Sport utility vehicle
Un SUV (sigle de l'anglais sport utility vehicle /spɔɹt juˈtɪlɪti ˈviəkəl/[1]), appelé véhicule utilitaire sport (VUS)[2],[3] au Canada, est une automobile bicorps familiale polyvalente, dotée d'une carrosserie surélevée et volumineuse, pouvant posséder des capacités de tout-terrain ou de remorquage élevées.
« SUV » redirige ici. Pour les autres significations, voir SUV (homonymie).
À la fin du XXe siècle, le volume de vente de ce segment automobile décolle aux États-Unis, puis en Europe au début du XXIe siècle.
En dépit de leur succès, ils font l’objet de plusieurs controverses, notamment sur les aspects de sécurité, de pollution, d'émissions de gaz à effet de serre et d'encombrement. Ils entraînent un faux sentiment de protection tout en diminuant la visibilité des usagers de la route plus vulnérables, donc augmentent la mortalité induite. Leurs dimensions impliquent une consommation accrue de matières premières et d'énergie grise pour leur fabrication, puis une consommation de carburant et des rejets plus importants à l'usage. À ce titre, ils sont la deuxième cause d'augmentation des émissions de CO2 dans le monde entre 2010 et 2018.
Les SUV sont principalement caractérisés par leur forme bicorps, inspirée des breaks, leur hauteur et leur volume importants. Par rapport aux autres types de véhicules automobiles de même taille, l'espace intérieur est souvent plus important et permet aussi bien de transporter des objets assez grands que de voyager en famille, à la manière d'un monospace ou d'un ludospace qui pourtant ne sont pas l'objet de polémique. Caradisiac mesure ainsi en 2020 un gain de volume de coffre de +20 % sur des modèles à cinq places et de +16 % sur des modèles à deux places[5], tandis que le confort est amélioré par +6 mm d'espace pour les genoux et +1,7 à +3 cm pour la tête[6]. Leur accès à bord est plus facile que celui des berlines ou breaks, souvent trop bas pour les personnes à mobilité réduite ou âgées. Certains SUV, à l'instar de leurs ancêtres tout-terrain, ont des capacités en usage hors-route et sont dotés de quatre roues motrices et de dispositifs électroniques favorisant la progression sur terrain difficile. Certains gros SUV sont également capables de tracter des charges de plusieurs tonnes, dépassant parfois de plus d'une fois leur masse à vide[réf. nécessaire]. Les SUV restent toutefois majoritairement utilisés sur route[7]. Leur comportement routier se rapproche d'ailleurs de plus en plus de celui des berlines[réf. souhaitée] ; en témoignent les crossovers, nouvelle catégorie située entre les deux précédentes, qui ne disposent généralement que de deux roues motrices.
En matière de motorisation, les SUV sont le plus souvent dotés de moteurs thermiques, mais certains modèles sont munis d'une propulsion électrique et d’autres sont des véhicules hybrides rechargeables. Leurs performances sont victimes de leur poids, de leurs jantes plus grandes et de leur aérodynamique[8].
Typologie
Précurseurs
Le SUV trouve ses origines aux États-Unis, où l'un des premiers reconnu comme tel était le Jeep Wagoneer, datant de 1963[9]. Il représentait une diversification pour la marque Jeep qui est, par ailleurs, l'une des pionnières du véhicule tout-terrain, avec la Jeep Willys de 1941. Les SUV étaient, à l'époque, principalement dérivés des pick-ups.
En Europe en 1970, le Range Rover marque une étape importante du genre[9]. Le Rayton Fissore Magnum italien de 1985 possède les caractéristiques des SUV, mais c'est l'arrivée en Europe des Mercedes Classe M et BMW X5 à la fin des années 1990 qui constitue le point de départ de la vogue des « SUV modernes » sur ce continent.
