Charles Quint

Charles de Habsbourg ou Charles V, couramment Charles Quint[3],[4], né le à Gand (comté de Flandre[5]) et mort le au monastère de Yuste (Espagne), fils de Philippe le Beau et de Jeanne la Folle, héritier par son père des possessions de la maison de Habsbourg (royaume de Hongrie, royaume de Bohême, archiduché d'Autriche, etc.), des dix-sept provinces des Pays-Bas et de la Franche-Comté, par sa mère des royaumes de Castille et d'Aragon et de l'empire colonial espagnol, ainsi que du royaume de Naples, élu empereur d'Allemagne en 1519, est le monarque le plus puissant de la première moitié du XVIe siècle.

Ne doit pas être confondu avec Charles de Habsbourg.

Pour les articles homonymes, voir Charles V.

Charles Quint

Portrait de Charles Quint par
Juan Pantoja de la Cruz (d'après Le Titien).
Titre
Empereur du Saint-Empire
[1]
(35 ans, 10 mois et 4 jours)
Couronnement à Bologne
Prédécesseur Maximilien Ier
Successeur Ferdinand Ier
Roi des Espagnes
Charles Ier
[2]
(39 ans, 10 mois et 2 jours)
Avec Jeanne Ire (1506-1555)
Prédécesseur Ferdinand II (Aragon)
Jeanne Ire (Castille et León)
Successeur Philippe II
Duc de Bourgogne
Charles II

(49 ans et 1 mois)
Prédécesseur Philippe le Beau
Successeur Philippe II d'Espagne
Roi de Naples et de Sicile et duc de Milan
Charles II

(38 ans, 4 mois et 12 jours)
Prédécesseur Ferdinand II d'Aragon
Successeur Philippe II d'Espagne
Roi des Romains

(10 ans, 7 mois et 27 jours)
Couronnement à Aix-la-Chapelle
Élection
Prédécesseur Maximilien Ier
Successeur Ferdinand Ier
Archiduc souverain d'Autriche

(2 ans, 3 mois et 16 jours)
Prédécesseur Maximilien Ier
Successeur Ferdinand Ier
Biographie
Dynastie Maison de Habsbourg
Date de naissance
Lieu de naissance Gand, Comté de Flandre (Pays-Bas bourguignons)
Date de décès (à 58 ans)
Lieu de décès Monastère de Yuste (Espagne)
Sépulture Monastère de l'Escurial
Père Philippe Ier le Beau
Mère Jeanne Ire de Castille
Conjoint Isabelle de Portugal
Enfants Philippe II
Marie d'Autriche
Jeanne d'Autriche
Marguerite de Parme (illégitime)
Juan d'Autriche (illégitime)
Religion Catholicisme


Monarques d'Espagne
Monarques du Saint-Empire

Cette accumulation de territoires et de pouvoirs est en partie le résultat du hasard (la mort de sa tante, Isabelle d'Aragon, princesse des Asturies, en 1498, puis du fils de cette dernière, l'infant Miguel de la Paz, en , ont fait de sa mère l'héritière des deux couronnes espagnoles), mais surtout le résultat d'une politique délibérée d'alliances matrimoniales qui a fait de lui l'héritier de quatre dynasties : petit-fils de la duchesse Marie de Bourgogne, de Maximilien d'Autriche, d'Isabelle la Catholique, reine de Castille, et de Ferdinand le Catholique, roi d'Aragon et de Naples, il est duc de Bourgogne sous le nom de Charles II, roi des Espagnes sous le nom de Charles Ier (en espagnol Carlos I), mais est surtout passé à la postérité comme l'empereur romain germanique Charles V (en allemand Karl V.).

Il apparaît comme le dernier empereur qui ait souhaité réaliser le rêve carolingien d'un empire à la tête de la chrétienté unie. Cette volonté d'unité chrétienne face à la progression de l'Empire ottoman dans les Balkans et en Méditerranée a été systématiquement combattue par les rois de France François Ier et Henri II, qui recherchent volontiers l'alliance turque, et remise en cause par la Réforme protestante, initiée par Martin Luther à partir de 1517. À ces problèmes qui se posent pendant tout son règne s'ajoutent des révoltes en Castille, dans le Saint-Empire, en Flandre et en Brabant.

Au terme d'une vie de combats, miné physiquement et désabusé par ses échecs face à la France, aux luthériens et à sa propre famille, il se dépouille volontairement de ses pouvoirs. Par une série de conventions avec son frère Ferdinand, il lui cède les États autrichiens et la dignité impériale. Le , à Bruxelles, il abdique ses droits sur les Pays-Bas, unis par la Pragmatique Sanction (1549) et séparés de l'Empire par la transaction d'Augsbourg, en faveur de son fils Philippe, déjà duc de Milan et roi de Naples, et lui cède enfin ses droits sur l'Espagne en 1556. Il se retire alors dans un monastère pour ses dernières années de vie.

Jeunesse

Origines familiales

Portrait de Charles Quint enfant (vers 1507).
Marguerite d'Autriche, tante de Charles Quint et régente des Pays-Bas par Bernard van Orley.

Charles naît le au palais aujourd'hui disparu du Prinsenhof de Gand, alors la plus grande ville du comté de Flandre et des Pays-Bas bourguignons[6].

Il est le fils de Philippe de Habsbourg, dit « Philippe le Beau » (1478-1506), duc de Bourgogne et souverain des Pays-Bas, et de Jeanne de Castille, dite « Jeanne la Folle » (1479-1555)[6].

Le jeune prince est porté sur les fonts baptismaux par son arrière-grand-mère, la duchesse douairière de Bourgogne Marguerite d'York (1446-1503), veuve de Charles le Téméraire, dont il reçoit le prénom, et par un aristocrate néerlandais, Guillaume de Croÿ, marquis d'Aerschot, qui sera son précepteur.

Il porte dès sa naissance le titre d'archiduc d'Autriche. Pour des raisons de prestige, plusieurs empereurs ayant porté ce titre, son père lui confère également celui de duc de Luxembourg, au lieu de celui, conforme à la tradition dynastique des ducs de Bourgogne, de comte de Charolais[7].

Une enfance néerlandaise

Lorsque Charles n'a que quatre ans, ses parents quittent les Pays-Bas afin de prendre possession du trône de Castille, vacant depuis la mort de la reine Isabelle la Catholique, mère de Jeanne. Son père Philippe le Beau Le meurt en Castille dans des conditions étranges (apparemment d'une fièvre typhoïde). Charles, âgé de 6 ans, est proclamé duc de Bourgogne, et devient le souverain des duchés de Brabant et de Luxembourg, des comtés de Flandre, de Hollande et de Bourgogne, etc.

Marguerite d'Autriche, sœur de Philippe et Maximilien son grand-père, tiennent lieu de famille à Charles et à ses sœurs Éléonore, Isabelle et Marie, tandis que leur frère Ferdinand reste en Espagne où il est né, son éducation étant assurée par son grand-père Ferdinand II d'Aragon. Sa sœur Catherine, née en 1507, est élevée en Espagne auprès de leur mère, que le veuvage a rendue folle. Les enfants du couple princier restés en Flandre grandissent dans les résidences de leur tante, principalement à Malines.

Marguerite, tante de Charles, une fine politique devient régente à la mort du père de Charles Quint, les États généraux n'ayant pas accepté que soit nommé Maximilien avec lequel ils ont eu de sérieux démêlés par le passé. Malgré tout, c'est ce grand-père qui lui est le plus proche, il nomme comme précepteur Adrien Floriszoon, recteur de l'université de Louvain qui sera plus tard nommé pape. Ce sera d'ailleurs le dernier pape non italien avant Jean-Paul II plusieurs siècles plus tard[8]. Charles Quint lui devra[9] : « une piété profonde, un christianisme essentiel, non confessionnalisé, contemporain des frères de la Vie commune et de la devotio moderna ». Deux hommes de la puissante maison de Croÿ : Charles, comte de Chimay, puis Guillaume, seigneur de Chièvres, seront aussi chargés de son éducation. Le dernier nommé lui sera d'un grand dévouement[8] et le servira jusqu'à sa mort[8].

