Histoire de Sainte-Marie-aux-Mines
Sainte-Marie-aux-Mines (en latin Sancte Maria ad Fodinas, en allemand Mariakirch ou Markirch) est une commune du département du Haut-Rhin qui doit à son sous-sol une grande partie de son histoire, marquée par des siècles d'exploitation minière. Lieu d'immigration et de refuge, elle joue un rôle dans l'histoire du protestantisme - elle est en particulier, en 1693, le lieu du schisme amish[1]. Elle fut par ailleurs une importante ville industrielle florissante, troisième ville du Haut-Rhin par le nombre d'habitants jusqu'au milieu du XIXe siècle.
Histoire du territoire de Sainte-Marie-aux-Mines jusqu'à la Révolution
Première mention
La première mention de la région date de l'époque du duc de Lorraine, Thierry II qui rendit en 1078 au monastère de Lièpvre les dîmes de Saint-Blaise et de Sainte-Marie - il pourrait s'agir là d'une chapelle qui existait à cet endroit[2]. D'après plusieurs analystes, cet acte serait en fait un faux qui aurait été rédigé bien plus tard, peut-être au XIIIe siècle par les moines pour contrer les prétentions des seigneurs locaux et du duc de Lorraine.
Les terres restituées par l'acte faisaient partie du prieuré de Lièpvre et avaient été enlevées en 1052 au Duc de Lorraine par son propre père Gérard d'Alsace. Selon certains historiens - mais cette opinion n'est pas unanime, ce Gérard d'Alsace descendrait de la famille des Etichonides qui ont régné sur l'Alsace au VIIe siècle et qui descendent du fameux Etichon, le père de sainte Odile[3].
Il est fort probable que Gérard d'Alsace ait eu connaissance des riches mines du Val de Lièpvre, puisque selon Schoepflin il est question dès 963 du temps de Gérard de Toul (963-994) des mines d'argent du Val de Lièpvre dont la renommée dépassait la Lorraine[4]. À cette époque il est déjà question de la dîme que doivent verser les moines du Val de Lièpvre. L'évêque Gérard de Toul nommé en 963 sera canonisé en 1051 par Léon IX qui fut son 5e successeur sur le siège de l'évêché de Toul sous le nom de Léon de Dabo. Dans son recueil Evangelienbuch, poème en langue vulgaire achevé vers 865 et dédié à Louis le Germanique, Otfried de Wissembourg fait l’éloge du pays des Francs, dont il loue, en quatre vers, les richesses minéralogiques de la région vosgienne. Otfried moine de Wissembourg, monastère qui possède des propriétés jusque dans le Sud de l’ancien duché, non loin de Sélestat, et Louis le Germanique paraît avoir manifesté pour cette région un très vif intérêt.
Gérard d'Alsace (1048-1070), duc de Lorraine à partir de 1048 et neveu d'Adalbert(1047-1048) paraît lui aussi troublé par ces mines qui se trouvent sur les terres de ses ancêtres, les Etichonides. En 1055, ce duc affranchit l'abbaye de Saint-Dié de la tutelle des évêques de Toul et se proclame avoué de cette abbaye. Il fait payer cette protection au prix fort. Ainsi le chapître perd progressivement ses droits pour ne conserver qu'une autorité morale et spirituelle.
La ville de Sainte-Marie-aux-Mines doit son nom à l'église de Sainte-Marie Madeleine qui était la paroisse de la partie lorraine. Un document datée de l'année 1317 ne mentionne pas encore l'existence d'une agglomération, mais signale une chapelle consacrée à la Vierge Marie.
Le partage de la vallée entre ducs et seigneurs
Avec l'extinction du dernier des seigneurs d'Eckerich, en 1381, la moitié du château d'Echery parvint aux ducs de Lorraine qui en étaient les seigneurs directs, et l'autre moitié aux sires de Rappolstein (Ribeaupierre) héritiers allodiaux des Eckerich. Les ducs de Lorraine accordèrent leur portion du château aux nobles de la famille d'Hattstatt et notamment à Frédéric de Hattstatt qui passa le le traité de Burgfried ou paix castrale avec les deux frères Maximin et Ulrich de Ribeaupierre. À la suite de ce traité, les ducs de Lorraine reçurent pour leur part les communes de Lièpvre, de Sainte-Croix-aux-Mines, Rombach-le-Franc et une partie de Sainte-Marie-aux-Mines située sur la rive gauche de la Liepvrette. Les seigneurs de Ribeaupierre prirent le contrôle des hameaux de Saint-Blaise, de Fertrupt, d'Echéry, et de la partie de Sainte-Marie-aux-Mines qui se trouve à droite de la Lièpvrette. Cette division de la vallée va perdurer pendant quatre siècles, jusqu'à la Révolution de 1789.
La Seigneurie des Ribeaupierre
À partir de 1381, une partie de Sainte-Marie-aux-Mines fut donc inféodée pendant de longues années aux Ribeaupierre, une famille dont le premier personnage connu avec certitude est un certain Egenolphe d'Ursingen dont les premiers témoignages remontent à l'année 1022. Son fils Egenolphe II avait fait construire le château familial, dit château de Saint-Ulrich, au-dessus de Ribeauvillé, château qu'ils quittèrent vers 1525, époque qui correspond aux ravages de la guerre des paysans. Les Ribeaupierre viennent alors habiter à Ribeauvillé dans un château de style Renaissance. La seigneurie de Ribeaupierre s'étendait au cours des siècles de la partie nord de l'Alsace, en s'étendant du Rhin jusqu'à la crête des Vosges. Elle était composée de plus de 30 bourgs et villages appartenant à 9 bailliages allant de Bergheim, Guémar, Heiteren, Jebsheim, Orbey, Ribeauvillé, Sainte-Marie-aux-Mines, Wihr-au-Val et Zellenberg. Chaque chef-lieu de bailliage possédait un château où résidait le bailli. À Sainte-Marie-aux-Mines celui-ci se trouvait au lieu-dit « Auf der Matte » (Sur le Pré) qui a été complètement détruit pendant la guerre de Trente Ans (1618-1648).
Egenolphe III de Ribeaupierre (1527-1585) puis son fils Eberhard (1570-1637) introduisent et protègent la Réforme protestante dans leurs états. Ils pratiquent une politique de tolérance envers les anabaptistes persécutés par les calvinistes bernois, et dont un certain nombre s'installent à Sainte-Marie-aux-Mines.
Le fils d'Eberhard, Johann Jacob ou Jean-Jacques, de Ribeaupierre (1598-1673) sut s'attirer les bonnes grâces de Louis XIII, protégeant ainsi ses États contre la plupart des ravages de la Guerre de Trente Ans, puis de Louis XIV - il fut le premier seigneur alsacien à lui prêter allégeance - tout en restant protestant et en protégeant le protestantisme dans ses États. Il décède en 1673 sans descendant mâle, mais ayant deux filles. L'une d'elles, Catherine Agathe ayant épousé Christian II de Birkenfeld, comte palatin et duc de Deux-Ponts, elle lui apporte, avec l'accord de Louis XIV, l'ensemble des propriétés des Ribeaupierre, dont une partie du Val d'Argent.
Lors de la Révolution de 1789, le prince Max, dernier seigneur héritier du domaine des Ribeaupierre, fut contraint de quitter l'Alsace pour Munich où il devint prince de Bavière. Au cours de la Révolution, tous les biens des Ribeaupierre en Alsace furent déclarés biens nationaux.
Les débuts
C'est vers l'année 1550, qu'un nommé "Maître Élie", ancien prieur du couvent de Lessines, converti au protestantisme et réfugié à Strasbourg se rend à Sainte-Marie-aux-Mines, pour prendre un travail dans les mines d'argent. Prêchant l'évangile et propageant de nouvelles idées aux mineurs, il réussit à former une petite communauté. Elle se réunit régulièrement dans un lieu connu sous le nom de Backhofen, un endroit situé au-dessus du hameau de Fertrupt. Il va célébrer dans ce lieu la Sainte-Cène ou présenter des enfants aux baptême. Par la suite il fait appel au pasteur Jean Loque, dont les successeurs furent en 1556 François de Morel, puis Pierre Marboeuf qui est décédé en 1560. Tous ces pasteurs et donc la communauté des mineurs d'Échery sont calvinistes.
La structuration du protestantisme saint-Marien
À partir de 1566, le sire de Ribeaupierre, Eguenolf III, converti au protestantisme introduit la religion luthérienne dans la partie alsacienne de Sainte-Marie-aux-Mines, dont la population (environ 3 000 personnes) est en majorité luthérienne et germanophone, étant composée pour l'essentiel de mineurs venus d'Allemagne.
Par ailleurs, arrivent à Sainte-Marie-aux-Mines plusieurs vagues de réfugiés huguenots français d'abord à la suite des massacres de Wassy en 1562 et de la Saint-Barthélemy en 1572, puis des expulsions des protestants de Lorraine par le duc de Lorraine Charles III en 1585 et de ceux de Badonviller par le comte de Salm en 1625.
La vie religieuse s'organise alors en fonction de la langue, les pasteurs luthériens germanophones comme les ministres calvinistes francophones étant autorisés par les Ribeaupierre à prêcher à Sainte-Marie-aux-Mines. Une différenciation dogmatique plus nette entre le culte réformé français et le culte luthérien allemand est signalée vers la fin du XVIe siècle.
Eberhard de Ribeaupierre (1585-1637), qui succède en 1585 à Egenolphe III, concède définitivement aux luthériens la « Mattenkich » (Église-sur-le-Pré) construite en 1542 pour le culte catholique, qui fut détruite par le feu en 1754 et reconstruite en 1757 (pendant trois ans la chapelle de Fertrupt remplace l'église détruite). Les réformés s'étaient quant à eux installés dès la deuxième moitié du XVIe siècle dans l'église de Saint-Pierre-sur-l'Hâte (St.Wilhelm = saint Guillaume) devenue vacante à la suite du départ du curé dont les paroissiens avaient dans leur immense majorité rejoint le protestantisme.
Sur la rive droite de la Lièpvrette, les ducs de Lorraine, farouches défenseurs du catholicisme romain, ne tolèrent que le culte catholique.
Évolution ultérieure
La chapelle sur le Pré reconstruite en 1757 continuera à recevoir les offices luthériens jusqu'en 1867. Le dernier sera célébré le de la même année. La chapelle sera démolie en 1881. Trois pierres tombales ont été découvertes lors de la démolition de la chapelle. Seule la pierre de Chrétien Schwengsfelfd, pasteur luthérien, fils aîné du conseiller intime du prince de Birkenfeld, successeur de Jean-Jacques de Ribeaupierre a été conservée lors de la démolition et déplacée un peu plus loin. La dalle funéraire se trouve à présent encastrée dans le mur de l'église de Fertrupt. On y lit qu'il est mort en à l'âge de 60 ans. Une autre tombe intéressante portant un écusson a été découverte et laisse supposer qu'il pourrait s'agir de Jacob Trimbach décédé le . On peut y lire que le défunt occupait une fonction importante dans la hiérarchie minière, peut-être jury. Une troisième tombe datée de 1624 a été mise au jour, mais les inscriptions sont pratiquement effacées et donc peu lisibles.
À l'église de Saint-Pierre-sur-l'Hâte, Louis XIV par sa décision d'imposer le simultaneum en 1686 remit le chœur de cette église à la disposition des catholiques, alors que les protestants calvinistes et luthériens continuent à célébrer leur culte dans la nef. Cette église sert alors aux trois cultes, ce qui est une particularité tout à fait exceptionnelle. Depuis de nombreuses années des concerts aux chandelles ont lieu tous les ans dans cette antique église.
Impact économique
À la suite de l'introduction de la Réforme vers 1550 et de l'accueil des huguenots, Sainte-Marie-aux-Mines connaît un essor des activités artisanales, telles que le tissage, la passementerie. Ceci survient vers la fin du XVIe siècle alors que le déclin des mines s'amorce.
