Louis de Funès

Louis de Funès, de son nom complet Louis de Funès de Galarza, est un acteur français né le à Courbevoie et mort le à Nantes.

Pour les articles homonymes, voir Funès et Galarza.

Louis de Funès
Louis de Funès lors du tournage du film
L'Homme orchestre en 1970.
Nom de naissance Louis Germain David de Funès de Galarza
Naissance
Courbevoie (France)
Nationalité Française
Décès (à 68 ans)
Nantes (France)
Profession Acteur, coréalisateur, pianiste
Films notables Voir filmographie
Signature
Signature de Louis de Funès

Ayant joué dans près de cent cinquante films, il est l'un des acteurs comiques les plus célèbres du cinéma français de la seconde moitié du XXe siècle et réalise les meilleurs résultats du cinéma français, des années 1960 au début des années 1980. Il réalise également les meilleures audiences télévisées. Très peu récompensé, il reçoit toutefois un César d'honneur pour l'ensemble de sa carrière en 1980.

Après presque vingt ans sur les planches ainsi que devant les caméras dans de nombreux seconds rôles, il impose son personnage de Français moyen impulsif, râleur, au franc-parler parfois dévastateur, aux verbigérations et mimiques parfois muettes. C'est dans les années 1950 qu'il se fait connaître tardivement du public avec La Traversée de Paris (1956), ses premiers rôles principaux et le triomphe au théâtre d'Oscar. Dans les deux décennies qui suivent, on le retrouve dans une suite de succès populaires, parmi lesquels : Pouic-Pouic (1963), Le Gendarme de Saint-Tropez (1964) et ses cinq suites, la trilogie Fantômas (1964 à 1967), Le Corniaud (1965), Le Grand Restaurant et La Grande Vadrouille (1966), Oscar et Les Grandes Vacances (1967), Le Petit Baigneur (1968), Hibernatus (1969), Jo et La Folie des grandeurs (1971), Les Aventures de Rabbi Jacob (1973), L'Aile ou la Cuisse (1976), La Zizanie (1978) et La Soupe aux choux (1981). Il a également participé à l'écriture de quelques scénarios de ses films et signé la réalisation de L'Avare avec Jean Girault en 1980.

Outre la France, les films de Louis de Funès ont connu un grand succès dans divers pays européens, et notamment en Russie, du temps de l'URSS. Sa popularité ne s'étendra que très peu dans le monde anglo-saxon, à l'exception du succès outre-Atlantique du film Les Aventures de Rabbi Jacob, nommé pour un Golden Globe en 1975. Le souvenir de l'acteur est entretenu par deux musées : le musée Louis-de-Funès à Saint-Raphaël et le musée de la Gendarmerie et du Cinéma, dans l'ancienne gendarmerie de Saint-Tropez.

Biographie

Enfance et formation

Louis de Funès est issu d'une famille castillane[alpha 1] du côté de son père, Carlos Luis de Funes de Galarza (Séville, 1871 — Malaga, [alpha 2]). Sa mère Leonor Soto Reguera (Ortigueira, Montmorency, [cit. 1]) est de famille bourgeoise, son propre père étant un grand avocat de Madrid. Les deux amoureux arrivent en France d’Espagne en 1904 après que Carlos a enlevé Leonor, dont les parents s'opposaient tout d'abord à leur union (ils accepteront plus tard de la doter confortablement[alpha 3]). Né le [cit. 2], Louis est leur troisième enfant, les deux aînés étant Marie (Maria Teolinda Leonor Margarita, Courbevoie, — Paris, ), mariée en secondes noces avec le réalisateur François Gir, et Charles (Carlos Teolindo Javier, Courbevoie, Rethel, )[alpha 2].

Le père, Carlos, personnage un peu fantasque[cit. 3], ne peut plus exercer sa profession d'avocat depuis son installation en France et s’improvise alors diamantaire. Mais au début des années 1930, il fait croire à son suicide et part pour le Venezuela, « dans l'espoir de faire prospérer ses affaires[alpha 4] ». Son épouse apprenant le subterfuge va le chercher et l'en ramène rongé par la tuberculose. Il meurt seul et ruiné en Espagne en 1934[1].

Leonor, avec son fort caractère, est aussi une source du sens de la comédie de Louis, son premier « professeur de comédie » : « Il arrivait à ma mère de me courser autour de la table en criant “Yé vais té touer”. Dans sa façon d’être et d’agir, elle possédait, sans le savoir, le génie des planches[alpha 5] ». Elle lui donne également ses premières leçons de piano à l’âge de 5 ans[2].

Le jeune Louis passe son enfance à Villiers-sur-Marne (Val-de-Marne), où il fréquente l'école du Centre. À dix ans, Louis de Funès entre au collège Jules-Ferry de Coulommiers, un établissement austère, où son frère est déjà pensionnaire, avec quatre uniques sorties par an[alpha 6]. Rêveur, indiscipliné et taciturne, son physique malingre, son nez allongé et son regard apeuré en font le souffre-douleur de ses camarades du pensionnat. Pendant les trois ans d'internat, où il apprend l'adversité et la méchanceté de ses professeurs, « il ne s'anime que pour dessiner, pêcher à la ligne et faire rire ses petits camarades[alpha 7] ». En juin 1926, Louis de Funès connaît sa première expérience théâtrale, lors d'un spectacle donné avec ses camarades à l'occasion du cinquantenaire de son collège : il joue et chante dans Le Royal Dindon, opéra comique en un acte de Luigi Bordèse, au théâtre municipal de Coulommiers[alpha 8],[alpha 9]. Selon le biographe Jean-Marc Loubier, il tient le rôle d'« un enfant de troupe ressemblant curieusement à un gendarme chantant et gesticulant »[alpha 9]. Le journal local commente : « La piécette délicieuse de Bodèse fut sérieusement [ou « supérieurement »] interprétée par plusieurs de nos concitoyens prodiges, en tête desquels nous devons féliciter Louis de Funès »[alpha 8],[alpha 9].

En 1930, à 16 ans, après des études secondaires moyennes au lycée Condorcet et sur les conseils de son frère, devenu fourreur, Louis de Funès entre à l’École professionnelle de la fourrure, située près de la place de la Bastille, mais il en est renvoyé pour chahut[alpha 4]. Il travaille ensuite chez plusieurs fourreurs, exerce successivement différents métiers (comptable, étalagiste, décorateur)[alpha 10], mais ses renvois systématiques et la lassitude de ses frasques professionnelles conduisent ses parents à l’inscrire, en 1932, à l’École technique de photographie et de cinéma, située à deux pas de son domicile, où il choisit la section cinéma[alpha 11]. Dans les cours, il a notamment pour condisciple Henri Decaë, bien plus tard directeur de la photographie sur plusieurs de ses films.

« Louis de Funès était quelqu'un qui n'était pas expansif à la ville. Chaque fois que nous nous rencontrions pour un nouveau film, il me redisait quelques formules chimiques apprises à l'ETPC vingt ou trente ans auparavant, en 1933, dont ce nom de produit qui le faisait hurler de rire, « hyposulfite de soude ». Ceci en imitant le professeur strict qui nous en enseigna les propriétés... C'était comme une connivence entre nous[alpha 12] ! »

 Henri Decaë

Finalement, il est renvoyé pour incendie volontaire[alpha 13]. Commence alors un cycle de périodes de chômage et d’emplois d’où il finit toujours par se faire renvoyer[alpha 14]. Son fils Olivier de Funès explique : « Après avoir abandonné ses études secondaires, mon père avait exercé toutes sortes de petits métiers. Je me demande s'il ne les enjolivait pas un peu dans ses interviews car à la maison il n'en parlait jamais »[alpha 14].

Premiers pas sur scène

Livret militaire de Louis de Funès, classe 1934, réformé en 1940, échappant ainsi aux combats de la Seconde Guerre mondiale.

Lorsque la Seconde Guerre mondiale commence en , Louis de Funès, alors âgé de 25 ans, est convoqué pour la mobilisation, étant apte au service passif[alpha 15]. À l'appel du service militaire à vingt ans, en 1934, il avait été déclaré inapte au service actif pour sa constitution malingre (1,65 mètre et 54 kg) et l'antécédent de son père emporté par la tuberculose[alpha 15]. De nouveaux passages auprès des médecins militaires les trois années suivantes avaient confirmé son inaptitude[alpha 15],[alpha 2].

Il est donc affecté provisoirement à des travaux de manutention et de terrassement, transporté de caserne en caserne, jusqu'à stationner près de la Marne[alpha 15]. Au cours de la « drôle de guerre », il monte de petits divertissements pour les troupes, où il imite notamment avec talent Maurice Chevalier[alpha 15]. Quelques jours de maladie en le font passer devant une commission médicale, qui le réforme en évoquant la tuberculose, qu'il n'a pourtant pas[alpha 15],[3]. Il pensa toute sa vie avoir échappé aux combats à la place d'un autre grâce à une confusion de dossiers radiologiques[alpha 15],[alpha 2],[n 1]. Son frère Charles est, lui, mobilisé, au sein du 152e régiment d'infanterie envoyé dans les Ardennes[alpha 16]. Il est mort pour la France au cours de l'offensive surprise allemande, fauché par une mitrailleuse ennemie à l'entrée de Sault-lès-Rethel, le [alpha 2],[alpha 16],[4],[n 2]. Louis devient le tuteur de son neveu orphelin Édouard, mais celui-ci est élevé par sa tante Mine puisque l'oncle Louis est désargenté[alpha 16].

Échappant à la mobilisation en raison de sa constitution malingre, Louis enchaîne pendant l'Occupation les petits boulots (étalagiste, cireur et gratteur de parquets…)[alpha 17]. Bientôt, Louis de Funès se fait engager comme pianiste de bar et rencontre Eddie Barclay[n 3] : « Louis de Funès, comme moi, ne déchiffrait pas la musique. Il avait de l'oreille. C'était un excellent musicien. Il ne parlait pas un jour d'être comédien[alpha 18]. » Il joue dans un grand nombre d’établissements, enchaînant des soirées de douze heures, payé à la coupelle ou touchant un cachet de misère[7]. Le cinéaste Georges Lautner indique : « Je l'ai rencontré en 1942 lorsqu'il était pianiste à la Madeleine. Dans un bistrot à Bagatelle, il tenait le piano à quatre mains. Lorsque ce dernier jouait seul, de Funès montait sur le piano et chantait. »

Il se servira de cette capacité dans certains de ses films, tels que Pas de week-end pour notre amour, La Rue sans loi, Frou-Frou, Le Corniaud, La Grande Vadrouille, Le Grand Restaurant ou encore L'Homme orchestre.

En 1942, à l’âge de 28 ans, il décide de devenir comédien, et s’inscrit au cours Simon, réussissant son concours d’entrée grâce à une interprétation d’une scène des Fourberies de Scapin, de Molière[alpha 19]. Même s’il n’y fait qu’un court passage[alpha 20], il croise dans le cours d'autres apprentis comédiens, comme Daniel Gélin, qui lui permet de débuter plus tard dans la pièce L'Amant de paille de Marc-Gilbert Sauvajon.

« Un hasard prodigieux. Je descendais d’un wagon de première dans le métro et Daniel Gélin, déjà croisé au cours René-Simon, montait dans un wagon de seconde. La porte allait se refermer lorsqu’il me crie : « Téléphone-moi demain. J’ai un petit rôle pour toi[alpha 19] ». »

 Louis de Funès

Daniel Gélin donnera cependant une version un peu différente de leur rencontre sur le quai de métro dans son autobiographie[alpha 21]. À côté de quelques petites figurations théâtrales, l’acteur se démène pour gagner sa vie grâce à ses activités de pianiste de jazz, donnant parfois des cours le jour, puis jouant la nuit à travers le Paris nocturne[alpha 22].

En 1945, toujours grâce à Daniel Gélin, que de Funès surnommait « Ma Chance » lorsqu'il le croisait[alpha 23], il débute au cinéma, âgé de plus de trente ans, dans La Tentation de Barbizon, de Jean Stelli. Dans le petit rôle du portier du cabaret Le Paradis, il prononce sa première réplique à l'écran en voyant un client (interprété par Pierre Larquey) qui essaye de passer à travers une porte fermée : « Ben, il a son compte celui-là, aujourd’hui ! » L'acteur enchaîne dès lors silhouettes, figurations et petits rôles. Quelquefois, il incarne même plusieurs personnages dans un même film, comme pour Du Guesclin de Bernard de Latour, en 1948, où il tient tour à tour les rôles de mendiant, de chef de bande, d'astrologue et de seigneur[8]. En 1949, il joue dans Pas de week-end pour notre amour, une comédie conçue autour du ténor-vedette de l'époque, Luis Mariano ; de Funès y tient le rôle secondaire du domestique-pianiste du baron (joué par Jules Berry), ce qui lui permet d'accompagner à l'écran des airs d'opérettes et autres morceaux de facture classique, mais également de jazz[n 4].

Ascension

En 1950, il est pianiste-comédien dans la troupe Les Burlesques de Paris de Max Révol lorsque Sacha Guitry lui confie plusieurs petits rôles, notamment dans La Poison (1951), Je l'ai été trois fois (1952), Si Paris nous était conté (1955) et surtout La Vie d'un honnête homme (1953), où il a un rôle un peu plus consistant de valet de chambre « obséquieux et fourbe, presque inquiétant l'espace d'un plan[alpha 24] ». Dans ce film, son personnage s'affine un peu plus  « il apparaît « au naturel », sans grimace ni moustache[alpha 24] »  et il est associé pour la première fois à Claude Gensac. En 1952, il rejoint la troupe des Branquignols dirigée par Robert Dhéry, bien que les circonstances de la rencontre entre de Funès et Dhéry varient considérablement en fonction des auteurs. Il y apparaît d’abord dans la revue Bouboute et Sélection.

« En 1952, mon père jouait La Puce à l'oreille de Feydeau [...]. À la fin de la représentation, mon père courait au petit théâtre Vernet [...] pour apparaître dans le premier sketch de Bouboute et Sélection [...] puis, il reprenait le métro pour rejoindre le cabaret où il incarnait un clochard[alpha 25] »

 Olivier de Funès

En 1953, on le remarque, aux côtés de Jean Marais et de Jeanne Moreau, dans le rôle de M. Triboudot, le photographe dans Dortoir des grandes d’Henri Decoin. Puis il officie dans Ah ! les belles bacchantes en 1953. Cette revue obtient un grand succès[9] — deux années de représentations — et contribue à le faire connaître[cit. 4]. De plus, intégré dans une troupe dédiée au comique, l’acteur, influencé par le jeu de Maurice de Féraudy[alpha 27], va perfectionner sa technique. Il tourne ses premiers films en couleurs l’année suivante dans l’adaptation à l’écran du spectacle par Jean Loubignac, mais aussi dans La Reine Margot de Jean Dréville, tourné avant, mais sorti en salles après. Cette même année, il joue face à Fernandel dans Le Mouton à cinq pattes d’Henri Verneuil et pour la première fois face à Bourvil dans Poisson d’avril de Gilles Grangier. Jean-Paul Le Chanois, après lui avoir confié deux petits rôles dans Sans laisser d'adresse (1951) et Agence matrimoniale (1952), lui offre le second rôle de M. Calomel dans la comédie populaire à succès Papa, maman, la bonne et moi (1954) et sa suite Papa, maman, ma femme et moi (1956). Courant les cachets, il tourne en 1954 pas moins de dix-huit films dans lesquels il n'obtient que des seconds rôles[alpha 28].

