. « Si nous ne le faisons pas guillotiner, nous le serons. » De rage, Saint-Just aurait jeté son chapeau au feu[71],[72].
Le lendemain, à la Convention consternée, Legendre demande que les accusés puissent venir se défendre. Une partie de l’Assemblée est prête à le suivre mais Robespierre intervient : « Legendre a parlé de Danton, parce qu’il croit sans doute qu’à ce nom est attaché un privilège. Non, nous ne voulons point de privilèges ! Nous ne voulons pas d’idoles ! Nous verrons dans ce jour si la Convention saura briser une prétendue idole, pourrie depuis longtemps, ou si dans sa chute elle écrasera la Convention et le peuple français ! » Et fixant Legendre : « Quiconque tremble est coupable. » Après son intervention et celle de Barère, Saint-Just présente son rapport. Comme pour les hébertistes, on associe aux accusés politiques, les prévaricateurs (Fabre, Chabot, Basire, Delauney) et des affairistes comme l’abbé d’Espagnac, les banquiers autrichiens Frey et le financier espagnol Guzman, étrangers de surcroit pour rattacher les accusés à la « conspiration de l’étranger ».
Le procès, ouvert le , est un procès politique, jugé d’avance. Au bout de deux séances, l’accusateur Fouquier-Tinville et le président Herman doivent réclamer l’aide du Comité : « Un orage horrible gronde… Les accusés en appellent au peuple entier… Malgré la fermeté du tribunal, il est instant que vous vouliez bien nous indiquer notre règle de conduite, et le seul moyen serait un décret, à ce que nous prévoyons[73]. »
Un projet de complot en vue d’arracher les accusés de leur prison (Lucile Desmoulins aurait proposé de l’argent « pour assassiner les patriotes et le Tribunal ») permet à Saint-Just de faire voter par la Convention un décret mettant les accusés hors des débats. La défense de Danton est étranglée, comme avait été étouffée celle des girondins. Le procès-verbal du Tribunal révolutionnaire a été très « arrangé » et son grand discours purement et simplement supprimé. Certaines de ses réponses ont été conservées : « Moi vendu ! Moi ! Un homme de ma trempe est impayable ! », interrogé sur ses nom, prénoms, domicile : « Bientôt dans le néant, et mon nom au Panthéon. »
Danton est guillotiné le à l'âge de trente-quatre ans. Passant en charrette devant la maison de Robespierre (guillotiné le ), il s'écrie : « Robespierre, tu me suis ! Ta maison sera rasée ! On y sèmera du sel ! »
Il existe un récit de son exécution par Arnault :
« L’exécution commençait quand, après avoir traversé les Tuileries, j’arrivai à la grille qui ouvre sur la place Louis XV. De là, je vis les condamnés, non pas monter mais paraître tour à tour sur le fatal théâtre, pour disparaître aussitôt par l’effet du mouvement que leur imprimait la planche ou le lit sur lequel allait commencer pour eux l’éternel repos (…) Danton parut le dernier sur ce théâtre, inondé du sang de tous ses amis. Le jour tombait. Je vis se dresser ce tribun, à demi éclairé par le soleil mourant. Rien de plus audacieux comme la contenance de l’athlète de la Révolution ; rien de plus formidable comme l’attitude de ce profil qui défiait la hache, comme l’expression de cette tête qui, prête à tomber, paraissait encore dicter des lois. Effroyable pantomime ! Le temps ne saurait l’effacer de ma mémoire. J’y trouve toute l’expression du sentiment qui inspirait à Danton ses dernières paroles, paroles terribles que je ne pus entendre, mais qu’on répétait en frémissant d’horreur et d’admiration : « N’oublie pas surtout, n’oublie pas de montrer ma tête au peuple : elle en vaut la peine. »[74]. »
L’acte de décès est dressé le 7 floréal an II () par l'état civil de Paris[75]. Il est inhumé au cimetière des Errancis.
Le , une dernière « fournée » envoie à la guillotine Lucile Desmoulins, la femme de Camille, Chaumette et la veuve d’Hébert.
Ayant obligé la Convention à livrer Danton, le Comité se croyait sûr de sa majorité. « Il se trompait », écrit Georges Lefebvre, « elle ne lui pardonnait pas ces sacrifices. Tant de places vides répandaient une terreur secrète qui, aisément, tournerait en rébellion, car c’était sa position de médiateur entre l’assemblée et les sans-culottes qui avaient fait la force du Comité; en rompant avec ces derniers, il libérait l’assemblée et, pour achever de se perdre, il ne lui restait plus qu’à se diviser[76]. »
Historiographie
Au XIXe siècle, la tradition républicaine a vite réhabilité Danton. Michelet, qui va se consacrer pendant dix ans aux sept volumes de son histoire de la Révolution française, parus entre 1847 et 1853, fait de Danton l'incarnation de la Révolution, « le vrai génie pratique, la force et la substance qui la caractérise fondamentalement ». Son génie ? « L’action, comme dit un ancien. Quoi encore ? L’action. Et l’action comme troisième élément[78]. » Edgar Quinet, dans sa Révolution de 1865 voit dans le triple appel de Danton à l’audace « la devise de tout un peuple ». Pour Auguste Comte et les positivistes, la philosophie encyclopédiste a produit au moins deux héros : « l’un théorique – c’est Condorcet, l’autre pratique – c’est Danton. »
Le véritable promoteur du culte de Danton est le docteur Robinet, un disciple d'Auguste Comte, qui consacre 25 ans de sa vie à militer pour Danton. Son premier livre Danton. Mémoire sur sa vie privée date de 1865 ; son dernier, Danton, homme d’État, de 1889.
