Résistance intérieure française

La résistance intérieure française, appelée en France la Résistance, englobe l'ensemble des mouvements et réseaux clandestins qui durant la Seconde Guerre mondiale ont poursuivi la lutte contre l'Axe et ses relais collaborationnistes sur le territoire français depuis l'armistice du jusqu’à la Libération en 1944.

Pour les articles homonymes, voir Résistance.

La croix de Lorraine, choisie par le général de Gaulle comme symbole de la Résistance[1].

Cette lutte comprend des actions militaires : de renseignement et de sabotage contre les troupes d'occupation (essentiellement allemandes) et les forces du régime de Vichy, ainsi que des actions civiles comme la presse clandestine, la diffusion de tracts, la fabrication de faux papiers, l'organisation de grèves et de manifestations, le sauvetage des prisonniers de guerre évadés, des réfractaires au STO et des Juifs persécutés.

Ce que l'on appelle aussi « l'Armée des ombres » a rassemblé des hommes et des femmes de tous horizons, exposés tous à une forte répression de la part de RSHA (Office central de la sécurité du Reich dont fait partie la Gestapo), de l’Abwehr, de la Wehrmacht, ainsi que de la Milice française, la « police nationale » créée par l’État français[notes 1] à compter de la loi du et de l'action des différentes unités de la gendarmerie.

Si la Résistance active et organisée n'a jamais rassemblé plus de 2 ou 3 % de la population française, elle n'aurait pu survivre ni se développer sans de multiples complicités populaires, en particulier à l'époque des maquis. De même, c'est grâce à la solidarité de la population que les personnes persécutées par Vichy ont pu leur échapper[2].

L'histoire de la Résistance intérieure est indissociable de celle de la France libre. Le général de Gaulle, chef des Français libres, réfugié à Londres, dirige ses agents en métropole occupée par le biais des réseaux du BCRA ou d'envoyés tels que Jean Moulin, Pierre Brossolette et Jacques Bingen. Ces derniers reçoivent la charge d'unifier tous les courants et mouvements de la Résistance intérieure, sous l'égide de Londres puis d'Alger. La création du Conseil national de la Résistance par Jean Moulin, le , puis celle des Forces françaises de l'intérieur (FFI) par Jacques Bingen, le , marquent les jalons essentiels de ce processus d'unification parfois difficile.

Des formes de résistance ont également existé en Afrique française du Nord et dans le reste de l'Empire colonial français, ainsi qu'en Alsace et en Moselle, les départements annexés par le IIIe Reich.

France libre et Résistance intérieure

Le , sur les ondes de la BBC, le général de Gaulle a appelé à la radio tous les Français qui avaient une quelconque compétence militaire à venir le rejoindre à Londres. Ceux qui ont répondu à son appel sont considérés comme membres de la « France libre » ou résistants de l'extérieur.

La résistance de l'intérieur concerne ceux qui sont restés en France, soit en zone occupée, soit en zone libre, et se sont organisés pour mener des actions contre les forces de l'Allemagne nazie et contre toutes les structures du gouvernement de Vichy. Les initiatives isolées se structurent progressivement et le mot de « résistant » s'impose d'après le nom du bulletin du réseau du musée de l'Homme, Résistance, publié dès [3].

La France libre crée en métropole des réseaux de renseignements dès et les premiers contacts avec les mouvements de résistance intérieure sont établis à compter d'. L'unification des deux résistances sous l'égide du général de Gaulle est opérée notamment par Jean Moulin en 1942-1943. C'est pour symboliser cette résistance commune de la « France captive » et de la « France libre » que cette dernière est renommée « France combattante » en [4].

Point de vue administratif

Avant que les historiens aient eu le temps de définir ce qu'il convenait d'englober sous le terme de « Résistance », il a fallu déterminer administrativement qui avait droit de s'en réclamer, c'est-à-dire de toucher la pension à laquelle elle donnait droit. C'était un point particulièrement important pour les veufs, veuves et orphelins des 24 000 déportés-résistants qui n'étaient pas revenus des camps (sur environ 68 000 déportés pour cause de résistance), des 14 000 résistants morts au combat et des milliers de fusillés, entre 1940 et 1944.

Dès la fin de la guerre, 250 000 cartes de Combattants volontaires de la Résistance sont distribuées aux candidats présentés par les 45 mouvements homologués de la Résistance intérieure française et les 270 réseaux de la France combattante — qui dépendaient directement du Bureau central de renseignements et d'action (BCRA) de Londres. Selon cette définition administrative, les membres des réseaux du Special Operations Executive (SOE) ne sont pas comptabilisés puisqu'ils dépendaient d'une puissance étrangère, le Royaume-Uni. Certains mouvements ont été plus laxistes que d'autres pour donner leur agrément à des candidats douteux[5].

Par ailleurs, la loi no 48-1251 du [6] crée le « statut définitif des déportés et internés résistants ». Le dispositif est complété par l’article 19 de la loi no 86-76 du . Les articles 272 à 274 du code des pensions militaires d'invalidité et des victimes de la guerre puis, depuis le , les articles L.342-1 à L.342-5 du code des pensions militaires d'invalidité et des victimes de guerre[7], fixent les conditions dans lesquelles sont attribués les titres de déporté résistant et d'interné résistant.

Point de vue militaire

L'historien peut vouloir estimer les différentes manifestations de la Résistance sous un angle strictement militaire. On se réfère souvent à l'appréciation d'Eisenhower qui évalue à l'équivalent de quinze divisions l'apport de la résistance dans les pays occupés aux forces alliées[8]. Un auteur comme Philippe Masson[9] donne une estimation beaucoup plus basse, mais reste dans la même problématique : combien de divisions ? Dans une telle vision, les manifestations non directement militaires de la Résistance, par exemple, la production d'une presse clandestine, ne sont à prendre en compte que si elles sont de nature à drainer des forces vers une aide efficace aux forces alliées[10]. Par ailleurs, des actions comme le sauvetage des Juifs, qui font partiellement échec aux plans génocidaires nazis, n'entrent pas dans une logique militaire. Après le débarquement de Provence, le quart sud-est de la France a été libéré avec près de trois mois d'avance sur les prévisions initiales (Lyon : 70 jours[11], Grenoble : 83 jours), en partie grâce à l'action des Forces françaises de l'intérieur (FFI) créées officiellement le , devant réunir toutes les structures de la Résistance intérieure, et placées sous le commandement du général Koenig. En outre, le débarquement de Normandie aurait été beaucoup plus sanglant, sans les renseignements et les actions retardatrices de la Résistance. Toutefois, selon Jean-François Muracciole, spécialiste de la Résistance, « Résistance ou pas, sans doute les Alliés auraient-ils libéré la France selon un calendrier guère différent. »[12]. Selon l'historien, « l'apport militaire de la Résistance intérieure consista essentiellement dans la formation de filières d'évasion, la collecte du renseignement et, ponctuellement, le sabotage...Le terrible mot de Keitel à Berlin, le 8 mai 1945 (« Quoi, les Français aussi ! »), excessif, est injuste. Mais l'image d'une France résistante réalisant sa propre libération relève largement du mythe. »[13].

Point de vue politique

À l'inverse du point de vue militaire, l'historien peut avoir un point de vue strictement politique où les manifestations de Résistance sont considérées dans la mesure où elles changent la donne politique, notamment en donnant une légitimité à la France libre d'abord, et aux nouveaux pouvoirs qui émergent à la Libération.

La Résistance empêche ainsi toute vacance du pouvoir à la Libération, évite au pays toute guerre civile ou toute administration étrangère, restaure les libertés et constitue un remarquable vivier de renouvellement des élites politiques municipales et nationales. En 1946, les trois quarts des parlementaires sont d'anciens résistants. La Résistance est aussi à l'origine, par le programme du Conseil national de la Résistance[14] (), de la refondation du pacte social français, en engendrant les grandes réformes économiques et sociales de la Libération. Suivant ce point de vue, les actions militaires de la Résistance n'ont de la valeur que si elles ont une efficacité politique.

Mais nombre de réseaux voire de mouvements (telle l'ORA giraudiste) se refusent catégoriquement à « faire de la politique ». Inversement, beaucoup d'anciens résistants, bien au-delà des seuls rangs communistes, manifestent ultérieurement leur amertume de ne pas avoir pu changer la société et la vie politique aussi radicalement qu'ils le voulaient (Claude Bourdet, Henri Frenay).

En particulier, la Résistance a toujours été très divisée sur ce que doit être le sort des partis politiques après la guerre. Emmanuel d'Astier de la Vigerie (chef de Libération) et Henri Frenay (chef de Combat) ainsi que d'autres responsables de la résistance souhaitent que les mouvements remplacent les anciens partis disqualifiés, qu'un grand « parti de la Résistance » se forme et prenne en main la vie publique. Ils mettent en avant la faillite des partis en 1940 sous la IIIe République finissante et l'inexistence de la plupart d'entre eux en tant que tels dans la Résistance. Jean Moulin a dû mener un long bras de fer contre Pierre Brossolette ou Henri Frenay pour faire admettre les partis politiques au Conseil national de la Résistance () : les Alliés ne pourraient pas en effet comprendre leur absence. Cette réintégration des partis et l'échec rapide de la Résistance à engendrer ses propres formations politiques après la guerre sont l'objet jusqu’à nos jours de longues polémiques, surtout au vu des déceptions nombreuses engendrées par la IVe République, taxée souvent de « régime des partis ».

Léon Blum, de sa prison, souligne aussi que les partis sont indispensables à la démocratie, et que toute tentative de les disqualifier et de les remplacer renverrait dans les ornières de l'antiparlementarisme et des tentations autoritaristes, qui ont déjà tant fait de dégâts dans les années 1930 puis sous Vichy.

Aussi, si les résistants ont eu une efficacité politique indéniable et, pour beaucoup, un brillant destin public après-guerre, la Résistance en tant que telle échoue bel et bien à se prolonger sous une forme politique[15]. Ils ne sont que 2 ou 3 % de la population, et leurs formations ne signifient pas grand-chose en tant que telles aux électeurs.

Cependant, le PCF, la SFIO et le MRP joueront un rôle-clé dans la France libérée.

Motivations de l'engagement résistant

Composantes politique et militaire de la Résistance peuvent être parfois séparées. Il y a en fait plusieurs aspects dans l'activité de la Résistance en France, pendant la Seconde Guerre mondiale :

  • une réaction contre l'occupation étrangère et de lutte militaire pour l'indépendance nationale, l'une des principales motivations chez la majorité des résistants ;
  • la promulgation du Service du travail obligatoire (STO) pousse des centaines de milliers de Français à rejoindre les maquis ;
  • une lutte politique et morale contre le nazisme, contre la dictature, contre le racisme et la déportation, qu'il faut aussi prendre en compte si l'on veut pouvoir expliquer la présence d'Allemands dans la Résistance française et même d'un maquis d'antifascistes allemands entre 1942 et 1944, dans les Cévennes. Dans cette composante politique et morale, il faut aussi situer le Mouvement National contre le Racisme qui publie Fraternité et J’Accuse ou les réseaux de chrétiens à l'origine de Témoignage chrétien.

Structure sociale de la Résistance

Le patronat est fort peu représenté malgré de spectaculaires exceptions (Peugeot, Michelin) ; d'ailleurs, le général de Gaulle, qui reçut une délégation de la confédération du patronat français en , se plaignant des conditions de vie sous le gouvernement de Vichy, ne manqua pas de leur rappeler qu'il ne les avait pas vus en délégation à Londres ou à Alger pendant 4 ans.

En revanche, de nombreux éléments traditionnellement conservateurs comme les Églises, les militaires ou l'aristocratie paient un tribut significatif à la lutte résistante.

Sur l'ensemble de la Résistance française, François Marcot a tenté de donner une réponse tout en soulignant combien la question était délicate et nécessairement approximative[16], et il en vient à proposer le chiffre de 200 000 résistants pour le début de l'année 1944 et estime à 500 000 le nombre de personnes ayant eu une implication substantielle dans la Résistance. On dénombre, pendant toute la durée de la guerre, 266 réseaux de résistance avec 150 000 membres permanents[17].

Dans les maquis, la population est plus spécifiquement jeune et masculine. Dans le maquis de Bourgogne, par exemple, 90 % des maquisards sont des hommes jeunes et célibataires, typiquement dans la tranche d'âge 22-25 ans[18].

La population des mouvements de Résistance est surtout citadine. L'origine sociale des résistants sera spécifique à chaque mouvement. Ainsi, l'OCM regroupe essentiellement des hommes d'âge mûr, souvent cadres supérieurs du secteur privé et du secteur public. Défense de la France recrute plus spécifiquement des étudiants et des fonctionnaires. Le Front national de la résistance, créé par les communistes après la rupture du pacte germano-soviétique, a une coloration nettement ouvrière à sa naissance, mais ensuite perd en partie cette spécificité[19].

Les réseaux de renseignement recrutent plus spécialement dans certaines professions en rapport avec l'activité du réseau : officiers de l'armée, cheminots, représentants de commerce, qui voyagent beaucoup et boutiquiers qui peuvent servir de boîte à lettres. Par exemple, parmi les 600 agents du réseau Manipule, on décompte 20 % de femmes, 50 % de moins de trente ans. La grande majorité des agents sont des citadins. 25 % sont ouvriers qualifiés ou cadres techniques, 25 % employés ou fonctionnaires subalternes. Le reste est composé d'étudiants, professions libérales ou militaires. 13 % ont fait la guerre de 1914-1918, 36 % seulement la guerre de 1939-1940 et le reste n'a pas d'état de service antérieur[20].

Facteurs externes : chronologie succincte

Zone libre, zone occupée et zones interdites à statuts différents : les conditions de développement de la Résistance dans les deux zones sont très différentes.

L'histoire de la résistance française est en partie déterminée par un certain nombre de facteurs externes découlant du contexte historique de la Seconde Guerre mondiale et de la France occupée. Il est important d'avoir en tête les dates de quelques événements de première importance :

Origines et mouvances de la Résistance

Armée et administration

Les accords d'armistice ont limité les effectifs de l'armée du gouvernement de Vichy à 100 000, cantonnés exclusivement dans la zone non occupée. Parmi ces militaires, qu'ils fassent partie de cette armée d'armistice ou qu'ils aient été démobilisés, nombreux sont ceux qui souhaitent préparer la revanche contre les Allemands, sans pour autant vouloir rejoindre le général de Gaulle à Londres. Comme la grande majorité des Français, ils sont fidèles au nouveau chef de l'État, le maréchal Pétain.

  • Le capitaine Henri Frenay, affecté au 2e bureau de l'armée d'armistice, s'engage dès la fin de l'année 1940 et fonde avec sa compagne Berty Albrecht, en zone libre, le mouvement clandestin Combat. Ce mouvement sera l'un des plus importants.
  • En zone occupée, le colonel Alfred Touny et Jacques Arthuys fondent l'Organisation civile et militaire (OCM), en .
  • Le capitaine Paul Paillole, chef des services de contre-espionnage avant la défaite, continue à exercer ces fonctions dans l'armée d'armistice, tout en travaillant en collaboration avec les Britanniques et pourchassant les agents de l'Abwehr et du RSHA.

Une deuxième vague de militaires s'engagera dans la Résistance après l'invasion de la zone libre en  :

Réseaux du BCRA

Le Bureau central de renseignement et d’action militaire (BCRA), spécialisé dans les missions de renseignement et de sabotage est créé en au sein de la France libre du général De Gaulle. Créés et dirigés de Londres par le colonel Passy (André Dewavrin), les réseaux du BCRA se situent donc à la frontière entre la Résistance extérieure et la Résistance intérieure.

La Confrérie Notre-Dame constitué dès par Louis de La Bardonnie et quelques-uns de ses compagnons est l'un des tout premiers créés en France et avec le réseau Alliance, il est aussi l'un des plus importants. Gilbert Renault dit « Raymond » (plus tard « Rémy ») envoyé vers la métropole dès l'été 40 par le 2e Bureau de la France Libre donnera à l'organisation le nom de Confrérie Notre-Dame afin de la placer sous la protection de la Vierge.

Le , Honoré d'Estienne d'Orves, officier de marine affecté au 2e bureau des Forces navales françaises libres est envoyé en mission en zone occupée où il a constitué le réseau Nemrod de 26 personnes. Arrêté en , il sera fusillé le au mont Valérien.

Phalanx est un réseau de Résistance français créé en 1942 par Christian Pineau en zone sud, d'abord à Clermont-Ferrand, puis à Lyon. Sa branche du Nord, Phalanx Zone occupée, devient un réseau indépendant, Cohors-Asturies, sous la direction de Jean Cavaillès.

En 1943, le BCRA obtient des Mouvements unis de la Résistance (MUR) la fusion et subornation de leurs réseaux de renseignement. Ainsi est né le réseau Gallia.

Services secrets britanniques

Trois services secrets britanniques opèrent sur le territoire français :

le Special Operations Executive (Direction des opérations spéciales) créé en et chargé de l'action, le MI6 (Intelligence Service) chargé du renseignement et le MI9 chargé des évasions.

Au sein du Special Operations Executive (SOE), plusieurs sections contrôlent l'action en France, principalement la section F, la section RF et AMF.

  • La section F, qui agit sans coordination obligée avec la France libre, est confiée en à Maurice Buckmaster (pour cette raison, les réseaux de la section F en France sont également appelés « réseaux Buckmaster »). Les parachutages en France commencent en mais ce n'est qu'à partir de qu'ils prennent de l'ampleur. Les agents parachutés recrutent de nombreux agents en France qui dépendent directement des Britanniques tout au long de la guerre. La section F a suscité la colère du général de Gaulle, qui a demandé, en vain, sa suppression. De Gaulle ne supportait pas qu'il y eût des réseaux agissant en France hors du contrôle de la France libre[21].
  • La section RF, créée plus tard, coopère avec le BCRA.
  • La section AMF(Allied Mediterranean Forces), basée à Alger, après avoir brièvement collaboré avec les giraudistes, se met au service des gaullistes.

Selon l'historien britannique Michael R. D. Foot, le SOE a envoyé en France 1 800 agents, dont 1 750 hommes et cinquante femmes, pendant la durée du conflit. Un sur quatre est arrêté, proportion élevée, mais inférieure à celle rencontrée dans d'autres pays : un sur deux aux Pays-Bas, un sur trois en Belgique. Les agents du SOE ont armé 250 000 résistants français et se sont livrés à d'efficaces opérations de sabotage. Le général Eisenhower a estimé que le travail du SOE équivalait au renfort de cinq ou six divisions[22].

Le MI6 (l’Intelligence Service) crée plusieurs réseaux en France et en soutient d’autres, notamment Alliance. Jade-Fitzroy et les officiers des services de renseignement militaire de Vichy ayant choisi la Résistance. Par ailleurs, ce service collabore étroitement avec le BCRA. En particulier, Claude Dansey, Deputy Chief of the Secret Service, initie le colonel Passy au renseignement et entretient de bonnes relations avec lui pendant toute la guerre. Le MI6 s’occupe exclusivement de renseignement, l’action étant le monopole du SOE[23].

Enfin, le MI9, service chargé de l’évasion des soldats alliés, aide des filières comme le réseau Comète.

Services secrets américains

Créée en 1942, l'Office of Strategic Services (OSS) déploie la plus grande partie de son activité en Europe et en Méditerranée, les services de renseignement militaire étant prépondérants dans la guerre du Pacifique, et le FBI se chargeant de l'Amérique latine. L'OSS a trois antennes : à Londres, à Genève et à Tanger. Si la première coopère avec le SOE, la politique de l'OSS diffère de celle des services britanniques : les Américains préfèrent aider les réseaux non gaullistes, notamment ceux qui sont animés ou inspirés par le général Henri Giraud. Dans le cadre de la mise en place de la mission secrète Pearl Harbour en par les services spéciaux de la Défense Nationale établis à Alger, elle donne son aval sans intervenir dans l'organisation interne.

L'OSS propose aux Mouvements unis de la Résistance (MUR) le triple du financement accordé par la France libre et la mise en place de réseaux de passage entre France et Suisse, en échange de la primeur des renseignements recueillis. Pierre Bénouville, alors responsable des Relations extérieures des MUR, accepte d'effectuer la liaison entre l'antenne suisse de l'OSS et des MUR d'une part, les MUR de la France occupée d'autre part. Robert Frank y voit une tentative de dissocier les MUR de la France libre ; Robert Belot y voit plutôt la conséquence logique d'un financement insuffisant, suivi par un refus manifesté par les services britanniques d'y suppléer. Jean Moulin s'oppose vivement à cet accord, mais, après sa mort, il est finalement appliqué[24].

L'agence américaine rencontre moins de difficultés avec le Rassemblement national des prisonniers de guerre de François Mitterrand et Maurice Pinot, financé par l'OSS grâce à l'entremise de Pierre de Bénouville. Longtemps réservé à l'égard de Charles de Gaulle, l'OSS finit par noter dans ses rapports, à la mi-1944, qu'il est « considéré comme le seul dirigeant politique possible du moment».

Le SOE et l'OSS créent en 1944 les missions « Jedburgh », groupes de trois hommes (un Français, un Anglais et un Américain) parachutés en uniforme après le débarquement en Normandie, puis celui de Provence, pour aider les maquis.