Louis de Funès dans Toto à Madrid (1959).

En 1956, il obtient un début de reconnaissance[10] au cinéma dans La Traversée de Paris, de Claude Autant-Lara, où il joue l’épicier Jambier. Il s’impose avec force face à Jean Gabin et Bourvil, dans une prestation de quelques minutes au cours de laquelle il dessine en quelque sorte son futur personnage[11] : lâche devant « le fort » (Jean Gabin) et colérique devant « le faible » (Bourvil). Même si le film a atteint aujourd’hui le statut de film culte, il connaît à sa sortie un succès public pour son « discours continûment ambivalent[alpha 29] ». Dès l’année suivante, Maurice Régamey lui offre son premier rôle principal dans Comme un cheveu sur la soupe. Son interprétation d'un compositeur suicidaire vaut à l’acteur le Grand Prix du rire 1957, sa première récompense et le film, « petite production sans prétention, qui aurait dû passer inaperçue, [...] tient l'affiche de très longues semaines[alpha 30]. » Toujours en 1957, il est la tête d’affiche de Ni vu, ni connu, d’Yves Robert, dans le rôle du braconnier Blaireau. Accompagné de son chien Fous le camp, cet « avatar rural de Guignol[alpha 31] » brave toutes les formes d'autorité et finit toujours par échapper au garde-chasse. Le film est un beau succès à sa sortie et vaut à l'acteur quelques articles laudateurs dans la presse, à l'instar de l'hebdomadaire France Dimanche, qui, dans son numéro du , titre à la une :

« Louis de Funès, l'acteur le plus drôle de France[alpha 32] »

 France Dimanche

Il tient encore un rôle principal en 1958 dans Taxi, Roulotte et Corrida, d’André Hunebelle. Ce film, tourné en Espagne, connaît un certain succès avec 2,542 millions d’entrées. Pourtant, la progression de sa carrière au cinéma marque une pause, et l’acteur va retourner à des films ou des rôles moins importants pour quelque temps.

Deux rôles décisifs

C’est d’abord au théâtre que la carrière du comédien va connaître une nouvelle accélération. Depuis ses débuts, l’acteur ne s’est jamais éloigné des planches et il reprend notamment, en 1957, aux côtés de Danielle Darrieux et Robert Lamoureux, le rôle créé par Raimu dans Faisons un rêve de Sacha Guitry. Le biographe de l’auteur, Jacques Lorcey, note : « Ce sera la dernière grande joie de notre Sacha [Guitry]. [...] Ce succès, obtenu par des vedettes tellement différentes des créateurs lui apporte la certitude que son théâtre lui survivra[alpha 33]. »

En septembre 1959 pour les tournées Karsenty, il débute les répétitions d'Oscar, une pièce de Claude Magnier créée à Paris l'année précédente avec Pierre Mondy et Jean-Paul Belmondo. À partir du 1er octobre, commencent les cent jours d’une tournée en province et en Afrique du Nord. Le succès est tel qu'on lui propose de reprendre la pièce à Paris en janvier 1961. D’abord hésitant, il accepte finalement[alpha 34]. La pièce est un énorme succès, et sur scène, il multiplie les improvisations et les prouesses physiques :

« Louis [de Funès] était carrément génial dans Oscar. Génial d'invention, de burlesque. Il avait amélioré le rôle[alpha 35]. »

 Pierre Mondy, créateur du rôle repris par de Funès.

L’acteur reprendra « ce rôle fétiche » dans l’adaptation cinématographique de la pièce réalisée par Édouard Molinaro en 1967, puis à nouveau sur scène au début des années 1970 dans une mise en scène de Pierre Mondy.

En parallèle, il continue à tourner au cinéma comme en 1961 dans un petit rôle de barman dans Le crime ne paie pas, le troisième film réalisé par Gérard Oury. Lors du tournage, alors qu'il tient le seul rôle comique du film, de Funès essaie de convaincre le réalisateur qu'il est fait pour tourner des films comiques : « Quant à toi, tu es un auteur comique, et tu ne parviendras à t'exprimer vraiment que lorsque tu auras admis cette vérité-là[alpha 36]. » La même année, il tient le double rôle des jumeaux Viralot, l'un chef du personnel et l'autre commissaire, dans La Belle Américaine de Robert Dhéry. L'année suivante, il incarne un restaurateur colérique et cupide face à Jean Gabin dans Le Gentleman d’Epsom de Gilles Grangier. En 1963, il retrouve la tête d’affiche avec Jacqueline Maillan dans Pouic-Pouic, l’adaptation par Jean Girault de la pièce de boulevard Sans cérémonie, qu’il avait écrite avec Jacques Vilfrid. De Funès avait participé à la création de la pièce en 1952  il tenait le rôle du maître d’hôtel incarné par Christian Marin dans le film  mais la pièce n’avait pas connu le succès. Finalement, malgré cet insuccès et les difficultés rencontrées par le réalisateur auprès des producteurs pour monter le projet autour de l'acteur[alpha 37], ce film lui permet de retrouver un large public et marque le départ de la seconde partie de sa carrière qui ne verra plus sa popularité fléchir.

Dans Oscar comme dans Pouic-Pouic, de Funès incarne un homme aisé et irascible, ayant des difficultés avec sa progéniture : il décline son « personnage fétiche inspiré du Pantalon » de la commedia dell'arte[alpha 38]. Il a alors créé son personnage comique : colérique, autoritaire, grimaçant, tout en énergie et « a gommé certaines outrances qui le parasitaient dans les années 1950[alpha 39]. »

Consécration

Louis de Funès dans Les Bons Vivants (1965).

Pouic-Pouic où de Funès incarne un boursicoteur harcelé par les histoires de famille et les péripéties domestiques, marque aussi le début de sa collaboration avec le réalisateur Jean Girault, également musicien[12], qui le fera jouer dans douze films : Pouic-Pouic (1963), Faites sauter la banque (1964), la série des Gendarme (six films entre 1964 et 1982), Les Grandes Vacances (1967), Jo (1971), L'Avare (1980) et La Soupe aux choux (1981). Malgré les réticences des producteurs qui auraient préféré Darry Cowl ou Francis Blanche[alpha 40], Girault impose de Funès dans le rôle de Ludovic Cruchot, le héros du Gendarme de Saint-Tropez. Le film rencontre un succès considérable et installe l’acteur en haut du box-office pour la première fois. À peine deux mois plus tard, de Funès triomphe à nouveau dans le rôle du commissaire Juve de Fantômas. Dans ce film, construit sur la double composition (Fantômas/Fandor) de Jean Marais dans le premier rôle, de Funès transfigure son personnage[n 5] et éclipse ses partenaires[13]. Pendant que les succès populaires s’accumulent, il tourne Le Corniaud, réalisé par Gérard Oury, et où il partage l’affiche avec Bourvil. La sortie du film en est un nouveau triomphe (près de douze millions de spectateurs). En 1966, il joue le rôle d'un directeur de restaurant dans Le Grand Restaurant, puis d'un chef d'orchestre tyrannique de la France occupée dans La Grande Vadrouille, de nouveau avec Bourvil comme partenaire et Oury comme réalisateur. Le film connaît un succès colossal et a longtemps détenu le record du plus grand nombre de places de cinéma vendues en France[n 6] (plus de 17 millions de spectateurs).

En , Louis de Funès acquiert le château de Clermont, situé au Cellier en Loire-Atlantique[14]. Il était la propriété de Charles Nau de Maupassant[n 7], époux d'une tante paternelle de Jeanne de Funès, et le couple de Funès y est souvent allé en vacances. Depuis la mort de sa tante en 1963, Jeanne de Funès avait hérité de la moitié du château en indivision[alpha 41]. Les négociations auprès des six autres cohéritiers pour acheter l'autre moitié échouèrent[alpha 42]. L'intégralité du domaine est finalement mise aux enchères le [alpha 42],[14]. Le notaire mandaté par Louis de Funès remporte les enchères pour 830 000 francs, soit à peu près ce qu'il peut toucher pour un film à la même époque[alpha 43]. Cette retraite bretonne lui permet de vivre au calme, loin des journalistes et des curieux, alors que sa vie quotidienne d'antan en région parisienne n'est plus permise depuis trois ans par sa notoriété envahissante[alpha 41],[alpha 42], [n 8]. De plus, il offre à son épouse le château de son enfance, elle qui a vécu ses années de précarité alors qu'elle venait d'un milieu bourgeois[15]. L'acteur se sépare de sa maison de campagne dans le Val d'Oise et de son appartement d'été à Hyères[alpha 45]. Le château, inhabité depuis six ans et délabré, nécessite deux ans de travaux et restaurations[alpha 42].

Louis de Funès dans Le Petit Baigneur (1968).

Dans cette ère de succès où Louis de Funès est quasi-continuellement présent dans les salles, des producteurs et distributeurs peu scrupuleux tentent de capitaliser sur sa nouvelle popularité en ressortant d'anciens films où il apparaît[alpha 46]. Poisson d'avril (1954) bénéficie ainsi d'une reprise, avec une nouvelle affiche sur laquelle son nom est placé au-dessus de celui de Bourvil, véritable star du film, alors que de Funès n'y est qu'un second rôle[alpha 46], pour laisser croire à une nouveauté du duo du Corniaud et de La Grande Vadrouille[alpha 47]. Louis de Funès s'en insurge dans un entretien au printemps 1968 : « C'est de l'escroquerie au public. Ça me rend furieux ». Il révèle d'ailleurs que le producteur du film lui doit toujours « 50 000 francs de l'époque »[alpha 46]. À l'été 1968, Une souris chez les hommes (1964), tourné après Pouic-Pouic et échec à sa sortie, sort sous un nouveau nom, Un Drôle de Caïd, et son affiche présente Louis de Funès comme l'unique vedette, alors que le film est mené par un trio qu'il compose avec Maurice Biraud et Dany Saval, laquelle était la véritable star en 1964[alpha 48],[16]. En , sortent en « exclusivité » Les Grands Seigneurs et Les râleurs font leur beurre, qui sont en fait les reprises sous de nouveaux titres des films Le Gentleman d'Epsom (1962), qui enregistre ainsi 500 000 entrées supplémentaires grâce à son affiche Gabin-de Funès, quelques mois après Le Tatoué[17], et Certains l'aiment froide (1959)[alpha 47],[alpha 49]. Aussi, à partir de 1969, Dans l'eau... qui fait des bulles ! (1961) connaît plusieurs nouvelles exploitations sous les titres Le garde-champêtre mène l'enquête, pour profiter du succès des films du Gendarme, et alors qu'il n'y a ni garde-champêtre, ni enquête dans le film[alpha 47], puis Le Poisson sifflera deux fois ![18]. Toujours en 1969, Les Tortillards (1960) ressort renommé Les tortillards sont là, avec le nom de l'acteur trônant au-dessus de ceux des têtes d'affiche de la sortie originale, Jean Richard et Roger Pierre[alpha 50].

Le cas le plus extrême est la sortie de Totò à Madrid (1958) sous le titre Un Coup fumant : le distributeur s'offre la Une du Film français comme publicité en , avec une affiche où seul de Funès apparaît  avec une photo récente, et non tirée du film, sur laquelle a simplement été ajoutée une moustache comme dans le film  et où les noms des véritables têtes d'affiche Totò et Abbe Lane sont reléguées en dessous du sien[alpha 48],[alpha 47]. De plus, le producteur italien Lux lance une procédure judiciaire pour « rupture abusive de contrat », car il n'a pas doublé le film en français comme il était prévu à l'époque[alpha 48], et réclame 1,5 million de francs de dommages-intérêts[alpha 47]. L'acteur répond en l'attaquant pour « interprétation malicieuse de contrat »[alpha 48]. La justice contraint le distributeur à n'utiliser que des images d'époque dans les publicités du film et à y indiquer la véritable date d'origine, et n'oblige pas de Funès à enregistrer de doublage en français[alpha 48]. La diffusion du film est finalement prévue à partir du mais ne semble pas avoir eu lieu[alpha 48].

Retour à Gérard Oury et au théâtre

Prévu depuis La Grande Vadrouille, La Folie des grandeurs de Gérard Oury doit marquer les retrouvailles de de Funès et Bourvil, mais la mort de ce dernier interrompt le projet. Simone Signoret suggère alors le nom de Yves Montand à Oury, qui réécrit alors son scénario[alpha 51].

La Folie des grandeurs est finalement tourné avec Yves Montand comme partenaire.

D'avril à a enfin lieu le tournage de La Folie des grandeurs, en Espagne[alpha 52]. Louis de Funès s'entend bien avec Yves Montand, qui a comme lui besoin de beaucoup de prises pour être bon, ce qui les fait travailler au même rythme[alpha 53]. Comme cela se passait avec Bourvil, ils élaborent parfois ensemble des idées de gags qu'ils soumettent ensuite à Oury[19]. Louis de Funès invente peu par rapport au scénario, dont il a de toute façon suivi l'ensemble de l'écriture[alpha 53]. Après ce tournage, l'acteur déclare n'avoir plus envie que de tourner avec Gérard Oury[alpha 53]. Dès lors, il prend un an de pause au cinéma[20], refusant certains films, réservant son énergie pour son retour au théâtre et le prochain projet qu'Oury lui prépare[alpha 54]. Il évoque aussi en interview un film qu'il réaliserait lui-même[20]. Sorti en décembre 1971, La Folie des grandeurs enregistre 4,7 millions d'entrées en un peu plus d'un an[21] et satisfait la critique[alpha 55].

Fin novembre 1971[22], au théâtre du Palais-Royal, il fait l’événement en reprenant Oscar, pour son grand retour au théâtre, neuf ans après La Grosse Valse[alpha 56]. Cette fois-ci, aucun metteur en scène ne peut s'opposer à sa nouvelle position de superstar, et la notoriété de la pièce s'est élargie avec les millions de spectateurs du film de 1967[alpha 57]. Il retrouve de précédents partenaires  Mario David, Germaine Delbat et Maria Pacôme  et Pierre Mondy, qui avait créé le rôle de Barnier et déjà dirigé de Funès, met en scène[alpha 57]. Avec l'expérience des précédentes représentations et du film, Louis de Funès allonge encore la pièce, qu'il joue presque chaque soir, par ses inventions[alpha 54]. Selon L'Aurore, « ce n'est pas une pièce mais plutôt un one-man-show »[alpha 57]. Mondy reconnaît que son rôle de metteur en scène était surtout « d'accorder la troupe à Louis », sans nullement le diriger[alpha 57]. La pièce est un triomphe critique et commercial[alpha 54]. La critique est aussi enthousiaste que dix ans plus tôt, louant l'abattage impressionnant de l'acteur sur scène[alpha 57]. Sur l'invitation de Claude Pompidou, il joue la pièce au palais de l'Élysée[alpha 54].