En 1994, le Toyota RAV4 peut être considéré comme le premier SUV compact (en Europe) ou crossover (en Amérique du Nord), conçu avant tout pour un usage familial routier et non utilitaire hors route. Le Suzuki Vitara, petit 4×4 polyvalent sorti en 1988, pourrait contester ce titre. Cependant, si le Vitara s'éloigne du tout-terrain utilitaire initial, il reste un véhicule plus orienté pour un usage hors-route que route, avec un comportement routier assez éloigné des berlines de l'époque. Les générations suivantes du Vitara, appelées « Grand Vitara » en 1997, sont quant à elles réellement considérées comme des SUV/crossover.
Crossover ou multi-segments
Le terme « crossover » en automobile est apparu dès la fin des années 1980[10] en Amérique du Nord pour désigner un mélange des genres (le terme utilisé pour désigner ce type au Québec est « multi-segments »). Il s'agit d'un véhicule s'inspirant d'un SUV, mais conçu sur une plate-forme de berline. Le terme était ainsi utilisé aux États-Unis pour marquer la distinction par rapport aux SUV traditionnels de type light truck, conçus, eux, sur un châssis plus grand de type camionnette ou pick-up.
La majorité des SUV compacts du marché européen sont des crossovers au sens nord-américain. Ainsi du Nissan X-Trail, dérivé de la Nissan Almera, ou du Hyundai Tucson, dérivé de la Hyundai Elantra. Il existe également de gros crossovers, tels que le BMW X6, tiré de la BMW Série 5, le Volvo XC90, inspiré de la Volvo S80, le Nissan Murano, de la Nissan Altima, le Lexus RX, de la Toyota Camry, le Subaru Forester, dérivé de la Subaru Impreza, et le Subaru B9 Tribeca, de la Subaru Legacy.
Par leur architecture commune avec les berlines, les crossovers ont généralement l'avantage d'avoir un meilleur comportement routier que les SUV, une moindre consommation de carburant et un coût à l'achat inférieur. Aux États-Unis, les clients se tournent dans les années 2000 plus volontiers vers ce type de véhicule que vers les SUV traditionnels, en raison de la forte augmentation du prix de l'essence[11].
En Europe, le terme « crossover » n'est réellement utilisé que pour désigner certains SUV dérivés de berlines possédant une allure de break « sportif » ou de coupé. Les autres continuent à être désignés sous le nom de « SUV » sans faire de différence entre les monocoques et les SUV originaux à châssis à échelle que tous les constructeurs, à l'exception des Mercedes-Benz Classe G et Suzuki Jimny, ont abandonnés pour des raisons de sécurité[12]. Certains constructeurs, tel Dacia, ne font aucune différence entre SUV et crossover ; la version « Stepway » de la Dacia Sandero possède un « look de SUV ou crossover »[13].
Classification
À défaut d'une mention « SUV » sur les certificats d'immatriculation, faute d'une définition légale par les services d'homologation, les organismes d'évaluation de la sécurité des automobiles neuves classent les véhicules en fonction de leur taille. Par exemple, le programme européen Euro NCAP différencie les grands des petits SUV[14].
La Fédération belge et luxembourgeoise de l'automobile et du cycle (Febiac) distingue également[15] :
- petit SUV : longueur inférieure ou égale à 4,3 m et hauteur inférieure ou égale à 1,8 m ;
- moyen SUV : longueur entre 4,3 m et 4,7 m ou longueur inférieure ou égale à 4,3 m et hauteur supérieure à 1,8 m ;
- grand SUV : longueur supérieure à 4,7 m.
Grands SUV selon Euro NCAP
- 2018 : BMW X5, Hyundai Santa Fe, Jeep Wrangler, Hyundai Nexo (électrique à pile à hydrogène), Volkswagen Touareg ;
- 2017 : Porsche Cayenne, Volvo XC60, Renault Koleos, Alfa Romeo Stelvio, Škoda Kodiaq, Audi Q5, Land Rover Discovery.