Résistance communiste avant 1941

Réunion du secrétariat du PCF clandestin en 1943, à Longjumeau (Seine-et-Oise) : de gauche à droite : Benoît Frachon, Auguste Lecœur, Jacques Duclos et Charles Tillon.

Le Parti communiste a été dissous par décret du , après la conclusion du pacte germano-soviétique et l'invasion de la Pologne par l'Union soviétique. Depuis, l'appareil du parti survit dans la clandestinité.

Le , soit un jour avant l'appel du général de Gaulle, Charles Tillon, chargé de réorganiser le parti communiste dans le sud-ouest, lance un appel à la résistance contre « le fascisme hitlérien » à Bordeaux. Ces déclarations le distinguent nettement de la ligne du parti, qui obéit aux consignes de l'Internationale Communiste. Cette dernière veut expliquer la guerre comme le fait de l’impérialisme britannique, en centrant les critiques contre le Royaume-Uni, et faire en sorte que l'occupation de la France par l'Allemagne ne souffre pas de critiques trop prononcées du fait du pacte germano-soviétique[25].

Pendant l'été 1940, la direction du PCF prend contact avec les troupes d'occupation dans le but d'obtenir la reparution du quotidien L'Humanité. Maurice Tréand, Jean Catelas et l’avocat Robert Foissin rencontrent en ce sens Otto Abetz, l’émissaire d’Hitler à Paris dans son bureau, rue de Lille. Cette initiative qui durera un mois est rapidement condamnée par les dignitaires du parti, sans jamais ébruiter l'affaire. Maurice Thorez dénonce les agissements de Robert Foissin dans des télégrammes envoyés depuis Moscou, où il se trouve après avoir déserté pendant la drôle de guerre. Mais seule l'exclusion de Robert Foissin sera prononcée, même s'il restera l'avocat de l'Ambassade soviétique et de la représentation commerciale soviétique après son exclusion[26].

Le premier réseau de résistance universitaire a été fondé par les communistes Jacques Decour, Georges Politzer et Jacques Solomon en . Ils publient l'Université libre et La Pensée libre, qui se singularisent par leur propension à critiquer l'occupant. Traqués par la police française, ils seront arrêtés en , torturés puis fusillés en au mont Valérien. Un autre contributeur de la seconde publication, le philosophe Valentin Feldman, sera fusillé à son tour en au même endroit.

Des étudiants communistes participent avec d'autres mouvements à la manifestation du à Paris, qui honore les vainqueurs de la Première guerre mondiale. Mais les formations communistes, loin de revendiquer ce haut fait spontané, s'en démarquèrent[27].

En , un long tract signé des régions parisiennes du PCF et des Jeunesses communistes incite les étudiants à ne pas s'égarer dans le combat frontal avec l'occupant : « Assurer l'indépendance de la France, c'est permettre à ce pays d'être libéré de l'impérialisme britannique […]. Ce n'est pas par la guerre que la France redeviendra libre et indépendante, c'est par la révolution socialiste »[28].

Fin mai-début , dans le Nord et le Pas-de-Calais éclate une grève encadrée par les militants communistes qui prive les nazis d'une partie du charbon produit. L'un des premiers actes de résistance collective à l'occupation nazie en France, la grève violemment réprimée se solde par plus d'une centaine d'arrestations, des exécutions et la déportation de plus de 250 personnes.

Tout au long de l'année 1940, la clandestinité du parti communiste pousse à la création d'une Organisation spéciale, qui regroupe des cellules communistes clandestines. Avec l'appel du 10 juillet 1940, le PCF lance un appel à la constitution d'un Front national de lutte pour la libération et l'indépendance de la France, même si le texte ne fait aucune mention de la résistance contre les allemands[28]. Il ne sera finalement créé qu'en , alors que les relations entre l'URSS et l'Allemagne nazie se dégradent fortement. Cependant les moyens militaires des communistes sont encore très faibles en mai et en , notamment à cause du refus du BCRA de lui remettre des armes.

Il est difficile de considérer que le parti communiste ait basculé dans une résistance à l'occupant dès 1940, quoi qu'il ait prétendu après la guerre. Prisonnier des louvoiements de la diplomatie soviétique, le parti ne s'en est guère démarqué, et la ligne suivie entre et se concentre sur l'action syndicale et la lutte contre « les réactionnaires », en l’occurrence le Régime de Vichy, tout en ménageant l'occupant, le pacte germano-soviétique oblige. Les quelques militants qui ont commencé la résistance intellectuelle contre l'occupant ont été les électrons libres d'un parti figé dans ses relations avec Moscou[28].

Résistance communiste après 1941

Pierre Georges, dit le « Colonel Fabien ».
Affiche de propagande allemande (dite « affiche rouge ») stigmatisant les résistants des FTP-MOI.

Le , Adolf Hitler déclenche l'Opération Barbarossa, qui vise à envahir l'URSS. Cette date marque le début de la lutte des communistes français contre l'occupant nazi.

En , le communiste Pierre Georges dit le Colonel Fabien commet le premier attentat symbolique contre un officier allemand, l'attentat du métro Barbès, qui marque en quelque sorte le début de la Résistance armée de leur part. Les communistes développent rapidement un mouvement de résistance armée, les Francs-tireurs et partisans français (FTPF), dirigé par Charles Tillon. Ouverts aux non-communistes, les FTPF restent néanmoins toujours sous contrôle communiste. Il en est de même du Front national, créé par le PCF en , mouvement de résistance politique, organisé par profession, devenu l'un des plus gros mouvements de Résistance, voire le plus gros mouvement de la Résistance française.

Les communistes jouent alors un rôle important dans la résistance à l'occupant nazi par leur capacité d'organisation. Ils sortent de leur isolement et se rapprochent des autres éléments de la résistance intérieure française comme de la France libre : à la mi-1943, le Front national participe au Conseil national de la Résistance (CNR). L'organisation clandestine du PCF, dirigée par Auguste Lecœur, gagne en puissance jusqu'à prendre largement le contrôle du CNR puis du commandement national des Forces françaises de l'intérieur.

Le Groupe Manouchian (section parisienne des FTP-MOI) était pendant un temps en 1942-1943 le mouvement de Résistance armée le plus actif de France, réalisant une opération armée tous les deux jours. Ses participants étaient très déterminés car directement visés par le régime de Vichy, étant des étrangers communistes dont une majorité de juifs apatrides. Le Groupe Manouchian totalise environ 150 attentats dans la seule ville de Paris dont l’exécution du général Julius Ritter, le responsable du STO en France. Le Groupe Manouchian devient un symbole de la Résistance française avec la publication de l'Affiche Rouge et l'exécution de la plupart de ses membres.

Le communiste Georges Guingouin forme plusieurs petits groupes à partir de 1940 puis joue un rôle important dans la formation du maquis du Limousin en 1942-1943, quoique le fonctionnement ultérieur de ce maquis soit sous contrôle mixte. Par la suite, faisant passer les règles de cloisonnement inhérentes à la clandestinité avant la discipline de parti, Guingouin conserve toujours une grande indépendance vis-à-vis des structures de son parti.

Parmi les trois principaux dirigeants du Comité d'action militaire (COMAC) créé par le Conseil national de la Résistance (CNR) pour diriger les Forces françaises de l'intérieur (FFI), deux étaient communistes (Pierre Villon et Maurice Kriegel-Valrimont), le troisième étant Jean de Vogüé.

Des communistes sont également présents dans des mouvements de résistance non communistes. Ce sont souvent des militants qui n'occupaient pas, avant-guerre, une place centrale dans l'appareil du parti et qui, privés de contact avec le parti clandestin, ont eu l'occasion de rallier un autre mouvement. Le parti les a ensuite encouragés à rester dans ces organisations. Par exemple, Jean-Pierre Vernant, universitaire qui termine la guerre comme responsable FFI de neuf départements du Sud-Ouest a désavoué le pacte germano-soviétique et rejoint le mouvement Libération.

Résistance socialiste

Tombe de Marc Lepilleur, secrétaire de la section socialiste de La Courneuve, fusillé en 1944.

Nombreux dans la Résistance, les socialistes sont moins visibles en tant que tels car, contrairement aux communistes, ils lient rarement la reconstitution du parti et l'adhésion à des mouvements de résistance. La résistance socialiste est plus dispersée, en grande partie parce que la SFIO elle-même était incomparablement moins centralisée que le PCF, reposant bien davantage sur les élus et cadres locaux.

À la fin de l'été 1940, Daniel Mayer est chargé par Léon Blum de reconstituer la SFIO, mise en sommeil par Paul Faure. En , Daniel Mayer crée, avec d'autres militants socialistes comme Suzanne Buisson et Félix Gouin, le Comité d'action socialiste (CAS), à Nîmes. Un CAS avait été créé par Jean-Baptiste Lebas pour le Nord-Pas-de-Calais (administrativement rattaché à la Belgique) en et un autre, fondé en , couvre la zone nord. En 1942, Le Populaire, organe de la SFIO de 1921 à 1940, reparaît dans la clandestinité. La même année, André Philip devient commissaire national à l'Intérieur de la France libre, et Félix Gouin rejoint Charles de Gaulle à Londres pour représenter les socialistes.

En Algérie, les groupes de résistants sont déjà formés. Ils sont composés de militants socialistes mais aussi de militants d'extrême gauche. Ils feront partie des compagnons du et partiront ensuite sur Londres, Paris, le Sud Ouest et la Corse. À la suite du procès de Riom, l'ardeur et le nombre des résistants socialistes s'accroissent. Le CAS-sud devient la SFIO clandestine en . Les CAS fusionnent en juin. Issu de la SFIO, Pierre Brossolette est en contact avec le CAS-sud, puis la SFIO clandestine, parallèlement à ses activités à la Confrérie Notre-Dame.

Les militants socialistes sont hégémoniques à Libération-Nord, dans les réseaux de renseignements issus de ce mouvement (Phalanx, Cohors-Asturies) et dans le réseau Brutus de Gaston Defferre, qui sont les principaux relais de la SFIO clandestine auprès de la France libre et de la Résistance intérieure. L'Organisation civile et militaire, glisse de la droite vers le socialisme tout au long de la guerre, du fait de la participation croissante de socialistes (comme Jacques Piette et Guy Mollet), et des arrestations de membres fondateurs. Par contre, l'engagement de plus en plus important des socialistes à Libération-Sud, où ils représentent presque la moitié des adhérents, se traduit par une influence politique moindre.

Plusieurs parlementaires de la SFIO jouent un rôle important dans la Résistance, notamment Jean Biondi, Jean Bouhey, Édouard Froment, Lucien Hussel, Jules Moch, Jean Pierre-Bloch et Tanguy-Prigent. François Camel et Marx Dormoy sont assassinés ; Jean-Baptiste Lebas, Isidore Thivrier, Claude Jordery et Augustin Malroux meurent en déportation. Parmi les résistants socialistes, se trouvent également des hommes d'appareil, comme Amédée Dunois, rédacteur du Populaire clandestin, mort à Bergen-Belsen.

Dans la région de Lyon, des militants du Parti socialiste ouvrier et paysan créent en 1940 le mouvement de résistance L'Insurgé, dirigé par Marie-Gabriel Fugère. Le mouvement publie dans la clandestinité 26 numéros de son journal.

Syndicalistes

Le , Le gouvernement de Vichy dissout les organisations syndicales ouvrières et patronales. La CGT et la CFTC n'existent plus officiellement. René Belin, Secrétaire à la Production Industrielle et du Travail du gouvernement du maréchal Pétain, instaure un système de syndicat unique basé sur le corporatisme. Ancien membre du bureau confédéral de la CGT, il en a démissionné le pour se rallier, le , au régime de Vichy, en acceptant un poste gouvernemental.

Dès le , des trois dirigeants syndicalistes de la CFTC et neuf de la CGT signent le Manifeste des Douze[29] qui est un texte de défiance vis-à-vis du gouvernement de Vichy. Évitant à la fois toute allégeance au régime de Vichy et à toute opposition catégorique, l'esprit du document est marqué par le souci de préserver l'indépendance du syndicalisme (« Le syndicalisme ne peut pas prétendre absorber l'État. Il ne doit pas non plus être absorbé par lui »). D'autre part, le document (et sur ce point il s'oppose frontalement à l'idéologie de Vichy) rejette avec force toute conception raciste : « En aucun cas, sous aucun prétexte et sous aucune forme, le syndicalisme français ne peut admettre entre les personnes de distinctions fondées sur la Race, la Religion, la Naissance, les Opinions ou l'Argent ».

En , Louis Saillant, Christian Pineau et Albert Gazier, tous trois membres du bureau confédéral de l'ex-CGT participent à la fondation du mouvement de Résistance Libération-Nord.

De leur côté, Benoît Frachon, André Tollet, Eugène Hénaff et quelques autres dirigeants exclus de l'ex-CGT en , pour avoir refusé de condamner le Pacte germano-soviétique, et qui avaient échappé aux recherches de la police française, reprennent, dans des conditions aggravées, le travail clandestin déjà amorcé dans la « drôle de guerre ». Ils vont assurer la publication et la diffusion régulière d'une presse syndicale clandestine, la Vie Ouvrière principalement : 338 numéros clandestins de ce journal paraîtront pendant la durée de l'occupation. Sous leur impulsion, dès la fin de l'été 1940, ont lieu des manifestations de chômeurs devant les Mairies de la région parisienne. Bientôt des grèves pour les salaires éclateront dans certaines entreprises.

La réaction de l'occupant et de ses séides français ne tarde pas. Le , 63 anciens responsables de grands syndicats et de fédérations sont arrêtés, parmi lesquels la plupart de ceux qui seront fusillés à Chateaubriant un an plus tard. Quelques jours après, Jean-Pierre Timbaud, dirigeant de la métallurgie parisienne est pris à son tour.

À partir du , des pourparlers sont engagés entre les syndicalistes de l'ancienne CGT et ceux de l'ancienne CGTU. Ils ont lieu à Paris. Les deux tendances entament un processus de rapprochement. Celui-ci se confirme le avec la rencontre à Cahors entre Léon Jouhaux, en présence de Louis Saillant, pour les ex-confédérés, et Raymond Sémat, syndicaliste de la métallurgie, délégué par Benoît Frachon pour les ex-unitaires. À la suite de cet entretien, Georges Buisson est dépêché à Londres, pour y représenter la CGT auprès du Comité français de Libération nationale présidé par le général de Gaulle. Vichy ne se trompe pas sur le danger que représente pour lui ce rapprochement. Le , il fait arrêter Léon Jouhaux, ainsi que Vivier-Merle, secrétaire de l'U.D. du Rhône, et tente de mettre la main sur Perrier, secrétaire de l'UD du Puy-de-Dôme. Mais ces arrestations n'interrompent pas les pourparlers, si bien que le les Accords du Perreux, signés par Robert Bothereau et Louis Saillant pour les ex-confédérés, et Henri Raynaud et André Tollet pour les unitaires, réunifient la CGT.

D'une façon générale, les syndicalistes sont souvent bien placés pour créer des réseaux de renseignement ou de sabotage dans les nombreuses usines qui travaillent pour l'armement allemand. Les réseaux relationnels constitués d'anciens syndicalistes peuvent également servir à drainer un certain nombre de militants vers les mouvements de résistance. Gaston Cusin réactive ses réseaux de douaniers qu'il a déjà mis en œuvre pour faire de la contrebande en faveur des républicains, du temps de la guerre d'Espagne. Il va réussir à détourner de l'or de la Banque de France au profit de la France libre[30]. Il retrouve Christian Pineau à Libération-Nord.

Droite dure, extrême droite et vichysto-résistants

Avant-guerre, on désigne sous le terme de « nationaux » les Français sympathisants, membres ou militants des Ligues d'extrême droite, comme celle de l'Action française, d'inspiration monarchiste, antisémite « d'État » par son théoricien Charles Maurras et xénophobe, ou encore Solidarité française et les Jeunesses patriotes. La Ligue la plus importante a été les Croix-de-feu du colonel de La Rocque, formée à l'origine d'anciens combattants, plus réservée à l'égard de l'antisémitisme et plus modérée bien que taxée de « fasciste » par les mouvements de gauche. Les Ligues se caractérisent par leur antiparlementarisme, qui les pousse à l'action de rue, par exemple lors des émeutes du .

Les Ligues ont été dissoutes en 1936, notamment par le Front populaire après son arrivée au pouvoir. Des partis politiques ont accueilli les « nationaux », comme le Parti social français, issu des Croix de Feu, ou le Parti populaire français de Jacques Doriot ou encore la vénérable Fédération républicaine, en voie de radicalisation avec des dirigeants comme Philippe Henriot. Les plus extrémistes ont intégré la Cagoule, une organisation clandestine paramilitaire, qui a cultivé l'action séditieuse clandestine et comploté contre la République jusqu’à son démantèlement en 1937.

À l'instar de Charles Maurras, fondateur de l'Action française pour qui la chute de la République est une « divine surprise »[31], une partie des milieux d'extrême droite accueille très favorablement le nouveau régime de Vichy. Mais leur nationalisme pousse également certains « nationaux » à s'engager dans la lutte contre l'occupant dès , tels Daniel Cordier, devenu le secrétaire de Jean Moulin, ou le colonel Rémy un des plus célèbres chefs de réseaux de renseignements, fondateur de la Confrérie Notre-Dame à partir du réseau déjà constitué par Louis de La Bardonnie, tandis que d'autres s'engagent dans des mouvements collaborationnistes ou peuplent l'entourage de Pétain à Vichy.

Georges Loustaunau-Lacau et Marie-Madeleine Fourcade fondent le réseau Alliance, tandis que le colonel Groussard, issu des services secrets de Vichy, passe en Suisse après et fonde le « réseau Gilbert » travaillant pour les Britanniques. Le colonel de La Rocque, nommé au Conseil national du régime de Vichy en , fonde le réseau Klan, lié au réseau Alibi lui-même lié à l'Intelligence service britannique. Pierre de Bénouville, d'abord maréchaliste, devient l'un des dirigeants de Combat, aux côtés d'Henri Frenay. Des militants d'extrême droite, prisonniers de guerre, entrent en résistance après leur libération ou leur évasion, tels Jacques Renouvin qui fonde les groupes-francs du mouvement Combat ou Adrien Sadoul.

L'historien Jean-Pierre Azéma a forgé le terme vichysto-résistant pour qualifier ceux qui, après avoir cru dans la personne même de Pétain (les maréchalistes) ou accepté avec plus ou moins d'enthousiasme le régime de Vichy et sa Révolution nationale (les pétainistes), s'en sont détachés plus ou moins brièvement « sans esprit de retour » et ont rejoint la Résistance. Cette catégorie ne recouvre pas exactement la droite dure et l'extrême droite. L'ancien cagoulard Claude Hettier de Boislambert rejoint de Gaulle dès l'été 1940 alors que Charles Vallin, du PSF, ne gagne Londres qu'en 1942. Maurice Ripoche (fondateur de Ceux de la Libération) défend, initialement, un régime très semblable à Vichy, mais, plaçant la libération du territoire au-dessus de tout, n'entre pas dans l'administration pétainiste, et ouvre dès 1941 le mouvement à des hommes de gauche. Le terme de vichysto-résistant concerne parfois des trajectoires ambigües et contestées. Des militants d'extrême droite ont pu soutenir Vichy et publier dans des journaux collaborationnistes tout au long de l'Occupation mais arguer à la Libération de leur double jeu et de leur action clandestine, tel Serge Jeanneret, issu de l'Action française et membre du PPF, qui reçoit la Croix du combattant volontaire de la Résistance. Des ministres de Vichy ont pu bénéficier d'un non-lieu après la Libération pour insuffisance de charges et faits de résistance, comme François Lehideux, qui aurait protégé des membres de l'Organisation civile et militaire (OCM)[32].

Il n’y a pas à proprement parler de structuration de la mouvance vichysto-résistante, au-delà des groupes, d’importance variable, qui la composent[33].

La confrontation avec les autres réseaux de résistants est parfois âpre : la Résistance antivichyste, qui eut quelque temps des relations avec le colonel Groussard, s'en méfia vite et coupa les ponts après [34]. La collaboration d'État préconisée par le régime de Vichy induit, en effet, une dissonance cognitive fondamentale chez les vichysto-résistants qu’ils cherchent par tous les moyens à résorber. Collaboration et résistance sont par définition incompatibles[33] : la résorption de cette contradiction relève de l’ordre du discours et de l’imaginaire. Ainsi apparaissent les représentations du « bon monarque entouré des mauvais conseillers », du « double jeu » et de « la pensée intime » du chef de l’État[33]. Une certaine tendance au réalisme rend cet échafaudage intellectuel fragile, car les faits, la politique menée et les déclarations du Maréchal en faveur de la collaboration, viennent continuellement le mettre à l’épreuve. Les vichysto-résistants ont donc fini par privilégier un patriotisme sinon un nationalisme anti-allemand et un désir de voir la France métropolitaine libérée de l'occupant allemand à leurs détestations issues de l'avant-guerre (de la franc-maçonnerie, du parlementarisme, des gauches, du communisme, des Juifs et de la République pour certains). Et par considérer que la régénération et la renaissance de la France vantées par la Révolution nationale ne pouvaient avoir lieu tant que la France resterait occupée. D'autant que les collaborationnistes, le régime de Vichy et les politiques allemandes ont évolué vers une radicalisation certaine avec par exemple la mise en place du Service du travail obligatoire ou les rafles antisémites à partir de 1941.