Les républicains fondateurs de la IIIe République, qui veulent une incarnation républicaine de la Révolution (ce qui exclut Mirabeau) non compromise dans la Terreur (ce qui exclut Robespierre), font de Danton le héros par excellence de la Révolution française. Danton a alors des voies publiques ou des établissements scolaires portant son nom, des statues et un cuirassé. Son nom est évoqué dans de nombreuses cérémonies officielles.
Le début du XXe siècle va être marqué par une célèbre polémique entre deux grands historiens universitaires de gauche, Aulard et Mathiez (le premier est radical, le second socialiste) au sujet de Danton et Robespierre[79]. Alphonse Aulard, le premier à occuper la chaire d’histoire de la Révolution française à la Sorbonne, créée en 1886, est un admirateur de Danton qui incarne pour lui la synthèse de la Révolution française, et en qui il voit un précurseur de Gambetta, « Danton était avant tout un homme d'État… C'est aussi et surtout un esprit français. Il y a de la gaieté, de la verve, un bon sens endiablé et une bonhomie fine dans le discours »[80]. La réaction a lieu en 1908 avec Albert Mathiez, ancien collaborateur d’Aulard qui a été son directeur de thèse. C’est lui qui va établir de façon quasi irréfutable, en épluchant minutieusement ses comptes et en faisant un inventaire systématique de ses amis douteux, la corruption de Danton. Il fonde sa propre revue destinée à exalter l’œuvre de Robespierre et va reprendre, en l’étayant de documents, le réquisitoire de Robespierre et de Saint-Just contre Danton. Pour lui et pendant longtemps pour les historiens de la Société des études robespierristes qui se réclament de lui, Danton est un vendu et un débauché qui a mené une politique de double-jeu, Mathiez résumant sa pensée en écrivant « Danton était un démagogue affamé de jouissances, qui s'était vendu à tous ceux qui avaient bien voulu l'acheter, à la Cour comme aux Lameth, aux fournisseurs comme aux contre-révolutionnaires, un mauvais Français qui doutait de la victoire et préparait dans l'ombre une paix honteuse avec l'ennemi, un révolutionnaire hypocrite qui était devenu le suprême espoir du parti royaliste »[81].
En 1932, Louis Barthou, homme politique de la IIIe République, conteste dans son Danton les arguments de Mathiez et refait l'apologie du grand révolutionnaire au service de la patrie.
Georges Lefebvre, qui occupe à son tour en 1937 la chaire d’histoire de la Révolution à la Sorbonne et sera jusqu’à sa mort en 1959 le spécialiste incontesté du domaine, adopte en 1934 une position moins partisane et plus équilibrée : admettant la vénalité, il n’en tire pas toutes les conséquences qu’en déduit Mathiez sur la politique de Danton.
La position de Lefebvre a été adoptée par les historiens contemporains François Furet et Mona Ozouf, qui s’intéressèrent surtout aux contradictions et à la complexité du personnage. François Furet reconnaît que les documents mis au jour par Mathiez permettent d'établir, ou au moins de rendre très vraisemblable, la corruption de Danton. Mais il lui reproche de tirer de ces preuves plus qu'elles ne peuvent offrir et de mélanger politique révolutionnaire et vertu privée : Danton n'est ni chaste, ni vertueux, ni convaincu comme l'est Robespierre, le héros de Mathiez[82]. Pour François Furet, Danton est « un homme politique opportuniste, intermittent, peu délicat sur les moyens, en même temps qu'un orateur un peu génial dans l'improvisation, et un vrai tempérament politique dans les grandes occasions : la Patrie en danger, la levée en masse, le Salut public, son procès enfin[83] ».
