arracher

Français

Étymologie

De l’ancien français arrachier, altération de esrachier, issu du latin exrādīcāre « déraciner », variante de ērādīcāre, dérivé de rādīx, rādīcis « racine ». En ancien français, les préfixes a- et es- étaient souvent interchangeables.

Verbe

arracher \a.ʁa.ʃe\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison) (pronominal : s’arracher)

  1. Détacher avec effort ; ôter de force.
    • On commence d'abord par nettoyer le sol en arrachant les ronces, les épines, les bruyères, etc., puis on procède à l'abatage du taillis.  (Edmond Nivoit, Notions élémentaires sur l’industrie dans le département des Ardennes, E. Jolly, Charleville, 1869, p. 162)
    • Il y a des engueulades qui rougissent les yeux, bleuissent les joues, crispent les poings, arrachent les cheveux, cassent les œufs, renversent les éventaires, dépoitraillent les matrones, et me remplissent d'une joie pure.  (Jules Vallès, L'Enfant, chap. 8, Le Siècle, 1878 & Éditions Charpentier, 1879)
    • Alors, je commençai à torturer le colporteur. Je lui arrachai, un par un, tous les ongles des mains et tous les ongles des pieds...  (Octave Mirbeau, Le colporteur,)
    • A de grandes altitudes planaient les frégates et les phaétons, qui tombaient souvent avec une rapidité vertigineuse pour arracher en l’air leur proie aux oiseaux de mer plongeurs.  (Alain Gerbault, À la poursuite du soleil; tome 1 : De New-York à Tahiti, 1929)
    • L’élevage des vers à soie « ne paie plus ». Voilà pourquoi, aujourd’hui, dans le Gard, on arrache les mûriers : on les remplace imprudemment par des vignes....  (Ludovic Naudeau, La France se regarde : le Problème de la natalité, Librairie Hachette, Paris, 1931)
    • Brusquement, je sentis comme la morsure sauvage d’une bête qui m’aurait arraché la chair par saccades. […]. Ja..... m’avait branché la pince au sexe.  (Henri Alleg, La Question, 1957)
    • (Pronominal)S’arracher les cheveux.
    • Une bourrasque lui arrache presque son parapluie.
  2. (Agriculture) Détacher ou enlever une récolte du sol.
    • On récolte les échalotes lorsque les feuilles jaunissent ; on arrache les plants et on les laisse ressuyer deux ou trois jours sur le sol ; cela fait, on les monte au grenier où on les suspend en paquets.  (« Le jardin de l'école », dans Journal des Instituteurs et des Institutrices, vol. 60, éd. Fernand Nathan, 1914, p. 319)
    • Il n'y avait plus qu'a faucher le blé noir, arracher les pommes de terre et gauler noix et châtaignes ; de ceci les gamins se chargeaient le jeudi et le dimanche, pour se distraire.  (Henri Bachelin, Le Village, Marivole Éditions, 2013, chap. 3)
  3. (Figuré) En parlant d’un avare de qui on a tiré de l’argent.
    • Je lui ai arraché une dent.
  4. (Figuré) Marque l’extrême répugnance d’une personne à faire quelque chose et combien il serait difficile de l’y contraindre.
    • Vous lui arracheriez plutôt la vie.
    • Ce serait lui arracher l’âme.
  5. (Figuré) Détacher quelqu’un d’une opinion, l’y faire renoncer.
    • Arracher une opinion de l’esprit, de la tête de quelqu’un.
    • Arracher de son cœur un sentiment, une passion, un souvenir, etc.
  6. (Figuré) Obtenir avec peine quelque chose de quelqu’un.
    • Andréa fouillait das sa coiffeuse. Elle l'avait trouvée dans une salle des ventes à Saumur et arrachée de haute lutte à une équipe de brocanteurs rapaces pour la somme de trois cent cinquante francs.  (Patrick Cauvin, Haute-Pierre, éditions Albin Michel, 1985)
    • Il ne rend pas facilement l’argent qu’on lui a prêté, il faut le lui arracher.
    • Il n’y a pas moyen d’arracher une parole de lui.
    • Il m’a arraché mon secret, mon consentement à force d’importunité.
    • Il a fallu vous arracher cette louange.
  7. (Figuré) Causer une réaction physique ou émotionnelle intense (usage idiomatique)
    • Arracher des larmes, des cris, des soupirs, des plaintes à quelqu’un.
    • Ce récit m’arracha des larmes.
  8. (Sens propre) ou (Figuré) Détourner, écarter, éloigner avec effort, en parlant des personnes.
    • Un monsieur, courant, une serviette sous le bras, le heurta sans ménagements et l'arracha à son hébétude.  (Victor Méric, Les Compagnons de l’Escopette, Éditions de l’Épi, Paris, 1930, page 21)
    • Il a fallu l’arracher de ce lieu, de dessus le corps de son fils. — On ne saurait l’arracher à l’étude, l’arracher du jeu.
    • Il ne peut pas s’arracher à cette ville. (Pronominal)
  9. (Figuré) Préserver ; soustraire à un danger
    • Arracher quelqu’un à la misère, à la mort, etc.
  10. (Pronominal) (Par hyperbole) Se disputer à qui l’aura, en parlant d’une personne ou d’une chose qui est extrêmement recherchée.
    • En même temps plusieurs Chouans se jettent sur les provisions, se les disputent, se les arrachent, et donnent enfin tout l’ignoble spectacle d'une scène de bandits.  (Jacques Duchemin Descepeaux , Lettres sur l'origine de la Chouannerie et sur les Chouans du Bas-Maine, tome 1, Imprimerie royale, 1825, p. 325)
    • Il pensait que ça allait le lancer... Il n'avait pas tort. C'est de là qu'il en est sorti définitivement et qu'on se l'est arraché de tous les côtés.  (Jo Barnais [Georges Auguste Charles Guibourg, dit Georgius], Mort aux ténors, ch. XI, Série noire, Gallimard, 1956, p. 100)

Synonymes

Antonymes


Dérivés

Proverbes et phrases toutes faites

Traductions

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Prononciation

Références

  • Tout ou partie de cet article a été extrait du Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition, 1932-1935 (arracher), mais l’article a pu être modifié depuis.
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