The Rolling Stones
The Rolling Stones [ðə ˈɹəʊlɪŋ stəʊnz][1] est un groupe britannique de rock originaire de Londres, en Angleterre.
Pour les articles homonymes, voir Rolling, Rolling Stones (homonymie) et Stones (homonymie).
Genre musical | Rock, blues rock, rock 'n' roll, rock psychédélique, rhythm and blues, pop rock, hard rock,dance-rock |
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Années actives | Depuis 1962 |
Labels |
Decca Records / London Records (1963 - 1971) EMI, Virgin |
Site officiel | www.rollingstones.com |
Membres |
Mick Jagger Keith Richards Ron Wood |
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Anciens membres |
Charlie Watts (†) Brian Jones (†) Ian Stewart (†) Mick Taylor Bill Wyman |
Il est formé en 1962 par le guitariste et leader original Brian Jones, le pianiste Ian Stewart, le chanteur Mick Jagger, le guitariste Keith Richards, le bassiste Dick Taylor et le batteur Mick Avory. Le bassiste Bill Wyman et le batteur Charlie Watts les rejoignent ensuite après les départs de Dick Taylor et Mick Avory. Ian Stewart est écarté de la formation officielle par le manager du groupe Andrew Loog Oldham dès mai 1963, mais continue à travailler (comme road manager et comme pianiste) avec le groupe jusqu'à sa mort en 1985. Jagger et Richards constituent rapidement un duo d'auteurs-compositeurs et prennent peu à peu la direction du groupe, écartant progressivement un Brian Jones de plus en plus erratique.
Le nom du groupe vient d'une chanson de Muddy Waters, Rollin' Stone, choisie par Brian Jones. Le blues a toujours été la source d'inspiration principale des Stones, qui sont l'un des principaux acteurs du retour de cette musique sur le devant de la scène, à travers le « British blues boom ». Les premiers enregistrements des Rolling Stones sont des reprises de blues et de rhythm and blues américains. Après avoir rencontré le succès au Royaume-Uni, ils deviennent populaires aux États-Unis, durant la « British Invasion » (initiée par les Beatles) du milieu des années 1960. Leur single de 1965 (I Can't Get No) Satisfaction les fait connaître dans le monde entier.
À partir de 1966 et de l'album Aftermath, les chansons de Jagger et Richards, embellies par les expérimentations instrumentales de Brian Jones, développent une diversité stylistique qui reste présente jusqu'à nos jours.
Brian Jones meurt noyé dans sa piscine en , peu de temps après sa mise à pied du groupe. Il est remplacé par Mick Taylor qui participe aux tournées et à l'enregistrement de cinq albums studio avant de quitter les Stones en 1974. L'ancien guitariste des Faces, Ronnie Wood, prend alors sa place, qu'il conserve depuis lors. Bill Wyman quitte à son tour le groupe en 1993. Le bassiste Darryl Jones le remplace, sans en devenir un membre officiel.
Les Rolling Stones ont publié vingt-trois albums studio au Royaume-Uni (vingt-cinq aux États-Unis), tous classés dans le top dix britannique, trente-deux compilations et huit albums en concert (neuf aux États-Unis). En 1971, Sticky Fingers inaugure une série de huit albums studio qui atteignent la première place des hit-parades, des deux côtés de l'Atlantique. Leur dernier disque original, A Bigger Bang, est sorti en 2005. En 2016 est sorti le 23e album studio du groupe, Blue and Lonesome, qui reprend des standards du blues. En 2019, le groupe a vendu plus de 400 millions d'albums dans le monde (dont près de 100 millions de ventes certifiés). Le groupe est le deuxième à avoir eu le plus de succès dans le Billboard Hot 100, la référence des ventes de singles aux États-Unis. Les Stones ont été classés no 4 dans la liste des cent plus grands artistes de tous les temps du magazine Rolling Stone.
Les Rolling Stones sont entrés au Rock and Roll Hall of Fame en 1989, et Mick Jagger a été anobli par la reine du Royaume-Uni en 2002. Leur image de mauvais garçons rebelles, véhiculée dans les années 1960, est une référence majeure pour les générations de musiciens rock qui les ont suivis. Après soixante années de carrière, les Stones, tous septuagénaires, continuent à se produire sur scène et avec succès dans le monde entier, et ne manifestent aucune intention de mettre un terme à l'existence du groupe.
Charlie Watts, batteur des Stones depuis 1963, meurt le à l'âge de 80 ans. Il est remplacé par Steve Jordan qui rejoint le groupe sans pour autant en devenir un membre officiel. Historiquement d'un quintette, le groupe passe à un quatuor après le départ de Bill Wyman en 1993, il forme désormais un trio composé de Mick Jagger, Keith Richards et Ronnie Wood, accompagnés sur scène de musiciens additionnels.
Historique
Création du groupe
Le , Mick Jagger et Keith Richards, deux amis d'enfance — ayant fréquenté la même école depuis la maternelle puis s'étant perdus de vue — se retrouvent par hasard sur le quai de la gare de Dartford[2]. Mick a avec lui des disques de blues de Chuck Berry et le Best of Muddy Waters[3]. Mick et Keith ont aussi un ami en commun, Dick Taylor, un guitariste qui joue avec Mick dans son groupe Little Boy Blue & The Blue Boys et qui étudie dans l'école de Keith, la Sidcup Art[2]. Mick invite Keith à le rejoindre dans ce groupe tout juste naissant, qui de groupe n'a cependant que le nom, puisque le seul public de leur courte carrière consistera en la mère de Dick Taylor, qui autorise le groupe à répéter chez elle[4].
De son côté, Brian Jones, après avoir rencontré Alexis Korner, l'un des pionniers du blues britannique, lors d'un concert à Cheltenham, décide de déménager à Londres avec Pat Andrews, la mère de son enfant. Désireux de monter son propre groupe, il passe une petite annonce dans Jazz News fin 1961. Il pense appeler son groupe les Rollin' Stone, d'après un titre de Muddy Waters[5]. Brian Jones donne rendez-vous aux postulants au pub Bricklayers'arms sur la Berwick Street (en)[6]. Le pianiste Ian Stewart répond à l'annonce et lui présente d'autres musiciens dont le chanteur Andy Wren et le guitariste Geoff Bradford. Peu à peu, la première mouture des Rolling Stones se forme avec Brian Jones et Geoff Bradford aux guitares, Ian Stewart au piano, Paul Pond (qui office sous le nom de P.P. Jones) au chant[7]. Le poste de batteur est fluctuant : plusieurs batteurs payés au concert se succèdent dont Charlie Watts et Mick Avory (futur Kinks).
En avril 1962, le Blues Incorporated, groupe monté par Alexis Korner et ouvert à de nombreux musiciens, joue ses premiers concerts[8]. Parmi les musiciens qui montent sur scène, Jack Bruce, Ginger Baker, Charlie Watts et aussi le groupe formé par Brian Jones. Ce dernier qui se produit sous le nom d'Elmo Lewis, impressionne le public en jouant de la guitare slide (à l'époque inconnue en Angleterre)[8]. Mick Jagger, Keith Richards et Dick Taylor rejoignent le Blues Incorporated mais tendent à s'éloigner du rhythm and blues pur et dur pour jouer du rock'n'roll (notamment du Chuck Berry et Jimmy Reed)[9]. Brian Jones rencontre pour la première fois Mick Jagger, Keith Richards et Dick Taylor le au Ealing Jazz Club[10].
Paul Pond ne souhaitant pas vraiment être le chanteur de ce qui sera les Rolling Stones, quitte le groupe. Alexis Korner suggère à Brian Jones le chanteur Mick Jagger qui a fait sa place dans le Blues Incorporated[7]. Ce dernier impose alors son ami Keith Richards ainsi que Dick Taylor. Geoff Bradford quitte le groupe et Ian Stewart, Brian Jones, Mick Jagger, Keith Richards et Dick Taylor forment l'ossature du groupe qui prendra en juin le nom de « Rollin' Stones » avant de s'appeler « Rolling Stones ». Selon Keith Richards, c'est Brian Jones qui trouve le nom du groupe, alors qu'il est au téléphone en train de prospecter pour trouver des engagements pour des concerts. Alors qu'on lui demande le nom de son groupe, il cite le premier nom qu'il a sous les yeux : le titre d'un morceau de Muddy Waters, Rollin' Stone[11]. Néanmoins, il semblerait que cette anecdote ne soit qu'une légende, puisque d'après Ian Stewart, dès sa première rencontre avec Brian Jones à la suite de l'annonce dans Jazz News, Brian Jones avait déjà décidé de nommer son futur groupe « Rollin' Stones »[12], avec une apostrophe[13],[14].
Mick, Keith et Brian emménagent au 102 Edith Grove dans le quartier de Chelsea. C'est une période de vaches maigres, avec des difficultés pour se nourrir et se chauffer. Ils vivent de chapardages et des maigres cachets obtenus pour quelques petits concerts[15]. C'est à cette période que Philip Townsend prend les photos qui circuleront à travers les plus grandes galeries du monde, comme les toutes premières des Stones. Ils habitent six mois en colocation avec James Phelge (nom qui servira de base au pseudonyme « Nanker Phelge » utilisé par les Stones à leurs débuts pour certains de leurs titres). Néanmoins, cette période est musicalement faste pour Brian et Keith, qui passent de longues journées à travailler leur jeu de guitare.
Le premier concert et des rencontres déterminantes
Le premier concert des Stones se passe au Marquee à Londres, le . Le groupe est alors composé de Brian Jones, Mick Jagger, Keith Richards, Ian Stewart au piano, Dick Taylor à la basse et Mick Avory à la batterie. Les Rolling Stones jouent comme interval band, juste une demi-heure, le temps que le groupe principal se repose. Ils interprètent Dust My Broom, Bright Lights, Big City, Ride them Down, Bad Boy, Back in the USA, et Down the Road Apiece. Ce soir-là, Keith lance à Brian cette phrase tristement célèbre : « Tu n'arriveras pas à trente ans, pas vrai[16] ? »
Dick Taylor part ensuite former les Pretty Things. Le poste de batteur est toujours aléatoire, oscillant entre Tony Chapman et Mick Avory. Les Stones cherchent un bassiste, en décembre 1962, Tony Chapman leur présente Bill Wyman, au Red Lion Club[17] qui leur plaît immédiatement, peut-être grâce à ses amplis, denrée rare à l'époque, mais aussi grâce à ses capacités : il est plus âgé de sept ans que Mick et Keith, et joue déjà depuis de nombreuses années dans son groupe les Cliftons, avec Tony Chapman, tout en étant amateur. Les batteurs des Stones étant trop instables, Charlie Watts, qui connaissait bien Mick et Brian pour avoir joué avec eux, se joint à eux définitivement en , laissant sa place au sein des Blues Incorporated à Ginger Baker. Le , les Rolling Stones jouent leur premier concert avec la formation qui persistera jusqu'à l'exclusion de Brian Jones : Mick Jagger au chant, Keith Richards et Brian Jones aux guitares, Bill Wyman à la basse, Charlie Watts à la batterie et Ian Stewart au piano (ce dernier quittera le groupe quelques mois plus tard, sous l'impulsion d'Andrew Loog Oldham) .
Le , le groupe enregistre une démo à l'IBC Studio de Portland Place, à Londres - avec comme ingénieur du son le futur mythique Glyn Johns - composée de reprises de Rythm & Blues[18]. Le , les Beatles rencontrent pour la première fois les Rolling Stones au club Station Hotel Richmond, club où les Stones jouaient le soir-même[19]. La première photo officielle du groupe en concert, prise par Dezo Hoffmann, date du : Mick, Charlie, Brian, Bill et Keith (seuls visibles) participent à un gala de bienfaisance organisé par le journal News of the World à Battersea[20]. Les Stones joueront régulièrement au Ealing Club, puis au Crawdaddy, club que vient d'ouvrir Giorgio Gomelsky. De quelques dizaines de spectateurs, l'audience passe rapidement à plusieurs centaines, dépassant les capacités de la salle.
Les Beatles viennent de sortir leur premier single Love Me Do. Andrew Loog Oldham, jeune publicitaire de 19 ans, qui a déjà travaillé avec Brian Epstein, Bob Dylan et Little Richard, associé au manager Eric Easton, ne rêve que de rencontrer et manager « ses » Beatles. Dans son parcours des clubs de Londres, il entre un jour au Crawdaddy (sur les conseils de Peter PD Jones, journaliste qui avait chroniqué les Stones après les avoir vus au Crawdaddy Club), et voit les Stones. C'est la révélation, il sera leur manager : il signe avec eux un contrat de management dès le lendemain, le [21].