Gérard Walter écrit dans son introduction au procès de Danton (Actes du Tribunal révolutionnaire, Mercure de France, 1986) :
« Que demandons-nous à Danton ? Est-ce de savoir combien d’argent il a gagné au cours de sa carrière politique, et comment ? Ou quels sont les services qu’il a rendus à la Révolution ? Si l’on entend le juger sous ce dernier rapport, ce n’est pas le bilan de sa fortune qu’il y a lieu de dresser, mais celui de ses actes. Si celui-ci, en fin de compte, est en mesure d’établir que l’activité de Danton a contribué effectivement au triomphe de la Révolution, peu importe s’il a reçu de la Cour ou d'ailleurs, 30 000 livres, ou 300 000, ou même 3 millions. Par contre, s’il avait été démontré qu’il n’eût jamais touché un sol de personne, mais qu’il ne fut pas le sauveur de la France révolutionnaire à l’époque où les Allemands et les émigrés marchaient sur Paris, on aurait bien le devoir de le proclamer « grand honnête homme », mais aussi celui de le rayer définitivement du nombre des grands révolutionnaires. »
En octobre 1917 sans se poser de questions Lénine choisit l'option révolutionaire. S'appuyant sur un écrit de Karl Marx publié en 1907 la révolution et la contre révolution en Allemagne, afin en octobre 1917 de galvaniser ses camarades de combat pour les entraîner à la fameuse insurrection d'octobre-novembre, dans deux publications Lénine fait explicitement référence au Danton du 2 septembre 1792 :
"Il faut contraindre l'ennemi à la retraite avant qu'il ait pu rassembler des troupes contre vous ; bref agissez suivant les paroles de Danton, le plus grand maître jusqu'à ce jour de la tactique révolutionnaire : de l'audace, encore de l'audace, toujours de l'audace[84].
Il le répète la semaine suivante en termes proches :
"Marx résumait le bilan des leçons de toutes les révolutions, en ce qui concerne l'insurrection armée, par les paroles du plus grand maître de la tactique révolutionnaire de l'histoire, Danton : de l'audace, encore de l'audace, toujours de l'audace." [85].
Le 5 décembre 1919, Lénine instrumentalise le grand "historien bourgeois", Alphonse Aulard, de la révolution française - également bourgeoise selon Lénine- qui dans une lettre publiée dans l'Humanité du 26 octobre 1919 comparait les mensonges portés contre Danton et Robespierre à ceux portés contre les Bolcheviks :
« Ce même historien Aulard qui a adressé une lettre à l'Humanité écrit, "J'ai appris l'histoire et je l'ai enseignée. Quand je lis que parmi les Bolcheviks il n'y a que des monstres, des croquemitaines, des épouvantails, je dis : on a dit la même chose de Robespierre et de Danton. Ce faisant, dit-il, je ne compare nullement avec ces grands hommes, les Russes d'aujourd'hui, absolument pas. Ils n'offrent pas la moindre ressemblance avec eux. Mais je dis en tant qu' historien il n'est pas possible de croire tous les bruits."
"Lorsqu'un historien bourgeois se met à parler de la sorte nous voyons que les mensonges qu'on répand sur notre compte commencent à se dissiper. Nous disons : la terreur nous a été imposée[86].»
Représentations
Cinéma et télévision
- 1913 : Danton d’Henri Pouctal.
- 1921 :
- Les Deux Orphelines, film réalisé par D. W. Griffith avec Monte Blue dans le rôle de Danton.
- Danton, film réalisé par Dimitri Buchowetzki. Rôle joué par Emil Jannings.
- 1923 : Scaramouche, film réalisé par Rex Ingram avec George Siegmann dans le rôle de Danton.
- 1927 : Napoléon, film réalisé par Abel Gance. Rôle joué par Alexandre Koubitzky.
- 1930 : Captain of the Guard, film réalisé par John S. Robertson and Pál Fejös avec Richard Cramer dans le rôle de Danton.
- 1931 : Danton, film réalisé par Hans Behrendt, avec Fritz Kortner dans le rôle de Danton.
- 1932 : Danton, film réalisé par André Roubaud avec Jacques Grétillat dans le rôle de Danton.
- 1959 : Danton’s Death de Michael Elliott avec Patrick Wymark.
- 1963 : Dantons Tod de Fritz Umgelter avec Wolfgang Reichmann.
- 1964 : « La Terreur et la Vertu » - 1re partie de Danton réalisé par Stellio Lorenzi, rôle interprété par Jacques Ferrière.
- 1970 :
- La mort de Danton de Claude Barma avec Georges Wilson.
- Danton de John Howard Davies avec Anthony Hopkins.
- 1972 : La morte di Danton de Mario Missiroli avec Gastone Moschin.
- 1974 : Dantons Tod de Fritz Bornemann avec Friedo Solter.
- 1978 : Danton’s death d’Alan Clarke avec Norman Rodway.
- 1981 : Dantons Tod de Rudolf Noelte avec Götz George.
- 1983 : Danton, film réalisé par Andrzej Wajda. Rôle joué par Gérard Depardieu.
- 1989 :
- La Révolution française (1989), film réalisé par Robert Enrico et Richard T. Heffron. Rôle joué par Klaus Maria Brandauer.
- Les Nuits révolutionnaires (1989), mini-série réalisée par Charles Brabant. Rôle joué par Bernard Fresson.
- 1990 : La mort de Danton de Klaus Grünber et Guy Seligmann avec André Marcon.
- 1994 : Hope in the Year Two de Bill Bryden avec Jack Shepherd.
- 2013 : Une femme dans la Révolution, réalisé par Jean-Daniel Verhaeghe. Rôle joué par Grégory Gadebois.