Formation

Charles est avant tout élevé dans les traditions de la cour de Bourgogne. Les quelques Espagnols qu'il fréquente dans sa jeunesse s'avèrent être des ennemis politiques de son grand-père Ferdinand, des exilés qui n'ont pas vu l'Espagne depuis des années.

Sa langue maternelle est le français, langue des ducs de Bourgogne et des élites flamandes[10]. À la fin de sa vie, il parle bien l'allemand des camps[11]. Il convient ici de préciser que son grand-père Maximilien a appris le français et s'exprime principalement dans cette langue. C'est lui qui en partie en lien avec l'idéal chevaleresque de respect à la dame de son cœur Marie de Bourgogne lui a légué selon Pierre Chaunu [11]

« La mémoire d'un passé porteur d'une identité forte, entretenue par la méfiance à l'égard de la branche aînée français en et le maintien - cahin-caha - du fragile héritage bourguignon. L'idéal chevaleresque de Maximilien y trouve un sens : sauver la dame de son cœur et les trois quarts au moins de son héritage. »

Selon Pierre Chaunu[12] l'opposition avec le royaume de France est aussi liée avec une opposition sur le mode de dévolution des héritages. Avec la loi salique, seuls les enfants mâles peuvent hériter. Or, Charles Quint tient une large partie de son héritage de deux femmes Marie de Bourgogne et Jeanne la Folle.

L'éducation qu'il reçoit est celle d'un chevalier. S'il possède un penchant pour les armes, les exercices physiques et les chevaux, il n'en regrette pas moins durant sa vie adulte de n'avoir pas réellement appris le latin[13] qui est alors la langue de la culture écrite[13].

À la fin de sa vie, il maîtrise si bien l'espagnol qu'il supervisera la traduction du Chevalier délibéré, poème épique de l'auteur bourguignon Olivier de La Marche, dont il garde toujours un exemplaire auprès de lui. Cette épopée renforce chez le jeune archiduc un attachement à la lignée brisée des ducs Valois-Bourgogne que lui a transmis aussi son grand-père Maximilien, ainsi qu'une méfiance profonde vis-à-vis des rois de France, que l'héritage italien des rois d'Aragon et l'élection impériale de 1519 ne feront qu'amplifier.

Portrait de Charles Quint adolescent par Bernard van Orley (vers 1516).

L'héritier de quatre dynasties

L'empire européen de Charles Quint en 1547 — à noter que les royaumes de Bohême et de Hongrie relèvent de son frère Ferdinand.

De 1506 à 1519, il hérite des biens et titres de quatre dynasties, représentées par chacun de ses grands-parents[14] :

En ce qui concerne l'Espagne, la succession d'Isabelle et de Ferdinand revient à leur fille Jeanne, qui ne mourra qu'en 1555. Mais, compte tenu de son état de santé mentale, une régence est exercée par Ferdinand sur la Castille de 1504 à 1516, et à la mort de Ferdinand, par Charles sur les deux royaumes. Il va très vite prendre à son compte les titres de roi de Castille et de roi d'Aragon, sans toutefois en priver formellement sa mère dans la nomenclature (« Doña Juana et Don Carlos, son fils, reine et roi de Castille, de Léon, d'Aragon... »).

Né et élevé à la cour bourguignonne et néerlandaise de Bruxelles[15], il deviendra par son souci de l'unité de la chrétienté catholique et par ses incessants voyages à travers des possessions éparpillées dans toute l'Europe de l'Ouest un personnage de dimension européenne, transcendant les appartenances nationales.

Sa devise en français, Plus Oultre (« Encore plus loin »), créée par un médecin italien pour illustrer la tradition chevaleresque bourguignonne, est devenue sous sa forme latine « Plus Ultra » la devise nationale de l'Espagne.

Quelques aspects de sa personnalité

Des problèmes de santé

Charles souffre de la promandibulie habsbourgeoise, déformation congénitale de la mâchoire, qui va empirer dans les générations ultérieures des Habsbourg. C'est une maladie liée aux mariages consanguins qui se pratiquent alors dans les familles régnantes[16].

Il souffre aussi de crises d'épilepsie[17] et de la goutte, vraisemblablement liée à un régime alimentaire fondé sur les viandes rouges[18].

Lorsqu'il se retire au monastère de Yuste, il doit utiliser une sorte de chaise roulante pour se déplacer. Pour faciliter l'accès à ses appartements, on lui construit une rampe[19].

L'homme politique

Selon Salvador de Madariaga son génie est de ne pas en avoir, de le savoir et d'accepter de s’entourer des meilleurs sans prendre ombrage de leur génie propre[20]. Peu préparé sur le plan livresque au métier de roi, il en a néanmoins appris une certaine pratique à Gand, Bruxelles et Malines[21].

Du fait de la dispersion de ses territoires et d'un mode de gestion très décentralisé, de 1517 à 1558, il a passé un quart de son règne en voyage. Il a été en campagne durant cinq cents jours et a passé deux cents jours en mer[20]. Si l'on prend en compte son temps de présence dans chacun de ses territoires, on doit constater qu'il a séjourné dix-sept ans en Espagne, dix ans aux Pays-Bas, moins de neuf ans dans l'Empire et deux ans et demi en Italie[20].

Charles Quint et les femmes

Charles Quint se marie le en son palais de Séville avec sa cousine l'infante Isabelle de Portugal (1503-1539), sœur du roi Jean III de Portugal, lui-même marié peu de temps auparavant avec Catherine d'Autriche, sœur cadette de Charles Quint, pour conforter son alliance avec l'Espagne et le Saint-Empire romain germanique. De cette union naissent :

On lui connaît également des enfants illégitimes mais tous sont nés avant son mariage ou pendant son veuvage :

L'Empire de Charles Quint et son gouvernement

La reine Jeanne de Castille, mère du roi Charles Ier d'Espagne, à l'époque de son mariage (vers 1495).
Portrait de Charles Quint par Marco Calabrese (1519).

Le cercle de Bourgogne

Le cercle (en allemand : Reichskreis) de Bourgogne est une subdivision du Saint Empire établie en 1512 par Maximilien Ier afin de regrouper les territoires de l'État bourguignon restés aux mains de Marie de Bourgogne, son épouse, après la mort de Charles le Téméraire[22], c'est-à-dire, d'une part, les provinces des Pays-Bas bourguignons, traditionnellement désignées comme les Dix-Sept Provinces, d'autre part la Franche-Comté (comté de Bourgogne) et la ville libre de Besançon. À ces terres d'Empire, sont liés des fiefs français : le comté de Flandre et le comté de Charolais (repris par Maximilien au traité de Senlis en 1493). En revanche, la France a repris le contrôle du duché de Bourgogne, de la Picardie et de l'Artois.

Le 5 janvier 1515, les États, réunis au palais du Coudenberg à Bruxelles, proclament la majorité de Charles qui est proclamé le même jour en l'Eglise Sainte-Gudule duc de Bourgogne[22] et devient le seigneur effectif des provinces du Cercle de Bourgogne (duc de Brabant, comte de Hainaut, comte de Hollande, comte de Bourgogne, etc.).

Pendant ce temps, Charles entame un voyage durant lequel il est reçu comme souverain effectif par plusieurs grandes villes du cercle, selon le rituel de la Joyeuse Entrée, jurant de respecter et d'augmenter les privilèges des villes et des différentes provinces[23].

L'ensemble dont prend possession Charles compte alors 3 à 4 millions d'habitants. Il s'agit d'un ensemble créateur de richesses, mais réticent à subvenir aux besoins financiers du prince : les États généraux et les États provinciaux exercent en effet un contrôle sur la création des impôts. Au début du règne, c'est le cœur de l'empire mais, vers 1530-1540, celui-ci passera en Espagne, qui compte alors 6 millions d'habitants et est en pleine expansion coloniale[24].