Bien qu'il ait déclaré ne vouloir plus tourner qu'avec Gérard Oury, Louis de Funès rencontre en 1972 le jeune Christian Fechner, producteur à succès des Charlots, qui s'avère être un grand admirateur[alpha 58]. Fechner lui propose de produire un film l'associant avec ses poulains, qui lui rendent visite dans sa loge d’Oscar[alpha 59]. Un projet intitulé Merci Patron, d'après leur chanson, est envisagé mais jamais réalisé[alpha 59],[23],[24]. Après une pause à l'été 1972, Oscar reprend une seconde saison, avec des changements dans la distribution : Maria Pacôme quitte son rôle, dépassée par les improvisations funésiennes qui la laissent de côté, et Olivier de Funès reprend le rôle de Christian Martin, sur l'insistance de son père, dans ce qui sera son unique expérience au théâtre et sa dernière d'acteur[alpha 60]. La dernière a lieu le , après plus de trois cents représentations en deux saisons[25].

Postiche de barbe, chapeau et papillotes portés par Louis de Funès dans Les Aventures de Rabbi Jacob. Exposé au musée de Louis.

À la sortie de La Folie des grandeurs, Gérard Oury lui a proposé un film sur l'intolérance, traitant du racisme et de la communauté juive française : Les Aventures de Rabbi Jacob[alpha 61]. Il est pour la première fois dans sa collaboration avec Oury l'unique rôle principal et tête d'affiche[alpha 62],[alpha 63]. Ambitieux, le film, tout en restant comique, doit délivrer un message humaniste, dans un contexte de montée des tensions israélo-arabes au Moyen-Orient, et aborde un sujet très polémique[alpha 64]. Louis de Funès s'investit énormément dans ce long tournage, de mars à juillet 1973, notamment pour d'éprouvantes séquences dans le chewing-gum et sur les tapis roulants de l'aéroport d'Orly[alpha 65], ainsi que celle du ballet hassidique[alpha 66], qu'il répète pendant deux semaines[alpha 67].

Il se lance ensuite durant l'été dans les répétitions de La Valse des toréadors de Jean Anouilh, à la comédie des Champs-Élysées[alpha 68]. Le dramaturge l'avait beaucoup apprécié dans sa pièce Ornifle en 1956, et avait tenté vainement de lui écrire une pièce pendant plusieurs années[alpha 69]. Il lui propose finalement de reprendre La Valse des toréadors, une pièce en laquelle il croit beaucoup mais qui avait été assassinée par la critique en 1952[alpha 69]. Le comédien accepte, désireux de reprendre le théâtre après le triomphe d'Oscar, et peu enthousiasmé par les scénarios de films qu'il reçoit au même moment[alpha 69]. Louis de Funès est dérouté par la manière dont Anouilh, qui met en scène sa pièce, dirige les répétitions, de façon trop distante, avec peu d'indications, données une fois la pièce entière jouée, alors que le comédien préfère la méthode de Raymond Rouleau de reprendre chaque réplique[alpha 70]. À l'approche de la première, il déclare ne pas savoir son très long texte  1 448 lignes sur les 2 752 de la pièce  et menace de ne pas participer à la première[alpha 70].

Le jeudi doit sortir en salles Les Aventures de Rabbi Jacob, dans un contexte très tendu, puisque la guerre du Kippour vient d'éclater une semaine plus tôt[alpha 71]. L'acteur et Gérard Oury assurent la promotion du film « presque comme si de rien n'était, insistant sur les valeurs d'humanité, de tolérance et de paix du film »[alpha 71]. Des débordements sont craints[alpha 72],[alpha 73]. Un hebdomadaire de la presse à scandale fait croire que Louis de Funès, sous le coup de menaces, est sous protection policière, en publiant une photo d'une scène du film où son personnage est aux côtés d'un CRS[alpha 74]. Alors que la projection privée pour les membres de l'équipe se déroule dans une ambiance pesante, sans rires, la première projection publique, tant redoutée, rassure l'acteur et Gérard Oury car les spectateurs rient du début à la fin, jusqu'à couvrir les dialogues[26],[cit. 5]. Néanmoins, la journée est aussi endeuillée par le drame du détournement d'avion mené contre la sortie du film[26],[alpha 74]. Les jours suivants, Louis de Funès est protégé discrètement par la police[alpha 74], à la demande d'Oury, qui recevait des menaces[alpha 72]. Les Aventures de Rabbi Jacob est un succès commercial, avec 6,3 millions d'entrées en un an[27]. Avec finalement plus de 7 millions de spectateurs, il domine le box-office des films sortis en 1973[alpha 75]. À l'exception des Cahiers du cinéma, la critique est unanimement enthousiaste[alpha 76].

Le 19 octobre 1973, lendemain de la sortie du film, a lieu la première de La Valse des toréadors[28],[alpha 77],[n 9]. Ce soir-là, la présence de Jean Anouilh dans le parterre décuple le trac de Louis de Funès, et il fait évincer l'auteur après le premier acte, en le cantonnant dans le foyer du théâtre[alpha 70]. Au cours des représentations, Louis de Funès allonge la pièce en accumulant les inventions, et l'amène à durer jusqu'après 23 h 30[alpha 75]. Le dramaturge, friand de ces ajouts, lui pardonne son comportement de la première[alpha 75]. La pièce est un succès[alpha 75]. La critique est élogieuse[28],[alpha 70]. Christian Fechner et Claude Zidi viennent lui proposer dans sa loge le projet de L'Aile ou la Cuisse, qui l'associerait au jeune Pierre Richard[alpha 59].

Sur les planches, Louis de Funès se dépense beaucoup et s'épuise[alpha 58]. À l'approche de la 200e, sa pression artérielle est inquiétante[alpha 58] et un « bleu » apparaît sur son bras, signe avant-coureur d'un infarctus[28],[cit. 6]. Alors que la fréquentation baisse, et bien que son contrat prévoit un minimum de deux cents représentations jusqu'en juin, l'acteur s'arrête après la 198e de La Valse des toréadors, jouée le [alpha 59] — sa dernière apparition au théâtre[28]. La relâche est d'abord annoncée comme exceptionnelle puis, sur avis médical, la pièce est définitivement interrompue[alpha 58]. Louis de Funès déclare à la presse : « Cette immense fatigue que j'ai dû surmonter, c'est une sonnette d'alarme. Il faut avoir la sagesse de l'écouter »[alpha 78].

Après Les Aventures de Rabbi Jacob, Gérard Oury propose en mars 1974 à l'acteur une nouvelle comédie sur l'intolérance, tournant en dérision les dictatures du monde d'alors, de droite comme de gauche : Le Crocodile[alpha 79]. Louis de Funès doit jouer le rôle d'un dictateur sud-américain ou sud-européen, « un petit colonel cupide, teigneux, couard avec des faiblesses : le fric, sa femme, son fils »[alpha 79]. Dictateur d'extrême-droite, il est renversé par un coup d'État ourdi par son épouse et le chef de sa police, puis parvient à reconquérir le pouvoir en créant une dictature d'extrême gauche[alpha 79]. L'acteur est enchanté par le projet[alpha 80]. Le contrat est signé en mai 1974 devant la presse[alpha 59]. Dès lors, et après l'épreuve de La Valse des toréadors, Louis de Funès se repose au château de Clermont, où il jardine beaucoup, et refuse d'entreprendre quoi que ce soit en prévision d'un tournage s'annonçant comme très physique, prévu pour commencer en mai 1975 en Grèce[alpha 81]. Il décline ainsi un cinquième Gendarme et la proposition de Raymond Rouleau de jouer Le Malade imaginaire au théâtre[alpha 82]. Il signe toutefois en le contrat pour L'Aile ou la Cuisse, sur lequel il ne pourra travailler qu'une fois Le Crocodile terminé[alpha 83].

Santé fragile

Après les alertes cardiaques de La Valse des toréadors, les assurances surveillent de près Louis de Funès, car une quelconque incapacité de remplir ses contrats les contraindrait à rembourser des sommes colossales aux producteurs montant des films sur son nom[alpha 84]. À l'approche du tournage physique du Crocodile, le comédien est donc soumis à de nombreux examens médicaux[alpha 85]. Un cardiologue ne s'alarme pas et diagnostique des douleurs pectorales dont il s'inquiète comme de l'aérophagie[alpha 85] : il juge Louis de Funès en état de tourner Le Crocodile, mais lui passe son numéro personnel « au cas où… »[alpha 85],[alpha 86],[alpha 81].

L'hôpital Necker à Paris, où Louis de Funès est soigné et subit son deuxième infarctus.

Trois jours après, le au matin[n 10], dans son appartement parisien, Louis de Funès subit un premier infarctus et est transporté à l'unité de soins intensifs de la clinique cardiologique des Drs Di Matteo et Vacheron à l'hôpital Necker, vers 7 h 30[alpha 87], où les médecins parviennent à le sauver[alpha 86],[n 11]. Toutes les issues de l'hôpital sont bouclées pour éviter la presse et ses photographes[alpha 85]. Un communiqué officiel rassurant est plus tard publié, expliquant que « L'évolution de l'affaire est favorable. Un repos strict et prolongé est cependant nécessaire. Par conséquent toute visite est actuellement interdite »[alpha 88]. Les médecins parlent d'un léger malaise cardiaque à la presse[alpha 81].

Le , alors que son état de santé semble s'être amélioré, il perd connaissance en pleine conversation avec son épouse : victime d'un deuxième infarctus, bien plus grave, il est sauvé in extremis, le manque de personnel présent en ce weekend de Pâques ayant failli lui être fatal[alpha 85],[alpha 88]. Malgré la sévérité de ces infarctus, Louis de Funès se rétablit rapidement[alpha 89]. Les cardiologues lui imposent un régime alimentaire drastique, sans graisse, sans sel, sans boisson alcoolisée ou caféinée, sans plats énergétiques[alpha 90],[alpha 91]. Surtout, ils lui ordonnent d'arrêter définitivement son métier[alpha 91], pour éviter les longues journées de tournage, sources de stress, et les épuisantes performances théâtrales[alpha 92]. Il accepte sans ciller ces ordres des médecins[alpha 92].

À sept semaines du tournage, Le Crocodile est reporté, dans l'attente de son éventuel rétablissement[alpha 93]. Le producteur Bertrand Javal doit essuyer des millions de francs de pertes et s'enquiert chaque jour au téléphone de son état de santé[alpha 93]. Les médecins consultent le scénario et le jugent trop physique pour Louis de Funès, réclamant trop de lieux de tournages différents, de scènes difficiles voire de cascades[alpha 93]. À la mi-avril, l'impression est pourtant donnée que le projet se poursuit toujours[29]. Jusqu'alors très amis, Louis de Funès et Gérard Oury s'éloignent progressivement l'un de l'autre, même si chacun déclare à la presse vouloir tourner à nouveau ensemble[alpha 90],[cit. 7]. Louis de Funès sort de l'hôpital Necker après deux mois[cit. 8], le , et part entamer sa convalescence dans son château, à base de lentes promenades et d'un peu de jardinage[alpha 81].

Ces infarctus sont paradoxalement pour Louis de Funès un soulagement[alpha 92]. Cet éloignement forcé du cinéma fait disparaître d'un coup ses angoisses sur la qualité de ses scénarios et son succès au box-office[alpha 92]. À l'hôpital puis durant sa convalescence, il affiche un bon moral et un calme qui surprennent ses proches[alpha 92]. Depuis des années, il supportait mal la dépense physique de son jeu au théâtre, le poids de porter à lui tout seul des films sur lesquels étaient investis des millions de francs, le milieu des producteurs et ses hypocrisies[n 12], la violence de la critique et la trop grande place de l'argent[alpha 92]. Il accueille donc favorablement, dans un premier temps, la décision des médecins d'arrêter sa carrière de comédien[alpha 92]. De toute façon, au vu de sa santé, il ne sera plus que très peu sollicité[alpha 95], étant imaginé trop diminué, voire mourant, par le milieu du cinéma[cit. 9].

« Je me revois dans l'ambulance. Une seconde avant, j'étais un homme crispé sur les recettes, sur les entrées, sur les contrats. Je ne connaissais que des gens d'argent qui ne pensaient qu'à l'argent. Moi, je ne parlais plus que d'argent. Et voilà que je tournais la page, d'un seul coup, définitivement. Je n'étais plus Louis de Funès, plus rien. Je savais, lumineuse évidence, que je ne me mettrais plus jamais en colère, surtout pour gagner ma vie. Ça roulait, je voyais le ciel, le haut des arbres, et j'entendais pin-pon, pin-pon. Je n'avais pas mal, ils m'avaient calmé avec de la morphine. (…) Quand ils m'ont annoncé : “il faut vous arrêter, à vie”, j'ai été ravi. Pris de légers tremblements de joie. Ah ! je vais aller voir mes carottes et mes salades ! Ah ! les petits oiseaux, la pêche à la ligne ! Le soir, tout de même, j'ai eu un coup de blues. Et puis, ça s'est terminé là. Puisque c'était fini, c'était fini. »

 Louis de Funès racontant son infarctus à Danièle Heymann de L'Express, lors de la promotion de L'Aile ou la Cuisse en 1976[alpha 92],[32].

Le château de Clermont au Cellier, propriété de Louis de Funès depuis 1967, où il se repose et jardine entre ses films, et après ses deux infarctus.

Il retourne à l'hôpital Necker pour un séjour pour examens, qui s'achève début juillet 1975[alpha 93]. C'est là qu'il est victime d'une tentative d'escroquerie : le , un représentant de la société qui produit Le Crocodile, y vient lui faire signer ce qu'il présente comme « des papiers pour la compagnie d'assurances » ; le document est en fait un nouveau contrat, qui stipule que si Louis de Funès meurt avant la fin de l'année 1976, le producteur toucherait 6,75 millions de francs des assurances[alpha 93]. L'acteur ne se rend compte de la supercherie que quelques jours plus tard, en étudiant le double des pièces, et porte plainte pour extorsion de signature et escroquerie[alpha 93]. Ces manigances finissent de le persuader qu'il est mieux qu'il s'éloigne du cinéma[alpha 92]. Il est annoncé plusieurs jours après qu'il ne tournera pas Le Crocodile, sur l'avis des médecins[alpha 93].

Louis de Funès reste de nouveau pendant plusieurs mois au Cellier, à s'occuper de son jardin[alpha 92]. Son régime strict l'amaigrit et l'affaiblit[alpha 96]. Un ami médecin de son fils Patrick lui préconise un régime moins lourd à supporter, qui le rend en meilleure forme[alpha 91]. À l'automne 1975, il ré-apparaît à Paris lors de premières de théâtre ou de spectacles d'amis[alpha 92]. Il commence à avoir la nostalgie de la scène et l'envie de tourner un nouveau film[alpha 92],[alpha 97]. Au cours de l'hiver, la déprime le gagne[alpha 92],[alpha 97].

Retour sur les écrans

S'il reprend la comédie, il doit néanmoins ralentir son rythme de travail et renoncer définitivement à sa carrière théâtrale, incompatible avec son état[alpha 98]. Sa carrière au cinéma est compromise car, outre sa condition physique amoindrie, les risques de rechute font que les assureurs ne veulent plus prendre le risque de le couvrir pour un film. Déterminé, le producteur Christian Fechner réussit finalement à obtenir un accord pour une assurance de onze semaines et prend le risque de produire L'Aile ou la Cuisse avec seulement une partie du tournage assurée[2]. Pour le grand retour de Louis de Funès, Christian Fechner aurait souhaité donner le rôle principal, celui de son fils Gérard, au nouveau comique montant du cinéma français : Pierre Richard. Mais celui-ci revient sur son accord après avoir lu le scénario [33] et c'est Coluche qui partagera l'affiche avec de Funès. Son régime drastique explique son amaigrissement, son vieillissement, son état diminué, visibles à partir de ce film[alpha 99]. Louis de Funès appréhende son comique d'une nouvelle manière, parce que, reconnaît-il « […] Je ne peux plus faire de la brutalité. Cette brutalité, cette colère est un produit que j'avais fabriqué pour un rôle et tous les metteurs en scène m'ont demandé ce produit […] Désormais, ce comique ne m'intéresse plus »[2],[34]. Lorsque le film sort le , le public français plébiscite son retour – avec presque six millions d’entrées. Au sujet de cette période, le biographe Bertrand Dicale conclut : l’infarctus subi par l’acteur « signe la fin d’un certain âge d’or, même si commercialement ses derniers films sont des succès absolument gigantesques »[35].