- 2014 : Émission Secrets d'histoire intitulée Danton, aux armes citoyens !, documentaire réalisé par David Jankowski et David Perrier.
Théâtre
- La Mort de Danton : pièce de théâtre de Georg Büchner (1835).
- Danton : drame historique et philosophique de Romain Rolland (1899).
- Danton et Robespierre suivi de La Liberté ou la mort (1988) deux spectacles de Robert Hossein coécrits avec Alain Decaux, (avec Bernard Fresson dans le rôle de Danton, Jean Négroni dans le rôle de Maximilien de Robespierre).
- La Mort du Révolutionnaire : pièce de théâtre de Patrick Lacombe (2006).
- 1789 : Les Amants de la Bastille : spectacle musical de Dove Attia et Albert Cohen, avec David Bàn dans le rôle de Danton (2012).
Bande Dessinée
- Olympe de Gouges de José-Louis Bocquet et Catel Muller : Il y fait une apparition en sa qualité de Président de la Convention du au . Début août il reçoit par l'intermédiaire de Cubières une lettre d'Olympe de Gouges, détenue depuis le , et avec laquelle il converge sur l'abolition de l'esclavage colonial. Pour la faire libérer, il décide sur conseil de Cubières de rendre publique l'arrestation.
Statuaire
- Des statues de Danton sont visibles dans plusieurs villes de France, par exemple Arcis-sur-Aube, Paris et Tarbes.
Littérature
- Alexandre Dumas, Ingénue, 1853.
- Alexandre Dumas, Création et rédemption (« Le docteur mystérieux », « La fille du marquis »), 1872.
- Victor Hugo, Quatrevingt-treize, 1874.
Voir aussi
Articles connexes
Sources primaires
- Albert Mathiez, « Mélanges et documents. Rapport d'un observateur sur le procès des Dantonistes », Annales révolutionnaires, t. 3, no 2, , p. 239-242 (JSTOR 41920245).
- Albert Mathiez, « Une lettre de Dumouriez à Danton », Annales révolutionnaires, t. 10, no 4, , p. 549-554 (JSTOR 41921073).
- « Lettres inédites de Danton (août-septembre 1792) », Revue historique de la Révolution française et de l'Empire, t. 3, , p. 177-187 (lire en ligne).
- Discours de Danton, édition critique par André Fribourg, Paris, Société de l'Histoire de la Révolution française, Edouard Cornely & Cie, 1910.
- Discours civiques de Danton, Paris, Libro Vérita, 2007.
- François-Alphonse Aulard (éd.), La Société des Jacobins : recueil de documents pour l'histoire du club des Jacobins de Paris, t. Ier : 1789-1790, Paris, Librairie Jouaust / Librairie Noblet / Maison Quantin, , CXXVI-494 p. (lire en ligne).
- François-Alphonse Aulard (éd.), La Société des Jacobins : recueil de documents pour l'histoire du club des Jacobins de Paris, t. II : janvier à juillet 1791, Paris, Librairie Jouaust / Librairie Noblet / Maison Quantin, , VII-634 p. (lire en ligne).
- François-Alphonse Aulard (éd.), La Société des Jacobins : recueil de documents pour l'histoire du club des Jacobins de Paris, t. III : juillet 1791 à juin 1792, Paris, Librairie Jouaust / Librairie Noblet / Maison Quantin, , 713 p. (lire en ligne).
- François-Alphonse Aulard (éd.), La Société des Jacobins : recueil de documents pour l'histoire du club des Jacobins de Paris, t. IV : juin 1792 à janvier 1793, Paris, Librairie Jouaust / Librairie Noblet / Maison Quantin, , III-709 p. (lire en ligne).
- François-Alphonse Aulard (éd.), La Société des Jacobins : recueil de documents pour l'histoire du club des Jacobins de Paris, t. V : janvier 1793 à mars 1794, Paris, Librairie Léopold Cerf / Librairie Noblet / Maison Quantin, , I-711 p. (lire en ligne).
- François-Alphonse Aulard (éd.), La Société des Jacobins : recueil de documents pour l'histoire du club des Jacobins de Paris, t. VI : mars à novembre 1794, Paris, Librairie Léopold Cerf / Librairie Noblet / Maison Quantin, , 805 p. (lire en ligne).
Bibliographie
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- Jean-François Robinet, Danton homme d'État, Paris, 1889.
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- Alphonse Aulard, La Diplomatie au premier Comité de salut public, Études et leçons, III.
- Pierre-René Choudieu, Mémoires et notes, Paris, 1897.
- Albert Mathiez, « L'inventaire après décès des biens de Danton dans l'Aube », Annales révolutionnaires, t. 5, no 2, , p. 237-249 (JSTOR 41921775).
- Albert Mathiez, « La vente après décès des biens de Danton dans l'Aube », Annales révolutionnaires, t. 5, no 3, , p. 374-383 (JSTOR 41920512).
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- Albert Mathiez, « Danton dans les mémoires de Théodore de Lameth », Annales révolutionnaires, t. 6, no 1, , p. 1-34 (JSTOR 41921958).