Le premier single : Come On
Avec leur nouveau manager, leur carrière décolle. Le , la maison de disques Decca et son directeur artistique (A&R) Dick Row, célèbre pour avoir refusé les Beatles[22], leur fait enregistrer leur premier single[23],[24], avec en face A, une reprise de Chuck Berry, Come On[25] et en face B, I Want to Be Loved de Willie Dixon. Ce premier disque leur permet d'entrer discrètement dans les charts britanniques, et de se faire remarquer par la presse.
Pour des raisons de « look », Ian Stewart est soustrait de la formation officielle par Andrew Loog Oldham en mai 1963, mais, indispensable (« Stu » est souvent appelé « le sixième Stone »[26]), il continue de travailler avec le groupe dont il est l'un des fondateurs[26], comme claviériste, et comme road manager (après en avoir été le chauffeur attitré), très apprécié jusqu'à sa mort en 1985. Keith affirme qu'il fut toujours véritablement le liant du groupe[27] ; et Mick résume ainsi cette collaboration en déclarant « Stu fut le gars que nous nous efforcions de satisfaire[26] ».
Le 7 juillet 1963, ils font leur première apparition télévisée dans l'émission Thank Your Lucky Stars de Pete Murray. Leur look, pourtant conventionnel de nos jours, paraît outrancier. Leurs cheveux longs, qui recouvraient juste les oreilles, font scandale. Ce look original et leur attitude parfois méprisante donnent des idées à Andrew Loog Oldham. Afin de se démarquer des Beatles, apparus un peu plus tôt et dont la popularité est exceptionnelle, le jeune manager des Stones leur crée une image de « mauvais garçons », en opposition aux allures de « gentils gendres » des Fab Four. Jagger et sa bande cultivent leur différence, refusant très rapidement le costume-cravate[28], insistant sur leur chevelure, et défraient la chronique par leurs frasques[29]. Celui qui est surtout visé pour son côté « mauvais garçon », n'est ni Mick Jagger, ni Brian Jones, mais Bill Wyman qui, du groupe, est celui qui possède les cheveux les plus longs et qui a toujours une mine renfrognée[30]. C'est aussi lui qui est à l'origine de la première des nombreuses frasques du groupe : il est condamné pour avoir uriné sur le mur d'une station-service[31].
C'est à cette époque que Brian Jones commence à manquer quelques concerts pour des raisons de santé, et à se perdre dans ses conquêtes féminines et leurs conséquences[32]. Il a déjà deux enfants[33]. Sa position de leader du groupe est de plus en plus contestée depuis l'arrivée d'Oldham. Lors d'un concert à Liverpool, les Stones découvrent que Brian Jones reçoit un salaire supplémentaire en qualité de leader du groupe[34]. Cette révélation est le début d'une fissure entre Jones et le reste du groupe[34] et qui aboutira à terme (conjointement avec son harassement physique et mental) à son exclusion en .
Le second single et le premier EP
Leur carrière prend un tournant définitif : les concerts deviennent quotidiens, Bill Wyman et Charlie Watts quittent leur emploi[35] pour intégrer les Stones à plein temps, Mick Jagger laisse tomber ses études. L'appartement à Edith Grove abandonné, Keith, Mick et Andrew habitent ensemble dans un nouveau logement, où va débuter une nouvelle collaboration : Andrew oblige Mick et Keith à travailler ensemble, à l'image de McCartney et Lennon, sur l'écriture des chansons. En , à Mapesbury Road, Oldham oblige Keith et Mick à composer une chanson. Au matin, ils interprètent It Should Be You, leur première composition en commun[36]. Cette volonté est dictée par le fait qu'il était difficile pour les Rolling Stones de trouver quelque chose de neuf à jouer et parce que beaucoup de chansons de leur répertoire étaient jouées par d'autres groupes anglais (dont les Beatles), ce qui ne les aidait pas à se démarquer des autres[37]. Par conséquent, le second single du groupe devant contenir les reprises Fortune Teller et Poison Ivy est refusé durant l'été.
La légende veut qu'Andew ait enfermé Mick et Keith dans une cuisine, en leur interdisant d'en sortir tant qu'ils n'auraient pas écrit une chanson[38]. D'après la légende, ils lui auraient soumis As Time Goes By, que le manager renomme immédiatement As Tears Go By et fera enregistrer par la jeune chanteuse britannique Marianne Faithfull. Il semblerait cependant que la première chanson à être sortie de cette cuisine soit It Should Be You, qui sera enregistré une première fois par George Bean, un chanteur de la maison de production d'Oldham[39].
Oldham a même sollicité les Beatles pour leur écrire I Wanna Be Your Man en septembre, que le groupe enregistre et publie en single en novembre, avec en face B une improvisation du groupe, créditée Nanker Phelge, intitulée Stoned. Le single sort quelques jours après l'enregistrement et se classe à la douzième place au Royaume-Uni. Si le single rencontre un succès mineur, l'exemple des Beatles, qui composent eux-mêmes leur chansons, pousse Jagger et Richards à tenter l'expérience[40]. Jagger disait à Keith Richards : « Ça a l'air facile de faire des chansons. On pourrait essayer. »[41].
En , le groupe publie son premier EP intitulé simplement The Rolling Stones, comportant quatre reprises enregistrées en août et en novembre dernier. C'est le premier no 1 de leur carrière et ils peuvent donc se concentrer sur leur premier album.
Premier album et conquête de l'Amérique (1964)
En janvier et , le groupe enregistre en cinq jours au Regent Sound Studios leur premier album, qui sort le , et qui connait le succès à sa sortie en arrivant en tête de classement au Royaume-Uni, avant de se lancer dans une tournée américaine où ils vont percer deux mois plus tard.
Début juin, au début de la tournée, le groupe se rend dans les fameux studios Chess à Chicago (là où sont enregistrés de nombreux standards de blues de Muddy Waters ou Chuck Berry qui les inspirent) pour une session le 10 et , où est enregistrée une série de chansons. De cette session est tiré un nouvel EP intitulé Five by Five, qui sort au Royaume-Uni en août, puis en octobre le second album américain 12 X 5, contenant les pièces de l'EP anglais, en plus de nouvelles chansons, incluant des singles. Ce sera le début de la grande disparité entre la discographie anglaise et américaine du groupe jusqu'en 1967 avec Their Satanic Majesties Request.
Alors qu'il est en tournée, le groupe organise de nouvelles sessions d'enregistrements, dont celle du chez Chess, pour réaliser leur second album.
Consécration (1965)
À partir de , le groupe enregistre ses chansons aux États-Unis, principalement à Los Angeles dans les studios du label RCA, où une dizaine de sessions se déroulent jusqu'à mi-1966, calées entre les dates de concerts. Entre-temps, le groupe retourne deux fois chez Chess à Chicago pour deux nouvelles sessions en et en .
En 1965, après la sortie de leur second album britannique intitulé The Rolling Stones No. 2 (suivi de la version américaine un mois plus tard renommée The Rolling Stones, Now! reprenant une partie de l'album précédent), Mick Jagger et Keith Richards décollent enfin comme compositeurs, tout d'abord avec As Tears Go By (qu'ils n'enregistrent pas dans un premier temps et qu'Oldham offre à Marianne Faithfull), avant que The Last Time, puis (I Can't Get No) Satisfaction atteignent toutes deux la première place des charts, suivis par Get Off of My Cloud et 19th Nervous Breakdown. Ces textes assoient la position des Stones qui arrivent désormais à évoluer au sommet comme les Beatles. Néanmoins, les textes des Stones se différencient beaucoup de ceux des Beatles par leur contenu. Si les Fab Four signent des bluettes bien sentimentales et innocentes (du moins à leurs débuts), les Stones se distinguent par leur ton ironique et sarcastique sur la société et leurs rapports aux femmes, parfois qualifiés de sexistes.
La version américaine de l'album Out of Our Heads (publiée en ) est en tête des ventes. Il comprend sept chansons originales (quatre créditées de Nankin Phelge et trois de Jagger/Richards). À la fin du même mois, au moment de la sortie du tube (I Can't Get No) Satisfaction, un autre évènement va changer l’histoire du groupe : le contrat entre Decca et Impact Sound - la société des producteurs Andrew Loog Oldham et son associé Eric Easton chargée de gérer l'image et les enregistrements du groupe depuis 1963 - ayant expiré en mai n'est pas renouvelée car les deux gestionnaires se sont fâchés et séparés après qu'Oldham ait découvert que son associé utilise son édition pour verser au groupe les droits d'auteurs des chansons créditées Nanker Phelge. Andrew décide de contacter l'homme d'affaires américain Allen Klein, afin de remplacer son associé et de signer un nouveau contrat avec Decca avec un plus gros cachet pour le groupe (600 000 $ d'avance et 700 000 $ par an jusqu'en 1974, fin de durée du contrat). Si les membres sont généralement enthousiastes pour ce contrat, le bassiste Bill Wyman est inquiet et regrette de ne pas avoir fait relire le contrat par un avocat avant de le signer. Cela leur portera préjudice en 1971 quand le groupe se séparera de Klein et de Decca, où ils perdent leurs droits d'auteur de leur discographie jusqu'en 1970[42].
En septembre, le groupe retourne au studio RCA pour enregistrer une nouvelle série de chansons qui serviront de base pour le nouvel album américain December's Children (And Everybody's) prévu pour décembre suivant. Plus tard dans le même mois, la version britannique de Out of Our Heads est publiée où elle atteint la seconde place des ventes juste après l'album Help! des Beatles et ne contient que six chansons sur douze en communs, et trois proviennent de la session de septembre. Leur nouveau tube, Get Off of My Cloud (no 1 des deux côtés de l'Atlantique) parait à l'automne 1965, suivi d'un autre album américain December's Children (And Everybody's)[43]. Entretemps, le groupe, fatigué, se lance dans une nouvelle tournée américaine durant presque cinquante jours à la fin de l'automne, qui se termine à Los Angeles le . Après cela, le groupe reste en ville pour travailler de nouvelles chansons une nouvelle fois au RCA, dont le temps alloué au studio s'est prolongé à trois jours d'affilée (la réalisation des chansons lors de la session précédente est considérée comme précipitée et réalisée dans l'urgence). On retrouve parmi elles principalement le nouveau single 19th Nervous Breakdown qui sort deux mois plus tard en à la seconde place des deux côtés de l'Atlantique, et principalement des chansons pour le prochain album du groupe, Aftermath.
Tournant psychédélique d'Aftermath et Between the Buttons (1966)
- Dulcimer, présent sur Lady Jane et I Am Waiting
- Sitar joué sur Paint It, Black
- Marimbas et vibraphone présents sur Under My Thumb et Out of Time
- Flûte à bec présente sur Ruby Tuesday
- Orgue hammond présent notamment sur Let's Spend the Night Together
- Thérémine utilisée sur Please Go Home
En 1966, les Rolling Stones publient l'album Aftermath, premier disque à ne comporter que des compositions originales. Dans leur premier chef-d'œuvre, le groupe introduit (en particulier sous l'impulsion de Brian Jones) des influences psychédéliques et de la musique indienne : on peut notamment rappeler le sitar de Paint It, Black (dans la foulée de celui entendu joué par George Harrison sur Norwegian Wood des Beatles), le dulcimer sur Lady Jane ou les marimbas de Under My Thumb. L'album rencontre le succès en arrivant en tête des classements au Royaume-Uni et à la seconde place aux États-Unis (derrière un album américain des Beatles).
L'année 1966 voit également une nouvelle succession de tournées (moins intenses que l'année précédente). Du au , le groupe se rend en Australie et en Nouvelle-Zélande en jouant deux concerts par date. Après une pause de trois semaines durant lesquels ils retournent enregistrer de nouvelles chansons au studio RCA (pour l'album Aftermath et le single Paint It, Black), les Stones tournent en Europe du au . Après la sortie de l'album, le groupe reprend la route, cette fois-ci aux États-Unis et au Canada du au .