Parfois également, le contact clandestin avec d'autres milieux et d'autres philosophies politiques fait changer certains de ces hommes. Beaucoup renoncent progressivement à leurs opinions antisémites ou à leur haine de la « démocrassouille », ou tout simplement à leurs opinions traditionalistes et conservatrices. Bénouville et Marie-Madeleine Fourcade deviennent députés gaullistes après la guerre, François Mitterrand passe à gauche, Henri Frenay évolue vers un socialisme humaniste et européen, le jeune Daniel Cordier, dont la famille est maurassienne depuis trois générations, glisse vers la gauche après avoir connu le républicain Jean Moulin.

À l'inverse, tous les résistants passés par Vichy ne renient pas leurs idées, comme Gabriel Jeantet ou Jacques Le Roy Ladurie.

Les vichysto-résistants rejoignent la lutte contre l'occupant :

Antifascistes

À l'opposé de l'extrême droite sur l'échiquier politique, les antifascistes, nombreux chez les universitaires, ont un rôle important dans la fondation du mouvement Libération : Emmanuel d'Astier de La Vigerie, principal dirigeant du mouvement est journaliste. Jean Cavaillès, philosophe et mathématicien de l'université de Strasbourg, rencontre d'Astier et Lucie Aubrac à Clermont-Ferrand où l'université s'est repliée.

Les intellectuels antifascistes sont nombreux également, autour de Jean Cassou et Boris Vildé dans ce qu'on a appelé le réseau du musée de l'Homme, dont le premier bulletin Résistance est diffusé dès [3]. C'est dans cette mouvance que l'on peut classer des francs-maçons comme Pierre Brossolette et François Verdier.

Des militants du Comité de vigilance des intellectuels antifascistes figurent parmi les premiers résistants, comme Paul Rivet.

À l'inverse, d'anciens antifascistes ont rejoint Vichy ou les milieux collaborationnistes, par anticommunisme et pacifisme notamment, tels Léon Émery, Paul Rives ou Claude Harmel.

Chrétiens

Dans la France de 1940, la majorité de la population est catholique. On retrouve donc des catholiques, certains sans motivation religieuse exprimée, dans presque toutes les catégories citées comme courant de la Résistance même si l'épiscopat, le clergé et la majorité des milieux catholiques représentent pour beaucoup un soutien au maréchal Pétain[35].

Chronologiquement, c'est toutefois la minorité protestante qui développe une attitude de résistance spirituelle inspirée par l'attitude de l’Église confessante allemande et par deux lettres du théologien Karl Barth qui circulent sous forme dactylographiée. Dès le , le pasteur André Trocmé prononce devant ses paroissiens du Chambon-sur-Lignon son sermon dits des « armes de l'Esprit » qui contient le premier appel à la résistance prononcé sur le sol français[36]. La population du Chambon-sur-Lignon aura pendant toute la guerre un comportement de résistance non violente qui lui vaudra la médaille des justes de Yad Vashem en raison du nombre important de juifs qui seront cachés et protégés par le village et ses environs. Le protestantisme fournira donc son contingent de héros à la Résistance classique (Jean Cavaillès, Berty Albrecht, Lucie Aubrac…) mais aussi son expression non-violente et spirituelle (André Trocmé, Roland de Pury, Madeleine Barot…) Premières manifestations publiques de solidarité des chrétiens français envers les Juifs, les lettres du président de la Fédération protestante de France Marc Boegner des et ont un très fort retentissement dans le pays.

Côté catholique, des résistants comme Honoré d'Estienne d'Orves et certaines mouvances de la Résistance sont motivés par leur fort ancrage religieux, comme Liberté, fondée par François de Menthon qui sera l'une des composantes du mouvement Combat, les Cahiers du Témoignage chrétien fondés par le père Pierre Chaillet ou les Jeunes chrétiens combattants, fondés par Gilbert Dru (1920-1944) et Maurice-René Simonnet. Ces militants considèrent que leur foi chrétienne leur impose d'agir aux côtés de la Résistance[notes 2]. Cette conscience amène à condamner les abus et vengeances personnelles perpétrés sous couvert de résistance : dans une déclaration du les évêques de France condamnent officiellement « les appels à la violence et les actes de terrorisme qui provoquent l'assassinat des personnes et le pillage des demeures »[37].

De nombreux prêtres et religieux s'engagèrent dans des actions de résistance (et particulièrement dans l'accueil et le sauvetage des évadés, des juifs, des aviateurs alliés ou des réfractaires). Beaucoup le payèrent de la déportation, voire de leur vie (comme le père jésuite Yves de Montcheuil, Roger Derry, les pères franciscains Corentin Cloarec ou Robert Desmoutiers, ou encore le père capucin Augustin Meyer, ainsi que le père Albert Piat (35 ans), le père Christian Gilbert (32 ans), le frère Joachim Nio (46 ans), le scolastique Jean Cuny (26 ans) et le scolastique Lucien Perrier (26 ans), oblats de La Brosse-Montceaux, torturés, abattus à la mitraillette et jetés dans un puits fin )[38].

Juifs

Étant donné le sort que leur promettaient les Allemands, la clandestinité était pour les Juifs non seulement un attribut de la résistance, mais aussi un moyen d'éviter les rafles. Beaucoup d'entre eux se sont battus au sein des organisations et réseaux non-juifs. Toutefois, les spécificités de la menace qui planait sur eux ont incité certains Juifs à se regrouper pour secourir les internés dans les camps français (Beaune-la-Rolande, le camp des Milles, etc.), favoriser les filières d'évasion, la confection de faux papiers et lutter pour la libération.

Les premiers réseaux clandestins se sont formés autour des Éclaireurs israélites de France dès 1941 avec Robert Gamzon[39] dit Castor et de l'Œuvre de secours aux enfants (OSE) avec le docteur Joseph Weill[40] et Georges Loinger[41].

Une résistance militaire s'organise aussi avec Jacques Lazarus[42] autour de l'Armée juive (qui deviendra à la libération l'Organisation Juive de Combat (OJC) qui prend le maquis dans la Montagne Noire près de Castres[43]. L'OJC participe aux combats de la Libération notamment à Castres et au Puy-en-Velay et sera intégrée aux FFI. Un de ses dirigeants, Maurice Loebenberg dit Maurice Cachoud[44], responsable de la confection des faux-papiers dans la région de Nice est appelé par le Mouvement de libération nationale (MLN) à Paris pour y centraliser le service des faux papiers. Trahi par Karl Rehbein, le même qui sera aussi responsable du massacre des jeunes résistants fusillés à la cascade du bois de Boulogne, il y est arrêté par la Gestapo française et torturé à mort en . Des membres de l'OJC seront encore parmi les dernières victimes d'Alois Brunner qui les fait déporter le de Drancy. Ce sera le « dernier wagon »[45] ou encore « le convoi des 51 otages ». 27 prisonniers de ce dernier transport, dont Jacques Lazarus, parviendront à s'évader en sautant du train.

Étrangers

Beaucoup de réfugiés politiques étrangers n'ont guère le choix : l'internement administratif promis aux étrangers ou la Résistance. Lorsqu'ils sont communistes, ils adhèrent à des unités des Francs-tireurs et partisans - Main-d'œuvre immigrée (FTP-MOI)[46].

Polonais

80 000 soldats polonais combattent dans l'armée polonaise en France en . Le , ils ne déposent pas les armes. Le gouvernement polonais n'ayant pas accepté l'armistice du maréchal Pétain, ils n'ont d'autre choix que l'évacuation vers le Royaume-Uni ou l'entrée dans la clandestinité. Très tôt, des réseaux se forment, instructions et financement proviennent de Londres (du gouvernement polonais en exil et son allié SOE britannique). Les missions de ces réseaux sont multiples : renseignement militaire à l'arrière de l'ennemi[47], filières d'évasion des militaires alliés et plus tard, organisation de combat.

La principale organisation créée et opérant en France est l'Organisation polonaise de lutte pour l'indépendance connue sous le nom de POWN ou Monika. Elle avait été précédée par la création en 1940 du réseau F2.

L'organisation militaire de la POWN était placée sous le commandement de Daniel Zdrojewski alias « colonel Daniel ». En , un accord entre les gouvernements polonais et français en exil, signé le par Zdrojewski et Jacques Chaban-Delmas, place les unités combattantes polonaises sous l'autorité des FFI[48].

Les Polonais participent aussi aux activités de décryptage. Le système de codage d'Enigma, une machine à chiffrer utilisée par l’armée et la diplomatie allemande durant l’entre-deux-guerres et la Deuxième Guerre mondiale fut brisé par Marian Rejewski, Jerzy Różycki et Henryk Zygalski, trois mathématiciens de l’Université de Poznań qui travaillaient pour le Bureau du Chiffre de la deuxième Section de l’État-major de l’Armée polonaise. C’est la construction en 1933 d’une réplique « d’Enigma » et le décodage de dépêches allemandes qui permirent ce résultat. En , dans une atmosphère de guerre imminente, les Polonais partagèrent leurs réalisations, avec les services secrets français et britanniques et avaient réalisé la réplique « d’Enigma ». Cela permet aux Alliés, surtout aux Britanniques, de déchiffrer les dépêches allemandes puis, plus tard, japonaises (« Opération Ultra »). Les Alliés peuvent ainsi devancer les actions de leur adversaire ou les éviter. Les spécialistes alliées sont aidés par les spécialistes polonais qui purent être évacués en en France et puis, qui gagnent la Grande-Bretagne après la défaite et l'armistice de la France.

Espagnols

Dans les maquis du Sud-Ouest, on trouve plusieurs milliers de républicains espagnols, communistes (Luis Fernandez, etc.) ou anarchistes un peu partout, en Bretagne (Roque Carrion, etc.) comme dans les Cévennes ou à Poitiers, Bordeaux, Angoulême, Avignon, Montélimar, Valence, Annecy, etc. On y trouve aussi le bataillon Gernika, composé de réfugiés basques ressortissants espagnols. La Main-d'œuvre immigrée (Celestino Alfonso, etc.) va occuper une place majeure et accueillera la majorité des communistes espagnols. La ville de Foix a été libérée par les seuls Espagnols[49].

Commandés par le capitaine Raymond Dronne, les premiers détachements de la 9e compagnie de blindés, La Nueve, sont les premières forces alliées à entrer dans Paris par la Porte d'Italie à 20 h 41, le . C’est le char Guadalajara qui franchit le premier les boulevards extérieurs. Elle est presque entièrement composée d’anarchistes espagnols. On y parle le castillan. La 9e participera ensuite à la libération de Strasbourg[49].

Italiens

Le , des représentants du Parti communiste et du Parti socialiste d'Italie, réfugiés en France, signent l'« appel de Toulouse », puis le « pacte de Lyon », le , qui scellent l'unité d'action dans la Résistance. Les Italiens, particulièrement nombreux en Moselle industrielle, jouèrent un rôle déterminant, comme les Polonais d'ailleurs, dans la constitution du « Groupe Mario » (pseudonyme de l'instituteur Jean Burger qui en était le fondateur), principale organisation de résistance dans ce département qui était alors annexé au Reich hitlérien[50]. Le , le siège central du parti fasciste italien qui se trouve à Paris, rue Sédillot, est attaqué par un commando FTP-MOI commandé par l'italien Rino Della Negra.

Néerlandais

Regroupant plus de 400 personnes, le réseau Dutch-Paris fut dirigé par Herman Laatsman et Jean Weidner. Ce réseau faisait également du renseignement pour le gouvernement néerlandais en exil à Londres. Il n'était pas exclusivement composé de Hollandais et comprenait, en majorité, des Français et des personnalités de diverses origines, dont le grand résistant allemand Karl-Heinz Gerstner. Ses membres travaillaient en collaboration étroite avec d'autres réseaux de résistants français (faux-papiers, passeurs, planques…). À la suite d'une dénonciation en , dont toutes les circonstances n'ont pas encore été éclaircies, la plupart des membres du réseau ont été arrêtés et déportés en camp de concentration. Beaucoup ne sont pas revenus.

Luxembourgeois

Quelque 400 Luxembourgeois antifascistes, ainsi que des jeunes qui refusaient de servir ou qui avaient déserté la Wehrmacht, quittaient le Luxembourg pour continuer leur lutte dans le maquis français. Ils étaient particulièrement actifs dans les régions de Lyon, Grenoble et dans les Ardennes.

Antoine Diederich, plus connu sous son nom de combattant « Capitaine Baptiste », avait quelque 77 maquisards sous ses ordres. Il s'est rendu célèbre dans l'attaque de la prison de Riom[51] où Diederich et ses maquisards ont libéré 114 résistants, dont 30 condamnés à mort[52].

Germanophones dans la Résistance, en France

Monument à la mémoire du maquis de Bonnecombe au col de Bonnecombe dans les monts de l'Aubrac en Lozère.

Des communistes et antifascistes allemands[53] et autrichiens ainsi que des personnes originaires des États successeurs de l'Autriche-Hongrie participent également à la Résistance, notamment dans l'organisation Travail allemand. La direction exilée des partis communistes d’Allemagne (KPD) et d’Autriche (KPÖ) s’exerce en grande partie à Toulouse. De même, le groupe des Révolutionnaires communistes autrichiens (RKÖ, puis RKD), marxiste anti-stalinien, est réfugié à Montauban où il effectue essentiellement un travail de propagande[54].

Un maquis d'antifascistes allemands (principalement communistes) lutte, en Haute Lozère et dans les Cévennes (maquis de Bonnecombe et de Marvejols, puis maquis Montaigne), aux côtés de la Résistance française, à partir du printemps 1943. Il se constitue autour d'une quarantaine d'anciens des Brigades internationales. D'abord employés dans les groupements de travailleurs étrangers (GTE), ils sont ensuite menacés par l'occupation de la zone Sud et prennent le maquis. Il est dirigé par Otto Kühne (nom de résistant Robert), ancien député au Reichstag, qui aura, en , plus de deux mille FTP sous ses ordres.

Des formes de résistances à contre-courant de l'union nationale

Certains groupes sociaux ou politiques, parce qu'ils étaient très minoritaires dans le pays ont eu une influence négligeable dans l'évolution de la Résistance française. Tel est le cas des trotskistes. Ils ont cependant mis en place des formes particulières de résistance au nazisme en organisant un travail politique clandestin en direction des soldats de l'armée allemande.

C'est aussi le cas des anarchistes. Quelques-uns se rallient à la France libre, quelques autres adhèrent aux réseaux de la Résistance intérieure. Une résistance proprement anarchiste a été le fait, principalement, de Jean-René Saulière, avec la diffusion de tracts, le collage nocturne d'affiches et la reconstitution clandestine de la Fédération internationale syndicaliste révolutionnaire. Cette résistance anarchiste est hostile à Vichy et au nazisme, mais aussi à l'URSS et à la France libre[55].

Le Groupe révolutionnaire prolétarien, d'orientation conseilliste, s'inscrit également dans ce type de résistance.

Autres mouvances

Quelques élus de droite modérée (ou de centre droit) ont quant à eux joué, localement, voire nationalement, un rôle important, comme Léonel de Moustier et Joseph Laniel.

Les travaux de l'universitaire Jean-Jacques Monnier[56],[57] ont montré également l'engagement de près de 250 militants culturels, linguistiques, régionalistes (URB, etc.) ou nationalistes bretons de différentes obédiences (PNB, LFB, etc. soit plus d'une quarantaine de personnes) dans la Résistance, de manière dispersée ou organisée (le groupe Liberté de Saint-Nazaire, nom de code Timoléon) impliqué dans l'opération Chariot, en lien avec le réseau du Musée de l'Homme puis intégré au Bataillon de la Poche, le groupe Bleiz Mor en centre Bretagne, les maquis de Seilla et de la Douve à Saint-Gilles-du-Mené), les FFL (notamment le groupe Sao Breiz) ou dans le reste de la France, au sein des réseaux classiques.

Femmes dans la Résistance

La première des femmes résistantes est Berty Albrecht, numéro 2 du réseau Combat dirigé par son compagnon Henri Frenay, morte à Lyon dans des conditions comparables à Jean Moulin et inhumée en tant que Compagnon de la Libération au Mont Valérien.

Moins nombreuses que les hommes, les femmes représentent 15 à 20 % des résistants et environ 15 % des déportés politiques.

Elles sont généralement cantonnées à des rôles subalternes. Lucie Aubrac, figure emblématique, n'a jamais eu de rôle défini dans la hiérarchie du mouvement Libération-Sud. Hélène Viannay, cofondatrice du mouvement de résistance Défense de la France, aux côtés de son époux Philippe Viannay, ne songe jamais à écrire un article dans le journal, alors qu'elle assiste avec les autres épouses de dirigeants à toutes les réunions de rédaction. En revanche, Suzanne Buisson, cofondatrice du Comité d'action socialiste (CAS) en est la trésorière. Marie-Madeleine Fourcade est la seule femme à avoir dirigé un grand réseau de résistance en France.

Les femmes organisent des manifestations de ménagères dès 1940, omniprésentes dans les encouragements et l'aide matérielle aux grévistes (comme dans le Nord-Pas-de-Calais en ) ainsi qu'aux réfractaires des maquis[58]. Elles sont indispensables comme dactylos, et surtout comme agents de liaison - en partie parce que les Allemands se méfiaient moins des femmes, et que les innombrables contrôles d'identité dirigés contre les réfractaires au STO ne les concernent pas.

Si le Conseil National de Résistance néglige de mentionner le vote des femmes dans son programme de renouveau en , le général de Gaulle signe toutefois à Alger, le , l'ordonnance déclarant les femmes électeurs et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes : le rôle émancipateur des résistantes est ainsi reconnu.

Il faut aussi mentionner que d'innombrables combattants de l'ombre vivent toute la guerre en couple, et que leur résistance serait impossible et invivable sans la présence de leur compagne à leur côté : Berty Albrecht et Henri Frenay, Raymond et Lucie Aubrac, Gilberte et Pierre Brossolette, Paulette et Maurice Kriegel-Valrimont, Hélène et Philippe Viannay, Marie-Hélène et Pierre Lefaucheux, Cletta et Daniel Mayer, le couple Rol-Tanguy, etc. forment des couples indissociables.

Nombreuses sont les résistantes qui se marient et qui ont des enfants en pleine clandestinité, sans interrompre pour autant leur combat. Certaines sauvent la vie à leur mari comme Lucie Aubrac ou Marie-Hélène Lefaucheux. D'autres feront de la politique après la guerre, comme Gilberte Brossolette qui sera élue sénateur socialiste et la première femme vice-président du Sénat. D'autres partagent leur sort jusqu’à la torture, à la déportation et à la mort. Le célèbre convoi du , dit « convoi des 31 000 » emporte à Auschwitz des résistantes françaises parmi lesquelles de nombreuses veuves de fusillés, ainsi Maï Politzer, épouse de Georges Politzer, France Bloch-Sérazin, fille de Jean-Richard Bloch ou encore Hélène Solomon, fille du grand savant Paul Langevin et femme de l'écrivain Jacques Solomon.

Solange Sanfourche, résistante alias Marie-Claude) était secrétaire dactylo et agent de liaison. Elle portait le courrier à André Dufour dit Olivier[59].

Unification de la Résistance

Au début de l'occupation, les réseaux et mouvements de résistance sont très isolés ; mais progressivement, la Résistance tend à s'unifier. Cependant, même si la construction de l'unité de la Résistance française peut être présentée dans un ensemble simple et linéaire, elle ne doit pas occulter certains aspects qui échappent à l'histoire de son unification :

Ainsi, les nombreux réseaux contrôlés par les Britanniques ou les Américains ne sont pas concernés par l'unification de la résistance tandis que ceux de la résistance communiste ne le sont que partiellement : le contact entre les envoyés de De Gaulle et les communistes ne s'établit qu'à la fin de 1942. De même, la libération de la Corse en , qui constitue un des plus grands faits d'armes de la Résistance, est surtout l'œuvre de FTP communistes qui ne sont pas encore intégrés à l'Armée secrète et de giraudistes, qui ne sont pas partie prenante dans l'unification politique de la Résistance.

Organisation géographique de la Résistance française

Arrivée de Jean Moulin à Londres

L'histoire de l'unification de la Résistance est indissociable de celle de Jean Moulin. En 1941, une Résistance intérieure commence à se former, incarnée en zone sud par des mouvements créés autour d'Henri Frenay, d'Emmanuel d'Astier de La Vigerie ou de François de Menthon, indépendamment des agents de la France libre. Pour affirmer sa légitimité, cette dernière a besoin d'être reconnue par la Résistance intérieure, qui elle-même a besoin du soutien matériel et financier de la France libre. C'est parce qu'il a compris que cette rencontre reste à faire que Jean Moulin va jouer un rôle déterminant dans le rapprochement des Résistances intérieure et extérieure.