Louis de Funès et le réalisateur Jean Girault tournant Le Gendarme et les Extra-terrestres près de la gendarmerie de Saint-Tropez en 1978.

Christian Fechner annonce pour 1977 un projet avec Robert Dhéry, intitulé Une pie dans l'poirier, qui ne voit jamais le jour[30],[36]. L'acteur continue à tourner, à un rythme beaucoup moins soutenu, dans La Zizanie avec Annie Girardot en 1978 ou Le Gendarme et les Extra-terrestres en 1979. À chaque tournage, Christian Fechner impose la présence d'un service de secours, toujours proche du plateau, avec un cardiologue, une équipe de réanimation et une ambulance[23].

En 1980, le comédien réalise son vieux rêve d'adapter au cinéma une pièce de Molière et d'en réaliser une version à son image. Mais L’Avare présenté sur les écrans ne rencontre qu’un modeste succès auprès du public (en 1964 déjà, il avait enregistré sur un disque 33 tours six textes de pièces de Molière, dont des extraits de L'Avare, et dix fables de Jean de La Fontaine).

Le , lors de la 5e cérémonie des César, un mois avant la sortie en salles de L'Avare, Louis de Funès reçoit un César d'honneur pour l'ensemble de sa carrière[37], des mains de l'acteur comique américain Jerry Lewis[38]. La décision de l'Académie des arts et techniques du cinéma a été influencée par le fait qu'il se soit lancé dans la réalisation d'un film et parce que le projet de L'Avare symbolise l'union attendue du théâtre classique de Molière et du cinéma comique français populaire[39], déjà saluée par le ministre de la Culture Jean-Philippe Lecat lors d'une visite sur le tournage[alpha 100]. Un extrait du film est projeté après que l'acteur a reçu sa récompense[38],[alpha 101],[alpha 102]. Claude Gensac raconte que l'acteur était au départ opposé à recevoir cette récompense et n'a accepté qu'après avoir été convaincu par son producteur Fechner puis d'autres amis[alpha 103].

En hommage à Jean Gabin, mort en 1976, Louis de Funès initie la création du prix Jean-Gabin, qui est décerné de 1981 à 2008[alpha 104].

Plus tard, un de ses fils lui conseille de lire le roman de René Fallet La Soupe aux choux qui, selon lui, a le potentiel de « faire un bon film ». Une adaptation au cinéma est tournée en compagnie de Jean Carmet et de Jacques Villeret, qui connaît un beau succès au box-office (3 093 319 entrées[40]).

Le Gendarme et les Gendarmettes est son dernier film.

Derniers mois

Après Le Gendarme et les Gendarmettes, de nouveaux projets attendent Louis de Funès, dont la carrière semble loin d'être terminée, bien qu'il soit affaibli. Malgré la mort de Jean Girault, un septième Gendarme est envisagé. Richard Balducci imagine notamment plusieurs idées de suites dans la veine science-fiction du cinquième film[41],[42]. Le biographe Bertrand Dicale explique que, bien que Girault soit mort, la série de films pourrait se prolonger autant que Louis de Funès le désire, qu'il serait légitime de tourner autant de nouvelles suites qu'il veut[43], ce que conçoit aussi Michel Galabru[alpha 105].

D'autre part, pendant le tournage du Gendarme et les Gendarmettes en , il déclarait dans un entretien rêver de reprendre Oscar pour une centaine de représentations avant la fin de l'année[alpha 106],[alpha 107]. Il expliquait aussi avoir envie d'adapter le roman Les Morticoles de Léon Daudet, dans un film qu'il verrait bien réalisé par Georges Lautner ou Robert Hossein[alpha 107]. Également, pendant la postsynchronisation du sixième Gendarme, il avait croisé dans les studios Gérard Oury, qui dirigeait alors celle de L'As des as, et tous deux ont discuté du Crocodile, allant même jusqu'à être tentés de relancer le projet[alpha 107]. D'autres projets sont évoqués comme un film réalisé par Patrice Leconte, un nouveau film avec Coluche ou encore un film avec la chanteuse Chantal Goya[alpha 108],[44].

Trois semaines avant sa mort, il vient deux jours à Paris et assiste à une représentation de la pièce Papy fait de la résistance de Christian Clavier et Martin Lamotte au théâtre du Splendid, avec Christian Fechner qui veut en faire un film avec lui[alpha 107]. Le producteur tient à ce qu'il tourne avec de nouveaux jeunes comiques, pour réitérer la réussite qu'avait été L'Aile ou la Cuisse avec Coluche[alpha 107]. La pièce plaît à l'acteur et il rencontre la troupe après le spectacle pour parler de l'idée de film[alpha 107]. Christian Clavier se souvient : « dans le hall du théâtre du Splendid, il nous campe en trois minutes sa version du Feldmarschall Ludwig von Apfelstrudel, complètement cauteleux et les pieds entravés. Je le revois avec son loden vert et ses yeux d'un bleu intense, j'étais fasciné »[45]. Le second soir, Fechner l'emmène à un spectacle du Grand Orchestre du Splendid[alpha 107]. Ces deux soirées l'ont rendu heureux selon Fechner, qui pense qu'il a apprécié de rencontrer cette jeune génération qui l'admire et désire travailler avec lui ; il se souvient d'un de Funès « d'une forme éblouissante » et « extraordinairement drôle » ces deux soirs[alpha 109]. Il donne son accord de principe pour Papy fait de la résistance[46], lançant le projet, mais demande à ce que son rôle soit réduit afin de ne pas fatiguer son cœur[47].

La tombe de Louis de Funès au Cellier, en 2006.

En , après les vacances scolaires de Noël, Louis de Funès part en famille quelques jours à la montagne, mais l'altitude le fatigue beaucoup, il doit retourner au Cellier. Dans la soirée du , il se couche très fatigué. En réalité victime d'un nouvel infarctus, il est emmené d'urgence en ambulance au Centre hospitalier universitaire de Nantes où il meurt à 20 h 30[cit. 2].

Le Parisien libéré et Presse-Océan ont le temps de refaire leur une du lendemain sur sa mort, probablement averti par un personnel hospitalier, tandis que Libération publie une brève[48],[alpha 110],[n 13]. Le lendemain, et le surlendemain pour le reste de la presse, tous les médias font leur une sur ce qui est vécu comme un drame national[49]. Jeanne de Funès et ses deux enfants ne reçoivent aucune visite, et les gendarmes du Cellier gardent les abords du château de Clermont[50]. Alors en tournée, Michel Galabru intervient en duplex de Rennes, très ému, dans le journal Antenne 2 Midi, et parle de son partenaire à l'écran comme d'« un frère », raconte sa drôlerie et le qualifie de « comique national », tout en rappelant sa popularité en dehors des frontières[51]. Coluche, son partenaire de L'Aile ou la Cuisse, est l'invité de Christine Ockrent dans le journal de 20 heures d'Antenne 2[52].

L'ancien président Valéry Giscard d'Estaing et son épouse lui rendent hommage[52]. Le ministre de la Culture, Jack Lang, déclare que « le plus bel hommage qui sera rendu à Louis de Funès sera celui d'un très grand nombre d'anonymes qu'il continuera, par delà la mort, d'amuser et de divertir »[alpha 110]. Le Premier ministre, Pierre Mauroy, envoie une longue lettre de condoléances à la famille de Funès[alpha 111]. Georges Marchais adresse, au nom du Parti communiste français, ses condoléances à Jeanne de Funès[alpha 110].

Bien que les obsèques soient prévues « dans la stricte intimité », plus de 3 000 personnes sont présentes le samedi dans l'église Saint-Martin du Cellier, bondée, alors que le village du Cellier a moins d'habitants[alpha 112],[alpha 113]. À l'inverse, peu de personnalités ont fait le déplacement, alors que les enterrements de célébrités en rassemblent d'habitude beaucoup[alpha 112]. Seuls des compagnons de jeu comme Michel Galabru, Jean Carmet[53], et Colette Brosset, ainsi que les producteurs Christian Fechner et Gérard Beytout et le compositeur Raymond Lefebvre sont aperçus[alpha 112],[alpha 113]. Anne-Aymone Giscard d'Estaing est aussi présente, en remerciement du soutien de l'acteur lors de la campagne de 1981[alpha 112],[53]. Il est inhumé au cimetière du Cellier[53], sa tombe orientée vers le jardin de son château[alpha 112].

La télévision française lui rend hommage en bouleversant ses programmes : TF1 re-diffuse La Zizanie le soir du 30 janvier, Antenne 2 Le Corniaud le et FR3 annonce la première diffusion de L'Avare pour le mois de mars[alpha 110]. Les témoignages continuent encore pendant plusieurs jours dans les médias[alpha 112]. Le , l'émission Aujourd’hui la vie est consacrée à Louis de Funès : la présentatrice Nicole André invite notamment Claude Gensac, Marthe Mercadier, Daniel Gélin, Robert Dhéry et Christian Marin pour parler de l'acteur[54],[55].

Malgré sa mort, Christian Fechner poursuit le projet de Papy fait de la résistance. Le rôle prévu pour Louis de Funès n'était pas encore vraiment fixé, Jean-Marie Poiré expliquant qu'« il est mort alors que nous n'en étions qu'à l'élaboration des personnages, qu'il n'y avait pas deux lignes de dialogue écrites »[alpha 108]. Les scénaristes envisageaient notamment pour lui, entre autres, le rôle de « Papy » ou celui du demi-frère d'Hitler[47],[alpha 108]. Pour pallier la disparition de l'acteur, Fechner parvient à distribuer tous les rôles à des acteurs connus, en plus de ceux du Splendid, formant ainsi une distribution « all-stars », tels Le Jour le plus long (1962) ou Paris brûle-t-il ? (1966)[47], avec de nombreux comédiens ayant tourné avec Louis de Funès comme Michel Galabru, Jacqueline Maillan, Jacques Villeret, Julien Guiomar et Jean Carmet[alpha 108]. Papy fait de la résistance, sorti en , est un succès avec plus de quatre millions d'entrées[alpha 108],[47]. Le film est dédié à Louis de Funès[alpha 108], car il a permis le lancement du projet[47].

Mariages et enfants

Le , Louis de Funès épouse à Saint-Étienne sa première femme, Germaine Carroyer (1915-2011)[n 14]. Un enfant, Daniel (1937-2017), naît de cette union[56]. Le couple se sépare en , après trois ans de mariage, mais le divorce n’est prononcé que le [57].

Louis de Funès et son fils Olivier lors du tournage de L'Homme orchestre en 1970.

Louis de Funès se remarie le dans le 9e arrondissement de Paris, avec Jeanne Augustine Barthélemy, dite « Nau de Maupassant » (Nancy, - Ballainvilliers, ), nièce de Charles Nau de Maupassant (sans lien de parenté avec l’écrivain Guy de Maupassant). Le couple habite alors un petit deux-pièces au 42 rue de Maubeuge. Le , naît son deuxième fils, Patrick et, le , le troisième, Olivier, qui tiendra six rôles aux côtés de son père au cinéma : Fantômas se déchaîne, Le Grand Restaurant, Les Grandes Vacances, L'Homme orchestre, Sur un arbre perché, Hibernatus et un rôle au théâtre dans Oscar.

Jeanne va devant la caméra en 1962 pour jouer son épouse dans Nous irons à Deauville. Elle conseille par ailleurs souvent son mari dans le choix de ses films, négocie ses cachets, discute parfois avec ses réalisateurs, créant des exaspérations. Sur le tournage de La Grande Vadrouille, Bourvil serait intervenu pour lui interdire le plateau. C’est elle qui choisit Claude Gensac pour jouer à l’écran l’épouse de Louis de Funès. L’actrice avait dit à propos de Jeanne : « Je pense que seule sa femme pouvait le gérer et le calmer. Elle l’a beaucoup soutenu »[58]. Néanmoins, il aurait entretenu une liaison régulière avec Macha Béranger durant les treize dernières années de sa vie[59],[alpha 114].

Selon son biographe Jean-Jacques Jelot-Blanc, « Dans sa vie privée, Louis de Funès n'était pas très drôle. Et ses compagnons de cinéma, acteurs, producteurs, ne l'aimaient pas beaucoup, mais il avait le public avec lui. De Funès était très timide et surtout très économe. Après une journée de tournage, il n'allait pas faire la fête avec les autres, il aimait cultiver ses roses et son potager. Cela s'explique notamment par son succès tardif.[…] Cela lui vaudra beaucoup de mépris de la part de certains acteurs, comme Jean Marais »[60].

Convictions religieuses et politiques

Fervent catholique[alpha 115], Louis de Funès est très pratiquant et possède, selon son confesseur, « une foi profonde[61] ».

Ses idées politiques sont proches de celles du gaullisme[alpha 115]. Homme de droite[62], il déclare beaucoup aimer Charles de Gaulle ainsi que Georges Pompidou, et avoir apprécié dans sa jeunesse la CGT et les réformes du Front populaire lorsque ont été accordés les premiers congés payés[alpha 116]. Plusieurs sources d'extrême droite lui ont prêté des idées royalistes et traditionalistes, mais, s’il admirait le roi Louis XVI  il lui arrive d'assister à la messe annuelle commémorant son exécution , il n’était pas royaliste[alpha 117].

Olivier de Funès raconte qu'en mai 68, son père s'intéresse peu au mouvement social, mais « trouve sympathique que des jeunes manifestent leurs griefs à l'égard des hommes politiques », qu'il n'apprécie pas ; il est en revanche effrayé par « la chasse aux sorcières qui se profile », « n'admet pas que des professeurs d'université, des journalistes ou même des patrons d'entreprise paient les pots cassés », fait souvent référence à la Terreur, et se moque de certains tribuns de la contestation[alpha 118]. Il a plus tard un regard amer sur les évènements : « Ça m'a flanqué un coup, mai 68. On a voulu tout transformer, tout libérer, redevenir jeune »[alpha 119].