Petits SUV selon Euro NCAP
- 2018 : Audi Q3, Volvo XC40 ;
- 2017 : Dacia Duster, Hyundai Kona, Jaguar F-Pace, BMW X3 et BMW X4, DS 7 Crossback, Jaguar E-Pace, Mitsubishi Eclipse Cross, Seat Arona, Škoda Karoq, Volkswagen T-Roc, Range Rover Velar, Jeep Compass, Mazda CX-5, Opel Grandland X, Toyota C-HR ;
- 2016 : Audi Q2, Peugeot 3008 II et 5008, Seat Ateca, Volkswagen Tiguan ;
- 2015 : BMW X1 et BMW X2, Kia Sportage, Mercedes-Benz GLC, Hyundai Tucson, Renault Kadjar ;
- 2014 : Jeep Renegade, Land Rover Discovery Sport, Lexus NX (hybride), Porsche Macan, Nissan X-Trail, Mercedes-Benz GLA ;
- 2013 : Mitsubishi Outlander PHEV (hybride), Jeep Cherokee, Honda CR-V, Toyota RAV4 ;
- 2012 : Ford Kuga, Mitsubishi Outlander, Subaru Forester, Mazda CX-5, BMW X1, Jeep Compass ;
- 2011 : Land Rover Evoque, Audi Q3, Chevrolet Captiva, BMW X3, Dacia Duster ;
- 2010 : Kia Sportage, Hyundai ix35, Mazda CX-7, Mercedes-Benz GLK ;
- 2009 : Škoda Yeti, Audi Q5, Volkswagen Tiguan, Volvo XC60.
- Renault Captur II (depuis 2019)
- Volkswagen Tiguan II (depuis 2016)
- Peugeot e-2008 (depuis 2020)
- Dacia Duster II (depuis 2017)
- Nissan Qashqai III (depuis 2021)
- Kia Sportage en 2010
- Ford Kuga en 2012
- Jeep Renegade en 2014
- Peugeot 5008 en 2016
- Volvo XC40 en 2018
Meilleures ventes
SUV | Modèle | Ventes (2018)[16] |
---|---|---|
Small SUV | Renault Captur | 186 220 |
Mid-size SUV | Nissan Qashqai | 206 636 |
Large SUV | Peugeot 5008 II | 67 913 |
Small premium SUV | BMW X1 | 93 164 |
Mid-size premium SUV | Mercedes-Benz GLC | 108 323 |
Large premium SUV | BMW X5 | 26 733 |
Essor et effet de mode
Succès commercial
Depuis leur succès commercial, tous les constructeurs automobiles produisent ou envisagent de produire des SUV par segment de marché[17],[18],[19]. Paradoxalement, en , Citroën transforme son SUV C4 Cactus en berline par un simple restylage (suppression des barres de toit et réduction de la taille des pare-chocs latéraux) afin de remplacer sa berline C4[20].
Le mot « utility » aux États-Unis, où les SUV sont nés, a le sens d'« usage utilitaire »[21]. Certains constructeurs, comme BMW, tentent de se démarquer de cette image en utilisant le terme « SAV » (pour « sport activity vehicle »). On parle d'ailleurs plus volontiers de véhicules de loisirs pour décrire les SUV que de véhicules véritablement utilitaires[22].
D'après The Conversation, le SUV, à l'apparence de 4x4, est d'origine japonaise et est arrivé en Europe dans les années 1990[23].
En France, les SUV ou crossovers les plus vendus sont en 2020 les modèles citadins (Peugeot 2008 ou Renault Captur)[24]. Les SUV sont en 2018 particulièrement appréciés des seniors, sensibles à leur position de conduite plus haute, au sentiment de sécurité qu'ils procurent et à l’accès facilité à bord[25]. Ils remplacent souvent les monospaces et les breaks dans les familles nombreuses[26].
