bourrer
Français
Étymologie
Verbe
bourrer \bu.ʁe\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison) (pronominal : se bourrer)
- Garnir de bourre.
- Bourrer un fauteuil, un canapé.
- (En particulier) (Militaire) (Chasse) (Vieilli) Par le canon, charger la bourre d’une arme à feu [2].
- (Par analogie) Remplir une chose d’une matière quelconque.
- Sa spécialité consistait à scier les dés et à les piper. Il m’expliqua l’opération, car achetant lui-même l’ivoire, il le débitait en petits cubes dont il forait certains côtés pour les bourrer de plomb. — (Francis Carco, Messieurs les vrais de vrai, Les Éditions de France, Paris, 1927)
- Bon Dieu de bon Dieu ! Une sueur froide le fit chanceler sur ses jambes flageolantes comme si elles eussent été bourrées de coton. — (Louis Pergaud, La Vengeance du père Jourgeot, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
- Kara essuya ses yeux humides et regarda autour d’elle. La minuscule boutique était bourrée d’articles de sorcellerie. — (Kim Richardson, Les Gardiens des âmes, tome 6 : Mortelle, 2013, p. 103)
- (Absolument) — Planté sur ses jambes écartées, le soldat bourrait pensivement une seconde pipe. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, p. 25 de l’éd. de 1921)
- (Par extension) Remplir l’estomac au delà de ce qu’il peut contenir.
- Bourrer un enfant de friandises.
- (Chasse) En parlant du chien, arracher du poil au gibier, d’un coup de dent, en le poursuivant [1&2].
- Le chien a bien bourré le lièvre.
- (Par extension) (Vieilli) Donner des coups de fleuret, de bout de fusil [2].
- François le sentit bourrer avec son poitrail le canon de sa carabine. Machinalement il appuya le doigt sur la gâchette, le coup partit. — (Alexandre Dumas, Impressions de voyage, La Revue des Deux Mondes, tome 1, 1833)
- (Par extension) Porter des coups ; frapper ; maltraiter [2].
- […] des frères de charité avec leurs dalmatiques rouges, dont l’un portait une bannière et l’autre la lourde croix d’argent, riaient en dessous, s’amusaient à se bourrer le dos de coups de poing. — (Octave Mirbeau, Contes cruels : Mon oncle)
- Nom de Dieu ! Feempje, qu’est-ce que tu fous ? s’informa joyeusement un passant en lui bourrant l’épaule d’une tape. — (Francis Carco, Brumes, Éditions Albin Michel, Paris, 1935, page 43)
- Dès huit heures du matin, on se pressait dans le métro en bourrant tous les Parisiens maussades à l'idée d'aller au travail pour leur piquer les place assises. — (Alexandra Varrin, J'ai décidé de m'en foutre, Éditions Léo Scheer, 2015)
- (Figuré) (Familier) Quereller, réprimander d’une manière brusque, pousser vivement, maltraiter de paroles [2].
- (Figuré) (Ironique) (Vieilli) Mettre des inutilités dans un écrit [2].
- (Intransitif) (Plomberie) (Vieilli) Se boursoufler [2].
- (Intransitif) (Familier) Aller vite, foncer.
- Bourre ! On faut le rattraper.
- (Intransitif) Se dit en parlant d’un cheval qui, sans que le cavalier puisse l’en empêcher, s’élance vivement vers l’avant.
- (Intransitif) (Technique) Se dit du plomb en fusion qui termine sa coulée sur le sable sans aller plus loin.
- (Intransitif) Se dit d’un outil, d’un appareil, qui s’engorge avec un matériau quelconque.
- La centrifugeuse bourre, il reste plein de fibres de pommes coincées dans son panier.
- (Pronominal) (Familier) Manger, boire avec excès.
- Il se bourre de gâteaux.
- (Argot) (Vulgaire) Copuler.
- « Qu’est-ce que c’était que la Tine Maloret ? Une fille que les hommes se repassaient, une fille qu’on bourrait au fossé pour trente sous, voilà toute la Tine. — (Marcel Aymé, La jument verte, Gallimard, 1933, collection Le Livre de Poche, page 238.)
Traductions
Prononciation
- France (Lyon) : écouter « bourrer [Prononciation ?] »
- France (Lyon) : écouter « bourrer [Prononciation ?] »
Références
- « bourrer », dans TLFi, Le Trésor de la langue française informatisé, 1971-1994 → consulter cet ouvrage
- [1] : Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition, 1932-1935 (bourrer)
- [2] : Antoine de Rivarol, Dictionnaire classique de la langue française, 1827
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