- Albert Mathiez, « Les comptes de Danton », Annales révolutionnaires, t. 6, no 3, , p. 345-360 (JSTOR 41920643).
- Albert Mathiez, « Encore les comptes de Danton », Annales révolutionnaires, t. 6, no 4, , p. 473-475 (JSTOR 41920670).
- Albert Mathiez, « Danton et l'or anglais », Annales révolutionnaires, t. 8, no 2, , p. 167-172 (JSTOR 41920860).
- Albert Mathiez, « Un rapport dantoniste sur la conspiration de l'étranger », Annales révolutionnaires, t. 8, no 2, , p. 250-268 (JSTOR 41920864).
- Albert Mathiez, « Danton, Talon, Pitt et la mort de Louis XVI », Annales révolutionnaires, t. 8, no 3, , p. 367-376 (JSTOR 41920884).
- Albert Mathiez, « Sur les portraits de Danton et de sa famille », Annales révolutionnaires, t. 9, no 4, , p. 533-537 (JSTOR 41921003).
- Albert Mathiez, « Les notes de Robespierre contre les Dantonistes : (essai d'édition critique) », Annales révolutionnaires, t. 10, no 4, , p. 433-468 (JSTOR 41921068).
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- Claudine Wolikow, « Danton », dans Albert Soboul, Jean-René Suratteau et François Gendron (dir.), Dictionnaire historique de la Révolution française, Paris, Presses universitaires de France, , XLVII-1132 p. (ISBN 2-13-042522-4), p. 321-322.
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- Martine Lecoq, Danton, Van Dieren, 2016.
- Michel Biard (dir.) et Hervé Leuwers (dir.), Danton : le mythe et l'histoire, Paris, Armand Colin, , 231 p. (ISBN 978-2-200-61413-3, présentation en ligne), [présentation en ligne].
- Serge Bianchi, Danton : histoire, mythes et légendes, Paris, Ellipses, coll. « Biographies et mythes historiques », , 376 p. (ISBN 978-2-340-05818-7).
- Loris Chavanette, Danton et Robespierre : le choc de la Révolution, Paris, Passés Composés, , 480 p. (ISBN 978-2-37933-024-7).
- Marc Bouloiseau, Le Comité de salut public (1793-1795), Paris, Presses universitaires de France, coll. « Que sais-je ? » (no 1014), , 3e éd. (1re éd. 1962), 126 p. (ISBN 2-13-036319-9).
Liens externes
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Notes et références
Notes
- L'apposition de scellés chez Danton le par le juge Thuilier, après le décès de l'épouse de Danton, donne de nombreux détails sur la configuration du logement dans « une maison sise à Paris, rue des Cordeliers, cour du Commerce[9]. ».
- En 1789, Paris compte 16 quartiers divisés le plus souvent en 4 districts et représentant au total 60 districts. Le décret du 21 mai 1790 remplace les 60 districts par 48 sections. Il s'agit de circonscriptions électorales. Les électeurs actifs (77 500 électeurs actifs sur 650 000 habitants environ) s’y réunissent en assemblée avec un président et un bureau. Avec l’avancement de la Révolution, les assemblées siègeront en permanence et rassembleront tous les électeurs, les modérés étant cependant le plus souvent écartés.
- La vénalité de Danton, mise à jour par les travaux d'Albert Mathiez, est admise par presque presque tous les historiens modernes de la Révolution française, de Georges Lefebvre à François Furet, en passant par Albert Soboul et Mona Ozouf.
- On ne saura jamais si Danton a employé une partie des fonds secrets du ministère à des dépenses personnelles. Il n’y a aucune preuve. Danton prétendit en avoir justifié devant ses collègues en l’absence de Roland, et ceux-ci finirent par attester qu’il disait vrai. Mais on les soupçonna de complaisance et Danton lui-même a reconnu devant l’Assemblée que sa comptabilité n’avait pas été rigoureuse[16].
- « Il faut, écrit-il au ministre de la guerre Pache le , que je sois maître de mes moyens, je n'ai ni pain, ni argent ni fourrages… Si cet état de chose n'est pas changé, je donne ma démission dans huit jours[25]. ».
- Le , Danton, le tout premier, demande la publication intégrale du rapport Valazé (premier acte énonciatif des crimes de Louis Capet) qui venait d'être lu, en même temps qu'il rejette l'inviolabilité de Louis XVI et appelle à la condamnation en cas de reconnaissance de sa culpabilité. Le , il exprime le souhait d'un rapport sur le décret du 13, présenté par Pétion sur le thème « Louis est-il jugeable ? » en précisant la nécessité de se prononcer sur l'inviolabilité, le mode de jugement et la peine. Dans cette logique, le , avant de partir en mission, il appelle à l'accélération des procédures de jugement, afin d'obtenir au plus vite la condamnation à mort de Louis Capet.