Après un XVIIe siècle marqué par une série d'épreuves occasionnées par la guerre de Trente Ans (peste, massacres, passage des troupes de Louis XIV), une timide reprise des activités minières se manifesta au début du XVIIIe siècle mais c'est surtout le passage de l'artisanat à l'industrie textile (dès 1755 avec la création de la première usine par Jean-Georges Reber) qui donnera à la ville le véritable moteur de son développement économique.
Les anabaptistes
Au XVIe et XVIIe siècle des cultivateurs anabaptistes quittent la Suisse centrale et s'exilent en Alsace. Leur communauté religieuse, issue de la Réforme radicale et attachée au principe du baptême des adultes et non des enfants, n'accepte pas que l'église devienne une institution d’État comme c'est le cas à Berne ou à Zurich, ce d'autant plus qu'ils sont en général pacifistes. Persécutés par les autorités de ces cantons, certains préfèrent alors émigrer vers des territoires où ils pourront pratiquer librement leur religion. En raison de l'esprit tolérant des Ribeaupierre, certains s'installent à Sainte-Marie-aux-Mines (Montgoutte et Haute Broque), mais également un peu partout dans le Val d'Argent dont ils occupent des fermes dans les endroits un peu isolés des montagnes et dans différentes métairies, notamment à la Petite Lièpvre. On en trouve aussi dans la haute vallée de la Bruche, au lieu-dit du Hang sur la commune de Saales (Bas-Rhin).
Pacifiques, travailleurs, charitables, entièrement consacrés à leur métier, ils tendent à vivre en communautés fermées sous l'autorité de conseils d'anciens. Ils célèbrent leur culte au domicile de l'un ou l'autre membre de la communauté. Au début du XIXe siècle la communauté anabaptiste de Sainte-Marie-aux-Mines se réunit au lieu-dit "la Haute Broque" dans l'une ou l'autre ferme. Fermiers dévoués à leurs maîtres, les anabaptistes occupent souvent des "censes[5]" où ils sont appréciés pour leur compétence. Les relations avec la hiérarchie catholique sont mauvaises, les curés réclamant souvent leur expulsion au motif que les anabaptistes ne paient pas la dîme.
En 1693, sous l'impulsion de Jakob Amman, un ancien arrivé tardivement de Suisse et qui n'approuve pas les évolutions des mœurs de la communauté anabaptiste saint-Marienne, un schisme aura lieu. Amman pousse notamment les anciens rangés à ses côtés à renforcer les obligations en termes vestimentaires : port de la barbe pour les hommes, vêtements attachés avec des agrafes (sans boutons, signes d'orgueil), interdiction des couleurs voyantes au profit du brun et du bleu sombre... La communauté conservatrice qui résulte du schisme, et qui représente alors la majorité des anabaptistes alsaciens, prendra le nom d'Amish. Les autres sont désignés par le terme de mennonites[1].
En 1712, poussé par le clergé catholique, Louis XIV promulgue un décret d'expulsion des anabaptistes en Alsace. Mais cet édit aura peu d'incidence dans la vallée de Sainte-Marie-aux-Mines dont la partie lorraine n'est pas concernée par les expulsions. La communauté anabaptiste installée dans la partie alsacienne de la ville se disloque graduellement et rejoint des censes vosgiennes plus discrètes, comme la Hingrie, les hameaux de Sainte-Croix-aux-Mines et de Lièpvre ou même Montbéliard. Une partie des amishs émigre alors vers les Pays-Bas puis les États-Unis d'Amérique où ils feront souche.
La Révolution de 1789 remet en cause l'équilibre que les anabaptistes ont su trouver au sein de l'ensemble de la population. Ils ne sont plus considérés comme hérétiques, mais rencontrent d'autres problèmes. Leur statut de fermiers est remis en cause. Certains sont ainsi malmenés, les fermes sont parfois vendues en tant que biens nationaux. Tout en conservant leur appartenance religieuse spécifique, ils tendent à s'assimiler à la société française en termes de mœurs au cours du XIXe siècle.
Incendies et pillages
Parmi les catastrophes qui endeuillent l'histoire de la cité, on compte un certain nombre d'incendies. Vers 1572, un incendie a lieu dans la partie lorraine de Sainte-Marie-aux-Mines. Toutes les maisons, sauf 70 furent ravagées par les flammes. De même en 1589 furent brûlées en l'espace de 3 heures, sur le versant lorrain de la commune, 120 maisons et la même année du côté Alsace, 40 bâtiments, sans que l'on puisse définir les causes et l'origine du désastre. Ces maisons il est vrai avaient été construites à la hâte pour loger les nombreux ouvriers qui arrivaient de toutes parts pour travailler dans les mines. Et ce n'est pas avec l'industrie naissante que les choses vont s'arranger. Ce n'est qu'avec l'acquisition de richesses que les habitants de Sainte-Marie-aux-Mines cherchent à mieux se protéger contre les calamités et le feu. Au XVIe siècle il existe encore des maisons en assez grand nombre qui sont reconnaissables grâce aux sculptures qui ornent leurs portails et leurs croisées aux tours dans lesquels on aperçoit des escaliers en pierre sous forme de spirale qui vont de la cave au grenier. À la Petite Lièpvre on voit fréquemment au-dessus des portes des écussons portant des dates du XVIe siècle avec le marteau et le ciseau du mineur en sautoir.
Le col de Sainte-Marie-aux-Mines ayant toujours été un lieu de passage stratégique, les armées traversent Sainte-Marie-aux-Mines à chaque guerre. Le col est un lieu d'affrontement pendant la guerre de Trente Ans puis pendant les guerres de Louis XIV. Ainsi en 1673, Louis XIV traverse la ville à la tête de son armée pour prendre possession de l'Alsace en août puis en septembre lors de son retour vers Versailles. Il y repassera en 1681.
Le , l’armée impériale composée de troupes hétéroclites et indisciplinées, venues de Kaiserslautern, ayant à leur tête des chefs rivaux et souvent incapables, souvent mal payée et mal nourrie mettent le feu dans la partie alsacienne de Sainte-Marie-aux-Mines. Aussi, aux jours de revers, se formait-il souvent dans son sein des groupes de partisans qui à certains moments, s’en détachaient pour entreprendre à leur compte de petites expéditions. Les Allemands appelaient ces aventuriers des Schnapphahnen (de), d’où le nom français de chenapans. La ville est également incendiée en 1702 et 1726.
Des Saint-Mariens au secours de la guerre d'indépendance américaine
Pendant la guerre d'indépendance américaine (1775-1783), un corps expéditionnaire formé de 6 000 hommes fut envoyé en 1778 par Louis XVI pour renforcer les effectifs du général George Washington. Le Régiment Royal-Deux-Ponts faisait partie de ce corps expéditionnaire. Comme c'était la coutume à cette époque, les unités combattantes portaient en général le nom de la famille qui en était propriétaire, donc en l'occurrence, le duc de Deux-Ponts. Celui-ci possédait la seigneurie de Bischwiller et le comté de Ribeaupierre, dont Sainte-Marie-aux-Mines, un fort détachement de Saint-Mariens et d'Alsaciens s'y trouvaient ainsi enrôlés.[réf. nécessaire]
Histoire de la partition de la commune
Comme exposé plus haut, le territoire actuel de Sainte-Marie-aux-Mines avait été divisé en deux entités dès 1381, formant donc deux communes distinctes, chacune dotée de ses lois et de son pouvoir administratif propres, de sa ou ses religions voire de sa langue : l'abbé Grandidier atteste que de son temps (donc au XVIIIe siècle), la langue allemande dominait dans la partie méridionale de Sainte-Marie-aux-Mines (aussi appelée Sainte-Marie, côté Alsace) tandis que la langue française était présente dans la partie septentrionale, qui était lorraine. Entre les deux coulait le Landwasser ou Landbach (= Liepvrette), formé par la réunion au lieu-dit Bréhagotte (hameau aujourd’hui englobé dans la ville) du ruisseau d’Hergochamps ou de Liverselle et de la Liepvrette.
En amont du Bréhagotte, le ruisseau d’Hergochamps séparait seul la Lorraine de l’Alsace, et il en est ainsi jusqu’à sa source appelée « la Gineselle ». Vers la fin du XVIIIe siècle, les communautés de la rive droite de la Liepvrette étaient entièrement germanisées.
Au milieu du XVIe siècle, Sainte-Marie-aux-Mines n’existait pas encore. À cette époque on ne connaissait que Mergenkilch, Marienkirch, Mariakirch, petit hameau élevé depuis peu aux cantons dits "le rain et le pré de Sainte-Marie-Madeleine", situé sur la rive lorraine, et qui jusqu’en 1515, avait servi de pâturage commun aux riverains des deux bords. Tant que le sol sur lequel se bâtit le bourg de Sainte-Marie Alsace sembla improductif, nul ne songea à en revendiquer la possession. Les Seigneurs de Lorraine l’occupèrent, sinon de droit, au moins certainement de fait. Les propriétaires de la dizaine de maisons construites à Mergenkilch avant 1512 payaient un "droit de relief" et un "droit de ménantie"[6],[7] au duc de Lorraine et continuèrent à le payer. L'accord intervenu entre Schmassmann de Ribeaupierre et Antoine de Lorraine (1512-1515) ne décida pas absolument de la question de la propriété : il permit en effet aux sujets lorrains de faire paître leur bétail sur le territoire en litige, et Schmassman s’obligea à indemniser les habitants de Fertrupt qu’il avait maltraités et empêchés de travailler aux mines ouvertes par la Lorraine
Après la réunion de l’Alsace à la France, Louis XIV, en 1669, crut devoir, par un édit spécial, affirmer à nouveau ses droits sur Sainte-Marie, bourg alsacien. « Tout ce qui se trouve à droite de la hauteur et de l’eau vers le midi sera et demeurera entièrement séparé de la Lorraine… distrait du ban de Marie-Madeleine (Lorraine) et garde le nom de Sainte-Marie, côté Alsace, etc.. On trouve des traces de ces contestations jusque dans les préliminaires et dans l’instrument lui-même de l’Europäische Ruhe (plus connu sous le nom de premier traité de Stockholm) de 1719. C'est de cette époque que datent les bornes frontières encore visibles à Sainte-Marie-aux-Mines.
La Révolution française
La Révolution française a eu pour conséquence de réunifier les deux parties de la ville, dont l'une dépendait des Ribeaupierre et l'autre du Duché de Lorraine. Après la prise de la Bastille en 1789 des troubles se produisirent un peu partout en Alsace, le peuple voulant se venger des nobles et des couvents par des siècles de servitude, mais l'ordre fut rétabli assez rapidement. Les habitants de Sainte-Marie-aux-Mines réclamèrent la suppression des nombreuses seigneuries ainsi que les domaines ecclésiastiques, ainsi que les décrets qui morcelaient le bourg. À Sainte-Marie-aux-Mines les troubles furent insignifiants. Le (7 fructidor an II) la Convention nationale déclare que le gouvernement ne payera plus les frais du culte ni les salaires de leurs ministres, et qu'aucun local ne sera alloué aux différentes sectes pour y célébrer les pratiques religieuses. Les églises, devenues propriétés nationales, furent fermée, et celles de Sainte-Marie-aux-Mines durent subir le sort commun. Les portes des temples, fermés au culte, ne furent ouvertes que pour réunir les membres des divers clubs révolutionnaires qu y tinrent leurs séances. L'église catholique de Lorraine fut transformée en temple de la Raison, et dans le temple réformé se réunissait le club des Jacobins. Les chaires, privées de leurs curés et de leurs pasteurs, furent occupées par les orateurs des clubs, qui y prononcèrent quelquefois les discours les plus extravagants. la célébration des fêtes de la République avait lieu, non seulement dans l'enceinte du temple de la Raison, mais souvent aussi sur un plateau non loin de la ville, appelé encore aujourd'hui les Halles[8] et formé par les décombres de la mine de Saint-Pierre qui se trouvait à proximité. Sur ce plateau avait été élevé un autel dédié à la Liberté. Lors des fêtes on sortait en procession du temple de la Raison, la musique formant la tête du cortège, suivie d'un détachement de la garde nationale et des autorités municipales avec leurs écharpes tricolores. Le cortège était fermé par une foule de concitoyens qui voulait ainsi prouver leur patriotisme en assistant à ces fêtes nationales. Sur le plan administratif la ville est rattachée au Haut-Rhin et à l'arrondissement de Ribeauvillé et une nouvelle administration communale est constituée. La réunification de Sainte-Marie - Alsace et Sainte-Marie-Lorraine en une seule commune fait l'objet d'un décret le où la ville est baptisée d'abord Val-aux-Mines puis Sainte-Marie-aux-Mines[9].