Du 3 au , après la tournée américaine, le groupe retourne une dernière fois au studio RCA pour commencer à travailler le prochain album, avant que l'ingénieur du son du studio qui les enregistre depuis ne soit viré par le label du studio pour avoir produit The Electric Prunes pour son compte. Par la suite, le groupe décide de retourner enregistrer à Londres. La session suivante se déroule donc aux studios IBC pour la suite de ce qui avait été commencé à Los Angeles. Durant ces deux session est enregistrée la chanson Have You Seen Your Mother, Baby, Standing in the Shadow?. Mais à sa sortie en single en septembre, elle n'atteint pas tout à fait le haut du classement (cinquième au Royaume-Uni et neuvième aux États-Unis) contrairement aux précédentes chansons, en raison du mixage désastreux.
Après la tournée britannique qui a lieu du au , le groupe se rend au studio Olympic (là où ils avait enregistré leur premier single Come On trois ans plus tôt) pendant près d'un mois du au pour finir l'album Between the Buttons. C'est durant ces sessions que le groupe décide de choisir ce studio pour les prochains enregistrements d'albums jusqu'en 1969, dont la qualité sonore est supérieure à celles des précédentes productions que le groupe avait connu.
Sorti en , l'album Between the Buttons continue sur la même lancée que l'album précédent Aftermath avec la flûte mélodieuse de Brian sur Ruby Tuesday mais contient aussi des morceaux de rock comme Connection et des influences « music-hall ». Le succès commercial sera moindre par rapport aux albums précédents (troisième au Royaume-Uni et second aux États-Unis). En revanche, le single "double face A" Let's Spend the Night Together / Ruby Tuesday est une réussite.
La chanson Let's Spend the Night Together fait un tel scandale à sa sortie que lors des apparitions sur les plateaux TV, notamment le très couru Ed Sullivan Show, Mick Jagger se voit obligé de marmonner « Let's spend some time »[44].
Their Satanic Majesties Request : arrêt des tournées et déboires (1967)
1967 sera l'année des dernières tournées avant un grand break : ils avaient tourné de façon ininterrompue depuis leurs débuts, donnant entre 250 et 300 concerts par an. Ainsi, le groupe effectue sa dernière tournée européenne du au . Il est le premier groupe du bloc de l'ouest à jouer un concert de rock en Pologne le . Mais la venue dans ce pays, ainsi que les deux concerts joués ce soir-là ne plait pas forcément aux autorités. Le groupe ne retournera pas jouer avant de nombreuses années dans les pays du bloc de l'est. Le groupe joue son dernier concert le à Athènes en Grèce avec Brian Jones. En raison de tous ces soucis, le groupe doit arrêter de faire des concerts pendant deux ans. Comme les Beatles, les Rolling Stones avaient subi depuis leurs débuts l'hystérie des foules dans les salles et en dehors, phénomène que l'on appelait la beatlemania. Particulièrement éprouvants, les concerts des Stones tournaient souvent à l'émeute à cause des fans qui tentaient de monter sur scène ou des bagarres dans le public. De nombreuses fois, les Rolling Stones furent contraints de s'enfuir de scène au bout de quelques minutes poursuivis par des fans. Les coûts des dégâts et le nombre de blessés sont parfois importants comme à Blackpool, à La Haye ou Paris[45].
L'année 1967 est surtout consacrée aux activités parallèles et les Stones s'investissent dans différents projets personnels. Keith Richards s'achète la maison de Redlands, qui sera l'une des bases du groupe, Bill Wyman fait de la production, Brian Jones compose une bande originale de film et forme avec Anita Pallenberg un couple médiatisé, icône du Swinging London. C'est aussi l'époque des vacances : Brian, Keith, Anita Pallenberg, Mick et sa nouvelle petite amie Marianne Faithfull partent en vacances au Maroc. 1967 est aussi l'année des premiers problèmes qui vont ébranler le groupe et particulièrement Brian Jones.
Le , Mick Jagger et Keith Richards sont arrêtés au domicile de Keith à Redlands pour possession de drogues. Vite relaxés, ils ne feront pas de prison, en dehors des quelques jours dans l'attente de leur comparution. Le quotidien The Times viendra à leur secours avec un éditorial en leur faveur[46], prémices du changement de société en cours. Parmi les nombreux soutiens de tous bords les Who sortiront immédiatement un 45 tours en solidarité, avec 2 compositions des Stones[47]. Si Mick et Keith arrivent à se sortir de leurs ennuis judiciaires, Brian Jones, lui, connaît plus de difficultés. Arrêté une première fois en , puis une deuxième fois en , il vit très mal cette situation et souffre de dépression nerveuse.
Sur le plan sentimental, Brian Jones connaît aussi de nombreux déboires. Alors qu'il est hospitalisé pour une crise d'asthme en France sur le trajet d'un voyage au Maroc, Keith Richards entame une liaison avec sa petite amie Anita Pallenberg[48]. Lorsqu'il reviendra de convalescence, Keith, Anita (mais aussi Mick Jagger et Marianne Faithfull) abandonneront Brian au Maroc, sans lui laisser un mot. Cette rupture sera le début de tensions entre les deux guitaristes du groupe et le début de la fin pour Brian Jones.
Le reste de l'année, le groupe investit pendant six mois le studio Olympic pour enregistrer leur nouvel album, le plus ambitieux et le plus psychédélique qu'ils aient fait. Pensant que le groupe n'avance pas dans ce nouveau projet, le producteur Andrew Loog Oldham s'en va au milieu des sessions. Le groupe finit seul l'album avec l'aide de l'ingénieur du son Eddie Kramer pour le mixage..
Sur le plan musical, l'album Their Satanic Majesties Request qui sort en décembre 1967 et qui porte largement la patte expérimentale de Brian Jones, bien qu'opposé initialement au projet ne voulant pas sortir de la droite ligne du blues, n'aura sur le moment qu'un succès mitigé, déconcertant par son côté planant quelques fans du blues pur et dur. Deux titres toutefois émergent : She's a Rainbow et 2000 Light Years from Home. La couverture de l'album innove en présentant une photo du groupe en relief (3D) sur film gaufré. Cette expérience ne sera pas reprise sur les éditions vinyle suivante, ni CD, de l'album[49]. La photographie est signée de Michaerl Cooper qui avait travaillé quelques mois plus tôt sur les visuels de Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band[49].
Rivalité avec les Beatles
L'opposition de style entre les Beatles et les Rolling Stones est le résultat d'un marketing de différenciation savamment orchestré par Andrew Loog Oldham. Le parcours musical des deux groupes est assez parallèle : influences communes du rock 'n' roll et du rhythm and blues (même si ce dernier est plus marqué chez les Stones). Bien que dans les médias, les Rolling Stones incarnent les « mauvais garçons » (Oldham n'avait pas hésité à interroger : « Laisseriez-vous votre fille sortir avec un Rolling Stone ? »[50]) et les Beatles, les « gentils garçons », les membres des deux groupes s'apprécient et se côtoient dans le privé[51],[52]. Les Beatles, John Lennon et Paul McCartney offrirent même la chanson I Wanna Be Your Man aux Rolling Stones pour lancer leur carrière en 1964 et firent les chœurs sur la chanson We Love You en 1967. Brian Jones joua plus tard sur certains titres des Beatles comme Baby, You're a Rich Man ou You Know My Name.
Mick Jagger et Keith Richards appréciaient particulièrement la musique des Beatles. Les deux seront d'ailleurs présents dans le studio de la BBC, accompagnés de Marianne Faithfull (petite amie de Mick à l'époque) lors de la diffusion live et en mondovision, le du fameux All You Need Is Love. Sur la vidéo, on reconnaît Mick et sa veste bleu ciel avec des motifs marrons psychédéliques. Comme tous les heureux participants, il tape dans ses mains en chantant le refrain[53].
Toujours en 1967, le même trio participe au tournage du clip A Day in the Life et on peut les voir dans ce clip discuter avec John Lennon[54].
Les deux groupes évitaient aussi de sortir leur singles et leurs albums en même temps pour ne pas se concurrencer. La frontière entre Beatles et Stones était ténue. Alors que les médias accusaient les Stones de prendre des drogues[55], les Beatles en prenaient aussi. Paul McCartney fut d'ailleurs la première rock star à dire à la presse qu'il avait pris du LSD en 1967. Lors de la descente de police à Redlands où de la drogue fut trouvée dans le domicile de Keith Richards en 1967, parmi les convives se trouvaient un Beatle, George Harrison, qui ne fut pas inquiété, étant parti avant l'arrivée de la police[55].
Néanmoins lors d'une interview donnée au magazine Rolling Stone en 1970, John Lennon déclara que les Rolling Stones copiaient les Beatles et faisaient tout deux mois après eux[56].
Retour aux affaires et adoption de l'accord ouvert (1968)
L'année 1968 est décisive pour les Stones. Musicalement, avec l'échec de Their Satanic Majesties, le groupe a perdu du terrain face à ses concurrents. La musique du moment subit une véritable mutation apportée par des groupes comme The Jimi Hendrix Experience, The Doors ou Grateful Dead, et l'épicentre du rock s'est déplacé d'Angleterre vers la Californie. Alors que les Beatles concoctent leur Album blanc, que The Who enregistre son opéra-rock Tommy, les Stones marquent leur grand retour en revenant aux racines du blues et du rock, d'abord avec le single Jumpin' Jack Flash, puis avec l'album Beggars Banquet. L'album est très influencé par son époque et l'esprit de contestation qui flotte dans l'air. Des titres comme Street Fighting Man, Jigsaw Puzzle ou Sympathy for the Devil font référence aux émeutes qui éclatent un peu partout dans le monde occidental. Depuis la descente de Redlands, Mick Jagger s'est positionné dans une attitude de défiance et de rébellion vis-à-vis de l'ordre établi[57]. Des titres comme Sympathy for the Devil témoignent aussi de l'influence de Marianne Faithfull sur Mick Jagger. Cette dernière l'a initié à une certaine culture littéraire puisque la chanson est inspirée du roman Le Maître et Marguerite de Mikhaïl Boulgakov[58].
L'album, dont toute la prise de son possède une qualité technique (Parachute Woman, No Expectations, Salt of the Earth…) supérieure encore à celle du Going Home d'Aftermath, remet les Rolling Stones en selle avec des morceaux comme Sympathy for the Devil et Street Fighting Man qui vont asseoir leur réputation de « greatest rock & roll band in the world »[59].
En 1968, Keith Richards adopte un open tuning de sol, et retire la 6e corde — la plus grave — de sa guitare, ce qui marque le nouveau son des Rolling Stones pour les albums qui suivront. Cet accordage, communément utilisé par les bluesmen, change la façon de composer des Stones, et se retrouve sur des titres tels que Jumpin' Jack Flash, Street Fighting Man, You Can't Always Get What You Want, Honky Tonk Woman, Gimme Shelter, Happy, Start Me Up[60],[61].
Mort de Brian Jones et arrivée de Mick Taylor (1969)
Brian Jones, bien que leader dès l'origine, est exclu du groupe en juin 1969. Cela faisait quelques années que le guitariste des Stones était à l'écart dans le groupe. Depuis que le duo Mick Jagger/Keith Richards s'était imposé dans la création musicale du groupe, Brian Jones avait perdu de son influence et vivait mal cette situation. L'abus de drogues et d'alcool, les diverses arrestations ainsi que le fait qu'Anita Pallenberg, son ancienne petite amie soit désormais dans les bras de Keith Richards n'avaient pas arrangé les choses et ses relations avec le reste du groupe. Les participations de Brian aux albums sont de plus en plus erratiques comme le montre une des séquences du film de Jean-Luc Godard réalisé en 1968, Sympathy for the Devil. Il a du mal à se concentrer et à jouer en studio, les techniciens du son allant jusqu'à le laisser interpréter un morceau tout en lui coupant son micro de manière à ne pas enregistrer de fausses notes sur la piste. Plus grave pour le groupe, ses problèmes judiciaires ne lui permettent plus de suivre le groupe en tournée, puisque les États-Unis ne lui délivreront pas de visa. Incapable d'assurer les enregistrements studio et les concerts, il est remplacé par Mick Taylor et se retire du groupe le [62]. Quelques semaines plus tard, Brian Jones meurt le , noyé dans sa piscine.