Au moment où est proclamé sa majorité, dans l'entourage de Charles, une opposition entre Marguerite et Chièvres se fait jour sur la tactique à adopter pour assurer les communications entre l'Espagne et les Pays-Bas[25] (de la bataille de Marignan (1515) à la bataille de Pavie (1525), la route par l'Italie du nord est fermée[22]). Pour la première, qui se méfie des Français, il faut s'allier aux Anglais pour s'assurer d'une liaison maritime sûre alors que l'autre fait confiance aux Français.

De 1515 à 1523, la régente puis Charles doivent faire face à une révolte de pays et de mercenaires connue sous le nom de Arumer Zwarte Hoop (masse noire d'Arum). Cette rébellion conduite par Pier Gerlofs Donia et Wijerd Jelckama connaît d'abord des succès mais après une série de défaites, ses leaders sont capturés et décapités en 1523.

Charles étend ses territoires par l'annexion du Tournaisis, de l'Artois, de la province d'Utrecht, de la province de Groningue et du duché de Gueldre. Par la Pragmatique Sanction de 1549, Charles décide que les Pays-Bas seront désormais une entité unifiée gouvernée par sa famille[26].

Ces territoires ont été en général loyaux à Charles durant son règne, si l'on excepte la rébellion de l'importante cité de Gand de 1539 en protestation contre d'importants impôts exigés par Charles Quint pour financer la guerre en Italie. La révolte ne dure pas et est durement matée par le duc d'Albe[26], qui n'hésite pas à humilier les rebelles[27],[28].

L'Espagne en 1516

Les Espagnes

La nouvelle de la mort de Ferdinand d'Aragon parvient à Bruxelles le . Le , lors d'une cérémonie aussi grandiose que peu espagnole dans la collégiale Sainte-Gudule de Bruxelles, Charles se proclame, conjointement avec sa mère, « roi des Espagnes ». S'il avait obtenu gain de cause en étant couché sur le testament du roi d'Aragon comme son unique héritier, le testament d'Isabelle la Catholique avait fait de Jeanne la seule héritière du plus important royaume d'Espagne, le royaume de Castille et de León. Charles ne peut être, tout au plus, qu'un régent dans ces territoires. Il bafoue donc les droits de sa mère, recluse au palais-couvent de Tordesillas, en se proclamant roi au même titre qu'elle. Ce « coup d'État » (selon l'expression de Joseph Pérez) suscite en Castille des mécontentements qui assombrissent les premières années du règne.

Le nouveau roi termine sa tournée inaugurale bourguignonne et prépare son départ pour l'Espagne. Il débarque sur la côte asturienne le , accompagné de ses conseillers flamands et de quelques exilés castillans. À peine arrivé, il fait renvoyer aux Pays-Bas son jeune frère Ferdinand, qui s'est porté à sa rencontre. À Valladolid, le faste de la cour bourguignonne déployé lors du couronnement choque beaucoup les Espagnols, habitués à une monarchie moins cérémonieuse. En , Charles y ouvre les Cortès de Castille, afin de recevoir le serment d'allégeance des délégués du royaume ainsi que d'importants subsides. L'assemblée accepte, sous diverses conditions : Charles devra apprendre le castillan (il s'avère incapable de s'adresser aux Cortès dans cette langue) ; les offices de gouvernement devront être réservés à des régnicoles ; aucun métal précieux ne devra sortir du royaume sous forme de monnaie ; enfin, la reine légitime devra être maintenue dans ses droits et bien traitée.

Bien informé du caractère plus compliqué de sa reconnaissance en Aragon (il faut répéter la cérémonie d'allégeance des Cortès dans chacun des territoires constituant la couronne d'Aragon), Charles reste peu de temps à Valladolid et se rend à Saragosse puis à Barcelone, pour y être reçu en tant que roi d'Aragon et comte de Barcelone. Au cours de son premier voyage, il passe plus de temps en Aragon qu'en Castille et multiplie les maladresses : il nomme de nombreux Bourguignons à des postes clés du gouvernement, réclame subside sur subside, se montre ignorant des usages et des langues locales. En à peine une année, il déçoit profondément ses nouveaux sujets malgré le large capital de sympathie dont il bénéficiait en tant que petit-fils des Rois catholiques. En outre, il quitte la péninsule dès qu'il apprend son élection au trône impérial, ce qui fait craindre aux Espagnols que leurs royaumes ne deviennent qu'une simple annexe d'un empire tourné vers le nord.

Charles doit faire face à plusieurs troubles dans ses États espagnols. Entre 1520 et 1521, il affronte une révolte en Castille, où ses sujets n'acceptent pas le régent nommé par ses soins, Adrien d'Utrecht (récompensé en 1516 par la charge d'archevêque de Tortosa), et sa cour burgondo-flamande. La rébellion menée par Juan de Padilla est définitivement écrasée lors de la bataille de Villalar le . Entre-temps, sur les conseils d'Adrien d'Utrecht, Charles associe deux « Grands », le connétable et l'amiral de Castille, au gouvernement du royaume. Par la suite, il associe une plus grande part de Castillans à son Conseil et revient s'installer en Castille où il réside sept ans sans discontinuer, de 1522 à 1529. Il donne en outre satisfaction à ses sujets en épousant en 1526 une princesse perçue comme espagnole : sa cousine germaine Isabelle de Portugal.

Entre 1519 et 1523, Charles doit également faire face à un soulèvement armé dans la région de Valence, les Germanías, du nom de ces milices locales dont la constitution est autorisée depuis un privilège accordé par Ferdinand le Catholique pour lutter contre les Barbaresques. En 1520, profitant de l'abandon de la ville par la noblesse à la suite d'une épidémie de peste, ces milices prennent le pouvoir sous le commandement de Joan Llorenç et refusent la dissolution prononcée par Adrien d'Utrecht. Les îles Baléares sont contaminées à leur tour par le mouvement, qui n'est vaincu par la force qu'en 1523.

Le royaume d'Espagne sous le règne de Charles Quint

L'expansion espagnole en Amérique

Sous le règne de Charles Quint se poursuit la conquête du Nouveau Monde initiée sous les Rois catholiques. À partir de 1521, Hernán Cortés conquiert la Nouvelle-Espagne  vaste région qui couvre aujourd'hui le Mexique, l'Amérique centrale et le sud des États-Unis , Francisco Pizarro soumet Tahuantinsuyu  l'Empire inca  qui devient la vice-royauté du Pérou, et Gonzalo Jiménez de Quesada prend le contrôle du royaume des Chibchas, aujourd'hui en Colombie.

Juan Sebastián Elcano boucle le premier tour du monde en 1522, achevant le voyage commencé sous les ordres de Magellan et marquant le début de la domination espagnole sur les Philippines et les Îles Mariannes. En 1536, Pedro de Mendoza fonde la ville de Buenos Aires sur la rive droite du Río de la Plata. Peu après, en 1537, Asuncion est fondée par Juan de Salazar (en) et Gonzalo de Mendoza, et devient le centre de la conquête et de l'administration de la région.

Ces immenses territoires sont annexés comme deux nouveaux royaumes à la Couronne de Castille, assurant à celle-ci des revenus substantiels en métaux précieux. La couronne prélève directement un cinquième des métaux rapatriés en Espagne (Quinto real). Cette manne permet à Charles de financer sa politique impériale en garantissant, notamment, ses opérations de change, d'emprunt et de transfert de fonds auprès des banquiers d'Augsbourg, de Gênes et d'Anvers.

Accession au trône impérial

Portrait de Charles Quint à l'époque de son élection à l'Empire par Bernard van Orley (vers 1519).
Le couronnement à Aix-la-Chapelle.
Expansion des possessions de Charles Quint en Europe après 1519

Le , la mort de l'empereur Maximilien ouvre la succession à la couronne impériale. Cette couronne, certes prestigieuse et garante d'une grande aura au sein de la chrétienté, constitue, à bien des égards, un poids plus qu'un avantage pour son titulaire : elle ne lui permet pas de lever des fonds, et lui donne le droit de lever une armée féodale inadaptée aux nouvelles exigences de la guerre, les troupes des princes allemands étant hors de son contrôle. Charles, en tant que candidat naturel à la succession de son grand-père, a été élevé dans la perspective de l'élection impériale et doit affronter la candidature des rois d'Angleterre Henri VIII et de France François Ier, ainsi que le duc albertin Georges de Saxe, dit « le Barbu ».