Il aurait même dit en privé : « il ne faut pas juger le roi mais simplement le tuer[33] ». De ce fait, en , il avait la confiance pleine et entière des régicides ou pro-régicides qu'on n'a jamais dans cette affaire soupçonnés de corruption : de René Choudieu à l'abbé Grégoire et Hérault de Séchelles[34]. Si on s'en tient aux faits, par ses propres votes, il a ignoré les menaces de révélations de cette corruption politique par Bertrand dans une lettre du , qu'il a découverte à son retour de mission, c'est-à-dire au moment de choisir[35]. Les tentatives vénales de sauvetage du roi ont existé mais en réalité, selon René Choudieu, elles concernaient majoritairement ceux qui n'avaient pas voté la mort du roi ou dans quelques cas contraires, qui avaient assorti la peine capitale de l'appel au peuple et du sursis. Ce qui n'était évidemment pas le cas de Danton ; ni d'ailleurs des dantonistes montrés du doigt dans cette affaire (Lacroix, Chabot, Bazire, Fabre d'Églantine, Robert, Thuriot)[36].
Le , alors que des girondins tels que Lanjuinais et Lehardy désireux de sauver le roi réclamaient le vote de la mort à une majorité des 2/3, Danton fit front avec plusieurs montagnards et réclama avec succès le vote de la mort à la majorité simple[37],[38],[39].
« … Je demande si vous n'avez pas voté à la majorité absolue seulement la république, la guerre ; et je demande si le sang qui coule au milieu des combats ne coule pas définitivement ? Les complices de Louis n'ont-ils pas subi immédiatement la peine, sans aucun recours au peuple, et en vertu de l'arrêt d'un tribunal extraordinaire ? Celui qui a été l'âme de ces complots mérite-t-il une exception[40] ? »…
Toujours le , à propos d'une discussion futile sur une pièce de théâtre, il s'exclame : « Je vous l’avouerai citoyens, je croyais qu’il s’agissait d'une tragédie que vous devez donner en spectacle à toute l’Europe. Je croyais qu’aujourd’hui vous deviez faire tomber la tête du tyran et c’est d’une misérable comédie dont vous vous occupez[41]. »
Il se trouve que l'Espagne, qui aurait tenté de l'acheter, envoya une lettre au Président de la Convention. Danton protesta fermement contre les risques d'une négociation, visiblement destinée à faire traîner le procès, voire à l'annuler.
« Cependant, qu'on entende si on le veut cet ambassadeur, mais que le président lui fasse une réponse digne du peuple, dont il sera l'organe, et qu'il lui dise que les vainqueurs de Jemmapes ne démentiront pas la gloire qu'ils ont acquise, et qu'ils retrouveront, pour exterminer tous les rois de l'Europe conjurés contre nous, les forces qui déjà les ont fait vaincre… Rejetez, rejetez, citoyens, toute proposition honteuse[42]… »
Par ailleurs, contrairement à ce qu'affirme Bertrand de Molleville, Danton motiva son vote. Toujours, le , il s'écrie : « Je ne suis point de cette foule d'hommes d'État qui ignorent qu'on ne compose pas avec les tyrans, qui ignorent qu'on ne frappe les rois qu'à la tête, qui ignorent qu'on ne doit rien attendre de ceux de l'Europe que par la force de nos armes ! Je vote la mort du tyran[43] ! »
Le lendemain 17, en fin d'après-midi, le vote terminé avec une très courte majorité favorable à la mort inconditionnelle, on préfère décider du sursis.
Tallien, montagnard comme lui, demande qu'il soit ouvert sur le champ. Danton s'y oppose : « Il ne faut pas décréter, en sommeillant, les plus chers intérêts de la patrie. Je déclare que ce ne sera ni par la lassitude, ni par la terreur qu'on parviendra à entraîner la Convention nationale à statuer, dans la précipitation d'une délibération irréfléchie, sur une question à laquelle la vie d'un homme et le salut public sont également attachés… Je demande donc la question préalable sur la proposition de Tallien ; et que, si cette proposition était mise aux voix, elle ne pût l'être que par l'appel nominal[44]. »
Il est difficile de ne pas prendre en compte les remarques de Louis Barthou quand il écrivait : « Quand il parlait à la tribune, Danton avait toute la Convention pour témoin et pour juge des responsabilités qu'il assumait : il accomplissait un acte. Qui fut le témoin de ses entrevues avec Lameth ? »[45]. - Danton et Delacroix expédièrent de Belgique deux voitures arrêtées à Béthune faute de laissez-passer. Un inventaire fut dressé qui a disparu avant leur procès. Que contenaient-elles ? « 400 000 livres d’objets précieux », selon les accusateurs du Tribunal révolutionnaire, « des malles de linge » selon les accusés. Il est impossible de trancher. Albert Mathiez parle de « trois fourgons chargés de linge fin et d'argenterie expédiés par des créatures de Danton et par son ordre et destinés à lui et à Delacroix[46] ».