Le grand retour à la scène date du , lors du concert gratuit à Hyde Park, devant près de 500 000 personnes, le premier depuis deux ans et demi, pour l'intronisation du nouveau guitariste Mick Taylor) qui vient de chez John Mayall (qui a fait découvrir Eric Clapton et Peter Green) et, fait non prévu, pour rendre un hommage à Brian Jones, décédé 2 jours plus tôt. Mick Jagger lira à cette occasion un poème de Percy Bysshe Shelley, Adonaïs. Mick Taylor contribuera à renforcer les racines blues des Rolling Stones et sa participation aux albums Exile on Main Street et Sticky Fingers marqueront le retour à des compositions et des productions plus épurées. Le concert d'Hyde Park est le prélude à une grande tournée américaine où ils n'ont plus joué depuis trois ans. La grande tournée qui contient vingt-trois dates et dix-sept villes, démarre le . Le spectacle est très bien rodé et le groupe apparaît plus professionnel qu'il ne l'a jamais été[63]. La tournée américaine de 1969 sera immortalisée par l'album en public Get Yer Ya-Ya's Out!, où les riffs de Keith Richards et les solos de Mick Taylor sont d'une efficacité redoutable.
L'album Let It Bleed qui paraît en , est le dernier album auquel Brian avait participé même s'il ne s'agit que de deux morceaux. L'album se situe dans la lignée de Beggars Banquet. Il est aussi « violent » que l'album précédent avec des titres tels que Gimme Shelter, You Can't Always Get What You Want et surtout Midnight Rambler (qui évoque Albert DeSalvo, l'étrangleur de Boston et deviendra un classique sur scène). Le titre Let It Bleed (Que ça saigne !) est assez représentatif de ce qui s'est passé autour des Rolling Stones lors de l'année 1969, avec notamment la mort de Brian Jones et le concert meurtrier d'Altamont (voir plus bas).
Fin tragique de la décennie : Altamont, départ de Decca et perte du catalogue (décembre 1969 et 1970)
À la fin de l'année 1969 et durant l'année 1970, les Rolling Stones sont confrontés à deux évènements majeurs et tragiques qui vont changer leur histoire : le fiasco d'Altamont en marquant la fin des années 1960 et la perte du catalogue de la décennie au moment où le groupe quitte le label Decca en 1970.
À l'issue de leur tournée américaine de 1969 qui marque leur grand retour aux États-Unis, et regrettant de n'avoir pu jouer au festival de Woodstock, les Stones décident de donner un concert-événement gratuit, le . La préparation est catastrophique en raison de la difficulté à trouver un lieu pour le concert. D'abord envisagé à San José puis à San Francisco, c'est finalement le circuit d'Altamont qui est choisi. Le concert rassemble plus de 200 000 personnes. Au fil des prestations des groupes en première partie, de violentes bagarres éclatent, notamment entre les Hells Angels payés en bières par les Stones pour assurer la sécurité, et le public. La prestation des Stones est émaillée de nombreux incidents. Alors que le groupe joue Under My Thumb, un adolescent noir de 18 ans, Meredith Hunter, est poignardé à de multiples reprises par un Hells Angel, alors qu'il n'est qu'à quelques mètres de la scène et qu'il brandit une arme, qui ne sera jamais retrouvée. La scène est filmée et apparaît dans le documentaire Gimme Shelter. Ce mini-festival, qui fera quatre morts, marque la fin de l'utopie hippie et amène les Stones à être plus rigoureux dans l'organisation de leurs concerts.
Cet évènement, avec la séparation des Beatles l'année suivante, l'affaire Charles Manson, les morts en série d'artistes morts à 27 ans (« le club des 27 ») comme Brian Jones, marque aussi la fin des années 1960.
Mick Taylor apporte une certaine virtuosité à la musique du groupe. Avec la séparation des Beatles, les Rolling Stones se retrouvent au premier plan et peuvent prétendre au titre de « plus grand groupe de rock'n'roll » (titre officieux qu'ils s'étaient arrogés[63] dès la tournée 1969).
En 1970, paraît le second album live du groupe, Get Yer Ya-Ya's Out!, considéré comme un des meilleurs albums live de l'histoire du rock. Ce sera le dernier disque du groupe chez Decca. Le contrat, qui arrive à son terme, n'est pas renouvelé et le groupe quitte officiellement Decca (à la limite de la banqueroute malgré ses très fortes ventes et ses tournées à guichets fermés) en février 1971 après la fin des sessions d'enregistrements du disque suivant. Les Rolling Stones se rendent en exil fiscal en France, la maison de disques n'ayant pas payé les impôts sur leurs droits d'auteurs. Trois semaines plus tard, les Stones se séparent de l'homme d'affaires Allen Klein après avoir découvert avec stupeur qu'ils ont perdu leurs masters et les droits d'édition de leur discographie jusqu'en 1970. Désormais, celle-ci est gérée par ABKCO, la société de Klein[42].
Nouveau départ et exil (1971-1972)
En 1971, les Rolling Stones sortent l'album Sticky Fingers avec la célèbre pochette fermeture-éclair, dessinée par Andy Warhol. C'est le premier disque à sortir sous leur label The Rolling Stones Record fondé à peine deux mois plus tôt. Les références au sexe et à la drogue sont explicites, les compositions sont excellentes (Brown Sugar, Wild Horses, Bitch, Sister Morphine, Dead Flowers). Mick Taylor apporte un nouveau souffle au groupe qui entame la même année une tournée d'adieu au Royaume-Uni. C'est en effet en France, sur la Côte d'Azur que le groupe pose ses valises pour échapper au fisc anglais. En 1972, le groupe sort son premier double album Exile on Main St. dont la plupart des titres sont enregistrés dans la villa Nellcote, à Villefranche-sur-Mer où réside Keith Richards[64], ainsi que dans la Bastide du Roy à Antibes où réside Mick Jagger et Bianca enceinte. De nombreux invités (Bobby Keys, Gram Parsons…) participent à l'album et aux interminables sessions d'enregistrement ponctuées par les injections d'héroïne, drogue à laquelle Keith s'adonne[65]. L'album ne contient pas vraiment de hit majeur, sauf Tumbling Dice et Happy chanté par Keith Richards. La chanson Sweet Black Angel, est un hommage à Angela Davis, et le blues y est omniprésent. L'album n'est pas très bien accueilli par la critique, mais cette même critique le classera vingt ans plus tard parmi les dix meilleurs albums de tous les temps (Rolling Stone Magazine).
À la suite de l'album, les Stones se lancent dans une gigantesque tournée aux États-Unis où ils ne sont plus retournés depuis Altamont. La tournée (intitulé STP : Stone Touring Party, jeu de mots sur le STP qui est une amphétamine — le 2,5-Diméthoxy-4-méthylamphétamine) a son cortège de sexe, drogues, rock'n'roll et télévisions défenestrées par Richards et Bobby Keys dans un hôtel. Le film-documentaire Cocksucker Blues tourné par Robert Frank pendant la tournée nord américaine en témoigne mais ne sortira pas, car présentant une vision trop crue du groupe (drogues, groupies, destruction de chambres d'hôtel, scènes d'orgies dans un avion). Une polémique porte sur ce film, car différentes scènes auraient été mises en scène.
Derniers albums avec Mick Taylor (1973-1974)
En 1973, l'inspiration du groupe s'appauvrit, Keith Richards connaît des problèmes du fait de l'héroïne. La villa Nellcôte, devenue un repaire d'héroïnomanes (dont Anita Pallenberg), est surveillée par la police. En , la police trouve motif à inculper Keith Richards pour usage et trafic de drogue[66]. Si le guitariste a le temps de quitter les lieux, il est déclaré persona non grata sur le territoire français, ce qui y prive le groupe de tout concert pour plusieurs années. L'album qui sort en 1973, Goats Head Soup, enregistré en Jamaïque, compte un succès commercial avec Angie. Pour la tournée européenne qui promeut l'album, du fait de leurs démêlés judiciaires en France, les Rolling Stones et la radio RTL affrètent un train spécial pour un concert exceptionnel donné à Bruxelles. Le bootleg Brussels Affairs en reflète le son, notamment les prestations de Mick Taylor, et sera officiellement publié en 2011 dans la série From the Vault dans son intégralité.
En 1974 sort l'album It's Only Rock 'n Roll, premier album produit sous le vocable Glimmer Twins, surnom du duo Jagger - Richards. L'album ouvre sur le titre If You Can't Rock Me avec Keith Richards à la basse, suivi de Ain't Too Proud To Beg, reprise des Temptations. Dans Time Waits For No One, Mick Taylor opère un solo inspiré. Fingerprint File, d'obédience soul, fait référence aux exactions du FBI et des dictatures sud-américaines.
À la surprise de tous, Mick Taylor quitte les Stones après l'album It's Only Rock 'N Roll[67] en décembre 1974. Il sera remplacé par Ron Wood, issu des Faces et ayant travaillé avec Rod Stewart et Jeff Beck (en tant que bassiste). De nombreuses rumeurs ont circulé à propos du départ de Taylor (qui ne s'est jamais expliqué clairement sur ses raisons). La raison la plus répandue est qu'il en avait marre de ne pas être crédité pour son apport sur certains morceaux[68]. Il semblerait aussi qu'il avait du mal à se sentir réellement intégré au groupe et que sa dépendance à l'héroïne a joué aussi dans sa décision de s'éloigner des Stones[68].
Arrivée de Ron Wood et déchéance de Keith Richards (1976-1977)
Avec le départ de Mick Taylor et l'arrivée de Ron Wood, le groupe perd un virtuose mais gagne un guitariste qui correspond plus à leur image (très sex, drugs and rock'n'roll). De plus, l'arrivée de Ron Wood permet un retour au guitar weaving, cette technique particulière qui entremêle les deux guitares (sans distinction entre le guitariste soliste et le guitariste rythmique, chacun alternant ce rôle) qui était la marque de fabrique des Stones du temps où Brian Jones et Keith Richards jouaient ensemble. La technique de Mick Taylor l'avait imposé comme soliste et contraint Richards à se contenter de la rythmique. Dans le monumental livre Rolling Stones, Ron Wood explique s'être longtemps senti le « petit nouveau », et pas Stone à part entière (à juste titre puisque jusqu'en 1993, il ne sera qu'un salarié du groupe avant d'être intégré comme membre à part entière). Les choses changeront pendant la durable brouille de 1988 entre Mick Jagger et Keith Richards, qui enregistreront alors en solo ; se disant qu'après tout il a alors davantage d'ancienneté que n'importe quel membre ayant quitté les Stones, il prend sur lui d'amener Jagger et Richards à la réconciliation. Celle-ci se concrétisera par l'album Steel Wheels en 1989.
L'arrivée de Ron Wood est salutaire pour le groupe par sa capacité à soutenir en studio et sur scène les errances de Keith Richards, qui a du mal à assurer sa place en raison de sa dépendance grandissante à l'héroïne, sa contribution aux albums devenant de plus en plus erratique[69] et même sur scène, il a du mal à tenir son rôle. Lors d'une tournée européenne, en Allemagne, en 1976, Keith Richards, abruti par les drogues, s'évanouit sur scène à Francfort puis quelques jours plus tard, s'endort littéralement pendant un morceau à Münster. Si Mick Jagger réussit à maintenir le groupe à flots, Keith Richards est aux abonnés absents.
Les années 1970 seront une période trouble pour Keith Richards à qui les médias attribuent le titre peu envié de « l'être humain le plus élégamment dévasté[70] ». Outre ses addictions, il est aussi affecté par la mort de ses proches : son fils Tara meurt âgé de dix semaines en 1976, son grand ami Gram Parsons en 1973. Ses diverses arrestations comme en Arkansas en 1975 ou à Toronto en 1977 et les interdictions de séjour qui en découlent mettent en péril l'avenir du groupe et l'obligent à constamment déménager (France, Suisse, Jamaïque). Il y a aussi les doutes musicaux. La fin des années 1970 voit apparaître des musiques nouvelles comme le punk ou la disco, qui donnent un coup de vieux à des groupes comme les Rolling Stones. Joe Strummer, guitariste du Clash déclare : « En 1977, plus d'Elvis, plus de Beatles, plus de Rolling Stones[71] ! » pour signifier sa défiance à l'égard de musiques qui selon lui, appartiennent au passé.
L'arrestation de Keith Richards à Toronto en 1977, qui risque sept ans de prison, met le groupe en péril et jette le doute sur la pérennité de sa présence au sein des Stones. Il est sauvé in extremis de la prison par une fan aveugle — (en)Blind angel comme l'a surnommée Keith — qui convainc le juge d'infliger au groupe la peine de donner un concert pour lever des fonds pour la cause des aveugles. Keith Richards reconnaîtra plus tard qu'elle lui a probablement sauvé la vie. Cet événement incite le guitariste à se débarrasser de sa dépendance à l'héroïne. Peu à peu, Keith Richards se défait de ses addictions, en même temps qu'il se défait de la présence de sa compagne, Anita Pallenberg, héroïnomane comme lui.