Courte séparation des quatre hameaux
Fin de l'année 1792, quelques habitants, profitant du désordre qui s'était glissé au sein de l'administration, obtinrent en 1793 que Fertrupt, Saint-Blaise, Échéry et la Petite Lièpvre fussent constituées en deux communes séparées. La ville de Sainte-Marie-aux-Mines porta l'affaire devant l'administration départementale, qui annula l'arrêté du 27 pluviôse de l'an II qui octroyait la séparation. Les hameaux se portèrent à leur tour devant la Convention nationale, contre l'arrêt du Conseil exécutif. Les réclamations des quatre annexes furent écartées par une loi du 4 vendémiaire de l'an III. Dans l'intervalle de leur courte séparation, les sections rurales se firent adjuger, par voie judiciaire intentée contre l'État, un bien ayant appartenu au prince de Deux-Ponts qui avaient été usurpés par l'ancien seigneur féodal au détriment des habitants des lieux. Les spoliations avaient frappé indistinctement tous les membres des hameaux de Fertrupt, Saint-Blaise, Échéry et de la Petite Lièpvre, qui formaient alors une seule communauté.
Échéry
On gagne l'annexe d'Échéry en empruntant la route départementale 48 en direction du col des Bagenelles. Ce hameau est tenu depuis le traité de Burgfried signé le Ier décembre 1399 par les Ribeaupierre. Ce traité a été signé entre Schassmann Ier et Maximin pour les Ribeaupierre et Frédéric de Hattstatt pour le duc de Lorraine. Échéry est aujourd'hui une annexe de la ville de Sainte-Marie-aux-Mines qui portait autrefois le nom de Hoh-Eckerick pour le différencier de celui portant le nom de Alt-Eckerik (le vieil Échéry) fondé au Xe siècle par les moines de l'abbaye de Gorze venus pour y fonder un prieuré qui prendra le nom de prieuré de Belmont. Les moines découvrirent par la suite des mines dans la région qu'ils exploitèrent, ce qui leur procura d'importantes ressources. Ces mines suscitèrent d'énormes convoitises tant du côté alsacien que lorrain. C'est sans doute pour les soustraire des appétits divers que les moines du prieuré de Belmont les cédèrent aux nobles d'Échéry dont on pense qu'ils sont d'origine lorraine. Henri Waffler, prévôt de Sélestat et Jean d'Échéry accordèrent en 1317 à l'abbaye de Baumgarten la cure de Saint-Guillaume se trouvant à Saint-Blaise ainsi que les dîmes qui y étaient rattachées jusqu'à l'implantation du luthéranisme. Les Échéry furent les principaux propriétaires de la vallée de la Lièpvrette jusqu'à leur extinction survenue en 1381. La vallée sera ensuite partagée entre le duc de Lorraine et les Ribeaupierre.
Le traité de Burgfried en 1399 viendra entériner ce partage entre Schassmann Ier et Maximin pour la partie de Sainte-Marie-aux-Mines qui se trouve à droite de la Liepvrette, ainsi que les hameaux de Saint-Blaise, Fertrupt, et Échéry. L'autre moitié, comprenant les villages de Sainte-Croix-aux-Mines, Lièpvre et Rombach-le-Franc ainsi que la partie à gauche de la Liepvrette comprenant Sainte-Marie-aux-Mines, passèrent aux mains des ducs de Lorraine.
Les ducs de Lorraine inféodèrent leur partie aux nobles d'Hattstatt. En 1507 les Ribeaupierre cédèrent leurs droits à titre de fief sur cette partie du Val de Lièpvre au prince abbé Achace de l'abbaye de Murbach ainsi que son église. Cette division de la vallée existera pendant quatre siècles jusqu'à la Révolution. Pendant une courte période Échéry deviendra avec Saint-Pierre-sur-l'Hâte une commune autonome jusqu'à la Révolution où elle est unie avec la ville de Sainte-Marie-aux-Mines.
Fertrupt
Fertrupt, anciennement Forellenbach, est un hameau qui se trouve à 3 km de la sortie sud de Sainte-Marie-aux-Mines. Il était autrefois le principal siège de l'exploitation des mines dans le val d'Argent. Sébastien Munster, le célèbre cartographe du XVIe siècle prétend que de son temps, Sainte-Marie-aux-Mines exploitait seize mines d'argent. Cette annexe dépendait avant la Révolution de la Seigneurie des Ribeaupierre et prenait naissance à proximité de l'ancienne gare (la première) de Sainte-Marie-aux-Mines. Le hameau est traversé par une route qui permet de se rendre par le col de Ribeauvillé, soit dans cette ville, ou à Aubure et de là à Fréland et la vallée de Kaysersberg. À la sortie nord de Fertrupt, il existe deux petits vallons appelés « La Bourgonde » et le « Fischtal ». Ce hameau a été au XVIe siècle une importante agglomération comportant 1 200 maisons et 72 auberges, en raison de l'exploitation des mines dans ce secteur. Le nombre important de maisons s'expliquait par la présence de nombreux mineurs étrangers d'origine saxonne qu'il fallait loger. Ces mineurs saxons avaient la réputation d'être des buveurs invétérés qui occasionnaient souvent des disputes et autres indécences. Ils étaient cependant qualifiés de travailleurs acharnés.
Fertrupt était le siège principal de l'exploitation minière dans le val d'Argent. Il possédait même au Moyen Âge un Palais de Justice et un hôpital, une grande église, plusieurs fonderies et autres bâtiments servant à l'exploitation d'une vingtaine de mines ainsi qu'un château féodal. Ce château appelé aussi « Burg zu Fertru » était entouré d'un fossé d'eau alimenté par la rivière du Fortelbach appelé anciennement Forrellenbach. Il existait aussi dans ce hameau une importante métairie occupée par un intendant qui régissait les biens des Seigneurs de Ribeaupierre mais également de la justice et des finances de la région. L'ancien domaine des Ribeaupierre est devenu en 1790 propriété de la commune de Sainte-Marie-aux-Mines qui fut vendu en 1835 au teinturier Riboud pour la somme de 13 000 francs. Fertrupt fut anéanti lors du passage des Suédois au cours de la guerre de Trente Ans. C'est en 1634 que le hameau aurait été totalement détruit par le feu. Seuls ont été épargnés l'église, le presbytère et l'école. Au XIXe siècle, Fertrupt comptait une centaine de maisons occupés principalement par des cultivateurs et des ouvriers travaillant dans l'industrie textile qui avait pris la relève de l'industrie minière. Au-dessus du village subsiste encore une vieille chapelle construite au début du XVIe siècle qui a depuis fait l'objet d'une rénovation par des bénévoles au cours des années 1984 à 1986. À côté de cette chapelle on découvre un petit cimetière dans lequel reposent des habitants de ce hameau.
Saint-Blaise
Ce hameau était connu dans son histoire sous différents noms : Sancto Blasio, Sanct Bläsy, St. Pless, St. Blätz et en allemand Sackt Blasien. L'existence de ce très vieux hameau est connue depuis le XIe siècle, depuis un acte signé en 1078 par le duc de Lorraine qui remit les dîmes de Saint-Blaise au prieuré de Lièpvre[10]. À cette époque existait à l'emplacement une chapelle dédiée à la Vierge Marie qui aurait été construite vers le Xe siècle par les premiers solitaires d'Échéry, au lieu-dit « la Mark ».
Le hameau de Saint-Blaise se trouve sur le territoire de la seigneurie des Ribeaupierre jusqu'à la Révolution et formait la limite entre la zone lorraine et celle des Ribeaupierre. La petite rivière "Isenbach" qui traverse le hameau de Saint-Blaise délimitait la frontière sud du domaine des seigneurs de Ribeaupierre.
Guillaume de Ribeaupierre avait fait reconstruire une église dédiée à saint Guillaume[Lequel ?] à Saint-Blaise en 1502 à l'emplacement d'une ancienne église. Les écrits concernant cette église ont été conservés[11]. Un autre accord concernant la charpente et la couverture de cette église a été conclu le mardi veille du jour de la Saint Laurent[Lequel ?] par Guillaume de Ribeaupierre avec son "Werkmeister". Quelques années avant la construction de l'église Saint-Guillaume, les habitants de Saint-Blaise, sujets du seigneur de Ribeaupierre, eurent quelques démêlés avec l'abbaye de Baumgarten qui exerçait alors un droit de patronage à la cure de Saint-Guillaume[12]. L'abbé Obrecht les avait accusés d'avoir détourné à leur profit le quart des dîmes perçues par eux et que l'abbé revendiquait intégralement en sa qualité de patron et de seigneur de la paroisse. Les habitants formulèrent une réclamation à leur seigneur en le priant d'intervenir. Guillaume de Ribeaupierre, après information, convint avec l'abbé de Baumgarten le , d'un arrangement par lequel il fut reconnu que les habitants n'avaient jamais gardé pour eux-mêmes le quart des dîmes, mais l'avaient toujours employé, de même que le produit des dons, à l'embellissement de l'église. Il fut donc convenu que le quart des dîmes continuerait à être affecté aux saints et à l'église comme par le passé. Par ailleurs deux clés furent remise, dont l'une serait remise au seigneur de Ribeaupierre et l'autre à l'abbé de Baumgarten, que l'on ferait de temps en temps la levée du tronc et que le quatrième denier de son contenu serait acquis aux saints et au luminaire de l'église, les trois autres deniers revenant à l'abbé ainsi que les trois quarts des dîmes. Le marguillier établira chaque année un compte fidèle, sans vol ni fraude, des recettes de toute provenance tant à l'abbé de Baumgarten qu'au seigneur de Ribeaupierre[13]. Les dîmes et le droit de patronage de l'église de Saint-Guillaume avaient été donnés au couvent de Baumgarten, de l'ordre de Citeaux, par les seigneurs d'Eckerich en 1317[14]. Cette donation fut confirmée le 15 des calendes de à la requête de l'abbé Berthold, par une lettre de l'évêque de Strasbourg, Jean Ier, concédant et incorporant à l'abbaye de Baumgarten l'église paroissiale de Saint-Guillaume à Alt-Eckerich[15].
En 1581, l'église de Saint-Blaise, avec tous ces biens, fut donnée à la communauté luthérienne par le comte Eberhard de Ribeaupierre.
En 1941 le hameau de Saint-Blaise disposait d'une centaine d'habitants.
La Petite Lièpvre
La Petite Lièpvre, en allemand Klein-Leberau, est située à environ 4 km au sud-ouest de Sainte-Marie-aux-Mines et fait partie de la commune de Sainte-Marie-aux-Mines. La Petite Lièpvre fut le berceau des Amish et de son fondateur Jakob Amman.