En janvier 2022, les SUV atteignent 49,7 % de part de marché en Europe, ce qui est un record. Alors que le nombre de voitures vendues est en baisse de 2,4 % par rapport à janvier 2021, les SUV voient leurs ventes augmenter de 11 %. Sur le mois de janvier 2022, parmi les dix voitures les plus vendues en Europe figurent quatre SUV : les Peugeot 2008 (3e), Volkswagen T-Roc (5e), Toyota Yaris Cross (8e) et Ford Puma (9e)[27].
Essor dû à la réglementation
En Europe, le SUV a bénéficié des réglementations sur les émissions et la sécurité[23] :
- les textes relatifs à la sécurité des piétons ont conduit à rehausser les pare-chocs avant ;
- les véhicules d'une masse supérieure à 2 500 kilogrammes ont bénéficié d'exonération sur les émissions de polluants jusqu'en 2005 (application d'Euro 4) ;
- la réglementation harmonisée de 2017, dite « en conditions réelles », pose pour les véhicules Diesel des exigences en matière d'émissions de CO2 que seuls les SUV peuvent satisfaire, car ils peuvent emporter un catalyseur et un réservoir d'urée volumineux ;
- les limites d'émissions de CO2 sont plus souples pour les véhicules les plus lourds.
Essor et choix industriels
Les fabricants français ont concentré en France la production de véhicules à forte valeur ajoutée de type SUV, alors que les véhicules légers sont produits dans des zones à moindre coût du marché unique[23].
Coûts
Comparés à leurs équivalents berlines par Caradisiac en 2020, les SUV sont en moyenne plus chers de 3 000 €, à motorisation et niveau de finition identiques, et en comptant le malus le cas échéant[28]. À ce coût initial s'ajoute une consommation de carburant accrue (évoquée dans les sections idoines).
Enjeux et critiques
La présence de SUV en ville est remise en question notamment au Canada[pourquoi ?][29]. À Paris, des taxes adaptées sont aussi envisagées, censées décourager le stationnement de véhicules dont les dimensions sont jugées trop importantes et qui empiètent sur les trottoirs et autres espaces[30] :
« De telles voitures, grosses comme des tanks, n’ont rien à faire en ville. Elles bousillent le climat, elles sont menaçantes, et chaque erreur de conduite met des innocents en danger de mort[30]. »
— Stephan von Dassel, maire écologiste de Berlin-Mitte
Les SUV sont, entre 2009 et 2019, la deuxième source de croissance des émissions de CO2, après le secteur de l'énergie, mais devant l'aviation et l'industrie lourde. Selon les projections actuelles, si les ventes de SUV continuent de croître au rythme de cette décennie, ces véhicules ajouteraient près de deux millions de barils par jour à la demande mondiale de pétrole d’ici 2040[31].
Consommation et émissions de gaz à effet de serre
Consommation d'énergie
Tandis que le nombre de véhicules vendus a diminué dans le monde en 2017 et 2018, la consommation totale de carburant a continué à augmenter, à cause de la proportion croissante de SUV[32].
En 2019, les voitures de tourisme absorbent presque le quart du pétrole extrait du sous-sol[réf. nécessaire].
Selon un rapport de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) de 2019, les SUV, souvent plus lourds et moins aérodynamiques, ont une consommation de carburant supérieure de 25 % en moyenne mondiale par rapport à une voiture de taille moyenne[33]. Selon Caradisiac, les modèles du marché français consomment de quelques décilitres à plus d'un litre supplémentaire par rapport aux berlines correspondantes, par kilomètre[34]. Selon L'Automobile magazine, pour une même motorisation, six petits SUV comparés à des berlines de même marque affichent une surconsommation de +9,4 % en moyenne, allant de +4 % à +17 % en extrêmes. Cette surconsommation est sensiblement plus élevée sur autoroute (+15,3 % en moyenne), du fait de l'aérodynamique moins bonne des SUV[35].
Émissions de dioxyde de carbone
En raison de leur poids et de leur puissance, les SUV émettent davantage de dioxyde de carbone (CO2), un gaz à effet de serre[36],[37],[38], aussi bien pour leur fabrication que pendant leur utilisation.