Pour Louis de Funès, les grèves et révoltes de mai 68 se traduisent par l'arrêt progressif du tournage du film Le Gendarme se marie[alpha 120]. Alors que, par solidarité avec les autres grévistes français, les techniciens se retirent peu à peu, l'acteur continue pourtant de se présenter au maquillage chaque jour, pour marquer son opposition, n'étant préoccupé que par son film[alpha 121],[alpha 120]. Le Syndicat français des acteurs lui enjoint de faire grève[alpha 120]. La plupart des tournages en France, français ou étrangers, sont déjà interrompus, paralysés par les grèves ou par les pénuries d'essence. Ne parvenant pas à le convaincre d'arrêter le travail, Jean Girault fait appel à Daniel Gélin, alors en vacances à Saint-Tropez[alpha 120]. Cet acteur, ami de Louis de Funès, lui fait remarquer que l'ensemble de l'équipe technique du film est de toute façon déjà à l'arrêt, qu'il se couvre de ridicule, et qu'il est possible que la gauche arrive au pouvoir en l'absence du général de Gaulle : « Si la gauche prend le pouvoir, ce sera comme l'épuration. Tu t'en souviens… Et tu seras montré du doigt ! »[alpha 120]. Louis de Funès cesse de travailler le 24 mai[alpha 120]. Jean Girault a raconté que l'acteur, très inquiet, lui avait révélé l'emplacement d'un coffre contenant une grosse somme d’argent qu'il aurait enterré dans les jardins de son château, et qu'il lui demandait de remettre à sa femme et ses enfants au cas où cette révolte lui coûtait la vie ; une fois l'ordre revenu et les transports rétablis, l'acteur est retourné un week-end au Cellier et a déplacé son trésor[alpha 121]. Le tournage du Gendarme se marie ne reprend que le 6 juin, après un vote à bulletins secrets de l'équipe[alpha 122].

Malgré ses opinions, il a des rapports cordiaux avec des personnalités de gauche. Lors du tournage de La Folie des grandeurs, l'acteur s'entend parfaitement avec Yves Montand mais évite le sujet politique, Patrick de Funès expliquant que « Montand était obnubilé par une rhétorique socialo-communiste hermétique au commun des mortels : « Le pire, c'est qu'il est sincère, il y croit à ses histoires, disait mon père. C'est vraiment casse-bonbons ». »[alpha 123]. Durant son long séjour à l'hôpital après son double infarctus en 1975, Louis de Funès échange longuement avec Georges Marchais, secrétaire général du Parti communiste, lui aussi victime d'un infarctus la même année[alpha 81],[alpha 111]. Néanmoins, Michael Lonsdale raconte que sur le tournage d'Hibernatus en 1969, Jeanne de Funès cherchait à connaître les opinions politiques de tous les membres de l'équipe pour s'assurer qu'il n'y ait pas de gens d'extrême gauche, de communistes[63],[64],[65].

Louis de Funès n'affiche pas publiquement ses opinions, jugeant qu'un acteur ne doit pas s'engager politiquement ; mais en 1981[alpha 124], alors que la droite semble sur le point de perdre le pouvoir, il apporte pour la première fois son soutien à un homme politique[alpha 125],[alpha 121]. Avec des artistes comme Brigitte Bardot et Alain Delon, il fait ainsi partie des acteurs appelant à voter pour Valéry Giscard d'Estaing lors de l'élection présidentielle[66],[n 15]. Il participe notamment à une réunion publique pour la réélection du président pendant l'entre-deux tours, le , sous le chapiteau de la porte de Pantin[alpha 126]. Selon Patrick de Funès, il aurait soutenu Giscard pour s'attirer les bonnes faveurs de Marcel Dassault pour la carrière de pilote de son fils Olivier, qui ne trouvait alors pas de travail, mais avait fait là une erreur puisque l'avionneur était le soutien de Jacques Chirac[68]. Bien que n'appréciant pas le nouveau président socialiste, François Mitterrand, qu'il trouve dédaigneux[alpha 111], il est ému par l'abolition de la peine de mort[alpha 125]. En 1982, lors d'une interview croisée avec Coluche, il déclare qu'il aurait voté pour lui s'il avait maintenu sa candidature à l'élection présidentielle[alpha 127].

Travail d'acteur

Inspirations

Certains de ses films se fondent sur des sujets d'actualité, comme l'antisémitisme en France dans Les Aventures de Rabbi Jacob, l'émergence de la nourriture industrielle et de la malbouffe dans L'Aile ou la Cuisse ou encore la pollution et la surproduction industrielle dans La Zizanie[68].

Art du comique

Dessin figurant Louis de Funès dans une de ses mimiques.

Selon le comédien Dominique Zardi, le « roi des troisièmes couteaux »[cit. 10] avec plus de cinq cents films à son actif dont une dizaine aux côtés de Louis de Funès, ce dernier était un acteur déjà très perfectionniste à ses débuts : il déclare à son sujet que « c'est d'ailleurs pour ça que beaucoup de gens l'ont considéré comme un voleur de rôles car dès qu'il apparaissait à l'écran, c'était fini, il emportait tout et on ne voyait que lui »[69].

Les critiques de cinéma sont partagés sur son talent, certains louent le « comique complexe » du numéro 1 du « comique à la française »[49], même si d'autres considèrent très dommageable que, comme d'autres grandes vedettes françaises, hormis pour quelques films comme L'Avare, il n'ait « pas toujours [eu] la main heureuse dans le choix de [ses] metteurs en scène »[49]. Pierre Bouteiller, critique sur France Inter, relativise cela en rappelant qu'« on allait voir un film de de Funès, on n'allait pas voir un film avec de Funès[49] ». Jean-Louis Bory méprise le cinéma « franchouillard » de Louis de Funès et ses « films dont on dit qu'ils sont hilarants. Comme les gaz. Et qu'on projette, comme il est naturel, dans des chambres à gaz camouflées en salles de cinéma : les gens n'y voient que du feu et ils s'y précipitent, les malheureux[alpha 128] ». Le basculement de beaucoup de critiques a lieu pour La Grande Vadrouille. Henry Chapier, pourtant peu suspect de tendresse à l'égard du cinéma dit « commercial », aime ce « conte féerique et burlesque » : pour lui, « La Grande Vadrouille est au cinéma de divertissement ce que Pierrot le fou est au cinéma d'art et d'essai[alpha 129] ».

Louis de Funès a su marier dans son jeu cinq formes comiques qui ont fait son succès : le comique de gestes, le comique de situation, le comique de langage, le comique de caractère, le comique de répétition[70].

Les capacités du comédien à mimer et à faire des grimaces sont les principaux aspects de son humour. Beaucoup de ses mimiques et grands gestes sont très proches des gags de dessins animés, c'est le cas notamment dans Oscar, dans la fameuse scène de l'énorme crise de nerfs, quand par exemple il tire sur son nez comme si c'était un élastique et quand il le relâche il reçoit un coup en pleine figure, et on pourrait en citer bien d'autres de cette même séquence. Ces gags de dessins animés apparaissent également dans La Folie des grandeurs, entre autres dans la scène du bain, où Yves Montand fait passer la serviette par les oreilles de Louis de Funès. Le mime est pour lui essentiel pour ponctuer ses mots : « Quand on décrit une forme de bouteille avec ses deux mains, expliquait-il en joignant le geste à la parole, la bouteille est là, on la voit. Elle flotte un instant dans l’espace, même quand le geste est terminé. »[alpha 130] Il joue aussi beaucoup sur la répétition dans une scène de ses gestes ou paroles. De plus, le ressort de son humour est aussi capté dans le caractère excessif des sentiments et émotions qu’il exprime, que ce soit la peur ou le désespoir – feint ou réel – de son personnage. Il excelle en particulier dans l’expression de la colère : grognements, bruits de la bouche, gifles répétitives sur les autres personnages, grands gestes, etc. Ses rôles se prêtaient volontiers à ce jeu : ses personnages sont souvent hypocrites, antipathiques, sans être, la plupart du temps, méchants ou incapables de rédemption. De Funès disait que rien ne le faisait plus rire, dans la vie courante, qu’une personne en engueulant une autre, sans que cette dernière puisse répliquer. Il évitait les ressorts sentimentaux. Ainsi il n'a donné que trois baisers de cinéma de toute sa carrière : le premier dans le film le Dortoir des grandes d’Henri Decoin où il embrasse l'actrice Line Noro sur la bouche[alpha 131],[n 16] ; le deuxième dans Comme un cheveu sur la soupe dans la scène finale où il demande à Noëlle Adam qui l'a embrassé sur la joue de l'embrasser sur la bouche ; enfin dans La Zizanie, où de Funès et Annie Girardot se font un bref baiser.

« Personnage autoritaire et colérique, petit, trépignant et fébrile (un faciès grimacier et mobile au sein duquel le nez qui tombe dans la bouche est toujours en mouvement). C'est le réactif par excellence. Il dépense des énergies sans la moindre efficacité (va dans tous les sens, conspire, gratte, chatouille) (…) Il est toujours prêt à exploser mais sa colère est finalement rentrée, étouffée, refoulée à l'instant où on s'attend à ce qu'elle déclenche un orage. C'est la colère impuissante. En ce sens, il représente l'impuissant type, il est le signe agité du refoulé. Voir aussi tous les signes d'agression physique sur sa personne : pincements, étirement du nez, des oreilles, doigts dans les yeux, coup au front du plat de la main… »

 Richard Demarcy, Éléments d'une sociologie du spectacle[alpha 132].

Sa petite taille (1,64 m)[71] contrastait avec celle de ses partenaires plus grands (par exemple Bourvil avec 1,70 m, dans la moyenne nationale, et Yves Montand qui s'approchait des 1,85 m) et ajoutait un autre élément comique au personnage.

Évolution de son jeu d'acteur et « personnage »

Analysant la filmographie funésienne, Claude Raybaud considère que Louis de Funès interprète un « personnage de cinéma » bien défini qu'il reprend de film en film, avec des variations. Dans L'Avare, le rôle d'Harpagon lui permet de retrouver des attitudes d'autorité et de cynisme déjà présentes dans son personnage, et de forcer sur son aspect colérique et intraitable, mais l'empêche toutefois de se montrer tendre ou peureux comme peuvent l'apparaître à certains moments ses personnages[alpha 133].

Art du déguisement

Le chapeau à pompons vert de Don Salluste dans La Folie des grandeurs.

Même s’il n’a pas souvent eu l’occasion d’y recourir dans les nombreux films auxquels il a participé, de Funès portait volontiers des déguisements pour accentuer, parfois jusqu’à l'outrance, les situations comiques dans lesquelles il faisait évoluer ses personnages[72].

On peut retenir parmi tous ces déguisements et caricatures : son déguisement en poète maniéré portant une perruque dans Le Grand Restaurant, en femme voilée, en général et en Thierry la fronde dans Le Gendarme de Saint-Tropez, en Chinois et en policier américain dans Le Gendarme à New York, en marin, en buisson et en hippie dans Le Gendarme en balade, en religieuse dans Le Gendarme et les Extra-terrestres, en gendarmette dans Le Gendarme et les Gendarmettes, en pirate, en évêque et en colonel de l'armée italienne dans Fantômas se déchaîne, en Écossais portant le kilt et en fantôme dans Fantômas contre Scotland Yard, en marinier belge[n 17] dans Les Grandes Vacances, en kayakiste dans Le Petit Baigneur sans oublier les costumes de la Belle Époque dans Hibernatus, en mécanicien dans Le Corniaud, en soldat allemand au casque trop grand dans La Grande Vadrouille, en Grand d'Espagne et en dame de la cour dans La Folie des grandeurs, en rabbin hassidique dans Les Aventures de Rabbi Jacob, en vieille femme, en Américain et en chauffeur dans L'Aile ou la Cuisse, en Harpagon dans L'Avare (avec sa coiffe et sa queue en plumes de paon) mais on retiendra avant tout son déguisement de gendarme dans la série du Gendarme[73].

Duos célèbres

Le talent du comédien fonctionnait bien dans le cadre de duos réguliers ou occasionnels avec des acteurs très divers. Claude Gensac, connue pour le surnom que Cruchot lui donne dans la série des Gendarmes : « Ma biche », fut la complice féminine des personnages de de Funès ; elle a souvent joué sa femme à l’écran, à tel point que beaucoup de Français croyaient (et croient encore) que Claude Gensac était aussi sa femme dans la vie[alpha 134]. Elle a en fait joué avec lui dans onze films répartis sur une période de trente ans. Ils font connaissance au début de l'année 1952 lorsqu'elle est encore fiancée à Pierre Mondy, le partenaire de de Funès dans la pièce La Puce à l'oreille. Lors de leur première rencontre effective au cinéma (fin 1952 dans La Vie d'un honnête homme, un mois après leur confrontation théâtrale dans Sans cérémonie), et alors qu'ils forment un duo de serviteurs, elle apparaît à demi-dénudée sous la main baladeuse de Michel Simon.

L'acteur a aussi beaucoup joué avec Michel Galabru, son supérieur dans la série des Gendarmes, en lui servant de faire-valoir burlesque. Plusieurs scènes de La Folie des grandeurs sont restées célèbres, comme le réveil avec les rimes en « or » ou le nettoyage des oreilles[74],[75],[alpha 135], et font tout de suite penser à Yves Montand. Louis de Funès a aussi joué de célèbres scènes avec Coluche dans L'Aile ou la Cuisse. Mais son duo le plus marquant est celui formé avec Bourvil dans Le Corniaud et surtout dans La Grande Vadrouille[alpha 136].

Michel Galabru (ici en 1978, sur le tournage du Gendarme et les Extra-terrestres), un des partenaires réguliers de Louis de Funès.

Il a aussi joué avec son fils, Olivier de Funès, dans Les Grandes Vacances, L'Homme orchestre, Le Grand Restaurant, Sur un arbre perché, Fantômas se déchaîne et Hibernatus. D'autres acteurs ont joué plusieurs fois avec lui, comme Bernard Blier (Les Hussards, Jo et Le Grand Restaurant), Jean Gabin (Le Tatoué, La Traversée de Paris et Le Gentleman d'Epsom), Jean Marais (Le Capitaine Fracasse, Fantômas, Fantômas se déchaîne et Fantômas contre Scotland Yard), Maurice Risch (Les Grandes Vacances, Le Grand Restaurant, La Zizanie et certains épisodes du Gendarme de Saint-Tropez), Michel Simon (La Vie d'un honnête homme)… Il fut également aux côtés de Fernandel dans Le Mouton à cinq pattes, Mam'zelle Nitouche et Boniface somnambule au cinéma[n 18], ainsi que sur disque dans Un client sérieux de Georges Courteline en 1954. Il a également joué avec le duo Guy Grosso et Michel Modo dans La série des Gendarmes ou encore Le Grand Restaurant et aussi dans des films où les deux acteurs jouent des rôles secondaires comme Le Corniaud, La Grande Vadrouille, L'Avare, etc. Second rôle connu, Noël Roquevert est l'acteur ayant le plus tourné avec Louis de Funès, dans vingt-trois films.

Sens artistique et musical

Selon Colette Brosset[76], Louis de Funès avait « la musique et la danse dans la peau ». Sa capacité à assimiler et à servir une chorégraphie était étonnante[cit. 11]. Ses arabesques font merveille[alpha 137] dans des films comme Ah ! les belles bacchantes, Le Grand Restaurant, L’Homme orchestre ou Les Aventures de Rabbi Jacob. Dans Taxi, Roulotte et Corrida, il exécute un flamenco. Perfectionniste, il indiquera au sujet de sa célèbre prestation de danse hassidique :

« Il faut que je danse aussi bien que les danseurs juifs. L'effet comique ne vient pas du ridicule, au contraire[alpha 138] ! »

 Louis de Funès

Ses talents de pianiste apparaissent également dans les films suivants : Comme un cheveu sur la soupe de Maurice Regamey, Je n’aime que toi, de Pierre Montazel, Frou-Frou, d'Augusto Genina, ou encore Ah ! les belles bacchantes, de Jean Loubignac (avec Francis Blanche au chant, dans Chanter sous le soleil, des célèbres Bouvart et Ratinet). Travailleur acharné, par respect pour les artistes professionnels, il préfère éviter paradoxalement le piano loisirs[alpha 139].