L’industrialisation de la vallée
Indépendamment de l'exploitation minière, Sainte-Marie-aux-Mines possédait plusieurs autres industries qui étaient alors en pleine prospérité. Parmi ces nombres on relevait surtout celle des tanneurs et des drapiers; la coutellerie y était aussi très florissante. C'est aussi l'époque où un célèbre personnage, François Thomas, qui était né à Sainte-Marie-aux-Mines le , s'attaqua à la découverte des sources, dont il présentait la proximité grâce à son flair. En effet, il se basait pour découvrir les sources sur la verdure de certaines herbes qui poussaient à la surface du sol. Il fit preuve de ses connaissances lors du siège de Lérida dont le commandant était le duc d'Orléans. Il fit creuser dans la montagne et trouva de l'eau en abondance. Léopold, duc de Lorraine, le nomme dans un titre du , son "sujet naturel, ingénieur et machiniste en chef natif de Sainte-Marie-aux-Mines". Le duc le présenta à Pierre le Grand lorsqu'à son retour de Paris, il passa par Nancy pour retourner en Russie. Le Tsar, qui désirait s'entourer de savants et ingénieurs, lui proposa de le suivre dans son pays et lui fit des propositions fort alléchantes que Thomas refusa préférant rester dans sa patrie.
Sainte-Marie-aux-Mines fut aussi la patrie des deux frères Sauer, célèbres minéralogistes: Jean Daniel né en 1716 et Jean Jacques né en 1721. Le premier mourut à Sainte-Marie-aux-Mines, le second allait finir ses jours en Espagne. L'un et l'autre firent des recherches assez avancées pour l'époque dans la minéralogie et l'histoire naturelle.
L'industrie textile
C'est en 1755 que la filature de coton à la main fut introduite dans cette ville et dans les vallées environnantes par un industriel, Jean-Georges Reber, qui y joignit bientôt après une fabrique de siamoise. En 1865, il existait à Sainte-Marie, trois établissements industriels plus ou moins florissantes: on y trouvait notamment des manufactures de pignas, madras, cravates, toiles de Saxe, reps, damas, brocatelles et en général, des tissus connus sous le nom d'articles de Roubaix, des filatures de coton, douze teintureries pour coton, laine et soie, deux blanchisseries de toiles, quatre imprimeries typographiques, quatre lithographie, cinq brasseries, cinq moulins à blé, cinq scieries mécaniques, quatre fabriques de chandelles, quatre huileries, deux tuileries, cinq apprêteurs de tissus, treize commissionnaires de tissus, etc.[16]. Les fabriques de tissus en laine, soie et coton emploient alors tant à Sainte-Marie-aux-Mines que dans toute la vallée, y compris jusqu'à 80 kilomètres à la ronde, plus de 25 000 personnes ouvriers tisserands[17].
La fabrication de tissus comme le guingan a fait la renommée de Sainte-Marie-aux-Mines. L'introduction en 1840 par Jacques Blech de la fabrication de tissus mélangés en soie, coton et laine a revêtu une importance primordiale. Le principe même de la fabrication qui consiste dans le tissage de filés préalablement teints sont utilisés dès la mode des siamoises, donc après 1755, reste le même pour toute la période concernée et depuis le développement de l'industrie du guingan qui ne sont fabriqués qu'à partir de 1825. Dans les années 1870, la production locale a toutefois changé de cap. Elle s'oriente plus décisivement que jamais vers la production d'étoffes pour habillement féminin. Les tissus sont en laine, ou laine mélangée.
Les anciens imprimeurs
Sainte-Marie-aux-Mines, à l'instar des autres villes comme Strasbourg, Colmar, Sélestat, Mulhouse ou Molsheim, eut de bonne heure des établissements typographiques. Parmi les plus anciens imprimeurs il y avait celui de Jean Martin Heller qui en 1722 publia un livre de cantiques et de prières en allemand à l'usage des mineurs. Jean Martin Heller était l'imprimeur du prince palatin de Birckenfeld. Il était interdit à tous les imprimeurs de la province d'imprimer des ouvrages protestants en langue française. Jean Martin Heller imprima aussi les titres des actions de la Compagnie des mines de Sainte-Marie-aux-Mines Alsace. Selon Daniel Risler[18], l'imprimerie de M. Heller était assez importante si l'on en juge par le volume du livre de cantiques qui contient pas moins de 420 pages et pour l'impression duquel il a été employé au moins une trentaine de caractères différents. On ne connaît pas d'autres ouvrages sorti des presses de cette imprimerie, mais à voir la quantité de caractères d'impression qu'il a fallu utiliser pour imprimer ce seul livre de cantiques, il est fort probable que d'autres livres sont sortis de ses presses.
Jean Martin Heller, continua d'imprimer de l'autre côté des Vosges, à Etival à partir de 1725 où il n'imprima que des ouvrages à caractère liturgique ou historique. Il imprima notamment un ouvrage historique fort intéressant : "Sacrae antiquitatis monumenta historica" écrit par l'abbé C.L. Hugo et dont le premier tome a été imprimé à Etival en 1725. Un deuxième tome plus tard remanié et enrichi de cet abbé d'Etival est sorti en 1731 à Saint-Dié[19].
Plus tard, c'est François, le fils cadet de Jean-Georges Reber, fondateur de l'industrie cotonnière de la vallée de Lièpvre qui va se lancer dans l'imprimerie. Au début, François Reber n'imprimait que pour son plaisir et imprima plusieurs publications qu'il mettait en vente. En 1806, il acheta une imprimerie et envoya à Paris un ouvrier nommé Bontemps pour se former dans le métier de typographe. À son retour, et après avoir été formé, François Reber mit sous presse les ouvrages suivants:
- Histoire de la vallée de Lièvre. Extrait de la IIIe livraison des Vues pittoresque de l'Alsace - 1re Édition, 1807
- Deux nuits d'Young, traduite en vers par Colladeau, 1807
- Vérités salutaires ou Les enfants de ma plume, 1807
- Die Grösse Gottes in den Wundern der Natur, 1807
- Sammlung von Aufsäzen vermischtent Inhalls, 1807
- Geschichte des Leberthal, 1808 (2e tirage en 1809)
- Histoire de la vallée de Lièvre, 2e édition, 1810
- Sammlung von Prosaïschen Aufsäzen und Gedichte, 1810
Monsieur Reber imprima également de 1807 à 1814, un journal en vers contenant des chansons, des charades, des logogriphes en français et en allemand. Plus tard, il en réunit un certain nombre de numéros, qu'il fit paraître sous ce titre: "Lieder zum Geselligen Vergnügen" . Il imprima sans doute également "Munster dans la vallée de Saint Grégoire" en septembre 1808.
Un autre imprimeur va faire son apparition à Sainte-Marie-aux-Mines, Armand Jardel, né à Luvigny dans les Vosges, arguant du fait qu'aucun imprimeur ne réside dans cette ville. En 1836 Armand Jardel dépose une demande d'autorisation pour établir à Sainte-Marie-aux-Mines une imprimerie-Lithographie. Le ministère de l'intérieur lui délivre la même année un brevet lui permettant d'ouvrir une imprimerie dans sa ville. Il embauche deux ouvriers. En 1844 il imprima une feuille hebdomadaire d'annonces et d'avis divers de Sainte-Marie-aux-Mines et en 1848 il commence à imprimer le "Journal de Sainte-Marie-aux-Mines" qui est vendu dans la vallée. Il est installé place de la Fleur au no 13, puis déménage son atelier dans la rue de la Vieille Poste au no 18. Il est le rédacteur de la presse locale du journal de Sainte-Marie-aux-Mines du au . L'imprimerie Jardel est l'auteur d'un nombre d'ouvrages concernant les travaux miniers dont les dessins sont extraits de la "Cosmographie de Sébastien Munster" de 1545. Il était aussi spécialisé dans la confection de cartouches d'étiquettes (1854) ainsi que des menus illustrés (1867).
Plus tard, le , l'imprimerie de Armand Jardel de la rue de la Vieille Poste est reprise par David Cellarus qui a suivi une formation de plusieurs années à Paris. C'est sous son impulsion qu'il reprend le journal de Sainte-Marie-aux-Mines qui devint bilingue sous le nom "Der Vogesenbote". En 1903 il imprime une édition bimensuelle du "Messager des Vosges Illustré" dont la parution cesse en décembre 1904 faute d'avoir trouvé un nombre de lecteurs suffisants. Le premier avril 1909, David cède son imprimerie-lithographie à ses deux fils Ernest et Robert. En 1910 l'imprimerie occupe neuf ouvriers, une ouvrière et trois apprentis.
Le Le "Messager des Vosges" tire à 1 560 exemplaires. Connu comme rédacteur du journal, David Cellarus est également l'auteur du Grand Almanach alsacien-lorrain édité en 1886.
Le Edouard Czeizorzinski reprend la librairie-papeterie d'Eugène Jung. En 1890, il crée "Grand'Rue", une imprimerie-cartonnerie employant 10 ouvriers de cartonnerie, 3 ouvriers relieurs et 3 apprentis. Le il informe sa clientèle qu'il vient de joindre à son atelier de reliure une Imprimerie lithographique et de typographie. Le il travaille avec un effectif de 19 ouvriers. Trois semaines plus tard, il rachète la scierie Karl Pracher à la Petite Lièpvre pour y installer une cartonnerie employant 15 hommes et 9 femmes. Enfin le Edouard Czeizorzinski rachète les Établissements Charles Woerner, rue Saint Louis où il installe son entreprise. En 1914 l'entreprise de la Petite Lièpvre emploie 19 personnes et 65 à Sainte-Marie-aux-Mines. L'affaire tourne jusqu'à la Deuxième Guerre mondiale avec une quinzaine de collaborateurs jusqu'en 1953.
Aloyse Freppel qui est le lithographe de l'imprimerie Czeizorzinski s'installe à son compte en embauchant trois ouvriers dans l'ancien commissariat de police, face à la mairie. En 1952, il passe les rênes à Albert Banzet dessinateur-lithographe, pour se consacrer entièrement à la gestion de son entreprise. Un an plus tard il emploie une dizaine de personnes. En 1969, Armand Freppel cède son activité à Roméo Maciuk qui quitte la vallée dix ans plus tard pour Colmar[20]
Les périodes de guerre
La période allemande (1870-1918)
La guerre franco-prussienne de 1870-1871 et la défaite de la France allait de nouveau apporter des bouleversements juridiques pour la vallée de Sainte-Marie-aux-Mines. Le traité de Francfort () enlevait à la France la province de l'Alsace et une partie de la Lorraine (département de la Moselle, ce qui constituait ni plus ni moins une annexion de ces territoires à l'Allemagne. Une loi votée à Berlin le incorporait l'Alsace et une partie de la Lorraine à l'Allemagne qui devint "Terre d'empire" (Reichsland). Sainte-Marie-aux-Mines était incorporée à la Haute Alsace[21], devenue Markirch faisant partie du cercle de Ribeauvillé. Dès 1871 des décrets ordonnèrent le renouvellement des conseils municipaux, l'enseignement primaire et le service militaire fut rendu obligatoire. Les Alsaciens-Lorrains pouvaient toutefois conserver la nationalité française, mais à condition de quitter le sol national. On estime ainsi que plus de 400 000 personnes quittèrent le pays. À partir de 1872, 25600 jeunes gens quittèrent le pays pour ne pas servir dans l'armée allemande. Presque tous, se sont engagés dans la Légion étrangère. Entre 1888 et 1902, le régime des passeports mit une barrière infranchissable entre la France et les provinces annexées. En 1874 l'Alsace eut à envoyer pour la première fois des représentants au parlement de Berlin. Tous les candidats alsaciens protestataires furent élus. Une nouvelle constitution pour les provinces annexées fut votée en 1910. Selon la nouvelle constitution, l'empereur d'Allemagne, Guillaume II est nommé souverain direct du "Reichsland" représenté par un "Statthalter" (gouverneur), lequel est assisté d'un président supérieur. Le pouvoir législatif est exercé par deux chambres. La chambre basse est composée de 60 membres élus au suffrage universel. La chambre haute où siégeaient les représentants du clergé et des hauts fonctionnaires, désignés par l'empereur pouvait annuler les décisions de la première chambre. De nombreux incidents ont émaillé, faisant connaitre l'esprit frondeur des alsaciens-lorrains. Les rapports très difficiles entre les autorités administratives allemandes et la population ne devaient prendre fin que le jour de la signature de l'armistice. Entre 1870 et 1914 d'importants travaux de construction furent entrepris par les allemands à Sainte-Marie-aux-Mines.