La compétition se résume vite à un duel entre le roi de France et l'héritier de Maximilien. Pour convaincre les sept princes-électeurs allemands, les rivaux usent tour à tour de la propagande et d'arguments sonnants et trébuchants.

Le parti autrichien présente le roi Charles comme issu du véritable « estoc » (lignage impérial), mais la clef de l'élection réside essentiellement dans la capacité des candidats à acheter les princes-électeurs. François Ier, soutenu par les Médicis et les Italiens de Lyon, prodigue les écus d'or français qui s'opposent aux florins et ducats allemands et espagnols, dont Charles bénéficie grâce à Marguerite d'Autriche (sa tante) qui obtient l'appui déterminant de Jacob Fugger et de la famille Welser, richissimes banquiers d'Augsbourg. Ceux-ci émettent des lettres de change payables « après l'élection » et « pourvu que soit élu Charles d'Espagne », qui profite en outre des richesses de l'empire américain[29]. Charles, qui dépense deux tonnes d'or (contre une tonne et demie pour François Ier), et pour qui Marguerite d'Autriche entoure la ville de l'élection d'une armée destinée à faire pression, est élu « roi des Romains » le et couronné à Aix-la-Chapelle le [N 1].

Très vite, il s'aperçoit qu'il ne peut pas être le pasteur unique de la chrétienté, selon les idéaux de « monarchie universelle » dont tentent de le convaincre ses conseillers, tels Mercurino Gattinara. Élu empereur, il tente de mettre de l'ordre dans les affaires de son grand-père et renvoie les musiciens de la chapelle impériale dont Ludwig Senfl. Il hérite des ennemis du Saint-Empire, menacé sur son flanc sud-est par la menace turque[30] ; mais il doit également compter sur la rivalité française, incarnée dans un premier temps par François Ier, puis par son fils Henri II.

Les conflits armés impliquant Charles Quint

Le conflit avec la France

Portrait de Charles Quint vers 1515-1520.

Les affrontements avec François Ier

La rivalité avec François Ier marque l'essentiel de l'histoire impériale de Charles Quint. Les deux souverains sont habités par les revendications de leurs prédécesseurs. François Ier, dont le royaume est encerclé par les possessions de Charles Quint, veut poursuivre l'action des rois Charles VIII et Louis XII dans la péninsule italienne, en réclamant Naples et Milan. De son côté, Charles Quint n'a de cesse de vouloir récupérer le duché de Bourgogne, berceau de la dynastie des Valois-Bourgogne dont il se réclame et qui a été saisi à la mort de Charles le Téméraire dans des conditions juridiques douteuses, mais désormais bien intégré au territoire français. La Bourgogne et l'Italie constituent les principaux théâtres d'affrontement des deux rivaux, sans qu'aucun d'eux ne puisse satisfaire ses ambitions. Charles Quint n'éprouve aucune difficulté à contrer les attaques françaises[31].

Le premier heurt se produit dans le royaume de Navarre, dont une partie, située au nord des Pyrénées  les provinces d'outre-monts ou Basse-Navarre à partir de 1512 , se trouve sous contrôle espagnol depuis sa conquête par Ferdinand d'Aragon en 1512.

La maison d'Albret, qui bénéficie de l'appui du roi de France, tente une reconquête en 1521. Les Franco-Navarrais profitent d'une démilitarisation partielle du royaume due à la guerre des Communautés de Castille et s'appuient sur le soulèvement du peuple navarrais pour prendre la capitale, Pampelune. Le rapide ressaisissement de l'armée espagnole et les erreurs stratégiques du général français André de Foix ne permettent pas de consolider la victoire, et les troupes de Charles Quint remportent la victoire à Noain sur une armée largement inférieure en effectifs. Après divers sièges et batailles, un accord diplomatique est signé : Charles Quint conserve la Haute-Navarre mais restitue la Basse-Navarre à la maison d'Albret.

Pendant cette même année 1521, Charles Quint ouvre deux nouveaux fronts. Poursuivant son objectif bourguignon, il envoie Franz von Sickingen et le comte Philippe Ier de Nassau vers le nord de la France ; ces derniers obligent le chevalier Bayard à s'enfermer dans Mézières assiégée. Bayard défend la ville sans capituler, malgré les canonnades et les assauts ; le maréchal de La Palisse, arrivé en renfort, oblige Nassau à lever le siège. En Italie, Charles Quint forme une coalition avec Henri VIII et les États pontificaux pour contrer l'alliance de la France et de la république de Venise. L'armée franco-vénitienne est battue lors de la bataille de la Bicoque ; Charles Quint et ses alliés reprennent le duché de Milan. L'armée impériale entre en Provence mais échoue au siège de Marseille. François Ier prend la tête d'une contre-attaque mais se voit sévèrement battu à Pavie en 1525, lors de laquelle il est fait prisonnier. Charles Quint retient le roi de France à Madrid pendant plus d'un an, jusqu'à la conclusion du traité de Madrid.

Aux termes de ce traité, François Ier doit, entre autres, céder le duché de Bourgogne et le Charolais, renoncer à toute revendication sur l'Italie, les Flandres et l'Artois, et épouser Éléonore de Habsbourg, sœur de Charles. François est libéré contre l'emprisonnement pendant quatre années de ses deux fils aînés, le dauphin François et Henri de France (futur Henri II).

Charles Quint ne tire pas grand profit de ce traité, que le roi de France avait d'ailleurs jugé bon de déclarer inexécutable la veille de sa signature. De surcroît, le , les États de Bourgogne déclarent solennellement que la province entend rester française.

Charles Quint portant le collier de l'ordre de la Toison d'or.

En 1526, une nouvelle ligue, scellée à Cognac, se constitue, cette fois-ci contre Charles Quint, alors en pleine lune de miel (il vient d'épouser Isabelle de Portugal). La ligue de Cognac rassemble la France, l'Angleterre, le pape et les principautés italiennes (Milan, Venise et Florence). Les armées liguées entrent en Italie et se heurtent à une faible résistance des troupes impériales, mal payées et affaiblies par les maladies. Naples est assiégée, Rome est saccagée par les soudards de l'armée impériale commandée par Charles de Bourbon. Ces événements contraignent Charles, catastrophé, à interrompre les festivités célébrant la naissance de son fils, le futur Philippe II d'Espagne.

Cependant, le siège de Naples se solde par un échec et les troupes de la Ligue, affaiblies à leur tour par la malaria et surtout le renversement d'alliance d'Andrea Doria, doivent se retirer du royaume de Naples. Les circonstances semblent rééquilibrer les forces de Charles Quint comme celles de François Ier et les amènent à laisser Marguerite d'Autriche, tante de l'empereur, et Louise de Savoie, mère du roi de France, négocier un traité qui amende celui de Madrid : le , à Cambrai, est signée la paix des Dames, ensuite ratifiée par les deux souverains. François Ier épouse Éléonore d'Autriche, veuve du roi du Portugal et sœur de Charles Quint ; il recouvre ses enfants moyennant une rançon de deux millions d'écus et conserve la Bourgogne ; en revanche, il doit renoncer à ses vues sur l'Artois, à la Flandre et à l'Italie.

François Ier et Charles Quint se réconcilient sous l’impulsion du pape Paul III
par Sebastiano Ricci, 1687
Palais Farnèse (Plaisance)

Après le traité de Cambrai, Charles Quint se trouve à l'apogée de sa puissance. Le , jour de ses trente ans, il est couronné à Bologne, par le pape Clément VII, « empereur des Romains ».

Portrait de Charles Quint par Christoph Amberger (1532).

En 1535, à la mort du duc de Milan François II Sforza, François Ier revendique l'héritage du duché. Au début de 1536, 40 000 soldats français envahissent le duché de Savoie, allié de Charles Quint, et s'arrêtent à la frontière lombarde, dans l'attente d'une éventuelle négociation. En juin, Charles Quint riposte et envahit la Provence mais se heurte à la défense du connétable Anne de Montmorency.