Durant sa carrière

Au début de sa carrière, Louis de Funès est comparé à Charlie Chaplin par des critiques du journal britannique The Times, qui le qualifient de « Chaplin français »[alpha 140].

Collaborations avec des réalisateurs et scénaristes

Outre les acteurs, Louis de Funès a régulièrement collaboré avec les mêmes réalisateurs et scénaristes, et particulièrement Jean Girault, qui le laissait libre dans son jeu et dans ses improvisations. Les deux hommes ont travaillé sur douze films : Pouic-Pouic, Faites sauter la banque, la série des Gendarmes, Les Grandes Vacances, Jo, L'Avare et La Soupe aux choux. Ils ont même réalisé L'Avare ensemble. À part ce film et La Soupe aux choux, les films réalisés par Jean Girault ont été écrits avec Jacques Vilfrid. L'acteur a également collaboré à quatre reprises avec Gérard Oury, qui lui a offert ses plus grands succès : Le Corniaud, La Grande Vadrouille, La Folie des grandeurs et Les Aventures de Rabbi Jacob. Une cinquième collaboration a même été envisagée : Le Crocodile. Mais le double infarctus de Louis de Funès a fait tomber le projet à l'eau. Jean Halain est l'auteur de nombreux scénarios de films mettant en vedette Louis de Funès : la trilogie des Fantômas, Le Grand Restaurant, Oscar, Hibernatus, L'Homme orchestre, Sur un arbre perché et L'Avare. L'acteur a également prononcé les mots de Michel Audiard dans Les dents longues, Le Gentleman d'Epsom, Des pissenlits par la racine, Une souris chez les hommes, Les Bons Vivants et Le Diable et les Dix Commandements (6e épisode).

Succès et reconnaissance

En , un sondage BVA pour Doméo et la Presse régionale classe Louis de Funès comme acteur préféré des Français avec 24,8 %[77].

Poids dans le box-office français

Top 10 de ses films par nombre d'entrées en France
Rang Titre Année Entrées
1 La Grande Vadrouille 1966 17,28 millions
2 Le Corniaud 1965 11,74 millions
3 Le Gendarme de Saint-Tropez 1964 7,8 millions
4 Les Aventures de Rabbi Jacob 1973 7,29 millions
5 Les Grandes Vacances 1967 6,98 millions
6 Le Gendarme se marie 1968 6,82 millions
7 Le Gendarme et les Extra-terrestres 1979 6,28 millions
8 Oscar 1967 6,12 millions
9 L'Aile ou la Cuisse 1976 5,84 millions
10 La Folie des grandeurs 1971 5,56 millions

Évolution de ses rémunérations

Après les salaires des petits boulots et les maigres paies de ses soirées de pianiste dans les cabarets, Louis de Funès connaît au début de sa carrière les petits cachets, au théâtre et au cinéma, comme figurant ou silhouette, qu'il enchaîne de façon espacée. Pour quelques semaines à partir du 28 décembre 1945, il obtient chaque soir un cachet de 250 anciens francs pour un rôle de figuration dans La Maison de Bernarda Alba au théâtre des Champs-Élysées[alpha 141]. Sa première apparition au cinéma dans La Tentation de Barbizon (1946) lui vaut un cachet de 300 anciens francs pour une silhouette[alpha 142]. Pour sa première apparition créditée au générique d'un film, dans Croisière pour l'inconnu (1948), il touche un cachet de 50 000 anciens francs pour dix jours de tournage[alpha 143]. En 1948, dans la superproduction Du Guesclin, il doit être payé 10 000 anciens francs pour un petit rôle mais parvient à s'ajouter d'autres rôles dans le film, et donc récupérer plusieurs cachets (dont un de 15 000 anciens francs, plus plusieurs petits de figurant de 200)[alpha 144],[alpha 145]. Ces journées de travail sont relativement bien payées — à une époque où le salaire moyen d'un ouvrier est d'un peu plus de 2 000 anciens francs par mois — mais restent rares pour l'« acteur de complément » qu'il est[alpha 146]. Pour son petit rôle pittoresque de général espagnol dans Mission à Tanger (1949), il est rémunéré 27 000 anciens francs, soit un peu plus que d'autres acteurs débutants du film comme Jean Richard ou Gérard Séty (tous deux 25 000), ce qui s'expliquerait par sa part de création du rôle et ses apparitions plus fréquentes dans le film[alpha 147].

En entrant dans les années 1950, Louis de Funès enchaîne les tournages de façons de plus en plus rapprochée, avec un film par mois ou tous les deux, toujours pour quelques jours seulement voire un seul[alpha 148]. Au cours de la décennie, il accumule les apparitions, en alternant entre des cachets de second rôle, consistants ou maigres, de figuration et de silhouette. Pour Au revoir monsieur Grock (1950), il touche un cachet de 900 anciens francs par jour, pour de la figuration parmi les milliers d'autres spectateurs du spectacle du clown Grock[alpha 148]. Il perçoit un cachet de 7 500 anciens francs pour son apparition dans Knock (1951)[alpha 149]. Sa seule journée de tournage dans Boniface somnambule (1951), face à Fernandel, lui vaut un cachet de 20 000 anciens francs, tandis que la vedette en reçoit un de 4 millions[alpha 150].

La valeur de ses paies augmente peu à peu, comme la durée de ses rôles, et il parvient à devenir un second rôle bien payé[alpha 151]. Il touche un cachet de 195 000 anciens francs pour son rôle dans Monsieur Leguignon lampiste (1952), contre 2 millions pour le premier rôle Yves Deniaud[alpha 152]. Pour son second rôle dans le film L'Étrange Désir de monsieur Bard (1954), il reçoit 400 000 anciens francs[alpha 153]. Ses quatre jours de tournage pour Poisson d’avril (1954), notamment face à Bourvil, lui valent 250 000 anciens francs, dont 25 000 pour son agent[alpha 154]. Il est rémunéré de 270 000 anciens francs, dont 27 000 pour son agent, pour Le Mouton à cinq pattes (1954), face à Fernandel et son cachet de 15 millions[alpha 151] Alors que Noël Roquevert devait jouer pour 800 000 anciens francs un rôle secondaire dans L'Impossible Monsieur Pipelet (1955), Louis de Funès récupère finalement le rôle mais pour 660 000 anciens francs de cachet[alpha 155]. La même année, il est viré de la distribution de la pièce Nekrassov au cours des répétitions, et la clause de dédit de son contrat contraint la direction du théâtre Antoine à lui reverser 250 000 anciens francs[alpha 156]. Pour Papa, maman, ma femme et moi (1955), il touche 815 000 anciens francs, soit près du triple de son cachet pour Papa, maman, la bonne et moi (1954) ; l'ensemble des transfuges du premier film a vu leurs cachets augmenter, mais pas dans de telles proportions[alpha 157]. Pour La Bande à papa (1956), destiné à lancer la carrière au cinéma de Fernand Raynaud, Louis de Funès a un cachet plus important que le héros du film, avec 900 000 anciens francs, contre 600 000 pour Raynaud, tandis que l'expérimenté Noël Roquevert en touche deux millions[alpha 158].

Tout en continuant les apparitions en second rôle, Louis de Funès obtient ses premiers rôles principaux en étant sous contrat pour trois films avec le producteur Jules Borkon, le premier étant Comme un cheveu sur la soupe (1957)[alpha 159]. Le deuxième film dont il tient le premier rôle, Ni vu, ni connu (1958), lui permet d'accéder à une somme qu'il n'avait jamais atteint, 3 millions d'anciens francs pour huit semaines de tournage, soit l'équivalent du budget de tous les petits rôles du film[alpha 160]. Le troisième film du contrat, Taxi, Roulotte et Corrida (1958), lui rapporte 8 millions d'anciens francs, contre 2,4 millions pour Raymond Bussières et 1,1 million pour Guy Bertil, deux vedettes de l'époque dans des seconds rôles[alpha 161]. Pour son second rôle dans Le Capitaine Fracasse (1961), il est avec 35 000 nouveaux francs le deuxième acteur le mieux payé de la distribution, derrière la vedette Jean Marais et son cachet de 260 000 nouveaux francs, et devant les jeunes Philippe Noiret, Geneviève Grad et Gérard Barray, aux rôles cependant bien plus importants[alpha 162]. Gérard Oury se souvient que, lorsqu'il l'engage dans Le crime ne paie pas (1962), l'acteur est, pour un court second rôle, déjà très cher : « Il avait une certaine connaissance de sa propre valeur. Ce n'était plus un acteur qui faisait de petits cachets. Il était même déjà très cher pour une seule journée ou pour quelques heures de tournage. »[alpha 163].

Du premier au troisième Fantômas, Jean Marais voit le cachet de Louis de Funès dépasser le sien, tout comme l'importance de son rôle.

Pour Le Gendarme de Saint-Tropez (1964), petite production dont il tient le premier rôle, Louis de Funès négocie un cachet de 60 000 francs mais aussi un droit de regard sur la distribution et les modifications du scénario, et s'engage pour trois films avec le producteur Gérard Beytout[alpha 164]. Pour Fantômas la même année, il touche un cachet de 200 000 francs[alpha 165], contre 300 000 francs pour la star Jean Marais (soit 50 % de moins)[alpha 166], tandis que Mylène Demongeot, le premier rôle féminin, reçoit 33 000 francs, et le second rôle Jacques Dynam 12 000 francs[alpha 167]. Pour Le Corniaud (1965), Louis de Funès touche le tiers du cachet de Bourvil, la véritable vedette du film à la signature du contrat[alpha 168],[alpha 169]. Le succès du Gendarme de Saint-Tropez, consolidé les mois suivants par ceux de Fantômas et Le Corniaud, permet au comédien d'acquérir la stature de solide tête d'affiche, au grand potentiel commercial, accédant ainsi à des cachets plus élevés. Pour Le Gendarme à New York, son cachet est de 400 000 francs, plus un pourcentage sur les bénéfices[alpha 170]. Pour la suite de Fantômas, Fantômas se déchaîne (1965), le contrat de Louis de Funès prévoit une paie de 200 000 francs plus % des recettes jusqu'à 50 000 francs[alpha 166], soit 250 000 francs, contre au moins 400 000 francs — et un pourcentage des bénéfices — prévus pour Jean Marais[alpha 171].

Sur La Grande Vadrouille, en 1966, Bourvil et Louis de Funès ont désormais le même cachet[alpha 168], et les deux acteurs touchent chacun 1,4 % des recettes dès lors que le film dépasse les 15 millions de francs de bénéfices[alpha 172]. À la sortie du film, Pierre Billard de L'Express rapporte : « Louis de Funès gagnait 20 000 francs par film il y a cinq ans ; 40 000 francs, il y a quatre ans ; 150 000 francs il y a deux ans ; 500 000 francs, l'année dernière ; il peut demander aujourd'hui jusqu'à 900 000 francs. »[78]. Pour le troisième et ultime Fantômas, Fantômas contre Scotland Yard (1967), il finit par dépasser Jean Marais : ce dernier reçoit avec son cachet plus des parts sur les recettes du film la somme de 400 000 francs, laquelle comprend les honoraires de son agent, tandis que de Funès a un cachet fixe de 500 000 francs[alpha 173]. Devenu une valeur sûre, l'acteur enchaîne les succès. La constance de ses résultats au box-office avec un potentiel de départ d'au moins un million de spectateurs à chaque film justifie un cachet très élevé[alpha 174]. Ainsi, il touche 1,5 million de francs pour Le Tatoué (1968), contre 1 million pour son partenaire Jean Gabin[alpha 174]. En 1969, à l'apogée de son succès commercial, et année d'Hibernatus, l'hebdomadaire Valeurs actuelles le classe comme le deuxième acteur le mieux payé de France, avec en moyenne 3,5 millions de francs par film, derrière Jean-Paul Belmondo (cinq millions de francs) et devant Alain Delon (trois millions) et Annie Girardot (2,5 millions), alors qu'un second rôle touche 400 000 francs en moyenne par film[alpha 175]. Son cachet pour Le Gendarme en balade (1970) montre la progression dans ses revenus en six ans puisqu'il touche 2,6 millions de francs[alpha 166], soit le double du budget total du premier film[alpha 176]. En 1970, il doit tourner L'Homme orchestre pour un cachet de 500 000 francs, en vertu d'un contrat de trois films avec la Gaumont, signé en 1967 après Le Grand Restaurant (1966), mais réclame de réévaluer cette somme sur ses cachets actuels, exigeant 2 millions de francs, ce que d'autres producteurs lui proposent à la même époque : Alain Poiré s'y oppose, offrant seulement une énorme augmentation sur un contrat suivant, et, en représailles, l'acteur fait durer le tournage du film, causant des millions de francs de dépassement de budget, sans néanmoins parvenir à faire céder Poiré[alpha 177],[79].

Dans les années 1970, où il tourne de gros succès comme Le Gendarme en balade (1970), La Folie des grandeurs (1971), Les Aventures de Rabbi Jacob (1973), L'Aile ou la Cuisse (1976) ou bien Le Gendarme et les Extra-terrestres (1979), Louis de Funès serait l'un des acteurs les mieux payés d'Europe[alpha 178]. Pour les représentations à succès de La Valse des toréadors au théâtre de 1973 à 1974, il accepte d'être payé au pourcentage, âprement négocié[alpha 75]. Il aurait été payé 6 millions de francs pour L'Avare en 1979, en tant qu'interprète, réalisateur, et scénariste, selon le biographe Jean-Jacques Jelot-Blanc[alpha 166]. Son dernier film, Le Gendarme et les Gendarmettes en 1982, suite de cinq précédents triomphes, lui vaut un confortable cachet de 3 millions de francs, et 1 million pour son partenaire Michel Galabru[alpha 166].

Rayonnement international

Outre la France, les films de Louis de Funès connaissent à leur sortie une grande popularité dans plusieurs pays européens, comme l'Italie, le Royaume-Uni[alpha 179] et l'Allemagne, mais également l'URSS et sa zone d'influence d'Europe de l'Est[alpha 180],[alpha 181],[alpha 182]. Dans l'URSS privée des films d'Hollywood, et ouverte au cinéma étranger  surtout français et italien  depuis les années 1960, ses films rencontrent un très grand succès, notamment la trilogie des Fantômas, et le comédien qui le double en russe, Vladimir Kenigson, est vénéré et jugé là-bas meilleur que l'original[alpha 182]. Ses films y sont acceptés car ils rient de la bourgeoisie et ne montrent pas les avantages de la société capitaliste[alpha 182]. Les Aventures de Rabbi Jacob n'a pas droit à une sortie en URSS car traitant de l'antisémitisme[alpha 182]. L'arrivée massive des films américains dans les années 1990 ringardise ensuite ses films auprès des générations suivantes[alpha 182]. Parmi les satellites soviétiques, il est particulièrement célèbre en République tchèque[80],[81], où il est doublé au début des années 1960 par le célèbre acteur tchèque František Filipovský[82],[n 19], au sujet duquel de Funès déclare qu'il est son meilleur comédien de doublage, certains fans tchèques n'hésitant pas à préférer sa voix à l'original. Encore aujourd'hui, la série des Gendarmes reste populaire pour les Tchèques[83],[81].