Le Violu : théâtre de violents combats entre 1914-1918
En 1914 après de dures batailles qui sont sanglantes et meurtrières, l'ancienne frontière franco-allemande se fige. Les Allemands comprenant l'importance de ce verrou stratégique vont considérablement renforcer leur ligne en établissant un système de défense très dense et pratiquement imprenable. Sur plus de sept kilomètres, ils vont creuser des galeries et des abris et poser des barbelés. Pour acheminer au plus près du front les munitions et le matériel nécessaires ils vont entreprendre une ligne de chemin de fer passant vers le val de Villé jusqu'au début de la crête vosgienne. De nombreux abris sont construits destinés à héberger quelque 15 000 hommes. Il existe encore de nos jours, au-dessus de la ville de Sainte-Marie-aux-Mines de nombreux abris militaires allemands de la Première Guerre mondiale. Ils sont souvent méconnus à la fois par les randonneurs extérieurs à la vallée et par les amateurs d'histoire. Ces constructions ont toutes été réalisées par l'armée allemande qui n'a pas lésiné sur le coût et la qualité des matériaux. Ainsi pour les allemands la guerre 1914-1918 se caractérise aussi par l'édification de tranchées sécurisées et par des abris fortifiés pour suivre l'avancée des troupes françaises.
À cette époque des voies de communications (remonte pentes, funiculaires, etc..) dont les traces sont encore visibles sont construits sur les hauteurs de Sainte-Marie-aux-Mines pour permettre de ravitailler en munitions et en nourriture les troupes allemandes. Plusieurs de ces abris sont essentiellement concentrés au sommet du Violu ou vers le haut de la côte d'Echéry. Le sommet du Violu ou tête du Violu était plus connu avant la guerre sous le nom de tête du Chipian[22]. Il culmine à 994 mètres et l'ancienne frontière franco-allemande passait par cette hauteur. Conquis par les Français en 1914, il est aménagé en véritable forteresse. Les positions allemandes étaient situées pas très loin des tranchées françaises. Plusieurs abris fortifiés construit au centre du Violu portent des noms rappelant l'Allemagne de l'époque: "Preussen", "Hessen", "Baden", "Hamburg". D'autres abris portent des noms d'animaux: "Dachsgraben" (tranchée du blaireau), "Fuchsloch" (trou du renard), "Maulwurf" (abri de la taupe), "Wolfsgrube" (fosse du loup), "Hamsterbau" (terrier du hamster).
Les sommets du violu et du Bernhardstein sont aujourd'hui couverts d'arbres calcinés et de terres labourées par des trous d'obus énormes et des tranchées, vestiges de la Première Guerre mondiale. C'était un endroit où se trouvaient les positions françaises et allemandes qui se pilonnaient mutuellement. On y trouve encore de nombreux abris fortifiés en parfait état, notamment au Violu et vers le haut de la côte d'Echery au lieu-dit du Pain de Sucre près de l'ancien tracé du Benzolbahn. On y trouve encore de nombreux édifices fortifiés avec plusieurs galeries et des bunkers enterrés style "trou de renard" ou encore des rampes de tir. On peut également apercevoir d'autres abris militaires sur les pentes de la Haute Broque de la côte d'Echéry et du Berhardstein[23].
Les pertes humaines importantes de ces 4 années de guerre ont conduit à la construction par les Français de la nécropole nationale du Col de Sainte-Marie et par les Allemands à celle de la nécropole militaire allemande de Mongoutte, deux cimetières militaires importants sur le territoire de la commune de Sainte-Marie-aux-Mines.
La période française 1918-1940
Dès le retour de l'Alsace à la France le 11 novembre 1918, elle fut administrée pendant plusieurs années par des Commissaires de la République, dont M. Maringer, Alexandre Millerand et Gabriel Alapetite. Tous les services administratifs des départements, arrondissements, cantons et communes, ont à nouveau fonctionné selon la législation française. Dès les premières élections, après le retour de l'Alsace à la France, les habitants de Sainte-Marie-aux-Mines ont élu le général Bourgeois Robert, né le à Sainte-Marie-aux-Mines, décédé le à Paris, aux titres de maire de la ville et de sénateur du Haut-Rhin.
La Deuxième Guerre mondiale
Le , au moment de la signature à Rethondes (Oise) de la Convention d'armistice franco-allemande, l'Alsace était déjà pratiquement occupée par la 7e armée allemande. Celle-ci après avoir franchi le Rhin le , était entrée à Colmar le et à Strasbourg le . Bien que la convention d'armistice ne comportait aucune clause territoriale relative à l'Alsace-Lorraine, Hitler dès le avait nommé le gauleiter de Bade, Robert Wagner, chef de l'administration civile en Alsace auprès de la 7e armée allemande. Par un nouveau décret du l'ensemble de l'administration civile en Alsace était définitivement écartée et confiée au gauleiter Wagner, la Wehrmacht n'exerçant plus que l'autorité militaire. Les Allemands font leur entrée à Sainte-Marie-aux-Mines le devant des habitants médusés et résignés qui adoptent un comportement très réservé. La première mesure prise par les nouvelles autorités concerne la destitution de ses fonctions de maire, M. Louis Kaps, qui est remplacé par un "stadtkommissar" (administration), M. Prestel, exerçant tous les pouvoirs administratifs de la commune. Dès le , les autorités expulsent 53 personnes de confession israélite. Le c'est au tour d'une dizaine de personnes en situation d'handicap moteur et mental d'être déportés en Allemagne. On n'aura plus aucune nouvelle sur leur sort. Le une centaine de personnes sont à leur tour expulsées de Sainte-Marie-aux-Mines, toutes immigrées depuis 1918. Il s'agissait en l'espèce d'une mesure de représailles, par rapport aux expulsions des Allemands en 1918. Le , plus de 400 personnes, dont le maire Louis Kaps, résidant à Sainte-Marie-aux-Mines sont expulsées vers le département de la Dordogne et les départements limitrophes. Ils sont suspectés d'être francophiles. On trouve parmi les expulsés d'anciens engagés volontaires dans l'armée française pendant la guerre 1914-1918, ainsi que certains fonctionnaires, industriels ou commerçants. Les personnes expulsées n'ont qu'une heure pour préparer les 30 kilos de bagages autorisés ainsi qu'une somme de 5 000 francs de l'époque. Le c'est un autre coup dur qui atteint la population. Tous les jeunes jeunes gens de 17 à 25 ans sont appelés à effectuer le service du travail obligatoire (Reichsarbeitsdienst) à caractère paramilitaire. Ils seront affiliés in extrémis dans la Wehrmacht. Les jeunes filles sont d'abord mises à la disposition des familles pour des tâches ménagères et à partir de 1942, employées dans les services auxiliaires de guerre ou dans les usines d'armement. Le est introduit en Alsace, le service militaire obligatoire pour les habitants âgés entre 17 et 38 ans précédée de l'ordonnance du imposant la nationalité allemande aux futurs conscrits. Par ordonnance du les autorités allemandes mettent en place une zone d'interdiction de 3 km de long entre les Vosges et la frontière. Selon la loi, tout déserteur de l'armée allemande passant cette frontière était considéré comme un ennemi de l'Allemagne et pouvait risquer la peine de mort et à coup sûr la déportation. Les plus jeunes des incorporés de force, n'ont généralement pas plus de 16 ans et se retrouvent souvent dans des unités de la Waffen SS (groupe d'élite) pour aller se battre en Russie. Après la cessation des hostilités le les enrôlés de force dans l'armée allemande ont pu regagner leur domicile. La commune de Sainte-Marie-aux-Mines a eu à déplorer la disparition de 103 jeunes gens incorporés sous l'uniforme allemande morts au combat.
Le tunnel de Sainte-Marie-aux-Mines en 1940
En l'entrée du tunnel de Sainte-Marie-aux-Mines sera dynamitée par le génie français. Avec l'arrivée des Allemands à Sainte-Marie-aux-Mines le tunnel sera déblayé puis transformé par les nazis en annexe du camp de concentration de Dachau. Des déportés, en grande partie des Yougoslaves (tel que l'écrivain Boris Pahor) provenant de ce camp et de celui du Struthof (Bas-Rhin) seront contraints de participer à la construction d'une usine de fabrication de pièces pour engins de guerre (V1-V2). Cette annexe est une filiale de la Bayerische Motoren Werke(BMW) où travaillent 800 déportés de guerre qui étaient logés dans l'usine Diehl et Cie, située à la sortie nord de Sainte-Marie-aux-Mines sur la route d'Echéry. Ces déportés travaillant en deux équipes de 12 heures chacune (6h à 18 h et 18h à 6h) au plus profond de ce tunnel dans des conditions particulièrement éprouvantes ne recevaient pour toute subsistance qu'un léger plat par jour, dont le contenu ne consistait qu'en une soupe avec quelques pommes de terre au fond. Pour marquer cet événement tragique de la guerre, les municipalités de Tržič (Slovénie) et Sainte-Marie-aux-Mines sont unies par les liens de jumelage. Les cérémonies officielles ont eu lieu l et à Tržič le de la même année.
La résistance
Avec l'entrée du service militaire obligatoire sous l'uniforme allemand, de nombreux jeunes vont se cacher et déserter. Pour contrer ces désertions, les autorités allemandes vont prendre des sanctions très sévères contre les parents des déserteurs en signe de représailles pour contrer toute velléité de résistance. Souvent les parents seront expulsés de leur village d'origine et transplantés en Allemagne dans des camps spéciaux ou en Haute Silésie. D'autres personnes de la vallée vont être emprisonnées dans la maison centrale d'Ensisheim ou déportées dans des camps de travail comme à Schirmeck. Beaucoup ne reviendront jamais de ces dures épreuves. D'autres, comme les passeurs qui organisaient des filières d'évasion le long de la frontière franco-allemande, étaient passibles de la peine de mort ou du camp de concentration. D'autres organisaient encore des réseaux de résistance où l'on trouvait souvent des familles entières. On y relève, par exemple pour le Val d'Argent les patronymes suivants : Balland, Schmitt, Wagner, Didierjean (deux ecclésiastiques), Baradel, Receveur, Hinsinger, Payer, Chaetzel, Maurer, Rohfritsch, Preiss, Meyer, Ringue, Leromain, Langlaude, Verdun, Munier, Marchal, Hotz, Diebold, Garisco, Bernard et bien d'autres encore qui sont restés dans l'ombre par modestie. Le travail de passeurs a sans doute été facilité par la configuration du terrain qui était propice à de nombreux camouflages. Dans le Val d'Argent, les itinéraires empruntés le plus souvent par les passeurs se situaient à Échéry, le Rauenthal, le chêne de la liberté, le Robinot, la Chaume de Lusse, le Hury, la Hingrie, le Petit Rombach, le Grand Rombach, Rombach-le-Franc, le Col de Fouchy, la Croix Surmely, etc.. C'est à partir du 2e trimestre 1940 et début 1941 que des réseaux de résistance très actifs vont se constituer dans les trois départements annexés (Haut-Rhin, Bas-Rhin et Moselle). Le à Strasbourg un groupe de résistants nommé "la main noire de Marcel Weinum, se livre à une tentative d'attentat contre le gauleiter Robert Wagner par le jet de deux grenades sur la voiture où il était censé se trouver. Mais il n'y s'y trouvait pas. À la suite de cet attentat, des mesures très draconiennes sont prises dont les effets sur la résistance vont très vite se faire sentir. Au cours de la période du au , 2 978 alsaciens sont arrêtés dont 399 pour propagande anti-allemande, 47 pour espionnage et 40 pour avoir participé à l'évasion de prisonniers. L'année 1942 a été l'année noire de la résistance, la plupart des réseaux ayant été démantelés. Pour la seule année 1943 les tribunaux d'exception (Volksgerichshof) vont prononcer en Alsace 72 condamnations à mort dont 37 ont été exécutées. Il faut rajouter aussi ceux qui ont été condamnés à des peines de prison, déportés ou internés au camp de Schirmeck.