Préfet d'Eure-et-Loir en 1939, Jean Moulin a fait partie du cabinet du ministre de l'air Pierre Cot. Il a ainsi tissé un solide réseau de relations dans les milieux antifascistes. Dès , il a l'idée de recenser avec son ancien collègue Gaston Cusin un certain nombre de résistants potentiels, mais ce n'est qu'au cours de l'été 1941 qu'il a les contacts les plus décisifs, notamment avec Henri Frenay dirigeant du mouvement qui ne s'appelle pas encore Combat, mais Mouvement de Libération nationale. Il a également des contacts avec Liberté, de François de Menthon et Libération de Emmanuel d'Astier de La Vigerie. Dans le rapport qu'il rédige à l'intention de De Gaulle, il parle de ces trois mouvements en les regroupant sous l'acronyme LLL. C'est la fusion de Liberté et du Mouvement de Libération nationale qui donnera naissance au mouvement Combat.

Jean Moulin arrive à Lisbonne le , prend contact avec le SOE puis rejoint Londres où il rencontre de Gaulle le . Il parvient à se faire passer pour le représentant des trois Mouvements LLL aux noms desquels il demande une aide financière et logistique. Moulin fait également état de contacts avec le colonel Groussard, ancien cagoulard, ce qui donne à sa mission un caractère encore plus éclectique. Les contacts qu'il a eus avec les différents mouvements sont réels, mais les mandats dont il se prévaut le sont moins[30].

Mission de Jean Moulin

Le courant passe bien entre les deux hommes : Jean Moulin, homme de gauche, reconnaît un démocrate en Charles de Gaulle, homme de tradition. Le général lui confie la mission de rallier et d'unir les mouvements de résistance, et de créer une armée secrète unifiée, établissant ainsi une distinction entre forces militaires et organisations politiques.

Moulin est parachuté dans la nuit du 1er au avec des fonds (un million et demi de francs) pour les mouvements, et du matériel de transmission. Il agit avec doigté et fermeté auprès des différents chefs de mouvement pour obtenir leur allégeance à la France libre. Durant l'année 1942, Moulin, dont le pseudonyme est Rex avant de devenir Max se concentre sur la zone sud où un nouveau mouvement est apparu, le mouvement des Franc-Tireurs dont le chef est Jean-Pierre Lévy. Le rapprochement entre les deux fortes personnalités que sont Frenay et d'Astier n'est pas aisé, et Moulin et Lévy doivent souvent jouer les modérateurs pour apaiser les conflits.

D'Astier, résolument antifasciste penche pour une action politique qui prendrait appui sur les couches populaires tandis que Frenay, surtout anti-allemand prône la primauté du militaire sur le politique. À partir de fin 1941, la relative clémence dont la police de Vichy a fait preuve à l'égard des mouvements clandestins non communistes prend fin et des militants des diverses organisations se font arrêter. D'Astier a beaucoup de mal à supporter que Frenay aille s'en expliquer avec le ministre de l'intérieur Pierre Pucheu.

Des services administratifs communs sont mis sur pied : en , le Bureau d'information et de propagande, sorte d'agence de presse clandestine, et en , le Comité général d'études chargé d'étudier les réformes politiques et économiques à mettre en œuvre à la Libération. La coordination des mouvements de la zone sud et la fusion de leurs moyens militaires buttent sur des rivalités internes qui obligent à organiser un voyage des quatre leaders à Londres. Frenay et d'Astier de la Vigerie se rendent à Londres en , mais Lévy et Moulin ne peuvent traverser la Manche. De Gaulle écoute les arguments des deux présents et tranche en faveur de Jean Moulin, puis parvient à faire accepter la création d'un comité de coordination de la zone sud. Désormais, les deux principaux mouvements de résistance reconnaissent clairement l'autorité de la France libre, devenue France Combattante. Ils se mettent d'accord pour constituer l'Armée secrète, dont la responsabilité est confiée au général Delestraint. Jean Moulin est informé de ces décisions par une lettre dactylographiée du Général datée du [60]. La première réunion du comité aura lieu à Lyon le .

Création des Mouvements unis de la Résistance (MUR) et de l'Armée secrète (AS)

Il faut un an à Moulin pour parvenir à former un noyau solide autour duquel peuvent se cristalliser les autres composantes de la Résistance, et notamment celles de la zone Nord : le , les trois grands mouvements Combat, Franc-tireur et Libération-Sud fusionnent pour former les Mouvements unis de la Résistance (MUR). Jean Moulin en assure la présidence, Henri Frenay est commissaire aux « affaires militaires », Emmanuel d'Astier de La Vigerie aux « affaires politiques » et Jean-Pierre Lévy aux « renseignements et à l'administration ».

Les relations entre l'Armée secrète, supposée intégrer les différents groupes armés et corps francs des mouvements, et les MUR, posent un problème : les responsables des MUR ne veulent pas d'une séparation entre l'activité militaire et l'activité politique ; ils ne veulent pas non plus que l'AS dépende directement de Londres. Frenay et Delestraint sont souvent en conflit, et l'arrestation de Delestraint le laisse le problème entier. L'indépendance de la presse clandestine ne pose pas de problème : chaque mouvement conserve sa presse indépendante.

Au cours du second semestre de 1943, les territoires de l’Empire français et les forces armées extérieures et intérieures deviennent dépendants du Comité français de la Libération nationale (CFLN) créé en juin et celui-ci prend, le , le nom de Gouvernement provisoire de la République française (GPRF). Dès lors, la Résistance forme un tout organique et peut tirer sa force de son insertion même dans la nouvelle structure politique. Le GPRF comprend une assemblée consultative au sein de laquelle on trouve des représentants de tous les mouvements de résistance ; aussi, au printemps 1944, l’union s’accomplit-elle progressivement entre l’Armée secrète, l’Organisation de résistance de l’armée (ORA) et les Francs-tireurs et partisans (FTP).

Unification du mouvement des prisonniers de guerre

Le Mouvement de résistance des prisonniers de guerre a été fondé et organisé par Michel Cailliau. À l'approche de la libération, François Mitterrand quitte le mouvement fondé par le Maréchal Pétain. Peu après, il parvient à prendre la direction du mouvement fondé par Cailliau.

Unification en zone Nord et jonction des Communistes et de de Gaulle

L'unification de la Résistance en zone Nord s'effectue avec presque un an de décalage par rapport au processus amorcé en zone Sud. Moulin a bien envoyé son vieux compagnon du cabinet Cot, le commandant Henri Manhès en zone Nord, mais en gros, le processus d'unification en zone Nord se fait plutôt en marge de la mission de Moulin. C'est avec un mandat de divers mouvements et organisations syndicales que Christian Pineau, qui a fondé Libération-Nord, gagne Londres en et négocie son ralliement à de Gaulle[30].

Pierre Brossolette à Londres, vers 1942-1944.

Au début 1943, de Gaulle charge Pierre Brossolette et le colonel Passy d'une mission centrée sur l'unification de la résistance armée, partiellement divergente de la mission confiée à Jean Moulin. Le Comité de Coordination créé le regroupe tous les mouvements de l'ancienne zone Nord, c'est-à-dire l'Organisation civile et militaire (OCM), Ceux de la Résistance (CDLR) et Ceux de la Libération (CDLL), et organise leurs services « Action » sous l'autorité de la France Combattante.

La résistance communiste n’est entrée en communication avec de Gaulle qu'au deuxième trimestre 1942. Ce n'est pas Jean Moulin, qui a pourtant dans ses relations un certain nombre de proches du PCF, qui est l'acteur de ce rapprochement. C'est une éminence grise du parti communiste, Jean Jérôme qui peut prendre contact avec des officiers du BCRA. Il s'ensuit plusieurs mois de contacts entre Rémy qui représente de Gaulle et un certain Joseph, représentant de la Résistance communiste. (Voir Histoire du Parti communiste français).

Ces contacts aboutissent à l'envoi à Londres de Fernand Grenier, ancien député de Saint-Denis, mandaté pour représenter aussi bien la direction du parti communiste (Jacques Duclos) que celle des FTP (Charles Tillon). De même qu'ils ont créé une structure pour la résistance armée, les FTP, les communistes ont également constitué un mouvement de résistance, le Front national, censé dépasser leur mouvance politique. Ils en font pour des raisons tactiques un concurrent temporaire des MUR créés en par Jean Moulin. Finalement, le Front national, comme le parti communiste est représenté à la réunion constitutive du Conseil national de la Résistance (CNR), le . Mais il faut attendre officiellement le mois de , et pratiquement bien plus tard pour que les FTP soient intégrés à une structure centralisée, à savoir, les Forces françaises de l'intérieur (FFI).

Conseil national de la Résistance

En 1943, encouragé par le ralliement de certains leaders politiques, de Gaulle provoque à Alger la résurgence des anciens partis, allant souvent à l'encontre des vœux des résistants. Le Conseil national de la résistance, qui tient sa première réunion à Paris, rue du Four, le , comprend des représentants des mouvements de résistance, mais également des partis politiques et des syndicats.

La séance est présidée par Jean Moulin assisté de Pierre Meunier et Robert Chambeiron[30]. Moulin lit un message de De Gaulle.

Participent également à cette réunion:

  • au titre des mouvements :

Ceux de la Libération : Roger Coquoin, Ceux de la Résistance : Jacques Lecompte-Boinet, Front national : Pierre Villon, Libération-Nord : Charles Laurent, OCM : Jacques-Henri Simon, Combat : Claude Bourdet, Franc-Tireur : Eugène Claudius-Petit, Libération-Sud : Pascal Copeau

  • au titre des tendances politiques :

Parti communiste : André Mercier, Parti socialiste : André Le Troquer, Radicaux socialistes : Marc Rucart, Démocrates populaires : Georges Bidault, Alliance démocratique : Joseph Laniel, Fédération républicaine : Jacques Debû-Bridel

  • au titre des organisations syndicales :

CGT : Louis Saillant, CFTC : Gaston Tessier

Cette réunion du est en quelque sorte l'aboutissement du travail de Jean Moulin et de Pierre Brossolette. Le CNR survit à l'arrestation de Jean Moulin, le à Caluire. Georges Bidault lui succède, comme président du CNR, mais celui-ci ne se réunit plus jamais en séance plénière. Le bureau permanent comprend, en , outre Georges Bidault, Pierre Villon, Pascal Copeau, Louis Saillant et Maxime Blocq-Masquart (OCM).

Certains mouvements ne sont pas invités à la réunion du - par exemple Défense de la France et les tendances giraudistes comme l'ORA. Lors de cette réunion, certains participants interviennent, à droite Bidault et à gauche Villon, pour rétablir un équilibre entre Giraud et de Gaulle. Néanmoins, c'est à de Gaulle que la constitution du CNR apporte un surcroît de légitimité qui lui permet de s'imposer vis-à-vis des alliés britannique et américain comme le seul représentant authentique de la France résistante.

Création des FFI et intégration des FTP dans les FFI

Camion des FFI.
La croix de Lorraine, symbole choisi pour les Forces navales françaises libres[61],[62],[63] et repris par la France libre puis par toute la Résistance[64] avant de devenir, à partir de 1947 l'emblème du RPF et du mouvement gaulliste.

Malgré tous ces mouvements d’appareil, le résistant de base ignore souvent à quel mouvement il appartient. Dans le réseau où il est entré, généralement par cooptation, il n'a de contacts qu'avec un nombre limité de personnes, et il accomplit les tâches qui lui sont affectées. Il n'apprendra qu'à la fin de la guerre qu'il a travaillé, par exemple, pour le SOE et qu'il ne dépendait pas de De Gaulle.

L'unification des mouvements armés revêt un caractère assez formel, en ce sens que, quand la coordination devient nécessaire entre les réseaux, les maquis et les troupes alliées, elle est assurée depuis Londres et non par un état-major clandestin basé sur le territoire français. À l'échelon local, l'unification peut aider les groupes de différentes origines à travailler ensemble et parfois à se soumettre à une autorité commune. Cela a relativement bien fonctionné lors de la libération de Paris.

Le général Delestraint, arrêté début , et déporté à Dachau, est remplacé par Pontcarral-Dejussieu à la tête de l'AS. Reste à intégrer d'une part l'Organisation de résistance de l'armée (ORA), émanation de l'ancienne armée d'armistice, représentative de ce qu'il est convenu d'appeler la résistance vichysso-giraudiste et, d'autre part, les FTP. L'ORA qui se veut strictement militaire n'a pas été partie prenante de la constitution du CNR. Elle a des contacts privilégiés avec le général Giraud. À partir de , lorsque Giraud doit s'effacer devant de Gaulle, l'ORA s'intègre en douceur dans l'AS. Cette intégration est formalisée en par un accord ORA-AS. L'ORA reconnaît alors l'autorité du CFLN d'Alger présidé par de Gaulle.

De la même façon, une fusion théorique a lieu le entre l'AS et les FTP, donnant naissance aux FFI placées sous l'autorité du général Kœnig le .

Parallèlement à la création des FFI, le CNR, de plus en plus dominé par les communistes et leurs alliés, avait créé une Commission militaire d'action censée superviser les FFI. D'abord désignée COMIDAC, on l'appela ensuite le COMAC. Alors de qui dépendait Koenig ? Du COMAC ou du CFLN d'Alger, transformé le en gouvernement provisoire ? Personne ne le sait trop. Le délégué militaire national, (Chaban), ainsi que les délégués militaires de zones (DMZ) dépendent, eux, directement du comité militaire national d'Alger. La complexité de l'organigramme permet à chacun de faire ce qu'il lui plait, mais il n’en reste pas moins que la Résistance est structurée, et que quand tout le monde est de bonne volonté, les choses avancent.

Différentes formes de la Résistance

Les mouvements de Résistance agissent sur deux plans distincts : d'une part, ils veulent contribuer à la défaite militaire des Allemands, et d'autre part, ils veulent influencer l'opinion publique pour que la France bascule dans le camp qu'ils estiment être le bon.

Réseaux et mouvements

Dès l'année 1941, on peut distinguer parmi les différents groupes de résistance balbutiants deux types d'organisation : les réseaux et les mouvements.

Selon Claude Bourdet, « un réseau, c'est une organisation créée en vue d'un travail militaire précis, essentiellement le renseignement, accessoirement le sabotage, fréquemment aussi, l'évasion de prisonniers de guerre et surtout de pilotes tombés chez l'ennemi… Un mouvement, au contraire, a pour premier objectif de sensibiliser et d'organiser la population de la manière la plus large possible… ».

Presse clandestine

La première action de beaucoup de mouvements de résistance est la publication et la diffusion de presse clandestine[65]. Ce n'est pas la règle générale, puisque certains mouvements, surtout dans la zone Nord, comme Ceux de la Résistance (CDLR) et Ceux de la Libération (CDLL) et dans une moindre mesure l'Organisation civile et militaire (OCM) refusent l'action civile pour mieux s'occuper du militaire.

D'autres mouvements, comme Défense de la France fondé en par les étudiants Philippe Viannay, Robert Salmon, Jacques Lusseyran se refusent à monter des services de renseignements ou des corps francs. Témoignage Chrétien est à ranger dans la même catégorie.

Les premiers imprimés datés à paraître sont la modeste feuille Vérité française () et le journal Résistance (dont le premier numéro est daté du )[66]. Une autre feuille clandestine, L’Arc, paraît même sans doute dès  : non daté, le premier numéro commente l’allocution de Pétain du et l’exemplaire qui commente la rencontre de Montoire est déjà le numéro 11[66].

La plupart des autres journaux clandestins paraissent dans les dernières semaines de 1940 et au début de 1941. Il ne consistent qu'en quelques feuillets, souvent même une feuille unique, ronéotypée recto verso, car la vente de toutes les matières premières  papier, encre, stencils  est interdite[65],[66].

Les tirages augmentent cependant assez vite. En zone Nord, en , Pantagruel, l'organe de Franc-Tireur tire à 10 000 exemplaires, et Libération-Nord qui le remplacera atteint assez vite un tirage à 50 000. En , Défense de la France, diffuse 450 000 exemplaires.

En zone Sud, après la fusion des deux journaux Liberté de François de Menthon et Vérité de Henri Frenay, paraissent 58 numéros du journal Combat de à , et pendant la même période 37 numéros de Franc-Tireur, 5 numéros de Libération et 15 cahiers de Témoignage Chrétien. Pour les tirages, Dominique Veillon et Olivier Wieviorka donnent le chiffre de 5 000 à 10 000 exemplaires au démarrage, et ensuite un chiffre moyen de 125 000 à 150 000.

On dénombre 317 numéros clandestins de L'Humanité jusqu'à la Libération.

Renseignement et contre-espionnage

Les réseaux de renseignement sont de loin les plus nombreux et les plus étoffés. Il s'agit, bien sûr de collecter des renseignements de valeur militaire : constructions sur la façade atlantique, effectifs des unités de la Wehrmacht basées en France… On assiste souvent une compétition entre le BCRA et les différents services britanniques pour prendre contact avec les réseaux qui se sont mis en position de fournir des renseignements intéressants. Parallèlement se renforcent les services de contre-espionnage destinés à contrer les agents ennemis et à intoxiquer les nazis.

Les premiers agents de la France libre débarquent sur la côte bretonne dès . Ce sont les lieutenants Mansion, Saint-Jacques, Alexandre Beresnikoff dit Corvisart, Gillbert Renault dit Rémy qui n'hésitent pas à prendre contact avec les milieux militaires anti-allemands de Vichy comme George Loustaunau-Lacau et le colonel George Groussard dont ils sont proches idéologiquement.

Les différents mouvements ont bien compris l'intérêt de disposer de réseaux de renseignements pour se faire reconnaître et toucher des subsides de la part du BCRA ou des Britanniques. Le service de renseignement des FTP s'appelle la FANA. Il est dirigé par Georges Beyer, le beau-frère de Charles Tillon. Il existe au sein du BCRA la Direction générale des services spéciaux (DGSS) qui assure les missions de contre-espionnage[67].

La transmission des renseignements se fait d'abord par émetteur radio.

Lysander, Groupe 161, Special Operations Executive, basé à Tangmere, 1943.

Plus tard, lorsque les liaisons aériennes, notamment par Lysander, deviennent plus fréquentes, une partie des renseignements est également acheminée par ces courriers. Selon Passy, le responsable du BCRA, en 1944, 1 000 télégrammes quotidiens transitent par radio, auxquels il faut ajouter plus de 20 000 pages et 2 000 plans par semaine. On appelle les opérateurs radio des pianistes. Beaucoup sont repérés par les voitures goniométriques allemandes qui patrouillent également en zone sud dès l'été 1943. De ce fait, comme le rappelle Jean-François Muracciole, en proportion, ce furent les réseaux qui subirent les plus lourdes pertes.

Après la guerre, 266 réseaux directement liés au BCRA sont reconnus, comprenant 150 000 agents dénombrés.

Sabotage

Le sabotage est une forme d'action que peuvent ambitionner tous les groupes désireux de dépasser la diffusion de presse clandestine. De nombreux laboratoires clandestins se mettent en place pour produire les explosifs, indispensables. Jules Dumont et la chimiste France Bloch-Sérazin montent en un petit laboratoire pour fournir des explosifs aux premiers combattants communistes. Le laboratoire produit également des ampoules de cyanure pour permettre aux résistants de se suicider et ainsi éviter la torture en cas d'arrestation. France Bloch-Sérazin est arrêtée en , torturée, déportée à Hambourg et décapitée à la hache en . En zone Sud, l'ancien royaliste Jacques Renouvin se livre aux mêmes activités pour le compte des groupes francs du réseau Combat.

À la longue, le vol de dynamite sera préféré à la fabrication artisanale. Les Britanniques en parachutent également des tonnes à destination de leurs réseaux SOE dont l'une des missions essentielles est le sabotage. Les chemins de fer sont la cible préférée des saboteurs. On comprend d'ailleurs bien vite que le déboulonnage est autrement plus efficace que les explosifs.

Les déraillements de train sont d'une efficacité discutable pendant toute la période de l'occupation où les Allemands parviennent à réparer les voies assez rapidement. Après le débarquement de Normandie et celui de Provence, joints aux bombardements alliés, ils peuvent désorganiser plus efficacement la retraite des Allemands. Les sabotages des voies font évidemment moins de dégâts collatéraux que les bombardements.

Les sabotages du matériel sortant des usines d'armement est une forme d'action plus discrète, mais vraisemblablement au moins aussi efficace que les attentats à l'explosif.

De même, des résistants « individuels » ou en petit groupe obtiennent des résultats de manière non violente. En truquant des documents et des rapports, des fonctionnaires privent des usines « collaboratrices » d'une partie des matières premières, de l'énergie ou de la main-d’œuvre nécessaires[réf. nécessaire]. Certains industriels modèrent leur production et leurs livraisons à l'occupant[68]. À la SNCF, des cheminots retardent autant que possible le transport des marchandises prises en France et du matériel militaire allemand, par exemple en modifiant ou échangeant les étiquettes de destination de certains wagons[69]. Les cheminots français ont commis des attentats, prévenu les maquis et retardé le plus possible les convois allemands, souvent au péril de leur vie[70]. Ainsi un wagon de moteurs d'avions pour chasseurs Fw 190, attendu à Brest, a « disparu » pendant six semaines avant d'être retrouvé en Allemagne[réf. nécessaire].