Ainsi, malgré l'Accord de Paris sur le climat de 2015, dans un contexte de tentative de diminuer les émissions de gaz à effet de serre, les émissions européennes de CO2 par kilomètre parcouru étaient en hausse en 2017. En France, après de nombreuses années de baisse, les émissions sont remontées : 109 g/km en 2016, 111 g/km en 2017 et 112 g/km en 2018[39],[40], d'une part car les motorisation Diesel (moins émettrices de CO2) sont en perte de vitesse, d'autre part à cause de l'augmentation du poids moyen des nouveaux véhicules vendus, les SUV représentant une part de marché croissante : plus d'un tiers des véhicules neufs en Europe début 2018, 40 % des véhicules neufs en France au premier trimestre 2019[38],[36],[41].
À l'échelle mondiale, en 2019, le directeur de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) indique qu´en passant de 18 % des voitures vendues en 2010 à plus de 40 % des ventes en 2018, les SUV ont été la deuxième source d'augmentation des émissions de CO2 dans le monde sur cette période, après le secteur de l'énergie, mais avant l'industrie lourde (aciéries, cimenteries, etc.), les poids lourds ou l'aviation[33]. Ainsi, les 200 millions de SUV en circulation dans le monde en 2018 (contre 35 millions en 2010) ont émis cette année-là plus de deux fois plus de CO2 que la totalité des avions[32]. Ils expliquent à eux seuls la demande supplémentaire de pétrole issue de l'automobile de 2010 à 2018, dépassant « largement les progrès en termes d'efficacité réalisés sur les voitures plus petites et les économies de carburant permises par les électriques »[33]. Au rythme de ces huit années, si la mode des SUV se poursuit, en 2040 près de deux millions de barils par jour de plus seront à extraire, annulant totalement les économies d'émissions de gaz à effet de serre permises par 150 millions de voitures électriques[33].
Consommation de ressources
La fabrication de ces véhicules lourds pollue et consomme davantage de ressources (matières premières et énergie grise). À raison de 720 kg de CO2 rejetés tous les 1 000 euros dépensés[42], une voiture alourdie possède donc un bilan carbone conséquent dès sa sortie d'usine. Les modèles hybrides apparus plus récemment[Quand ?] (Lexus RX 400h, Toyota RAV4 Hybrid One et C-HR, Ford Escape Hybrid…), malgré une consommation diminuée de carburants fossiles, augmentent encore le poids et donc les émissions grises des véhicules. Ils restent, en tout état de cause, plus consommateurs de carburant et émetteurs de gaz à effet de serre que les berlines, breaks, coupés, etc.
Sécurité
La position de conduite plus haute des SUV peut être appréciée de leurs conducteurs, mais cet avantage est progressivement annulé par la multiplication du nombre de ces véhicules et « entraîne un faux sentiment de protection »[45]. De fait, les essais de choc de l'Euro NCAP, s'ils leur attribuent en 2017 jusqu'à cinq étoiles[46],[43], ne concluent pas à une sécurité accrue à leur bord[45].
Les SUV tuent davantage de piétons que des véhicules plus petits de type berline, à vitesse identique, particulièrement en environnement urbain[47]. Ils sont également plus dangereux pour les occupants des autres véhicules[48]. En effet, en raison de leur poids, ils développent une énergie cinétique bien plus élevée qu'un petit véhicule, énergie qui peut être destructrice en cas de collision avec un autre véhicule plus bas et plus léger. En réponse à ce risque, aux États-Unis, l'amélioration de la « compatibilité avec les autres véhicules » a réduit de 16 % le risque de blessure pour les passagers des véhicules tiers de la collision (grâce à un ajustement de la hauteur de l'avant du véhicule et en partie la capacité d’absorption d'énergie par les matériaux[47].