Dans ce chef-lieu de canton, malgré un certain cloisonnement dû au fait que la population y était moins autochtone que les villages voisins, les prisonniers trouvaient néanmoins toujours un endroit sûr où ils pouvaient se cacher, de même qu'un passeur pouvant les amener de l'autre côté de la frontière. Le clergé local joua un rôle de premier plan. Le curé Henna de la paroisse de Sainte-Madeleine en liaison avec l'abbé Didierjean de Sainte-Marie-aux-Mines cachait le plus souvent les évadés et prisonnier sous le clocher de son église. Certains prisonniers étaient envoyés par Mme Grossetti, une libraire qui tenait un magasin dans la Grand'Rue. Le pasteur Wagner du temple (situé rue du Temple) en hébergea également un nombre considérable. L'une des plus importantes filières était organisée par Joseph Rohfritsch et sa femme Marie. Le deux prisonniers rencontrés à Benfeld, envoyés par un ami vinrent frapper à leur porte. C'est sur la recommandation d'un ami rencontré près de Benfeld qu'ils se dirigèrent vers Sainte-Marie-aux-Mines. Ils furent présentés à Suzanne, fille du restaurateur Adolphe Preiss qui les emmenèrent au nord de la ville sur les hauteurs de la montagne. Pour ne pas éveiller les soupçons des gardes allemands, ils portaient à la main des petits seaux pour faire croire qu'ils allaient à la cueillettes des framboises et des mûres. Ils marchèrent pendant des heures et atterrirent à la Chaume de Lusse, dont la hauteur culmine à 975 mètres. Les deux guides qui les accompagnaient leur firent traverser la frontière.
La libération de Sainte-Marie-aux-Mines
C'est finalement le que la ville de Sainte-Marie-aux-Mines sera libérée par l'armée américaine (le 142nd régiment de la 36th Division D'infanterie - 7e armée U.S du général George Patton) suivie deux jours après par les troupes françaises sous le commandement du général Joseph de Goislard de Monsabert[24]. Le , alors que le territoire alsacien n'était pas encore complètement libre, le général de Gaulle viendra saluer les habitants de Sainte-Marie-aux-Mines et de la vallée.
Des combats acharnés se déroulaient encore dans la poche de Colmar tenue par la XIXe armée allemande, dont la libération n'interviendra finalement que le par la 1re Armée française du général de Lattre de Tassigny. Une partie des 1200 alsaciens-lorrains internés dans des camps en Suisse rejoignent la 1re armée française dans le Doubs pour constituer les 1er et 4e bataillons de chasseurs à pied du Groupe mobile d'Alsace (GMA) Suisse sous les ordres du chef de bataillon Ernest Georges né le à Colmar et dont les parents étaient originaires de Sainte-Marie-aux-Mines. Le commandant d'aviation, Jean Wetzel, né le à Sainte-Marie-aux-Mines a été l'un des premiers soldat français à pénétrer dans sa ville natale après la libération.
L'armistice du et l'arrêt des hostilités a mis fin à la Deuxième Guerre mondiale. Les communes de la vallée se sont mobilisés pour panser les plaies et les blessures morales et physiques et réparer les destructions. Les collaborateurs de l'Allemagne nazie, une centaine dans la vallée, furent arrêtés et conduit dans les dépendances de l'usine Haffner en attendant d'être jugés. Dès le retour de la paix, les expulsés, les prisonniers et les combattants survivants ont pu regagner la ville de Sainte-Marie-aux-Mines. Début , avec le retour de Louis Kaps (expulsé par les Allemands en 1940) les rouages de l'administration et l'activité économique sont repartis. Sainte-Marie-aux-Mines a cependant payé un lourd au cours de cette guerre : 12 soldats portant l'uniforme allemand sont morts au front, 27 ont disparu, 6 personnes sont mortes dans les maquis et dans la résistance, dont entre autres André Aalberg, André Horb, Maurice Malaisé, Pierre Schmidt, Stahl René. Treize personnes civiles ont également trouvé la mort entre 1941 et 1945.
Un déserteur américain fusillé à Sainte-Marie-aux-Mines
Eddie Slovik fut le seul déserteur de l'armée américaine à être fusillé, du moins depuis la Guerre de Sécession. L'exécution eut lieu le à 10 h 04, dans les jardins d'une villa située au no 86 de la rue Général-Bourgeois. Cette villa a disparu aujourd'hui, remplacée par des immeubles modernes qui ont abrité pendant un certain temps la gendarmerie. Aucune plaque ne signale l'endroit de l'exécution.
Attribution de la croix de guerre
En novembre 1948 la ville de Sainte-Marie-aux-Mines s'est vue attribuer la croix de guerre 1939-1945 avec Étoile de Vermeil en raison de la résistance des habitants au nazisme. La ville de Sainte-Marie-aux-Mines compta 12 tués, 20 blessés, 88 déportés, 417 expulsés et 6 fusillés. Environ 600 prisonniers de guerre français, 50 patriotes et 150 réfractaires au S.T.O et à la Wehrmacht ont pu gagner les Vosges grâce à l'aide de la population. Sainte-Marie-aux-Mines avait déjà obtenu la croix de guerre 1914-1918 avec palme.
Le retour de Sainte-Marie à la France en 1945
L'armistice du 8 mai 1945 a mis fin à la Seconde Guerre mondiale. L'Alsace fut totalement libérée par la 1re armée française et les armées alliées et redevint une province française. Sainte-Marie-aux-Mines libérée le par la 1re armée américaine du général Patton, la légalité républicaine sera rétablie dès le . Le commandant Lantz, chef de liaison auprès du 6e corps américain, avait convoqué tous les anciens membres du conseil municipal et présidé la séance. Au cours de cette réunion, plusieurs nominations ont été prononcées, dont celle de M. Eugène Cunrath en qualité d'administrateur provisoire, Louis Zapfel commissaire de police, Jean Jacques Lacour 2e adjoint, Eugène Eschbach maintenu dans sa fonction d'adjoint qu'il exerçait avant le . L'ancien maire, M. Louis Kaps qui avait été contraint d'exercer ses fonctions lors de l'entrée des Allemands dans la ville est remis en selle. Il reçoit les pouvoirs de l'administrateur provisoire, Eugène Cunrath au cours du conseil municipal du .
Histoire des mines d’argent
Les mines auraient été découvertes par les Gallo-Romains qui avaient déjà amorcé l'exploitation des mines au début du IIe ou IIIe siècle après Jésus-Christ. Cette hypothèse avait été suggérée, mais a été très vite abandonnée faute de documents sérieux[25].
C'est ensuite le trou noir jusqu'au Xe siècle où selon le moine Richer de l'abbaye de Senones qui vécut au XIIIe siècle, un moine nommé Blidulphe fonda le monastère d'Echéry, situé tout près de l'actuelle Sainte-Marie-aux-Mines. Les moines s'aperçurent bientôt que la vallée regorgeait de richesses minières[26]. Les moines d'Echéry sont bientôt menacés dans leurs biens et leurs droits par la famille d'Echery qui édifie au XIIIe siècle, le château du Hoh-Eckerich. Cette famille finit par s'approprier les mines que les moines exploitaient[27].
La découverte des premiers gisements
La mise en œuvre des ressources minières aurait, selon certains auteurs, commencé sous l’époque romaine, voire dès l’âge du fer. Les preuves, font hélas défaut. Toutefois on a extrait, dans certains cas, dans les vallées voisines : l’antimoine près de Charbes (Bas-Rhin), dans le Val de Villé, et du fer au « camp celtique » de la Bure près de Saint-Dié. (plus tard, les mines de Sainte-Marie-aux-Mines ont été activement exploitées au Moyen Âge). Pour revenir à l'antiquité, elles fournissaient en effet un argent mêlé d’antimoine que l’on a reconnu dans les monnaies des peuples gaulois voisins, Leuques (en Lorraine, versant ouest des Vosges) et Séquanes (Haute-Alsace et Franche-Comté). L'exploitation des mines dans la vallée du temps des Romains pourrait apparaître au IIe ou IIIe siècle de notre ère. Ce qui pourrait donner du poids à cette assertion, c'est la découverte d'une médaille en bronze qui a été trouvé en 1846, dans un jardin situé dans la partie supérieure de Sainte-Marie-aux-Mines, dont l'une des faces représente le buste de l'empereur Aurélien avec l'inscription IMP. AURELIANUS, HUC et de l'autre face deux figures ayant chacune une lance à la main. La bonne conservation de cette médaille et surtout le relief des objets prouve qu'elle aurait pu être enfouie dans la terre depuis le règne d'Aurélien qui est monté sur le trône vers l'an 270. Cette médaille, il est vrai peut aussi marquer le passage des troupes romaines, ou la présence de mineurs romains dans la vallée. L'Alsace d'ailleurs était déjà très connue des Romains à cette époque, car depuis Jules César, qui en fit la conquête cinquante ans avant Jésus Christ, les légions romaines ne cessèrent de traverser cette région pour se rendre sur les bords du Rhin où elles avaient établi de nombreuses colonies.
Ensuite, il n'est pas impossible que ces conquérants qui apportèrent la civilisation en Alsace et qui restèrent pendant quatre siècles, n'aient pas connu les riches mines d'argent du Val de Lièpvre, tandis que 600 ans après, elles ont été exploitées par de pauvres ermites dans les solitudes d'Echéry[28].Les premiers témoignages incontestables datent de la fin du Xe siècle dans le diplôme par lequel Otton III confirme à l’église de Toul la possession du monastère de Saint-Dié, il est question des dîmes des mines d’argent et les premières monnaies frappées à Saint-Dié appartiennent à cette époque. C’est aussi l'époque où est fondée la cella d’Echery, dépendance de Moyenmoutier au Val de Lièpvre, qui prit part de bonne heure à l’exploitation des gisements argentifères. Les moines ayant été dépossédé ou concédé ces mines aux nobles d'Echéry[29], elles furent ensuite exploitées jusqu'à l'extinction de cette famille, puis ces mines furent ensuite partagées par les Sires de Ribeaupierre et les ducs de Lorraine. La technique utilisée à l'époque était celle des pingen ou puits verticaux qui étaient fréquemment inondés, puis les puits à ciel ouvert.
Les mines au Moyen Âge
On trouve encore autour de Sainte-Marie-aux-Mines de nombreuses anciennes mines qui ont depuis fort longtemps maintenant été abandonnées. Dans le district de Sainte-Marie-aux-Mines, on a repéré plus d’une centaine de puits appelés « Bingen » ou « Pingen », situés pour la plupart sur les crêtes des filons et qu’en raison de leur caractère primitif, tous les spécialistes s’accordent à reconnaître comme typiques de l’exploitation médiévale et même aloto-médiévale à ciel ouvert. Jusqu’à présent, le plus ancien site fouillé placé très haut dans la montagne, date de la première moitié du Xe siècle. Il est tout à fait logique de penser que les filons qui affleurent plus près de la vallée (Blumenthal, Fertrupt, Saint-Pierremont) ont été mis en exploitation bien avant. On raconte qu'un condamné à mort s’échappa dans les bois aux environs de Sainte-Marie-aux-Mines. Il cherchait des fruits sauvages et trébucha sur une pierre. C’était un filon d’argent et sa découverte fut à l’origine de l’exploitation minière dans le val de Lièpvre.