En Allemagne de l'Ouest, Louis de Funès était au départ appelé Balduin pour des raisons inconnues. Chacun de ses films comportait ce prénom dans le titre, à l'exemple de Balduin, der Heiratsmuffel (Le Gendarme se marie) ou Balduin, der Trockenschwimmer (Le Petit Baigneur), bien que le personnage garde son nom d'origine dans le film. Par la suite, les distributeurs de RFA ayant dû admettre qu'appeler Balduin un acteur nommé Louis était absurde, ses quatre derniers films sont exploités avec son vrai prénom : Louis’ unheimliche Begegnung mit den Außerirdischen (Le Gendarme et les Extra-terrestres), Louis, der Geizkragen (L'Avare), Louis und seine außerirdischen Kohlköpfe (La Soupe aux choux) et Louis und seine verrückten Politessen (Le Gendarme et les Gendarmettes)[alpha 183].

Malgré son succès européen, Louis de Funès reste relativement inconnu aux États-Unis jusqu'en 1973-1974 et ses fameuses Aventures de Rabbi Jacob, nommées pour un Golden Globe du meilleur film étranger en 1975.

Distinctions

Louis de Funès, comparé aux autres artistes de son époque et au nombre de films qu'il a tournés, n'a pas reçu un nombre très important de récompenses.

Le César d'honneur décerné à Gérard Oury en 1993, exposé au musée de Louis. À droite, une photographe de Louis de Funès et Kirk Douglas lors des Césars 1980.

En 1957, il reçoit le premier prix de sa carrière, le Grand Prix du rire, pour son rôle dans Comme un cheveu sur la soupe[alpha 184]. Huit ans plus tard, lors de la 20e nuit du cinéma au théâtre Marigny, fin , Gina Lollobrigida lui remet une Victoire du cinéma pour son rôle dans Le Gendarme de Saint-Tropez[alpha 185]. En 1967, il reçoit le prix Courteline pour son rôle dans le film Les Grandes Vacances[alpha 186]. Le , lors qu'il tourne Le Gendarme en balade, il est reçu officiellement par le 405e régiment d'artillerie anti-aérienne à Hyères, qui le fait « première classe d'honneur » pour services rendus à la gendarmerie nationale[alpha 187],[alpha 188]. Le , il est fait chevalier de l'ordre national de la Légion d'honneur, honneur qu'il reçoit des mains de Gérard Oury, quatre jours avant le début du tournage des Aventures de Rabbi Jacob[alpha 65],[alpha 189]. En 1975, les lecteurs du magazine allemand Bravo (en) lui attribuent le « Bravo Otto » de bronze du meilleur acteur de cinéma[84]. Également en Allemagne, certains de ses films reçoivent le Goldene Leinwand, récompense décernée à des films ayant réalisé un box-office exceptionnel. Début 1980, il reçoit un César d'honneur pour l'ensemble de sa carrière, remis par Jerry Lewis[alpha 190]. Enfin, de façon posthume, Louis de Funès est classé 17e des 100 plus grands Français de tous les temps, classement établi en pour la chaîne de télévision France 2[85].

Dix ans après la mort de Louis de Funès, en 1993, Gérard Oury reçoit un César d'honneur pour l'ensemble de sa carrière, au nom du « cinéma comique français », et offre la récompense à Jeanne de Funès, en hommage à son époux[86].

Sa renommée lui vaut également de rencontrer d'importants personnages politiques. Le , il est reçu au palais de l'Élysée par le général de Gaulle  qui l'appelle « Maître », comme le veut la tradition envers les comédiens[alpha 191]  pour un dîner officiel, en compagnie de son épouse et d'autres grandes personnalités de la culture[n 20],[87]. En 1971, ou le , il joue exceptionnellement Oscar dans le jardin d'hiver de l'Élysée devant l'ensemble du gouvernement, à la demande du président de la République Georges Pompidou[alpha 192],[alpha 54]. Quelques jours plus tard, le prince Rainier III l'invite à venir jouer la pièce au palais princier de Monaco, à n'importe quel prix, mais l'acteur refuse, ayant un mauvais souvenir avec Grace de Monaco[alpha 192]. Sous la présidence de Valéry Giscard d'Estaing, il est notamment invité à un dîner officiel, à la demande du président du Gabon, Omar Bongo, en visite en France[alpha 193]. Le Shah d'Iran est plusieurs fois venu voir Oscar au théâtre lors de ses visites en France[alpha 194]. Le ministre de la Culture Jean-Philippe Lecat rend visite au tournage de L'Avare[alpha 100]. Lors du tournage du même film dans l'oasis tunisienne de Nefta, il rencontre le président tunisien Habib Bourguiba, qui lui récite la tirade de Flambeau dans L'Aiglon d'Edmond Rostand[alpha 100].

En 1981, il a l'honneur de remettre à son ami Jean Chouquet la médaille de l'Ordre national du Mérite, à la maison de Radio France[alpha 125].

Dans la culture populaire

Graffiti représentant Louis de Funès, rue Ordener à Paris.

Louis de Funès a marqué le cinéma comique français du XXe siècle. Outre les hommages honorifiques classiques tels que l'entreprise horticole Meilland qui décide, en 1984, de nommer un cultivar de rose en son hommage  la rose Louis de Funès , ou encore la poste française qui l'honore d'un timbre postal à son effigie édité en 1998 dans le cadre d’une série consacrée aux acteurs du cinéma français, il a inspiré nombres d'artistes.

Ses traits apparaissent dans l’album de Lucky Luke intitulé Le Bandit manchot, où un personnage inspiré de lui est l’un des joueurs de cartes professionnels de Poker Gulch, une ville placée sous le signe du jeu[alpha 195]. Il est affublé d’un subalterne, un petit malfrat du nom de Double-six, inspiré de l’acteur Patrick Préjean.

Dans un autre genre, Valère Novarina publie aux éditions Actes Sud en 1986 un éloge, Pour Louis de Funès : « Il n’était pas de bon ton de l’apprécier. Ce n’était pas assez chic. Alors que c’était un très grand acteur de théâtre. J’ai fait parler Louis de Funès comme quelqu’un d'autre a fait parler Zarathoustra »[88]. Ce texte sur Louis de Funès a donné lieu à plusieurs versions pour la scène, notamment celle créée au Théâtre d’Angoulême par Dominique Pinon le , dans une mise en scène de Renaud Cojo. De son côté, Marcel Gotlib utilise sa plume dans le tome III de sa Rubrique-à-brac, où il affuble Louis de Funès d'une perruque, pour y supplanter Bourvil dans Le Rectangle vert, librement inspiré du Cercle rouge de Jean-Pierre Melville, après l'avoir déjà croqué dans le tome I en tant qu'agent de police où il met fin à une bagarre survenue entre deux marionnettistes en pleine représentation.

Dans les années 2000, Alexandre Astier, véritable admirateur[89], lui dédie sa série télévisée Kaamelott. On peut d'ailleurs entendre dans la scène finale du dernier épisode de la série, Dies Irae, le thème principal de Jo pendant que la phrase de dédicace apparaît à l'écran.

En , Nicolas Sarkozy déclare lors de sa campagne : « Je serai un président comme Louis de Funès dans Le Grand Restaurant : servile avec les puissants, ignoble avec les faibles. »[90]. Il est par la suite parfois comparé à l'acteur durant sa présidence[91],[92].

En 2013, le journal Télérama lui consacre un numéro spécial hors-série[93].

Multi-rediffusé pendant la période de confinement dû à la maladie à coronavirus 2019, l'acteur est défini par les médias comme un antidépresseur idéal[94],[95],[96].

Postérité et hommages

Synthèse de ses œuvres

Théâtre

Filmographie

Avec Fernandel, Bourvil et Jean Gabin, Louis de Funès fait partie des acteurs français ayant attiré le plus grand nombre de spectateurs dans les salles de cinéma. Louis de Funès a été très prolifique. Ayant donné la réplique à plusieurs centaines d'acteurs, dirigé par plus d'une quarantaine de réalisateurs, outre une décennie où il s'essaya à différentes activités (une demi-douzaine de séries télévisées, une douzaine de doublages, une dizaine de courts métrages) tout en tournant dans les années 1950, il a plus de cent quarante longs métrages à son actif au cours de ses presque quarante années de carrière.

Quelques films majeurs

Plus de la moitié de la filmographie de Louis de Funès est définie et considérée comme « culte »[109]. Il est possible de réduire des deux tiers cette filmographie en se limitant aux films ayant dépassé le million d’entrées au box-office et dans lesquels Louis de Funès tient le rôle principal ainsi que les quelques films où, titulaire d’un vrai second rôle dans la première partie de sa carrière, il a bénéficié historiquement de la lumière apportée par les « géants » du cinéma français de l’époque que sont Jean Gabin, Fernandel et Bourvil[110],[111]. Ce sont au total 45 longs métrages, sur plus de 140 prestations (les films à sketches n’étant ici pas pris en compte), qui peuvent ainsi être considérés comme majeurs. Le terme « majeur » s’entend donc ici selon un triple point de vue : critique, populaire/commercial et en termes d’avancement de la carrière de Louis de Funès.

Débuts
Affiche américaine du film Les Aventures de Rabbi Jacob.
Accès au graal du rôle principal ; premiers rôles marquants
Reconnaissance et gloire populaire

Plusieurs films jamais réalisés avaient été envisagés pour Louis de Funès, comme Le Crocodile, Merci Patron, Le Cactus de Georges Lautner sur un scénario de Michel Audiard[112], Fantomas à Moscou[113],[114], Le Gendarme au Pays du Soleil Levant et Le Gendarme dans l'espace (aussi nommé Le Gendarme et le vol de la Joconde)[115],[116],[117].

Le film Papy fait de la résistance de Jean-Marie Poiré, projet dans lequel l'acteur devait initialement jouer, lui est dédié[alpha 197].

Doublage

Dans les années 1950, au début de sa carrière, Louis de Funès a participé à quelques doublages[118],[119], jusqu'à ce que sa voix ne devienne trop reconnaissable[alpha 198]. Il a essentiellement doublé des films italiens, dont un de la vedette comique Totò, et deux films américains[alpha 198]. À l'inverse, dans le film britannique Week-end à Paris (1953), il a été lui-même doublé dans ses quelques répliques en français par un autre acteur français[alpha 198].

Musique

Louis de Funès a interprété de nombreuses chansons sur scène, à l'écran ou sur disque, parmi lesquelles[120] :

Il a également enregistré des fables, des pièces de théâtre et des histoires pour enfants (Les Aristochats) sur micro-sillons[121].

  • 1953 : La Tomate présente le Journal de Jules Renard (33T - Phillips - Ref: N 76007R)
  • 1958 : Le Bœuf et l’Âne de la crèche avec Louis de Funès (l’âne) et Jacques Fabbri (le bœuf) (33T - Erato - ref: LDEV 3097)
  • 1958 : Le Bourgeois gentilhomme de Molière, interprété entre autres par Louis de Funès et Bernard Blier (16T - Contrepoint - ref: V 16.25005.30) puis en 33T - Vogue - N° COF.11 (1972)
  • 1959 : Les Fourberies de Scapin de Molière (16T - Contrepoint) puis en 33T - Vogue - N° COF.12 (1972)
  • 1960 : La Grosse Valse (33T - ref: LD 593 30)
  • 1964 : Louis de Funès joue avec les classiques (4 × 45T).
    • Volume 1 (Vogue, EPL 8259)
    • Volume 2 (Vogue, EPL 8260)
      • Jean de La Fontaine : La Cigale et la Fourmi, Le Petit Poisson et le Pêcheur, Le Lion et le Moucheron
      • Jean Racine : Les plaideurs
    • Volume 3 (Vogue, EPL 8261)
      • Jean de La Fontaine : La Grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf, La Montagne qui accouche, Le Chat, la belette et le petit Lapin
      • Nicolas Boileau : Les Embarras de Paris
    • Volume 4 (Vogue, EPL 8262)
      • Jean de La Fontaine : Le Savetier et le Financier
      • Molière : Monologue de l'avare
      • Pierre Corneille : Stances à Marquise
      • Voltaire : La Vanité, Les oui et les non, Épigramme imitée de l'anthologie
  • 1964 : Louis de Funès joue Molière (L'Avare, Les Fourberies de Scapin, Le Bourgeois gentilhomme), La Fontaine (Fable) (33T - Vogue)
  • 1969 : Un client sérieux une comédie de Georges Courteline avec Fernandel (33T - Ref: DECA FM 133522) -. Louis de Funès y tient le rôle du substitut.
  • 1979 : Le Double Disque d'or des enfants collectif dont Louis de Funès (33T - ref : Vg304)
  • 1980 : Louis de Funès raconte les Aristochats (33T - Disneyland Records - ref: ST-3890 F)
  • 1980 : L'Avare (dialogues du film)
    • 45T - Wea - Filipacchi Music - scènes : « Au voleur, au voleur » et scène de la bastonnade
    • 33T - Wea - Filipacchi Music - ref : 68028
    • Coffret 3 × 33T + livret de huit pages (Wea - Filipacchi Music - ref : 68028)
  • 1981 : Pour le mercredi de vos enfants avec Bernard Blier, Les Charlots, Danièle Gilbert, Louis de Funès, Jean Chevrier, Pierre Tchernia, Pierre Perret. (33T - Vogue Clvlx 665) Louis de Funès y récite Le Corbeau et le Renard et Le Loup et l’Agneau.
  • Hommage à Louis de Funès (2 × 33T - Vogue - ref:426010)
[réf. à confirmer]

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Radio

Publicités

Dans les années 1950, encore dans sa période de précarité, Louis de Funès tourne quelques publicités, notamment en Belgique en 1953[124].
[réf. à confirmer]