Malgré la défiance du punk, les albums des Stones entre 1974 et 1981 atteignent à chaque fois la première place des ventes. It's Only Rock 'N Roll (1974), Black and Blue (1976), Some Girls (1978), Emotional Rescue (1979) et Tattoo You (1981) sont tous numéro un des ventes. Le groupe s'essaie à des musiques nouvelles qui collent à leur époque comme le funk (Hot Stuff sur l'album Black and Blue), le reggae (Cherry O Baby) ou le jazz (Melody).
Les concerts sont de plus en plus gigantesques et importants par les foules qu'ils attirent, les lieux où ils se déroulent et les moyens qu'ils nécessitent. L'attraction de la tournée 1975 est un pénis gonflable de six mètres[72]. C'est surtout grâce à Mick Jagger que le groupe arrive à se maintenir dans la décennie malgré la concurrence du punk ou de la disco. De l'aveu de Keith Richards, c'est Mick qui s'est occupé des affaires du groupe aussi bien sur le plan artistique que sur le plan économique[73]. L'album Love You Live sorti en 1977 est un bon témoin de ces tournées de plus en plus grandes.
Nouveau sommet commercial (1978-1982)
En 1978, le groupe retrouve le succès avec Some Girls, qui propose des chansons répondant à la vague punk (When The Whip Comes Down, Lies) et disco avec le tube Miss You. S'il est aujourd'hui son album le plus vendu, le groupe réussit encore à s'attirer les foudres des bien-pensants notamment à cause des paroles et de la pochette du disque jugées sexistes[74]. Par la suite, Les Rolling Stones jouent dans des stades pouvant contenir plus de 80 000 personnes et ils sont les premiers à le faire[75].
Après la tournée, le groupe enregistre l'album Emotional Rescue (en référence à Keith Richards qui a réussi à s'en sortir avec ses problèmes de drogue) qui sort en 1980. Durant les sessions fin 1978 à Pathé Marconi à Paris, les Rolling Stones côtoient le groupe de rock français Téléphone qui répète les chansons de l'album Crache ton venin dans la pièce d'à côté. Pour l'occasion, Mick Jagger dira aux membres de Téléphone qu'un groupe avec une fille (en l'occurrence la bassiste du groupe) ne marchera pas longtemps[76].
Puis, avec l'aide de leur ingénieur du son de leurs derniers albums (depuis 1978) Chris Kimsey, le groupe ressort des tiroirs les chansons non retenues pour les derniers disques depuis 1973, sur lesquels des overdubs sont effectués. Il en résulte l'album Tattoo You, qui sort l'année suivante, avec les tubes Start Me Up et Waiting On A Friend. Ces deux disques sont suivis d'une nouvelle tournée mondiale géante, dont témoigne l'album live Still Life sortie l'année suivante.
Mick Jagger contre Keith Richards (1983-1988)
Le retour aux affaires de Keith est pourtant le début de nouveaux problèmes pour le groupe. Selon Keith Richards, Mick Jagger avait pris la tête du groupe dans les années 1970, lorsque lui-même était dépendant de l'héroïne, et maintenant que le guitariste allait mieux, il n'était plus disposé à partager ce pouvoir[73]. Les premiers problèmes apparaissent lors de l'enregistrement d'Emotional Rescue[77], en 1979 et culmineront avec la sortie de Dirty Work en 1986. Si le groupe continue d'enregistrer des albums et à jouer des concerts, Keith Richards et Mick Jagger ne se côtoient pratiquement plus et ne s'adressent plus la parole.
Mick Jagger semble de plus en plus tenté par une carrière solo. Après deux collaborations avec Michael Jackson pour State of Shock en 1984 et David Bowie pour Dancing in the Street en 1985, il sort son premier album solo, She's the Boss, en 1985, suivi de Primitive Cool en 1987. Les velléités de carrière solo de Mick provoquent l'ire de Keith Richards qui déclare même en 1986 : « Si Mick fait une tournée sans nous, je lui coupe la gorge[78] ». Les autres Stones se tiennent désormais à l'écart d'un groupe qui n'en est plus un. Keith Richards forme son propre groupe les X-Pensive Winos, Charlie Watts joue du jazz avec son Charlie Watts Orchestra, et Bill Wyman s'investit dans la production via le projet AIMS (Ambition, Idées, Motivation, Succès). Selon Wyman, Mick est le responsable des problèmes des Stones parce qu'il a décidé de « faire son propre truc tout seul sans le groupe[36] ».
En 1983, après la sortie de l'album Undercover, le contrat de distribution avec Atlantic touchant à sa fin, le groupe signe un nouveau contrat avec CBS. Cet évènement ajoute à la discorde car aucun des membres n'a été averti qu'il concerne non seulement les prochains albums, mais aussi trois albums solos de Mick Jagger, dont le premier doit sortir avant les albums du groupe[79]. Après la promotion de l'album Undercover, Mick Jagger informe ses camarades qu'il va enregistrer son premier album solo (She's the Boss) de mai à pour une parution l'année suivante[79]. À ce moment-là, le sommet des problèmes est atteint en 1985 et 1986 avec l'album Dirty Work, sur lequel Bill Wyman et Charlie Watts jouent volontiers les absents : Bill commence à fréquenter Mandy Smith, 14 ans, et Charlie doit soigner son alcoolisme, tandis que Mick Jagger est plus concentré sur sa carrière solo que celle au sein du groupe. Le , alors que le groupe est sollicité pour participer au Live Aid, seuls trois membres participent, séparément, en raison des tensions, et Mick Jagger y interprète Dancing in the Streets avec David Bowie. Plusieurs invités contribueront à Dirty Work, dont Tom Waits, Jimmy Cliff, Steve Naive, le guitariste Jimmy Page et Bobby Womack, ainsi que Steve Lillywhite (connu pour avoir travaillé avec U2 et les Simple Minds) à la production pour être en phase avec le son du moment. C'est pendant l'enregistrement de l'album que meurt Ian Stewart, l'ami fidèle et un des membres fondateurs du groupe, qui vivait dans leur ombre. Le titre de l'album est un clin d'œil aux fans, qui connaissent les difficultés du groupe.
En raison des nombreuses tensions, aucune tournée ne suivra la sortie de l'album. Mick Jagger annonce qu'il ne jouera plus jamais avec eux et se lance intégralement dans sa carrière solo avec son second album Primitive Cool. Keith Richards décide donc lui aussi de se lancer en solo avec l'album Talk Is Cheap qui sort en 1988.
L'éternel retour (1989-2009)
Un nouvel album inattendu et une tournée des records (1989-1991)
En , lors de l'intronisation du groupe au Rock and Roll Hall of Fame à Cleveland, aux États-Unis, les deux Glimmer Twins s'évitent. Ils finiront quand même par se parler et décideront de se revoir au cas où l'« alchimie » fonctionnerait de nouveau.
Ils synchronisent finalement leurs agendas et se retrouvent en à la Barbade. Ils signent un lucratif contrat avec CPI (Concert Production International) pour une tournée de cinquante concerts en Amérique du Nord, contre un cachet de 65 à 70 millions de dollars[80]. Il s'agit à l'époque, du plus lucratif contrat de l'histoire du rock[80]. À l'été 1989, les Rolling Stones se rendent à Tanger, au Maroc pour enregistrer Continental Drift avec les Master Musicians of Jajouka dirigé par Bachir Attar, pour l'album Steel Wheels. Le groupe se rend ensuite à Montserrat au studio Air pour enregistrer Steel Wheels qui sortira en . Une forme de renaissance viendra avec cet album, qui verra les Stones, à nouveau soudés, retrouver l'inspiration et l'envie de jouer ensemble. La tournée nommée elle aussi Steel Wheels, la première du groupe depuis sept ans, débute le et finit le . Elle se poursuit l'année suivante au Japon puis en Europe, sous le nom d'Urban Jungle Tour. Au total la tournée rapportera 270 millions de dollars, un record pour l'époque[81].
Entretemps, le groupe publie un nouvel album live, Flashpoint, en , sur lequel on retrouve deux chansons inédites, les dernières enregistrées avec Bill Wyman en : Sex Drive et Highwire. Cette dernière sortie en single arrive en tête de classement aux États-Unis en pleine Guerre du Golfe qui y est évoquée. À la fin de la tournée, le groupe se met au repos le temps que les membres se consacrent à leurs carrières solo.
Années 1990 : départ de Bill Wyman, deux nouveaux albums et tournées planétaires
Le , le groupe signe chez Virgin Records un contrat de 44 millions de dollars pour trois albums. Bill Wyman refuse de le signer car il a décidé d'arrêter la musique pour passer à autre chose, se consacrer à d'autres passions. Les autres membres acceptant la décision avec tristesse décident de ne pas dévoiler immédiatement cette information au public[42]. Visiblement lassé de ne pas être crédité pour ses contributions, et peut-être aussi des tournées incessantes dans les stades ou bien aussi par son avance en âge sur les autres[82], son départ est officialisé le pour prendre sa retraite[83]. Il forme les Rhythm Kings, groupe comprenant des musiciens de studio, tous de ses amis, comme Peter Frampton, Albert Lee ou Gary Brooker, et enregistre plusieurs albums aux consonances blues et jazz. Il est remplacé par Darryl Jones, choisi par Charlie Watts, qui amène une basse encore plus pesante que Bill Wyman et qui sied bien au son des Stones ; Darryl Jones n'aura jamais le statut de membre officiel et ne sera pas présent sur les photos publicitaires des Stones, bien qu'il soit très apprécié des membres du groupe.
En 1993, après le départ officiel de Wyman et la publication de la compilation Jump Back par Virgin (regroupant les meilleures chansons de 1971 à 1989), le groupe se remet au travail pour réaliser l'album Voodoo Lounge. L'enregistrement se déroule principalement en Irlande avec Don Was comme producteur qui est très apprécié par les membres pour son travail et sa diplomatie (surtout entre les idées de Mick Jagger et celles de Keith Richards). À sa sortie en 1994, l'album encore plus roots que Steel Wheels, rencontre le succès commercial et critique et donne l'impression une fois de plus que les Stones sont de retour. Le groupe remporte donc le Grammy Award du meilleur album rock.
Si les tournées se font dans des grands stades et deviennent un vrai business industriel[84], Keith insiste pour pouvoir toujours jouer également dans de petites salles, plus ou moins officiellement, usant parfois de pseudonymes pour le groupe, afin de rester près de ses fans. En 1995 pendant la tournée Voodoo Lounge (qui sera retracée près de 25 ans plus tard dans l'album live Voodoo Lounge Uncut), alors que l'émission MTV Unplugged est un succès grâce aux récentes performances d'Eric Clapton (album Unplugged en 1992) et de Nirvana (MTV Unplugged in New York en 1994), le groupe veut tenter l’expérience du live acoustique et sort Stripped. Elle comprend des titres joués à l'Olympia de Paris et au Paradiso Club d'Amsterdam, plus quelques titres en studio au Japon dans le cadre de répétitions. Toutes ces chansons sont jouées en acoustique comme dans l'émission MTV Unplugged. L'album reçoit un accueil critique mitigé. Une nouvelle version de l'album ne comportant que les chansons live paraîtra en 2016 sous le nom de Totally Stripped.
Les Stones sortent un nouvel album en 1997 (Bridges to Babylon), marqué par la volonté de s'inscrire dans l'air du temps (production des The Dust Brothers, basse de Meshell Ndegeocello, cosignature à l'amiable du premier single avec k.d. lang) tout en gardant le son traditionnel. Cet album donne l'occasion d'une nouvelle tournée mondiale, qui durera de septembre 1997 à septembre 1998, pour reprendre de janvier à juin 1999. Durant la tournée, le groupe sera le premier artiste à se produire au Stade de France le où il est accompagné de l'ancien Téléphone Jean-Louis Aubert en première partie. Entre-temps, le groupe réalise le clip du titre vedette Anybody Seen My Baby? en mettant en scène Angelina Jolie.
Compilation et tournée des 40 ans (2002-2004)
En 2002, le groupe publie pour les 40 ans la double compilation Forty Licks comportant sur le premier disque leurs chansons appartenant à ABKCO (années 1960) et le second ceux de 1971 à 2002 avec quatre inédits, dont le tube Don't Stop. Cette sortie sera suivie d'une nouvelle tournée mondiale.