Guérilla urbaine

Les pratiques de guérilla sont l'apanage des groupes communistes. Il s'agit de perpétrer des attentats pour frapper l'ennemi au cœur des villes. Une première vague d'attentats a lieu immédiatement après l'entrée en guerre de l'URSS, en . Les communistes ont alors un objectif clair, participer à la guerre aux côtés de l'URSS de la même façon que les Français libres participent à la guerre aux côtés des Britanniques. L'objectif est d'immobiliser le maximum de troupes allemandes à l'Ouest.

Pierre Georges, plus connu sous le nom de Fabien, abat un officier allemand de l'intendance, l'aspirant de marine Moser à la station de métro Barbès, le . Cet attentat et ceux qui sont perpétrés dans les semaines suivantes par de jeunes communistes ont une efficacité dérisoires au regard de l'objectif visé et coûtent la vie à de nombreux otages parmi lesquels des chefs de la résistance, tel que d'Estienne d'Orves[notes 3]. La presse communiste clandestine se fait très discrète sur ces attentats, surtout le dernier, celui de Nantes, qui déclenche en représailles l'exécution de 98 otages. Les communistes renoncent temporairement à ce type d'action trop impopulaire.

Un membre de la Résistance avec un soldat américain.

Les groupes qui livrent à Paris une série d'attaques directes contre des soldats ou des officiers Allemands de juillet à sont autrement mieux organisés. Joseph Epstein, alias colonel Gilles, est un responsable des FTP-MOI à qui l'on a également confié la responsabilité des combattants FTP de l'ensemble de la région parisienne où la formation de véritables commandos de quinze combattants permet de réaliser un certain nombre d'actions spectaculaires, comme l'attaque d'un détachement allemand qui monte vers la place de l'Étoile au pas de l'oie. Cela n'aurait pas été possible avec les groupes de trois qui étaient la règle dans l'organisation clandestine depuis 1940. Ces commandos de la MOI sont constitués d'étrangers. Le groupe de Manouchian est le plus célèbre.

Maquis

Maquisards et officiers du SOE en Haute-Savoie, .
Maquisards fusillés à Ligueil, Indre-et-Loire, près de la ligne de démarcation.

On désigne par maquis des groupes de résistants opérant dans les régions peu accessibles, où une végétation abondante peut masquer des mouvements de groupes. Les massifs montagneux français, les Alpes, le Jura, le Massif central, Morvan… sont souvent propices à de telles implantations.

À quelques exceptions près, comme celle de Georges Guingouin ou Jean Longhi, les résistants ne songent guère à créer des maquis avant 1943. C'est l'afflux de réfractaires qui tentent d'échapper au Service du travail obligatoire (STO) instauré à partir du qui suscite la création des maquis, où des résistants plus chevronnés encadrent les jeunes réfractaires. Par ailleurs, à cette même date, la Résistance a atteint un degré de maturité suffisant pour envisager le contrôle de quelques territoires. Après que, sous l'impulsion de Jean Moulin, les trois mouvements de la zone sud ont fusionné sous l'appellation de MUR, un Service national des Maquis (SNM) est mis en place, en , sous la responsabilité de Michel Brault. En , le SNM estime à 43 000 le nombre des maquisards relevant de ses services (22 000 en zone sud - 14 000 en camp et 8 000 placés - et 21 000 en zone nord - 14 000 en camp et 7 000 placés), auxquels s'ajouteraient 65 000 sédentaires (50 000 en zone sud, 15 000 en zone nord) et les maquis FTP, 5 000 en zone sud et 7 000 en zone nord (ces chiffres du rapport Jérôme (Michel Brault)[réf. incomplète], sans doute quelque peu exagérés, sont à prendre avec les précautions d'usage).

Surgissent alors des problèmes de toutes sortes : motivation très variable de la part des réfractaires pour adhérer à un projet de résistance, difficultés matérielles pour l'approvisionnement, armement insuffisant, mais au cours du temps, un nombre assez considérable de maquis sont créés, au point qu'ils symbolisent, dans une certaine mesure, l'idée même de résistance[réf. nécessaire].

À travers les maquis, la résistance prend elle-même des formes diverses, selon les tactiques adoptées. On y voit s'exprimer des divergences qui apparaissent dans la dernière année de l'occupation allemande. Les « gaullistes », avec les organisations des MUR ou de l'ORA, préfèrent garder leurs maquis en réserve pour une action généralisée et concentrer leur activité sur la transmission de renseignements aux Alliés et aux FFL, alors que les maquis FTP prétendent se lancer dans des opérations de harcèlement des forces allemandes et de la Milice. Selon les régions, les rivalités entre différents maquis de l'AS ou des FTP ont pu être intenses ou inexistantes. Sur la façon d'envisager la création de maquis, des différences culturelles séparent les anciens officiers de l'ORA qui considèrent avant tout le maquis comme une forteresse stratégique, une tête de pont ou un point d'appui et les partisans communistes qui pensent davantage au contrôle des populations.

Arrestation de résistants par la Milice, .

La Milice (créée le à la suite de la dissolution de l'armée d'armistice consécutive à l'invasion de la zone sud par les Allemands) devient un acteur important de cette période. Elle est engagée dans la lutte contre le maquis, comme force frontale dans des interventions de basse ou moyenne intensité et comme force secondaire dans les attaques de large envergure menées par l'armée allemande. Ceci donne à cette période de 1943-1944 une allure de guerre civile, qui ne se termine que fin 1944 avec l'arrêt de l'épuration et l'affirmation du gouvernement de De Gaulle.

Le , les Maquis de l'Ain et du Haut-Jura, aux ordres du capitaine Henri Romans-Petit, prennent le contrôle de la ville d'Oyonnax (Ain) et défilent jusqu'au monument aux morts. Devant les Oyonnaxiens qui s'approchent, enthousiastes, ils déposent une gerbe en forme de croix de Lorraine portant l'inscription « Les vainqueurs de demain à ceux de 14-18 ». Les résistants quittent ensuite la ville.

À trois reprises, des maquis subissent de lourdes pertes pour avoir accepté un affrontement trop direct avec les troupes allemandes toujours supérieures. Le maquis des Glières, en Haute-Savoie, est créé par l'AS en et commandé par l'ancien officier d'active de chasseurs alpins Tom Morel. Quelque 450 combattants rejoignent le plateau des Glières : environ 300 de l'AS, une centaine de FTP et une cinquantaine de républicains espagnols réfugiés. Encerclés par les forces de l'ordre vichystes dès le , ils reçoivent des parachutages d'armes, mais, en , ils sont attaqués par environ 3 000 chasseurs de montagne allemands et 700 à 800 francs-gardes de la Milice française. Après un baroud d'honneur, ils doivent se disperser : 130 maquisards perdent la vie dans les combats, mais surtout au cours du repli ou à la suite de leur capture.

Dès la fin , 2 500 hommes se sont rassemblés au Mont Mouchet, en Auvergne. Après une première attaque qui échoue, le , les Allemands attaquent à nouveau, le . Les rescapés se regroupent vers la Haute-Truyère. Ce sont 5 000 hommes que la Wehrmacht attaque le , faisant au moins 100 morts parmi les maquisards sans compter les victimes des actions de représailles. Le , l'ordre de dispersion générale est prononcé.

Un membre de la résistance.

Les pertes seront encore plus lourdes au maquis du Vercors attaqué le . 4 000 hommes s'y sont concentrés, avec le soutien des différents mouvements de résistance intérieure, du BCRA et des Britanniques. Seuls les FTP se sont toujours opposés au projet. Le Massif du Vercors est complètement entouré de falaises, mais les planeurs de la Wehrmacht utilisent une piste d'aviation préparée pour recevoir des renforts alliés. En plus des 840 morts dont 200 civils, de nombreux maquisards seront déportés.

Autres formes de résistance

À côté des combattants en armes, il y eut d'autres formes d'actions hostiles à l'ennemi. De nombreux imprimeurs qui ont fabriqué des faux papiers nécessaires aux pilotes tombés en territoire occupé pour tenter de les faire passer à travers les contrôles lors de leur exfiltration vers l'Angleterre. À titre d'exemple, Pierre Virol, mort en déportation à Mauthausen après avoir été trahi et durement torturé ainsi que sa fille et son gendre.

Peuvent ainsi être assimilés à des résistants ceux qui ont œuvré pour le sauvetage des Juifs sur le territoire français. Ils sont globalement connus comme les Justes parmi les nations.

Vie et mort des résistants

Pseudonymes

Tout résistant n'est pas nécessairement clandestin. Mais la quasi-totalité possède un pseudonyme sous lequel il doit seul être connu de ses camarades et de ses « contacts ».

Jean Moulin est ainsi Rex puis Max. Les Allemands surnomment le réseau Alliance l'Arche de Noé parce que tous ses membres portent des noms d'animaux. Les chefs du BCRA trouvent plutôt leur inspiration dans les stations du métro parisien (Passy, Corvisart, Saint-Jacques). Le choix d'un nom de guerre peut être sans dimension spécifique, un produit du hasard ou d'une décision d'en-haut, mais aussi revêtir un sens bien particulier. Jean Moulin, brillant artiste amateur, rend hommage au grand poète juif Max Jacob. Berty Albrecht prend le nom combatif de Victoria. Le nationaliste Bénouville se réfère à l'écrivain Barrès ou au maréchal La Hire. L'historien médiéviste Marc Bloch affectionne les noms de lieux tels Arpajon, Chevreuse ou Narbonne, en signe d'attachement aux divers terroirs français. Le chef du contre-espionnage toulousain Marcel Taillandier se fait appeler Morhange ou Ricardo.

Les résistants les plus importants ou les plus recherchés doivent changer en permanence de pseudonymes pour brouiller les pistes. Henri Rol-Tanguy en a usé plus d'une vingtaine avant d'emprunter celui de Rol peu avant la Libération, en hommage à un camarade de parti tué dans les Brigades Internationales. Le chef de Combat Henri Frenay est surtout connu du monde clandestin comme Charvet, mais il porte également une quinzaine d'autres noms dont Xaintrailles ou Nef - au terme, ainsi qu'il le raconte dans La Nuit finira (R. Laffont, 1975), il finit par signer de son vrai nom juste avant de s'envoler définitivement pour Londres, car il sait que les Allemands ont percé sa vraie identité depuis longtemps.

Beaucoup de résistants substituent après la guerre leur nom de combat à leur nom de famille, ainsi Lucien Rachet (Lazare Rachline), Raymond Aubrac ou Serge Ravanel, en partie parce que selon les mots de ce dernier dans ses mémoires (L'Esprit de Résistance, Seuil, 1995), la Résistance fut pour eux une refondation d'identité. D'autres l'accolent à leur vrai nom tels Henri Rol-Tanguy, Maurice Kriegel-Valrimont ou Jacques Chaban-Delmas. Lucie Aubrac donne à sa fille Catherine, née à leur arrivée à Londres début 1944, son nom de guerre à Libération-Sud.

Outre un pseudonyme à usage interne, le résistant a fréquemment besoin d'une fausse identité secrète. Cela passe par la confection de faux papiers. Un homme tel Pierre Kahn-Farelle, alias Pierre des Faux-Papiers, en exécute de remarquables pour Libération-Sud puis pour les MUR. En général, la fausse identité conserve les mêmes initiales, pour coïncider avec celles brodées sur le linge personnel. Souvent, le résistant se vieillit s'il est en âge de subir le STO, il prétend être originaire de l'Afrique du Nord déjà libérée ou d'une ville dont l'état-civil a été bombardé. S'il est arrêté, la question est de voir si sa fausse identité « tient », au moins pour préserver ses proches de représailles et pour empêcher les Allemands de remonter les filières.

Se cacher, « contacter » et se déplacer

Le résistant évite souvent de dormir chez lui, ou s'il est passé définitivement à la clandestinité, il doit se trouver une « planque » dont l'adresse ne sera connue que de lui seul et d'un nombre minimal d'agents de liaisons. Jacques Duclos, Charles Tillon et Benoît Frachon, triangle directeur suprême du PCF clandestin, se cachent ainsi de tous dans le Hurepoix sans jamais être pris. Nombre de résistants importants doivent changer de planque régulièrement. Une planque ou une boîte aux lettres « grillée » ou « brûlée » est connue des services de police et ne doit plus être utilisée sous peine de graves dangers. Un résistant pareillement « grillé » doit changer de ville, prendre le maquis, voire partir pour Londres ou pour Alger. C'est ainsi qu'à partir de mi-1943, Lyon perd progressivement son rôle de capitale de la Résistance : le CNR, les organes dirigeants des MUR et de nombreux mouvements émigrent à Paris, car trop de résistants lyonnais sont repérés. Quant aux maquis, où de nombreux résistants trouvent aussi refuge, ils ont pour règle de sécurité de « nomadiser » en permanence : tous les gros maquis statiques finissent encerclés et détruits.

Nombre de résistants passés à la clandestinité ont dû modifier leur apparence physique elle-même. « Presque tous les résistants se sont, à un moment donné, teints les cheveux », ont dû se les couper ou se mettre à les porter long. Beaucoup se sont grimés, se sont laissés pousser barbes et moustaches, ou au contraire se les sont rasés. Il était courant également de porter des lunettes sombres aux montures épaisses. Quant aux femmes, il leur arrivait de modifier jusqu'à leur démarche, en adoptant alternativement des talons plats ou hauts[71].

Clandestinité oblige, le résistant évite en général les notes écrites à usage personnel, se voit déconseiller de tenir un carnet d'adresse ou un agenda, et autocensure tel Jean Guéhenno son journal intime quand il en tient un. Si des hommes résistent en couple ou même par familles entières, la plupart cachent leur activité à leurs proches, à leurs parents, à leurs intimes. Ils doivent parfois subir en silence le désaveu des leurs : Henri Frenay est ainsi désapprouvé très vivement par sa mère lorsqu'il s'engage dans le combat début 1941.

Si des résistants peuvent agir de façon isolée, ils sont généralement membre d'un réseau ou d'un mouvement. Mais beaucoup ne savent jamais avant la fin de la guerre pour quel groupe ils travaillent, ni n'en connaissent les responsables. Le néologisme « contacter », forgé pendant l'Occupation, désigne les multiples démarches par lesquelles chaque résistant tente d'en recruter à son tour plusieurs autres dans son entourage ou parmi ses rencontres, ainsi que les multiples entretiens qu'il doit avoir avec d'autres résistants. Les quais de la Saône à Lyon, capitale des mouvements clandestins, sont ainsi des lieux de « contacts » quasi permanents entre hommes de l'ombre.

Une minorité de personnalités fait l'aller-retour par avion entre la métropole et Londres : par les nuits de pleine lune, les Lysander britanniques, petits avions de transport capables d'emmener trois ou quatre personnes, viennent chercher les résistants au lieu convenu et les emmènent à Londres ; ils sont parfois parachutés au retour. Des liaisons maritimes ont pu exister aussi, le général Giraud gagnant Alger en sous-marin en . En , la tempête rejette sur la côte de Bretagne le Jouet des Flots, le bien-nommé, ce qui provoque l'arrestation peu après de Pierre Brossolette, qui se suicide au siège de la Gestapo avenue Foch à Paris, et d'Émile Bollaert, déporté.

Les résistants et la violence

La majorité des résistants n'a pas manifesté de goût prononcé pour la violence ni même pour la lutte armée.

C'est ce qu'ont montré notamment Olivier Wieviorka dans sa thèse sur Défense de la France puis dans ses travaux ultérieurs, ou encore Jacques Sémelin, spécialiste de la résistance civile. Suivant ces auteurs, la France s'est déshabituée de la violence politique physique depuis la répression de la Commune de Paris en 1871. L'acculturation républicaine et démocratique ne rend pas évident le recours à la lutte armée, dont même le monde ouvrier n'a plus l'expérience depuis la fin du XIXe siècle.

Le PCF recourt aux attentats individuels dès 1941. Les jeunes communistes à qui l'on confie ces missions ont des scrupules à tuer des Allemands[72]. Par exemple, Tony Bloncourt, qui renonce à exécuter un Allemand alors qu'il pourrait le faire sans risques : « À cette minute, à ce moment précis, je n’ai plus vu un officier allemand, je n’ai vu qu’un homme »[73]. À la même époque, le service d'ordre du parti l'OS, devenu groupe Valmy liquide les traîtres comme Marcel Gitton. Pendant la Libération de Paris, en , Henri Rol-Tanguy reprend le slogan « À chacun son Boche ! ». Devant la radicalisation des combats et la répression de plus en plus brutale, de nombreux résistants de tous bords durcissent aussi leurs discours et leurs pratiques. Philippe Viannay publie ainsi début 1944 un article retentissant dans Défense de la France sur « le devoir de tuer ». Des collaborateurs ont été précocement abattus, des miliciens ont ponctuellement été torturés à mort par des maquisards, des FFI ont pris part à la tonte de femmes à la Libération, selon l'étude de Fabrice Virgili sur cette question.

Cependant, la plupart des résistants ne recourent pas volontiers à la violence. Pour les résistants chrétiens, le recours à cette dernière peut poser des cas de conscience: le jeune protestant Jacques Monod, qui part au maquis où il va trouver la mort, demande aux siens de prier pour lui parce que « la violence a besoin d'être pardonnée ». Le philosophe Jean Cavaillès, qui veut militariser l'action résistante à Libération-Nord et mettre l'accent sur le renseignement, le sabotage et la lutte armée plus que sur la propagande politique, ne reçoit guère de soutiens au sein de la direction du mouvement, et démissionne pour aller fonder le réseau Cohors-Asturies[74].

Anecdotes nombreuses à l'appui - résistants relâchant des miliciens et des Allemands prisonniers sans leur faire le moindre mal, d'autres désavouant tel article clandestin ou propos jugés trop violents, refus du recours aux représailles contre les familles des collaborateurs, etc., Olivier Wieviorka conclut que globalement, malgré des exceptions notables, « la violence n'est pas une valeur de la Résistance ». Il va de soi qu'on ne peut en dire autant pour ses adversaires nazis ou miliciens.

Le réseau Morhange de Marcel Taillandier, groupe d'action directe et de contre-espionnage était chargé de nettoyer les traitres, collaborateurs et nazis qui détruisaient les réseaux de résistance du sud-ouest de la France. Ils ont éliminé des dizaines de personnes hostiles à la France libre et la résistance. Mais une enquête était effectuée avant chaque liquidation, souvent des aveux étaient demandés sous la forme d'un procès, avec témoins. La torture n'a jamais été employée et les liquidations étaient toujours regrettées, bien qu'indispensable pour gagner la guerre.

Périls de la clandestinité

Les mouvements sont extrêmement fragiles et vivent sous la menace permanente des arrestations et des démantèlements. Il suffit d'une filature ou d'une arrestation pour que les Allemands ou leurs relais français remontent une filière et réalisent à terme de vastes « coups de filet » qui déciment la Résistance.

Beaucoup de personnes « tombent » à cause d'une « souricière », c'est-à-dire un lieu de rendez-vous découvert où les Allemands arrêtent un à un les résistants qui se présentent. C'est ainsi que près de 80 militants de Défense de la France, donnés, sont arrêtés en à la librairie « Au Vœu de Louis XIII », au 68 rue Bonaparte, dans le 6e arrondissement de Paris ; parmi eux Geneviève de Gaulle-Anthonioz. Des rafles ont également lieu, ainsi celle retentissante, le , contre l'université de Strasbourg repliée à Clermont-Ferrand : ce haut lieu de résistance voit l'arrestation de 96 étudiants, pour la plupart alsaciens-lorrains.

Dans ce contexte, la moindre imprudence individuelle peut entraîner assez vite la « chute » de dizaines de personnes. La moindre dénonciation également. C'est ainsi que fin , a lieu la Saint-Barthélemy grenobloise au cours de laquelle onze membres de la résistance dauphinoise sont assassinés, et autant mourront en déportation.

Des traîtres célèbres « retournés » par les Allemands, par peur de la torture mais aussi souvent contre de l'argent et des privilèges, sont ainsi responsables de très nombreuses arrestations et déportations, tels Jean Multon à Marseille, Georges Mathieu à Clermont-Ferrand ou Mathilde Carré dite « la Chatte » à Paris. Si le rôle de René Hardy dans la chute de Jean Moulin à Caluire, le , n'a jamais été tout à fait éclairci, il reste établi que ce dernier, au mépris de toutes les règles élémentaires de sécurité, a dissimulé à ses camarades son arrestation quelques jours plus tôt par Klaus Barbie, suivie de sa remise en liberté, et qu'il s'est par ailleurs rendu sur ordre de Bénouville à une réunion à laquelle il n'a pas été convié. En Gironde, en , le chef de région de l'OCM André Grandclément accepte une alliance de fait avec la Gestapo au nom de l'anticommunisme, sauvant en acceptant l'accord d'autres camarades arrêtés. Cette affaire très confuse entraîne de très graves divisions et des coupes claires dans la Résistance locale. Elle se clôt par l'exécution du couple Grandclément par ses anciens camarades en .