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Notes et références

Notes

  1. Son fils Patrick de Funès suppose que les dégâts de sa forte consommation de tabac d'alors — « il toussait, crachait, et était d'une maigreur impressionnante » — avait été pris pour de la tuberculose par les médecins[alpha 2].
  2. Louis de Funès passa près de quarante ans à réclamer au ministère de la Guerre, de la Défense puis des Armées l'inhumation de son frère dans un cimetière militaire. Il n'obtint gain de cause qu'en 1976, lorsque Charles de Funès est enterré dans la nécropole nationale de Rethel, pourtant principalement dédiée aux soldats de la Première Guerre mondiale[alpha 16],[5],[6],[4].
  3. Cette période varie selon les sources, la famille de Funès affirme qu'elle débute en 1936, mais on trouve des dates postérieures dans certaines biographies.
  4. On peut l'écouter au piano à la 35e ou à la 40e minute du film par exemple, ou encore à la 75e minute où il effectue un remplacement au pied levé.
  5. Dans toutes les précédentes adaptations de Fantômas fidèles à l'œuvre originale, le commissaire Juve n'avait jamais été un personnage comique.
  6. La Grande Vadrouille restera pendant plus de trente ans à la tête du box-office du cinéma en France, devancé par le Titanic de 1997 seulement, et il faudra attendre encore onze ans de plus pour qu'un autre film français le dépasse (Bienvenue chez les Ch'tis, en 2008).
  7. Charles Nau de Maupassant, malgré son homonymie, n'a aucun lien de parenté avec l'écrivain Guy de Maupassant.
  8. Parmi les anecdotes sur sa notoriété pesante, le biographe Jean-Marc Loubier raconte que Louis de Funès est peiné de ne plus pouvoir se balader librement dans Paris sans être importuné. L'un des pires souvenirs est lorsqu'à la sortie d'un taxi, une passante le reconnaît et se met à hurler : « Regardez ! Regardez, c'est Louis de Funès ! ». En se ruant vers le taxi, elle tombe par terre mais l'acteur ne peut lui venir en aide car l'accident cause un attroupement de curieux hilares, qui l'écarte de la malheureuse. Il remonte dans son taxi et s'enfuit[alpha 44].
  9. Le biographe Bertrand Dicale mentionne pourtant la date du pour la première[alpha 70].
  10. Le au soir selon Bertrand Dicale[alpha 81].
  11. Lorsque Louis de Funès ressent d'atroces douleurs au thorax ce matin-là, son épouse appelle le cardiologue vu quelques jours auparavant, qui réfute l'idée d'un infarctus et parle toujours d'aérophagie[alpha 86],[alpha 85]. Après lui avoir raccroché au nez, elle appelle les pompiers, qui comprennent, eux, l'urgence et arrivent en cinq minutes[alpha 86]. Le SAMU diagnostique un infarctus et commence un traitement sur place pour le soulager, avant de l'envoyer à l'hôpital Necker[alpha 85].
  12. Selon Christian Fechner, des professionnels du cinéma s'amusaient à parier sur la vie ou la mort de Louis de Funès à cette période, au bar du Carlton[30]
  13. Presse-Océan reçoit un appel téléphonique anonyme le soir-même, « vers 20 h » : « Bonjour. Mon nom ne vous dira rien mais je suis une personnalité du monde du spectacle et je voulais vous annoncer que mon ami Louis de Funès vient de décéder d’une crise cardiaque au CHU de Nantes. ». Le préfet de Loire-Atlantique confirme officiellement l'information à minuit[48].
  14. Ancienne championne de tennis, elle est vendeuse dans un bazar lors de leur rencontre.
  15. Louis de Funès aurait également été avec le publiciste Jacques Hintzy à l'origine du slogan « Giscard à la barre » de l'élection de 1974[67].
  16. Un an auparavant, il n'embrasse Juliette que sur la joue dans Elle et moi
  17. Il est écrit « Antwerpen » (Anvers) sur son pull
  18. De Funès et Fernandel ne firent que se croiser dans La Vie à deux, et dans deux sketchs différents du film à sketchs Le Diable et les Dix Commandements
  19. František Filipovský (1907-1993) a été un acteur tchèque renommé. Il obtient en 1954 le titre soviétique d'Artiste émérite et fut désigné Artiste du Peuple en 1984. Depuis 1995, il existe un Ceny Františka Filipovského Prix František Filipovský ») récompensant tous les ans le meilleur doubleur du pays.
  20. Complétaient ce dîner officiel : André Malraux, Jane Sourza, Tino Rossi, Raymond Devos, Jean Piat, Michèle Morgan, Gérard Oury, Fernandel, Jean Delannoy.
  21. Conformément à l'usage couramment répandu (cf. par exemple le site officiel), la « théâtrographie » de l'acteur débute par cette piécette jouée en amateur au collège.

Citations

  1. Extrait du registre d'état civil pour l'année 1957 de la ville de Montmorency (Val-d'Oise) : « Le vingt-cinq octobre mil-neuf-cent-cinquante-sept, à seize heures, est décédée 6, rue Le Laboureur, Léonor Soto y Réguéra, domiciliée 14, rue Germain Pilon à Paris, 18e arrondissement, née à Ortiguera (Espagne), le vingt et un janvier mil-huit-cent-soixante-dix-huit, sans profession, fille de père et mère décédés dont les noms sont inconnus du déclarant, veuve de de Funès, prénoms également inconnus. Dressé le vingt-huit octobre mil-neuf-cent-cinquante-sept, dix heures trente minutes, sur la déclaration de Georges Oliveres, quarante et un ans, employé, domicilié à Montmorency, 5 rue Grétry, qui lecture faite a signé avec nous, Armand Piednoir, adjoint au Maire de Montmorency, officier de l'état civil par délégation. [Signatures]. »
  2. Extrait du registre d'état civil de la ville de Nantes (1983) : « Le vingt-sept janvier mil neuf cent quatre-vingt-trois à vingt heures trente minutes, est décédé place Alexis Ricordeau, Louis Germain David de Funès de Galarza, acteur, né à Courbevoie (Hauts-de-Seine) le trente et un juillet mil neuf cent quatorze, domicilié au Cellier (Loire-Atlantique) château de Clermont, fils de Carlos Louis de Funès de Galarza et de Leonor Soto Reguera, époux de Jeanne Augustine Barthelemy. Dressé le vingt-huit janvier mil-neuf-cent-quatre-vingt-trois à quatorze heures quarante minutes, sur la déclaration de Alain Menanteau, vingt-neuf ans, vaguemestre, domicilié à Gétigné (Loire-Atlantique) rue de la Chénaie, neuf, non parent du défunt qui, lecture faite, et invité à lire l'acte, a signé avec nous, Annie Potrel épouse Bourgeois commis adjoint en cette Mairie, officier de l'état civil par délégation du Maire. [Signatures]. »
  3. Louis de Funès : « Ah, papa, c'était un artiste ! [...] il avait beaucoup d'humour, mais le quotidien ne l'intéressait pas[alpha 4]. »
  4. Henri Virlogeux[alpha 26] : « Du jour au lendemain, Paris l'a découvert. Le métier, le public l'ont lancé »
  5. Danièle Thompson, 2008[26] : « Le producteur du film, Bertrand Javal, Georges Cravenne (…), le monteur Albert Jurgenson, mon père, Gérard Oury, Louis de Funès, qui, nous le savions, détestait se voir à l'écran, et moi étions conscients que le sujet était sensible car on se moquait avec une grande liberté des Juifs et des Arabes. (…) Nous étions donc à l'affût des premières réactions. Lorsque la lumière se rallume, un silence total s’abat sur la petite salle de projection. Pendant le film, il n'y a pas eu le moindre éclat de rire. Les scènes devenues cultes comme l'usine de chewing-gum ou le fameux épisode « Salomon est juif » n'ont pas tiré le moindre sourire à notre producteur ni à Louis de Funès. Sinistre, le visage fermé, muet, il se tourne vers mon père et lui lance des regards désolés, sans commentaire. Mauvais signe ! (…) Enfin arrive la première projection publique au Gaumont Alésia… Louis est dans un état de trac dont personne à part nous ne devine l’ampleur. Mais dès le début, la salle s'envole. C’est du délire ! Dans la fameuse scène des grimaces où il essaie d’attirer l’attention des CRS, les gens hurlent tellement de rire qu’on n'arrive plus à entendre les dialogues. Quand la lumière s’est rallumée, mon père et Louis ont reçu la plus belle ovation de leur vie. Nous étions tous au bord des larmes. Je n’ai jamais vécu une soirée pareille. »
  6. Guy Descaux, administrateur du théâtre des Champs-Élysées[alpha 58] : « Aux entractes il s'allongeait dans sa loge, épuisé, en se plaignant d'éblouissements. Il avait notamment une terrible douleur dans le bras. Au bout d'un moment, il s'est mis à marquer chaque soir avec un crayon, sur le mur de sa loge, jusqu'où il pouvait lever le bras droit ».
  7. Gérard Oury pour France-Soir, le [alpha 93] : « J'ai écrit pour Louis — qui est mon ami depuis dix ans — un scénario dans lequel chaque clin d'œil, chaque geste, chaque gag, lui est tout spécialement destiné. Son rôle n'est pas une houppelande que l'on peut maintenant jeter sur les épaules d'un autre comédien. Il faudrait, pour remplacer Louis, des remaniements considérables. […] La maladie de Louis — qui m'a bouleversé sur le plan amical — me fait perdre un an et demi de ma vie professionnelle. Mais j'ai d'autres idées de sujet, d'autres projets, d'autres contrats signés. Mon vœu le plus cher reste néanmoins de pouvoir travailler avec Louis de Funès. »
  8. Louis de Funès à Paris Match, article paru le [alpha 94] : « J'ai passé deux mois et demi à l'hôpital. J'ai découvert un monde fantastique de gentillesse : des médecins et des infirmières en or. »
  9. Louis de Funès à Télérama en 1978[31] : « D'un seul coup, personne ne m'appelait plus, j’étais démonétisé. Les augures avaient dit : « Il va claquer. Ou s’il ne claque pas, c’est pareil, il est diminué à vie. »
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Annexes

Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Biographies

  • Robert Chazal, De Funès, Paris, Édition PAC, coll. « Têtes d'affiche », , 180 p. (ISBN 2-85336-101-2)
  • Jean-Marc Loubier, Louis de Funès, le berger des roses, Paris, Ramsay, coll. « Ramsay Cinéma », , 273 p. (ISBN 2-85956-922-7). ; réédition Ramsay, coll. « Ramsay poche cinéma » numéro 114, Paris, 1993, 273 p. (ISBN 2-841140-03-2)
  • Jean-Jacques Jelot-Blanc, Louis de Funès, une légende, Paris, Anne Carrière, , 345 p. (ISBN 2-910188-07-8). 
  • Christelle Laffin, Louis de Funès, au nom de la rose, Paris, Albin Michel, , 104 p. (ISBN 2-226-13517-0)
  • Stéphane Bonnotte, Louis de Funès : Jusqu'au bout du rire, Paris, Michel Lafon, (réimpr. Librairie générale française, Le Livre de poche no 30444, 2005, 254 p. (ISBN 2-253-11497-9)), 255 p. (ISBN 2-84098-908-5). 
  • Éric Leguèbe, Louis de Funès, roi du rire, Paris, Dualpha éditions, , 255 p. (ISBN 2-912476-36-4)
  • Brigitte Kernel, Louis de Funès, Paris, Éd. du Rocher, , 213 p. (ISBN 2-268-05133-1). 
  • Laurent Aknin, Louis de Funès, Paris, Nouveau Monde éditions, coll. « Les petits illustrés », , 34 p. (ISBN 2-84736-089-1, présentation en ligne). 
  • Olivier de Funès et Patrick de Funès, Louis de Funès : « Ne parlez pas trop de moi, les enfants ! », Paris, Le Cherche Midi, coll. « Collection Documents », , 304 p. (ISBN 2-7491-0372-X). 
  • Pascal Djemaa (préf. Jean-Michel Di Falco), Louis de Funès : le sublime antihéros du cinéma, Autres temps, coll. « Temps mémoire », , 171 p.
  • Christian Dureau, Louis de Funès, le génie du rire, Paris, Éditions Didier Carpentier, coll. « Stars de l'écran », , 125 p. (ISBN 978-2-84167-586-9 et 2-84167-586-6)
  • Bertrand Dicale, Louis de Funès, grimace et gloire, Paris, Grasset, , 528 p. (ISBN 978-2-246-63661-8 et 2-246-63661-2, présentation en ligne). 
  • Marc Lemonier, L'Intégrale de Funès, Paris, Hors collection, , 296 p., 21 cm × 27 cm (ISBN 978-2-258-08333-2 et 2-258-08333-8)
  • Jean-Jacques Jelot-Blanc et Daniel de Funès, Louis de Funès : L'Oscar du cinéma, Paris, Flammarion, coll. « Arts et Culture », , 238 p. (ISBN 978-2-08-124446-7). 
  • Bertrand Dicale, Louis de Funès, de A à Z, Paris, Tana (Editis), , 456 p. (ISBN 978-2-84567-785-2 et 2-84567-785-5).
  • Stéphane Guezennec et Gérard Gargouil, Le dico fou de Louis de Funès, Paris, Hugo BD, , 96 p. (ISBN 978-2-7556-1121-2 et 2-7556-1121-9).
  • Sophie Adriansen, Louis de Funès, Regardez-moi là, vous !, Paris, Éditions Premium, , 304 p. (ISBN 978-2-35636-118-9)
  • Jean-Marc Loubier, Louis de Funès. Petites et grandes vadrouilles, Paris, Robert Laffont, , 564 p. (ISBN 978-2-221-11576-3 et 2-221-11576-7)
  • Clémentine Deroudille (dir.) (préf. Julia de Funès), Louis de Funès, Saint-Raphaël, Flammarion / musée Louis-de-Funès, , 192 p. (ISBN 9782081490963).
  • Alain Kruger (dir.), Louis de Funès, à la folie : exposition du 15 juillet 2020 au 30 mai 2021, Paris, La Martinière / Cinémathèque française, coll. « Art et spectacle », , 270 p. (ISBN 978-2-7324-9145-5).

Bibliographie complémentaire

  • Olivier Mongin, Éclats de rire : variations sur le corps comique, Seuil, coll. « la Couleur des idées », , 343 p. (ISBN 978-2-02-051700-3). 
  • Valère Novarina, Pour Louis de Funès, Paris, Actes Sud, , 79 p. (ISBN 2-86869-330-X)
  • Gérard Oury, Mémoires d'éléphant, Paris, Presses Pocket, , 346 p., poche (ISBN 2-266-03063-9). 
  • Daniele Thompson et Jean-Pierre Lavoignat, Gérard Oury : Mon père, l'as des as, La Martinière, coll. « Art et spectacle », , 208 p. (ISBN 978-2-7324-8795-3 et 2-7324-8795-3).

Numéros spéciaux de revues

  • Guillemette Odicino (dir.) et al., Louis de Funès, Télérama, coll. « hors-série » (no 182), 97 p. (ISBN 978-2-914927-47-5).
  • Charlie Hebdo : De Funès, un génie français, hors série, 6 août 2014, 16 p.

Articles universitaires

  • Larry Portis, « L'État dans la tête et les pieds dans le plat. Hiérarchie et autorité dans les films de Louis de Funès », L'Homme et la Société, no 154, , p. 31-50 (ISBN 2747583651, lire en ligne).
  • Sébastien Le Pajolec, « Cinégénie du gendarme ? La série du Gendarme de Saint-Tropez », Sociétés & Représentations, vol. 16, no 2, , p. 131-143 (lire en ligne).

Autour des films

  • Vincent Chapeau (préf. Danièle Thompson), Sur la route de la Grande Vadrouille : Les Coulisses du tournage, Paris, Hors collection, , 105 p. (ISBN 2-258-06383-3).
  • Pierre-Jean Lancry, Pleins feux sur... La Grande Vadrouille, Paris, Horizon illimité, coll. « Pleins feux sur... », , 136 p. (ISBN 2-84787-093-8)
  • Marc Lemonier, Sur la piste de Fantômas, Paris, Édition Hors Collection/Gaumont, , 127 p. (ISBN 2-258-06852-5)
  • Sylvain Raggianti, Le Gendarme de Saint-Tropez : Louis de Funès, histoire d'une saga, Paris, Flammarion, , 175 p. (ISBN 978-2-08-120327-3 et 2-08-120327-8)
  • Claude Raybaud, Louis de Funès : son personnage, ses films, de 1946 à 1982, Nice, éditions Gilletta, coll. « Beaux livres », , 248 p. (ISBN 978-2-35956-022-0).
  • Philippe Chanoinat, Louis de Funès : Rabbi Jacob à la folie !, Jungle, , 48 p. (ISBN 978-2-8222-1036-2 et 2-8222-1036-5, lire en ligne)

Documentaires

Articles connexes

Liens externes

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