Pour fêter leurs quarante années de carrière, les Rolling Stones repartent en tournée mondiale en 2002-2003. Le groupe n'a pas d'album à promouvoir cette fois, sinon une compilation qui comporte quatre titres inédits, Forty Licks. Elle contient sur le premier disque leurs chansons appartenant à ABKCO (années 1960) et le second ceux de 1971 à 2002 avec quatre inédits, dont le tube Don't Stop et Losing My Touch chanté par Keith. Pour cette tournée ils répètent plus de quatre-vingts chansons tirées de l'ensemble de leur répertoire (notamment des chansons jamais jouées sur scène comme Can't You Hear Me Knockin'). Ils en profiteront aussi pour écumer un grand nombre de petites salles, dont de nouveau l'Olympia de Paris. La tournée est remarquée pour sa vigueur, le plaisir qu'ils ont à jouer ensemble, le son et l'énergie. Elle sera l'occasion du premier DVD des Rolling Stones, Four Flicks, qui reprend trois concerts (à New York au Madison Square Garden, à Paris à l'Olympia et au Stade de Twickenham) et plus de quarante chansons.
A Bigger Bang (2005-2008)
En 2004, après la fin de la tournée Forty Licks qui marque les 40 ans des Rolling Stones, le batteur Charlie Watts annule sa tournée avec son groupe de jazz en juin, car il est atteint d'un cancer de la gorge et commence déjà les soins, bien avant l'annonce officielle deux mois plus tard le . La presse s’interroge si le groupe doit continuer sans lui[79]. En attendant, Keith Richards et Sir Mick Jagger (élevé au rang de chevalier en 2003) se retrouvent au domaine de celui-ci, le château de Fourchette[85] pour écrire de nouvelles chansons[86]. De plus, le groupe doit également se passer du guitariste Ronnie Wood parti en cure de désintoxication pendant un an.
En attendant l'issue de la maladie du batteur, Mick Jagger et Keith Richards participent à la cérémonie du Rock and Roll Hall of Fame le pour y faire entrer Jann S. Wenner (le directeur du magazine Rolling Stone) et le groupe ZZ Top.
De novembre à , puis en mars et , le groupe sans Ronnie Wood enregistre un nouvel album toujours produit par Don Was dans une petite pièce du château en prise live, se voulant un retour aux sources avec un son brut et direct dans l'esprit des albums Exile on Main Street, Elephant des White Stripes ou encore Thickfreakness des Black Keys. Puis le groupe se rend à Los Angeles avec Ronnie pour finaliser et mixer l'album dans différents studios[79].
Le nouvel album intitulé A Bigger Bang parait le . Il est leur dernier album à ce jour enregistré en studio avec des compositions originales. Quelques jours plus tard, la femme du batteur annonce que son mari est guéri de son cancer[79].
L'album A Bigger Bang apparaît à certains, à nouveau, comme une résurrection. Mais peinant quelque peu à se renouveler avec cet album de plus, ils ne font pas illusion auprès d'une partie de la critique et des fans. Leur dernière tournée mondiale, nommée elle aussi A Bigger Bang, commence le à Boston (États-Unis). Après les étapes américaines (Nord et Sud), asiatiques et en Océanie, un accident très médiatisé de Keith Richards (tombé d'un cocotier, indemne, il a eu un accident de jet-ski le jour même[87]) a contraint le groupe à différer l'ouverture de la tournée européenne, bouleversant nombre de dates et en en annulant quelques-unes. En France, deux concerts initialement prévus au Stade de France, furent fondus en une seule soirée le , l'une de leurs meilleures prestations dans l'Hexagone selon de nombreux avis. Les Rolling Stones sont également à Nice le , renouant pour un soir au Palais Nikaïa (stade Charles-Ehrmann) avec leurs années « Riviera ». Se confirme aussi un retour de la tournée aux États-Unis, prévue dès septembre pour plusieurs mois.
A Bigger Bang devient tournée la plus lucrative de l'histoire de la musique, avec 558 millions de dollars de recette[88] et une audience de 4,6 millions de personnes pour 144 représentations[89]. Le groupe a également attiré deux millions de personnes lors du concert gratuit de Rio de Janeiro, sur la plage de Copacabana, en février 2006. Ainsi depuis la sortie de Voodoo Lounge en 1994, les Rolling Stones ont passé plus de sept ans sur scène, avec un évident plaisir qui, même s'il n'est pas dénué de manœuvres commerciales et de gains colossaux, démontre, s'il le fallait encore, que le groupe représente alors, avec les Who (reformés en 1989), Paul McCartney et Ringo Starr, le seul témoignage de l'âge d'or du rock'n'roll[90], et la preuve que leur musique est intemporelle.
Les Stones sont considérés, avec Bob Dylan, les Beach Boys, les Beatles, les Who, Led Zeppelin et quelques autres, comme des inventeurs de la musique populaire moderne. Dès leurs débuts, ils ont tenu à catégoriser leur musique comme du rhythm and blues (d'après Ray Charles, c'était le nom donné autrefois au rock and roll avant qu'il ne devienne à la mode), et se réclamèrent à plusieurs reprises de la filiation des grands bluesmen. Légendaires, ils continuent à attirer les foules, et apparaissent lors de grands événements, comme lors du Super Bowl[91], ou lors des célébrations de la fin de l'embargo américain à l'encontre de Cuba.
Rééditions augmentées d'Exile On Main St. et de Some Girls (2010-2011)
En février et en , après de multiples rumeurs sur une éventuelle tournée, les Rolling Stones annoncent dans la presse qu'à l'occasion de la sortie de l'album de 1972 Exile on Main St. remastérisé, ils publieront une dizaine de chansons enregistrées à cette époque. D'après une interview publiée dans le magazine Rolling Stone, ils auraient même placé de nouvelles pistes de guitares et de chant sur certains titres. Dans la même interview, Keith Richards ne dément pas une rumeur selon laquelle Mick Taylor serait venu enregistrer avec eux[92]. En 2011, l'album Some Girls est ressorti avec douze nouvelles chansons.
Tournées des cinquante ans (2012-2015)
L'année 2012 est marquée par la célébration des cinquante ans de carrière des Rolling Stones. En août, le site officiel annonce la sortie pour le d'un coffret best of de 3 CD intitulé GRRR! avec en bonus deux nouvelles compositions enregistrées en à Paris : One more shot et Doom and Gloom[93] (le clip vidéo de Doom and Gloom a été tourné dans les studios de la Cité du cinéma de Luc Besson à Saint-Denis). Cinq concerts exceptionnels ont lieu en fin d'année 2012 : deux à l'O2 Arena de Londres, deux autres au Prudential Center de Newark, près de New York, et un cinquième, intercalé, au Barclays Center de Brooklyn à New York. Afin d'être prêts pour les concerts londoniens et new-yorkais, les Rolling Stones ont répété dans un studio à quelques kilomètres de Paris et ont offert un concert-surprise au Trabendo de Paris devant 700 fans le .
Pour 2013, une tournée est confirmée par le groupe, avec neuf dates, de mai à juin, en Amérique du Nord, dans des salles de type « aréna », un concert au festival de Glastonbury le , ainsi qu'à Hyde Park à Londres le et le [94]. L'événement marquant de cette tournée anniversaire est la participation de Mick Taylor à quelques morceaux[95],[96]. Durant cette tournée nord-américaine, sa participation est systématique lorsque le groupe joue Midnight Rambler, participation qui s'étendra à d'autres morceaux comme Sway, Can't You Hear Me Knocking, et (I Can't Get No) Satisfaction, jouée en dernier rappel lors de cette tournée[97].
De nombreux autres artistes rejoignent le groupe sur scène durant cette tournée : Lady Gaga, Sheryl Crow, Katy Perry, Aaron Neville, Tom Waits, Florence Welch (du groupe Florence and the Machine), Eric Clapton. Des chorales locales accompagnent le groupe sur You Can't Always Get What You Want, comme The Crossing (Philadelphie) ou la Cawthra Park Chamber Choir (Toronto). En , le groupe entame sa nouvelle tournée, 14 on fire qui débute par Abu Dhabi. Le Japon et la Chine suivent, puis le continent européen en mai et , avec 14 dates qui rassembleront un total de 782 000 spectateurs. La tournée se poursuivra en octobre- par l'Australie et la Nouvelle-Zélande, tournée prévue initialement en mars, mais reportée à la suite du décès de la compagne de Mick Jagger.
À partir du , les Rolling Stones entament une tournée américaine de 16 dates, intitulée Zip Code, en référence à la réédition remasterisée de leur album Sticky Fingers. Cette tournée s'est clôturée le à Québec, ceci alors que les rumeurs concernant un nouvel album se font insistantes[98]. Ces rumeurs se voient finalement confirmées par Keith Richards lui-même qui, à l'occasion de la sortie de son album solo le 18/09/2015, annonce que le groupe enregistrera bien un nouvel album début 2016[99]. Du au , les Rolling Stones se produisent dans les stades d'Amérique Latine qui affichent tous complet, pour une tournée baptisée « America Latina Olé », qui démarre à Santiago du Chili et s'achève à Mexico, en passant par Buenos Aires, Montevideo, Rio de Janeiro, São Paulo, Porto Alegre, Lima et Bogota. Le , Les Rolling Stones annoncent qu'ils vont donner un concert gratuit le à Cuba, à La Havane. C'est le premier grand groupe de rock à se produire dans l'île. Cela s'explique par le fait que le rock a été interdit durant de nombreuses années à Cuba[100]. Les Stones se produisent à la « Ciudad Deportiva » de La Havane devant plus de 500 000[101] spectateurs (la maison de disque avait annoncé 1,2 million)[101]. Un film documentant cet événement exceptionnel sort en septembre 2016 sous le titre Havana Moon.
Blue & Lonesome et nouvelles tournées (2016-2019)
À l'orée des cinquante-cinq ans de carrière du groupe le , le groupe annonce sur les réseaux sociaux qu'un nouvel album enregistré en studio (le premier depuis 11 ans) sortira le constitué uniquement de reprises de leurs maîtres en Blues. Il s'agit de l'album Blue and Lonesome tout en humilité donc, qui connaîtra un succès commercial et sera considéré par les lecteurs du magazine Rolling Stone dès la première semaine de sa parution comme l'un des dix meilleurs albums de l'année[102].
En 2017, les Rolling Stones lancent une nouvelle tournée, européenne cette fois, intitulée No Filter Tour, avec un visuel rappelant légèrement le No Security Tour. Cette tournée de quatorze concerts commence le à Hambourg pour se clôturer le à Paris, où le groupe se produit trois fois en inaugurant la toute nouvelle U Arena de Nanterre.
Le le quotidien britannique NME annonce un album retraçant les premiers passages du groupe à la BBC pour une parution le [103].
Le , d'après le magazine Rolling Stone, Keith Richards annonce que le groupe retourne en studio prochainement pour l'enregistrement d'un nouvel album[104], alors que la maison de disques ABKCO annonce huit jours plus tard la ressortie de l'album Their Satanic Majesties Request le remastérisé pour les cinquante ans de l'album.
En , ABKCO publie l'album On Air, constitué d'enregistrements de concerts des années 1963 à 1965 captés par la BBC, avec un son remasterisé.
En 2018, le groupe continue sa tournée européenne No Filter Tour entamée le , avec 14 dates prévues entre le (Dublin) et le (Varsovie). Les Rolling Stones se produisent entre autres à Londres, Manchester, Marseille et Berlin. À la fin de l'année, ABKCO publie la version remastérisée de l'album Beggars Banquet pour ses cinquante ans[105].
Fin , Keith Richards annonce que le groupe retourne en studio pour enregistrer en une semaine un nouvel album de chansons originales toujours produits par Don Was pour une sortie vers la fin de l'année avant de repartir en tournée en Amérique à partir du suivant. Quelques mois plus tôt, Mick Jagger et Keith Richards s'étaient retrouvés en studio avec leur producteur pour répéter les nouvelles chansons, mais préféraient prendre du recul pour voir si elles étaient bonnes[106]. En attendant l'album, une nouvelle compilation intitulée Honk reprenant les 36 meilleures chansons de Sticky FIngers (1971) à Blue and Lonesome (2016) sort le [107].
En , le groupe reporte sa tournée au Canada et aux États-Unis, car Mick Jagger doit subir une intervention chirurgicale au niveau du cœur[108]. La tournée, intitulée No Filter US Tour 2019, reprend le à Chicago pour se terminer le à Miami[109]. C'est la dernière tournée à laquelle participe le batteur Charlie Watts. La même année, le groupe publie les concerts de Brême (Allemagne) et de Buenos Aires (Argentine) durant la tournée No Security sur deux albums distincts : Bridges to Bremens sort en juin, Bridges to Buenos Aires en septembre. En novembre, le label ABKCO ressort l'album Let It Bleed en version remastérisée.