Enfin, les dimensions plus importantes des SUV diminuent la visibilité des usagers de la route plus vulnérables, comme les deux roues, motorisés ou non[45]. Par exemple un SUV Peugeot 2008 fait 10 centimètres de hauteur supplémentaires par rapport à la berline correspondante Peugeot.
La pose de certains dispositifs peut encore aggraver les accidents corporels, tel le pare-buffle, qui accroît les risques de blessures graves pour les personnes touchées, raison pour laquelle il a disparu de la majorité des équipements de série proposés par les constructeurs. En effet, outre le risque pour les piétons, il perturbe le fonctionnement des airbags (coussins gonflables) et la sécurité passive du véhicule en cas d'accident. De tels dispositifs sont interdits depuis plusieurs années dans les pays de l'Union européenne[49], avec sanctions pénales possibles, la législation restant cependant assez floue. Dès 1969 Citroën a supprimé le dangereux pare-buffle de l'Ami 6 sur sa nouvelle Ami 8.
En 2018 aux États-Unis, une enquête des quotidiens USA Today et Detroit Free Press établit une corrélation entre le pic de la vente de SUV sur le territoire américain et l'augmentation de la mortalité chez les piétons heurtés par un véhicule. L'étude montre que la probabilité pour une personne de mourir d'un accident causé par un véhicule SUV est supérieure, par rapport aux véhicules de tourisme ordinaires[50],[51]. En , l'association des gouverneurs américains de la sécurité routière (en) (GHSA) signale que le nombre de piétons tués par les conducteurs de SUV a augmenté de 50 % entre 2013 et 2017, alors que le nombre de décès de piétons attribués à des automobilistes conduisant des voitures plus petites a augmenté de 30 % au cours de la même période[52]. Des chercheurs britanniques de l'institut de recherche sur les transports (en) de l'université de Leeds, à partir des bases de données de la police portant sur près de quarante ans d'accidents de la route, confirment ce fait[44].
Au Royaume-Uni, cette même étude de 2019 a montré que les voitures lourdes tuent deux fois plus de piétons que les autres[44],[53] : les conducteurs de véhicules équipés de moteurs de 2–3 L tuent les personnes qu'ils heurtent deux fois plus souvent que les conducteurs de véhicules de moins de 1,8 litre (2,4 % des cas contre 1,4 % des cas)[44],[54].
Préconisations
L'auteur de l'étude britannique a suggéré à la police anglaise et au département des Transports britannique de préciser le type de carrosserie dans ses statistiques (la puissance du moteur est déjà notée)[44]. Si les résultats de l'étude sont confirmés, le Royaume-Uni devrait « décourager la possession de SUV dans les zones urbaines et limiter leur utilisation en ville en interdisant de nouvelles ventes »[44].
En Allemagne, une collision dans laquelle une Porsche Macan de couleur noire se mouvant à une vitesse excessive a tué quatre piétons a conduit des observateurs à s'interroger sur l'usage croissant de ce type de véhicules en zones urbaines. Selon Euro NCAP, la Porsche Macan atteint un score de 60 % pour la protection des piétons, mais l'avant du véhicule n'offre qu'une protection médiocre (« poor ») des piétons (zéro point) ; le système d'avertissement des collisions n'était disponible qu'en option, et n'était pas répandu sur ce véhicule. Ceci étant, le marketing a promu ce véhicule comme destiné à un usage urbain. Les dispositifs de protections pour piétons n'étaient obligatoires que pour les véhicules dont la masse en charge était inférieure à 2 500 kilogrammes. La Porsche Macan ayant une masse en charge de 2 510 kg, elle n'était pas tenue à être équipé de ces dispositifs urbains.