La consigne est normalement d'abattre les traîtres remis en liberté, elle est souvent appliquée à contrecœur par les résistants, qui ne peuvent toujours oublier que des hommes qui ont « craqué » ont auparavant partagé tous leurs périls. Cette répugnance a été confiée ainsi aux historiens auteurs du Sang de l’Étranger (1988) par les survivants de la MOI qui avaient dû exécuter Davidowicz, responsable de la chute du groupe Manouchian, et relâché ensuite par les Allemands avec mission d'infiltrer ses camarades.

Après leur arrestation, des évasions de prison ou de camp d'internement ont été réussies par un certain nombre de résistants. Des corps-francs parviennent aussi à en libérer certains ou à les intercepter pendant leur transfert. Ainsi Jean-Pierre Lévy est délivré en pleine rue à Paris en 1944, ou Raymond Aubrac spectaculairement arraché à ses geôliers allemands avec plusieurs camarades sur le chemin de la prison Montluc (). En 1944, la RAF bombarde même spectaculairement la prison d'Amiens (opération Jéricho) et permet à certains de s'échapper.

Quelques éminents résistants de l'intérieur « grillés » en France sont emmenés en Lysander à Londres et deviennent ministres du contre-État que bâtit le général de Gaulle, ainsi André Philip dès et Emmanuel d'Astier ou Henri Frenay fin 1943. De nombreux résistants passent en Afrique du Nord et rejoignent la France libre en franchissant les Pyrénées, et en général après avoir été internés par Franco au camp de Miranda. Un nombre important des quelque 35 000 évadés de France a déjà une expérience de la lutte avant de partir « rejoindre de Gaulle ». Quelques-uns de ces itinérants sont ensuite reparachutés en France avec des missions de sabotage, ainsi André Jarrot. Ce qui rappelle à nouveau qu'il n'y a pas étanchéité absolue entre la résistance en métropole et la France libre.

Réfutant l'idée reçue d'un « héroïsme » qui aurait ignoré toute peur, beaucoup de grands résistants avoueront l'avoir au contraire connue en permanence. Le général Maurice Chevance-Bertin, un des chefs de Combat, évoque dans le titre de ses mémoires ses Vingt mille heures d'angoisse. Lazare Rachline (Lucien Rachet, Socrate), lui, rappelle, lors du second procès Hardy de 1950, que « seuls sont des héros ceux qui sont morts ».

Mort

Tucquegnieux (54), le monument commémoratif des résistants fusillés en 1944.

La prison, la torture par la police française, la milice, la Gestapo ou les SS, l'exécution par fusillade ou décapitation, ou la déportation souvent sans retour dans les camps de concentration nazis sont souvent le terme de l'action (ou de la vie) du résistant.

Les tribunaux spéciaux, les sections spéciales et surtout les cours martiales instituées par le régime de Vichy à partir de prononcent et font exécuter plus de 200 condamnations à mort[75].

Le camp de Souge en Gironde, le stand de tir de Balard et surtout le Mont-Valérien à Paris sont des lieux d'exécution d'innombrables résistants. À Lyon de nombreux résistants sont internés à la prison Montluc avant leur exécution ou leur déportation. Les femmes étaient généralement transférées en Allemagne pour y être décapitées, telles qu'Olga Bancic ou Emilienne Mopty. Avant d'être chassés de France, les Allemands vident les prisons et massacrent par centaines leurs détenus politiques : ainsi périt en , vers Lyon, le grand historien Marc Bloch.

À partir du printemps 1942, les Allemands ont cependant privilégié la déportation en camp de la mort sur les exécutions. La sauvagerie et l'effroyable mortalité des camps nazis ont privé des milliers de résistants de toute chance de revoir un jour les leurs. Dans la nuit du 1 au [76], 108 membres du réseau Alliance (et uniquement celui-ci[77]) sont exécutés puis incinérés camp de concentration du Struthoff[78]. Le général Frère est mort d'épuisement dans le même camp en . Les résistants classés Nacht und Nebel par les nazis (à faire disparaître « dans la nuit et le brouillard ») sont la catégorie à avoir le plus enduré parmi les milliers de leurs camarades voués à l'extermination. Parmi eux, le général Delestraint, exécuté d'une balle dans la nuque à Dachau le .

En dépit des risques encourus, il est très rare que l'on quitte la Résistance. Les rescapés n'ont pourtant pas toujours le droit à une deuxième chance. Ainsi, Robert Kahn (frère de Pierre Kahn-Farelle, alias « Pierre-des-faux-papiers »), né à Paris, industriel dans la métallurgie, était chef des MUR dans la Loire, sous le nom de Renaud. Arrêté par la Gestapo, une première fois à Saint Étienne, il s'évada avec l'aide de Lucie Aubrac. Arrêté une deuxième fois sur dénonciation, à Lyon, il fut emprisonné à la prison Montluc et assassiné sur ordre de Klaus Barbie en .

Certains résistants, notamment communistes, ont vu leur famille entière réprimée et exterminée, tel que le colonel Fabien.

Certains se suicident pour ne pas parler sous la torture : ainsi Fred Scamaroni, Berty Albrecht, Jacques Bingen, Pierre Brossolette, et peut-être Jean Moulin. D'autres sont torturés comme Vila Rachline à Lyon, Pierre Griffi et Jean Nicoli en Corse mais sont exécutés sans parler. D'autres encore meurent les armes à la main lors des durs combats du maquis, tel l'écrivain Jean Prévost au Vercors, Bernard Amiot dans le Gers. Ceux qui voient la Libération poursuivent souvent le combat en Allemagne en s'engageant dans l'armée régulière pour porter le coup final au IIIe Reich, et y perdent parfois la vie, comme le colonel Fabien, tué par une mine sur le front des Vosges fin 1944.

Le nombre de résistants victimes de la répression est difficile à établir avec précision, mais il justifie amplement les paroles célèbres du Chant des Partisans :

« Demain du sang noir sèchera au grand soleil sur les routes
Ami, si tu tombes, un ami sort de l'ombre, à ta place.
Chantez compagnons, dans la nuit la liberté nous écoute ! »

Rôle dans la libération du territoire

Un groupe de résistants lors de leur jonction avec l'armée canadienne à Boulogne/mer, en

Une motivation principale des deux formes de résistances, extérieure et intérieure, était que les Français soient présents aux côtés des alliés lors de la victoire finale espérée. La question vient alors d'elle-même : Quel a été le rôle de la Résistance dans la libération du territoire ? Il est difficile de donner une réponse tranchée à cette question qui appelle des éléments de réponse.

En , les résistants corses déclenchent une insurrection qui libère l'île avec l'aide d'un commando venu d'Afrique du Nord. Le débarquement allié du en Afrique du Nord avait permis aux Services Spéciaux français établis à Alger d'envoyer la mission secrète Pearl Harbour dès le , groupe débarqué du sous-marin Casabianca, composé de Roger de Saule, Laurent Preziosi, Toussaint Griffi et Pierre Griffi pour coordonner les réseaux de résistance en vue d'un débarquement rapide. La Corse est le quatrième département français libéré le , après les trois départements d'Algérie le 8 novembre 1942. À partir de , FFI et FTP, théoriquement unifiés sous le commandement du général Kœnig s'efforcent de participer activement à la libération des autres départements français.

Des membres de la résistance à Paris en 1944.

À la suite du débarquement en Normandie, en , les maquis et les différents réseaux de sabotage interviennent, soit en engageant le combat afin de fixer les forces ennemies, soit en désorganisant les réseaux de communications ferroviaires utilisés par les Allemands : plan vert pour les voies ferrées, plan violet pour les lignes téléphoniques et plan bleu pour les installations électriques. Le plan Paul, vise, lui, à détruire les dépôts allemands de munitions et de carburants, à harceler les renforts allemands et à préparer l'arrivée des troupes alliées.

Mémoire des FFI à Paris

Le déclenchement de l'insurrection parisienne qui s'est achevée par la Libération de Paris le avec l'appui de la 2e division blindée du général Leclerc est un des moments glorieux les plus célèbres de la Résistance française, mais il est très difficile de faire la part de ce qui ressort de la manifestation populaire, de l'opération psychologique d'une part et de l'efficacité militaire d'autre part. Moins discutable est la libération de la plus grande partie du sud-ouest et du centre de la France, et, dans le sud-est, l'aide apportée à la progression de la 1re Armée française du général de Lattre de Tassigny débarquée en Provence en .

Un volontaire des Forces françaises de l'intérieur (FFI) à Châteaudun, en 1944

On se réfère souvent au commentaire du général Dwight Eisenhower dans son « Rapport sur les opérations en Europe des forces expéditionnaires » :

« Notre QG estimait que par moment, la valeur de l'aide apportée par les FFI à la campagne représentait l'équivalent en hommes de 15 divisions d'infanterie et grâce à leur assistance, la rapidité de notre avance en France en fut grandement facilitée. »

Une division d'infanterie (DI) représente à peu près 10 000 hommes. La conversion des forces de la Résistance en DI a ses limites. Comment convertir les renseignements fournis aux Alliés ? Et l'intoxication des Allemands que l'Intelligence Service tenta en manipulant le réseau Prosper du SOE ? On n'aura jamais de réponse certaine à la question : « Est-ce que l'apport de la Résistance fut décisif pour que la tête de pont établie en Normandie ne soit pas rejetée à la mer ? ».

Des francs-tireurs avec des soldats alliés.

Établissement du gouvernement provisoire

Le , une ordonnance du général de Gaulle crée en France des commissaires généraux de la République qui ont vocation à jouer le rôle de préfets dès lors que le pouvoir aura basculé, en tout ou partie du côté de la Résistance. Gaston Cusin est ainsi nommé à Bordeaux et Raymond Aubrac à Marseille. Le , le général de Gaulle devient président du Gouvernement provisoire de la République française (GPRF).

Au fur et à mesure que les troupes alliées progressent, des Comités départementaux et locaux de libération (CDL et CLL) constitués par des résistants sont mis en place dans la France libérée, ces comités se substituant à l'administration de Vichy. Dans le même temps, des cours de justice et des chambres civiques sont créées avec la participation de résistants. Il s'agit d'éviter, dans la mesure du possible, les exécutions sommaires et les règlements de compte qui accompagnent souvent la libération des différentes régions, et de mettre en place une « épuration légale » des collaborateurs.

CDL, CLL et milices patriotiques constituent parfois, en particulier dans les départements où la résistance communiste est en position de force, une menace de contre-pouvoir face aux commissaires de la République et aux préfets nommés par le Gouvernement provisoire de la République française qui se sont rapidement imposés partout. Le , après la Libération de Paris, de Gaulle forme un gouvernement d'Union nationale qui prépare des élections. Il faut attendre la libération quasi totale du territoire, en hiver 1945, pour organiser des élections municipales en avril et mai, et législatives en . Les Allemands capitulent le , la légalité républicaine est rétablie, et la page de la Résistance est tournée.

Bilans chiffrés

Insigne d'honneur - Partisan de Lemoja

Effectifs dans la Résistance

Robert Paxton cite le chiffre de 300 000 cartes de combattants délivrées : 130 000 à des déportés, 170 000 à des combattants volontaires de la Résistance. Il ajoute les 100 000 résistants qui sont morts au combat pour approcher un total des « résistants actifs » de 2 % de la population française (soit ~800 000 personnes). Pour sa part, Jean-Pierre Azéma estime le nombre de « sympathisants actifs » à un million de personnes. La déclaration par les maquisards de la République libre du Vercors dès juin-juillet 1944, malgré sa répression ultérieure par les forces allemandes, signalait-elle la volonté partagée de ces résistants de s'engager sur la voie de la démocratie. Cela niait ainsi les préjugés initiaux de Roosevelt et d'autres dirigeants alliés selon lesquels la France libérée ne serait pas un état fiable et démocratique, établissant un précédent utile avant la conférence de Yalta. Après la Libération, les résistants, en s'engageant dans la nouvelle armée française reconstituée combattant aux côtés des Alliés, ont permis d'associer la France à la victoire de 1945 sur l'Allemagne nazie.

En réalisant une large union parmi les Français et en ne cédant pas aux tentations de guerre civile, la Résistance a joué un rôle de premier plan dans le rétablissement de la République et dans le renouveau de la politique française. Beaucoup de résistants auraient peut-être aimé s'affranchir des partis traditionnels et le rétablissement, en 1946, d'un régime d'Assemblée (République), ne correspondait pas forcément à l'idéal de changement profond qui avait pu motiver leur engagement dans la Résistance. Les tentatives de créer un grand parti de la Résistance échouèrent. C'est donc dispersés qu'ils œuvrèrent pour la reconstruction administrative, politique, économique et sociale de la France.

L'héritage de la Résistance marquera durablement la vie politique française. Le programme du CNR se réalisera par le vote des femmes, la nationalisation des secteurs clés de l'économie et la création de la Sécurité sociale

Nombre de résistants morts

Le nombre de résistants victimes de la répression allemande a longtemps fait l'objet de débats voire de querelles[79]. Dans le journal l'Humanité du , le chef du PCF Maurice Thorez avance le chiffre de 75 000 fusillés dans le seul département de la Seine et de 100 000 tombés dans les autres départements. En 1946 dans le cadre des campagnes électorales, le PCF fait référence dans ses discours radiophoniques aux « 75 000 communistes fusillés par les hitlériens ou morts sous la torture, dans les prisons et les bagnes nazis »[80]. C'est la naissance du mythe du « Parti des 75 000 fusillés ». Parallèlement, le général de Gaulle, dans un discours prononcé à Oran le , faisait déjà état de « 55 000 Français tués aux poteaux d'exécution et de plus de 100 000 qui ont succombé dans les camps et les prisons de l'ennemi »[81]. Le journal Combat du 27 décembre 1944 annonce quant à lui dans un éditorial que « la Résistance française, c'est d'abord 100 000 fusillés et 400 000 déportés »[82].

Dans les années qui suivront, ces chiffres seront généralement ramenés à la baisse, sans toutefois jamais faire consensus. Ainsi en 2005 l'historien Olivier Wievorka, dans un article de la revue Vingtième Siècle - Revue d'histoire, établit la statistique suivante : « Sur l'ensemble de la période, les FFL-FFI enregistrent 78 000 morts auxquels s'ajoutent 60 000 déportés politiques, 75 000 déportés raciaux, 30 000 fusillés, 60 000 victimes d'opérations terrestres ou de massacres »[83]. À la même époque, l'historien Philippe Buton note que : « Jusqu'à aujourd'hui dominent dans les publications officielles et dans nombre d'écrits historiques des chiffres totalement fantaisistes. Sans même parler des « 75 000 fusillés » longtemps revendiqués par le PCF, on trouve un peu partout le nombre de […] 30 000 fusillés »[84].

Les dernières recherches historiques permettent d’affiner le nombre total de personnes mortes durant la guerre en raison de leurs activités dans la Résistance intérieure, sans que l’on puisse toutefois établir des chiffres totalement définitifs. Les résistants victimes de la répression se regroupent en cinq grandes catégories :

  • Les fusillés par la Justice militaire allemande : il s’agit de Français ayant été condamnés à mort et exécutés après avoir été traduits devant un tribunal militaire allemand. Au total, 4 379 personnes ont été jugées par la Justice militaire allemande entre 1940 et 1944 pour les motifs suivants : acte de franc-tireur, intelligence avec l’ennemi, espionnage, détention d’armes, manifestation antiallemande, émission ou diffusion de tracts, etc. Sur les 4 379 personnes jugées, 2 892 personnes ont été fusillées[85].
  • Les otages exécutés par les Allemands : il s’agit de personnes qui ont été fusillées mais sans passer au préalable devant un tribunal militaire allemand. Ces « fusillés pour l’exemple » ont été exécutés en représailles aux attentats commis par la Résistance contre l’armée allemande. Ils représentent au total 834 personnes exécutées, pour la plupart durant les années 1941 et 1942. Toutefois ce nombre doit être utilisé avec précaution car tous les otages fusillés n’étaient pas nécessairement des résistants : il y avait notamment plusieurs dizaines de juifs et surtout majoritairement des communistes dont beaucoup avaient été arrêtés en 1940 par les autorités de la IIIe République (dans le contexte du pacte germano-soviétique) ou par le régime de Vichy, sans lien avec une activité de résistance contre les Allemands. On trouve en revanche environ une cinquantaine de gaullistes parmi les otages fusillés[86].
  • Les exécutés par le régime de Vichy : on dénombre 218 personnes exécutées. On distingue deux catégories. D’une part 12 personnes exécutées en 1941 et 1942 par les « sections spéciales », chargées de lutter « contre l’activité communiste ou anarchiste ». D’autre part, 206 personnes fusillées par les cours martiales de la Milice de Joseph Darnand, créées le 20 janvier 1944. Les deux tiers des condamnations furent prononcés à Lyon, Annecy et Limoges. Toutefois toutes ces personnes n’étaient pas forcément des résistants, comme ce fut le cas à Paris où la cour martiale de la Milice exécuta 28 prisonniers de droit commun qui s’étaient mutinés à la prison de la Santé le 14 juillet 1944 pour des motifs liés à leurs conditions de détention[87].
  • Les résistants morts au combat : il s’agit de résistants morts durant des opérations de combat contre l’armée allemande. Entre janvier et septembre 1944, ce sont officiellement 13 679 personnes servant dans les rangs des FFI qui sont mortes au combat ou exécutées sommairement peu de temps après leur capture par les Allemands (ces derniers considéraient en effet que les FFI n’étaient pas des combattants réguliers mais des « terroristes » et qu’ils n’avaient donc pas droit au statut de prisonniers de guerre)[88]. Sachant qu’il y eut également quelques combats opposant les Allemands et des maquisards en 1943, on peut donc estimer à sans doute un peu plus de 14 000 le nombre de résistants morts au combat.
  • Les morts en déportation en Allemagne : pendant longtemps le nombre de déportés fut estimé par les historiens à environ 65 000, évaluation faite par le Comité d’Histoire de la Seconde Guerre mondiale dans les années 1970. Ce nombre a depuis été largement réévalué à la hausse et porté à près de 89 000 dont environ 40% n’ont pas survécu, soit environ 36 000 décès[89]. Toutefois, dans ce nombre de morts, il n’y a pas que des résistants. En effet, les historiens ont déterminé trois types de déportés parmi les 89 000 : 56% sont des membres de la résistance organisée (réseaux, mouvements et maquis), 21% sont des personnes de la résistance civile (réfractaires du STO, opinions et comportements antiallemands, aide aux personnes pourchassées et aux pilotes alliés, écoute de la BBC, etc.), et enfin 23% sont des personnes non-résistantes (principalement des otages victimes de rafles pour 50%, des délinquants de droit commun pour 22%, des détenteurs d’armes de chasse pour 13%, des communistes non-résistants, des juifs, des collaborateurs en délicatesse avec l’Occupant, etc.)[89]. D'après les études les plus récentes[90], le taux de mortalité chez les déportés membres de la résistance organisée s'élève à environ 39% (soit près de 19 500 morts) tandis qu'il est d'environ 31% pour ceux relevant de la résistance civile (soit près de 3 900 morts). On obtient donc près de 23 400 déportés morts au titre d’une activité de résistance contre l’Occupant.

Au total, en additionnant tous les résistants morts fusillés, morts au combat, morts en déportation (résistance organisée), on aboutit à un nombre d’environ 37 500 résistants morts pour la France au titre de la Résistance intérieure. Si on y ajoute environ 3 900 morts au titre de la résistance civile, on aboutit à un bilan d'environ 41 500 morts.

Mémoire de la Résistance

Du légendaire au mythe

Dans l'immédiat après-guerre, alors que les anciens Résistants investissent les lieux du pouvoir en même temps qu'ils structurent toutes sortes d'amicales d'anciens combattants, une frange de l'opinion, l'extrême droite de l'époque, prend parti pour Pétain et le régime de Vichy, contre les « vainqueurs » du moment que sont, en résumé, les anciens résistants, et utilise l'expression de « mythe de la Résistance » à la suite de celle d'« épuration sauvage »[91]. Ce sont les derniers soubresauts de cette quasi-guerre civile qui a secoué la France dans les dernières années de l'occupation et au cours de la Libération.

Au cours des deux décennies qui suivront, la mémoire collective, exprimée, par exemple par les manuels scolaires aura tendance à mettre en avant une France résistante ce qui permettait de ne pas s'appesantir sur la politique de collaboration du régime de Vichy. Selon l'historien Henry Rousso, « De 1954 à 1971, le souvenir de Vichy se fait moins conflictuel… mais les Français semblent refouler cette guerre civile, aidés en cela par l'établissement d'un mythe dominant le Résistancialisme »[92]. Pour Eric Hobsbawm « le général de Gaulle s'appliqua à reconstruire la France en se fondant sur un mythe : au fond, la France éternelle n'avait jamais accepté la défaite. La Résistance était un coup de bluff qui avait marché, devait-il dire »[93].