En 1317, un des rares document médiévaux concernant le val de Lièpvre, fait mention d'une église dédiée à Marie. Vers la même période, de nombreux puits de mines encore visibles aujourd'hui atteste de l'importance activité minière et donc de la population. Mais ce n'est vraiment qu'au XVIe siècle que naît Sainte-Marie-aux-Mines, à partir notamment des hameaux de Fertrupt et de Bréhagoutte (Saint-Philippe). Un plan des mines vers 1580 est illustré d'une vue de la bourgade de Sainte-Marie, telle que nous la connaissons aujourd'hui. L'agglomération est désignée sur ce plan sous le nom de « Marienkirch » et a la particularité d'être partagée entre la seigneurie des Ribeaupierre (Rappolstein) qui possède la rive droite de la Liepvrette et le duché de Lorraine qui en possède la rive gauche. Cette curieuse frontière résulte d'un partage aux implications multiples, religieuse, politique et linguistique passé du temps des nobles d'Echéry (Eckerich) dont le dernier s'éteignit en 1381. L'âge d'or de Sainte-Marie-aux-Mines correspond à l'apogée de l'exploitation minière (1530-1570). Il y avait alors deux à trois mille mineurs, venus surtout d'Europe centrale. La ville connaissait de ce fait une activité artisanale très diversifiée (forgerons, tisserand, passementiers) qui était déployée autour de l'activité des mines.
L'une des pièces les plus anciennes qui figure dans les archives relatifs aux mines de Sainte-Marie-aux-Mines est datée du lundi avant la Saint-Laurent de l'année 1486; il s'agit d'une convention entre l'archiduc Sigismond d'Autriche et Guillaume de Ribeaupierre dans laquelle il demande sa part dans l'exploitation des mines. Dans ce document le duc revendique les 2/3 de l'exploitation minière et le reste au seigneur de Ribeaupierre.Cependant, une clause stipule qu'en cas où le duc venait à mourir sans laisser d'héritiers, sa famille collatérale pourrait se voir octroyer la moitié des revenus. Sigismond effectivement décédé sans laisser d'héritiers directs, Bruno, Maximilien et Guillaume de Ribeaupierre firent en 1496 un arrangement avec le roi des romains.
L'âge d'or des mines
C'est à partir du XVIe siècle que commence véritablement à grande échelle l'exploitation des mines du Val d'Argent. C'est Bruno de Ribeaupierre (von Rappolstein) soutenu par la maison de Habsbourg qui donne le coup d'envoi en attirant des mineurs germaniques qui creusent déjà avec une grande technicité la montagne vosgienne sur l'autre versant lorrain de la montagne, exploité intensément depuis des siècles. Une esquisse de cartographie des principales veines a déjà montré aux maîtres de mines lorrains que cette partie de la montagne vosgienne entre Alsace et Lorraine a un grand potentiel minier concernant l'argent. Or le duc de Lorraine est également un seigneur alsacien, possédant une partie du Val de la Lièpvre, et notamment la rive gauche à partir de Sainte-Marie[30].
Cet appel au personnel qualifié, réuni en corporations auto-administrées, donne un nouvel essor aux activités minières de la vallée qui constitue la grande époque vers la ruée de l'argent qualifiée plus tard d'« âge d'or ». L'origine urbaine, à la fois germanique (protestante par les Ribeaupierre) et romane (catholique par le duc de Lorraine) de Sainte-Marie s'explique par ce boom économique, né à l'origine de l'investissement seigneurial. On raconte que certains mineurs en quête de nouveaux gisements aurifères auraient prospecté la montagne avec une baguette de sourcier appelée "virgula divina". Cette méthode était paraît-il assez efficace si l'on en juge par les résultats obtenus. Les gisements découverts, d'une exceptionnelle richesse minéralogique étaient estimés à l'époque comme ayant le premier rang en France, le 2e en Europe et au temps de la Renaissance les plus importants du monde.
Les filons métallifères répandus dans les gneiss (roches) renfermaient des milliers d'espèces ou variétés minérales[31],[32] :
- 150 variétés de minéraux ou minerais d'argent,
- des minerais de cuivre, d'arsenic, de plomb (en particulier la galène...) de zinc, de nickel, de fer, de cobalt (en particulier le smalt) ...
- des métaux plus rares, tels que l'antimoine natif, le bismuth natif, l'uranium ou le manganèse ou d'autres éléments natifs comme l'arsenic...
Ces gisements étaient répartis sur trois secteurs : du côté de Sainte-Marie Alsace (sud-ouest) vers l'Altenberg (ancienne exploitation) comprenant les anciennes exploitations comprenant les secteurs de Saint-Blaise, Fertrupt, Blumenthal, Saint-Philippe. Le deuxième secteur, le Neuenberg (nouvelle exploitation), au Rauenthal, Echéry, Rain de l'horloge et au pied du Brézouard granitique. Les exploitations allaient en général d'est en ouest dans la partie occidentale de la région au Neuenberg et nord-sud dans la partie orientale vers l'Altenberg. Le troisième secteur concernait la partie lorraine de Sainte-Marie-aux-Mines dont les exploitations minières s'étendaient sur la rive gauche de la Liepvrette, notamment à la Goutte des Pommes, le Bois du Prince, le Petit Rombach, la Timbach, le Grand Rombach, Musloch dont l'exploitation a duré du XVIe au XVIIIe siècle. À la même époque d'autres mines ont été ouvertes à La Croix-aux-Mines dans le département des Vosges, ainsi que dans la vallée voisine du Val de Villé, en particulier à Urbeis.
En 1502 on comptait à Fertrupt, à l'entrée du vallon, 67 galeries dont 37 étaient encore en bon état. Ces mines étaient situées à Saint-Guillaume où l'on a extrait surtout du plomb. Vers 1532 les mines de Saint-Sylvestre, d'Eisenthur et à la Burgonde à la sortie de Fertrupt produisaient surtout de l'argent. À Echéry en 1524 les mines du Rauenthal et de la Petite Lièpvre (mine Saint-Nicolas) produisaient du plomb, de l'argent et du cuivre. À Mariakirch (Sainte-Marie côté Alsace) en 1522 fonctionnait la mine Saint-Barthélémy où l'on a extrait de l'argent et du cobalt ainsi qu'à la mine Saint-Philippe. On a également travaillé à partir de 1525 dans les mines de Saint-Michel au Blumenthal. Certaines mines portaient Curieusement des noms en rapport avec la religion. Au début du XVIe siècle, cent cinq mines ont été ouvertes dont on a extrait environ 5 000 tonnes de cuivre, 300 tonnes de minerai d'argent, 80 000 tonnes de plomb. Devant la quantité de minerai extrait, les seigneurs de Ribeaupierre ont fait appel à des mineurs étrangers, la plupart des réfugiés protestants, victimes de la persécution religieuse, recrutés surtout en Saxe, Autriche, Hongrie qui se fixèrent entre Saint-Blaise, Saint-Guillaume et Echéry. En peu de temps de nouvelles maisons sortirent de terre. Des incendies entre 1572 et 1589 décimèrent une partie de ces habitations. Ainsi 120 maisons du côté lorraine et 40 du côté Alsace partirent en fumée.
Le continuateur de Montrelet, dit qu'en 1516 deux seigneurs allemands, le comte Guerlande et le comte Francisque, déclarèrent la guerre au duc de Lorraine au sujet des mines de Lorraine. Ils prirent la ville de Saint-Hippolyte, qui fut bien tôt reprise par le duc Antoine. Les ennemis du duc qui s'étaient postés à l'entrée du Val de Lièpvre pour lui en disputer l'entrée furent défaits[33].
Entre 1519-1521, il y eut quelques difficultés entre l'empereur et le duc de Lorraine au sujet des mines. On nomma des arbitres de part et d'autre. Les comptes rendus sont entreposés aux Archives de Meurthe-et-Moselle.
Organisation et coutume des mineurs
Au XVIe siècle les mineurs qui travaillaient à Sainte-Marie-aux-Mines Alsace formaient un corps séparé qui avait ses propres juridictions et se comportait comme une véritable organisation para-militaire. Les ouvriers mineurs étaient divisés en plusieurs classes qui avaient les emplois suivants:
- Hauer : mineur travaillant à la pierre
- Haspelknechte : renvideurs
- Hundläufer : hercheur
Cette classe d'ouvriers mineurs travaillaient à l'intérieur de la mine et portaient le nom allemand de Bergknappen. Le corps de mineurs était connu sous le nom de Knappschaft. Autour des mines et dans les divers endroits où l'on travaillait il y a aussi :
- Pochknechte / brocardeurs
- Siebwaescher : laveurs au tamis
- Kruckenwaescher: laveurs à la crosse
- Scheider: Ouvriers qui cassaient la pierre en sortant de la mine et qui séparaient celle qui contenanit du métal de la roche.
- Weiber die das Erz klauben : femmes qui trient le minerai
- Schmelzer: fondeurs
Au XVIe siècle, le minerai était partagé entre les actionnaires (Gewercken) avant d'être livré à la fonte et il était loisible à chaque actionnaire de faire fondre sa part où bon lui semblait. Le préposé chargé d'en faire la distribution s'appelait Verweser et celui qui inscrivait les diverses parts Huttmann. Le minerai brocardé et prêt à la vente était mis dans de grands sacs et conduit à la fonderie, le voiturier qui en était chargé se nommait Erzführer. Le costume que portait les mineurs consistait en une petite veste de toile grossière, d'un pantalon de même étoffe, et d'un vieux chapeau rond, ou seulement la tête du chapeau sans bords. Lorsque les mineurs travaillaient dans les mines, ils attachaient quelquefois des morceaux de cuir aux genoux, parce qu'ils sont souvent obligés de grimper à la manière des ramoneurs. Outre le costume de travail, les mineurs portaient un uniforme pour les dimanches et jours de fête. Les officiers des mines, avant la Révolution de 1789 portaient un uniforme très riche: c'était une veste en drap noir, avec revers, parements et large collet rabattu en drap écarlate, le tout bordé de gaons en or; ils portaient la culotte courte en drap écarlate, des bas blancs avec souliers à grandes boucles en argent, un schako en feutre noir, sans visière, bordé d'un galon en or et orné de deux marteaux en sautoir en cuivre doré. L'uniforme des simples mineurs était le même que celui des officiers, à l'exception des galons en or. Les mineurs avaient leur propre caisse de secours qui intervenait en cas de maladie. Lors du décès d'un des membres de cette maîtrise, le convoi funèbre est accompagné par douze mineurs en costume, chacun muni de sa lampe allumée suivant une ancienne coutume en usage.
Mœurs et coutumes
Un des traits les plus marquants qui caractérisait les anciens mineurs était le profond respect pour la religion qui guidait toutes leurs actions. Matin et soir avant d'entrer dans les mines, ils se rassemblaient dans une des chambres d'une maison avoisinant l'entrée de la mine, et là le pasteur ou le curé faisaient journellement la prière, en implorant Dieu de préserver les ouvriers des malheurs qui pourraient leur arriver dans leurs travaux souterrains. Après la prière on chantait un cantique qui était suivi d'une allocution du maître mineur qui exhortait les ouvriers à remplir consciencieusement leur devoir. Les mineurs lorsqu'ils se rencontraient se saluaient par le mot de Gluck-auf, ce qui veut dire : que Dieu vous accorde une heureuse sortie de mine. Ce mot de Gluck-auf est même souvent employé dans leurs cantiques et surtout avec beaucoup d'à-propos dans celui qu'ils chantaient à l'enterrement de leurs camarades, et où il fait allusion au passage de la vie terrestre du mineur à la vie dans l'au-delà. Les mineurs étaient très superstitieux et se créaient des fantômes ou des personnages imaginaires qui peuplaient l'intérieur des mines. Ils ne manquaient jamais de prier afin de les préserver contre les mauvais sorts, notamment les lutins et autres mauvais esprits qui hantaient les galeries souterraines afin de les contrarier. Si par exemple leur lampe venait subitement à s'éteindre, c'était un esprit méchant qui l'avait soufflée; arrivait-il un éboulement dans la mine, c'était encore un lutin qui en était la cause.