Pour l’executive director de l'European Technical and Scientific Centre (ETSC), Antonio Avenoso, une manière intelligente de réduire la mortalité en zone urbaine serait de considérer certaines technologies, comme la protection des piétons et des cyclistes ou comme le freinage automatique d'urgence (automated emergency braking, ou AEB) urbain (piétons et cyclistes). Les piétons et les cyclistes représentent désormais une proportion plus élevée de ceux qui meurent sur nos routes simplement parce que les mesures de sécurité des véhicules ont jusqu'à présent principalement donné la priorité aux personnes à l'intérieur du véhicule. Lorsque nous examinons comment rendre les zones urbaines plus sûres, exiger que les véhicules qui pénètrent dans les zones résidentielles aient un niveau minimum élevé de protection des piétons et des cyclistes et des technologies telles que le freinage d'urgence automatisé avec détection des piétons et des cyclistes pourrait être une option intelligente à envisager pour les villes. Par ailleurs, certaines voix s'élèvent pour demander l'interdiction des SUV en centre-villes[55].
Notes et références
- Prononciation en anglais américain retranscrite selon la norme API.
- « véhicule utilitaire sport », Le Grand Dictionnaire terminologique, Office québécois de la langue française.
- « Pollution atmosphérique associée aux voitures, aux camions, aux camionnettes et aux VUS », Environnement Canada, .
- « FORD Excursion 2000, 2001, 2002, 2003, 2004, 2005 caractéristiques et photos », sur autoevolution (consulté le ).
- « Un SUV offre-t-il un plus grand coffre qu'une berline ? », sur Caradisiac, (consulté le ).
- « Y a-t-il plus de place à bord d’un SUV que dans une berline ? », sur Caradisiac, (consulté le ).
- « Un SUV est-il plus à l’aise en tout-chemin qu'une berline ? », sur Caradisiac, (consulté le ).
- « Un SUV est-il moins performant qu’une berline ? », sur Caradisiac, (consulté le ).
- « Le SUV, qu’est-ce que c’est ? », motorsport-academy.fr, .
- (en) Peter J. Arnesen, The Auto industry ahead : who's driving?, University of Michigan University Library, 1989 (ISBN 978-0-9395-1236-2) [lire en ligne], p. 47.
- (en) Chris Isidore, « GM and Ford's new cross to bear », CNNMoney, .
- Vincent Boigey, « Châssis échelle ou monocoque : quelle structure est meilleure en cas d’accident ? », sur landmag.fr, (consulté le ).
- « Dacia Sandero et Sandero Stepway, Osez le look crossover », sur dacia.fr (consulté le ).
- petits SUV, Euro NCAP (consulté le 31 octobre 2020).
- John-John Deleuze, Les SUV et la sécurité routière, Bruxelles, Institut Vias, , pdf (résumé).
- (en) « 2018's most popular cars in Europe by market segment », sur autocar.co.uk, (consulté le ).
- Didier Ric, « Tous les futurs SUV jusqu'en 2018 », L'Argus,
- Bertrand Bellois, « Guide d'achat SUV : top 10 des petits SUV », sur L'Argus,
- Yohann Leblanc, « Retour dans le rang pour la Citroën C4 Cactus restylée », L'Automobile Magazine, .
- Frédéric Martin, « Citroën C4 Cactus : le SUV devenu berline à l’essai », sur lesvoitures.fr, (consulté le ).
- « utility », dictionnaire anglais-français Larousse.
- « Le raz-de-marée SUV ou la revanche des clients », Les Échos, (consulté le ).
- Samuel Klebaner, « Automobile : l’essor du SUV, un choix avant tout politique », sur The Conversation, (consulté le ). Référence probable au Toyota RAV4 sorti en 1994.
- « Marché auto : le TOP 10 des ventes de voitures particulières », sur Auto Plus, (consulté le ).
- « Les SUV ont la cote chez les seniors ! », autojournal.fr, 28 mai 2018.
- « SUV : pourquoi tant de haine ? », sur Les Échos, (consulté le ).
- Caradisiac.com, « En Europe, une voiture vendue sur deux est un SUV », sur Caradisiac (consulté le ).
- « Un SUV est-il plus cher qu’une berline ? », sur Caradisiac, (consulté le ).