Grâce à l'intercession du pape Paul III, élu en 1534 et partisan d'une réconciliation entre les deux souverains, le roi et l'empereur signent, en 1538 à Nice, une trêve de deux ans, et promettent de s'unir face au « danger protestant ». En signe de bonne volonté, François Ier autorise même le libre passage des troupes de l'empereur à travers la France afin que celui-ci puisse mater une insurrection de sa ville natale, Gand, et à cette occasion, en 1539, il organise pour lui, un défilé de chars sur le thème des dieux antiques[32]. Charles Quint ayant refusé, malgré ses engagements, l'investiture du duché de Milan à l'un des fils du roi, une nouvelle guerre éclate en 1542. Le , François de Bourbon-Condé, comte d'Enghien, à la tête des troupes françaises, défait le marquis Alfonso de Ávalos, lieutenant général des armées impériales, à la bataille de Cérisoles. Cependant, l'armée de Charles Quint, avec plus de 40 000 hommes et 62 pièces d'artillerie, traverse le duché de Lorraine, les évêchés de Metz et de Verdun (futurs Trois-Évêchés) et envahit la Champagne. Mi-juillet, une partie des troupes assiège la place forte de Saint-Dizier, tandis que le gros de l'armée poursuit sa marche vers Paris. De graves problèmes financiers empêchent l'empereur de payer ses troupes, où se multiplient les désertions. De son côté, François Ier doit également faire face au manque de ressources financières ainsi qu'à la pression des Anglais qui assiègent et prennent Boulogne-sur-Mer. Les deux souverains, utilisant les bons offices du jeune duc François Ier de Lorraine, finissent par consentir à une paix définitive en 1544. Le traité de Crépy-en-Laonnois reprend l'essentiel de la trêve signée en 1538. La France perd sa suzeraineté sur la Flandre et l'Artois et renonce à ses prétentions sur le Milanais et sur Naples, mais conserve temporairement la Savoie et le Piémont. Charles Quint abandonne la Bourgogne et ses dépendances et donne une de ses filles en mariage, dotée du Milanais en apanage, à Charles, duc d'Orléans et troisième fils du roi.

François Ier et Charles Quint entrent dans Paris (1540).

Cependant, il tient à conforter la base originelle de sa puissance, les Pays-Bas, ou « pays de par deçà », ainsi que les nomme la tradition bourguignonne. Il les agrandit au nord par récupérant les territoires occupés par le duc de Gueldre et l'évêque d'Utrecht, et les renforce au sud en repoussant la suzeraineté du roi de France sur la Flandre et l'Artois à la paix des Dames. Enfin, il règle leurs rapports avec le Saint-Empire lors de la diète d'Augsbourg de 1548, conférant une très large autonomie au Cercle de Bourgogne.

Les affrontements avec Henri II

Les relations avec Henri II, fils et successeur de François Ier en 1547, s'inscrivent dans la continuité.

Dès 1551, Henri II écoute les princes réformés d'Allemagne, qu'il a bien connus lorsqu'il était dauphin. En , il reçoit à Chambord le margrave Albert de Brandebourg, qui lui suggère d'occuper Cambrai, Verdun, Toul et Metz, cités d'Empire de langue française et bénéficiant traditionnellement d'une certaine autonomie. Henri II y prendrait le titre de « vicaire d'Empire ». Le traité de Chambord est signé le , scellant l'alliance d'Henri II avec les princes réformés contre Charles Quint.

Charles Quint.

En , l'armée française est massée à Joinville sous le commandement du connétable de Montmorency et du duc de Guise. Cambrai, Verdun et Toul ouvrent leurs portes sans opposer de résistance ; le , Henri II entre dans Metz. Après un détour par l'Alsace, le « Voyage d'Allemagne » s'achève en .

Six mois plus tard, en , sur ordre de Charles Quint, le duc d'Albe met le siège devant Metz, où reste une faible garnison sous les ordres de François de Guise. Le siège dure quatre mois et échoue malgré le déploiement d'importantes forces impériales (35 000 fantassins, 8 000 cavaliers et 150 canons). L'armée de Charles Quint finira par lever le siège en .

La même année, Charles Quint fait raser Hesdin et Thérouanne, villes artésiennes qui étaient redevenues françaises, après les avoir assiégées.

Toujours en 1552, en Italie, la ville de Sienne chasse la garnison espagnole le et demande l'intervention française. Henri II en profite pour ouvrir un nouveau front. Défendue par Blaise de Monluc, la ville capitule finalement le . Charles Quint cède Sienne à Florence mais conserve les présides toscans de Piombino et Orbetello.

Charles Quint en Méditerranée : l'expédition de Tunis et d'Alger

Siège d'Alger par l'empereur Charles Quint en 1541 face à la garnison ottomane.

L'empire de Charles Quint présente le désavantage d'être dispersé et donc vulnérable aux révoltes intérieures mais aussi aux attaques ennemies des Français sur son flanc ouest, de leurs alliés turcs sur son flanc est, et en mer Méditerranée des corsaires comme Arudj Barberousse.

L'un des principaux points de contrôle disputés est Tunis et plus généralement les villes d'Afrique du Nord. Tunis s'avère un point stratégique de contrôle de la mer Méditerranée par rapport à la Sicile et au royaume de Naples, et un point de passage vers le Levant.

En 1534, Kheir el-Din Barberousse, le frère d'Arudj, renverse le sultan hafside Moulay Hassan de Tunis.

Mulay Hassan demande à l'empereur d'équiper une flotte et d'entreprendre une expédition punitive contre Tunis, non seulement pour le rétablir sur le trône, mais aussi pour freiner la piraterie sur les côtes de Sicile et d'Italie.

Atlantes représentant des prisonniers musulmans capturés lors de la conquête de Tunis, Palerme (Italie), XVIe siècle.

Charles Quint arme une flotte de 62 galères et de 150 autres navires qui partent de Barcelone le . Les troupes impériales et les troupes espagnoles, commandées par le Génois Andrea Doria, avec l'appui de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, arrivent à proximité de Carthage et de Tunis. Tunis est prise le , Moulay Hassan restauré, 20 000 chrétiens esclaves libérés. Moulay Hassan devient un vassal de l'Espagne et entérine l'abolition de l'esclavage et la tolérance religieuse.

Jan Cornelisz Vermeyen, peintre et tapissier, se voit chargé d'immortaliser la bataille. Les nombreux croquis qu'il y réalise servent notamment pour une suite de douze tapisseries, commandées par Marie de Hongrie[33].

Charles Quint annonçant la capture de Tunis au pape, tapisserie, XVIe siècle.

Fort de cette victoire, il fait une entrée triomphale dans Rome le , traversant la cité depuis la porte San Sebastiano au sud et passant par le Forum Romain pour être accueilli par le pape Paul III dans la basilique Saint-Pierre[34].

En revanche, l'expédition sur Alger en 1541 se solde par un désastre et redonna aux Barbaresques le Sud de la Méditerranée.


Charles Quint et les conflits religieux

Charles Quint et la Réforme

Martin Luther (vers 1520).
Présentation à Charles Quint de la confession d'Augsbourg (1530).

Le règne de Charles Quint correspond à la naissance en Allemagne du luthéranisme. Défenseur de la foi, sacré par le pape en 1530, le petit-fils et successeur des « Rois catholiques » ne peut se soustraire à l'obligation de défense de la foi catholique et une accalmie dans le conflit l'opposant à François Ier lui permet de s'attacher à cette mission.

L'année même de son couronnement impérial, Charles Quint convoque la Diète d'Augsbourg pour poser la question de la soumission des princes du Saint-Empire convertis à la Réforme luthérienne. La réunion tourne à son désavantage, les princes du Nord réformistes se coalisant sous l'autorité du landgrave Philippe Ier de Hesse et de l'électeur Jean-Frédéric Ier de Saxe.

Le , les protestants présentent au souverain la confession d'Augsbourg, texte fondateur du « luthéranisme » rédigé par Philippe Mélanchthon[35] et Camerarius et rejeté par les théologiens catholiques. Malgré quelques modifications conciliatrices apportées par le prudent disciple du bouillant réformateur au texte original, Charles Quint la fait proscrire par la diète dont les membres s'avèrent être a fortiori catholiques.