Le fait de traiter à la fois la Résistance et le Régime de Vichy selon la méthode historique n'interdit pas, en parallèle, de développer une légende et d'entretenir des mythes. Le légendaire naît de fait réels mais répond au besoin de donner une signification à une expérience jugée révélatrice[91]. C'est dans cette catégorie qu'il faut classer toutes sortes de cérémonies commémoratives, de constructions de musées et de monuments. À la différence du légendaire qui alimente une mémoire multiforme de la Résistance selon les lieux, les cultures et les moments, le mythe ne retient de cette histoire que quelques éléments qu'il normalise. Le poète Pierre Emmanuel, lui-même résistant, revendique en 1945, « Il faut oser davantage, procéder des symboles aux mythes… à la lumière de ces grands éclairs de l'histoire qui dévoilent la succession des siècles et l'enchaînement des civilisations »[91]. Ainsi, André Malraux, lorsqu'il met en scène la cérémonie de transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon, ses incantations tragiques, relèvent de l'élaboration d'un mythe, celui d'une France identifiée à « la pauvre face informe » d'un visage supplicié.

Après la guerre, le PCF se pose en « parti des 75 000 fusillés », alors que tous n'étaient pas communistes. Le parti récupère par exemple à son profit des évènements comme les exécutions de Châteaubriant[94].

Un grand pas dans l'acceptation par la France de sa propre histoire est fait par le président de la République Jacques Chirac quand il détruit ce mythe de la France entière unie dans la Résistance. Il déclare en effet le à l'occasion de l'anniversaire de la rafle du Veld'hiv :

« Ces heures noires souillent à jamais notre histoire, et sont une injure à notre passé et à nos traditions. Oui, la folie criminelle de l'occupant a été secondée par des Français, par l'État français. Il y a cinquante-trois ans, le , 450 policiers et gendarmes français, sous l'autorité de leurs chefs, répondaient aux exigences des nazis. Ce jour-là, dans la capitale et en région parisienne, près de dix mille hommes, femmes et enfants juifs furent arrêtés à leur domicile, au petit matin, et rassemblés dans les commissariats de police. […] La France, patrie des Lumières et des Droits de l'Homme, terre d'accueil et d'asile, la France, ce jour-là, accomplissait l'irréparable. Manquant à sa parole, elle livrait ses protégés à leurs bourreaux. »

La Résistance vue par le cinéma

Présentant le « syndrome du vainqueur » typique également chez les autres vainqueurs de la guerre, le cinéma hexagonal de l'immédiat après-guerre offre une représentation largement héroïque de la France résistante. Tant l'officiel Service Cinématographique aux Armées (SCA) que le pro-communiste Comité de Libération du Cinéma Français (CLCF) défendent leurs thèses respectives, parfois notamment au temps de la Guerre froide en instrumentalisant le passé, mais toujours dans la glorification de la résistance[95].

Les traîtres, incarnés par Pierre Brasseur dans Jericho (1946) ou Serge Reggiani dans Les Portes de la nuit (1946) ont un visage haïssable et semblent l'exception. Le STO est peu évoqué, la Milice française ne l'est pas en tant que telle pendant les premières années[96]. Ultérieurement, des cinéastes comme Clouzot ou Cayatte donnent une image moins reluisante de certains FFI, et Autant-Lara ne se gêne pas pour illustrer le marché noir et les aspects mesquins de la débrouillardise dans La Traversée de Paris (1956). À la même époque, Robert Bresson, indifférent à l'air du temps, présente Un condamné à mort s'est échappé comme une aventure spirituelle[95].

Le thème de la résistance revient sur les écrans après le retour de De Gaulle en 1958. Le cinéma commercial converge vers la vision gaullienne de l'histoire qui ne craint pas de pactiser avec la mémoire communiste. Ainsi dans Paris brûle-t-il ? (1966), « le rôle des résistants est-il réévalué en fonction de leur trajectoire politique ultérieure »[95]. On peut souligner une réapparition de l'image de Vichy, comme dans Le Passage du Rhin (1960) dans lequel la foule acclame successivement Pétain puis de Gaulle. La forme comique de films comme La Grande Vadrouille (1966) élargit la France résistante des héros à des Français moyens et suggère un unanimisme qui sera battu en brèche dès Mai 68 et le départ du Général.

De manière concomitante aux travaux de Robert Paxton sur Vichy, Le Chagrin et la Pitié (1971) pointe le doigt sur l'antisémitisme en France et dénonce la confiscation des idéaux de la Résistance par l'histoire officielle. Cassenti, avec L'Affiche Rouge (1976), Gilson, avec La Brigade (1975) et Mosco avec le documentaire Des terroristes à la retraite braquent les projecteurs sur des résistants étrangers de la MOI, relativement peu connus à l'époque. En 1974, Lacombe Lucien de Louis Malle provoque scandale et polémique à cause de l'absence de jugement moral porté sur le comportement d'un collaborateur qui est le personnage principal du film. Le même réalisateur évoquera plus tard la résistance de prêtres catholiques qui cachèrent des enfants juifs dans Au revoir les enfants (1987). Dans le contexte plus apaisé des années 1980, on peut citer Blanche et Marie (1984), de Jacques Renard sur la résistance des femmes ouvrières. Plus tard, Un héros très discret (1996) suggère que bien des héros pourraient n'être que des imposteurs. Un an plus tard, Claude Berri s'inspire d'une figure mythique de la Résistance pour réaliser Lucie Aubrac à la manière des biopics américains. Ainsi, la trahison et le rôle des milices et autres collaborateurs, ainsi que les ambigüités et divisions de la résistance, deviennent-ils progressivement, puis largement, représentés dans le cinéma français depuis les années 1970, loin d'une vision héroïque. Ce changement de regard commença dès 1969 avec L'Armée des ombres de Jean-Pierre Melville[97].

Historiographie de la Résistance

L'écriture de l'Histoire de la Résistance est institutionnalisée dès la Libération, en , par la création par le gouvernement provisoire de deux organismes qui fusionnent en 1951 dans un Comité d'histoire de la Seconde Guerre mondiale (CH2GM) qui publie la Revue d'histoire de la Deuxième Guerre mondiale. Le comité de direction du CH2GM est présidé par Lucien Febvre. Son secrétaire général, Henri Michel (historien), agrégé d'histoire et ancien résistant, en est la cheville ouvrière. La tâche confiée à ces organismes est la constitution d'archives administratives, le recueil de témoignages et l'accumulation de matériaux destinée à être la matière première d'une histoire à venir. Henri Michel met sur pied un réseau de correspondants départementaux.

Parallèlement à ce travail institutionnel, les années de l'après-guerre voient la publication précoce d'ouvrages de souvenirs de la part de grands acteurs de la Résistance, Emmanuel d'Astier, le colonel Rémy, Pierre de Bénouville, Fernand Grenier pour n'en citer que quelques-uns. Quelques idées forces guident cette production abondante : sauver la mémoire d'autant plus vulnérable qu'elle porte sur des faits clandestins, honorer les morts, défendre les valeurs de la Résistance[98].

On peut dire de la production historique de la période 1945-1960, qu'elle soit l'œuvre des historiens du CH2GM ou des éditeurs comme les Presses universitaires de France qu'elle a privilégié délibérément la parole et les souvenirs des acteurs, au risque d'apparaître parfois comme une narration pieuse[98]. Lucien Febvre théorise alors cette tendance en soutenant que les acteurs de la Résistance ont « non seulement le droit, mais le devoir, le devoir absolu, le devoir impérieux de traduire leur vérité à eux ».

Il faut se souvenir qu'à l'époque, les archives officielles sont encore fermées, tandis que résistants comme historiens ne songent guère à utiliser les archives privées des mouvements ou des individus, d'ailleurs souvent lacunaires par nécessité.

La fin des années soixante voit une prise en charge substantielle de la recherche historique par l'Université, ce qui ne va pas sans provoquer quelques tiraillements. En 1974, lors d'un colloque organisé par le CH2GM, le résistant Pascal Copeau reproche aux historiens d'écrire d'une manière froide et désincarnée. C'est à cette époque que paraissent deux ouvrages, celui d'Henri Noguères (1967) et celui d'Alain Guérin (1972) qui resteront longtemps des classiques, mais qui restent dans la tradition du privilège donné au témoignage oral. Un tournant est défini pris dans les années soixante-dix au travers d'un nombre relativement important de travaux de thèses qui scrutent des mouvements de Résistance particuliers ou des régions de France : Thèse de Dominique Veillon sur Franc-Tireur, de Renée Bédarida sur Témoignage chrétien, de Stéphane Courtois sur le PCF, puis de Olivier Wieviorka sur Défense de la France, de Laurent Douzou sur Libération-Sud, de Jacqueline Sainclivier sur la Haute-Bretagne et Pierre Laborie sur le Lot.

C'est aussi le moment où pour défendre la mémoire de Jean Moulin contre diverses rumeurs et calomnies, son ancien secrétaire Daniel Cordier, en possession de ses archives, entreprend un monumental travail biographique en plusieurs volumes. L'originalité de Daniel Cordier, historien-témoin, est de refuser l'utilisation des témoignages oraux et des souvenirs personnels, fussent les siens propres, car il les juge trop imprécis, notamment en ce qui concerne la chronologie des faits, et aussi trop déformés par le temps et par les querelles rétrospectives. Ne se fiant guère qu'aux archives écrites, Cordier s'attire de nombreuses critiques d'anciens camarades de lutte en reconstituant, parfois crûment, les dissensions de projets et les rivalités qui ont pu exister au sommet de la Résistance, ainsi que les difficultés soulevées par l'application des directives de Londres et l'unification sous l'égide de De Gaulle et de la France libre.

En 1980, le CH2GM laisse la place à l'Institut d'histoire du temps présent, unité de recherches du CNRS. Henri Michel, mis sur la touche, cède la place à une nouvelle génération de chercheurs qui n'a pas connu la guerre. On peut dire que l'écriture de l'histoire de la Résistance est désormais normalisée. Toutes sortes d'approches sont entreprises, investigations analytiques ou réexamen des différents mouvements et réseaux, mais aussi approches sociologiques croisées sur la place des femmes, par exemple, où celle des étrangers ou des soldats de l'Empire, débats sur les contours de la Résistance, avec un intérêt de plus en plus marqué vis-à-vis d'autres formes que la Résistance armée : humanitaire, spirituelle ou civile[98]. Une sorte d'anthropologie de la Résistance, menée notamment par Olivier Wieviorka ou Laurent Douzou, cherche à dépasser l'image du résistant « héroïque », et tente de reconstituer ce que fut le rapport plus complexe des résistants à la peur, à la violence, à l'action, à l'engagement. L'historicisation de la Résistance signifie aussi une rupture avec la vision d'une Résistance fraternellement soudée et unanimement rangée derrière de Gaulle. On reconstitue désormais la pluralité des stratégies de combat et des projets pour l'après-guerre, sans plus chercher à dissimuler les querelles personnelles, politiques ou stratégiques, qui ont pu diviser même au sein d'un même mouvement. Ce qui n'empêche pas non plus de s'interroger sur l'exceptionnelle dynamique d'unification qui aboutit à la fondation du CNR, organe sans équivalent en Europe occupée.

Plus de cent contributeurs, pour la plupart universitaires, participent, sous la direction de François Marcot, au Dictionnaire historique de la Résistance, paru en 2006, et qui représente une synthèse de toutes les connaissances accumulées pendant soixante ans et de la multiplicité des recherches en cours.

Notes et références

Notes

Cet article comprend des éléments factuels sur la création des principaux mouvements et sur le processus de l'unification de la Résistance sur lesquels concordent plus ou moins tous les ouvrages généralistes sur le sujet (voir la Bibliographie ci-dessous).

Les sections traitant de la sociologie et de la mouvance des différents réseaux sont surtout inspirées par certains articles de La France des années noires, notamment Dominique Veillon, Les réseaux de Résistance (t. 1), Jean-Pierre Azéma, Des résistances à la Résistance (t. 2) et H. Roderick Kedward, STO et maquis.

Pour la Résistance communiste, Stéphane Courtois, Le PCF dans la guerre, Ramsay, 1980, l'article de Denis Peschanski dans La France des Années noires, Les avatars du Communisme français de 1939 à 1941 et Emmanuel de Chambost, La direction du PCF dans la clandestinité, 1941-44, L'Harmattan, 1997.

Les ouvrages qui ont servi à introduire d'autres éléments d'information sont cités en référence dans les notes ci-dessous.

  1. Voir à ce propos l'article Collaboration policière sous le régime de Vichy.
  2. Comme ce fut le cas pour l'abbé Roger Derry (1900-1943), décapité à Cologne en 1943
  3. Condamné à mort trois mois plus tôt, voir : Honoré d'Estienne d'Orves – Arrestation.

Références

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  4. Journal officiel de la France combattante, no 9, vendredi , p. 52
  5. R. Faligot et R. Kauffer, Les Résistants, Fayard, 1989, pp. 90-93 (pour étayer le point de vue selon lequel la carte de résistants a été attribuée selon des critères à géométrie variable, les auteurs citent Henri Bailly-Guerchon, secrétaire général de la Confédération nationale des combattants volontaires et Roger Cocteau-Gallois, ancien dirigeant de Ceux de la Résistance)
  6. Loi no 48-1251 du - Légifrance
  7. Articles L.342-1 à L.342-5 du code des pensions militaires d'invalidité et des victimes de guerre - Légifrance
  8. D. Eisenhower, Rapport sur les opérations en Europe des forces expéditionnaires, Lavauzelle, 1948 (on cite très souvent ce chiffre de quinze divisions -entre 150 000 et 300 000 hommes- sans citer la phrase complète : « Notre QG estimait que par moment, la valeur de l'aide apportée par les FFI à la campagne représentait l'équivalence en hommes de 15 DI et, grâce à leur assistance, la rapidité de notre avance à travers la France fut grandement facilitée »)
  9. Philippe Masson, Une guerre totale, 1939-1945, Taillandier, 1990, ASIN 2235019323
  10. Cette problématique est largement développée dans l'article de François Marcot Les enjeux de la lutte armée, in Dictionnaire historique de la Résistance, Robert Laffont, 2006, pp. 574-584, particulièrement p. 583
    Voir également l'article de Dominique Veillon et Olivier Wieviorka, La Résistance, in La France des années noires, t. 2 Le Seuil, 1993, p. 88 (effectifs et sociologie)
  11. Le débarquement oublié du en Provence - Jean-Marie Guillon, Le Monde,
  12. Jean-François Muracciole, La France pendant la Seconde Guerre mondiale : De la défaite à la Libération, Le Livre de Poche, 2002, p. 493
  13. Muracciole Jean-François, « 19 - La France a contribué à la victoire des Alliés », dans : Jean Lopez éd., Les mythes de la Seconde Guerre mondiale. Tome 1. Paris, Perrin, « Tempus », 2018, p. 323-346. DOI : 10.3917/perri.lopez.2018.01.0323. URL : https://www.cairn.info/les-mythes-de-la-seconde-guerre-mondiale--9782262075118-page-323.htm
  14. Texte intégral du programme du Conseil national de la Résistance, adopté dans la clandestinité le
  15. Sur ces questions, voir la somme de Daniel Cordier, Jean Moulin. La République des Catacombes, Gallimard, 1999.
  16. François Marcot, article Combien étaient-ils, dans Dictionnaire historique de la Résistance, p. 339, Robert Laffont, 2006.
  17. Dominique Lormier, La Gestapo et les Français. Pygmalion (Flammarion), 2013. (ISBN 978-2-7564-0589-6). p. 116
  18. Jacqueline Sainclivier, article Sociologie des maquis, dans Dictionnaire historique de la Résistance, p. 911, Robert Laffont, 2006.
  19. Jacqueline Sainclivier, article Sociologie des mouvements, dans Dictionnaire historique de la Résistance, p. 912, Robert Laffont, 2006.
  20. Jacqueline Sainclivier, article Sociologie des réseaux, dans Dictionnaire historique de la Résistance, p. 913, Robert Laffont, 2006.
  21. Michael R. D. Foot, « Special Operation Executive », in François Marcot (dir.), Dictionnaire historique de la Résistance, p. 112/113
  22. Ibid.
  23. Sébastien Laurent, « Intelligence Service », dans François Marcot (dir.), Dictionnaire historique de la Résistance, op. cit., p. 192-194
  24. Robert Frank, « Office of Strategic Services », in François Marcot (dir.), Dictionnaire historique de la Résistance,  éd. Robert Laffont, 2006, p. 200, 2e colonne et Robert Belot, La Résistance sans de Gaulle,  éd. Fayard, 2006, p. 184-190, et p. 321-334 et Robert Belot, La Résistance sans de Gaulle, op. cit., p. 448-461
  25. Jean-Pierre Azéma (Auteur), Antoine Prost (Auteur), Jean-Pierre Rioux (Auteur), Le Parti communiste français des années sombres (1938-1941) : Actes du colloque d'octobre 1983 (L'Univers historique), Paris, Éditions du Seuil,
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  27. Tartakowsky Danielle, « Les manifestations de rue en France (1918-1968) », Vingtième Siècle,
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  29. Voir le texte et l'analyse du manifeste sur « Présentation par Alya Aglan »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?).
  30. Pierre Péan, Vies et morts de Jean Moulin, Éditions Fayard, Paris, 1998
  31. Selon le titre d'un article devenu célèbre de Maurras paru dans Le Petit Marseillais du .
  32. Bénédicte Vergez-Chaignon, Les vichysto-résistants : de 1940 à nos jours, Perrin, 2008, p. 522-528
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  34. Denis Peschanski, Laurent Douzou, « La Résistance française face à l’hypothèque Vichy », Annali della Fondazione Giangiacomo Feltrinelli (31), , p. 10 (lire en ligne)
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  36. Patrick Cabanel, Résister, voix protestantes, Éditions Alcid, 2013
  37. « Nous condamnons [les] appels à la violence et [les] actes de terrorisme, qui déchirent aujourd'hui le pays, provoquent l'assassinat des personnes et le pillage des demeures. », cité par Michèle Cointet, article « Chrétiens », dans le Dictionnaire historique de la France sous l'occupation, sous la direction de Michèle et Jean-Paul Cointet, Tallandier, 2000, p. 159.
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  54. Cécile Denis, Continuités et divergences dans la presse clandestine de résistants allemands et autrichiens en France pendant la Seconde Guerre mondiale : KPD, KPÖ, Revolutionäre Kommunisten et trotskystes, (thèse de doctorat réalisée sous la direction d’Hélène Camarade, soutenue publiquement le 10 décembre 2018 à l’université Bordeaux-Montaigne) (lire en ligne)
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  60. Cette lettre remise à Moulin par d'Astier sera confiée à sa sœur Laure Moulin. Elle est reproduite dans les Cahiers du Cercle Jean Macé no 10, article « Jean Moulin » coordonné par Émile Reiland, 3 bis rue Gambetta Metz
  61. Par Émile Muselier : « Dans la nuit du 2 au 3 juillet 1940, seul dans sa petite chambre du Grosvenor Hotel, à Londres, il prend d'autres décisions, sans référence à personne. Pensant à son père, un Lorrain, il rédige un statut de la Marine française libre, prescrivant d'arborer l'insigne : « Les bâtiments de guerre et de commerce […] porteront à la poupe le pavillon national français et à la proue un pavillon carré bleu, orné en son centre de la croix de Lorraine en rouge, par opposition à la croix gammée. » » Robert Aron, Grands dossiers de l'histoire contemporaine, « Le putsch de Saint-Pierre-et-Miquelon », éd CAL, p. 197, (repris de Librairie Académique Perrin, 1962-1964).
  62. « France Libre, « Les origines des FNFL, par l'amiral Thierry d'Argenlieu ». »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?)
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  76. Selon Alain Guérin, d'autres  comme Jacques Granier, auteur de Schrimeck, un camp de concentration  situent ce massacre la nuit suivante (Guérin 2010, p. 646).
  77. Fourcade, tome 2, p. 428.
  78. Mémorial de l'Alliance, p. 47.
  79. Jean-Pierre Besse et Thomas Pouty, « Enjeux de mémoire et querelles de chiffres », Les fusillés. Répression et exécutions pendant l'Occupation (1940-1944), , p. 19-43
  80. Jean-Pierre Besse, Thomas Pouty, Les fusillés. Répressions et exécutions pendant l'Occupation (1940-1944), p. 30-31
  81. Jean-Pierre Besse, Thomas Pouty, Les fusillés. Répressions et exécutions pendant l'Occupation (1940-1944), p. 31
  82. Combat, (lire en ligne), p. 1
  83. Vingtième Siècle - Revue d'histoire, janvier-mars 2005, n°85, p. 13
  84. Philippe Buton, La joie douloureuse, la Libération de la France, Paris, IHTP-CNRS, Complexe, , p. 208
  85. Gaël Eismann, Thomas Pouty, Laurent Thierry, « La justice militaire allemande », La France pendant la Seconde Guerre mondiale. Atlas Historique, , p. 196-199
  86. Gaël Eismann, Thomas Pouty, Laurent Thierry, « La politique des exécutions d'otages », La France pendant la Seconde Guerre mondiale. Atlas historique, , p. 200-201
  87. Virginie Sansico, « Les justices d'exception françaises », La France pendant la Seconde Guerre mondiale. Atlas historique, , p. 194-195
  88. Jean Quellien, « Les pertes humaines », La France pendant la Seconde Guerre mondiale. Atlas historique, , p. 262-263
  89. Jean Quellien, « Qui sont les déportés ? », La France pendant la Seconde Guerre mondiale. Atlas historique, , p. 206-207
  90. Vanina Brière, « Vie et mort des déportés de France », La répression en France, 1940-1945, , p. 190-191
  91. Cécile Vast, article la Résistance : du légendaire au mythe dans Dictionnaire historique de la Résistance, p. 1017, Robert Laffont, 2006.
  92. Henry Rousso, Le syndrome de Vichy 1944-198…, Le Seuil, 1990.
  93. Eric Hobsbawm, L'Âge des extrêmes, Complexe, 2003, p. 222.
  94. Jean-Marc Berlière et Franck Liaigre, Le sang des communistes, les Bataillons de la jeunesse dans la lutte armée, automne 1941, Fayard, 2004, (ISBN 978-2-213-61487-8).
  95. Sylvie Lindeperg, Les résistants, leur temps et le nôtre, in Dictionnaire historique de la Résistance, Robert Laffont, 2006, p. 1002
  96. Joseph Daniel, « Variations sur l'occupation », Manière de voir no 88, p. 20 (réédition d'un article du Monde diplomatique de )
  97. « Melville : Soldat de L'Armée des ombres », sur Film de Culte
  98. Laurent Douzou, article L'écriture de l'histoire de la Résistance dans Dictionnaire historique de la Résistance, p. 834 Robert Laffont, 2006.