Le déclin
Très florissantes jusqu'à la fin du XVIe siècle, le déclin des mines allait sonner le glas de la prospérité de Sainte-Marie-aux-Mines. Les difficultés d'exploitation, le manque de bois nécessaire aux fonderies et boisage des mines vint à manquer, en plus des inondations fréquentes seront le lot quotidien qui amèneront le déclin des mines de la région. Par ailleurs une grande quantité d'argent affluant en Europe et en provenance du nouveau monde (Mexique, Pérou) dont les rendements sont meilleurs que ceux de Sainte-Marie-aux-Mines fera diminuer le rendement des mines. La plupart des galeries qui avaient été exploitées depuis le XVIe siècle vont être progressivement abandonnées. Au début du XVIIe siècle, il n'existait plus à Sainte-Marie-aux-Mines qu'une centaine de mineurs sur les 3000 occupés antérieurement dans les 200 puits. La guerre de Trente Ans (1618-1648) et les guerres qui s'ensuivirent anéantirent l'exploitation des mines et de ce qu'il restait. La misère et la famine régnaient partout. Le feu avait anéanti une partie de Mariakirch (Sainte-Marie-aux-Mines) et consumé Fertrupt dans le courant des années 1634 et 1635. La peste qui était apparue dans la vallée allait faire du Val d'Argent un désert, la population ayant pratiquement complètement disparu du fait de la famine, des guerres. À cette époque à Marie-aux-Mines, il ne restait plus qu'une trentaine de familles. Sainte-Marie-aux-Mines se repeuplera dans la 2e moitié du XVIIe siècle grâce à l'arrivée de cultivateurs suisses, principalement des anabaptistes, de réformés allemands qui se joindront à la communauté calviniste. Au XVIIIe siècle, il ne restera comme vestiges des exploitations minières que des galeries à demi éboulées et des puits envahis par les eaux. Seule la ville de Mariakirch subsistait. Au décès de Jean Jacques de Ribeaupierre le ne laissant pas d'héritiers mâles, succéda le prince Palatin de Birckenfeld qui transmettra la seigneurie à son fils Chrétien II de Birckenfeld. En 1711, trois bourgeois-marchands de Strasbourg, nommés Nicolas Cederer, Jacques Duominguer et Simon Knol essayèrent de faire redémarrer les mines. Ils établirent plusieurs ateliers dans les endroits où il y avait d'anciennes mines dont la première est située dans la vallée du Rauenthal sous le nom de Saint Jacques. Ils ouvrirent une ancienne galerie sur 400 toises de longueur. Au bout de ces 400 toises, ils trouvèrent trois grands rameaux faits par ceux qui y avaient travaillé, contenant les trois ensemble soixante toises de profondeur, où ils remarquèrent dans le nettoiement quelques veines de mines, contenant de l'argent et du cuivre. Ils y trouvèrent environ 40 quintaux de mine d'argent et de cuivre qui produisirent environ 7 onces d'argent par quintal et 8 à 10 de cuivre. Ils ne se sont pas trouvés en état de poursuivre la grande galerie, en raison des éboulements. Ils ont donc abandonné l'endroit. Dans la même vallée, une autre mine appelée Saint-Christian a fait l'objet de recherches. Ils sont tombés sur trois galeries en partie éboulées, et ont parcouru celle du milieu sur 150 toises de longueur. À environ 100 de distance de cette galerie, ils ont trouvé quantité de rameaux anciens dans lesquels ils ont fait construire plusieurs petits rameaux où ils ont trouvé de l'azur et de l'argent[34]. Ils ont fait ouvrir d'autres galeries, dans la vallée de la Petite Lièpvre, à Fortelbach et à Fertrupt. Les travaux ont été définitivement abandonnés en 1828
Bibliographies
- Baquol: L'Alsace ancienne et moderne: Dictionnaire topographique, historique et statistique du Haut-Rhin et du Bas-Rhin, 1865
- Bogdan, Henry: La Lorraine des ducs, sept siècles d'histoire, Perrin, 2005, (ISBN 2-262-02113-9)
- Brièle. Archives départementales du Haut-Rhin, antérieures à 1790, inventaire sommaires, Fonds de Ribeaupierre, série E 1829 à 1979
- Delbos et Koechlin-Schumberger. Description minéralogique et géologique du département du Haut-Rhin, Mulhouse, 1866, 2 vol. in 8°
- Dietrich J.J: La chronique des mines de Sainte-Marie par L. Hausenbach, Bulletin de la société d'histoire naturelle, Colmar, 1875-1876,p. 325 et suivante.
- Dietrich (baron de). Description des gîtes de minerai, forge, salines, etc.. de la Haute et Basse Alsace, 3e et 4e partie, Paris 1789, p. 138 et suivantes.
- Dubled, Henri : Sainte-Marie-aux-Mines et sa région dans le passé, Imprimerie Alsatia, 1959, 16 pages, p. 119-134, t.10 - Annuaire de la Société des amis de la bibliothèque de Sélestat
- Garnier-Pierrez, Danièle : Le couvent des Cordeliers de Sainte-Marie-aux-Mines (1617-1789), Société d'Histoire du Val de Lièpvre, 20e cahier, année 1998, p. 103-114
- Grandidier, abbé : Sainte-Marie-aux-Mines, Echéry, Vues pittoresques d'Alsace, Strasbourg, 1785
- Grandidier, abbé : Histoire de l'église et des évêques-princes de Strasbourg depuis la fondation de l'évêché jusqu'à nos jours, imprimerie François Levrault, 2 tomes, 1776
- Kroeber, Lesslin, Petitdidier : Mémoire au gouvernement sur la demande formée par les hameaux d'Echéry, la Petite Lièpvre, Fertru et Saint-Blaise, 1841
- Grandidier, André Philippe : Histoire ecclésiastique, militaire et littéraire de la province Alsace, Strasbourg, 1787, Lorenzi & Schulerii (tome 1) et Levrault (tome II)
- Muhlenbeck Emile : Nos mines, Journal de Sainte-Marie-aux-Mines 1878-1879
- Risler, Daniel: Histoire de la ville de Sainte-Marie-aux-Mines et ses environs, 1873, Strasbourg, réimpression en 1991 par Res Universis (ISBN 2-87760-550-7)
- Risler, Daniel : Histoire de l'industrie dans la vallée de Lièpvre, Sainte-Marie-aux-Mines, 1851, Imprimerie et Lithographie de A. Jardel, 73 pages
- Schricker A : Die Elsaessischen Bergwerke in Markirch, National Zeitung, 1879
Notes et références
- John D. Roth, Letters of the Amish Division: A Sourcebook, Mennonite Historical Society, Goshen, Indiana, 1993
- Deciman de Sancta Maria et de Sancto Blasio - Archives de Meurthe et Moselle G 393/1.
- Le prédécesseur de Gérard d'Alsace, Adalbert de Lorraine, était le fils d'un autre Gérard qui avait épousé Gisèle, nièce de l'empereur Conrad Ier. Le nouveau duc héréditaire de la Lorraine, Gérard d'Alsace, appartient donc à une illustre lignée solidement pourvue en Alsace, c'est-à-dire au sud-ouest du royaume de Germanie. Les liens entre la Lorraine, le royaume de Germanie et le Saint Empire s'avéraient de ce fait étroits et solides. Il était soutenu par l'empereur Henri III car les Etichonides avaient toujours loyalement servi l'Empire et lui avaient fourni des fonctionnaires dévoués. Source : Henry Bogdan : La Lorraine des ducs, p. 32
- Schoepflin : Alsatia Illustrata, tome, 1, p. 43
- Cense = fermes seigneuriales
- Ménantie, ou ménandie, signifie un ménage, une famille et sa dépendance. Source : Augustin Calmet, "Notice de la Lorraine: qui comprend les duchés de Bar et de Luxembourg, l'électorat de Trèves, les trois évechés (Metz, Toul, et Verdun), l'histoire par ordre alphabétique des villes, etc", tome 2, éditeur Madame George, Lunéville, 1840, consulté en ligne le 9 juin 2017, p. 356 .
- Pierre D. de Rogéville, "Dictionnaire historique des ordonnances et des tribunaux de la Lorraine et du Barrois", Volume 2, éditeurs Veuve Leclerc et Nicolas Gervois, Nancy, 1777, 698 pages, p. 468, consulté en ligne le 9 juin 2017
- Les Halles, annexe se trouvant aujourd'hui à Sainte-Croix-aux-Mines
- Des villages de Cassini aux communes d'aujourd'hui, « Notice communale : Sainte-Marie-aux-Mines », sur ehess.fr, École des hautes études en sciences sociales (consulté le ).
- Cet acte est parfois soupçonné d’avoir été contrefait par les moines de Lièpvre.
- Archives départementales du Haut-Rhin cote E.2064
- Baumgarten, Bongars, abbaye situé près d'Andlau et entièrement détruite en 1525 par les paysans.
- Archives du Bas-Rhin, G.1552 - Parchemin muni du sceau sur cire rouge, Wilhem herre Rappoltz und zu Hohenach, l'écu écartelé au premier et au quatrième des trois écussons de Ribeaupierre, au deuxième et troisième des lions de Geroldseck
- Archives du Bas-Rhin G 117.
- Archives du Bas-Rhin G 91.
- Baquol: Dictionnaire topographique, historiques et statistique du Haut-Rhin, p. 253
- Baquol : Dictionnaire topographique, historique et statistiques du Haut-Rhin et du Bas-Rhin, p. 253
- Les anciennes industries de la vallée de Lièpvre. Cette partie du travail de M. Risler a paru en feuilletons dans le Journal de Sainte-Marie-aux-Mines en mars-mai 1862
- d'après Auguste Kroeber : Les anciens imprimeurs de Sainte-Marie-aux-Mines, Revue d'Alsace, 1867
- d'après Jean Paul Patris, Société d'histoire du Val de Lièpvre, 1993, p. 24-30
- La traduction allemande, Oberelsass, est encore utilisée de nos jours par les Allemands et les Suisses pour désigner le département du Haut-Rhin
- La Tête du Violu
- L'Association Mémoire & Patrimoine Militaire du Val d'Argent propose des sorties guidées permettant de découvrir les anciens vestiges de la guerre 1915-1918
- Né en 1887, décédé en 1981, il deviendra après la guerre le premier commandant en chef des troupes françaises d'occupation en Allemagne
- Robert Forrer la remit en valeur en 1927 en se fondant sur la présence d'antimoine dans les monnaies des Leuques et des Séquanes dont le val de Lièpvre dépendait plus ou moins, antimoine, dans Cahiers d'archéologie et d'histoire d'Alsace, 1927, p. 54-55
- Monuments Germaniae historica, Scriptores, XXV, Hanovre, 1880, p. 284 - De Blidolfo, qui cellam Acheri aedificavit... In qua postea extiterunt viri, quorum diebus argentarie fosse reperte sunt in quibus multum argentum esse fertur effossum
- D'après Lesslin et Daniel Rissler, les moines donnèrent les mines en fief aux nobles d'Echéry. Cette affirmation est souvent en contradiction avec d'autres historiens
- On a également trouvé dans la vallée une médaille de l'empereur Constance et une autre de Maximien qui régnèrent au commencement du IVe siècle
- Cette hypothèse n'est pas très claire, puisqu'elle varie d'un historien à l'autre
- Dans cet espace agro-pastorale et forestier, les populations rurale non impliquées dans l'activité minière sont les mêmes, de langue romane et de culture vosgienne dans leur grande majorité.
- . Une exception notable, point d'or...
- Pierre Fluck, Les mines du rêve : Sainte-Marie-aux-Mines, Soultz, Les éditions du patrimoine minier, , 205 p. (ISBN 2-9505231-3-7), p. 30
- Herculanus: Histoire de la Lorraine, tome 3, p. cxviii
- Les mines de Sainte-Marie, Revue d'Alsace, 1898, p. 309
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