Le , Luther conseille aux princes protestants de se préparer à la guerre plutôt que d'accepter de transiger avec l'Église catholique, ce qui aboutit au début de 1531 à la formation de la ligue de Smalkalde menée par Philippe de Hesse. La diète se termine le avec le recès d'Augsbourg qui confirme l'édit de Worms : il ordonne aux princes coalisés de se soumettre avant le , de rétablir dans leurs États la juridiction épiscopale et de restituer les biens de l'Église. L'apparition de ce nouvel adversaire, rapidement soutenu par la France, contribue à la dispersion des moyens à la disposition de l'empereur : il lui faut attendre les années 1540 pour être en mesure de consacrer une partie importante des moyens militaires à sa disposition contre les princes protestants[31].

Conscient de la nécessité de réformer l'Église et de résoudre le problème protestant, le pape Paul III convoque le concile de Trente, dont les travaux démarrent le . Les protestants ne reconnaissent pas le concile et l'empereur déclenche les hostilités en , avec une armée équipée par le pape et commandée par Octave Farnèse, futur duc de Parme, une armée autrichienne sous les ordres de son frère Ferdinand de Habsbourg et une armée de soldats des Pays-Bas sous les ordres du comte de Buren.

Grâce à l'appui du prince-électeur Maurice de Saxe, Charles Quint remporte sur Jean-Frédéric de Saxe la bataille de Muehlberg en 1547, emprisonne Philippe de Hesse et obtient la soumission des princes rebelles. En 1551, le même Maurice de Saxe réalise un renversement d'alliance pour délivrer le landgrave de Hesse-Cassel, retenu prisonnier par Charles Quint. Ce dernier, trahi par le duc Maurice, se voit réduit à traiter et à accorder, par la paix de Passau (1552), une amnistie générale et le libre exercice du culte réformé. À contre-cœur, il laisse à son frère Ferdinand le dernier mot : le est signée la paix d'Augsbourg. L'unité religieuse de l'Empire est sacrifiée au profit d'un ordre princier : chaque feudataire de l'Empire peut choisir laquelle des deux religions sera seule autorisée dans ses domaines. C'est le principe cujus regio, ejus religio la religion du prince est la religion du pays »).

Charles Quint ordonne qu'on dresse dans ses États un catalogue des auteurs à proscrire, préfigurant ainsi la mise en place de l'Index quelques années plus tard. Ces actions lui méritent une Apologia ad Carolum V Caesarem (Apologie à l'empereur Charles Quint, 1552) du cardinal anglais Reginald Pole[36].

Dans ses États patrimoniaux du Saint-Empire, ces Pays-Bas où il incarne à la fois le seigneur naturel et le souverain impérial, il dispose de plus de facilité à agir, n'est pas tenu de prendre en compte ces puissantes oppositions et peut agir comme il l'entend. Dans les Flandres, il fait placarder une série d'édits très stricts contre l'hérésie, introduisant une inquisition moderne sur le modèle de celle que Charles a découverte en Espagne. L'application de ces placards demeure assez molle jusqu'à l'arrivée de Philippe II en raison de la tiédeur de la reine-régente Marie de Hongrie et des élites locales à leur sujet. Les condamnations à mort se comptent toutefois en plus grand nombre dans ce seul territoire sous son règne que dans tout le royaume de France, qui bénéficiait certes d'une exposition moins visible.


La fin du règne

La maladie et les premières cessions à Philippe (1540-1553)

Souffrant d'une goutte particulièrement invalidante[37], il envisage assez tôt de se défaire du pouvoir.

Le processus commence pour ainsi dire en 1540, peu après la mort de l'impératrice-reine. Cette année-là, il investit en secret son fils, le prince Philippe, du duché de Milan, vacant depuis 1535, investiture rendue publique en 1546. Deux ans plus tard, Charles fait venir celui-ci à ses côtés pour le faire reconnaître comme héritier des Pays-Bas et le présenter aux princes de l'Empire dans l'espoir que Philippe puisse un jour briguer la couronne impériale.

En 1553, lorsque Philippe épouse Marie Tudor, et afin d'éviter une union inégale entre le duc de Milan et la reine d'Angleterre, son père lui offre le royaume de Naples. Dans ces mêmes années 1550, la question de la succession devient un sujet de contentieux entre Charles et son frère Ferdinand. Le roi des Romains s'irrite de voir son aîné privilégier partout Philippe, alors qu'il avait promis à ses neveux autrichiens des parcelles de l'héritage en Flandre et en Italie.

La cession à Philippe des Pays-Bas et de l'Espagne (1555-1556)

L'année 1555 voit une accélération de ce processus. La mère de Charles, Jeanne de Castille, meurt le . L'Empereur en est très affecté, bien qu'il n'ait jamais hésité à la maintenir en détention à Tordesillas et qu'ils ne se soient jamais réellement connus. La signature de la paix d'Augsbourg, le , lui laisse le sentiment d'un échec cuisant. En même temps, les victoires de ses armées à Sienne et Gimnée ainsi que la présence de Philippe venu d'Espagne dans les Flandres lui donnent l'impression d'un empire suffisamment stable pour procéder à cette renonciation.

Le , affaibli par la vieillesse et les maladies (asthme, état diabétique, hémorroïdes, pathologie fréquente à une époque où l'on voyageait à dos de cheval[38]), désabusé par les revers, tourmenté par sa complexion flegmatique et naturellement mélancolique, Charles Quint convoque les chevaliers de l'ordre de la Toison d'or pour leur faire part de sa résolution. Il se dépouille de sa qualité de chef et souverain de l'ordre et fait promettre aux chevaliers de servir son fils Philippe arrivé à Bruxelles à l'issue d'un tour d'Europe de deux ans. Trois jours plus tard, à Bruxelles, devant les États généraux, il abdique solennellement, dans la grande salle du palais du Coudenberg. C'est là où, quarante ans plus tôt, il avait été proclamé duc de Bourgogne devant ces mêmes États généraux des Pays-Bas. Dans une ambiance larmoyante, il fait le décompte des voyages incessants qu'il a consentis pour le bien de ses pays et de la chrétienté avant de faire reconnaître Philippe comme le nouveau duc de Bourgogne, souverain des Pays-Bas[39].

Quelques mois plus tard, le , alors qu'il se dirige vers l'Espagne pour s'y retirer du monde, il transmet également à Philippe son héritage espagnol. En 1558, il lui cède aussi la Franche-Comté.

Abdication au profit de Ferdinand (1558)

Les dernières transactions ont lieu en 1558 : il ordonne aux électeurs du Saint-Empire de considérer désormais Ferdinand comme lui-même. La diète en prend acte en élisant, le [1], Ferdinand comme empereur des Romains.

Mort et funérailles

Il se retire le [40] dans le monastère hiéronymite de Yuste, dans une petite maison aménagée pour lui.

Il y meurt le , à l'âge de 58 ans, de la malaria (maladie endémique dans la région jusqu'en 1960). Son oraison funèbre est prononcée par François Richardot, auteur de celle d'Éléonore et de Marie[41]. Ses cendres sont transférées en 1574 à la nécropole royale de l'Escurial, édifiée par son fils Philippe à 40 km de Madrid.

Ascendance


Fratrie

Les enfants de Philippe de Habsbourg et de Jeanne de Castille.