- « Si jamais la Convention était avilie, si jamais, par une de ces insurrections, qui, depuis le , se renouvellent sans cesse… il arrivait qu’on portât atteinte à la représentation nationale, je vous le déclare au nom de la France entière, Paris serait anéanti ; bientôt on chercherait sur les rives de la Seine si Paris a existé. »
- D'après l'historien Alphonse Aulard, David représente le Danton un peu fatigué et alourdi de 1794 ; l'artiste, qui a cédé à quelques préoccupations caricaturales, a saisi une attitude caractéristique de l'orateur écoutant et bougonnant à part lui.
- Publiées en 1841 et analysées par Albert Mathiez[70], ces notes (une vingtaine de pages) rédigées par Robespierre à la veille du procès de Danton étaient destinées à Saint-Just pour son rapport d'accusation à la Convention :
- « Le mot de vertu faisait rire Danton ; « il n'y avait pas de vertu plus solide », disait-il plaisamment, « que celle qu'il déployait toutes les nuits avec sa femme. »
- Quand je montrais à Danton le système de calomnie des brissotins développé dans les papiers publics, il me répondait : « Que m'importe ! L'opinion publique est une putain, la postérité une sottise ! »
- C'est en vain que l'on se plaignait à Danton de la faction girondine : il soutenait qu'il n'y avait point là de faction, et que tout était le résultat de la vanité et des animosités personnelles.
- Une autre maxime de Danton était qu'il fallait se servir des fripons. Aussi était-il entouré des intrigants les plus impurs. Il professait pour le vice une tolérance qui devait lui donner autant de partisans qu'il y a d'hommes corrompus dans le monde. C'était sans doute le secret de sa politique.
- Il ne faut pas oublier les thés de Robert, où d'Orléans faisait lui-même le punch, où Fabre, Danton et Wimpffen assistaient. C'était là qu'on cherchait à attirer le plus grand nombre de députés de la Montagne pour les séduire, ou pour les compromettre.
- Il ne voulait pas la mort du tyran ; il voulait qu'on se contentât de le bannir, comme Dumouriez.
- Il a vu avec horreur la révolution du ; il a cherché à la faire avorter ou à la tourner contre la liberté, en demandant la tête du général Hanriot, sous prétexte qu'il avait gêné la liberté des membres de la Convention.
- Danton voulait une amnistie pour tous les coupables; il s'en est expliqué ouvertement ; il voulait donc la contre-révolution. Il voulait la dissolution de la Convention, ensuite la destruction du gouvernement : il voulait donc la contre-révolution.
- Il y avait un trait de Danton qui prouve une âme ingrate et noire : il avait hautement préconisé les dernières productions de Desmoulins : il avait osé, aux jacobins, réclamer en leur faveur la liberté de la presse, lorsque je proposai pour elles les honneurs de la brûlure. Dans la dernière visite dont je parle, il me parla de Desmoulins avec mépris : il attribua ses écarts à un vice privé et honteux, mais absolument étranger à la Révolution. »
- En bordure du boulevard Saint-Germain et sur l'actuelle place Henri-Mondor officiellement dans la nomenclature des rues de Paris.
- À la suite d'un concours lancé en 1889 à l'occasion du centenaire de la Révolution française.
- Le premier qui porte un tambour, le second un fusil.
- Sur les faces de la statue se trouvent des citations illustrant les principaux moments de sa vie.
Références
- Il se décore lui-même d’une particule lorsqu’il s'installe à Paris avant la Révolution, suivant la mode des bourgeois souhaitant copier la noblesse par recherche de prestige social : Cabinet de M. d’Anton, avocat ès conseils (source : L’État actuel de Paris de 1788).
- Jean-François Robinet, Danton : mémoire sur sa vie privée (appuyé de pièces justificatives), Chamerot et Lauwereyns, , p. 168.
- L'acte de baptême de Danton, conservé aux Archives départementales de l'Aube, est consultable ici.
- Jean-François Robinet, Danton, mémoire sur sa vie privée, Charavay, 1865, p. 158-159.
- Stil 1988, p. 13.
- Robert Christophe, Danton, Librairie académique Perrin, , p. 182.
- Claude Bertin, Louis XVI, Danton, Éditions de Saint-Clair, , p. 170.
- Un extrait du registre paroissial de l'église Saint-Germain-l'Auxerrois est consultable ici.
- Voir en ligne.
- Gildas Dacre-Wright, Constance Charpentier (1767-1849).
- Francois-Alphonse Aulard, Les Grands Orateurs de la Révolution, Echo Library, (lire en ligne), p. 104.
- Lefebvre 1963, p. 81-87.
- Dominique Leborgne, Saint-Germain-des Prés et son faubourg, Parigramme, 2005, p. 99.
- Ces chiffres sont donnés — avec réserve — par Jean Tulard dans La Révolution, collection Nouvelle Histoire de Paris, Bibliothèque historique de la Ville de Paris, 1989, p. 76.
- Antoine-Claire Thibaudeau, Mémoires sur la Convention et le Directoire, Paris, Éditions SPM, 2007.
- Lefebvre 1963.
- Ozouf 1988, p. 254.