Voir aussi

Ouvrages généraux

  • Henri Michel, Histoire de la Résistance : (1940-1944), 1958.
  • Henri Michel, Les Courants de pensée de la Résistance, 1962.
  • Henri Noguères, Histoire de la Résistance en France de 1940 à 1945 (5 vol. ), Éditions Robert Laffont, Paris, 1967.
  • Eberhard Jäckel, La France dans l'Europe de Hitler, Éditions Fayard, Paris, 1968.
  • André Tollet, La classe ouvrière dans la Résistance, éditions Sociales, Paris, 1969.
  • Jean-Pierre Azéma, Nouvelle histoire de la France contemporaine, vol. 14 : De Munich à la Libération, 1938-1944, Paris, Éditions du Seuil, coll. « Points. Histoire » (no 114), , 412 p. (ISBN 2-02-005215-6, présentation en ligne).
  • Marie Granet, Les Jeunes dans la Résistance, éditions France-Empire, 1985, 246 p.
  • Roger Faligot et Rémi Kauffer, Les Résistants, Éditions Fayard, Paris, 1989.
  • Dominique Peillon et Olivier Wieviorka, « La Résistance », dans La France des années noires t. 2, éditions du Seuil, Paris, 1993.
  • Laurent Douzou et alii (dir.) La Résistance et les Français : villes, centres et logiques de décision, Institut d'histoire du temps présent, 1995.
  • Pierre Broué et Raymond Vacheron, Meurtres au maquis, Éditions Grasset, Paris, 1997.
  • Jean-Pierre Azéma (dir.) et François Bédarida (dir.), La France des années noires, vol. 1 : De la défaite à Vichy., Paris, Seuil, coll. « Points / histoire », , 580 p. (ISBN 978-2-02-018306-2, OCLC 773008198).
  • Jean-Pierre Azéma (dir.) et François Bédarida (dir.), La France des années noires, vol. 2 : De l' occupation à la libération, Paris, Seuil, coll. « Points / histoire », , 632 p. (ISBN 978-2-02-018307-9, OCLC 773008199).
  • Laurent Douzou, La résistance française, une histoire périlleuse, Éditions du Seuil, 2005.
  • François Marcot (sous la direction de) Dictionnaire historique de la Résistance, col. « Bouquins », Robert Laffont, 2006, p. 1187 (ISBN 2-221-09997-4).
  • Max Lagarrigue, 99 questions… La France sous l’Occupation, Montpellier, CNDP, (ISBN 978-2-86626-280-8).
  • Alain Guérin (préf. Marie-Madeleine Fourcade, Henri Rol-Tanguy), Chronique de la Résistance : La Résistance : Chronique illustrée (1930-1950), Place des éditeurs (Livre-Club Diderot), (1re éd. 1972-1976), 1812 p. (ISBN 978-2-258-08853-5, lire en ligne). 
  • François Broche (dir.), Georges Caïtucoli (dir.) et Jean-François Muracciole (dir.) (postface Jean-François Sirinelli), Dictionnaire de la France libre, Paris, Éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins », , XXV-1602 p. (ISBN 978-2-221-11202-1, présentation en ligne).
  • Olivier Wieviorka, Histoire de la Résistance : 1940-1945, Paris, Éditions Perrin, , 575 p. (ISBN 978-2-262-02799-5 et 2-262-02799-4, OCLC 827450568).
  • Sébastien Albertelli, Julien Blanc et Laurent Douzou, La lutte clandestine en France : une histoire de la Résistance, 1940-1944, Paris, Éditions du Seuil, , 442 p. (ISBN 978-2-02-140124-0 et 2-02-140124-3, OCLC 1099431225).
  • Guillaume Pollack, L'armée du silence : histoire des réseaux de résistance en France, 1940-1945, Paris, Tallandier, , 544 p. (ISBN 979-1021049413).
  • Pierre Cluzel, Le Contre-espionnage au maquis, Collection révélations, Fernand Nathan
  • Matricule 55.310., Birkenau, bagne de femmes, Collection révélations, Fernand Nathan
  • Lieutenant Bertrand, Faux papiers, Collection révélations, Fernand Nathan, éditeur
  • Georges Piquet, Presse clandestine, Collection révélations, Fernand Nathan
  • Capitaine Hirson, Évasions de France, Collection révélations, Fernand Nathan
  • André Blécourt du corps franc Vengeance, De la Résistance au bagne, Collection révélations, Fernand Nathan

Monographies sur des mouvements de Résistance

  • Association Amicale Alliance, Mémorial de « l'Alliance », Paris, Durassié et Cie, , 80 p. (lire en ligne [PDF]). 
  • Henri Michel et Marie Granet, Combat – Histoire d’un mouvement de Résistance, Presses universitaires de France, 1957.
  • Arthur Calmette, L’« OCM », Organisation Civile et Militaire – Histoire d’un Mouvement de Résistance de 1940 à 1946, PUF, 1961, 228 p.
  • Marie Granet, Ceux de la Résistance,  éd. de Minuit, 1964.
  • Maquis de Corrèze par 120 témoins et combattants. Éditions sociales, 1971.
  • Marie-Madeleine Fourcade, L'Arche de Noé, t. 2, Paris, éditions Fayard, coll. « Le Livre de poche » (no 3140), (réimpr. 1998) (1re éd. 1968), 446 p. 
  • Dominique Veillon, Le Franc-Tireur – Un journal clandestin, un mouvement de résistance, Flammarion, 1977.
  • Stéphane Courtois, Le PCF dans la guerre, Ramsay, 1980, 584 p.
  • Gilles Perrault (présentation de), Taupes rouges contre SS, éditions Messidor, Paris, 1986 (communistes et antifascistes allemands et autrichiens dans la Résistance en France).
  • Évelyne et Yvan Brès, Un maquis d'antifascistes allemands en France (1942-1944), Les Presses du Languedoc - Max Chaleil éditeur, 1987 (ISBN 978-2-85998-038-2).
  • Stéphane Courtois, Denis Peschanski et Adam Rayski, Le sang de l’étranger – Les immigrés de la MOI dans la Résistance, Fayard, 1989, 470 p.
  • Jean-François Muracciole (Professeur Université Paul Valéry, Montpellier), Histoire de la Résistance en France, Paris, PUF, coll. « Que sais-je ? », , 5e éd. (1re éd. 1993), 127 p. (ISBN 978-2-13-059299-0).
  • Id., Mémoires résistantes – Le réseau Jade-Fitzroy (1940-1944),  éd. du Cerf, 1994.
  • Laurent Douzou, La Désobéissance – Histoire du mouvement Libération-Sud, Odile Jacob, 1995, 484 p.
  • Olivier Wieviorka, Une certaine idée de la Résistance – Défense de la France 1940-1949, Seuil, 1995.
  • Bernard Comte, L’honneur et la conscience – Catholiques français en Résistance (1940-1944),  éd. de l’Atelier, 1998.
  • Alya Aglan, La Résistance sacrifiée – Histoire du mouvement Libération-Nord, Flammarion, 1999.
  • Jean-Marc Berlière et Franck Liaigre, Le sang des communistes : les bataillons de la jeunesse dans la lutte armée, automne 1941, Paris, Fayard, coll. « Nouvelles études contemporaines », , 415 p. (ISBN 2-213-61487-3, présentation en ligne), [présentation en ligne].
  • Simon Epstein, Un paradoxe français : antiracistes dans la Collaboration, antisémites dans la Résistance, Paris, Albin Michel, coll. « Bibliothèque Albin Michel. Histoire », , 622 p. (ISBN 978-2-226-17915-9).
  • Françoise Pène, Françoise Pène – La vie d'une femme résistante, Grandvaux, 2013.
  • Olivier Porteau, Ruralité et Résistance civile au pays des Landes de Lanvaux, En Envor, revue d'histoire contemporaine en Bretagne, n°1, hiver 2013, en ligne. (lire en ligne).
  • Philippe Papon, Mémoires d'un Maquisard, le Groupe Phiphi, Éditions Sud Ouest, Bordeaux, 2014, 240 p.
  • Jean Medrala (direction) AERI, La Résistance polonaise en France, DVD édité par la Société Historique et Littéraire Polonaise, (ISBN 978-2-915742-29-9)
  • Pierre Cluzel, Le Drame héroïque des Glières, collection révélations, Fernand Nathan, éditeur.
  • Louis Saurel, Le Maquis de l'Ain, Collection révélations, Fernand Nathan, éditeur.
  • Commandant Lemoine de l'État-major du Vercors, Vercors, citadelle de la Résistance, collection révélations, Fernand Nathan, éditeur.

Tendances politiques de la Résistance

  • Henri Michel, Les Courants de pensée de la Résistance, Presses universitaires de France, 1962 (ouvrage issu d'une thèse de doctorat d'État en histoire).
  • Daniel Mayer, Les Socialistes dans la Résistance, Presses universitaires de France, 1968.
  • Stéphane Courtois, Le PCF dans la guerre,  éd. Ramsay, 1980.
  • Marc Sadoun (préf. Maurice Duverger), Les Socialistes sous l'Occupation : Résistance et collaboration, Paris, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, , XX-323 p. (ISBN 2-7246-0460-1, présentation en ligne).
  • Jean-Pierre Azéma, Antoine Prost et Jean-Pierre Rioux, Le Parti communiste français des années sombres. 1938-1941,  éd. du Seuil, 1986.
  • Denis Peschanski, « Les avatars du communisme français », dans François Bédarida et Jean-Pierre Azéma (dir.), La France des années noires,  éd. du Seuil, 1993.
  • Denis Peschanski et Laurent Douzou, « La Résistance française face à l'hypothèque Vichy », dans Annali della Fondazione Giangiacomo Feltrinelli, no 31, 1995, p. 3-42, [lire en ligne].
  • Michèle Cointet, « Les radicaux dans la tourmente (1940-1944) », dans Gilles Le Béguec et Éric Duhamel, La Reconstruction du parti radical, 1944-1946,  éd. de l'Harmattan, 1993.
  • Jean-Marie Guillon, « Les socialistes – Un comportement politique », dans Laurent Douzou et alii (dir.) La Résistance et les Français – Villes, centres et logiques de décision, Institut d'histoire du temps présent, 1995.
  • Mgr Charles Molette, Prêtres, religieux et religieuses dans la résistance au nazisme, 1940-1945, Fayard, 1995.
  • Bernard Comte, L'Honneur et la Conscience – Catholiques français en Résistance, 1940-1944,  éd. de l'Atelier, 1999.
  • Pierre Guidoni (dir.) et Robert Verdier (dir.) (préf. Laurent Fabius), Les socialistes en Résistance (1940-1944) : combats et débats, Paris, Séli Arslan, coll. « Histoire, cultures et sociétés », , 188 p. (ISBN 2-84276-031-X, présentation en ligne).
  • Serge Berstein (dir.), Frédéric Cépède (dir.), Gilles Morin (dir.) et Antoine Prost (dir.), Le Parti socialiste entre Résistance et République, Paris, Publications de la Sorbonne, coll. « Série science politique » (no 2), , 357 p. (ISBN 2-85944-409-2).
  • David Berry, « Les anarchistes français (1939-1945) – Résistance et collaboration », Dissidences – Bulletin de liaison sur les études des mouvements révolutionnaires, no 12-13, -.
  • Pierre Schill, « Antifascisme et résistance ouvrière organisés autour de la CGT et du Parti communiste en Moselle annexée (1940-1945) », dans Sylvain Schirmann, Annexion et nazification en Europe : actes du colloque de Metz, 7-8 novembre 2003, Schirmeck, Mémorial de l'Alsace-Lorraine (lire en ligne), p. 173-187
  • Léo Figuères, Et si nous reparlions de la Résistance…,  éd. Le Temps des Cerises, 2004.
  • Robert Belot, La Résistance sans de Gaulle : politique et gaullisme de guerre, Paris, Fayard, , 668 p. (ISBN 2-213-62954-4, présentation en ligne).
  • Jean-Jacques Monnier, Résistance et conscience Bretonne, l'hermine contre la croix gammée, 1940-1945,  éd. Yoran Embanner, Fouesnant, , 400 p. (plus de 250 résistants cités).
  • Bénédicte Vergez-Chaignon, Les vichysto-résistants de 1940 à nos jours, Paris, Perrin, , 775 p. (ISBN 978-2-262-01993-8).
    Édition revue et augmentée : Bénédicte Vergez-Chaignon, Les vichysto-résistants de 1940 à nos jours, Paris, Perrin, coll. « Tempus » (no 655), , 910 p. (ISBN 978-2-262-06662-8).
  • Johanna Barasz, « De Vichy à la Résistance : les vichysto-résistants 1940-1944 », Guerres mondiales et conflits contemporains, Paris, Presses universitaires de France, no 242 « Histoire de la résistance : nouveaux chercheurs, nouveaux apports », , p. 27-50 (lire en ligne).
  • Olivier Wieviorka, Les orphelins de la République : destinées des députés et des sénateurs français, 1940-1945, Paris, Seuil, coll. « L'univers historique », (1re éd. 2001), 472 p. (ISBN 978-2-02-128374-7, présentation en ligne), [présentation en ligne], [présentation en ligne].

Jean Moulin et l'unification de la Résistance

  • Henri Michel, Jean Moulin l'unificateur, 1964.
  • Daniel Cordier, Jean Moulin – L'inconnu du Panthéon, Jean-Claude Lattès, 1989, 3 vol. .
  • Daniel Cordier, Jean Moulin – La République des catacombes, Gallimard, 1999.
  • Dominique Peillon, « Les Réseaux de Résistance », dans La France des années noires t. 1, le Seuil, 1993.
  • Jean-Pierre Azéma, « Jean Moulin, Des résistances à la Résistance », dans La France des années noires, t. 2, Paris, Seuil, (ISBN 978-2020183048).
  • Pierre Péan, Vies et morts de Jean Moulin, éditions Fayard, Paris, 1998.
  • Jean-François Muracciole, Histoire de la résistance en France, PUF, Que sais-je ?, Paris, 2003.
  • Jacques Baynac, Présumé Jean Moulin – -,  éd. Grasset, 2007.
  • Michel Fratissier - Jean Moulin Ou la Fabrique d'un Héros - L'Harmattan, 2011.

Biographies

  • Robert Leblanc, Le journal du Maquis, du débarquement à la libération, rédigée par Robert Leblanc, chef du Maquis Surcouf, présenté et commenté par Alain Corblin,  éd. Société Historique de Lisieux, 2014
  • Collectif, Albert Gazier (1908-1997) – Autour d'une vie de militant,  éd. de L'Harmattan, 2006
  • Alya Aglan et Jean-Pierre Azéma (dir.), Jean Cavaillès résistant, ou la pensée en actes,  éd. Flammarion, 2002
  • Mireille Albrecht, Berty,  éd. Robert Laffont, 1986
  • Robert Belot, Henri Frenay, de la Résistance à l'Europe,  éd. du Seuil, 2003
  • Roger Bourderon, Rol-Tanguy,  éd. Tallandier, 2004
  • Franz Josef Burghardt et Daniela Topp-Burghardt, Amours sous les Armes Secrètes d'Hitler. Les agents du contre-espionnage allemand pour la sécurité des armes-V et leurs amies françaises dans le Nord de la France 1943/44, Paris 2021 (ISBN 978-2-322-37966-8) (avev un chapitre concernant Edmond Kaiser et sa femme Élisabeth Burnod dans la Résistance 1943-1944)
  • Jean Charbonnel, Edmond Michelet,  éd. Beauchesne, 1987
  • Jean-Frédéric Desaix, Christian Pineau,  éd. Bruno Leprince, 2003
  • Laurent Douzou, Lucie Aubrac, Paris 2009, Perrin, (ISBN 978-2-262-02746-9).
  • Philippe et Rose Estienne d'Orves, Honoré Estienne d'Orves, pionnier de la Résistance,  éd. France-Empire, 1985
  • Pierre Durand, Qui a tué Fabien ?, Éditions Messidor, 1985
  • Pierre Giolitto, Henri Frenay – Premier résistant de France et rival du général de Gaulle,  éd. L'Harmattan, 2005
  • Marie-Louise Goergen avec Eric Bélouet (dir.), Cheminots engagés – 9 500 biographies en mémoire (XIXe – XXe siècles), Paris, Les Éditions de l'Atelier, 2007. De nombreuses biographies concernent des résistants. Livret de 64 pages et CD-rom.
  • Monique Le Tac, Yvonne Le Tac, une femme dans le siècle (de Montmartre à Ravensbrück),  éd. Tirésias, 2000
  • Gérard Monédiaire, Georges Guingouin, premier maquisard de France,  éd. Souny-Penty, Limoges, 1982
  • Gilbert Moreux, Le secret d'Alice,  éd. AàZ Patrimoine, 2007
  • Gilbert Moreux, Pourquoi mon père ?,  éd. AàZ Patrimoine, 2005
  • Pierre Péan, Une jeunesse française – François Mitterrand, 1934-1947,  éd. Fayard, 1994
  • Guy Perrier, Le Général Pierre de Bénouville, le dernier des paladins,  éd. du Rocher, 2005
  • Guy Perrier, Pierre Brossolette, le visionnaire de la Résistance, éd. Hachette littératures, 1997
  • Jean Piat, Jean Lebas – De la Belle Époque à la Résistance, Maison du livre, Roubaix, 1994
  • Guillaume Piketty, Pierre Brossolette, un héros de la Résistance,  éd. Odile Jacob, 1998
  • Martine Pradoux, Daniel Mayer, un socialiste dans la Résistance, Les Éditions de l'Atelier, 2002
  • Eric Roussel, Pierre Brossolette,  éd. Fayard, 2011
  • Louis Saurel, Les Femmes héroïques de la résistance : Berthie Albrecht et Danielle Casanova, Collection révélations, Fernand Nathan, 1945, 32 pages
  • Pierre Schill, « Jean Burger, un itinéraire pacifiste, antifasciste et résistant en Moselle (1932-1945) », dans Alfred Wahl (dir.), Les résistances des Alsaciens-Mosellans durant la Seconde Guerre mondiale (1939-1945), Metz, Centre régional universitaire lorrain d’histoire, 2006, pp. 71-90. Une présentation plus rapide est disponible dans le Maitron : Claude Pennetier (sous la direction de), Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier – Mouvement social français. 1940-1968 (tome 2), Éditions de l’Atelier, Paris, 2006, pp. 430-432
  • Jean-Pierre Tuquoi, Emmanuel d'Astier – La Plume et l'Épée,  éd. Arléa, 1987
  • Nancy Wood, Germaine Tillion, une femme-mémoire,  éd. Autrement, 2003
  • Matthieu Le Verge, Pierre Perre, alias « Pyrhus » : un chef résistant tombé dans l’oubli : in Cahiers de la Haute-Loire 2022, Le Puy-en-Velay, Cahiers de la Haute-Loire, .

Résistance et épuration

  • Peter Novick, L'Épuration française – 1944-1949,  éd. Balland, 1985.
  • Herbert Lottman, L’Épuration (1943–1953),  éd. Fayard, 1986.
  • Philippe Bourdrel, L'Épuration sauvage 1944-45,  éd. Perrin, Paris, 2002.
  • Marc-Olivier Baruch, Une poignée de misérables – L'épuration de la société française après la Seconde Guerre mondiale,  éd. Fayard, 2003.
  • Gilbert Moreux, Pourquoi mon père ?,  éd. AàZ Patrimoine, 2005.
  • Gilbert Moreux, Le secret d'Alice,  éd. AàZ Patrimoine, 2007.

Filmographie

  • Histoire de la résistance française en deux parties, Les Films de la Croisade et autres, 2008.
  • Jean Moulin – Une affaire française, par Pierre Aknine, TF1, 2003.
  • La guerre de Mary Lindell, (One Against the Wind), 1991.
  • Résistance française – Lucie Aubrac, Virage.

Articles connexes

Plus sur la Résistance intérieure française.
Contemporain avec la Résistance intérieure
Divers

Liens externes

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