Héritage et patrimoine

États héréditaires
des Habsbourg
  États bourguignons   Royaumes d'Aragon
et de Sicile
  Royaumes de Castille
et de León

Maximilien Ier du Saint-Empire
(1459-1519)

x

Marie de Bourgogne
(1457-1482)

 

Ferdinand II d'Aragon
(1452-1516)

x

Isabelle Ire de Castille
(1451-1504)



conquête de
Grenade


Philippe de Habsbourg
(1478-1506)

x

Jeanne Ire de Castille
(1479-1555)


Charles Quint
(1500-1558)


Ferdinand Ier du Saint-Empire
(1503-1564)

duc de Bourgogne (souverain des Pays-Bas) : 1506
roi des Espagnes (Castille et Aragon) : 1516
roi de Sicile : 1516
archiduc régnant d'Autriche : 1519
empereur : 1519
roi de Naples : 1521

archiduc régnant d'Autriche : 1521
roi des Romains : 1531
empereur : 1556


Philippe II d'Espagne
(1527-1598)

duc de Bourgogne (souverain des Pays-Bas) : 1555
roi des Espagnes : 1556
roi de Sicile et de Naples : 1556

Titulature

En 1534, Charles Quint est désigné comme suit[42] :

« Charles par la divine clémence Empereur des Romains, toujours Auguste, roi de Germanie, de Castille, de León, de Grenade, d'Aragon, de Navarre, de Naples, de Sicile, de Majorque, de Sardaigne, des îles Indes et terres fermes de la mer Océane, archiduc d'Autriche, duc de Bourgogne, de Brabant, de Limbourg, de Luxembourg et de Gueldre, comte de Flandres, d'Artois, de Bourgogne palatin, de Hainaut, de Hollande, de Zélande, de Ferrette, de Haguenau, de Namur et de Zutphen, prince de Souabe[N 2], marquis de Saint-Empire, seigneur de Frise, de Salins, de Malines, le dominateur en Asie et en Afrique, roi de la Nouvelle-Espagne, du Pérou, de la Nouvelle-Grenade et du Río de la Plata et suzerain des vice-rois de ces mêmes pays. »

Armoiries


Philippe d'Autriche

Charles Quint

Jeanne de Castille

Les armoiries de Charles Quint ont évolué au cours de sa vie. À sa naissance, en 1500, il hérite des armes brisées de son père, écartelées d'Autriche, de Bourgogne moderne, de Bourgogne ancien et de Brabant, chargées du parti de Flandre et de Tyrol, le tout brisées d'un lambel. La mort d'Isabelle la Catholique, en 1504, constitue ses parents les rois de Castille. Les armes familiales sont modifiées pour refléter cette nouvelle situation. On écartèle donc ces armes paternelles avec celles, écartelées du contre écartelé de Castille et de Léon et du parti d'Aragon et de Sicile, le tout enté en pointe de Grenade. Comme le couple se montre inégal, Philippe, duc de Bourgogne face à la reine de Castille, les armes maternelles sont mises au point d'honneur. Charles hérite de cet écartelé pour le moins complexe, tandis que son frère Ferdinand inverse les quartiers paternels et maternels.

Armoiries de Charles Quint par Jacques Le Boucq.
Armoiries de Charles Ier roi des Espagnes.

À partir de 1519, cet écartelé se place sur l'aigle impériale. Comme la composition devient difficile à graver et à déchiffrer, les armes se simplifient peu à peu. L'écartelé d'Aragon-Castille et d'Autriche-Bourgogne se change graduellement en un simple coupé. Ses derniers sceaux, à Yuste, retournent à l'écartelé de 1506, sans plus d'aigles ni de couronne.

Le blason est : « coupé en chef parti en 1 écartelé en 1 et 4, de gueules au château d'or ouvert et ajouré d'azur et en 2 et 3 d'argent au lion de gueules armé, lampassé et couronné d'or, en 2 parti en 1 d'or à quatre pals de gueules et en 2 écartelé en sautoir d'or aux quatre pals de gueules et d'argent à l'aigle de sable, accompagné en pointe d'argent à une pomme grenade de gueules, tigée et feuilleté de sinople, et en pointe écartelé en 1 de gueules à la face d'argent, en 2 d'azur semé de fleurs de lys d'or à la bande componée d'argent et de gueules, en 3 bandé d'or et d'azur de six pièces, à la bordure de gueules et en 4 de sable au lion d'or, armé et lampassé de gueules, sur le tout parti d'or au lion de sable armé, couronné et lampassé de gueules et d'argent à l'aigle éployé de gueules, membré et becqué d'or. »

Charles Quint dans les arts

Théâtre

Le personnage de Charles Quint apparaît dans les pièces suivantes :

  • Hernani de Victor Hugo . Charles Quint, sous le nom de Don Carlos, y est décrit pendant la période de son intronisation en tant qu'empereur.
  • Le Soleil se couche… créée en 1943 par Michel de Ghelderode
  • Les Portes du ciel créée en 1999 par Jacques Attali avec Gérard Depardieu dans le rôle de Charles Quint.

Il est cité à de nombreuses reprises dans la pièce Lorenzaccio d'Alfred de Musset, en tant que l'empereur qui a apporté la disgrâce et le malheur sur Florence. Il est cité sous le surnom de « César » et est associé au pape Clément VII.

Roman

Charles Quint est le principal antagoniste de François Ier dans 1515-1519, une uchronie du Chroniqueur de la Tour[43].

Cinéma

Télévision

En 2013, un documentaire-fiction, intitulé Moi, Charles Quint, maître du monde, réalisé par Dominique Leeb, lui est consacré dans le cadre de l'émission Secrets d'histoire. Du palais de l'Alhambra au monastère de l'Escorial, le documentaire retrace les grandes étapes de la vie : son combat pour maintenir l'unité chrétienne de son empire face au protestantisme, les guerres contre ses principaux adversaires, son abdication et enfin ses dernières années au monastère de Yuste, en Espagne[46].

Citations

  • « Que l'on devrait parler allemand à son cheval, anglais aux oiseaux, français à son ami, italien à sa maîtresse et espagnol à Dieu ! »[47]. La citation est aussi donnée comme « espagnol à Dieu, italien aux femmes, français aux hommes, néerlandais aux oiseaux, anglais aux commerçants et allemand aux chevaux » entre autres.
  • « J'ai appris l'italien pour parler au pape ; l'espagnol pour parler à ma mère ; l'anglais pour parler à ma tante ; l'allemand pour parler à mes amis ; le français pour me parler à moi-même. »[10]
  • « Le sang de la vigne me convient bien moins que la fille de l'orge »[48]
  • « Sur mon empire, le soleil ne se couche jamais »[49]
  • « Vous avez détruit ce que l'on ne voyait nulle part pour construire ce que l'on voit partout », aux chanoines ayant modifié le chœur de la cathédrale (ancienne mosquée) de Cordoue.

Notes et références

Notes

  1. Le pape Clément VII le couronnera pour sa part empereur le à Bologne, une fois apaisés ses différends avec Charles Quint.
  2. Le titre de prince de Zulbanc, souvent cité, est vraisemblablement issu d'une erreur de lecture.