Pandémie et mort de Charlie Watts
En 2020, l'activité du groupe subit la crise sanitaire : la tournée nord-américaine qui devait débuter le à San Diego et se terminer le à Atlanta, avec une seule date canadienne le à Vancouver est reportée[110]. Les membres se retrouvent confinés séparément dans différents pays. Par écrans interposés, ils participent à l'événement « Global Citizen » en interprétant You Can't Always Get What You Want. En mai, le groupe publie une nouvelle chanson, Living in a Ghost Town, enregistrée l'année précédente à Los Angeles[111]. Pour la première fois dans l'histoire du groupe, la chanson est n° 1 des classements dans une vingtaine de pays, ce que le groupe n'avait jamais connu jusque là (leur dernier single n° 1 était Miss You en 1978)[112].
Au second semestre 2020, alors que les membres sont toujours confinés dans leurs pays respectifs, l'album Goats Head Soup est réédité remixé par le fils du producteur légendaire des Beatles, Giles Martin (qui s'occupe de remixer les albums des Beatles) et augmenté d'inédits, dont Scarlet enregistré en 1974 avec le guitariste Jimmy Page.
En 2021, le groupe annonce son retour sur scène pour une tournée nord-américaine The Rolling Stones USA No Filter Tour qui doit se dérouler du 26 septembre à Saint-Louis (Missouri) au 20 novembre à Austin (Texas)[113]. Mais pour la première fois depuis 1963, Charlie Watts sera absent et la batterie sera assurée par Steve Jordan, fidèle accompagnateur de Keith Richards en solo. En effet, Charlie doit prendre du temps pour se remettre d'une intervention médicale[114]. Il réagit lui-même à son absence : « Je travaille dur pour être en pleine forme, mais j'ai accepté aujourd'hui, sur les conseils des experts médicaux, que cela prenne du temps. Après toutes les difficultés que le COVID a causé aux fans, je ne veux vraiment pas que ceux qui détiennent des billets pour cette tournée soient déçus par un autre report ou une autre annulation »[113].
« On a vraiment hâte de retrouver de nouveau Charlie dès qu'il aura complètement récupéré », réagit Mick Jagger. « Merci à notre ami Steve Jordan de nous rejoindre afin que nous puissions jouer pour vous tous les spectacles prévus cet automne », ajoute le chanteur du groupe[113].
Mais le batteur des Rolling Stones ne reviendra pas dans le groupe, car un mois plus tard, le 24 août 2021, il meurt dans un hôpital londonien, « paisiblement et entouré de sa famille »[115],[116].
Nouvelles tournées avec Steve Jordan et réédition de Tattoo You
Durant le mois d'août 2021, en parallèle à la préparation de la nouvelle tournée américaine à suivre en septembre avec Steve Jordan à la batterie, le groupe annonce une réédition augmentée de l'album Tattoo You paru quarante ans plus tôt, contenant un disque d'enregistrements inédits et deux disques live[117].
Tournée Sixty
Pour célébrer leur six décennies de carrière, le groupe annonce le 14 mars 2022, une tournée européenne de 14 dates, intitulée Sixty[118].
La tournée commence le 1er juin 2022 à Madrid pour se terminer le 3 août à Berlin, en passant par Lyon le 19 juillet et Paris le 23[119]. Le 13 juin 2022, les Rolling Stones sont contraints d'annuler leur concert à Amsterdam au dernier moment (qui sera reporté) et celui de Berne quelques jours plus tard (qui sera annulé sans report), Mick Jagger ayant été contrôlé positif à la Covid-19.
Héritage
Depuis leur formation en 1962, les Rolling Stones ont survécu aux nombreuses querelles[121],[122]. Ils ont sorti près de 30 albums studios, autant d'albums live et près d'une centaine de singles[123]. Selon OfficialCharts.com, les Stones sont classés au quatrième rang des groupes les plus vendus de tous les temps. Leur plus grand succès en single est (I Can't Get No) Satisfaction[124], considéré par beaucoup à l'époque comme « l'exemple classique du rock and roll ». Les Stones ont contribué au lexique du blues, créant leurs propres « mots de code » et argot qu'ils ont utilisé tout au long de leur catalogue de chansons. Le groupe a été considéré comme l'avant-garde musicale d'une transfusion majeure de diverses attitudes culturelles, les rendant accessibles aux jeunes en Amérique et en Europe. Muddy Waters déclara que les Rolling Stones et la British Invasion suscitèrent l'intérêt du public envers les artistes de blues. Après leur arrivée aux États-Unis, les ventes d'albums de Waters, ainsi que ceux d'autres musiciens de blues, ont accru l'intérêt du public[125], contribuant ainsi à reconnecter le pays avec sa propre musique[126].
Les Rolling Stones ont vendu plus de 240 millions d'albums dans le monde[123] et ont organisé plus de 48 tournées de durée variable, dont trois des tournées les plus lucratives de tous les temps : Bridges to Babylon Tour[120], Voodoo Lounge Tour et A Bigger Bang Tour[127]. En , le magazine Rolling Stone les a déclarés « le groupe de référence que le rock & roll a produit »[121]. Le Telegraph a appelé Mick Jagger « le Rolling Stone qui a changé la musique »[128]. Le groupe a fait l'objet de nombreux documentaires et a été intronisé au Rock and Roll Hall of Fame par Pete Townshend en 1989[129],[130]. Les Rolling Stones ont inspiré et encadré de nouvelles générations d'artistes musicaux que ce soit des groupes[131] comme Téléphone en France dont les membres ont pu côtoyer leurs idoles en studio en 1979[76] et en première partie de concert en 1982[132], et des artistes en solo[133],[134] Ils sont également crédités pour avoir changé « entièrement la gestion de l’industrie du disque »[128].
Au cours de ses 60 ans d’existence, le groupe a reçu, et a été nominé à de nombreux prix, dont trois Grammy Awards (et 12 nominations)[135], le prix Juno de l'artiste international de l'année en 1991[136], et le prix décerné par le magazine New Musical Express pour le meilleur album live et le meilleur film musical, pour leur documentaire Crossfire Hurricane[137].
À l'âge de 75 ans, Mick Jagger a nommé sept perles fossilisées d'après les membres actuels et anciens du groupe. Deux espèces, Petroperla mickjaggeri et Lapisperla keithrichardsi, ont été placées au sein d'une nouvelle famille Petroperlidae. La nouvelle famille a été nommée en l'honneur des Rolling Stones, dérivés de la petra grecque qui signifie pierre. Les scientifiques ont appelé les fossiles des « Rolling Stoneflies»[138].
Logotype
The Tongue (« La langue »), inspirée de la bouche de la déesse indienne Kali, a été créée en 1970 par John Pasche, alors étudiant en art au Royal College of Art de Londres, sur une suggestion de Mick Jagger, qui avait repéré la déesse tirant la langue sur une affiche exposée dans une échoppe du quartier indien de Londres. Avant de devenir le logo emblématique du groupe, l'illustration a été utilisée sur l'album Sticky Fingers, en 1971. Le design original a été acheté le par le Victoria and Albert Museum, pour plus de 63 000 euros, lors d'enchères aux États-Unis[139].
Économie
Devenu l'un des groupes de rock les plus célèbres de tous les temps, les Rolling Stones ont créé autour de leur groupe un marché particulièrement prolifique. Celui-ci s'articule autour de quatre sources de revenus : les concerts, les albums, les produits dérivés et les droits d'auteur[140].
S'il est impossible de donner un chiffre d'affaires global, les ventes de la billetterie sont rendues publiques. Pour les 117 concerts du 'Licks Tour' (2002-2003), 301 millions de dollars ont été dégagés. 560 millions de dollars pour les 147 concerts du "Bigger Bang" (2005 - 2007) et 120 millions de dollars pour les 14 concerts de "50 & Counting" (2012 - 2013). Portées par la popularité du logo du groupe, les ventes de produits dérivés n'ont jamais cessé de croître. Que ce soit auprès de fans[141], ou auprès du grand public par l'intermédiaire de la grande distribution (Zara ou H&M proposant régulièrement des vêtements à l'effigie du groupe). Les albums et droits d'auteur ne sont pas en reste : la longévité sur scène des Rolling Stones leur permettant de dégager des recettes substantielles et stables dans le temps.
Selon le Sunday Times, Mick Jagger et Keith Richards seraient ainsi chacun à la tête d'une fortune de plus de 200 millions d'euros[142].
En 2020, le groupe inaugure une boutique dans le quartier Carnaby Street à Londres. La boutique propose différents accessoires arborant le logo des Rolling Stones[143].
Membres
La première formation du groupe compte six membres avec le pianiste Ian Stewart. Ce dernier est évincé par le label Decca le jour de la signature du contrat les liant. Les Rolling Stones fonctionnent alors à cinq dans une formation qui n'évolue pas jusqu'en 1969, avec le remplacement du second guitariste Brian Jones (de plus en plus absent dans le groupe) par le guitariste soliste Mick Taylor. En 1974, ce dernier quitte les Stones. Le groupe lui trouve un remplaçant durant les sessions de l'album Black And Blue en la personne de Ron Wood, le guitariste de Rod Stewart & The Faces. Ron Wood ne prend d'ailleurs pas immédiatement le statut de membre. Enfin, le groupe passe à quatre membres en 1993 avec le départ du bassiste Bill Wyman au moment où le groupe signe un nouveau contrat de distribution. La basse est alors jouée par Darryl Jones, qui n'a qu'un statut d'accompagnateur. En août 2021, le groupe perd son batteur Charlie Watts. C'est le batteur de Keith Richards en solo, Steve Jordan, qui est appelé à le remplacer, avec un statut d'accompagnateur.
Membres actuels
- Mick Jagger - chant, chœurs, harmonica, guitare rythmique (depuis 1962)
- Keith Richards - guitare solo, guitare rythmique, chœurs, chant (depuis 1962)
- Ronnie Wood - guitare rythmique, guitare solo, chœurs (depuis 1975)
Anciens membres
- Ian Stewart - piano (1962-1963) †
- Brian Jones - guitare rythmique, guitare solo, harmonica, sitar, saxophone, chœurs (1962-1969) †
- Charlie Watts - batterie (1963-2021) †
- Mick Taylor - guitare rythmique, guitare solo, chœurs (1969-1974)
- Bill Wyman - basse, chœurs (1962-1993)
Accompagnateurs
- Chuck Leavell - claviers, chœurs (depuis 1982)
- Bernard Fowler - percussions, chœurs (depuis 1989)
- Darryl Jones - basse, chœurs (depuis 1993)
- Tim Ries - saxophone, claviers (depuis 1999)
- Karl Denson - saxophone (depuis 2014)
- Sasha Allen - chœurs (depuis 2016)
- Steve Jordan - batterie (depuis 2021)
Anciens accompagnateurs
- Ian Stewart - claviers (1962-1967, 1969-1985)
- Bobby Keys - saxophone (1969-1973, 1981–2014)
- Merry Clayton - choriste sur Gimme Shelter (1969)
- Nicky Hopkins - claviers (1967-1973) † 6 septembre 1994
- Billy Preston - claviers, chœurs (1973-1977) † 6 juin 2006
- Ronnie Wood - guitare rythmique, guitare solo, chœurs (été-automne 1975, promu membre officiel en décembre 1975)[144]
- Ian McLagan - claviers (1978-1981) † 3 décembre 2014
- Ernie Watts - saxophone (1981)
- Lisa Fischer - chœurs (1989-2015)
- Blondie Chaplin - guitare rythmique, chœurs (1997-2007)
Œuvre
Discographie
- 1964 : The Rolling Stones
- 1965 : The Rolling Stones No. 2
- 1965 : Out of Our Heads
- 1966 : Aftermath
- 1967 : Between the Buttons
- 1967 : Their Satanic Majesties Request
- 1968 : Beggars Banquet
- 1969 : Let It Bleed
- 1971 : Sticky Fingers
- 1972 : Exile on Main St.