- « Les VUS paieront plus cher pour se stationner dans Le Plateau-Mont-Royal », sur ici.radio-canada.ca, .
- Le Figaro avec AFP, « SUV : la mairie de Paris songe à une hausse du prix du stationnement », Le Figaro, (consulté le ).
- « Les SUV sont une source majeure d’émissions de CO2 et de réchauffement mondial », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
- (en) Laura Cozzi (chief energy modeler) et Apostolos Petropoulos (energy modeler), « Growing preference for SUVs challenges emissions reductions in passenger car market », sur Agence internationale de l'énergie, .
- AFP et Connaissance des énergies, « Transports : les 4×4 urbains, source majeure d'augmentation des émissions mondiales de CO2 selon l'AIE », le .
- « Un SUV consomme-t-il plus qu’une berline ? », sur Caradisiac, (consulté le ).
- « Les SUV consomment-ils vraiment plus ? Partie 1 : les petits SUV », L'Automobile magazine, 5 février 2021.
- Sophian Fanen, « SUV, l’aberration écologique », Les Jours, .
- Dorian Girard, « Les véhicules tout-terrain, « péché » des automobilistes français ? », Le Monde, .
- Sophian Fanen, « SUV, le gros du pavé », Les Jours, .
- Loïc Chauveau et Sarah Sermondadaz, « L'Ademe explique pourquoi malgré la baisse du diesel, le secteur auto pollue plus », Sciences et Avenir, .
- Mathieu Chassignet, « Le monde croule sous les SUV. Pourquoi c’est un problème et pourquoi ça risque de durer », Pour une mobilité durable et solidaire, Alternatives économiques, (consulté le ).
- « Les émissions de CO2 des autos en hausse en 2017 », Auto Plus, .
- Audric Doche, « Rejets de CO2 : pas si vite, n'allez pas nécessairement acheter une voiture neuve ! », Caradisiac, (consulté en ).
- (en) Velar Joins the Ranks of Europe’s Safest SUVs, Euro NCAP, .
- (en) Carlton Reid, « Restrict Twice-As-Deadly SUVs In U.K. Cities, Urge Transport Data Scientists », Forbes, .
- Caradisiac.com, « Un SUV est-il moins dynamique qu’une berline ? », sur Caradisiac, (consulté le ).
- Florent Ferrière, « Crash-test : les voitures les plus sûres de 2017… et les plus dangereuses », Caradisiac, .
- (en) Alena Høye, Road safety effects of vehicles crashworthiness, weight, and compatibility (Summary), Oslo, Institute of Transport Economics, , 4 p. (lire en ligne [PDF]).
- Sophian Fanen, « SUV, un danger ambulant », Les Jours, .
- « Article R317-23 », Code de la route français, Légifrance.
- (en) Nathan Bomey, « Better headlights needed to improve pedestrian safety after spike in deaths, NTSB says », USA Today, .
- (en) Nathan Bomey, « Pedestrian deaths hit 28-year high, suggesting SUV boom raises safety risks », USA Today, .
- (en) « Pedestrian Traffic Fatalities by State: 2018 Preliminary Data », Governors Highway Safety Association (GHSA), .
- (en) « British Official Floats Idea of SUV Ban », Streetsblog USA, (consulté le ).
- Ces statistiques ne permettent pas de préciser la part exacte de responsabilité de la vitesse, du poids, de la hauteur ou du modèle de SUV, mais sa taille semble être un paramètre important.
- (en) « Calls for city SUV ban after four pedestrians die in a single collision », European Technical and Scientific Centre (ETSC), .
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Pierre Desjardins, « Plus gourmands, moins performants et plus chers que les berlines : à quoi servent les SUV ? », sur Caradisiac, (consulté le ).
- Alan Froli, David Bouillaux et Raphaël Desrosiers, « Suv : vraiment trop chers et trop gourmands ? », sur Auto Plus, (consulté le ).
- Portail de l’automobile