Références

  1. Setton, Kenneth M. Editor (1984), The Papacy and the Levant (1204-1571), ed. Diane Publishing, p. 716. À cette date l'assemblée des électeurs réunis à Francfort accepte l'abdication de Charles Quint datée du .
  2. Autoproclamé le et solennellement avec sa mère devant les Cortes de Castille (), les Cortes d'Aragon (), Catalogne () et Valence ().
  3. « Quint » signifiant « cinquième » comme « tiers » et « quart » signifient « troisième » et « quatrième » : cf. tiers monde et quart-monde.
  4. La graphie Charles-Quint est aussi dans l'usage (même dans le dictionnaire de l'Académie française jusqu'à la 8e édition (1935) ; selon Maurice Grevisse et André Goosse, Le Bon Usage, 14e édition, p. 114). ; vraisemblablement afin de se distinguer du roi Charles V, car pour ce dernier, la graphie Charles-V n'existait jamais.
  5. En 1500, le comté de Flandre fait encore formellement partie du royaume de France, jusqu'au traité de Madrid de 1526.
  6. Chaunu, p. 23.
  7. Chaunu, p. 54.
  8. Chaunu, p. 55.
  9. Chaunu, p. 81.
  10. François Joseph Ferdinand Machal, Histoire politique du règne de l'Empereur Charles Quint (1856) .
  11. Chaunu, p. 51.
  12. Chaunu, p. 53.
  13. Chaunu, p. 31.
  14. Kennedy, Naissance et déclin des grandes puissances, p. 64.
  15. Jean-Marie Cauchies, Philippe le Beau : le dernier duc de Bourgogne, Turnhout, Brepols, coll. « Burgundica » (no 6), 2003, p. 248.
  16. Francisco C. Ceballos, and G. Álvarez, « Royal dynasties as human inbreeding laboratories: the Habsburgs », Heredity, 111.2 (2013), p. 114-121 en ligne.
  17. H. Schneble, « German Epilepsy Museum Kork », Epilepsiemuseum.de (consulté le )
  18. « Tests confirm old emperor's gout diagnosis », His The Record[pas clair], 4 août 2006, Nation.
  19. Martyn Rady, University of London, Lecture, 2000.[réf. nécessaire]
  20. Chaunu, p. 57.
  21. Chaunu, p. 58.
  22. Chaunu, p. 90.
  23. University of Leiden: Self-Representation of Court and City in Flanders and Brabant in the Fifteenth and Early Sixteenth Centuries, by Wim Blockmans & Esther Donckers
  24. Chaunu, p. 64.
  25. Chaunu, p. 89.
  26. Henry Kamen, Spain, 1469–1714: a society of conflict, Harlow, United Kingdom, Pearson Education, , 3rd éd. (ISBN 0-582-78464-6, lire en ligne)
  27. « Gentenaars Stropdragers » [archive du ] (consulté le )
  28. « GILDE van de STROPPENDRAGERS » (consulté le )
  29. Henri Lapeyre, Charles Quint, Presses universitaires de France, , p. 33.
  30. Kennedy, Naissance et déclin des grandes puissances, p. 66.
  31. Kennedy, Naissance et déclin des grandes puissances, p. 67.
  32. Le dessin du costume de Diane, par Le Primatice, est conservé au musée du Louvre (Réf : Dossier de presse de l'exposition L'Italie à la cour de France - Primatice, maître de Fontainebleau, 1504-1570, Paris, musée du Louvre, 25 septembre 2004 - 3 janvier 2005).
  33. Sabine van Sprang, Musée d'Art Ancien : Œuvres choisies, Bruxelles, Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles, , 238 p. (ISBN 90-77013-04-0), p. 70.
  34. André Chastel, Le Sac de Rome, NRF, , p. 295 et suivantes.
  35. Il représente Martin Luther, excommunié en 1520 et mis au ban de l'Empire, ne pouvant participer à la diète
  36. A. F. Artaud, Machiavel. Son génie et ses erreurs, p. 292.
  37. Le diagnostic a été établi par examen en microscopie d'un doigt momifié conservé au monastère Royal San Lorenzo de l'Escurial : « The Severe Gout of Holy Roman Emperor Charles V », J. Ordi, P. Alonso, J. de Zulueta, J. Esteban, M. Velasco, E. Mas, E. Campo & P. Fernández, New England Journal Medecine, 2006, 355 : 516-520.
  38. Jean Lucas-Dubreton, Charles Quint, A. Fayard, , p. 343.
  39. Alain Boureau et Corinne Péneau, Le deuil du pouvoir : Essais sur l'abdication, Paris, Les Belles Lettres, , 204 p. (ISBN 978-2-251-38121-3).
  40. Bakhuizen van den Brink et Reinier Cornelis, « I. La retraite de Charles-Quint, analyse d'un manuscrit espagnol contemporain [par un religieux de l'ordre de St-Jérôme à Yuste] », Bulletin de la Commission royale d'Histoire, vol. 17, no 1, , p. 57–117 (DOI 10.3406/bcrh.1851.3039, lire en ligne, consulté le )
  41. Texte intégrale de son oraison funèbre. Voir : « le sermon funèbre fait devant le roy par messire françois Richardot », sur Gallica.
  42. Renouvellement du traité de confédération et de « gardienneté » entre Charles Quint et la cité de Besançon, Tolède, , AGS Secretarías provinciales 2542.
  43. Le Chroniqueur de la Tour, 1515-1519, Librinova, , 485 p. (ISBN 9791026219576)
  44. « Tournage de Carlos, Rey Emperador » (consulté le ).
  45. « Premier teaser de Carlos Rey Emperador » (consulté le ).
  46. « Secrets d'Histoire - Moi, Charles Quint, maître du monde », sur Télé-Loisirs (consulté le )
  47. Amédée Pichot, Charles-Quint, chronique de sa vie intérieure et de sa vie politique, de son abdication et de sa retraite dans le cloître de Yuste, Furne, 1854.
  48. voir ASBL Comité Charles-Quint Beaumont.
  49. En mi imperio, no se pone nunca el sol.

Voir aussi

Articles connexes

Le contexte du XVIe siècle

  • Pierre Chaunu, Conquête et exploitation des nouveaux mondes XVIe siècle, Paris, PUF, coll. « Nouvelle Clio », 1969.
  • Bartolomé Bennassar et Jean Jacquart, Le XVIe siècle, Armand Colin, « collection U », 1972 (4e édition : 2012).
  • Jean Carpentier & François Lebrun, Histoire de la Méditerranée, Le Seuil, coll. « Point Histoire », 1998.
  • Paul Kennedy et Pierre Lellouche (présentation) (trad. Marie-Aude Cochez et Jean-Louis Lebrave), Naissance et déclin des grandes puissances : ransformations économiques et conflits militaires entre 1500 et 2000, Paris, Payot, coll. « Petite bibliothèque » (no 63), (réimpr. 2004) (1re éd. 1989), 415 p. (ISBN 978-2-228-88401-3, OCLC 24930730).
  • Joseph Pérez, L'Espagne du XVIe siècle, Paris, Armand Colin, coll. « U prisme », 1973 (manuel avec un choix de documents).

Ouvrages anciens

Ouvrages de vulgarisation

  • Juan-Carlos D'Amico et Alexandra Danet, Charles Quint: Un rêve impérial pour l'Europe, Perrin, 2022,750 p. (ISBN 978-2-262-04336-0)
  • Lindsay Armstrong, Charles Quint (1500-1558). L'indomptable, Flammarion, 2014.
  • Jérôme Hélie, Charles Quint. L'impossible empire universel, Fremeaux & Associés, coll. "Figures de l'Histoire", 2020, livre audio
  • Jean Babelon, Charles Quint, Paris, 1947.
  • Karl Brandi, Charles Quint, Paris, Payot, 1939 (traduction d'un ouvrage paru en allemand en 1937 ; réédition : Payot, 1951).
  • Denis Crouzet, Charles Quint. Empereur d'une fin des temps, Odile Jacob, 2016, 670 pages.
  • Jean Lucas-Dubreton (en), Charles Quint, Verviers, Marabout, coll. « Université », 1958, 383 p.
  • Otto de Habsbourg-Lorraine, Charles Quint, Paris, 1967.
  • Henri Lapeyre, Charles Quint, Paris, PUF, coll. « Que sais-je ? », 1971.
  • Philippe Erlanger, Charles Quint, Paris, 1980.
  • Joseph Pérez, Charles Quint, empereur des deux mondes, Paris, Gallimard, coll. « Découvertes », 1994.
  • Pierre Chaunu et Michèle Escamilla, Charles Quint, Fayard, .
  • Jean-Michel Sallmann, Charles Quint. L'Empire éphémère, Payot, 2004.
  • Gregorio Salinero, Les Empires de Charles Quint, Paris, Ellipses, 2006 (ISBN 978-2729826086).
  • (it) Fernand Braudel, Carlo V, Milan, Compagnia Edizioni Internazionali, coll. « Protagonisti della storia universale », 1966.

Travaux universitaires

  • Charles Quint et son temps, actes du colloque du CNRS en 1959, Paris, Éditions du CNRS, 1972.
  • Hugo Soly (dir.), Charles Quint, 1500-1558. L'empereur et son temps, Paris, Actes Sud, 2000 (recueil d'articles thématiques par les meilleurs spécialistes).

Thèmes particuliers

  • Ghislaine De Boom, Charles Quint, prince des Pays-Bas, Bruxelles, La Renaissance du livre, Collection « Notre Passé », 1943. In-12, 124 p.
  • (it) Salvatore Agati, Carlo V e la Sicilia. Tra guerre, rivolte, fede e ragion di Stato, Catane, Giuseppe Maimone Editore, 2009 (ISBN 978-88-7751-287-1).

Liens externes

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