- 1973 : Goats Head Soup
- 1974 : It's Only Rock 'n Roll
- 1976 : Black and Blue
- 1978 : Some Girls
- 1980 : Emotional Rescue
- 1981 : Tattoo You
- 1983 : Undercover
- 1986 : Dirty Work
- 1989 : Steel Wheels
- 1994 : Voodoo Lounge
- 1997 : Bridges to Babylon
- 2005 : A Bigger Bang
- 2016 : Blue and Lonesome
Vidéographie
- 1964 : T.A.M.I. Show (en) de Steve Binder
- 1966 : Charlie Is My Darling de Peter Whitehead (en)
- 1968 : One + One ou Sympathy for the Devil de Jean-Luc Godard
- 1970 : Gimme Shelter d'Albert Maysles, David Maysles et Charlotte Zwerin
- 1972 : Cocksucker Blues de Robert Frank
- 1974 : Ladies and Gentlemen: The Rolling Stones (en) de Rollin Binzer
- 1983 : Let's Spend the Night Together de Hal Ashby
- 1984 : Video Rewind de Julien Temple
- 1989 : 25x5: The Continuing Adventures of the Rolling Stones de Nigel Finch (en)
- 1992 : Stones at the Max (en)
- 1995 : The Rolling Stones: Voodoo Lounge Live (en)
- 1996 : The Rolling Stones Rock and Roll Circus de Michael Lindsay-Hogg
- 1998 : Bridges to Babylon Tour '97–98 (en)
- 2003 : Live Licks
- 2007 : The Biggest Bang (en)
- 2008 : Shine a Light de Martin Scorsese
- 2010 : Stones in Exile de Stephen Kijak
- 2011 : Some Girls: Live in Texas '78 (en)
- 2012 : Live at the Checkerboard Lounge, Chicago 1981 (en)
- 2012 : Crossfire Hurricane (en) de Brett Morgen
- 2013 : Sweet Summer Sun: Live in Hyde Park (en)
- 2014 : From the Vault: Hampton Coliseum – Live in 1981 (en)
- 2014 : From the Vault: L.A. Friday – Live in 1975 (en)
- 2015 : From the Vault: Live at the Tokyo Dome (en)
- 2015 : From the Vault: Live in Leeds 1982 (en)
- 2016 : Havana Moon
- 2016 : Olé Olé Olé!: A Trip Across Latin America
- 2021 : La Vie de Brian Jones de Patrick Boudet
Hommage
- (19383) Rolling Stones, astéroïde nommé en l'honneur du groupe.
Notes et références
- Prononciation en anglais britannique (« Received Pronunciation ») retranscrite selon la norme API.
- (en) Murry R. Nelson, The Rolling Stones. A Musical Biography, ABC-CLIO, , p. 9.
- (en) Steve Appleford, The Rolling Stones, Schirmer Books, , p. 12.
- Bon 2002, p. 41.
- Bon 2002, p. 160.
- Bon 2002, p. 161.
- Bon 2002, p. 105-110.
- Bon 2002, p. 88-89.
- Bon 2002, p. 96.
- Bon 2002, p. 173.
- Keith Richards, Life, 2010.
- Bon 2002, p. 119-120.
- « Dear Sir, I am writing on behalf of the « Rollin' Stones » Rhythm and Blues band. ». Début de la lettre datée du « 2. 1. 63. » – ou ? – envoyée par Brian Jones au « Jazz Club » en vue de passer une audition. Brian précise la composition du groupe : « Our front line consists of : vocal + harmonica (electric), and two guitars, supported by a rhythm section comprising bass, piano, and drums. » ; fac-similé publié avec traduction par Gavin Martin, Interview d'Outre-Tombe : 1994 Brian vous parle, première parution le dans NME, repris (trad. : Stan Cuesta) dans Rock & Folk, Spécial Hors-série no 10, Nos années Stones : 1963-1995, juin 1995, p. 37.
- Voir Brian Jones and Mick Jagger & The Rollin' Stones pour leur première apparition sur scène en juin 1962, Thierry Chatain, article cité, p. 25, 2e col..
- « Pour sa première apparition rémunérée sur scène, Mick Jagger touche la somme de dix-sept shillings et six pences. Soit un peu moins de dix francs pour chanter avec le groupe Blues Incorporated d'Alexis Korner dans un club de Londres. » — Paul Rambali, « Money… Honey… », article publié dans Vogue Hommes en février 1994 reproduit dans Rock & Folk, Spécial Hors-série no 10, Nos années Stones : 1963-1995, juin 1995, p. 98-104, p. 98 § 1962. À titre de comparaison, Charlie Watts, le seul Stone à exercer alors une activité salariée, gagne annuellement 200 £ comme graphiste dans une agence de publicité.
- Bon 2002, p. 186.
- Un pub dans lequel ils répétaient.
- Diddley Daddy et Road Runner de Bo Diddley, Bright Lights Big City et Baby What's Wrong? de Jimmy Reed, et I Want to Be loved de Willie Dixon.
- Bon 2002, p. 274.
- Eliot F., Flash !, mai 1995, in Rock & Folk, Spécial Hors-série no 10, Nos années Stones : 1963-1995, juin 1995, pp. 142-144, p. 142 § 2 et photographie.
- Benoît Feller, Stonologie, in Rock & Folk, Spécial Hors-série no 10, Nos années Stones : 1963-1995, juin 1995, p. 10-21, p. 12.
- Dick Row est surnommé dans le milieu « The man who turned down the Beatles. ».
- Le premier 45 tours des Rolling Stones - L'Internaute.
- Sorti en juin 1963, référence : Decca F11675.
- Les Stones ne seront jamais contents de l'enregistrement et du choix du titre imposé par leur manager[réf. nécessaire], et ne joueront jamais ce titre sur scène.
- Ian Stewart était le pianiste et membre fondateur de The Rolling Stones. Keith Richards a déclaré que Stu était plus responsable que personne pour former le groupe au début. Richards a dit une fois : essentiellement il nous a tous choisis.
- http://www.rollingstones.com/artist/ian-stewart/.
- Tenue de scène quasi obligatoire de l'époque, que même les Beatles avaient adoptée dès leur premier single, rejetant « perfecto » et cheveux gominés aux oubliettes.
- Comme uriner (Mick, Bill et Brian, le ) sur les pompes d'une station-service qui refuse de leur ouvrir ses toilettes, grand scandale pour l'époque dans un Royaume-Uni farouchement civique !
- Bon 2002, p. 222.
- Massimo Bonanno, Le grand livre des Rolling Stones, 1990, (ISBN 2-85956-862-X), p. 42.
- James Phelge : « Brian was more preoccupied with his domestic situation and seemed to have no spare time. », dans son livre Nankering With the Rolling Stones (ISBN 2-84114-653-7).
- L'un conçu au lycée, l'autre en 1961 avec Pat Andrew, avec qui il vit plus ou moins régulièrement.
- Bon 2002, p. 219.
- Bon 2002.
- Bon 2002, p. 649.
- Bon 2002, p. 223-228.
- Bon 2002, p. 224.
- Bon 2002, p. 225-226.
- Daniel Ichbiah 2009, p. 39
- Anthony Scaduto, Mick Jagger, Presses de la cité, 1974, pages 129 et 130
- Philippe Margotin et Jean-Michel Guesdon, Les Rolling Stones, la totale, Chêne E/P/A, .
- (en) Ian McPherson, « The Rolling Stones' Complete Discography » (consulté le ).
- Leslie Richin« Today in 1967, The Rolling Stones Forced to Censor Song on 'Ed Sullivan' », Billboard, 15 janvier 2015.
- Massimo Bonanno, Le Grand livre des Rolling Stones, 1990, p. 28-30.
- Par le célèbre article de William Rees-Mogg en juillet 1967 : Who breaks a butterfly on a wheel?.
- « Un 45t rare et unique : Le single de soutien des Who aux Rolling Stones (1967)... - Librairie La Bourse », sur Librairie La Bourse, (consulté le ).
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- Le single It's Only Rock 'N Roll sera composé et en partie enregistré chez Ron Wood, avec ce dernier et Mick Jagger aux guitares, David Bowie dans les chœurs, Kenney Jones à la batterie, et Willie Weeks à la basse (dixit Bill Wyman dans son livre Rolling With The Stones, page 424).
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- Il a 7 ans de plus que Mick et Keith.
- Bill Wyman fera remarquer à la presse qu'il est de tous les Stones celui dont l'album solo a eu le plus de ventes. On lui prête également d'avoir connu le plus de succès féminins, mais à la différence de l'affirmation précédente, celle-ci est peu vérifiable ; les autres Stones ne l'ont en tout cas pas officiellement contestée.
- Géré par Jagger.
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- Au moment où le guitariste rejoint la formation, il n'est dans un premier temps qu'accompagnateur car il est encore membre des Faces, le groupe de Rod Stewart. En décembre 1975, les Faces se séparent, et il peut officiellement rejoindre les Stones en tant que membre à part entière.
Voir aussi
Articles
- Dossier, coordonné par Jean-Dominique Brierre en collaboration avec Jean-Marie Leduc), « The Rolling Stones », Paroles et Musique, pp. 23-37 :
- Jean-Dominique Brierre, « Le style des Stones », pp. 36-37.
- Jean-Dominique Brierre, traductions-adaptations :
- « La Fille des faubourgs (Back Street Girl) », p. 33 ;
- « L'Émeutier (Street Fighting Man) », p. 34.
- Thierry Chatain, « L'histoire », p. 25-29 ;
- Jean-Marie Leduc, encadrés in Thierry Chatain :
- « Mick Jagger », p. 25 ;
- « Brian Jones », p. 28 ;
- « Keith Richards », p. 27 ;
- « Ian Stewart », p. 29 ;
- « Mick Taylor », p. 26 ;
- « Charlie Watts », p. 28 ;
- « Ron Wood », p. 26 ;
- « Bill Wyman », p. 27.
- Jean-Marie Leduc, encadrés in Thierry Chatain :
- Jean-Marie Leduc, « Interviews », pp. 31-35 :
- « Mick Jagger : « C'est l'énergie qui nous a tenus… » », pp. 31-33 ;
- « Keith Richards : « Oublions la moitié du groupe… » », pp. 34-35 ;
- « Ron Wood : « J'ai dû me battre pour gagner mes sous !… » », pp. 34-35.
- Robert Schlockoff, « Le cinéma des Stones », p. 30.
Périodiques
- Music Geant, Hors-série no 4, « Le Monde des Rolling Stones à travers leurs interviews », s. d.
- Extra, no 26, janvier 1973
- Best, no 54, janvier 1973
- Best, no 55, février 1973
- Best, no 56, mars 1973
- Best, no 58, mai 1973
- Best, no 63, octobre 1973
- Rock & Folk, no 81, octobre 1973
- RTL'Rock, « Spécial Rolling Stones », octobre 1973
- Extra, no 37, décembre 1973
- Best, no 76, novembre 1974
- Best, no 144, juillet 1980
- Best, no 145, août 1980
- Best, no 167, juin 1982
- Guitare Magazine, no 20, juin 1982
- Salut !, no 175, du 9 au 22 juin 1982
- Rock & Folk, no 185, juin 1982
- Rock en Stock, no 53, juin 1982
- Best, no 168, juillet 1982
- Rock & Folk, no 186, juillet 1982
- Rock en Stock, no 54/55, juillet/août 1982
- Photo, no 197, février 1984
- Best, no 169, août 1982
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- Paroles et Musique, no 65, décembre 1986, (Dossier)
- L'Événement &, Hors-série no 1, « Spécial Rolling Stones », juin 1990
- Musicien, Hors-série no 2, « Spécial Rolling Stones », 1990
- Best, no 264, juillet 1990
- Best, no 265, août 1990
- Rock & Folk, Spécial Hors-série no 1, « 1966-1990 Nos années Stones », 1990
- Jukebox magazine, no 72, juillet-août 1993
- Rock & Folk, Spécial Hors-série no 10, « Nos années Stones : 1963-1995 », juin 1995
- Rock & Folk, Hors-série no 12, « 30 ans de rock et de folk », novembre 1996
- Jukebox magazine, no 231, juin 2006
- Rock & Folk, no 466, juin 2006
- Blues Again !, no 6, juillet/août/septembre 2006
Livres
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- The Rolling Stones et Richard Havers, Les Rolling Stones - 50 ans de légende, Flammarion, 2012
- Philippe Margotin, Chronique des Rolling Stones, Éditions Chronique, 2013 (ISBN 979-10-90871-70-0), 144 pages
- Philippe Margotin et Jean-Michel Guesdon, Les Rolling Stones la totale: les 340 chansons expliquées, Édition du Chêne, 2016, 702 pages.
Liens externes
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