- Georges Lefebvre, La Révolution française, PUF, 1968, p. 259. Seul en 1932 dans sa biographie du personnage Louis Barthou a contesté les résultats de l'enquête d'Albert Mathiez
- Albert Soboul, Dictionnaire historique de la Révolution française, PUF, 1989, p. 322.
- Fragments de justification dans Œuvres de Condorcet, Paris, Firmin-Didot, 1847-1849, t. 1, p. 602-603.
- Dont Albert Mathiez, Autour de Danton, Paris, 1926, chap. IV et VII.
- Côme Simien, « Un ministre face aux massacres de septembre 1792 », dans Biard et Leuwers 2016, p. 55-69.
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- Cité par Pouget de Saint-André, Le Général Dumouriez, Perrin, 1914, p. 123.
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- Les Mémoires de Lameth, écrites en 1816, sont consultables sur Gallica.
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- C'est ce que dit Garat dans ses Mémoires rapportant des confidences faites par Danton à son retour d'Arcis.
- Discours civiques de Danton.
- Albert Mathiez, La Révolution française, coll. 10/18, 1978, t. 2, p. 286. Georges Lefebvre fait le même constat.
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- Piquet 2010, p. 353-377.
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- Yves Benot, « Comment la Convention a-t-elle voté l'abolition de l'esclavage en l'an II ? », Révolutions aux colonies, 1993 p. 13-25 ; Id. Annales Historiques de la Révolution Française, 3e-4e trimestres, 1993, p. 349-361.
- André Fribourg, Discours de Danton, édition critique (Société de l'Histoire de la Révolution française), éd. Édouard Cornely, 1910, d'après les Sabbats Jacobites, p. 98.
- Jean-Daniel Piquet, « L'émancipation des Noirs dans les débats de la Société des jacobins de Paris (1791-1794) », dans Marcel Dorigny (dir.), Esclavage, résistances et abolitions, Paris, Éditions du CTHS, , 575 p. (ISBN 2-7355-0401-8), p. 189.
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- Madelin 1914, p. 286.
- Bernard Vinot, Saint-Just, Paris, Fayard, , 394 p. (ISBN 2-213-01386-1), p. 249.
- Lettre de Fouquier-Tinville adressée au Comité de salut public citée dans Actes du Tribunal révolutionnaire, Mercure de France, 1986, p. 439.
- A.V. Arnault, Souvenirs d’un sexagénaire, librairie Dufey, Paris, 1833. Réédition : Champion, Paris, 2003. Consultable sur Gallica.
- Extrait du registre des actes de décès de la municipalité de Paris (registre no 24, acte no 609) : DANTON - Du 7 floréal, l'an deuxième de la République. Acte de décès de George-Jacques Danton, du 16 germinal, député à la Convention nationale, âgé de trente quatre ans, natif d'Arcy-sur-Aube, département de l'Aube, domicilié à Paris, rue et section de Marat. Vu l'extrait du tribunal criminel révolutionnaire et du procès-verbal d'exécution en date du 16 germinal, signé : L'écrivain, greffier. Deltroit. Cité par Alfred Bégis dans Louis XVII, sa mort dans la tour du Temple le 8 juin 1795, Champion, Paris, 1896, p. 39. On peut également voir l'acte reconstitué ici.
- Georges Lefebvre, La Révolution française, PUF, 1968, p. 389.
- June Ellen Hargrove (trad. de l'anglais par Marie-Thérèse Barrett), Les statues de Paris : la représentation des grands hommes dans les rues et sur les places de Paris, Anvers / Paris, Fonds Mercator / Albin Michel, , 382 p. (ISBN 2-226-03811-6 et 90-6153-208-6), p. 128.
- Cette citation et les deux suivantes sont extraites de l’article « Danton » de Mona Ozouf, Dictionnaire critique de la Révolution française, Flammarion, 1988.
- Alric Mabire, « Une controverse historique : l'affrontement Aulard-Mathiez », dans Biard et Leuwers 2016, p. 185-197.
- Alphonse Aulard, Études et leçons sur la Révolution française, F. Alcan, , 300 p..
- Albert Mathiez, Études sur Robespierre, Éditions sociales, , 283 p..
- François Furet, « Histoire universitaire de la Révolution », dans François Furet et Mona Ozouf (dir.), Dictionnaire critique de la Révolution française, Paris, Flammarion, , 1122 p. (ISBN 2-08-211537-2), p. 990-991.
- François Furet, Histoire de France Hachette, t. 4 : La Révolution : de Turgot à Jules Ferry, 1770-1880, Paris, Hachette, , 525 p. (ISBN 2-01-009462-X), p. 129.
- Lénine Oeuvres tome 26, septembre 1917-février 1918, 1er(14) octobre 1917 "Les bolcheviks garderont-ils le pouvoir ?" p. 129
- Lénine Oeuvres tome 26, septembre 1917-février 1918, "Conseils d'un absent", 8(21) octobre 1917, p.183
- Oeuvres de Lénine, tome 30 Editions sociales p. 226, VIIème congrès des Soviets de Russie 5-9 décembre 1919 (5 décembre 1919).
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